« Yeah ok. Just to be sure. » Il n’a pas l’air de te croire et franchement, t’aurais dû mettre plus de coeur dans tes propos. Parce que toi-même tu n’y crois pas ; juste pour être sûr, c’est quoi cette excuse bidon ? Une justification complètement absurde alors que t’es à peu près certaine (même si on ne sait jamais quand même) que ce n’est pas Jordan qui te foutera à la porte. Oh Jordan, trop bon, trop adorable, même dans le mal, même quand ça ne va pas. En tout cas avec toi. Et en tout cas pour l’instant. T’es presque frustrée qu’il ne réagisse pas à tout ce que t’as dit avant, ceci dit. Pas que t’as vraiment envie qu’il se force à te dire c’est quoi ce coup de fil mais t’ignores si tu ne vas pas te faire envoyer chier si t’oses insister. Depuis quand Birdie Cadburry n’insiste pas ? Il y a un début à tout. Sûrement qu’il suffit que tu veuilles profiter de l’instant présent, que tu ne souhaites pas péter cette charmante bulle de vapeur, de couleurs et de mousse avec une ambiance pesante et une colère palpable. Parce que tu sais comment tu es quand tu es énervée, ou même juste irritée ; tu vas monter sur tes grands chevaux, tu vas pousser l’autre et après, tu risques de partir pour ne plus donner signe de vie pendant des jours. Ce n’est clairement pas ce que tu veux qui arrive avec Jordan, qui vient déjà de se prendre la tête avec un de ses plus vieux potes. A cause de toi, en plus. Là encore, t’aurais bien aimé demander pourquoi. Faut juste que tu trouves la façon de le faire. Parce que t’as l’impression que le coup de fil a un rapport mais tu trouves ça absurde ; ce n’est qu’une broutille, ce qu’il s’est passé, pourquoi cela prend des proportions gigantesques ? Tu n’as pas tous les morceaux du grand puzzle Jordan et tu regrettes presque de ne pas avoir interrogé Jeremy.

Mais ça, c’est tout simplement parce que tu ne veux pas être l’ennemie de Jordan donc si tu veux poser tes questions, c’est au principal concerné que tu le feras. « Where did you buy your dress ? Asking for a friend. » Ta main toujours caressante sur son genou, tu arques un sourcil en penchant la tête. “Don’t remember.” Parce qu’elle ne fait partie de tes créations, celle-là. “It was in my wardrobe for years I think. Not my usual style but a change can be good sometimes.” Là, t’as les lèvres qui s’étirent légèrement. “Even if it was a torture, a friend seemed to like it for two at least.” Non pas que tu ne l’aimes pas, cette robe. Tu l’as acheté surtout parce qu’elle s’illumine dans le noir, obviously. Mais le côté collant/serré, ce n’est pas demain que tu retenteras l’expérience. “I hope you enjoyed it at its fullest because I won’t wear a fucking tight thing like that anytime soon.” Oh il l’a apprécié, Jordan. Même si t’ignores s’il a plus apprécié l’accès rapide à ce qu’il y a en dessous ou simplement la robe en elle-même. “But right now, I appreciate your hoodie very much. With nothing under, that’s the taste of freedom, my dear.” Okay, t’oses en rajouter juste pour lui rappeler ce fait. C’est vraiment bas, Cadburry. D’autant que ta main va vers sa cuisse alors que tu te mets sur tes jambes pour être un peu plus proche - dans la mesure qu’une baignoire et la grande taille de Jordan te le permettent. “Your phone call, it’s because of Jeremy ? I don’t want to cause any trouble in paradise between you two.” Or you three ? Tu penses à Rosa parce qu’elle ne doit pas rôder très loin de toute façon. La bague de Jordan en est la preuve. T’espères ne pas dépasser les limites, là, avec ton air sérieux et ta voix honnête. T’es peut-être une garce parfois mais t’essaies de limiter la casse avec ceux que t’apprécies. Et t’apprécies beaucoup Jordan. Au cas où des Jeremy pourraient encore en douter.

Elle ne rompt pas le contact avec ta jambe. Tu apprécies ses caresses. Tu apprécies sa robe aussi. Beaucoup trop d’ailleurs. “ Don’t remember .” Ça te surprend qu’elle ne se souvienne pas. Tu pensais qu’elle était super méticuleuse au niveau de sa garde robe vu comme elle est stylé à tous les coups. “ It was in my wardrobe for years I think. Not my usual style but a change can be good sometimes.” T’es bien content que ce soit tombé sur hier soir. Ca ressemble un peu à tes Bath bomb que tu avais dans ton placard depuis des années et que tu as sorti juste là. Le destin est en train de réunir quelques trucs ensemble on dirait. T’as bien remarqué que ce n’était pas son style habitué et y’a peut être un lien à faire avec l’effet hors du commun que celle ci a fait sur ta personne. “ Even if it was a torture, a friend seemed to like it for two at least.” Un large sourire se forme sur tes lèvres. Tu t’es bien sûr reconnu dans ses mots. T’es en train d’essayer de retrouver la sensation du tissu sous ta main.   “ I hope you enjoyed it at its fullest because I won’t wear a fucking tight thing like that anytime soon.” « You’re so cruel. » Parce que tu as vraiment aimé ENORMEMENT et voilà qu’elle te dit que c’était une fois unique. Les bonnes choses sont toujours les plus rares. C’est ce que tu te dis pour te rassurer. Le souvenir te sera bien plus beau. Tu en restes un peu frustré de savoir que tu ne la reverras pas dedans. “ But right now, I appreciate your hoodie very much. With nothing under, that’s the taste of freedom, my dear.” Ok. Le son de ces mots est aussi bien doux à tes oreilles. T’as un sourire entendu sur tes lèvres alors que tu la regardes. Elle qui s’avance un peu plus vers toi. Sa main qui remonte sur ta cuisse. Come closer. Tu ne bouges pas beaucoup Jordan mais tu vas coller ta jambe à elle.

