“I know you want iiiiiiit…” Et elle ne fait pas si bien dire. Elle peut le sentir largement vu tes mains sur elle que tu ne comptes pas enlever. Trouver votre chambre est passé au plan secondaire. Votre bulle qui s’est réduite considérablement.

Tu en deviens plus mélancolique d’un coup. “Because you know how to fuck me so so so goOoOoOOd.” Elle te fait sourire doucement avec ses mots là. Ca te touche beaucoup sachant que tu n’as jamais été très sûr de toi à ce niveau là. Elle t’a déjà repris doucement mais sûrement par le passé par rapport à tes performance et c’est bizarrement ça que tu as retenu de tout le reste. Parce que tu sais que tu as moins d’expérience qu’elle avec le sexe opposé et c’est un complexe d’infériorité que tu gardes dans ton silence. Tu le sais. Ca sert à rien de le dire à voix haute. Du coup qu’elle dise l’inverse - pour une fois (not really mais oui tu te souviens que des trucs négatifs) - ça te fait du bien et ça n’aide en rien ton élan. “I love you too, my sun and stars.” Et elle vient se joindre à toi avec ses jolis mots. Ton petit coeur qui palpite de tout l’amour que tu lui portes, vraiment, t’es un enfant qui a besoin d’un hug là tout d’un coup.

“I’m not totally yours, though.” Tu hausses les sourcils, ne t’attendant pas à un retournement pareil. “I’m a married wife.” Tu vas doucement prendre sa main gauche, autant pour créer un contact supplémentaire que pour cacher cette bague - inconsciemment oui oui. I’m not enough for her. Que tu penses et qui tombe totalement sous le sens car c’est la réalité. Tu n’es assez pour personne, tu es même rien, tu survis en te faisant croire que tu arrives à avancer mais les wagons en arrière que tu as fait dans ta tête ces dernières semaines est impressionnant. Tu la tires tout contre toi et niche ton visage dans ses cheveux en respirant son odeur à pleins poumons. She’s mine… Que tu te répètes malgré tout car ça reste la réalité et tu ne veux pas l’oublier. Elle t’aime, elle est avec toi, elle ne va pas te lâcher Jordan.

Ton sourire est toujours là quand la main de Jordan vient prendre la tienne que tu continues de brandir, avec ta petite couronne en guise de bague qui brille sous la lumière forcée du couloir. Au rythme où vous allez, vous allez investir les lieux pour la nuit. Ceci dit, t’as l’impression que Jordan est un peu ailleurs tout d’un coup, soudainement sentimental alors que tu ne t’y attendais pas vraiment. Il faut dire que son état n’est pas franchement très récurrent et que tu l’as rarement vu alcoolisé. Même si au final, Jordan tient bien et n’a visiblement pas (plus ?) l’alcool mauvais. Peut-être parce qu’iel passe finalement le meilleur moment de sa vie. Tu ne sais pas trop. Tu restes un peu sur tes gardes malgré tout car t’as toujours l’impression qu’iel va finir par vriller totalement - et tu sais ce que c’est. Seulement, tu ne sais pas à quoi ça ressemble sur ton partenaire et, pour une fois, cette inconnue te fait un peu flipper.

Mais il n’y a pas de raison pour que ça se passe mal. N’est-ce pas ?

La preuve, Jordan finit par t’attirer contre lui. Même pas pour mettre ses mains sur toi ou t’embrasser, non. Simplement pour te prendre dans ses bras comme si sa vie en dépendait. T’es complètement enfouie contre lui, contre son torse, tes bras autour de son tronc. T’es un peu awkward quand même car tu ne sais pas si tu dois dire quelque chose ou si c’est ta boutade qui a une répercussion sur Jordan d’une façon ou une autre. Y’a un truc qui est off mais tu ne sais pas quoi. Faut dire que tout ce qui se passe ces derniers jours est inédit. Il n’y a rien de normal depuis deux semaines. Depuis que son foutu géniteur a passé l’arme à gauche. D’autant que Jordan ne te dit toujours rien sur ce sujet. Bon, tu ne vas pas penser à tout maintenant. Tes mains glissent sur ses fesses pour les serrer. “Let’s find that fucking room.” Parce que, malgré tout, t’aimerai bien te débarrasser de tes vêtements le plus tôt possible. “C’est toi qu’as les clés.” Car c’est Jordan qui a des poches contrairement à toi. Tu te détaches de lui en commençant à tapoter ses poches en souriant. “J’dois les chercher ou tu les trouveras toi-même ?” Tu te crois maligne en plus. J’espère que tu ne vas pas fouiller, en tout cas.

