« Je reviendrais toujours. » Tu espères ne pas te tromper en nourrissant cette conviction au fond de toi. Tu apprends progressivement que Jordan t’aime avec tout ce que tu représentes, même quand iel a envie de tout casser (ce qui arrive très rarement) ou quand tu es juste trop. Exactement comme lui. Même si vous vous faites souffrir, vous vous aimez et c’est pour ça aussi que vous ressentez si fort les choses. Vous êtes des impulsifs, des grands sensibles - oui oui, toi inclus, Birdie - qui prennent trop à coeur les choses. Et parfois, c’est dur. Parfois, c’est compliqué. Tu n’as jamais pensé réellement à avoir des enfants mais après ce que vous vous êtes dit, tu as la sensation que l’un ou l’autre n’a pas intérêt à nourrir l’envie un jour. Tu n’as pas très bien compris l’histoire du partage car il est certain pour toi que si l’un veut un gosse et pas l’autre, vous aurez beau vous aimer, tu ne vois pas comment ça pourrait fonctionner. Mais ce n’est qu’un futur hypothétique avec un enfant hypothétique qui n’est pas à l’ordre du jour. Tu es très bien dans ta vie actuelle, même si soucieuse du magasin, c’est une grande et nouvelle aventure que tu as hâte d’essayer. Et qui sera bien moins compliqué à se débarrasser qu’un petit être à quatre membres.

« On est déjà parents. On devrait prendre un deuxième chat. »
« Milady ! »
« La plus belle de toutes. »
« Nope, c’est pour moi ça. »

Tu ne dis rien alors que tu portes ton verre à tes lèvres, les yeux dans le vague. T’as pas envie d’un deuxième chat. Il y a déjà deux animaux et même si tu adores les animaux, c’est déjà pas mal de travail. “J’aimerai bien des poules.” Ah. Ça te fait légèrement sourire d’y penser. “J’adorai celles de mes voisins à Elimbah.” En plus, c’est pratique une poule. Ça mange les restes et ça pond des oeufs. Vu votre grand jardin, vous auriez largement de quoi en avoir.

Mais là n’est pas le sujet. « J’irai plus chez Maria comme j’ai fait l’autre fois là. Si j’ai besoin de temps j’irai dans mon studio. » Tu hoches la tête, ravie de ce détail. Ce n’est pas rien de l’avoir vu faire son bagage pour se tirer. Même si tu étais trop énervée sur le moment pour en avoir pleine conscience, ça t’a vraiment déchiré le cœur. Tout en gardant cette conviction malgré tout que Jordan reviendra parce que… Parce qu’iel t’aime quoiqu’il arrive, pas vrai ? « Je suis désolé de t’avoir laissé mais j’étais… C’était beaucoup ce jour là j’avais besoin de Maria et… » Plus de Maria que de toi, visiblement. « J’avais besoin qu’elle me confirme que chez elle se serait toujours chez moi si je me retrouvais sans toit un jour. C’est juste… » Tu hausses les sourcils. Ca te fait penser à ce sms que Jordan t’avait envoyé en t’affirmant que jamais iel ne te mettra hors de chez lui. Comme si c’était l’évidence même. Mais voilà qu’il nourrit les mêmes craintes maintenant. Même si, de ton côté, tu as toujours su rebondir et ne pas avoir de toit sur ta tête ne te fait pas peur vu que c’est ce dont tu as été habituée. Tu as toujours eu des points de chute mais jamais une maison à toi. « J’ai besoin de savoir mon plan B si le A ne fonctionne pas car… Tu l’as dit… On voit pas l’avenir. Mais je veux pas le plan B. Je veux cette maison avec toi. C’est juste… Nouveau et flippant de partager autant avec quelqu’un. J’ai toujours été tout seul, livré à moi même alors c’était facile de faire des plans, c’était juste moi avec moi même. » Tu masses ton front. « Oui oui oui je te donne mon attention. » A Milady ? “Sans faire mon égocentrique, je préfèrerai que ton attention soit sur moi.” Tu penses le mériter un peu plus. Clairement, ce n’est pas le moment de flatter votre chat, si ? “Je vais te redire ce que tu m’as écrit y a genre deux ans ; jamais je te fouterai à la porte si c’est ça dont t’as peur. Je serai sûrement celle qui partira en première si jamais ça devait arriver.” Et t’espères pas car t’es bien ici. “J’ai l’habitude de dormir dans mon van ou dans des squats et j’ai toujours des plans si besoin.” Tu veux juste lui faire comprendre que t’auras pas de mal à bouger. Les seules racines que tu as réellement sont à Elimbah. “Mais on en arrivera pas là.” T’es tellement certaine de toi. Tu veux le croire fort car vous fonctionnez quand même très bien ensemble. Vous êtes le meilleur binôme du monde. “Je comprends que ce soit terrifiant. Tu m’as terrifié quand ça a commencé à être sérieux. Puis on a adopté. Et on s’est unis. Et on a acheté. Et on est fiancés. Tout ça qui m’a terrifié.” Toutes ces preuves d’engagement t’enfonçant un peu plus dans la vie de couple. “La maison est remplaçable. Toi et moi, on l’est pas.” Jordan a été le plus confiant au début de votre relation que toi. Le plus direct aussi. Il t’a fallu plus de temps pour l’accepter.