“ Your phone call, it’s because of Jeremy ? I don’t want to cause any trouble in paradise between you two.” Encore une question surprise de la part de Birdie. Tu pensais vraiment pas qu’elle reviendrait là dessus. Tu ne pensais pas non plus que ce serait sur ce ton là. Elle a l’air réellement soucieuse de tout ça. Tu sais que ça a dû lui coûter de sortir ces mots là. « It’s much more than that… » Est-ce que tu vas lui dire un peu plus Jordan ?  « You didn’t cause any trouble. You just… put some lights on some… » Dur de parler Jordan hmmm ? « Some issues I have. That I didn’t even know I had or… » Je vais t’aider Jordan. Tu étais dans le déni, c’est ça les mots que tu cherches. Mais est-ce que tu vas aller par là ? C’est énormément d’infos. Tu as déjà commencé à t’analyser tout seul mais t’as besoin d’en parler pour comprendre encore mieux tout ça. Tu remontes tes yeux aux siens alors que tu regardais ton genoux. « You would tell me if you were a licensed therapist, right? You’d save me a phone call. » Ton ton qui est un peu plus léger sur cette dernière phrase. Tu plaisantes mais au passage, tu lui fais comprendre à qui tu vas passer ton coup de fil, l’air de rien, tu dis tout.

« You’re so cruel. » Tu lâches un léger rire parce qu’évidemment il va réagir à ça. T’as jamais prétendu ne pas l’être. Est-ce que tu risques d’en profiter dans le futur ? Quand il s’y attendra le moins voire plus du tout ? Absolument. Après tout, rareté et surprise font souvent un cocktail appréciable. Surtout que tu sais à quel point Jordan apprécie. "But I said anytime soon not never." Tu peux pas t’empêcher de le lui glisser furtivement, sournoisement, le ton malicieux et le regard brillant alors que ta main frôle sa hanche en même temps qu’il sourit. Après l’esprit bougon qu’il vient de te faire, t’aimes bien qu’il sourit. Encore plus si t’en es la cause et l’effet. Narcissique un peu, Birdie ? I mean…. There’s no one else here. Un simple constat.

« It’s much more than that… » Donc il ne t’envoie pas chier. C’est une bonne chose. Même si du coup, t’ignores si t’es prête à entendre ce qu’il va te dire. A croire que t’as vraiment cru qu’il allait se fermer comme une huitre. Que vous êtes proche mais sans l’être. Toujours l’état de cette relation étrange où on donne son corps à l’autre sans réfléchir mais que l’esprit, c’est autre chose. T’avais donc pas vraiment la foi ni l’espoir qu’il te parle. Mais il le fait et c’est avec un silence presque religieux que tu l’écoutes. « You didn’t cause any trouble. You just… put some lights on some… » Il n’a pas l’air de trouver ses mots et toi, tu glisses ta main un peu plus haut sur son flanc, toujours sans rien dire. Il ne faut pas le casser dans la ligne qu’il dessine, d’autant que ça a l’air aussi important que compliqué. « Some issues I have. That I didn’t even know I had or… » T’arques un sourcil. Donc t’as mis la lumière sur des problèmes qu’il ignorait avoir ? C’est tout un concept, ça. Comment est-ce que t’as pu avoir ce pouvoir ? C’est toi ou votre façon d’être ensemble ? Sans être ensemble ? Les interrogations de Jeremy, les phrases lâchées ici et là, les regards soupçonneux.

« You would tell me if you were a licensed therapist, right? You’d save me a phone call. » Là, ton visage se détend un peu plus et tu lâches même de nouveau un léger rire alors que ta main remonte sur son torse, paume et phalanges étalées pleinement. “I wish.” Dans le fond, tu aurais bien aimé faire des études de psychologie ; l’humain t’a toujours intéressé, dans sa profondeur la plus intense et sa complexité rare. “But I can put my glasses on and listen to you with the most serious face ever.” La main atterrit dans le cou en même temps que tu te rapproches. “I would gladly penetrate your mind if you let me.” T’as un sourire de coin qui apparaît mais t’es sérieuse dans le fond. “But we both know I’m better to make you forget things.” Quand tu l’embrasses, que tu le regardes comme la façon dont tu le fais maintenant - dixit intensément - quand t’appuie là où il faut pour qu’il cède totalement. “If you need to deal with serious stuff, you better talk to a pro. I’m afraid I can’t do anything for all that happens in that beautiful brain of yours.” Les doigts passent par la nuque pour finir dans les mèches blondes de Jordan pour appuyer tes propos. Tout est dans la gestuelle, n’est-ce pas ?  

"But I said anytime soon not never. » Elle se rattrape. Elle veut te faire plaisir. C’est ça que tu notes. Dans un futur plus ou moins proche, elle remettra cette robe. Est-ce que vous vous fréquenterez toujours à ce moment là ? Personne ne le sait. Qui vivra verra. Birdie est une des personnes les plus imprévisible que tu connaisses. Y’a absolument rien d’acquis avec elle. Tu n’en as pas ce besoin non plus. Vous kiffez le moment présent. L’avenir c’est trop loin.

Au fur et à mesure que tu accouches tes mots elle fait évoluer ses mains sur toi. Ce que tu prends comme des signes d’encouragement. Comme des ’I’m here’ que tu ne pensais pas avoir besoin mais qui font du bien. Elle t’écoute avec attention. Tu n’as aucune idée de ce qu’elle pourra répondre à tes mots. Elle n’est pas thérapeute. Ta dernière phrase a l’effet escompté. Parfait. C’est des sourires plutôt que des front plissés sous la réflexions. “I wish.” Tu n’as pas donné assez de détails non plus pour qu’elle puisse donner un quelconque avis de toute façon. “But I can put my glasses on and listen to you with the most serious face ever.” Elle te fait sourire avec ses mots. Elle est de plus en plus proche de toi, tu la laisses faire toujours car c’est plus qu’agréable. “I would gladly penetrate your mind if you let me.” Un rire franc sort de tes lèvres. Tu le sais bien depuis longtemps qu’elle veut en savoir plus sur toi. T’as toujours été précautionneux car tu aimes garder ta vie, tes problèmes, tout ça, privé. Tu n’es pas sans savoir que votre relation à Birdie et toi a bien évolué depuis. “But we both know I’m better to make you forget things.” Vraiment là t’as envie de te facepalm parce que t’as déjà oublié le début de sa trop longue phrase (pour ta défense). Mais elle est si proche de toi. Come a Little more closer. Kiss me. “If you need to deal with serious stuff, you better talk to a pro. I’m afraid I can’t do anything for all that happens in that beautiful brain of yours.” Elle conclut en reprenant l’énoncé dans sa phrase et c’est parfait car tu te souviens à présent de quoi il s’agissait. Le compliment vis à vis de ton cerveau est totalement gratuit et fait du bien. Sa main sur ta nuque aussi fait du bien.