“Let’s find that fucking room.” Tu hoches la tête mais sans pour autant bouger, ni te détacher. Tu es beaucoup trop bien dans cette étreinte où tu sens tout l’amour que Birdie Cadburry a pour toi. Tu as besoin encore plus que d’habitude de te sentir aimé. Tu es de nouveau le petit garçon qui a été négligé pendant tant d’années par son paternel. Ce petit garçon qui est certain qu’il serait mieux mort que vivant. Ce petit garçon qui fait du mal juste en existant. Tu as bien payé le prix de ta naissance, c'est certain. “C’est toi qu’as les clés.” Tu ne bouges toujours pas, vous avez le temps non ? “J’dois les chercher ou tu les trouveras toi-même ?” Tu respires son odeur a plein poumons, tu es dans ta bulle tout seul en fait là. Les voix dans ta tête qui sont douces mais qui parlent quand même et comme un.e con.ne tu les écoutes, car elles sont chill. Tu as bien oublié que tu as un petit sachet dans une de tes poches. Il reste un comprimé, l’autre qui est dans ton système et qui te permet d’être fonctionnel après avoir atteint un niveau de fatigue avancé un peu plus tôt.

Y'a absolument tout les compteurs remis à zéro en ce qui concerne ta sobriété. Le plus triste dans tout ça c’est que tu n’en as rien à foutre. Moi je sais que lorsque tu seras devant Maria tu ne feras plus autant le malin car c’est son regard sur toi qui va te faire réaliser l’ampleur de la situation. Tu ne veux pas y penser pour l’instant. Tu sais combien la honte va t’envahir, tu as déjà vécu ça. Tu ne comptes pas aller voir Maria dans un futur proche de toute façon. Vous n’êtes même pas à Brisbane, la question ne se pose même pas. Tu fais de ton mieux et c’est ce que les voix dans ta petite tête sont en train de te dire entre deux reproches de ton existence que tu valides comme si c’était normal. Ca va vraiment pas fort dans ta tête…

Jordan ne te répond pas. La voix d’Heather revient dans ta tête, celle qui dit d’une voix moqueuse que c’est qu’une carpe. Tu aurais envie d’en rire aussi mais tu ne le fais pas. Ce n’est pas inhabituel que Jordan soit silencieux. Iel est sûrement fatigué.e. La soirée, la journée, la tournée, tout est long et épuisant. Sans compter sur son état mental qui doit en avoir pris un coup dernièrement. Beaucoup de choses à gérer dont tu n’es pas au courant en totalité. Tu lèves la tête vers lui pour chercher ses lèvres alors que tes mains continuent de tater ses poches. Son absence de réponse est un oui significatif pour toi. Une fois la clé en ta possession, vous saurez dans quelle chambre vous êtes. Car t’as zappé. Car c’est ton partenaire qui s’occupe de ça. Normalement. T’es sûre qu’on pourrait vous retrouver assis partir en train de dormir devant une des fenêtres du couloir le lendemain. Mais t’as un minimum de conscience et t’as vraiment envie d’enlever tes fringues. Elles collent, elles te donnent chaud.

Ta main droite glisse dans la poche où il y a sa jolie carte dorée et la clé de l’hôtel. Tu tires tout parce que t’as pas envie de chercher encore pendant dix ans mais y’a un truc qui tombe par terre. Tes yeux dérivent sur le sol et c’est là que tu vois le sachet. Naturellement, tu le ramasses. Seulement, si t’aurais pu croire que c’est un médicament pour éviter le réveil difficile ou un truc comme ça, tu te trompes lourdement. T’as assez vécu pour savoir ce que c’est. Cependant, ça ne t’empêche pas de demander à Jordan tout en relevant le sachet ; “C’est quoi, ça ?” T’as l’impression qu’on vient de te donner un coup à la poitrine. Et en même temps, ton coeur bat fort. Vite. Trop. “Jordan… Me dis pas que c’est ce que j’pense.” Tu ne veux pas croire que ce soit une de ces merdes. Tu recules d’un pas en ne le quittant pas des yeux. “Jor, Jor, Jor, s’il te plait, me dis pas que c’est ce que je pense. Dis-moi qu’y a que ça et que t’as rien pris. Me fais pas ce coup-là.” Tu n’es même pas cohérente mais tu commences à avoir les yeux qui brillent en même temps que ta voix devient de plus en plus aïgue et hystérique. Tu ne veux pas, tu ne peux pas supporter si Jordan plonge là-dedans. L’alcool est une chose… Mais la drogue, c’est totalement différent. T’as l’impression de défaillir rien qu’à voir ce putain de cacheton de merde. Quand est-ce que Jordan va se réveiller, bordel ?

