“Nope, nope, je conduis.” Ton visage qui se transforme tout à coup. Ce sont les mots les plus beaux du monde là. La joie qui te traverse est immense. “Comme ça, je peux choisir la musique. Ce silence me tue.” Tu veux pas croire que ce n’est qu’une histoire de silence. Tu te dis que tes talents d’acteurs ont payé, ou peut être c’est juste qu’elle te trouve trop pathétique pour te laisser comme ça. Ou peut être c’est tout simplement qu’elle t’aime et qu’elle veut ton bien et t’éviter une session de conduite de l’angoisse. Tu as envie de penser que c’est ça, cette option là te fait du bien à l’âme. Tu donnes les clés à Birdie tout en allant lui faire un gros baiser sur les lèvres. « I love you. » Car pour toi c’est une preuve d’amour qu’elle fait là, alors tu le lui dis en retour car c’est la réalité.

Et puis en réalité, peut être que ça aurait été moins flippant d’être derrière le volant parce que c’est carrément l’enfer sur Terre. Elle va vite, elle est brusque, la musique est à fond et elle chante par dessus. Tu as ta main accroché fort à la poignée situé au dessus de la fenêtre sur la portière. Tu fermes les yeux et tu essaies d’oublier que tu es là dans cette voiture; Tu te parles à toi même pour te dissocier totalement du moment et au fond de toi tu comprends pas. Tu comprends pas pourquoi elle fait ça alors qu’elle sait combien tu as peur. C’est pas de l’amour ça. Elle ne pense pas à toi. Elle est en colère contre toi ? Tu sais pas mais tu détestes tout ce qui ressort de ce moment. Elle n’a pas compris que tu as véritablement peur, que tu sois passager ou conducteur. Ca passe mieux en tant que passager mais là, elle te fait vivre un enfer.

Quand vous arrivez chez vous tu mets un peu de temps à te reconnecter à la réalité. Ton coeur bat super vite et la déception en toi est grande, mais au fond, c’est normal et tu le sais. Tu mérites pas quelqu’un qui soit autant attentif à toi. Tu peux compter que sur toi même pour ces choses là. Ca t’en fiche un immense coup qu’elle ne réalise pas, qu’elle ne pense pas à toi à ce point là. Tu sors de la voiture et tu comptes aller directement à la salle de bain pour te prendre une longue douche. Non. Un bain. Une douche et puis un bain. Tu connectes ton téléphone à l’enceinte bluetooth et tu mettras une bombe de bain parce que tu mérites de te faire plaisir. Tu fermes la porte de la salle de bain à clé, chose que tu ne fais jamais habituellement mais là tu as vraiment besoin d’être seul. Ne pas être dérangé alors que tu es en train de revenir à toi même après ce trajet de l’enfer. Tu vas rester au moins une demi heure en faisant défiler certaines de tes chansons préférées qui te font du bien à l’âme.

« I love you. » Le baiser que Jordan te donne combiner à son visage qui s’est allumé te rappelle que ton partenaire est vraiment très soulagé.e que tu prennes le volant de sa voiture. Cependant, ce n’est qu’une prise de conscience passagère vu que tu l’oublies très vite une fois derrière le contact fait. Tu as tellement une conduite à risque, à croire que la route t’appartient, à n’avoir aucune patience et surtout, à croire que tu peux t’amuser à jouer les auto-tamponneuses alors que non, ce n’est pas l’endroit. Ce n’est pas comme si tu n’as pas connu des gens qui ont subi ou sont même décédés d’un accident de voiture. Tu as déjà eu des petits accrochages mais jamais assez rien de percutant (ha ah) pour te démontrer que t’es un danger pour la route. Et t’es tellement à fond dans ton chant que tu fais encore moins attention. Pas même à Jordan alors que le pauvre est cramponné.e à la poignée et est livide comme jamais.

