« You’re in no state to wander in the streets. » Ca ne fait pas de sens. Il n’y a rien qui ne fait de sens - à commencer par ta tête retournée. Il n’y a pas d’état à avoir pour avoir la liberté de marcher dans la rue. Tu es en plein droit, tu participes aux impôts de cette ville, qu’importe ton état. Jordan est stupide de penser que tu ne peux pas le faire, que mettre un pied devant l’autre n’est pas de ton ressort. Tu ne comprends pas alors tu scandalises. Tu cries, tu tapes. Encore pire quand t’es libérée. Les regrets viendront plus tard. Mais pour le moment, tu t’épuises dans un acharnement que toi seule peut en capter les tenants et aboutissants. Tout ça parce que ton partenaire n’a pas voulu te laisser voguer dans les rues. Tu ne te dis pas que c’est pour ta protection, que c’est parce qu’il se soucie de toi, de ton bien-être, de ta santé, de ta personne toute entière qu’il a fait ça ; non, tu vois seulement qu’il t’a forcé, qu’il ne t’a pas demandé ton avis, qu’il est allé à l’opposé de ce que tu voulais. Et ça, c’est la pire des offenses qu’on puisse te faire. Te faire sentir comme un animal apeuré. Faible. Sans défense. Sous le joug d’autrui. Alors il ne faut pas s’étonner que tu mordes. Que tu attaques. Que tu te défendes.

Mais c’est Jordan. Tes prunelles finissent par monter sur les siens alors que ses bras s’enroulent autour de toi. Non, non, non - Jordan, pas l’ennemi, Jordan, s’il te plait, Birdie, c’est Jordan. T’essaies de résister pourtant. Tu es agaçante. Tes poings ne tapent plus mais tes bras se resserrent contre toi. Entre vous deux. Tu es décidée à faire la difficile. La tenacité est une qualité mais aussi un défaut. Mais il faut croire que la proximité douce de Jordan qui n’offre rien d’autre que son étreinte suffit à te calmer peu à peu. Ton visage s’affaisse contre son torse et non loin de son cœur, tu entends la musique qu’il fait. Ce n’est pas un son joyeux. Sûrement la frénésie du moment. Comme tes membres qui ne cessent plus de trembler un peu plus à chaque fois. L’hystérie retombant, la chaleur qu’elle procurait s’évaporant aussi. Peu à peu. Tu retrouves tes esprits, tes habits collants et tes regrets. D’une telle scène. Tes bras se libèrent pour s’enrouler autour de sa taille. C’est Jordan. C’est Jordan. C’est Jordan. Tu n’oses pas lever les yeux. Tu ne souhaites pas affronter son visage - et cette fois, c’est pour ne pas y lire ce qui s’y trame. C’est Jordan et c’est la maison. Non pas les murs, mais son corps. Ses membres. Son esprit. Sa peau. Son palpitant. Tu n’as pas les mots. Tu n’as pas la voix non plus. Tu n’es pas douée pour exprimer regret, remords et culpabilité. Tu es lâche. Tu choisis de rester ton nez contre ses vêtements trempés. Tu es fatiguée aussi. Engourdie par le froid, alourdie par les nerfs qui lâchent. Les larmes coulent silencieusement sans que tu puisses les arrêter et à elles seules, elles énumèrent tous les pardons du monde que tu n’arrives pas à dire. La pression de tes bras autour de sa forme aussi. I'll be a better partner too. I promise.

Comme tu l’espérais c’est la fatigue qui prend le dessus pour ton oiseau enragé. Tu la tiens doucement sans trop oser la bercer ou la caresser. Bien trop peur qu’elle prenne la mouche et qu’elle se transforme en teigne de nouveau. La colère peut faire bien des choses et t’as l’impression que tout ce que tu pourrais dire ou faire seraient un nouvel élément déclencheur. Please Birdie… Tes pensées sont tout autant de mots et phrases réconfortantes envers elle que de prières à l’adresse de l’univers pour qu’elle ne vrille pas de nouveau. Les minutes défilent et tu sens aux mouvements de sa cage thoracique et son dos que c’est la tristesse qui a pris le dessus. Tu oses poser tes lèvres sur le dessus de sa tête, sur ses cheveux mouillés. Elle te serre plus fort et tu fais de même. T’es loin de prendre pour acquis son calme nouveau. Tu l’as assez secoué comme ça et tu sais qu’il serait déplacé de lui demander si elle veut aller à l’étage maintenant quand tu ne lui as pas laissé le choix jusqu’en bas de ces escaliers. Better not say a word Jordan. Tu te parles à toi même. Tu te répètes ces mots car tu as bien des mots qui essaient de passer la barrière de ta gorge que tu retiens. Y’a peut être une demi heure de plus qui passe quand tu te décides à délicatement la soulever de nouveau histoire d’aller à l’étage sans la déranger. Tu es sûr qu’elle est à bout de force et tu espères qu’elle ne t’en voudra pas de prendre une nouvelle fois les devants.

Tu ouvres la porte de ton salon une fois en haut des escaliers et tu te rends dans la chambre sans allumer les lumières. Tu la poses délicatement sur le lit. Pas totalement sûr qu’elle veuille aller prendre une douche ce soir mais certain qu’il faille se mettre au sec. Tu allumes les lumières de chevet avant de filer à la salle de bain tout en ôtant ta veste et ton hoodie que tu jettes dans ton couloir. Pas envie de te faire chier à aller mettre ça dans le panier à linge juste maintenant. Tu reviens dans la chambre avec ton peignoir et deux grandes serviettes.

« D’you need help? » Le silence que tu brises enfin alors que tu es en train d’ôter ton t-shirt avant d’ouvrir ton jeans en même temps que tu retires tes chaussures avec tes pieds. Tu laisses tout tes fringues au sol. Tu vas prendre ton autre peignoir dans ton dressing pour l’enfiler, laissant celui que tu as apporté à Birdie qui le porte souvent même si elle dit qu’elle n’en veut pas un pour elle. Tu lui laisses celui là car il a ton odeur dessus. T’es pas stupide et tu aimes savoir qu’elle pique tes affaires. Tu te frottes les bras pour te sécher et te réchauffer comme tu peux. Tu prends une serviette sur le lit pour t’occuper de tes cheveux. Le silence de la pièce te serre le coeur. Tu arrêtes de t’activer sur tes cheveux. Ta coupe est totalement effroyable mais c’est le cadet de tes soucis. « Bird… »

Ton souffle s’apaise mais pas tes larmes. Elles sont silencieuses, elles ne disent rien et si tu renifles, c’est uniquement parce que tu as froid - bien sûr. Jordan ne te lâche pas, toujours là, solide comme le roc qu’il est à chaque fois. Ce n’est pas la première fois que tu dérives comme ça. Mais c’est la première fois que tu t’en prends directement à lui. God knows how much I don’t hate you. Ton cœur est gonflé, il se noie dans la tristesse de tes maux, du rôle de vilaine que tu t’infliges à porter. Le temps défile mais rien ne se dit, rien ne se fait, à part l’assurance que ni l’un ni l’autre ne bouge. Personne ne se sépare de personne. On reste serrés, collés, encerclés, et ça t’émeut. Que Jordan encaisse les coups, qu’il ne dit rien, qu’il ne rouspète pas, qu’il ne t’engueule pas. Cela aurait été peut-être plus simple si ça avait été le cas ? Le passé a montré que non, au contraire. Tu n’aimes pas te disputer. Ni avec Will, ni avec Asher, ni avec Heather. Encore moins avec Jordan. Tu frottes ton visage contre ses vêtements pour ôter les traces de larmes sur tes joues. Preuve en est que tu t’es calmée ; tu ne dis rien quand il te porte de nouveau. Avec plus de douceur cette fois-ci, tes bras s’ancrant autour de son cou où ton minois y trouve refuge.