Elle trouve bien aisément la carte de la chambre et tu captes rien du petit extra qui tombe par terre. Tu attends qu’elle se redresse pour se recoller à toi mais… “C’est quoi, ça ?” Tes yeux se baissent pour voir de quoi elle parle. Ah. Pas que c’était un secret mais c’était bien quand elle n’en avait pas connaissance. Tu n’aimes pas devoir te justifier et tu sens qu’elle n’approuve pas. Elle a raison. Elle pense à ta santé. Elle se souvient ce que tu lui as dit à propos des limites que tu n’as pas quand tu commences… “Jordan… Me dis pas que c’est ce que j’pense.” Elle s’éloigne de toi et tu vois bien qu’elle est clairement contrariée. “Jor, Jor, Jor, s’il te plait, me dis pas que c’est ce que je pense. Dis-moi qu’y a que ça et que t’as rien pris. Me fais pas ce coup-là.”

« Come on, don’t make a big deal out of it. » Car elle a l’air de vriller et toi t’as pas l’air de te rendre compte de l’amplitude de la chose. « I’m not sober anymore so what? » Jordan. Elle s’inquiète pour toi. « I just… I’m fine. Ok ? I manage. I’m fine. » T’es sûr Jordan ? « Please don’t freak out. I’m fine. » Tu le dis beaucoup dis donc, est-ce que t’es en train d’essayer de t’en convaincre ? Moi je pense que c’est ça mais toi tu ne te rends pas compte réellement là. T’es au milieu des effets, de tes émotions et t’es pas stable du tout. T’as juste l’impression de l’être. Y’a pas grand chose qui va en ce moment et tu trouves des solutions au fur et à mesure. I’m fine. I have to be fine. I am fine. Am I ? I am. Mais le fait qu'elle soit éloignée de toi aide en rien. Tu as besoin de l'avoir contre toi, pas de la voir se reculer comme ça.

« Come on, don’t make a big deal out of it. » “Excuse me ?” Tu as beau avoir bu, t’as l’impression que voir ce sachet te ramène à la réalité brutalement. C’était trop beau pour être vrai. Jordan te cache des choses. Comment est-ce qu’iel peut te faire ça ? Tu as l’impression de devoir tout découvrir par toi-même en ce moment. Ça te brise le cœur et ça te frustre énormément. Qu’est-ce que tu vas découvrir après ? Est-ce que tu vas le retrouver en train de faire une overdose, un coma éthylique ou autre chose ? T’es complètement perdue. « I’m not sober anymore so what? » Tu sers la mâchoire parce que ses lèvres parlent mais il n’en sort que de l’absurdité à ton sens. Boire est déjà assez compliqué comme ça quand on est au courant de son passé, iel n’a pas besoin de le remettre sur le tapis. Mais mélanger l’éthanol avec de la drogue… Tu peux au moins applaudire qu’iel tient sur ses deux jambes ? Like hell I would. Y’a rien à applaudir, là. T’es pas une groupie, t’es sa copine. Tu t’inquiètes pour lui mais Jordan n’a pas l’air de percuter.

« I just… I’m fine. Ok ? I manage. I’m fine. » T’as envie de le taper pour dire des conneries aussi grandes que lui. « Please don’t freak out. I’m fine. » “This is not fucking fine.” Que tu commences à dire. “C’est même loin d’être okay. De la putain de drogue, Jordan, tu te fous de moi! Tu vas m’en faire beaucoup, des surprises comme ça ? Je préfère être au courant parce que c’est pas le genre de surprises que j’aime.” Il n’y a rien de tel pour que quelqu’un flippe que de lui dire de ne pas le faire, n’est-ce pas ? “Parce que t’as foutu en l’air ta sobriété, ça justifie que tu prennes cette merde ? Est-ce que t’as vraiment envie de replonger dans ces conneries ?” Tu t’en fous de gueuler au milieu du couloir en plein milieu de la nuit. Tu es inquiète, soucieuse et dépassée. Beaucoup trop d’émotions qui te font vriller juste parce que Jordan a décrété que ça serait fun de foutre sa vie en l’air - flashnews, it’s not. Ta main libre passe sur ton visage avant d’atterrir dans tes cheveux que tu tires en arrière. Ça commence à faire beaucoup. T’as la tête qui tourne. T’as dit que tu seras pour lui et tu tiendras ta parole. Mais tu t’attendais pas à ça. T’es tellement déçue. Le contre coup est brutal. Jordan n'avait aucune raison pour replonger là-dedans. T’en as rien à foutre de son géniteur, ça ne justifie pas qu’iel se perde lui-même.