“J’aimerai bien des poules.” Si elle veut des poules elle peut en avoir des poules. Toi tu voudrais un autre chat plutôt. “J’adorai celles de mes voisins à Elimbah.” Vous n’êtes pas sur la même longueur d’ondes, ça commence à être monnaie courante, tu es habitué à présent et les poules contrairement à un enfant, ça ne te dérange pas si ça arrive sans que tu en aies spécialement envie. Elle se gère ses poules si elle les veut.

“Sans faire mon égocentrique, je préfèrerai que ton attention soit sur moi.” Tu fronces les sourcils à cette réflexion car tu la prends mal. Tu sais vraiment rien faire comme il faudrait à ses yeux hein ? Est-ce qu’elle se rend compte que sa bouteille de vin dans ses bras est également une distraction, une attention qu’elle donne que tu ne désires pas ? Non bien sûr que non elle ne se rend pas compte. Peut importe le nombre de cookies ou de glace que tu t’enfiles tu n’oublies pas cette bouteille de vin et ce verre qu’elle boit. Des fois tu te demandes pourquoi tu fais autant d’effort pour rester sobre et puis tu te souviens que c’est une fierté personnelle et que c’est bien plus récompensant que n’importe quel high que l’alcool ou la drogue peut avoir. “Je vais te redire ce que tu m’as écrit y a genre deux ans ; jamais je te fouterai à la porte si c’est ça dont t’as peur. Je serai sûrement celle qui partira en première si jamais ça devait arriver.” Et ça qui te fait comprendre, qu’elle n’a pas compris pourquoi tu as besoin de ce plan B. “J’ai l’habitude de dormir dans mon van ou dans des squats et j’ai toujours des plans si besoin.” Tu fais non de la tête. Tu n’aimes pas qu’elle dise ça, comme si bien évidemment c’est elle qui partira pour te laisser la maison. “Mais on en arrivera pas là.” Tu espères pas. “Je comprends que ce soit terrifiant. Tu m’as terrifié quand ça a commencé à être sérieux. Puis on a adopté. Et on s’est unis. Et on a acheté. Et on est fiancés. Tout ça qui m’a terrifié.” Tu sais et c’est ton tour d’avoir peur et c’est pour ça que vous avez cette conversation. “La maison est remplaçable. Toi et moi, on l’est pas.”