Tu ne fais pas attention à l’environnement jusqu’à ce que ton partenaire te dépose sur le lit. Vous êtes restés en bas assez longtemps pour que vous ne soyez plus aussi dégoulinant d’eau mais vos vêtements restent imbibés. Le choix de Jordan est alors assez intriguant, surtout pour quelqu’un qui apprécie son lit propre. Mais tu ne penses pas aux détails techniques. Tu ne songes qu’à te recroqueviller sur toi-même alors que tu l’observes sortir de la chambre. Et qu’il faudrait vraiment que tu sortes de ces habits, surtout de ce haut qui est gênant à épouser ton épiderme comme une seconde peau. Mais tu ne trouves pas les forces de bouger et quand Jordan revient, t’es toujours protestrée en boule dans le lit, un doigt tripotant nerveusement ton bijou sur la cuisse alors que tu le suis du regard. Même - surtout - quand il se déshabille. « D’you need help? » Et c’est sûrement pour cela qu’il te pose la question. Tu ne réponds pas, te disant que ça n’en vaut pas la peine. Tu ne fais que l’observer. Il est si soft. Si beau. Tu pourrais le parcourir de tes yeux jusqu’à ce que tu t’endormes. Même quand il relève sa tête avec une coupe improbable aux épis qui partent dans tous les sens, Jordan reste l’humain le plus magnifique de cette foutue planète.

« Bird… » Tu soupires légèrement parce que cette façon de t’appeler te donne des sensations différentes sans savoir comment les interpréter. Est-ce qu’il est lassé ? Agacé ? Est-ce une intonation pour prévenir de quelque chose ? Tu n’espères pas le dernier point. Tu te redresses lentement sur le côté, les jambes dépliées qui pendent au bord du lit. Tu défais le bijou pour le poser sur la table de chevet, il retournera à sa place demain. Tu ôtes ces satanées chaussures pour les faire valser à travers la pièce. Tu places tes cheveux d’un seul côté avant de tenter de tirer sur ton haut. Mais ce n’est pas pratique ni évident à enlever. Alors tu t’affaisses tes bras mollement en faisant une moue à Jordan. “Un coup de main ne serait pas de refus.” que tu dis d’une voix basse, comme si tu as peur de ce qui pourrait se passer si l’on pouvait t’entendre plus fort. Le démon a fait place à l’innocente petite créature frêle et apeurée qui déglutit à l’idée même de retrouver Jordan aussi proche et aussi dévêtu. Dans un autre contexte, vous auriez déjà pris votre douche chaude et vous auriez trouvé moyen de faire survivre votre chaleur corporelle sous les draps. Mais dans ce contexte-ci, tu auras le cœur palpitant en te laissant docilement ôter ton haut par ta moitié. Tu relèveras tes yeux vers lui avec toute la timidité que tu possèdes, mélangée à l’appréhension de ce que tu pourrais y voir. Tu déglutiras une nouvelle fois, remplie de honte et de désolation envers toi-même, en baissant les yeux. Ton buste dévêtu te rend encore plus vulnérable que tu ne l’as jamais autant ressentie qu’à ce moment-là. Tes mains sur le lit, tu tâtes doucement le drap pour te distraire de tout ce que tu ressens. “Je crois que… Que tu aurais dû me déposer ailleurs. C’est mouillé de ce côté-là.” Et ce n’est pas en restant assise dessus que tu aideras au séchage. Tu l’imagines déjà ne pas dormir avec toi cette nuit. Tu l’imagines t’annoncer qu’il ira sur le canapé donc que la place au sec sera pour toi, aucun souci à avoir. Tu ne veux pas t’imaginer ça. Ton cœur s’en brise et les larmes remontent. Tu deviens sensible. Les nerfs retombent et tu es à fleur de peau. “Don’t leave me, please…” que tu murmures avec émotion avant de placer ta main sur ta bouche en courbant ton dos. I love you, I love you, I love you so much, don’t abandon me, I beg you, Jordan, don’t leave me alone.

Tu sens son regard sur toi alors que tu te désapes mais elle ne bouge pas. Elle ne s’ôte pas ses fringues. Elle ne réagit pas non plus à ta question et quand tu insistes un poil en disant son prénom de manière partielle, elle se met enfin en mouvement. Elle n’a pas besoin de toi visiblement. Elle est peut être calmée. Elle est peut être à te regarder mais elle n’a-  “Un coup de main ne serait pas de refus.” Ton corps qui s’arrête dans ses pensées et dans son élan alors que tu étais sur le point de sécher un peu mieux tes jambes. Ton visage qui se tourne vers elle aussitôt. Tu balances tranquillement la serviette sur le lit afin d’avoir les mains libres pour aller l’aider de ce pas. Tu utilises toute la délicatesse dont tu es capable. Chaque contact de ta peau avec la sienne qui se fait avec le plus de douceur car ils sont tous des - I’m sorry - silencieux. Tu la libère de son haut totalement mouillé qui part rejoindre certaines de tes fringues sur le sol de ta chambre. Elle évite ton regard et toi tu n’évites pas du tout sa magnifique paire de seins. Hi babies. “Je crois que… Que tu aurais dû me déposer ailleurs. C’est mouillé de ce côté-là.” Tes yeux qui remontent aux siens. T’es surpris qu’elle ait prononcé autant de mots. Surpris qu’elle s’inquiète de ce détail à ton avis. Mais pas surpris de voir son visage se décomposer au fur et à mesure des courtes secondes qui s’en suivent. “Don’t leave me, please…” Et elle fond en larmes sous tes yeux. Babe... Tu n'aimes vraiment pas la voir comme ça.

« I’m not leaving… » Que tu dis alors que tu t’asseois à côté d’elle. Ton bras qui s’enroule autour de ses épaules pour l’attirer contre toi en même temps que tu attrapes la serviette toute sèche que tu as pris pour elle. Tu la lui mets dessus plutôt grossièrement mais elle est torse nu, elle est bien trop fraiche de la pluie, la nuit, l’hiver. Ca fait beaucoup. Elle ira forcément mieux quand elle sera sèche et réchauffé non ? Tu veux le croire. Tout ce que tu peux gérer là c’est le confort de son corps. Celui de son âme ça prendra plus de temps à ton avis. Une nuit de sommeil au moins. T’as quand même la forte impression qu’il y a bien plus dans ses larmes que juste le sujet Trent. Tu soupires doucement mais pas d’exaspération, c’est juste le trop plein d’émotion de l’avoir comme ça contre toi aussi bouleversée. « I’m not leaving… » I’m staying here. T’as une chanson de Sleeping With Sirens qui te vient en tête automatiquement. Tu te retiens de chanter les paroles car tu ne t’en sens pas la force. Le silence est ton allié ce soir. T’as dit assez de chose sans réfléchir ce soir et voilà où vous en êtes à cause de toi. « You really need to put on dry clothes. You’ll feel better… I promise. » Tu te détaches doucement d’elle pour lui ôter sa jupe. Elle a un sous vêtement sur elle. Tu souris dans ta tête, ton visage lui n'est pas encore prêt à ce genre de chose alors que ta partenaire est si triste sous tes yeux. Tu lui ôtes le dernier vêtement sur elle.