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“Excuse me ?” Elle a pas bien entendu alors tu le redis avec d’autres mots. Tu as un petit espoir qu’elle se calme car c’est elle qui va pas de vous deux là. Nan ? T’as l’impression qu’elle est prête à t’en coller une et pour dire la vérité, ça ne te ferait pas de mal. “This is not fucking fine.” Come on Birdie. T’aimes pas qu’elle te ramène à la réalité comme ça. “C’est même loin d’être okay. De la putain de drogue, Jordan, tu te fous de moi! Tu vas m’en faire beaucoup, des surprises comme ça ? Je préfère être au courant parce que c’est pas le genre de surprises que j’aime.” « Was not supposed to be a surprise. » Tu es de mauvaise foi. “Parce que t’as foutu en l’air ta sobriété, ça justifie que tu prennes cette merde ? Est-ce que t’as vraiment envie de replonger dans ces conneries ?” « I don’t want any of it ok? I want nothing of all of that. » Le ton est monté, tu ne fais que suivre son mouvement à elle. Tes sourcils sont froncés mais plus à cause de l’incompréhension du moment que de la colère.

« Please quit being mad I don’t… » Tu peux pas quoi ? « I’m not gonna… » Tu vas pas quoi ? « I just… » Quoi Jordan ? « Forget it… » T’es fatigué.e, perdu.e, triste. Tu cherches même pas à la confronter plus car t’as pas envie, t’es juste là, debout à te dire que tu sers vraiment à rien à part faire chier les gens. Elle ne te comprend pas, t’as l’impression de ne pas parler le même langage qu’elle mais ça c’est parce que tu ne dis rien Jordan. C’est dommage que tu ne saches pas dire les bonnes choses là. Tu es totalement perdu.e de bien des façons.

« Was not supposed to be a surprise. » C’est que Jordan joue au plus malin que toi, en plus. Tu le fusilles du regard rien que pour oser te sortir ça. Toi qui étais de si bonne et joyeuse humeur y’a quelques minutes, tu as une impression de vertige absolument affreux. Tu sens tes boyaux qui commencent à se tordre et tu réalises que le retour à la réalité est brutal. Trop brutal. Ce n’était pas censé se passer comme ça. T’étais censée veiller sur lui. Tu as juste l’impression de te foirer sur tous les plans. Non pas que ce soit ta pleine responsabilité mais ça reste ton partenaire. Si Jordan ne va pas bien, tu ne vas pas bien non plus. Et iel ne va pas bien, qu’importe ce qu’iel dit. Les mots qui sortent de sa bouche ne vont pas en adéquation avec les gestes qu’iel fait. « I don’t want any of it ok? I want nothing of all of that. » My point. Jordan parle mais tu ne l’écoutes pas. Ou plutôt, tu l’écoutes mais tu décides que ce qu’iel dit n’est pas fiable ni recevable. T’as les exemples qui s’accumulent et là, tu es trop dans tes émotions pour trouver une excuse, une cohérence. “You keep saying that while doing the opposite. Are you saying that someone forced you to take that shit ? Sorry but I’m not buying any of that bullshit. You want to sabotage yourself, that’s all.” Des cris à l’aide que tu vas devoir gérer, apprendre et apprivoiser même si là, t’as juste envie d’aller prendre de l’air parce que t’as ton intérieur qui tourne et qui vrille et qui est si tempétueux…

« Please quit being mad I don’t… »
“You don’t get to tell me when I can get mad or not.”
« I’m not gonna… »
“I have every fucking right to be mad at you.”
« I just… »