Tu bouges enfin Jordan, tu vas passer tes bras autour d’elle afin de la faire basculer tout contre toi, assise sur tes jambes. Ton visage proche du sien, tu la regardes, pensif.« What is it you want to know about me? » Le sujet de pénétrer tes pensées qui revient régulièrement dans vos conversations since Day 1; sauf que tu restes silencieux ou tu esquives d’habitude. Cette fois tu demandes parce que t’es intrigué qu’elle fasse toujours des tentatives ici et là. « I might reply. » Que tu ajoutes au cas où elle ne l’aurait pas compris. Au cas où elle ne t’aurait pas pris au sérieux. Tu te gardes une réserve avec ton might parce que on sait jamais avec Birdie. Elle t’a surpris bien assez de fois ces dix dernières minutes. Une de tes main qui caresse le bas de son dos, l’autre qui est sur sa cuisse. Tu sais pas si elle est confortable mais toi t’es bien.  

On dit souvent que c’est toi qui cherches le contact mais c’est lui qui finit par perdre patience en te prenant contre lui. Tu lâches un léger cri de surprise parce que tu t’y attendais pas forcément non plus ; t’étais juste en train d’explorer (encore) ses traits tout entier et c’était de l’innocence pure, tu le jures – personne n’y croit, Cadburn. Mais t’as pas envie de faire tourner la vinaigrette là maintenant tout de suite, pas quand tu réussis à avoir des brides d’informations de la part de Jordan, même si c’est incertain, même si ce ne sont que des morceaux ici et là qui, au final, ne sont pas franchement cohérents quand on ignore tout du sujet. Parce que même si tu sais qu’il a eu un passif compliqué, si compliqué que tu n’en feras pas même pas la liste dans ta tête, il n’empêche que les morceaux se mettent difficilement en place pour ce qu’il se passe là. Tu n’as pas de diplôme de psychologie, malheureusement, mais t’es prête à essayer avec Jordan. Tu ne l’as jamais caché non plus mais jusqu’à présent, il esquivait autant que tu peux le faire quand ça t’arrange. Mais là, il te regarde longuement avant de ; « What is it you want to know about me? » Et tu hausses les sourcils. Réflexe naturelle de surprise parce que, hey, c’est ce qu’on appelle du développement, non ? « I might reply. » Qu’il ajoute au cas où tu n’aurais pas capté le message.

Tu poses un de tes bras sur son épaule, ta main libre tapotant ton menton en regardant l’air, montrant à quel point tu réfléchis vraiment à ce que tu veux savoir. Si tu dis tout, ça risque d’être trop vague. Mais d’abord, t’as un léger sourire de coin qui apparait. “Favorite color. Favorite animal. Favorite word. Favorite song. Favorite movie.” Comment ça, ce n’est pas les questions dont on se serait attendu ? Tu t’informes, même si pour ça, t’es sûre que t’aurais eu les informations sans qu’il n’ait besoin de te regarder aussi intensément avec ses mèches blondes qui sont parsemées de mousse ; t’aurais bien envie de lui en rajouter un peu plus. “The therapist, Jeremy’s words, your ring… You didn’t make your peace with your loss, did you ?” Tu fronces légèrement des sourcils face à tes propres mots parce qu’encore une fois, t’ignores comment il va réagir. Il est moins imprévisible que toi mais c’est une pente risquée et tu n’as vraiment pas envie d’y glisser tout au fond. « May I ask what happened ? » Rosa, son décès, les causes, les raisons. Mais si Jordan n’a pas encore fait son deuil, qu’il se découvre de nouveaux problèmes même des années après, est–ce qu’il y a que sa perte qui est en cause ? Tu sais que perdre quelqu’un est une peine qui s’éternise dans le temps. Mais est–ce qu’il n’y aurait pas autre chose ? Cette fois, t’as plus le ton léger au visage ; tu passes même une main contre son visage tout en préférant regardant sa bouche, son menton et sa mâchoire que ses yeux. T’aimerais pas les voir s’assombrir, tout d’un coup.

La position est agréable. La surprise que tu as eu l’effet de faire aussi. T’as pas attendu cette fois, voulant la sentir contre toi. Elle ne se défait pas, elle est en train de considérer ta question et ça te surprend ça d’ailleurs. Elle a toujours voulu savoir ce qu’il y a dans ta tête mais elle n’a pas non plus déjà toutes les questions prêtes ? Ou peut être qu’elle en a trop et qu’elle doit en choisir qu’une ? Ca ferait bien plus de sens. Tu veux pas croire qu’elle disait ça juste pour le plaisir. Il y a réellement des choses à ton propos qui la taraude dans ses pensées. “Favorite color. Favorite animal. Favorite word. Favorite song. Favorite movie.” Oh boy. C’était donc ça ? Tu t’attendais à quelque chose de bien plus profond que ces simples banalités, à ton avis. “The therapist, Jeremy’s words, your ring… You didn’t make your peace with your loss, did you ?” Voilà. Plutôt quelque chose comme ça. « May I ask what happened ? » Et comme ça même. Tu comprends par là qu’elle a juste fait une sorte d’introduction, d’échappatoire peut être. Histoire qu’elle ait des réponses, peut importe lesquels tu décides de lui donner. Qu’elle n’en ressorte pas bredouille de cette porte ouverte que tu lui offres sur les tréfonds de ton âme. Elle pose sa main sur ton visage que tu prends de nouveau comme un ‘I’m here’ qui fait du bien. Il est vrai que tu es silencieux un bon moment et qu’elle doit être en train de se dire qu’elle a été trop loin avec ses questions. Ce n’est pas ton ressenti. C’est légitime à ton avis. Toi aussi tu veux savoir qu’est ce qui lui est arrivé à Birdie même si t’as une idée de ce qui constitue ses trauma.