Tu vas la recouvrir de ton peignoir avant d’aller déposer un baiser sur sa joue. I’m not leaving, I’m just taking some clothes for you. Oui ton bisou veut dire tout ça. Tu files à ton dressing pour prendre un de tes hoodie, et un bas de jogging. Tu poses tout ça à côté car tu vas frotter doucement son corps dans toutes les serviettes mélangés sur elle. Au moins elle est recouverte. Tu l’aides à enfiler le hoodie qui est ultra confortable et doux, puis le jogging. Toi t’es encore en serviette mais la voir quasi toute sèche - car ses cheveux sont mouillés - ça te réchauffe de l’intérieur. Tu tires la couette pour qu’elle se glisse à l’intérieur, de l’autre côté du lit. Celui qui est sec. C’est seulement quand elle est toute blotti dessous que tu vas te mettre des fringues dessus. Elle était la priorité. Elle l'est la plupart du temps. Tu veux la protéger à tous les instants si tu pouvais. Tu enfiles un t-shirt manches longues et un short. Tu te la joues au gars qui a pas froid Jordan ? C'est léger tout ça. She’s my extra blanket. Car tu vas te glisser dans le lit à ton tour et tu l’attires carrément sur toi. Tu déposes un baiser sur ses lèvres avant de reposer ta tête contre l'oreiller. « Best blanket in town. » Que tu murmures avant d’aller appuyer sur ton interrupteur juste au dessus de ta tête afin de vous retrouvez dans le noir. Au chaud. Au sec. Tu aimes sentir tout son poids sur toi. She’s not leaving either.

« I’m not leaving… » Les secondes de solitude n’ont qu’à peine le temps d’être expiées que Jordan est à côté. T’entraîne contre lui, son bras solidement attaché autour de tes épaules. T’es surprise. T’es étonnée. T’es émue. Il ne bouge pas, il ne part pas, il ne crie toujours pas. Il ne claque pas la porte en hurlant que t’es chiante. Il ne te laisse pas seule. Au contraire, il t’enroule dans une serviette. Cela fait du bien mais cela n’apaise pas la fatigue intérieure que tu ressens. Tout a été trop intense si rapidement, t’es exténuée. Ta tête se pose sur l’épaule de ton partenaire alors que tu resserres les pans de la serviette autour de toi. Tu te rappelles que tu n’es pas imperméable, n’est-ce pas ? Yeah. Les gouttes sont absorbées et dans une douce utopie, tu te dis que cette soirée avec aussi. Une partie en tout cas. Garder le meilleur mais se délester du pire. Marcher t’aurait aidé - mais pas dans ces conditions. Le tonnerre grondant à l’extérieur avec la pluie s’écrasant en rafale sur les fenêtres te le rappelle vaguement. « I’m not leaving… » C’est le principal. C’est le plus important. Tu serais revenue quoiqu’il arrive. Tu serais partie mais pour mieux revenir après. Jordan ne bouge simplement pas. Tu prends une grande inspiration, l’air semblant manquer dans tes poumons. Tu renifles, tu passes la serviette sur ton visage, sur tes yeux humides. Le bouton off n’a pas l’air en option ce soir. Tu ressens beaucoup trop les choses. Ce n’est pas nouveau. C’est encore pire quand ça explose. Comme maintenant. « You really need to put on dry clothes. You’ll feel better… I promise. » Tu tripotes tes doigts. “You promise a lot.” que tu murmures dans un chuchotement discret. Jordan ne devrait promettre autant. C’est risqué. Ça nourrit l'espoir. Et même si l’espoir est doux, l’espoir peut être destructeur aussi. Tu refuses de lui laisser l'opportunité de te détruire - oh mais darling, tu la lui as donné ce pouvoir dès lors que tu lui as offert ton coeur.

Sa silhouette se détache et tes yeux se remplissent d’appréhension ; mais ce n’est que pour t’aider à ôter ta jupe et ton sous-vêtement avant de te couvrir de son peignoir. Tu humes le col en enroulant tes bras autour de toi, bien décidée malgré tout à retrouver une certaine chaleur corporelle. Une douche aurait été mieux mais tu n’en as pas la force. Tu fronces des sourcils sous le baiser de Jordan laissé sur ta joue alors que tu l’observes s’éloigner. Non, pas loin de toi, juste dans son dressing. Juste à côté. A cinq pas. Il n’est pas loin. Don’t hold your breath. Take it. Alors tu écoutes et tu remplis tes poumons. Tu n’as pas à t’inquiéter, et encore moins quand Jordan revient les mains chargées. Il prend soin de toi comme jamais on ne l’avait fait auparavant. A te sécher, à t’habiller, à te mettre au lit - une véritable gosse. Son hoodie te réconforte, sa couette encore plus et tu plonges ton museau dans son oreiller. Ses oreillers - vos oreillers, mais c’est les siens avant d’être les tiens. Tu ne veux pas en changer l’odeur. Il faut que ça garde son empreinte. Parce que c’est réconfortant. Tu perds le fil de ce que Jordan fait car t’es roulée en boule de l’autre côté, de dos et que tes paupières commencent à s’alourdir. C’est sans compter sur Jordan qui te récupère toute entière en te prenant sur lui. « Best blanket in town. » Tu enfouis ton visage contre son cou d’où tu as le joli duo de son odeur et de son palpitant. Plongés dans le noir, il n’y a que vos respirations qui se font entendre. Tu ne veux pas l’écraser. Tu redresses légèrement tes prunelles pour tâter tes lèvres contre sa mâchoire et trouver le trajet approximatif des siennes. Vous ne vous êtes pas embrassés depuis trop longtemps. Tu n’aimes pas ça. Tu as besoin de son contact. De vous prouver que ça ira mieux. Parce que tu ne pourras pas te sentir mieux si vous ne vous sentez pas mieux. T’es satisfaite de toi quand tu trouves la commissure de ses lippes. “Thank you.” ta voix pourrait être un mirage tellement qu’elle est légère et petite. Tu as donné toutes tes cordes vocales tantôt ; tu n’as plus rien en réserve là. Ta voix est brisée et c’est triste de le constater. Mais au moins, tu te rattrapes en l’embrassant pleinement. Il y a de la fatigue mélangée à la tendresse que tu peux ressentir. Si tu l’as détesté, c’est proportionnel à ton amour pour lui. Tu ne détestes pas si tu t’en fous. Et dieu seul sait que tu ne t’en fous pas, de Jordan. Ton partenaire qui a ton attention, ton affection, tes câlins et tes crises d’hystérie. And still here, que tu t’épates à te remémorer en reposant ta joue contre son torse.

Il ne faut pas très longtemps pour que tu sois happée par Morphée.
Par contre, il faut un peu plus de temps avant que tu ne sois secouée de rêves qui se transforment en cauchemars. Il y a pourtant eu les bras de Jordan autour de toi pour t’endormir mais cela ne suffit pas, il faut croire. T’es tombée sur son côté, ton compagnon a roulé sur son flanc mais ses bras te tiennent toujours même dans les réflexes de son sommeil qui n'apparaît nullement dérangé. Contrairement à toi qui a les paupières qui commencent à s’agiter, suivie de ta silhouette entière. Forcément que tu confonds la réalité avec tes souvenirs, et ton subconscient se fait un joyeux plaisir de le rappeler. Tu geins dans ton sommeil, tu murmures, tu sembles même sangloter et ta main qui s’aggrippe instinctivement au bras de Jordan n’aide en rien avant que tes poumons décrètent de t’extraire de tes rêves en sursaut. Le buste relevé dans un mouvement brutal, tu respires avec force. Ton palpitant est en feu, il brûle, il fait trembler tes muscles et tu oublies où t’es pendant quelques secondes. Ces quelques secondes suffisent pour que t’oublie que c’est Jordan, que t’es chez lui,  que tu ne risques rien, alors que tu t’arraches de ses bras pour te prostrer de l’autre côté du lit, le dos au dossier, les jambes contre toi et les bras les entourant. Tu allumes la lampe de chevet et tu fermes les yeux en commençant à compter silencieusement. Avec le temps, tu finis par aller mieux à partir de vingt. Cela faisait longtemps que tu n’avais pas eu cauchemar. Les bras de Jordan sont suffisants pour les mettre de côté, d’habitude. Il faut croire que l’univers se ligue pour te compliquer l’existence autant que possible ; serait-ce là ta punition pour tes agissements ?