Depuis quand Jordan te dit ce que tu peux faire ou non. Depuis quand quelqu’un te dicte tes gestes et tes paroles ? Il n’est pas né celui qui y arrivera. « Forget it… » Ta mâchoire se crispe alors que tu serres les clés dans ta paume, le sachet toujours dans l’autre. T’es en colère contre lui et tu ne vas pas le cacher. Pas cette fois. D’autant que t’as ton estomac qui fait des siennes et… “Fuck.” Tu n’as même pas le temps d’aller chercher cette foutue porte que t’as la tête dans la première plante que tu vois pour déverser le contenu de ton tube. Ça te fait tirer des larmes et ça t’affaiblit. Tu atterris sur le sol, dos au mur dans tous les sens du terme. Les larmes toujours sur les joues alors que tu regardes Jordan. “I don’t know what to do. I’m feeling like you’re slipping away and I can’t reach you. You don’t say anything. It broke every part of me to see you destroying yourself like that. I love you so fucking much, that’s why I’m so pissed at you. I love your angels and your demons but that doesn’t mean I can accept everything. I can accept alcohol but drugs, Jordan… That’s another level. Why don’t you talk to me ? You’re supposed to be good at it.” Ta voix est si faible et tes larmes si présentes, tu te sens tellement misérables alors que tu passes ta main libre sur tes yeux. Tu veux juste l’aider. Mais à part être bonne au lit avec lui, qu’est-ce que t’as fait jusqu’à présent ?

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“You keep saying that while doing the opposite. Are you saying that someone forced you to take that shit ? Sorry but I’m not buying any of that bullshit. You want to sabotage yourself, that’s all.” Tu l’écoutes et elle a raison et tu sais pas quoi faire ou dire ou penser. Tu veux juste qu’elle arrête car de toute façon c’est trop tard hein ? “You don’t get to tell me when I can get mad or not.” Dommage car c’est trop tard la et y’a rien que tu puisses faire pour changer ce que tu as fait. T’es si défaitiste. “I have every fucking right to be mad at you.” Non. T’es pas d’accord. Mais t’as pas les arguments qui vont avec. Tu la regardes perdre le contrôle et t’es même pas en colère. Au fond y’a une partie de toi qui se rend compte qu’elle veut prendre soin de toi car tu ne le fais pas toi même. Tu le sais. Mais tu n’as pas non plus l’impression d’être au bord du précipice. Tu gères. Pour l’instant. Ça te semble ok.

“Fuck.” Tu t’attends à une nouvelle vague de reproches et tu ne vas rie faire pour la stopper. Tu n’as pas les mots de toute façon tu es résigné.e. Tu vas l’écouter jusqu’à ce qu’elle se fatigue mais à la place voilà qu’elle rend son estomac dans un coin du couloir. Tu n’oses même pas aller vers elle vu comme elle t’a pourri (avec raison). Le silence revient et ton regard se lèves vers elle. Elle s’est assise par terre et toi t’es appuyé contre le mur. “I don’t know what to do. I’m feeling like you’re slipping away and I can’t reach you. You don’t say anything. It broke every part of me to see you destroying yourself like that. I love you so fucking much, that’s why I’m so pissed at you. I love your angels and your demons but that doesn’t mean I can accept everything. I can accept alcohol but drugs, Jordan… That’s another level. Why don’t you talk to me ? You’re supposed to be good at it.” Ton tour de te laisser glisser par terre. Tu l’as bien entendu mais tu sais pas quoi dire. Elle a raison. Tu es sensé être doué pour parler. Le silence enveloppe le couloir et tu mets un long moment avant de laisser sortir quelques mots. « I don’t even know what is going on… » Tu as préféré te réfugier dans les substances que de faire face à la réalité. « I’m just feeling… » Ah? Tu as une réponse ? Tu mets du temps à trouver les bons mots. Mais ils sortent. « …so worthless… » Ton visage est baissé. Tu n’aimes pas le dire à voix haute. « It will pass… » Ca c’est ce que tu espères. Car tu ne sais pas lire l’avenir. Tu te dis que tu as déjà traverser ça par le passé mais c’est pas vrai.

Il n’y a que le bruit de ton nez qui renifle un moment donné alors que t’appuie sur tes paupières pour calmer tes émotions. Tu n’aurais pas pensé craquer comme ça mais il faut croire que ça va trop loin à ton goût. Les cachets, la poudre, toutes ces conneries, ce ne sont que des synonymes de mauvais souvenirs. Des moments sombres où tu t’es cherchée et où tu t’es paumée. Tu as testé mais ça t’a entraîné au pire moment de ton existence. Sans oublier que tu es à Melbourne. Il n’y a rien pour te faciliter la tâche dans l’équation. La chute est si dure, si brutale. Elle fait mal, tu la ressens dans chaque fibre de ton être.  