« C’est pas que toi tu me mettes à la porte dont j’ai peur. C’est que moi je parte. Que je décide que c’est fini que ça fonctionne plus pour moi. » Voilà pourquoi tu as besoin d’un toit B. « Et j’aime pas ta façon de dire que tu me mettras pas à la porte parce que tu iras dormir dans ton van ou des squats. J’ai pas envie que pour mon bien, tu te mettes dans une situation précaire. Parce que moi j’ai besoin de garder la maison. Non. C’est la notre. Tu as autant le droit de la garder que moi. Je veux pas que tu sois dans un squat Birdie. » Elle se rend compte de ce qu’elle dit là ? Ca t’énerve un petit peu et tu concentres de nouveau tes caresses sur Milady pour te faire du bien. Pour te calmer. Tu n’aimes pas pensé à la possibilité que tu la quittes, mais c’en est une si elle décide d’avoir un enfant un jour. « J’ai une question… »  Tu commences. « Si tu décides d’avoir un enfant à 45 ans parce que tu peux parce que t’as des ovules disponibles… T’es pas en train d’aller au delà des capacités du corps humain ? Ton corps est pas sensé pouvoir faire un enfant à cette âge là et imagine, tu auras 70 ans quand ton gosse aura juste 25 ans. Et je sais que je suis encore en train de voir trop loin l’avenir mais j’ai besoin de penser à tout ça pour me rassurer, pour m’imaginer. Je… J’ai…J’ai pas envie de t’énerver à encore aller sur ces hypothèses mais c’est ce dont j’ai besoin. Tout comme t’as l’air d’avoir besoin d’un verre de vin pour cette conversation. J’en aurai bien besoin aussi, mais j’ai choisi Milady et la glace pour m’aider à ce que cette conversation ne parte pas en vrille… C’est pas facile. Mais si on s’énerve y’a plus aucun intérêt. » Alors tu fais du mieux que tu peux. Tu n’es pas parfait elle le sait très bien. « Je fais de mon mieux. » Au cas où elle aurait encore un reproche à te faire.

« C’est pas que toi tu me mettes à la porte dont j’ai peur. C’est que moi je parte. Que je décide que c’est fini que ça fonctionne plus pour moi. » Ah. Mais si ça ne fonctionne plus pour lui, ça ne fonctionnera plus pour toi. A moins que ce ne soit plus le cas, que tu veuilles camper sur tes positions et que tout ça parte en conflit. Mais y’a pas besoin d’y penser car ni lui ni toi n’a envie de changer d’endroit. Et ça fonctionne toujours. « Et j’aime pas ta façon de dire que tu me mettras pas à la porte parce que tu iras dormir dans ton van ou des squats. J’ai pas envie que pour mon bien, tu te mettes dans une situation précaire. Parce que moi j’ai besoin de garder la maison. Non. C’est la notre. Tu as autant le droit de la garder que moi. Je veux pas que tu sois dans un squat Birdie. » C’est là, la différence. Oui, tu as signé pour cette maison aussi mais ça ne reste qu’une maison. Tu n’as pas besoin d’autant contrairement à lui qui nourrit une véritable crainte de se retrouver sans des murs autour de lui. Tu peux comprendre, c’est quand même bien plus agréable d’être au chaud et protéger. Mais ça ne serait pas la première fois que tu te retrouverai à la dérive. Tu veux juste le rassurer que quoiqu’il arrive, un toit sera toujours sur sa tête mais visiblement, tu n’y arrives pas. « J’ai une question… » Ca pue. D’autant que t’as l’impression que vous perdez le fil. Tu te resserres ton verre en t’asseyant sur le rebord du canapé, coupée visuellement de Jordan pour avoir les prunelles qui fixe le néant en face de toi. « Si tu décides d’avoir un enfant à 45 ans parce que tu peux parce que t’as des ovules disponibles… T’es pas en train d’aller au delà des capacités du corps humain ? Ton corps est pas sensé pouvoir faire un enfant à cette âge là et imagine, tu auras 70 ans quand ton gosse aura juste 25 ans. Et je sais que je suis encore en train de voir trop loin l’avenir mais j’ai besoin de penser à tout ça pour me rassurer, pour m’imaginer. Je… J’ai…J’ai pas envie de t’énerver à encore aller sur ces hypothèses mais c’est ce dont j’ai besoin. Tout comme t’as l’air d’avoir besoin d’un verre de vin pour cette conversation. J’en aurai bien besoin aussi, mais j’ai choisi Milady et la glace pour m’aider à ce que cette conversation ne parte pas en vrille… C’est pas facile. Mais si on s’énerve y’a plus aucun intérêt. » Tu commences à être soulée de cette histoire de gosses. Jordan a l’air de chercher la petite bête, tu sais pas ce qu’il cherche mais à part commencer à te braquer, tu ne comprends pas son but. Est-ce qu’il faut que tu te tatoues sur le front “i don’t know” en gros pour qu’il capte ? Et puis, cette réflexion sur le vin… Tes doigts se crispent autour du verre. « Je fais de mon mieux. »