La pluie tape fort contre les fenêtres et le toit, mais tu n’as pas peur que ta maison s’envole. Elle a survécu à bien des orages par le passé. Certains où tu as eu très peur et rien, rien n’a disparu. Ta maison est le pilier de ta vie depuis ton indépendance financière et tu sais que tu peux compter sur elle dans n’importe quelle circonstance. C’est pas de très forts tonnerres qui grondent qui vont t’inquiéter ce soir. Par contre la tempête que ton oiseau a vécu par ta faute, ça oui tu espères qu’elle va traverser ça le plus vite possible. C’est un très mauvais moment. Une accumulation que tu n’avais pas vu arriver. Vous avez été progressivement dans la mauvaise direction autant toi qu’elle sur des stupidité à ton avis et voilà le résultat. Tu es en train de faire en sorte qu’elle s’apaise autant le corps que l’âme le plus rapidement possible. Elle a l’air d’être réceptive. “You promise a lot.” Elle prononce même des mots. Des murmures, mais tu es content de l’entendre s’exprimer. Tu te repasses ses mots dans ta tête. “You promise a lot.” That’s cos I love you a lot. Et tu joins les gestes aux paroles même si ces dernières n’étaient que des pensées. Tu t’occupes d’elle, tu la mets confortablement dans le lit avec tes vêtements qui sont bien trop grands pour elle. Elle a véritablement l’air d’un tout petit oiseau au milieu de tes fringues et bien couverte sous la couette. Encore plus quand son petit visage se niche dans ton cou. Elle fait encore plus petite que d’habitude. Plus fragile. Soft Birdie est totalement exposée et tes envies de protections envers elle sont décuplées. Elle dépose un baiser sur ton visage, tu te dis qu’elle va doucement mieux. “Thank you.” Tu caresses doucement son dos, prêt à aller embrasser ses cheveux quand elle aura reposé sa tête contre toi mais à la place elle entame un baiser. Un vrai. Un comme t’as l’impression que ça fait une éternité que vous n’en avez pas échangé, alors que c’était sur la piste de danse tout à l’heure. T’as bien des mots qui te viennent quand elle repose sa tête contre ton torse mais tu préfères continuer avec le silence, ton meilleur ami de la soirée, celui avec qui tu aurais dû rester quelques fois au lieu de laisser des phrases sortir de ta bouche. Tu savais pas Jordan qu’elle serait si sensible au sujet. Arrête de t’accabler. Mais c’est en cogitant toujours plus que tu finis par t’endormir; Sentir le poids plume de ta partenaire sur toi qui aide à t’apaiser. She’s not leaving.

Ses gémissements, sa poigne sur toi, tu sors de ton sommeil légèrement et quand tu ouvres les yeux, la lumière est allumée. Birdie est assise. « Bird? » Tu te frottes les yeux en essayant de comprendre ce qui est en train de se passer. Tu tends ton bras vers elle pour la toucher. « What’s happening? » Tes yeux qui voient enfin ce qui se passe sous ton nez. Elle est totalement recroquevillée. Panic attack? Tu te redresses avec difficulté car ton corps te fait un peu mal. Faut dire que la veille tu l’as mis à rude épreuve. Tu sais pas si elle a froid ou quoi mais… toi oui. Alors quand tu t’asseois à côté d’elle, tu tires toute la couette sur vous. Tu glisses un bras autour de ses épaules et tu commences à parler pour lui changer les idées. « J’ai rêvé qu’un pote nous avait booké des billets pour l’Angleterre… Un voyage imprévu. Apparemment on avait pas de problème avec ça et dans notre chambre d’hôtel y’avait une scène. Genre, une grande scène. C’était une grande chambre d’hôtel. Je crois que ça fait longtemps que j’ai pas été à un concert. » Tu commentes en même temps, puis tu continues. « Oh et c’était Lady Gaga qui nous avait check in à l’hôtel. J’ai voulu prendre une photo avec elle mais mon téléphone ne voulait pas se mettre en mode selfie. La moitié de mon rêve c’était moi qui essayait de prendre une photo avec elle. » Tu frottes doucement un oeil sans vraiment savoir si tu aurais dû rester avec ton ami le silence une fois de plus ou pas. T’as pas réfléchit, tu viens tout juste de te réveiller, ton cerveau n’est pas optimal. La garder contre toi au chaud c’est ce qui sonnera en ta faveur si jamais elle aurait préféré que tu la fermes. Tu penches un peu la tête pour voir son air… How you doing babe? Tu déglutis avec difficulté.

« Bird? » Le voilà le ton inquiet que t’assimile sans l’entendre réellement. Six. Les oreilles bourdonnent. Le coeur frappe. Les nerfs palpitent. Ton rêve a un goût bien trop réel. T’en frissonne de nouveau. Tu déglutis. Tu caches ton visage sur tes genoux. Tu continues de compter. Tu prends une inspiration, puis une expiration, puis un chiffre. T’occupes tes doigts en les agitant au fur et à mesure de comptage. Comme pour ne pas perdre le fil. Sept. T’essaies de calmer la frénésie en toi. Après l’hystérie, vient la peur. Tu renifles du nez. Pourtant, tu n’as pas l’impression de pleurer. Tu attrapes froid à force. T’es fatiguée ; ton corps n’a pas eu le temps de se reposer pleinement. Tu n’as pas encore le courage de fermer les yeux. Tu t’abreuves de la lumière, tu te rassures que ce n’était qu’un rêve. Une image furtive. Bien trop familière. Huit. Le vertige cisaille et tu tends tes muscles pour évacuer les mauvaises ondes. Pourquoi faut-il que ça vienne cette nuit ? Sûrement parce que ta conscience n’est pas tranquille. Les démons ne sont pas loin. Ils rôdent et piquent au moment où tu t’y attends le moins. Ils attendent le moment de faiblesse pour s’engouffrer. Tes armes sont à terre, les défenses éparpillées et tu n’as plus qu’à compter pour espérer reprendre de la contenance. Neuf. C’est ridicule mais tu as entendu le conseil un jour ; tu n’avais rien à perdre le temps que ton coeur se calme. Le temps que tes pensées redeviennent cohérentes. Le temps de réaliser où tu es, d’apprécier ton environnement. « What’s happening? » De sentir la main qui te frôle sans qu’un mouvement de surprise te fasse recroqueviller. Dix. Tu te balances légèrement alors qu’un œil sort de ton gouffre pour remonter le bras. C’est la main de Jordan, il n’y a pas à avoir peur. Les tremblements s’apaisent. Un peu. Ton œil l’observe se redresser. Comme l'œil prudent qui parcourt et qui ne quitte pas d’une seconde pour veiller. Onze. Ne pas laisser l’autre être le chasseur. Tu n’es pas la proie. Absurde, absurde, absurde… Jordan s’installe à côté de toi en remontant le drap et que son bras s’enroule autour de toi. Tu frémis, tu te raidis. Un moment fugace. Tes propres bras toujours autour de tes jambes.