Une fois arrivée, tu as un soupir de soulagement. Ça fait du bien d’être à la maison. Chez toi. Tu vois du coup de l’oeil Jordan qui sort de la voiture après toi. Tu vas pour lui parler mais ce dernier, de dos, trace jusqu’à la maison. Visiblement, ça n’a pas fini d’être silencieux par ici. Tu n’as pas remarqué son air, tu n’as pas vu sa déception, son désarroi, sa peur. Tu sens juste qu’à y a un truc off et peut-être que tu réalises que tu t’es un peu trop lâchée. Tu soupires en prenant toi aussi la direction de la maison quelque temps après lui. Tu veux bien que Jordan ait du mal avec certaines choses mais sa psy sert à quoi si iel n’arrive pas à aller au-dessus après autant d’années ? Lui qui te parlait de ta phobie tantôt, tu as fait ce qu’il fallait pour passer outre. En attendant, tu sens que c’est encore contre toi et quand tu vois la porte de la salle de bain fermée, tu ne cherches pas à rentrer dedans.

Enfin, au bout de quinze minutes, tu veux ouvrir la porte pour voir si ça va mais… Porte fermée. Franchement. “Jor ? Tout va bien ?” C’est bien la première fois qu’iel ferme la porte à clé. D’autant que t’entends de la musique et pas de jet donc ton partenaire doit sûrement être en train de prendre un bain. T’es clairement indésirable. T’as merdé, tu l’as bien compris. Mais t’es humaine, t’as aussi tes propres faiblesses et la conduite en est une. T’espère que ça ne va pas mener à une nouvelle catastrophe en tout cas.

Tu l’entends tenter d’ouvrir la porte une première fois, mais elle ne va pas plus loin. Le silence de l’autre côté se fait entendre et tu es soulagé de voir qu’elle te laisse ce temps pour toi. Sans que tu aies à te justifier. Tu as encore besoin de quelques minutes pour arrêter de te faire vriller l’esprit car là tu es clairement en train de te demander si tu as bien fait d’acheter une maison avec elle. Tu tentes de te calmer car tu sais que tu penses pas de manière cohérente là. Que tu vois le pire dans tout mais faut dire que ces derniers temps ça a été crise sur crise que tu as fait et tu détestes ça. C’était pas comme ça avant. Enfin… Si. Quand ton père est mort c’était aussi intense dans ta tête, tes émotions, tes réactions. Quand tu as perdu ta maison tu t’es carrément assommé aux médocs pour que tu puisses laisser le temps passer sans être agressé par toutes tes émotions sans dessus dessous. Tu pleures un petit peu et tu te répètes que c’est juste une passade. Tu penses que tu as fait une erreur à acheter une maison avec elle parce que tu es pas bien du tout là. Car ce n’est pas vrai, tu le sais. Mais c’est dur de s’en convaincre là.

“Jor ? Tout va bien ?” Elle te sort de tes pensées à frapper une nouvelle fois à la porte. Tu as eu un bon moment seul déjà mais tu sens que tu as besoin de plus. « Nan… » Parce que t’es honnête et que de toute façon elle doit déjà le savoir que ça va pas bien. « J’ai besoin d’être encore un peu seul. » Tu lui dis car c’est la réalité de la situation. C’est comme ça que tu fonctionnes. Il va vraiment falloir que vous l’ayez cette conversation sérieuse tous les deux car ça va pas en ce moment et si vous ne l’avez pas dans un futur proche, ça va continuer dans cette direction catastrophique, à ton avis. « Donne moi une demi heure et puis… Peut être qu’on peut discuter ? Comme t’avais dit ? » Car tu veux que ça s’arrange, tu en as marre de te sentir comme celui qui pète des crises tout le temps et qui va tout ruiner entre vous.