« I don’t even know what is going on…  » Tu ne peux pas savoir pour lui. Tu as juste la conviction que Jordan ne peut pas continuer sur cette pente-là parce que tu ne sais pas si tu vas tenir sur le long terme. Tu le veux mais est-ce que tu le peux ? Iel doit savoir qu’iel met tout en péril avec un simple cacheton. C’est un aujourd’hui, mais demain ? Dans une semaine ? Tu peux soutenir, supporter, être présente et toutes les béquilles du monde. Mais tu n’es pas non plus surhumaine. « I’m just feeling…  » Tu essuies les traces des larmes sur tes joues tout en relevant la tête pour le voir assis par terre de l’autre côté du couloir. Tu ne dis rien, tu attends. Tu as l’impression que ça donnerait à Jordan l’opportunité de se renfermer directement si tu venais à l’ouvrir. « …so worthless…  » Tu l’entends encore ; ton coeur qui se brise. Jordan le touche bien plus que n’importe qui et tu ressens chacun de ses maux comme les tiens. Son visage est baissé et tu fais tout pour ne pas pleurer de nouveau - c’est un bel échec. « It will pass…  » Tu fermes les yeux en posant ta tête contre le mur derrière. T’as besoin de te recentrer. C’est compliqué quand la tête tourne. Quand tu as cette affreuse sensation dans la bouche. T’as envie de te laver les dents et de le huguer si fort que ses côtes s’en briseraient. Tu ne fais rien de tout ça, pas maintenant en tout cas.

Tu te recomposes. Tu tentes de rassembler tes idées. C’est compliqué après avoir bu. “You freaking idiot.” Tu restes les yeux fermés car t’as l’impression que c’est plus simple. Voir sa forme décomposée en face de toi te rend beaucoup trop émotionnelle. T’as tellement envie de le protéger contre le monde mais tu réalises que c’est contre lui-même avant tout. Un peu comme toi, non ? “You’re so far away from being worthless.” Tu préfères voir sous tes paupières closes tous ces beaux moments où vous avez ri, où iel t’a porté, soutenu, été ton épaule, ta béquille, tes oreilles, ton récépitacle de tous tes états d’âme. “You bring so much joy and smoothness in my life.” Des moments complices, des gestes tendres, des regards qui veulent tout dire. “Your value is bigger than the sun and the moon.” De sa façon de gérer les choses, de savoir trouver les mots qu’il faut, d’être juste parfaitement lui-même. “You're a force of nature.” Tu réalises à quel point ce n’était pas acquis pour lui. On te l’a dit plusieurs fois. Mais tu as toujours connu Jordan bien dans sa tête. En pleine maîtrise. T’es terrifiée de voir un autre visage et de ne plus voir celui avec qui tu es depuis bientôt un an. “So many people love you.” Il y a Maria et Tee et Jeremy et même Will. Et surtout toi. Ta voix est si soft, tu donnes l’impression d’être ailleurs. “You can’t let one difficult step destroy everything you’ve built on your own. You have friends and family. You’re not alone.” Tu finis enfin pas rouvrir les yeux pour les poser sur ton partenaire. “Fuck your dad. I don’t know the story but he isn't worth all the pain you’re being through.” Il ne t’a pas fallu longtemps pour comprendre que Sullivan Fisher n’était pas un homme d’exception. Et tu t’en fous qu’il soit mort ; tu veux juste que Jordan ne soit pas un dommage collatéral. Ca, tu ne t’en fous pas.

Vous êtes tous les deux dans un sacré état émotionnel. Tu les entends les larmes de Birdie mais tu es trop dans ta bulle tout seul pour agir sous n’importe quelle forme. “You freaking idiot.” Ton visage qui reste baissé. Vous êtes beaux tous les deux à ne pas regarder l’autre là.  Tu t’attends à la suite de reproches de sa part car tu mérites tout ça oui. “You’re so far away from being worthless.” Mais tu ne t’attendais pas à ça. “You bring so much joy and smoothness in my life.” Et elle ne s’arrête pas là en plus. Tu l’écoutes mais tu réagis pas. Tes yeux vissés sur la moquette de ce couloir. “Your value is bigger than the sun and the moon.” Hmmm… Tu trouves qu’elle va trop loin. Tu n’es définitivement pas à ce niveau là. “You're a force of nature.” Hmmm… Ton esprit qui a envie de tout contrer mais tu l’écoutes et tu veux la croire car ça fait du bien de le penser. “So many people love you.” Okay. Là y’a l’émotion qui commence à te prendre. Comme quoi t’es pas totalement résigné, t’as encore des réactions, tu n’es pas numb. “You can’t let one difficult step destroy everything you’ve built on your own. You have friends and family. You’re not alone.” Okay. Les larmes sont à tes yeux mais tu ne pleures pas en sanglots, non, t’es juste ému.e par ses mots.