Tu fermes les yeux. Tu comptes jusqu’à 5 en reprenant une inspiration. Tu savais que ça n’allait pas forcément être facile alors tu tentes de faire redescendre la pression de tes nerfs et de tes muscles. “Je capte pas ce que t’essaie de me faire dire. J’ai l’impression que tu cherches la petite bête quelque part et je finis par croire que t’en fais exprès. Et je t’ai dit que je veux pas être le four.” Est-ce que ça aussi il faudrait que tu te le tatoues pour que ça rentre ? “Tes hypothèses ne mèneront à rien parce qu’elles sont hypothétiques. Je sais pas ce que je peux dire de plus sur le sujet. Pour l’instant, j’en veux pas et ça fait des années que c’est comme ça. J’en viens à me dire que j’aurai vraiment dû fermer ma gueule sur cet hypothétique futur.” Et tu fais glisser tes paroles en prenant une grande gorgée de vin. “Je fais de mon mieux aussi mais je commence à en avoir marre de parler de ça alors que ça mène nulle part. Je fais aussi du mieux que je peux pour te rassurer mais tu réfutes tout ce que je dis. Donc à quoi bon continuer à piailler si j’arrive pas à te faire comprendre les choses.” Tu poses ton verre pour aller prendre ton assiette car au moins, ça va t’occuper la bouche. T’as besoin de te détendre un peu plus. La nourriture de Maria est réconfortante. “Concernant la maison, j’aurai aucun intérêt à vivre dedans si t’y es plus.” Tu dis assez qu’une maison est surtout l’âme de ses habitants ; ça a toujours été. Si Jordan n’est plus dans ces murs, elle n’a plus d’intérêt pour toi. Alors que ton partenaire pourrait clairement y habiter même sans toi à l’intérieur. C’est la sensation que t’as. C’est juste vos personnalités qui font ça.

La tension monte de plus en plus car vous vous comprenez de moins en moins. Avez besoin de moins en moins de la même chose pour arriver à la fin de cette conversation difficile. C’est pas évident pour elle de se mettre dans tes chaussures et l’inverse est tout aussi vraie. C’est fou comme parfois vous parlez la même langue mais il est impossible de vous comprendre. Vous n’êtes sûrement pas assez clair. “Je capte pas ce que t’essaie de me faire dire. J’ai l’impression que tu cherches la petite bête quelque part et je finis par croire que t’en fais exprès. Et je t’ai dit que je veux pas être le four.” Voilà, confirmation que vous vous comprenez pas. Tu n’arrives pas à te faire comprendre, car pour toi c’est logique de se poser toutes ces questions et tu ne cherches pas la petite bête. “Tes hypothèses ne mèneront à rien parce qu’elles sont hypothétiques. Je sais pas ce que je peux dire de plus sur le sujet. Pour l’instant, j’en veux pas et ça fait des années que c’est comme ça. J’en viens à me dire que j’aurai vraiment dû fermer ma gueule sur cet hypothétique futur.” Oui. C’est bien ça la réalité de la situation. Si tu n’avais jamais su qu’une telle possibilité lui traversait éventuellement l’esprit un jour, vous n’en serez pas là. Mais c’est trop tard et c’est la réalité. “Je fais de mon mieux aussi mais je commence à en avoir marre de parler de ça alors que ça mène nulle part. Je fais aussi du mieux que je peux pour te rassurer mais tu réfutes tout ce que je dis. Donc à quoi bon continuer à piailler si j’arrive pas à te faire comprendre les choses.” Oh my god ça commence à être vraiment de plus en plus dur… Et y’a les petites voix dans ta tête qui te disent que si vous n’arrivez pas à avoir cette conversation et à vous comprendre, c’est voué à l’échec. Tu n’aimes pas du tout cette petite voix même si elle dit des choses qui sont plus que vrai.