« Nan… » Ton front contre le mur à côté de la porte, t’es soûlée. Soûlée mais coupable. Y’a rien qui va aujourd’hui, visiblement, tout ça à cause d’une voiture. T’agis comme la personne la plus égoïste du monde et tu en as conscience trop tard. Tu n’as aucune considération pour ton partenaire et, même si tu te félicites d’être souvent très droite dans tes bottes concernant tes proches, prenant soin d’eux et tout ça, on ne peut pas dire que ce soit toujours une réussite avec Jordan. L’effet de partager ta vie avec quelqu’un n’est pas pour la faciliter. « J’ai besoin d’être encore un peu seul. » Au moins, tu ne peux pas lui reprocher d’être honnête. “Ok.” Quand Jordan a besoin d’être seul.e, c’est qu’iel a vraiment besoin de l’être. Alors, en général, tu lui laisses son espace.

Et t’allais partir quand- « Donne moi une demi heure et puis… Peut être qu’on peut discuter ? Comme t’avais dit ? » Tu fronces des sourcils avant de te rappeler ce que t’as proposé tantôt. Tu mords ta joue puis tes lèvres avant de te masser la nuque. “Je pense pas qu’aujourd’hui soit un bon jour pour ça.” Vous êtes visiblement plus sensibles qu’à l’accoutumée et là, tu te sens déjà assez mal et frustrée à la fois. “On est pas dans l’esprit pour parler sereinement. En tout cas, moi, je le suis pas.” T’apprends qu’il vaut mieux t’écouter (parfois) et ne pas aller dans son sens quand c’est pour votre bien commun. “J’ai pas envie que ça vrille de nouveau. Je suis assez soûlée pour aujourd’hui. Et les jours à venir, j’espère.” Tu vas manifester de ne plus être dans cet humeur dans les prochains jours car t’as eu ta dose. L’avantage de la porte, c’est que tu ne le vois pas. C’est vrai que c’est plus simple quand vous êtes séparés. Pas en face à face. C’est ton côté lâche qui ressort. Mais t’espères que vous aurez cette conversation. Un jour où vous serez prêts. Où vous pourrez vous mettre dans les conditions les plus optimales. “Je te laisse tranquille.” Que tu dis et si Jordan avait pu te voir, iel aurait vu un véritable chien tout penaud qui repart de son côté.

“Ok.” Tu es soulagé de voir que vous pouvez communiquer malgré tout. Qu’elle n’a pas l’air de mal prendre que tu veuilles rester seul un peu plus ce qui entrainerait le tout encore plus dans une zone pas du tout agréable. Tu proposes de discuter un peu plus tard. “Je pense pas qu’aujourd’hui soit un bon jour pour ça.” Mais ça ne sera pas aujourd’hui. “On est pas dans l’esprit pour parler sereinement. En tout cas, moi, je le suis pas.” « Ok. » T’as baissé le son de ton enceinte pour mieux l’entendre. Tu l’entends et la comprend. C’est pas le bon moment pour elle, c’est donc pas le bon moment pour vous. La réalité c’est que c’est sûrement pas le bon moment pour toi non plus, mais tu sais pas comment justifier ton état là, sans lui expliquer et donc avoir une conversation de toute façon. “J’ai pas envie que ça vrille de nouveau. Je suis assez soûlée pour aujourd’hui. Et les jours à venir, j’espère.” T’es pas sûr de comprendre si elle dit que vous allez pas en parler avant quelques jours. « J’ai pas envie que ça vrille non plus. » Ta voix est posée et vous êtes en train d’avoir une conversation là en réalité. Ca fait énormément de bien de pouvoir dire honnêtement les choses là, même si y’a aucune résolution pour l’instant de tout ce bordel. Vous n’en rajoutez pas pour rien sur des coups d’impulsivité et de colère.

“Je te laisse tranquille.” Ton visage est tout triste et bizarrement, la seule chose que tu as envie là, c’est d’être dans ses bras. En silence ou avec une musique de fond. Mais sans parler, juste se reconnecter à son corps car elle te fait du bien comme ça. Parce que t’es meilleur avec elle, normalement. Pas dans une voiture. Cette journée fut très fortes en émotions pour toi.