Douze. « J’ai rêvé qu’un pote nous avait booké des billets pour l’Angleterre… Un voyage imprévu. Apparemment on avait pas de problème avec ça et dans notre chambre d’hôtel y’avait une scène. Genre, une grande scène. C’était une grande chambre d’hôtel. Je crois que ça fait longtemps que j’ai pas été à un concert. » Ton partenaire te demande de regarder ailleurs. Non pas de tes yeux mais dans ton esprit. Il incite à visualiser autre chose. Une terre que tu n’as jamais frôlée, un visage que tu n’as jamais vu, un lieu que tu ne peux qu’imaginer. Une chambre d’hôtel avec une scène, c’est absurde, ça aussi, non ? Treize. « Oh et c’était Lady Gaga qui nous avait check in à l’hôtel. J’ai voulu prendre une photo avec elle mais mon téléphone ne voulait pas se mettre en mode selfie. La moitié de mon rêve c’était moi qui essayais de prendre une photo avec elle. » Là, tu émets un ricanement étouffé en passant une manche contre ton visage. T’arrives à imaginer Jordan avec Lady Gaga dans sa robe en viande qui se démènent pour prendre une photo ensemble. Seize.Tu déglutis légèrement, prenant conscience à quel point ta gorge est sèche. “Tu n’aurais pas de difficulté si je suis là. Je… Je suis là pour la prendre, la photo.” Tu mordilles le bout de la manche du hoodie en fixant devant toi. Tu aimes bien ce que Jordan te donne à voir. A entrer dans son rêve. Cela aide. Evidemment que cela aide. Quatorze. “J’ai- J’ai jamais été en Angleterre.” Tu songes à voix haute. Tu fronces des sourcils en réalisant que tu n’es pas allée à beaucoup d’endroits dans ta vie. “Mes parents y sont allés. J’ai eu… Des petites figurines. Des gardes de la reine. Et des bus.” C’est comme que tu as vécu avec tes parents ; au milieu des souvenirs et des cartes qu’ils envoyaient. Quinze. Tu passes ta langue sur tes lèvres mais tout est aussi sec que le désert. Cependant, t’as aucune intention de bouger alors que tu commences à pencher contre la silhouette de Jordan. “J’aime bien l’idée du voyage imprévu. Qu’importe où. Je veux visiter le monde. Comme papa et maman.” Tu répétais la même phrase quand tu étais haute comme trois pommes. Tu n’as envie de réflexionner maintenant sur les raisons qui ont fait que tu n’as pas assouvi ta soif de voyage. Tu tournes la tête vers Jordan, tes prunelles passant de ses lèvres à son regard. Tu t’apaises en scrutant son visage. Puis tu laisses ton nez s’écraser contre sa mâchoire, tes paupières se fermant à moitié.  “C’est encore mieux si c’est avec toi.” Seize.

Tu préfères ne pas trop bouger même si tu as pris la liberté de passer ton bras autour d’elle. L’oiseau est vulnérable, en pleine crise de panique visiblement, tu ne sais pas quels genre de réaction elle peut avoir dans ces situations. Tu te dis vraiment qu’elle va s’en souvenir de cette nuit là. Elle les enchaîne les crises. Panique, nerfs. Tu te dis que y’a forcément un lien de cause à effet là dessous. Ca n’aide en rien ton envie de la protéger à tous les instants. T’as l’impression qu’avec toi ça aide, même si cette spirale a commencé par ta faute. Alors tu fais de ton mieux pour lui changer les idées en lui racontant le rêve que tu viens de faire là. Elle t’écoute. Elle rit même un peu à la fin. Tu le conçois l’image est très drôle. Toi même ça te fait sourire assez largement. Ca te réchauffe le coeur de la voir sourire ta partenaire. Soft Birdie est toujours bel et bien présente. Tu l’aimes beaucoup celle ci mais tu as hâte qu’elle reprenne du poil de la bête. Tu ne vas pas chercher à la brusquer nope. Soft Birdie c’est Birdie quoi qu’il en soit et tu l’aimes en toutes circonstances. “Tu n’aurais pas de difficulté si je suis là. Je… Je suis là pour la prendre, la photo.” Tu apprécies de l’entendre former une phrase. Elle se remet doucement. Tu te mets à caresser son bras. « Ma photographe officielle. » Tu sais qu’elle te prend en photo ici et là ta partenaire. Souvent à la dérobée parce qu’autrement tu fais quasi que des grimaces. Tu n’aimes pas être pris en photos. “J’ai- J’ai jamais été en Angleterre.” Oh. “Mes parents y sont allés. J’ai eu… Des petites figurines. Des gardes de la reine. Et des bus.” Car bien sûr ton rêve fait suite à une idée que tu as en tête depuis quelques temps que tu n’as pas encore osé formuler à voix haute. J’en parle maintenant ? Te voilà en train de cogiter. Ca n’a pas l’air d’être le moment idéal vu comme elle est fragile. Elle se cale un peu plus contre toi, tu vas poser tes lèvres sur ses cheveux pour lui déposer un baiser alors qu’elle reprend la parole. “J’aime bien l’idée du voyage imprévu. Qu’importe où. Je veux visiter le monde. Comme papa et maman.” Oh. Ton coeur qui bat plus vite car t’as l’impression que c’est un gros feu vert à faire ta proposition là. Mais tu ne sais toujours pas si c’est le bon moment. Elle tourne la tête, ses yeux cherchent les tiens, tu les lui donnes. Elle pose son visage contre le tiens. J’en parle maintenant ? “C’est encore mieux si c’est avec toi.” La lumière verte dans ton esprit forme les lettres G et O en immense.

« Je voulais te proposer d’aller en Angleterre le mois prochain. Vers la fin du mois. La deuxième moitié du mois. Du 20 au 28 un truc comme ça… » ‘Un truc comme ça’ Jordan ? Quand tu connais les dates parfaitement dans ta tête. Tu essaies de leurrer qui ? « Faire un tour du pays… En suivant des amis en tournée… » Tu te mords la lèvre ne sachant toujours pas si c’est une bonne idée de parler de ça maintenant. Surtout qu’elle a l’air de vouloir dormir de nouveau, ce qui est bon signe. « Mais on pourra en parler un autre jour hmm. » La petite sortie de secours que tu prends, que tu lui donnes aussi. Elle est pour vous deux celle là. Ton visage est à présent en train de regarder ton dressing qui est fièrement immensément devant toi mais tes yeux qui tournent à leur maximum sur le côté afin de pouvoir apercevoir la réaction de l’oiseau. Si elle dort, c’est pas mal aussi.

« Ma photographe officielle. » Un sourire perce en même temps que sa main caresse le bras. Penser aux clichés qui sont mortalisés solidement dans mon téléphone est aussi une bonne douceur. Je contemple, je pense, je les ferai bien défiler sous mes yeux si je pouvais. J’aurai dit que mon amie photographe aurait mieux fait, elle aurait mis mon compagnon à son avantage même à la dérobée mieux que moi. Mes amis ont du talent. Qu’est-ce que j’ai, moi ? Des crises, des peurs, des fissures. De la faiblesse. Au-delà de la confidence ; à cause de la confidence peut-être. Ne pas faire de psychologie. Je ne suis pas en état. Je me laisse bercer par Jordan. C’est sa présence qui m’est essentielle. C’est sentir son souffle près du mien. De pouvoir me rapprocher de lui. Me sentir assez en confiance pour relâcher la pression de mon étreinte autour mes jambes. J’entends la pluie fine à travers la fenêtre ; ça s’est calmé et les orages ont disparu. Il y a toujours un petit tourbillon mais le pire est derrière. J’ose en tout cas l’espérer. Je ne veux pas de tourments. J’en ai assez eu pour les semaines à venir. Je n’ai pas à m’excuser d’être comme je suis mais je m’épuise - est-ce que j’épuise Jordan aussi ? Lui qui doit se demander quel genre de grains sont en train de moudre dans ma tête. Est-ce que je vais lui dire ce qui s’est passé ? Je n’en sais rien. Je ne préfère pas pour l’instant. Mes paupières closes démontrent que je n’ai pas repris de force. J’ignore si j’en aurai plus au réveil ; me connaissant, il y a fort à parier que ça ne sera pas la force qui me manquera, mais le courage. Si Jordan ne demande rien, je n’en dirai pas plus. Et s’il demande… Mon esprit se ferme à l’idée, n’ayant pas les capacités à penser rationnellement.