« Favourite color is pink. » Tellement cliché Jordan. Pink, Rose, Rosa. On l’a pas vu venir celle là. « Favourite animal… » Un sourire bien trop amusé se forme sur tes lèvres. « I promise I’m not saying that to please you. » Mais encore Jordan ? Tu craches le morceau. « Birds. » T’en parles même dans tes chansons si besoin est de se justifier. « Favourite movie Romeo & Juliet by Baz Luhrmann. » Autrement dit celui avec DiCaprio quand il avait 20 ans. Un ultime crush de ta jeunesse. Le film où tu pleures à chaque fois tellement toutes les larmes de ton corps. « Favourite song it’s super hard. » Tu réfléchis et puis y’en a une qui te vient plus symbolique que d’autres. « Breaking Free, Zac Efron and Vanessa Hudgens. » Parce que c’est la transition parfaite pour aller vers la deuxième partie de ses questions si jamais tu y vas réellement mais… T’y vas un petit peu. « It’s our wedding song. » Bien trop de significations à tous les niveaux pour Rosa et toi dans cette chanson. T’es en train de te demander si tu lui as dit d’où vient ton tatouage Zac Efron mais elle va toute seule faire le lien qu’il s’y retrouve encore là le beau gosse. Tes yeux qui se perdent sur le cou de Birdie juste parce que t’es carrément dans tes pensées. Est-ce que t’as envie de lui dire plus ?

« Favourite color is pink. » No shit. Détail que t’aimes. Qui te fait sourire. Parce qu’il serait vachement bien avec des mèches roses. Ton esprit tordu s’amuse bien trop avec toute la panoplie de rose ; maquillage, décoration, bijoux, fringues, chaussures, vernis, paillettes because why not. Et puis Rosa - ah, tu penses que t’as même connu une Rose. A croire que c’est une couleur qui s’adapte en toute circonstance. C’est dommage que si peu de gens ne peuvent l’apprécier sans grimacer. « Favourite animal… » Il s’amuse, Jordan, et tu sens presque déjà ce qu’il va te sortir. « I promise I’m not saying that to please you. » Okay, là, ça ne peut que confirmer ton instinct. « Birds. » Tu souris tellement que ton nez se plisse adorablement. “Aw. The tattoo will make even more sense.” Tu ne peux pas lui en vouloir ; les oiseaux ont tellement de symboles que tu apprécies et que tu partages toi-même que tu ne peux que comprendre. « Favourite movie Romeo & Juliet by Baz Luhrmann. » Certes mais cela ne justifie pas de devenir Roméo, Fisher, absolument pas.

« Favourite song it’s super hard. » T’as aucun doute que pour un musical comme lui, ça serait la question à une million de réponses au moins. Il doit avoir une playlist de chansons qui doivent toutes représenter quelque chose pour lui ; est-ce que t’idéalises un peu le truc ? Non, tu ne penses pas. « Breaking Free, Zac Efron and Vanessa Hudgens. » Par contre, tu t’attendais pas forcément à ça. Mais tu n’es pas vraiment surprise parce qu’il t’a prouvé son amour pour Zac Efron, qui est gravé jusqu’à sa peau. « It’s our wedding song. » Là, ça prend une autre ampleur. T’aurais envie de dire que t’étais plus Sharpay - sans aucun étonnement, certainement. Mais ce n’est pas tant la forme qui est importante mais le fond. Tu te mords brièvement la lèvre tout en glissant ses phalanges sur son épaule. C’est plus un réflexe ou un geste à t’occuper le temps que tu trouves quoi rebondir. “That’s not an usual wedding song. I like it.” T’aimes tout ce qui n’est pas dans les normes. T’aimerais savoir à quoi ressemblait leur mariage, du coup. Est-ce qu’il était habillé en rose ? Est-ce qu’elle portait un costume au lieu d’une robe ? Ou est-ce qu’ils ont été traditionnels ? Tu ne vois pas Jordan faire dans le traditionnel. T’as du mal à l’imaginer dans une cérémonie comme on peut l’imaginer, du nœud papillon jusqu’aux pompes cirées en passant par les cheveux bien coiffés - tu le préfères déshabiller, les mèches en bataille et les pieds contre toi. Mais au lieu de poser d’autres questions, tu n’en dis pas plus. Tu approches juste un peu plus ton visage pour caresser sa joue de ton nez, ton bras s’enroulant doucement derrière sa nuque. S’il veut parler, t’es là. S’il veut arrêter de parler, t’es là aussi. Il a juste à le dire. T’écouteras et t’agiras en conséquence. T’es une professionnelle de l’improvisation, après tout. Même les beaux yeux de Jordan ne te désarmeront pas. A part s'il décrète que c'est fini. Whatever this is.

“Aw. The tattoo will make even more sense.” Bien sûr que ça la fait kiffer ta réponse. Bien sûr qu’elle reparle du Tattoo que vous n’avez pas encore fait. Est-ce que vous reculez parce que vous ne voulez pas réellement le faire ou bien c’est l’univers qui vous en empêche subtilement. Ca pourrait compter comme une mauvaise idée sauf que en ce qui te concerne, t’as tellement de tatouage qu’un de plus c’est juste rien d’important. T’es pas à ça près et tu en as déjà un tas qui sont là juste à la suite d’un délire ou d’une mauvaise décision.

Tu lui confesses le nom de ta chanson de mariage. Elle continue de caresser ta peau où sa main se trouve. Elle est délicate Birdie. “That’s not an usual wedding song. I like it.” Y’a pas grand chose d’habituel dans ta vie depuis que t’es né. Si tu venais à lui raconter tout, elle ne serait certainement pas déçu de son voyage. Tu restes en train de flotter dans tes pensées de Rosa, de ton mariage, des questions de Birdie. Cette deuxième partie qui est bien plus sérieuse. Son nez sur ton visage, un bras qui la colle encore plus à toi. Tu laisses le silence envelopper la salle de bain. Tu n’entends que l’eau suite à vos rares mouvements. Tu peux même percevoir le bruit des bulles de savons.