Une demi heure plus tard, tu sors de la salle de bain. Tu vas jusqu’à la chambre. En peignoir. Tu poses ton téléphone alors que tu passes dans le dressing pour mettre quelque chose sur le dos. Un short et un t-shirt manches longues. Tes cheveux sont mouillés mais peigné. Tu entends la télé dans le salon. Tu prends Miss Wombat avec toi et tu vas la rejoindre dans le salon. Tu t’assois à côté d’elle, pas sûr de quelle distance laisser entre vous car la réalité c’est que tu veux te blottir dans ses bras, mais pas sûr qu’elle soit ok avec ça. Et c’est pour ça que tu as Miss Wombat avec toi, pour avoir quelque chose à serrer contre toi. Tu regardes l’écran, restant silencieux.

« Ok. » Au moins, vous ne débattez pas là-dessus. Tu penses avoir la bonne présence d’esprit. Enfin, tu fais surtout confiance à ton instinct et à ce que tu ressens en ce moment. Ce n’est pas le bon timing. Tu sais pertinemment que tu vrilleras plus facilement aujourd’hui si vous avez cette conversation. Tu n’es pas prête à entendre ce qu’iel veut te dire. Même si ça n’a rien avoir avec toi, tu penses, tout comme ce que t’as à lui dire toi n’a rien avoir avec lui. Mais tu pourrais entendre des choses qui peuvent te faire mal donc tu préfères te préserver. Il faut que vous soyez tous les deux dans de meilleures conditions. T’es même surprise que Jordan souhaite aborder tout ça là alors que lui-même n’est pas en état. Tu n’as pas besoin de le voir ; juste s’être enfermé.e tout.e seul.e dans la salle de bain est un signe. Tu te sens totalement rejetée par ce simple loquet fermé. « J’ai pas envie que ça vrille non plus. » Vous continuez à être d’accord et c’est une bonne chose.

Tu ne réponds rien, t’iras tenter de t’occuper quelque part loin de cette porte verrouillée qui est vraiment un truc que t’aimes pas. Tu viens de l’apprendre, tu n’aimes pas du tout cette configuration. Comme quoi, on en apprend vraiment tous les jours. Tu donnes à manger à Milady puis tu vas t’occuper un peu de Milord qui a le droit à une cage vraiment royale vu tout l’espace que vous avez. Tu les promeneras dans le grand jardin pour qu’ils puissent prendre leurs marques. Tu devrais même voir si une grande cage pour Milord ne serait pas envisageable. Ce serait bête qu’il ne puisse pas profiter autant de l’extérieur que vous. Puis tu atterris sur le canapé d’un air las, affalée comme jamais, à moitié allongée et une jambe sur le meuble. C’est comme ça que Jordan te retrouve quand iel arrive. Tu pousses un peu ta jambe quand ton partenaire a l’air de se diriger à côté. Enfin… À côté mais à distance. D’ailleurs, Jordan a Miss Wombat donc… Le message est clair. Même si Jordan est là, iel ne veut clairement rien avoir avec toi. Vu comment ses bras sont serrés autour de cette foutue peluche. C’est toi qui la lui a offerte, tu te rappelles ? C’est un film Disney+ qui passe sur la tv, t’as mis au hasard un truc avec des sorcières car hey, on est le mois d’Halloween quand même. C’est simplet mais ça t’occupe l’esprit au moins. Enfin, avant que Jordan ne débarque avec la wombat. Encore une fois, tu deviendrai jalouse d’une peluche.