« Je voulais te proposer d’aller en Angleterre le mois prochain. Vers la fin du mois. La deuxième moitié du mois. Du 20 au 28 un truc comme ça… » Par contre, j’ai les idées assez claires pour entendre ses mots. Cette proposition que sa voix a l’air d’émettre à tatons. Est-ce qu’il m’invite ? Quelque part ? Aussi loin ? Comment est-ce que Jordan peut me vouloir après tout ça ? Comment peut-il me proposer cette idée maintenant ? Cela pourrait paraître déplacé. Pour moi, c’est simplement incompréhensible. “Comment-” ma voix se perd et fond dans ma gorge, la pensée furtive que je tais. Une interrogation légitime à mon sens. Je me sens indigne d'une telle démarche. Ce n’est que passager, un moment d’égarement mais qui sait, qui sait, qui sait. Mon esprit me joue des tours, mes interprétations ne sont pas forcément justes et mes réactions peuvent être totalement disproportionnées. Et pourtant, Jordan me propose d’aller en Angleterre. Ce qui ne fut qu’un rêve est un désir profond et réel - si on oublie Lady Gaga et la chambre qui peut inclure une scène de concert. « Faire un tour du pays… En suivant des amis en tournée… » Mes paupières s’ouvrent doucement mais je reste prostrée contre lui. J’utilise son corps en guise de bouclier, de carapace pour me cacher afin de remettre mes idées droites. Jordan n’aide pas - ou est-ce le contraire ? Je ne suis plus certaine de grand chose. J’avance aveuglément dans mon existence toute entière - sauf là, où il y a des mains pour me guider, me diriger là où il faut. Jordan a un sens moral dont je suis dépossédée - et aussi une patience, ou un attrait pour les situations compliquées qui lui est propre. « Mais on pourra en parler un autre jour hmm. » On pourrait. Ce qu’il ne réalise pas, Jordan, c’est à quel point ça me fait du bien de savoir qu’il compte être encore dans ma vie d’ici septembre. “Vers la fin du mois”, “un truc comme ça”. Cela me rappelle étrangement ses certitudes à être présent à mes côtés dans six mois. Jordan a toujours su visualiser l’avenir ; je ne me l’autorise pas. Je suis une optimiste mais je vis au jour le jour. Cependant, j’apprends à calmer mes appréhensions, jour après jour. Jordan est une véritable bouffée d’air dans mon existence et je découvre absolument tout avec lui. Comme la confiance que je n’avais pas dans ma première relation. Se sentir désirée, aimée. Ne pas être traitée comme une poupée mais un être humain. Jordan est prévenant, il guette, il surveille, il prend soin. Ses caresses, ses regards, ses baisers sur mon crâne, ses bras autour de moi, autant de gestes que j’assimile à une forme de protection affective à mon égard. J’apprends à apprécier, je me retrouve à manquer quand ça n’arrive pas.

Et là, c’est grâce de nouveau à sa force et son aura que je réussis à retrouver une respiration normale. Je ne suis pas allée jusqu’à pleurer de nouveau. Je ne suis pas allée au-delà de seize. Non, je ne pense maintenant qu’à l’Angleterre. Quel temps fait-il en septembre ? Est-ce que je pourrai voir aussi des cousins lointains punk dans l’âme ? Et suivre une tournée… “Une tournée comme survivre dans un bus à dix des jours entiers sans en faire passer un par la fenêtre en cours de route ?” Mes bras sont totalement détachés de mes jambes et je me retrouve à passer l’un d’eux par-dessus la taille de Jordan alors que je redresse ma tête pour mieux voir la sienne. “Tu sais que tu peux m’emmener là où tu veux, pas vrai ? Tant que… Si tu veux de ma présence, je serai là.” Jordan ne peut pas avoir de doutes là-dessus. J’ignore pourquoi il a l’air si hésitant - est-ce que c’est le moment choisi qui le fait marcher sur des œufs ou autre chose que je ne capte pas ? Mais tant que ma présence est acceptée, je le suivrai au bout de toutes les expériences et aventures qu’il souhaite effectuer. Je rapproche mes lippes contre sa mâchoire contre laquelle je murmure. “Il n’y a pas de “truc comme ça”. Je suis certaine que tu connais parfaitement les dates." Tu ne veux juste pas me sentir obligée à quoique ce soit en me faisant croire que ce n’est pas défini ni officiel. “I'll always be around wherever life takes you you know I'll follow you.” je fredonne mollement en reposant ma tête contre son épaule après avoir déposé un baiser contre le trait fin qui dessine le visage de mon partenaire. I will follow you way down wherever you may go.

Elle se détend doucement doucement, le must serait qu’elle s’endorme mais ta proposition la fait réagir. “Comment-” Oui comment Jordan ? Elle n’a pas fini sa phrase mais tu prends ça comme une invitation à en dire plus. Elle est intriguée. Est-ce qu’elle est intéressée aussi ? Ce serait pas mal ouais. Ca fait des semaines que tu rêvasses dans ton coin de répondre par l’affirmative à tes amis qui t’ont proposé de venir avec eux. Dans tes fantasmes liés à ce séjour en UK, y’a la présence de ton petit oiseau de Cadburn. T’as exposé ton idée. Ca y est. Elle est calée contre toi. Elle a sûrement pas la tête à ça. Tu offres la possibilité de voir le tout plus tard maintenant qu’elle sait. Elle n’a pas à te répondre tout de suite. “Une tournée comme survivre dans un bus à dix des jours entiers sans en faire passer un par la fenêtre en cours de route ?” Mais voilà qu’elle rebondit déjà sur tes mots. Qu’elle n’a pas de problème à le faire maintenant apparemment. Par contre imaginer tes potes dans un tour bus ça te fait sourire largement. « Quasi. » Et voilà qu’elle se met plus à l’aise contre toi. Sentir un de ses bras autour de toi te donne l’impression d’enfin trouver ton endroit préféré. Comme ton matelas après une très longue journée de travail. Sauf que là, c’est les bras de Birdie. Tu la vois relever la tête vers toi car tu es en train de l’observer depuis quelques secondes déjà. Hi. “Tu sais que tu peux m’emmener là où tu veux, pas vrai ? Tant que… Si tu veux de ma présence, je serai là.” Tu ne pensais pas. Tu ne savais pas. « Of course I do ! » Que tu réponds comme si ça coulait de source mais… Est-ce qu’elle le savait ? Nope. Autant que tu ne savais pas en retour à son propos. Tu lui avais demandé si c’était facile pour elle de prendre des vacances. C’était une première étape pour voir si c’était faisable ou s’il valait mieux oublier avant de proposer. Pas que tu aies peur qu’elle dise non, elle a le droit, mais pas envie qu’elle se sente obligé de venir pour que tu y ailles. Car tu aurais refusé si elle n’avait pas voulu venir. C’est pas du boulot là. C’est juste du fun. Et t’as pas envie de lâcher ta partenaire déjà alors que tu as un autre voyage prévu en Novembre depuis un moment. Tu es prêt à arrêter d’être spontané sur certaines choses car tu n’es plus seul maintenant. Mais… Visiblement elle est chaud. “Il n’y a pas de “truc comme ça”. Je suis certaine que tu connais parfaitement les dates. » Et elle t’expose. Elle se rapproche un peu plus aussi. T’as envie de te retenir de sourire histoire de faire l’acteur en mode ’je vois pas de quoi tu parles’ mais tu n’y arrives pas.

“I'll always be around  wherever life takes you you know I'll follow you.” Et elle te chante même une chanson. Entendre ton oiseau chanter te réchauffe le coeur à une vitesse incroyable. Elle se sent bien mieux. Elle t’embrasse même le visage. « I love my bird singing. » Un beau sourire sur les lèvres alors que tu la regardes se recaler contre toi. « Tu sais que ça fait des semaines que je me prends la tête pour te proposer ? » Tu te sens stupide et tu vas passer une main sur ton visage de ce fait. Comme si tu voulais te cacher. Cache toi un peu plus Jordan. Pourquoi ? T’as dit ‘I love my bird…’ Yeah but no. But yeah. Tu détestes quand ton cerveau te faire un petit retour arrière d’un truc que t’as déjà dit et qui te fait cogiter ensuite. Est-ce qu’elle va l’entendre comme ça ? « Je prends les billets d’avion demain. Ça va être assez sportif, y’a quasi une ville par jour… On pourrait zapper la première date et passer deux trois jours à Glasgow. J’ai jamais été là bas. » Mais tu te décides d’enchaîner à parler plus que tu ne l’aurais fait autrement. Histoire d’avancer. Tu pourrais en rajouter encore même. C’est pas faux tout ce que tu dis. Tu as mille trucs en tête mais c’est le milieu de la nuit et il vaudrait mieux vous remettre à dormir plutôt que de commencer la logistique. Mais ta priorité a l’air d’être à noyer subtilement le poisson. T’as peur de quoi Jordan ? Tu lui as déjà dit plusieurs fois que tu l’aimes. I’m shy. Quand ça t’arrange ouais.