« It’s a long and complicated story… » Ca fait un moment que t’es en train de tourner dans ta tête comment éventuellement la lui conter. Tu voulais partir de ce qu’il s’est passé avec Jeremy mais y’a tellement de raisons derrière tout ça. « I’d have to tell you everything from my birth for things to make sens. » Peut être que t’es trop pointilleux sur ton parcours pour qu’elle se fasse de fausses idées si tu lui parles que d’une partie. Tu as tellement travaillé sur toi et tous les moments de ta vie avec ton psy que tu as une très claire vision de tout. Rien n’est un hasard. Tes décisions, plus ou moins bonnes ont été la conséquence de traumatises depuis que tu es tout enfant. Tu te décides à lui dire la partie qui concerne Rosa. « Long story very short… We met and got together in high school. Couple of years later she has a car accident and falls into a coma. That lasted… About 8 years. When she woke up, she seemed fine. But her health was deteriorating fast. I proposed to her, we got married. » Tu prends une grande inspiration à ce moment là. Le souvenir des légers préparatifs du mariage au milieu de ceux de ses funérailles… Tu ne vas pas lui raconter à Birdie que vous avez choisi son cercueil ensemble et que comme les deux petits cons que vous êtes, vous l’avez même essayé derrière le dos du gars des pompes funèbres qui étaient occupé dans une autre pièce à ce moment là. Tu ne vas pas raconter non plus que ta dernière conversation avec Rosa avant son accident c’était en fait une dispute. Si tu avais été moins con elle aurait été avec toi au lieu d’être dans cette voiture et rien de tout ça ne serait arrivé.« She died about a month later. » Elle est décédée dans tes bras. Tu étais totalement incapable de la lâcher jusqu’à la dernière seconde. T’as espéré un nouveau miracle mais il n’est pas venu. Tu sais que tu aurais demandé trop. Le fait qu’elle se soit réveillée était déjà inespéré. Tu as pu finaliser plein de chapitres dans ta tête et être en paix avec plein de choses grâce à ça. Voilà l’histoire de Rosa et toi en très rapide. Tu ne recoupes pas avec les propos de Jeremy parce que t’es perdu dans tes pensées et tu trouves que tout ça c’est déjà énormément d’informations. Tu te sens à poil - ce qui est drôle vu que tu l’es déjà. Tu sais pas pourquoi t’as l’impression d’en avoir trop dit à Birdie. Comme si tu savais que tu l’avais dérangé avec toutes ces informations bien que tu aies gardé ça très succinct. Y’a tellement plus à dire là dessus mais encore une fois, tu ne te vois pas la lui conter dans son intégralité. Tu ne penses pas que ta vie soit si intéressante à raconter. Les leçons que tu en as tiré, ça, oui, mais la forme, c’est autre chose.

« It’s a long and complicated story… » Il a de la chance alors ; t’adores les histoires. Souvent celles impliquant des créatures magiques et des aventures extraordinaires, comme peuvent le prouver tes nombreux carnets qui s’empilent dans ta chambre avec plusieurs idées complètement rocambolesques ; ce n’est pas pour rien que tu as mis un frein à tes études d’écriture. Personne ne comprenait tes histoires, beaucoup les trouvaient complètement absurdes alors qu’il fallait parler de profondeur, de réalité, de sentiment. Tu n’as jamais eu la même vision des choses et il était clair que ce n’était pas le cursus scolaire qui allait t’aider dans ta créativité. Mais t’as la sensation sordide que tu ne vas pas entendre parler d’une reine chevauchant une licorne pour aller conquérir le royaume des cookies en arc-en-ciel, là. « I’d have to tell you everything from my birth for things to make sense. » T’as une légère expression au visage, mi-amusé mi-intrigué ; à ce point, Jordan ? T’ignores quelle heure il est exactement - quelque part entre le premier repas et le prochain, sans aucun doute - mais t’es certaine que tous les bulles de couleur du bain ains que l’amas de mousse entier auront le temps de disparaitre avant que Jordan finisse son récit s’il va par-là. Non pas que tu sois pressée par le temps, alors que t’as fait comprendre que t’en avais à casser dans les environs pour l’instant, mais cela te semble être une histoire peut-être trop grande pour que tes épaules puissent les supporter. Tu n’es vraiment pas psy, même si t’as toujours eu tendance à croire que tu pouvais t’auto-gérer et t’auto-guérir. Quelles conneries ça a été.

« Long story very short… We met and got together in high school. Couple of years later she has a car accident and falls into a coma. That lasted… About 8 years. When she woke up, she seemed fine. But her health was deteriorating fast. I proposed to her, we got married. » Tu plisses le front tout en regardant par-dessus son épaule, assimilant les paroles avec la chronologie et les images dans ta tête. T’ignores à quoi Rosa ressemble - tu pourras toujours demander ou aller fouiller dans les parages, t’es vraiment à deux doigts de lui quémander les photos de son mariage, de toute façon - mais tu peux supposer les actions sans voir les visages de toute façon. « She died about a month later. » Donc un mariage et un enterrement. Dans la foulée. N’aimant pas plus l’un que l’autre - le mariage, le vrai, pas celui qui est symbolisé par la bague à ton doigt - tu ne peux t’empêcher de grimacer légèrement en pensant à la rapidité de la chose. “Wow, that-” That what ? That was fast ? Quick ? Inutile de le dire, t’as conscience que Jordan est bien placé pour savoir que c’était rapide. “She was your high school sweetheart. That’s pretty, well, sweet.” Au moins ça, c’est plus tranquille, comme analyse. “While she was in the coma, you never saw other people ?” Birdie et ta conception abstraite de l’engagement. Tu ne demandes pas après sa mort parce que Jeremy a confirmé qu’il n’a vu personne pendant un moment - et même toi, qui n’as pourtant aucune notion des sentiments, ou alors à ta façon - tu peux comprendre. D’autant que Jordan avait l’air vraiment épris de sa femme, sûrement qu’il l’aime toujours bien trop profondément pour quelqu’un de décédé. D’où les issues qu’il doit avoir à l’heure actuelle. Tu pinces tes lèvres entre elles. “The therapy sessions help you ?” Asking for a friend. Ahem.