Elle bouge pas, elle garde la distance. Tu la vois qui te regardes du coin de l’oeil. Tu laisses le silence un moment, espérant voir un signe encourageant mais sans te rendre compte que toi tu n’en donnes aucun. Y’a Milady qui passe non loin, tes yeux sont attirés par elle, la plus belle chatte du monde. C’est fou comme tu l’aimes cette féline. C’est ta fille, autant que la sienne. T’es en train de réaliser que maison ou pas, vous avez déjà mis des choses importante en commun, comme elle Milady, et Milord. Tu ne t’imagines pas ne plus les avoir dans ta vie, tu ne le veux pas. Ils sont à tous les deux et c’est pareil avec la maison. Les années sont passées et vous partagez de plus en plus de choses qui vous tiennent extrêmement à coeur. Y’a une chose qui est toujours aussi certaine c’est que Birdie sera toujours dans ta vie. Ou en tout cas, toi tu le veux. De n’importe quelle façon, tu le sais et tu espères très fort que votre conversation va arranger grandement certaines choses qui ont été bancales du mauvais côté de la force des derniers temps. Vous allez apprendre et en sortir plus fort. C’est certain. Vous avez déjà surmonté plus. La différence c’est que y’a une maison au milieu maintenant et ce petit détail différent te fait peur car tu veux pas te retrouver à la porte. Tu veux pas avoir à re-re-faire un nid pour vivre.

Et puis au lieu de te laisser enrôler par la spirale de tes pensées négatives, tu prends la parole. « I know you’e mad. We’re mad… But… I’d like to cuddle… I don’t want to stay like this but I understand if you don’t feel like it. » Tu dis honnêtement en ayant aucune idée de comment la suite va se dérouler. « Maybe cuddle is not the correct word I just… » Want my face in your boobs. « … want to hold you or you to hold me… » Tu tends le bras le plus proche d’elle après avoir dit ça pour le poser sur sa cuisse. « I want to be close to you. »

Tes yeux restent finalement rivés sur l’écran car c’est clairement le plus captivant. Enfin, t’as plutôt envie que ça le soit. Avec toute la bonne volonté du monde, tu vas réussir à passer outre tous ces signes de rejet que tu te manges dans la figure. Vous vous punissez mutuellement depuis que vous êtes partis de la maison et aucun de vous deux n’a l’air de le remarquer. Vous en parlez puis vous redevenez silencieux. Au moins, le positif dans l’histoire est qu’aucun de vous deux n’est parti de la maison. Vous êtes sur le même canapé, pas si loin et pourtant, t’as l’impression qu’y un fossé entre vous sans que tu ne puisses l’expliquer. Vous êtes juste stupides, c’est ça l’explication. Vous n’osez juste pas, vous attendez un signe de l’autre. Et pour l’instant, celui que tu perçois et que tu vois n’est pas un qui pourrait t’inciter à aller vers lui. Mais Jordan ne serait pas venu.e s’asseoir ici et respirer le même air que toi alors que la maison est grande, le jardin encore plus et qu’il y a une dépendance. Iel l’a déjà montré qu’iel n’hésite pas à aller là-bas si ça ne va pas. Ou pire, chez Maria. C’est clairement le pire.

« I know you’re mad. We’re mad… But… I’d like to cuddle… I don’t want to stay like this but I understand if you don’t feel like it. » C’est finalement ton partenaire qui prend la parole et ton regard de coin devient un regard tout court que tu diriges vers lui. « Maybe cuddle is not the correct word I just… » Tu ne vois pas pourquoi ça ne serait pas le bon mot. Jordan veut que vous vous enlacez, non ? « … want to hold you or you to hold me… » C’est pareil. « I want to be close to you. » T’as l’impression qu’un poids est ôté de tes épaules et, surtout, de ton ventre. Tu ne dis rien mais tu te redresses pour aller à quatre pattes vers lui. Tu mets d’abord la main sur la wombat. “Elle, elle vire.” Que tu dis en la jetant de l’autre côté de la table basse sans aucune délicatesse. C’est toi qui l’as achetée et offerte, t’en fais ce que t’en veux. Puis, tu vas te blottir dans ses bras. Tu passes tes jambes sur ses cuisses, tes bras autour de lui du mieux que tu peux et ta tête à moitié contre son torse et son épaule. “That’s all I wanted.” C’est toi qui fait ton bébé dans cette position mais qu’importe ; si Jordan préfère que vous vous allongez, tu bougeras s’il le faut. T’as juste envie de le sentir contre toi. “I thought you were rejecting me.” tu murmures la voix étranglée. Merde que c’est affreux de dire ça à voix haute. Ca te déchire encore plus le cœur car c’est vraiment quelque chose que tu crains. L’abandon. L’oubli. Le rejet. Toutes ces choses là. Heureusement que tu lui as mis un stop pour cette conversation. T’en aurais pas été capable vu que t’as presque la boule à la gorge. Mais Jordan peut pas te voir et tu chiales pas donc tout va bien. Tu te maîtrises.