“Fuck your dad. I don’t know the story but he isn't worth all the pain you’re being through.” La mention de ton père te fait poser la main sur tes yeux pour te cacher alors que les larmes sont plus conséquentes à présent. Pourquoi c’est quand elle parle de lui que ça te touche le plus ? Le pire dans tout ça c’est que tu t’en veux d’être aussi sensible quand il s’agit de lui et de donner autant d’importance à tout ça mais tu n’arrives pas à faire autrement. C’est comme ça que tu ressens les choses. T’es parti.e pour pleurer pendant un moment là. Tu t’en veux tellement de prendre ça autant à coeur. I’m so sick of feeling alone. Pourtant tu n’es pas seul.e Jordan. Elle te l’a exposé par A + B mais c’est l’attention de ton paternel qui t’a toujours cruellement manqué et que tu n’auras jamais à présent. Quelques minutes plus tard tu essuies tes yeux alors que tu t’es calmé.e. Tu es fatigué émotionnellement et physiquement. « I thought he would reach out one day and… I don’t know… I… » Tu continues de t’essuyer les yeux plus pour t’occuper les mains qu’autre chose car ce que tu es en train de dire n’est pas facile. « I was hoping… He’ll apologize… Or explain… Why… » La tristesse qui déforme ton visage. Tu renifles. « And now I know it will never happen… Never… » Tu t’essuies le nez. Le problème là c’est que y’a une partie de toi qui est certain.e que tu es à blâmer juste d’exister. Alors que la réalité c’est que ton père était trop brisé pour arriver à faire la part des choses et c’est toi qui a payé les frais de sa colère. Tu as beau le savoir, cette sensation d'être un moins que rien est totalement encré dans ton être depuis tes premiers instants sur la planète par sa faute.

Tes yeux ouverts, tu peux observer Jordan passer sa main sur son visage. Iel se camoufle, se cache. Jordan n’assume pas que ça puisse le toucher autant. C’est frustrant de détester quelqu’un mais de s'en soucier quand même. De comprendre que cette personne aura toujours un impact sur notre existence, quelle qu’elle soit. Tu ne peux pas prétendre savoir ce qu’il se passe dans la tête de ton partenaire, sachant que tu restes dans l’ignorance pour la majorité de l’histoire. Mais tu chopes les bribes ici et là, elles ne sont pas très positives. Et tu vois aux réactions, aux conséquences sur Jordan qu’il n’y a rien de fluide, de facile, de compréhensible dans cette histoire. Tu pourrais t’approcher de lui pour le couver et le rassurer de tes bras, de ta présence. Mais la réalité est que t’es cassée aussi. Il y a tout qui est en train de retomber et tu te retrouves totalement démunie. Tu regardes le sachet dans ta main en soupirant - évidemment que ça atterrira dans les toilettes. Cette daube ne restera pas dans la même pièce que toi, c’est hors de question. Tu laisses à Jordan son espace. Tout comme tu as aussi besoin du tien pour réaliser les choses et les évènements. Tu dois être là pour lui et tu dois apprendre à gérer tout ça. A plonger dans l’inconnu le plus incertain. Tu vas sûrement t’attendre au pire à chaque fois. Le scruter pour savoir s’il n’y a que trop d’éthanol qui tape dans ses veines ou aussi autre chose.