“Wow, that-” Yup. Elle se coupe dans son élan mais tu sens l’essence de son exclamation. That is fucked. C’est comme ça que tu le prends en plus d’un milliers d’autre adjectif que tu pourrais ajouter à la suite. “She was your high school sweetheart. That’s pretty, well, sweet.” Tu ne l’as jamais qualifié de la sorte Rosa, parce qu’il n’y a jamais eu qu’elle dans ton coeur. She is the love of my life. Cette pensée pour corriger les mots de Birdie. Tu penses au présent car rien n’a changé dans ton coeur. Il est entièrement dédié à Rosa. Sans elle, tu ne serais pas qui tu es aujourd’hui. Tu lui dois tout. Mais une nouvelle fois, tu ne corriges pas Birdie, elle a sa vision des choses avec le peu d’information que tu lui donnes. “While she was in the coma, you never saw other people ?” La voilà qui recoupe avec les mots de Jeremy qui ont un peu tout déclenché. « I did. » Pas tout de suite mais huit années c’est extrêmement long et oui, tu as vu des gens. « Was something between trying to feel something and not having any respect for myself you know… » Parce que Dieu sait que t’en as vu des super dégueu et chelou qui ont partagé tes fluides corporels. Tu trouves que c’est beaucoup d’info encore une fois et vraiment, t’es pas en train de faire en sorte qu’elle ait pitié de toi ou quoi. C’est ça qui te dérange le plus en fait. L’impression que tu deviens vulnérable à ses yeux au fur et à mesure que tu te dévoiles. Peut être que Birdie fera la liaison avec ce qu’elle sait déjà à ton propos. Le petit ’you know’ qui a glissé si naturellement car elle sait que vous faites des trucs sacrément limite tous les deux des fois. T’as juste l’impression qu’elle sait exactement ce que tu veux dire avec ces mots là. Pas pour rien que tu te vois en elle depuis toujours. « It was just hook ups. Some good ones in between all the mess. » ‘The mess’ c’est toi et ta vie dans cette phrase. Tu penses à James qui a été une aide inestimable sur le plan émotionnel et matériel également. Une lumière dans toute l’obscurité. « Was only guys… » Que tu ajoutes plus doucement car ça sous entend pas mal de choses ça aussi. I’ve said too much. Mais c’est trop tard Jordan. C’est dit. Elle a entendu. Voilà la différence entre pendant le coma et après la mort de Rosa. C’est seulement récemment, depuis une année, que tu arrives à te reconnecter de nouveau avec la gente féminine. Tu as eu deux crush. Trois. Sur trois filles. Tu as couché avec quelques gars. Tu n’as couché qu’avec une de celles sur qui tu as crush. Birdie. Y’a un lien indéniable entre vous et c’est plus que du sexe depuis le début. T’as pas eu de chance avec les deux autres filles mais elles t’ont au moins fait réaliser que ton coeur pouvait encore éprouver des choses pour d’autres personnes. Des émotions différentes mais des émotions quand même. Ca t’a énormément rassuré de voir que tu n’étais pas totalement brisé. Handicapé. Mais en même temps, t’as clairement l’impression de trahir Rosa au fond fond fond de toi. Même si ta tête te dit que non. Ton coeur te dit que oui. T’as encore pas mal de route à parcourir Jordan.

“The therapy sessions help you ?” Tu hoches la tête. « A lot. » Tu laisses ces deux mots flotter dans l’air un moment. « It’s an ongoing process. » Parce que la vie t’envoie des trucs à la face constamment de manière plus ou moins évidente. Comme cette conversation avec Jeremy qui réveille bien de nouvelles choses dont tu n’as pas encore parlé avec ta psy. « It’s like a crutch that supports me so I can move forward with ease. A third leg. » Après ces trois derniers mots, un sourire amusé s’affiche sur tes lèvres te souvenant des mots de Birdie d’un peu plus tôt. Elle voulait t’aider. L’image va donc lui être très claire de cette façon là. Ça fait pas dix ans que tu vois un psy mais pas loin. Tu ne penses pas pouvoir vivre sans sachant que tu n’as pas de figure parental officiel, c’est toujours ton psy vers qui tu te retournes en cas de dilemme. Tu déranges Maria assez souvent comme ça, tu ne peux pas lui mettre tout tes doutes sur les épaules en plus du reste. Un professionnel c’est parfait, tu ne changeras pas cette façon de faire. Toi qui aime trop être indépendant, demander de l’aide et avouer à ses amis qu’on va pas bien n'est pas chose aisée.

« I did. »
« Was something between trying to feel something and not having any respect for myself you know… »
« It was just hook ups. Some good ones in between all the mess. »