Elle te regarde et tu sens que c’est bon signe. T’as pas fini de parler tu racontes plusieurs fois la même chose mais avec des mots différents parce que tu sais pas trop comment t’y prends en fait pour te faire comprendre. T’as besoin de son corps contre le tiens. T’as pas plus d’explication, c’est comme ça que vous fonctionnez depuis toujours elle ne sera pas surprise. Tellement pas surprise qu’elle est déjà en train de venir jusqu’à toi sur le canapé. Elle balance Miss Wombat. “Elle, elle vire.” Ca te surprend autant que ça t’amuse. Voilà que les bras de Birdie sont déjà autour de toi et ses cuisses installée sur toi également. “That’s all I wanted.” Tes bras l’encerclent à leurs tours. Tu peux pas mettre ta tête dans ses seins de cette façon là mais c’est pas grave. Rien que de la sentir toute contre toi ça te fait un bien fou. Tu niches ton nez dans ses cheveux pour respirer son odeur. Tu la serres doucement.

“I thought you were rejecting me.” « I needed some time to calm down… » Comme à chaque fois. Elle te connait, elle sait que tu fais tout le temps ça. Tu la berces doucement comme si elle était un petit bébé. Tu aurais bien des choses en plus à dire mais la conversation sérieuse sera pour une autre fois. Car elle a peut être cru que tu la rejetais mais toi tu as bien cru qu’elle est totalement insensible à ta phobie. Tu déglutis et… Tu tentes quand même. « I thought you wouldn’t drive this fast… » T’es obligé de le laisser sortir même si c’est pas votre moment de conversation. Pourquoi elle aurait le droit de parler de son sentiment de rejet qu’elle a ressenti et pas toi. Tu n’as pas parlé de tes émotions mais elle a bien vu l’état dans lequel ça t’a mis, non ? La salle de bain fermé a été un bon indice en tout cas, elle a compris qu’un truc allait pas. Au moins elle sait la base de ton isolation. Vous pourrez vous préparer à ce que vous voulez vous dire à un autre moment.

« I needed some time to calm down… » Tu l’avais compris. Au moins une chose que tu acquis de plus en plus. Jordan n’est pas du genre à faire envenimer les choses comme toi. Iel se recroqueville et s’éloigne pour laisser baisser la tension. C’est le plus sage, au final. Non pas que tu pourrais le faire malgré tout car tu restes une impétueuse mais ça force l’admiration et le respect. Parce que tu n’y arriverai pas. Par contre, que Jordan soit parti.e deux jours chez Maria, tu l’as toujours un peu en travers de la gorge. Mais il est inutile de ressasser l’avant. Vous aurez bien l’occasion d’y repenser et de l’effleurer quand vous serez dans votre Conversation avec un grand C,oui.

Alors tu ne dis rien car il n’y a rien à répondre ; Jordan est comme ça, tu l’acceptes, même si ça fait mal à ton petit intérieur car il n’y a rien de pire que d’être ignoré.e et mise sur le banc de touche par un de tes proches. « I thought you wouldn’t drive this fast… » Tu déglutis légèrement, resserrant ton étreinte mais le regard toujours fixé sur l’écran. “Sorry.” Tu ne diras rien de plus. Tu n’as pas pris ton partenaire en considération comme il aurait fallu, tu as voulu être égoïste depuis le moment où vous avez franchi le seuil de votre demeure. Mais ce n’est pas la première fois que tu conduis comme ça, c’est juste que tu fais plus attention normalement. Quand t’es avec quelqu’un, et surtout avec Jordan. Tu n’as pas vraiment d’excuse ni de justification. T’es une égoïste qui a conduit comme elle sait le faire - dangereusement. T’as plus envie d’en parler.