« I thought he would reach out one day and… I don’t know… I… » Tes prunelles de nouveau sur lui alors que le silence a perduré un moment. Tu n’as pas la foi de bouger pour l’instant. Littéralement. Jordan torture son visage avec ses mains mais tant qu’iel continue à parler, ça te va très bien. « I was hoping… He’ll apologize… Or explain… Why… » Vous avez besoin de la distance pour ne pas vous laisser distraire par l’autre. Tu sais le pouvoir de votre contact et ça serait une autre raison pour que Jordan se ferme tout en te serrant contre lui. « And now I know it will never happen… Never… » Mais les mots expliquent, ils parlent et tu comprends un peu mieux. La relation a été compliquée mais Jordan voulait un point final. Une explication, quelque chose. Iel n’aura rien, pas de closure propre avec son père. “You have to let it go.” Ta voix est si basse que même toi, tu demandes si tu l’as seulement pensé ou bien dit à voix haute. Tu redresses ton buste pour voir si tu peux bouger sans provoquer un nouveau tsunami. Quand tu juges que tout est okay, tu te diriges vers lui à quatre pattes. Tu t’asseoies à califourchon sur une de ses cuisses, juste en face de lui. Une de tes mains tient toujours la clé et le sachet ; l’autre se fraye un chemin sur sa joue. Voilà, t’as déjà envie de l’embrasser, de l’enlacer, de ne jamais le quitter. Mais tu viens de vomir, ta bouche n’est pas très attirante. “Laisse-moi être ta béquille, Jordan. T’es pas tout seul. Je suis là.” Ton pouce passe sur ses lèvres. “I’m sorry you’ve never got the chance to speak with him to get your closure. But what good would it have brought ? Explanations aren’t always enough. Or better.” Tu ne parles même pas d’excuses parce que du peu que t’as vu son père, son attitude ne s’excuse pas, quelle qu’elle soit. “Je peux fredonner la chanson de la Reine des neiges, si ça peut aider.” Que tu rajoutes à voix basse, un bref petit sourire de coin, dans le seul but de le faire sourire lui aussi. “Even if that song annoys the fuck out of me.” A force de l’entendre partout, tu n’en peux plus de l’entendre. Mais pour lui, t’en serai capable. “I also would love to kiss you right now but I feel like I need to brush my mouth first.” Alors comme tu ne peux pas l’embrasser, tu coinces ta tête sur son épaule alors que ta main glisse sur sa nuque. “I won’t let you lose yourself.” Que tu murmures. Une certitude.

Elle te laisse tout ton temps, tout le silence aussi et tu apprécies énormément. Elle sait comment tu fonctionnes. Elle t’aime Jordan. “You have to let it go.” Elle parle pas fort mais le silence qui vous enveloppe fait que tu l’entends, ses mots là si évident. No shit Sherlock. Tu sais. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Tu y penses tous les jours depuis des années pour que ça rentre mais visiblement le décès a tout remonté et t’as complètement déstabilisé. Birdie vient s’installer sur toi et t’as toujours les yeux rivés vers le bas. Sa main sur ta joue ça te fait du bien et tu fermes les yeux car tu crains qu’elle ne dirige ton visage pour planter son regard dans le tiens et t’as pas encore la force de l’affronter là. T’es confus dans bien des choses. “Laisse-moi être ta béquille, Jordan. T’es pas tout seul. Je suis là.” Ca c’est un point que tu oublies parfois. Oui. T’as pas l’habitude de te reposer sur qui que ce soit. Maria aussi a dû s’imposer de la sorte quand tu étais plus jeune. T’es dans l’obscurité mais tu sens son pouce sur tes lèvres. Y’a ton bras qui va s’enrouler autour d’elle. Stay. Elle avait pas l’air de vouloir partir Jordan. “I’m sorry you’ve never got the chance to speak with him to get your closure. But what good would it have brought ? Explanations aren’t always enough. Or better.” Elle a l’air de parler d’expérience et tu te dis qu’elle marque un très bon point là. Tu n’avais pas vu les choses sous cet angle. Est-ce que ça aurait été pire ? Tu sauras jamais. Let it go.

“Je peux fredonner la chanson de la Reine des neiges, si ça peut aider.” Tu apprécies ses efforts et tu peux imaginer le sourire léger sur son visage car tes yeux sont toujours fermés. Il y a aucun sourire à déclarer sur ton propre visage. “Even if that song annoys the fuck out of me.” Elle t’aime vraiment beaucoup Jordan. I know. J’ai pas l’impression que tu t’en rendes compte réellement. Tu peux compter sur elle. Je sais t’as pas l’habitude mais faut se forcer si tu veux aller mieux. Comme quoi c’est vraiment quand on est au plus bas on se rend réellement compte de combien les gens tiennes à nous. “I also would love to kiss you right now but I feel like I need to brush my mouth first.” Tu la sens se caler un peu plus contre toi. “I won’t let you lose yourself.” But what if this is really me? I’m evil. Arrête Jordan. Tu poses ta tête contre la sienne et reste enveloppé dans ses bras et dans le silence.

Pas que tu te sois endormi mais le nombre de minutes où vous êtes restés là dans ce couloir est plutôt conséquent. La voix cassée car longtemps que tu n’as rien dit et puis l’émotion aussi, tu prends la parole. « Let’s get cleaned up. » Vous en avez besoin tous les deux. Ta main autour d’elle qui caresse son corps. Tu sais que tes mots au fond sont plus large que juste une douche. Tu vas pas promettre de redevenir sobre, clean, mais tu vas faire un gros effort pour pas replonger. Est-ce que tu vas y arriver ? Avec son aide, sûrement.