« Quasi. » Je dois avoir une image fantasmée - ou désastreuse - d’une tournée. Je n’ai que des visions de ce que j’ai pu observer dans des séries ou des films mais cela me suffit pour tenter l’aventure. Comment pourrait-il être le contraire ? Une telle perspective me met du baume au coeur, il aide à apaiser mes maux intérieurs et je me sens assez confortable, apaisée de nouveau, pour m’installer un peu mieux. Détendre peu à peu mes membres pour les laisser retrouver leur bien-être. Oublier les frayeurs, mettre de côté les démons, leur affirmer qu’aujourd’hui non plus, ils ne m’auront pas. Ils ont failli, oh ils ont failli. Mais Jordan est là. Jordan est mon meilleur bouclier. Mon allié qui n’a pas conscience de tout ce qu’il fait pour moi. Certains diront que c’est de sa faute en premier lieu si j’ai de tels tourments - et ils n’auraient pas tort. Mais je ne lui laisse pas le blâme. Je pense être incapable de lutter contre lui. Mon état de fébrilité fut tel que le sentir avec moi, rassurant, protecteur, bienveillant, guetteur, a été le meilleur des baumes - même si mon entêtement lui en veut toujours. C’est la façon de mon esprit de me crier à quel point il est fâché contre moi, de ne pas avoir rugit plus fort et fait preuve de plus de vigueur et de force dans mes propos. « Of course I do ! » Okay. Entendre Jordan répondre aussi spontanément et rapidement de tels mots provoque une petite onde de bien-être en moi et je me demande encore comment. Signe qu’il n’y a pas de rancœur ou quoique ce soit de ce côté. Cependant, j’essaie d’enlever ce point de l’interrogation de mon esprit alors que mes yeux sont émerveillés en le regardant. Reconnaissante je suis, en même temps que touchée. Jordan voyage beaucoup et je l’envie bien plus que je l’imagine.

« I love my bird singing. » I love you too que je pense fortement alors que ma main vient s’accrocher à sa hanche où mon pouce masse sa peau instinctivement à travers le tissu. Je me retrouve en même temps que je retrouve sa forme. C’est terriblement agréable, en même temps que ses mots qui me font sourire légèrement. Je piaille mais parait-il que ce n’est pas si désagréable que ça. Un oiseau qui chante est bon signe et sûrement que ça vaut pour moi aussi. I’ll be okay. Je n’en ai jamais douté une minute. Mais c’est une certitude de plus en plus définie. « Tu sais que ça fait des semaines que je me prends la tête pour te proposer ? » “J’avoue ne pas comprendre pourquoi.” De quoi avait-il peur ? Que je dise non ? Ou que je dise oui ? Que ce soit trop tôt ? Trop vite ? Trop officiel ? Trop loin ? Pourquoi autant de réserve, Jordan ? Pourquoi autant de tracas pour quelque chose d’aussi fun et palpitant ? Même si rouler en boule contre lui, je ne donne pas l’impression de vouloir du fun et du palpitant, encore moins de spontanéité. Mais l’idée ne peut que me plaire. Et l’idée me distrait en même temps d’agir comme le meilleur des remèdes. Une perspective d’avenir, de nous ensemble, de jours meilleurs à venir, voilà exactement ce dont j’avais besoin sans le savoir. « Je prends les billets d’avion demain. Ça va être assez sportif, y’a quasi une ville par jour… On pourrait zapper la première date et passer deux trois jours à Glasgow. J’ai jamais été là bas. » “Jordan…” Je fronce du nez en redressant mon buste pour lui faire face, ma main passant de sa hanche à sa joue. “La logistique peut attendre plus tard.” Je n’ai pas la tête à penser aux billets, aux horaires, aux fuseaux, à l’avion, aux dates et à la géographie. Jordan peut décider ce qu’il veut, je n’y suis jamais allée, tout sera une découverte pour mes yeux candides. Et puis, je serai du genre à prendre un sac à dos pour partir vers des contrées inconnues, sans préparation aucune. J’espère que Jordan n’est pas trop control freak.

“J’aurai juste pas pensé que tu… Que tu aurais voulu partir avec moi aussi loin après… Enfin, après ce soir, tout ça, tu vois. En plus, il a fallu que je fasse un cauchemar et je-” je pince mon nez qui me chatouille tout en reprenant une inspiration avant de passer ma main sur mes yeux. Je renifle de nouveau, pince mes lèvres entre elles et mon cœur se fait terriblement mou et larmoyant dans sa cage. “Je me sens misérable mais t’es toujours là malgré tout.” Afin d’éviter de m’afficher encore plus en m’effondrant de nouveau - l’alcool redescend, les nerfs aussi, la fatigue s’accumule, un cocktail rendant très sensible - je vais chercher ses lèvres pour un baiser humide où je peux fermer mes yeux en toute impunité. Même si cela n’arrête pas quelques larmes pour rouler le long de mes joues, me pressant toujours plus contre sa forme pour l’inciter à m’emprisonner. Qu’il ne me lâche pas, qu’il ne me libère pas, je suis affreusement bien dans ses bras. J’ai juste besoin de Jordan, que ce soit ici, en Angleterre, sur Mars, en enfer, je m’en fous. Je le veux lui, tout le temps, à chaque minute. Je deviens une sentimentale sensible alors que mes lippes abandonnent les siennes pour retrouver notre respiration mais restent collées malgré tout. “I love you. No matter where. I love you so much.” Je ne réfléchis pas vraiment en prononçant ces mots ; j’agis par instinct. Par simple volonté de lui donner la hauteur du bien-être qu’il me fournit. Je le ressens depuis si longtemps, ce petit coeur qui bat au rythme des sourires, des rires, des instants passés avec Jordan. Encore maintenant, il tourbillonne joyeusement en se délestant de plus en plus du mal qui m’incombait il y a quelques minutes. Grâce à Jordan. Mes poumons remplis, je m’autorise à entrainer sa bouche dans une nouvelle danse, ne lui laissant pas l’opportunité de réagir. Au moins par des mots. Je suis amoureuse, je l’aime, je le dis à travers mon étreinte de plus en plus passionnée parce que mon esprit, mon être sont en manque de lui. Je me redresse si bien que je suis à moitié au-dessus de lui. Jordan est le meilleur remède du monde. Le plus beau, le plus attrayant, le plus doux. Mon cerveau et mes émotions se centralisent sur lui, sur ce que je ressens pour lui et ça chasse tout le reste. I love you I love you I love you. que je chantonne intérieurement à chaque caresse de nos langues, à chaque embrassade de nos lippes, à chaque pression de mes phalanges contre sa nuque, sa joue, son épiderme. I’m yours. Totally, definitely, indefinitely and completely yours.