T’as pas besoin d’être diplômée en psychologie pour faire le lien. Sur ce qu’il vient de te dévoiler et sur ce qu’il t’a déjà fait comprendre plus tôt dans le mois. Tu n’as pas oublié même si vous n’en avez pas reparlé - à quoi bon ? Cela ne sert à rien d’évoquer des sujets aussi épineux et douloureux. Mais là, tu fais la sordide connexion entre ce moment de sa vie et ce qu’il a vécu. Ca te fout un coup dans le creux du ventre, comme un coup de poing soudain même si tu aurais pu te douter que le coma de sa femme aurait été synonyme de la déchéance qu’il a dû avoir vécu. Tu ne peux pas comprendre la dévotion du sentiment amoureux mais Jordan te montre à chaque fois l’ampleur de ce que ça peut faire. De l’état d’esprit que ça implique, de la perte de soi-même que ça entraîne. C’est bien là les raisons que tu prônes pour ne pas t'attacher - outre le fait que ça ne fait pas non plus partie de ta culture. Sentiments qui peuvent être beaux mais qui peuvent aussi être destructeurs - comme si tu avais besoin de ça, de toute façon. Shut up. Ca te fait quelque chose de pouvoir situer la situation dans ta tête et tu te mords la joue pour ne pas ensevelir Jordan sous une compassion étouffante qui pourrait être prise comme le pire signe de pitié. T’aimes pas ça et ce n’est certainement pas ce que souhaite Jordan. « Was only guys… » Il le rajoute dans un faible murmure ; c’est une information importante pour qu’il le souligne. Pourquoi ? Avait-il peur de trahir Rosa ? Est-ce que c’était plus simple avec des hommes ? Une forme de punition ? Même s’il y a eu “some good ones” ? Culpabilité quelque part ? D’où la phrase de Jeremy ? Que ce n’était pas qu’il revoit des gens, mais qu’il revoit des femmes ? Tu te demandes t’es la combien sur la liste pour provoquer un tel étonnement auprès de Jeremy. Même si t’as cru comprendre que les deux hommes ne se sont pas vus tant que ça - but still. La pression sur tes épaules est immensurable, tout d’un coup. Pourquoi ? Parce qu’il a un lien différent avec les filles, que ce n’est pas pareil, qu’il y a l’image et l’idéal et l’ombre de Rosa qui flotte un peu partout et que- ça donne un goût bizarre. Tu ne saurais pas dire quoi mais si pour toi, c’est casual - un corps est un corps -, pour lui, ça veut dire beaucoup. Apparemment. Visiblement. Non ? Oh god. En tout cas, même si t’as un charme indéniable, tu te demandes ce qui l’a fait reprendre le domaine féminin. Pourquoi toi ? Oh Birdie. Même aveugle peut sentir qu’y a quelque chose. Still again. “What’s changed ?” Ta question est trop vague, pas assez précise et toi-même tu ne fais que tâter en même temps que lui te raconte. “I mean… Does it mean you’re doing…” Toi qui as toujours un mot à dire pour tout partout tout le temps, voilà que tu butes. “Better now ?” Do you feel good with me ? Do you trust me ? Are you respecting yourself with me ? Non, tout ça, tu les demanderas pas parce qu’il ne faut pas non plus abuser sur vos forces à tous les deux pour ce genre de conversations. Vous êtes doués pour les conneries, pour flirter, pour vous faire de rentre-dedans mais les dialogues sérieux, ce n’est pas votre domaine. Baby steps. Mais tu supposes qu’il va mieux

« A lot. »
« It’s an ongoing process. »
« It’s like a crutch that supports me so I can move forward with ease. A third leg. »

T’imites légèrement son sourire amusé tout en passant une main à moitié remplie de mousse contre son visage. “Maybe I should try one day. Seems cool to have a third leg.” Tu dis ça avec le ton léger qui suit le geste et l’amusement du moment mais le fond y est. A force de croire que tout va bien et que tu peux t’en sortir toute seule, t’as fini par te perdre au milieu de tout ça. Tu n’es pas une bonne thérapeute, la première cliente, aka toi, peut le confirmer. T’as préféré enfouir et ignorer plutôt qu’affronter. Tu soupires légèrement, approchant ton visage de celui de Jordan. “I sincerely didn’t expect you to be so honest with me, you know. It’s the bath bombs and the bubbles, right ? I’m sure no session will never be as comfortable as this one.” Tu lâches un léger rire de ta connerie avant de plaquer tes lippes sur sa joue, tes doigts retrouvant le trajet de ses cheveux. Tu sais que ça changera rien de la façon dont tu le vois. Ou au mieux, tu le verras encore plus fort qu’avant. Un survivant sur des plans différents qui réussit à remonter la pente dans la bonne direction. C’est ce qu’il y a de plus admirable, en somme.

“What’s changed ?” Everything. Son réveil. Ton mariage. Sa mort. C’est tout autant de chapitre que tu as pu finaliser afin de pouvoir aller encore plus de l’avant. Emotionellement surtout.  “I mean… Does it mean you’re doing…” You. “Better now ?” Tu as un léger sourire sur tes lèvres de la vanne que tu t’es fait tout seul dans ta tête. Tu hoches la tête. « I am. » Mais tu ne vas pas plus loin dans ta réflexion parce que tu n’as pas envie qu’elle s’imagine des choses. It’s too late. Ouais mais au moins peut être qu’elle va oublier si tu n’en reparles pas. T’en as trop dit. Elle a sûrement compris. Tu devrais peut être t’expliquer Jordan, ça ferait plus de sens pour Birdie et tu t’imaginerais pas ce qu’elle est peut être en train de s’imaginer. L’honnêteté a toujours toujours toujours payé au fil de ta vie. Faut juste que tu te lances là. C’est un poil plus compliqué. Délicat. Mais tu sais qu’elle sera à même de te comprendre, pas comme d’autres personnes qui ont croisé ta route. Allé Jordan, dis lui. Yeah yeah. Mais la conversation suit son cours avec ses questions vis à vis de ton psy. Tu comprends tout à fait ce que tout ça sous entend. Peut être qu’elle se laissera tenter. T’aimerais bien. Elle en profite pour te foutre de la mousse sur la tronche, ça faisait longtemps. Ca te fait sourire de plus belle. “Maybe I should try one day. Seems cool to have a third leg.” Tu hoches la tête. « It’s great when you don’t want to bother anyone. That leg is paid to listen to you and give you the best advice or sometimes just another angle on things. » Ca t’ouvre l’esprit et parfois - souvent - tu trouves les réponses à tes questions tout seul, comme un grand. Son visage angélique qui s’approche du tiens. “I sincerely didn’t expect you to be so honest with me, you know. It’s the bath bombs and the bubbles, right ? I’m sure no session will never be as comfortable as this one.” Tu sais pas trop d’où t’as osé lui dire tout ça. « Being naked helped. » Car tu te sens à poil dans tous les cas du coup… Feels right somehow. C’est un peu weird d’ailleurs.