Elle se rapproche encore plus de toi si c’est possible. “Sorry.” Tu sais jamais trop quoi en penser de ses élans comme ça. C’est la personne qui a le plus grand coeur mais parfois elle est si cruelle avec toi. Y’a des trucs au fond d’elle qui sont toujours une zone inconnue pour toi, et tu te dis que c’est aussi le cas pour elle. Comme si elle avait deux personnalités en elle. Une qui t’aime et l’autre qui te déteste au point d’être mauvais gratuitement. D’avoir zéro considération. Birdie Olive Cadburry est toujours autant un mystère à tes yeux et c’est bien évidemment le fait qu’elle soit aussi fucked up que toi qui fait que tu l’aimes. Ces pensées te font du bien mais tu ne penses pas oser un jour lui dire qu’elle devrait peut être reprendre de voir sa psy. Qu’elle devrait faire du sport car ça lui en sera que bénéfique. Tu veux tout son bien et tu peux te laisser traiter de la sorte mais tu veux qu’elle aille mieux en même temps. Tu veux son bonheur. Toujours. Parce qu’elle le mérite mais tu sais aussi que tu ne peux rien faire pour ça, il faut qu’elle se décide toute seule.

Tu embrasses le dessus de sa tête alors que tu la berces doucement et puis après de longues minutes de câlinages de la sorte, tu prends la parole. « Can we switch ? I’d like my face in your boobs. » Tu dis dans le plus grand des calmes parce que… c’est la pure vérité. Elle te connait et puis elle a sa tête dans ta poitrine depuis quelques minutes, c’est juste un retour naturel des choses que ce soit ton tour, non ? Oui. Il est certain que vous n’avez pas fini de rester collé l’un à l’autre aujourd’hui. Grosse journée pleine d’émotions un peu trop intense et fortes à ton goût. Vous êtes sensibles comme ça tous les deux.

Tu vas finir par t’endormir en vrai si tu restes comme ça. Non pas que ça te dérangerait. T’as envie que cette journée se finisse. Elle est longue, elle est chiante et t’en as marre. Tout comme t’en as marre de vous prendre la tête aussi souvent en ce moment. D’être à la fois la coupable et un dommage collatéral. Tu n’as pas assez porté de considération envers les angoisses de ton partenaire que d’autres lui ont nourri. Tu les subis, ces conséquences. Tu subis ce que son père a pu lui avoir laissé comme trace. De Rosa aussi. Tout comme lui aussi subit tes propres expériences et ton propre caractère. Mais tu trouves ça injuste. Aussi bien pour lui que pour toi.

« Can we switch ? I’d like my face in your boobs. » T’as un tout petit sourire de coin. T’as pas vraiment envie de bouger mais tu ne te sens pas de lui dire non non plus. Donc tu te redresses. “Sure.” Que tu murmures doucement en allant t’allonger avant de tendre les bras. “Come here.” Vous auriez pu aller dans le lit, ça aurait été plus confortable. Mais t’as aussi la flemme de te lever, de bouger plus et t’as vraiment pas envie de ravoir le silence qui te pèse. Une fois Jordan contre toi, tu alterneras entre ton nez et tes lèvres contre son crâne. T’apprécies au final l’avoir aussi contre toi. Pouvoir le serrer avec tes bras et tes jambes est un luxe. Un rappel que malgré les tempêtes, tu l’aimes à la folie. Que même si t’as parfois envie de l’étrangler, tu veux surtout son bien être. Son bonheur. Tu te laisses parfois aller dans l’égoïsme et le manque d'empathie, ce qui entraîne le résultat d’aujourd’hui. I’ll do better. I promise.