Voilà qu’elle est même en train de caresser ta taille au travers de ton haut. Petit à petit tu sens qu’elle reprend possession de ses facultés. Elle se sent mieux. “J’avoue ne pas comprendre pourquoi.”Et tu te sens un poil stupide mais y’a rien de nouveau là. Tu es toujours nerveux quand il s’agit de passer un nouveau cap avec ton oiseau. Tu nages en eaux inconnues et elle ne s’en rend pas compte, elle vient de le dire très clairement. Au fond, tu trouves que c’est une très bonne chose si elle ne voit pas les mêmes significations que toi derrière. Vous êtes peut être des amants, mais vous êtes aussi des amis qui ont juste envie de passer du temps ensemble. Tout le temps. Sûrement comme ça qu’elle le voit. Comme ça que tu devrais aussi Jordan. Surtout au grand surtout que tu n’étais pas du tout sur le point de te vexer comme jamais si elle avait dit non, peu importe ses raisons. She said yes. “Jordan…” Ton prénom dans sa bouche est chose rare. Tes yeux se baissent vers elle. “La logistique peut attendre plus tard.” Tu hoches la tête en allant embrasser son front doucement. Sa main sur ta joue, un nouveau signe qu’elle reprend toute ses facultés.

“J’aurai juste pas pensé que tu… Que tu aurais voulu partir avec moi aussi loin après… Enfin, après ce soir, tout ça, tu vois. En plus, il a fallu que je fasse un cauchemar et je-” Ton tour de pas comprendre sa façon de pensée. Comme quoi, vous vous complétez sur beaucoup de chose, vous êtes pareil sur bien d’autres et y’a aussi toute une zone grise où vous vous comprenez pas du tout.  “Je me sens misérable mais t’es toujours là malgré tout.” Tu vois qu’elle est pas à l’aise avec ses mots, tu vois qu’elle est sur la pente inverse de celle juste avant où tu la voyais reperdre du poil de la bête. T’as des signaux contraires, ou du moins, d’autres que tu ne comprends pas quand elle vient t’embrasser alors que tu ne l’imaginais pas du tout avoir la tête à ça. T’as encore tout les mots qu’elle vient de dire qui résonnent dans ta tête. Le baiser est lent, ton bras la tient un peu plus proche de toi.  “I love you. No matter where. I love you so much.” Holy shit. Tu savais mais l’entendre si clairement de sa voix c’est quelque chose. Elle revient t’embrasser et tu te demandes si c’est pas sa technique depuis tout à l’heure pour t’empêcher de parler plus qu’autre chose. Tu n’as pas pris cette option ne sachant pas si elle avait la tête à quelques embrassades. Mais vu comme elle est un peu plus sur toi, tu réponds avec plus de ferveur au fur et à mesure qu’elle est plus et plus sur toi. Tes deux bras qui l’encerclent à présent. Elle se retrouve installée sur tes cuisses alors que chaque mouvement de tes lèvres contre les siennes sont tout autant de I love you too. That’s why I wanna go there with you. It’s not a nightmare and a lil crisis that will stop me for doing things with you. I love you and I want you. All. The. Time. Ta main qui s’est glissé sous son hoodie naturellement, tu veux juste la sentir encore plus près de toi. Elle va pas partir Jordan, chill. Mais c’est ton corps qui parle pour toi vu qu’elle bloque ta capacité à parler et c’est très dérangeant (non).

Une partie de toi se dit qu’il serait bon de lui dire des choses avec des mots mais tu n’as juste pas envie de t’arrêter de l’embrasser. Ton coeur bat au rythme de vos baisers. Et puis il ne faut pas oublier une chose important… I’m shy. Mais bien sûr Jordan. C’est pas timide ce qu’elle peut sentir entre tes jambes puis qu’elle est installée sur celles ci. Ton corps qui réagit autant que ton corps à ces baisers, à ses mots, à sa tendresse et tout l’amour qu’elle te dit et prouve à chaque secondes qui passent depuis des semaines, des mois. Mais tu ne cherches pas à faire autre chose que chérir ses lèvres et caresser la peau de son dos. Tu ne l’imagines pas avoir envie de plus, le moment est parfait comme ça. Vous êtes tous les deux et tout le reste n’a pas d’importance. « I love you too… » Que tu murmures. Les mots que tu laisses enfin sortir car ils sont en repeat dans ta tête depuis tout ce temps. Mais tu utilises sa technique pour aller reprendre ses lèvres aussitôt, afin d’éviter une réponse ou un regard. Pudique Jordan, you cute.

Tout semble correct. Même s’il y a eu des morceaux de bois sur le chemin qui n’est pas une joyeuse ligne droite, cela semble juste. Rien n’est jamais clair ni forcément cohérent. Rien n’est insurmontable non plus. C’est une compréhension qui me dépasse encore. J’ai l’impression que je risque de le perdre à chaque mouvement de frénésie de ma part. Jordan a beau passé du temps à arrondir les angles, à me rassurer, à me prouver par A + B + toutes les lettres qui existent qu’il ne fuira pas, je ne peux m’empêcher de le craindre. Et là, dans l’immédiat, c’est la chose la plus affreuse que je puisse penser. Je l’ai déjà vu partir après une dispute ; je sais déjà ce que ça me faisait à l’époque - comme si cela semble remonter à des années lumières. Je n’ose pas imaginer maintenant - ou plutôt, c’est exactement la raison de ma peur que j’essaie d’atténuer en le couvrant de mon étreinte si proche, si amoureuse. Les mots murmurés ne sont pas anodins mais ils sont sortis naturellement, tout seuls, même si je suis persuadée que mon partenaire le sait déjà. Je ne lis pas ses pensées, mais je peux parfaitement comprendre le langage de son corps, de ses réactions sous moi alors mes cuisses se resserrent autour de lui. Jordan maintient le contact, le rapproche et l’accentue et mon palpitant s’emballe. Cependant, cette fois-ci, c’est agréable. C’est une petite vague de chaleur apaisante qui s’éparpille dans chaque veine de mon être. Je suis fatiguée mais je persiste à vouloir tenir bon. Parce que je sens mon compagnon réagir. Je serai encore plus égoïste que de le laisser comme ça après tout ce qu’il s’est passé. Ce que j’ai pu dire. Même si cela ne reflète pas la réalité. Celle de maintenant. Celle où je lui murmure les mots doux dans l’oreille et que j’inonde son visage de tendresse.

« I love you too… » I know. Il ne me laisse pas le temps de réagir, de dire quoique ce soit car notre embrassade reprend. Je me sens moins seule à utiliser cette technique de fourbe ; aussi bien pour occuper l’autre que d’éviter la situation embarassante qu’est de se sentir à nu. Nous ne le sommes pas physiquement mais spirituellement, c’est autre chose. Mon corps rouspète quand je fais une tentative contre son bassin alors que mes doigts jouent sur sa nuque. Je ne veux pas le perdre et je ne souhaite que son bonheur. Son bien-être. Son plaisir. J’en ai assez fait. L’attention a été assez sur moi. Il faut que je me rattrape. Même si Jordan ne demande rien. Pire, il me confirme ce que je savais déjà. Je dois être à la hauteur de tout ça. Mes lèvres quittent les siennes pour partir à la conquête lascive de sa mâchoire et de son cou. Je ne pense qu’à lui. Le vouloir n’est pas un problème ; le timing l’est. Mon corps n’a pas son repos souhaité. Cela se ressent dans les gestes ; que ce soit de mes baisers qui stationnent, de ma main qui caresse le même morceau d’épiderme de la bordure de son short, de mon incapacité à me déshabiller. Tout retombe sur moi comme un boulet de canon mais je veux faire bonne figure alors je persiste. Certains diront que je suis têtue, d’autres affirmeront que ce n’est qu’un acte de désespoir pour rattraper les maux de tantôt. Moi, je ne vois dans ma tentative qu’un moyen de réparer chaque coup donné, chaque mot balancé, une haine que je n’ai nourri que sous l’emprise d’une colère fugace - justifiée, certes, mais totalement hors de contrôle. Lui montrer à quel point sa valeur est importante, élevée à mes prunelles. Penser à lui au lieu de moi alors que ma main glisse plus bas dans son short.