“Concernant la maison, j’aurai aucun intérêt à vivre dedans si t’y es plus.” Ok donc ça c’est un détail qui a son importance pour toi. « Je cherche pas la petite bête. C’est juste qu’on se comprend pas. Pourquoi ça change quelque chose que tu sois le four ou pas ? Si t’es pas le four le bébé il né et il a directement 18 ans ? Tu auras toujours 70 ans quand il en aura 25. » Tu soupires longuement, tu te passes une main sur les yeux. « Je suis désolé d’avoir besoin d’autant de certitude pour vivre. C’est pas ton cas et t’as l’impression que je réfute tout mais non, j’ai juste besoin de réponses supplémentaires à mes scénarios qui sont à présents tous liés à toi. Je me faisais mes propres réponses à mes futurs hypothétiques avant. J’avais que moi. Mais maintenant j’ai besoin que tu me donnes tes réponses et… » L’émotion te gagne, les larmes ne sont pas loin et tu sais que ça va sonner la fin de cette conversation car elle n’a pas lieu d’être si vous êtes pas en état de parler et d’écouter. « Je suis peut être pas fait pour la vie à deux. » C’est la conclusion que tu en tires. Tu as trop d’angoisses en toi pour gérer.

« Je cherche pas la petite bête. C’est juste qu’on se comprend pas. Pourquoi ça change quelque chose que tu sois le four ou pas ? Si t’es pas le four le bébé il né et il a directement 18 ans ? Tu auras toujours 70 ans quand il en aura 25. » Tu restes concentrée sur ce que tu manges, mais encore plus à ses paroles. T’essaie vraiment de comprendre le but de sa réflexion mais elle ne fait pas de sens pour toi. Il n’y a pas lieu d’avoir ces interrogations. T’aurais dû fermer ta gueule. Si t’as appris une chose, c’est que Jordan veut l’assurance et pas l’hypothétique. Même si depuis le début, ton partenaire sait comment t’es car tu lui as toujours dit que tu ne pouvais pas lui promettre des choses sur les mois à venir. La seule promesse que tu lui as faite, c’est ton âme liée à la sienne à tout jamais. Et ça, c’est bien une des seules certitudes que tu as actuellement. « Je suis désolé d’avoir besoin d’autant de certitude pour vivre. C’est pas ton cas et t’as l’impression que je réfute tout mais non, j’ai juste besoin de réponses supplémentaires à mes scénarios qui sont à présents tous liés à toi. Je me faisais mes propres réponses à mes futurs hypothétiques avant. J’avais que moi. Mais maintenant j’ai besoin que tu me donnes tes réponses et… »  Tu reposes ton assiette pour passer tes mains sur ton visage. Tu n’es pas fatiguée mais tu es lassée. Jordan n’a pas pensé à tout ça avant que vous signez ? Est-ce que tous ces questionnements surviennent parce que t’as osé émettre une hypothèse qu’iel n’a jamais vu venir ? Est-ce que ça va être ça à chaque fois ? Toi qui parle juste d’un truc et lui qui en fait toute une montagne quand y a pas lieu d’être ? « Je suis peut être pas fait pour la vie à deux. » T’as l’impression que c’est la douche froide.