Mais tu n’as pas tout dit Jordan. T’as été honnête mais pas dans tous les détails non plus. Le sourire qui était sur tes lèvres s’efface. Tu retournes dans tes pensées, cherchant les mots alors qu’elle embrasse ta joue.  « When she woke up… I told her all the things that were haunting me all these years. All the things I should have, could have, would have… » Tu as tellement retourner toutes tes pensées dans tous les sens à tous les moments, surtout la première année. « She was in that car, with that friend, because we had a fight. » Tu prends le temps avec ce nouveau bout d’information. Tu te rends compte que tu en dis bien plus que ce que tu avais originalement en tête, mais c’est trop tard. Tu continues. « I’m forever grateful the last memory she had of me wasn’t my angry face running away after I slammed a door at her face. » Tu secoues la tête, réalisant que tu as encore été bien trop loin dans tes explications. « Anyway, the fact that she woke up, means I could get closure. And now she is permanently dead. That’s what changed. » Ca a beau être horrible, tu préfères qu’elle soit morte que entre la vie et la mort. Au moins c’est définitif. Il t’a fallut quelques années après sa mort avant de te remettre en scelle. Avant de t’autoriser à de nouveau ressentir. Mais tu ne penses sincèrement pas être capable de te remettre en couple. Tu sais pas. Tu réfléchis pas réellement à ça. T’es tellement habitué à être seul. Ca te réconforte de n’avoir que toi sur qui compter. De n’avoir aucun compromis à faire. « Should we get out ? I’m starting to be cold. » Que tu dis autant parce que c’est vrai, que pour donner une échappatoire si Birdie ne sait pas quoi répondre à ce que tu viens de dire car… Ça n’attend pas de réponse. Tu te sens un peu plus à poil, c’est tout. Et elle est toujours là. Si tu ne l’avais pas fait fuir avec le début de ton histoire, peut être qu’avec ce nouveau bout ce sera le cas. Est-ce que c’est ce que tu es en train de faire Jordan ? Nah. T’y penses parce que ça te ferait chier que ces confessions la fasse s’éloigner de toi.

« It’s great when you don’t want to bother anyone. That leg is paid to listen to you and give you the best advice or sometimes just another angle on things. » Encore faudrait-il exprimer ce qu’il ne va pas. Quelque chose que t’es parfois loin d’être capable de faire. D’ailleurs, dans ton monde parfait, tout va absolument bien dans le meilleur des mondes. Il n’y a pas de soucis si tu te sens bien, n’est-ce pas ? "It's not a problem of bothering people. I'm a professional in that area." T’as un bref sourire amusé ; on te qualifie souvent de “chiante” et parfois “étouffante” mais on finit toujours par te laisser entrer parce que sinon, t’es encore plus insupportable. Mais jamais pour les choses vraiment sérieuses, ni pour les sujets qui comptent. Ce n’est pas ton genre. T’es la pro des virages et des sauts périlleux face aux bananes qui jonchent le sol. "It's more… Accepting you need a third leg. Especially when people around you don't know." Tu fronces les sourcils devant tes propres paroles parce que ta propre langue a l’air de se délier sans que tu ne forces quoique ce soit et c’est… Bizarre. Tu n’as clairement pas l’habitude. D’où le sentiment d’étrangeté. « Being naked helped. » Tu lâches un léger rire, le croyant sur paroles. “I know I know, my boobs do have that power.” T’agites le bras dans l’eau pour perturber les couleurs, pensant que la conversation avait atteint son point final, t’apprêtant à te détacher de Jordan.

Mais c’est sans compter sur ce dernier qui se remet à parler. Mmh? Explosion de surprise qui s’enchaîne. Tu n’aurais pas pu le préméditer. Tu ne l’aurais pas envisagé. Il a vraiment l’air d’avoir besoin de s’exprimer. Est-ce qu’il cherche à se justifier ? A trouver une cohérence auprès de toi ? A juste parlé au lieu de se confier à son psy ? Est-ce que c’est judicieux et raisonnable, Jordan ? « When she woke up… I told her all the things that were haunting me all these years. All the things I should have, could have, would have… » Tu l’as perdu, là. Jordan n’est plus connecté à toi, il est dans ses pensées, dans ses souvenirs, il doit revoir les scènes dans sa tête et il a complètement perdu connaissance de la réalité. T’aurais presque envie de maudire Rosa et son ombre qui persistent, qui planent, mais en même temps, Jordan te donne ce que tu cherches depuis le début ; il faut savoir donc ce que tu veux, darling. « She was in that car, with that friend, because we had a fight. » Oh. La culpabilité précédemment évoquée est réelle. « I’m forever grateful the last memory she had of me wasn’t my angry face running away after I slammed a door at her face. » Tu te demandes à quoi ressemble un Jordan énervé tout d’un coup ; the one that get you slammed. Okay. Tu préfères alors songer aux raisons qui pourraient pousser un Jordan de monter au créneau de la sorte. Des histoires de couple, sûrement. Chose que tu ne pourras jamais comprendre. « Anyway, the fact that she woke up, means I could get closure. And now she is permanently dead. That’s what changed. » Il dit ça avec une désinvolture presque terrifiante alors que toi, t’as l’échine qui frétille parce que le mot “dead” fait partie de cette liste que t’aimes pas entendre dans tes oreilles et qui te filent la chair de poule.

« Should we get out ? I’m starting to be cold. »
“Yes.” Tu fuis pas, non, vraiment. T’as juste besoin d’éliminer la liste infinie de personnes décédées de ta tête. D’ignorer pourquoi tu crèves d’envie de savoir les raisons qui le poussent à se confier. Qu’est-ce que ça veut dire, ça mène à où, pourquoi maintenant. Y a tout ça qui frétille dans ta cabosse alors que tu sors et que tu te mets à fouiller dans les placards pour une serviette que tu trouves pour t’y enrouler fermement avant de regarder le miroir et d’y voir Jordan à travers. “I understand Jeremy’s words better with the context.” Tu pinces tes lèvres, réfléchis brièvement avant de détendre tes épaules. “It’s good you’re happy.” Tes mains se resserrent contre les pans de ta serviette, tes prunelles passant de toi à lui et de lui à toi via le miroir. “You’re stronger than you look, Jordan Fisher.” T’as un léger sourire qui naît sur tes lèvres mais la réalité est là ; lui fait face à tout alors que toi, tu fais la politique de l’autruche dès qu’il y a une complication. C’est admirable. Ce qui le serait encore plus, ça serait d’aller sur la même voie que lui, non ? Calm down. Okay, il faut le temps que ça cogite et travaille, visiblement. “You still need that phone call ?” T’es certaine que oui et t’en profiteras pour faire le tour du propriétaire. Mettre la main sur la tête de Rosa, par exemple.