Tu déglutis, les mains toujours sur ton visage. Tu sens tes yeux humides. “On a vécu deux ans ensemble et ça se passait bien. Pourquoi soudainement tu te mets à te poser plein de questions ?” Oui, les hypothèses, blablabla, t’as compris. Tu finis par te tourner vers lui, les larmes dans les prunelles car c’est trop là. “Je veux juste vivre avec toi pour le reste de ma vie. Je veux pas d’un gosse de 18 ou 25 piges quand j’en aurai 70 ou je sais pas quoi. Je m’en fous. Mais je… C’est incompréhensible. Y’avait pas toutes ces interrogations avant qu’on habite ici. Est-ce que tu regrettes ? Est-ce que tu veux faire machine arrière ? Je peux te donner mes parts, je m’en fiche. Je m’en fiche de tout ça si c’est pas avec toi. Tout comme je voudrai pas d’enfant sans toi et que je te choisirai toujours avant un hypothétique gosse. Parce que je t’aime et que j’ai passé des caps que j’aurai jamais pensé passer avant toi et que tu me rends meilleur alors que j’ai… J’ai juste l’impression de te rendre misérable.” Les larmes ont coulé, forcément. Tu as les lèvres qui tremblotent et le regard embué. Tu vois à moitié flou et tant mieux car tu ne vois pas correctement ton partenaire. “J’ai été seule toute ma vie et j’ai pas envie d’être encore abandonnée. J’ai besoin de toi car tu rends les choses meilleures. T’es resté contrairement aux autres et ce que tu dis me fait peur, j’ai pas envie de te perdre toi non plus. Mais j’ai li’mpression d’être un poison pour tout le monde alors que je fais tout pour rendre les choses positives mais c’est compliqué parfois et je suis désolée, désolée d’être parfois comme je suis. J’ai mes propres peurs, mes propres démons à combattre mais je les camoufle si bien que je me retrouve seule devant et t’en subis les conséquences parce que t’es avec moi tout le temps, qu’on vit ensemble et que c’est dur de garder le masque aussi longtemps.” T’as aucune idée si ce que tu dis est cohérent ou si ça a du sens. Tu parles en freestyle sans réfléchir ; tu laisses simplement parler ce que t’as si lourd sur le cœur. “T’es le seul à m’avoir donné une vraie chance, à m’avoir encouragé et poussé vers le haut. J’ai tellement besoin de toi, Jordan, t’imagines pas à quel point. Tu passeras toujours avant tout le monde quoiqu’il arrive. Je suis désolée si je suis nulle à te le montrer.” Que tu finis par dire d’une voix étranglée avant de poser ta main sur tes yeux pour camoufler par pudeur toutes les larmes qui en surgissent. Ca roule sévère, t’es complètement happée par l’émotion. “J'irai pas congeler mes ovules.” Que tu finis par dire. Non parce que ça ne sert à rien.

Tu vois qu’elle aussi commence à arriver au max de ses capacités au calme. C’est pas rien tout ce que vous dites et personnellement tu les dis sans filtre. Tu y vas à fond. Peut être trop… Mais c’est le moment pour. Tu ne vois pas ses yeux humides mais au moins vous êtes synchro là dessus tous les deux. “On a vécu deux ans ensemble et ça se passait bien. Pourquoi soudainement tu te mets à te poser plein de questions ?” Parce que soudainement elle parle de peut être avoir des enfants et c’est le plus gros sujet important sur lequel tu te gargarisais qu’au moins heureusement vous êtes d’accord sur celui là, mais on dirait que c’est pas si sûr que ça au final. Elle le sait très bien, tu ne lui dis pas. Sa question est rhétorique. “Je veux juste vivre avec toi pour le reste de ma vie. Je veux pas d’un gosse de 18 ou 25 piges quand j’en aurai 70 ou je sais pas quoi. Je m’en fous. Mais je… C’est incompréhensible. Y’avait pas toutes ces interrogations avant qu’on habite ici. Est-ce que tu regrettes ? ” Tu fais non de la tête.

“Est-ce que tu veux faire machine arrière ? ” Tu fais de nouveau non de la tête. “Je peux te donner mes parts, je m’en fiche. Je m’en fiche de tout ça si c’est pas avec toi. Tout comme je voudrai pas d’enfant sans toi et que je te choisirai toujours avant un hypothétique gosse. ” Ca fait du bien à entendre même si ça te brise le coeur car tu es hypothétiquement en train de lui ôter un truc de sa vie qu’elle voudrait peut être un jour. Trop de peut être, ça n’a aucun sens Jordan et pourtant, pour toi ça en a. “Parce que je t’aime et que j’ai passé des caps que j’aurai jamais pensé passer avant toi et que tu me rends meilleur alors que j’ai… J’ai juste l’impression de te rendre misérable.” Tu fronces les sourcils en faisant non de la tête. « Tu me rends pas misérable. »

“J’ai été seule toute ma vie et j’ai pas envie d’être encore abandonnée. ” Toi non plus.  “J’ai besoin de toi car tu rends les choses meilleures. T’es resté contrairement aux autres et ce que tu dis me fait peur, j’ai pas envie de te perdre toi non plus.” Tu te rapproches d’elle pour aller poser ta main sur sa cuisse. Milady a filé, tu ne t’en es pas rendu compte. Tu es trop focalisé sur Birdie là. “ Mais j’ai l’impression d’être un poison pour tout le monde alors que je fais tout pour rendre les choses positives mais c’est compliqué parfois et je suis désolée, désolée d’être parfois comme je suis.” Les larmes sont dans tes yeux et roulent sur tes joues.  “ J’ai mes propres peurs, mes propres démons à combattre mais je les camoufle si bien que je me retrouve seule devant et t’en subis les conséquences parce que t’es avec moi tout le temps, qu’on vit ensemble et que c’est dur de garder le masque aussi longtemps.” Tu ne veux pas de ce fucking masque, c’est pour ça que toi tu n’en as pas avec elle et que ça part en couille comme ça.

“T’es le seul à m’avoir donné une vraie chance, à m’avoir encouragé et poussé vers le haut. J’ai tellement besoin de toi, Jordan, t’imagines pas à quel point. Tu passeras toujours avant tout le monde quoiqu’il arrive. Je suis désolée si je suis nulle à te le montrer.” Et les larmes qui roulent et roulent sur tes joues car c’est très beau ce qu’elle a dit. “J'irai pas congeler mes ovules.” Et c’est bien là qui confirme qu’elle n’aura pas d’enfants. « Et j’irai virer mon échantillon. »  Car c’est bien ça qui a commencé tout le problème. Tout est toujours de ta faute hein Jordan. Tu existes c’est déjà un problème pour beaucoup. Pour un seul en fait. Pour ton père. Mais c’est bien ça qui est ancré en toi. Tu es de trop dans ce monde et tu n’es qu’une nuisance comme là. « C’est moi le poison. Qui te prive de tes envies hypothétiques. » Car tu as besoin de certitudes. Oui. On a compris. « Je suis désolé… vraiment… tellement… » Ya juste ta main sur elle mais t’as envie de la prendre dans tes bras. Tu oses juste pas. Elle a peut être besoin de son espace alors que tu veux son contact pour te rassurer pour la rassurer à elle aussi. Tu es là. Vous parlez. Vous voulez vous comprendre et avancer dans une direction commune. « C’est que… J’étais si sûr de nous et notre certitude à pas vouloir d’enfant et… Je pense que ça aurait été bien différent nous deux si on était pas d’accord la dessus depuis le début…  » Tu dis en allant essuyer tes joues.

Tu ne vois pas forcément les réactions de la tête de Jordan. Tu es centrée sur tes paroles, sur tes pensées et, surtout, ce qui complique la vision est clairement que ta vue est brouillée par l’eau qui coule sur ton visage. « Tu me rends pas misérable. » Ce n’est pas la sensation que tu as à cet instant précis où tu te sens toi misérable. Mais tu es aussi d’une sincérité incroyable alors que tu déverses aussi bien ce que tu as sur le cœur que dans la tête. La vérité pure. Celle qui fait que tu ne veux pas laisser de doute s’immiscer entre vous. Que votre lien, votre relation, vos sentiments sont bien plus forts que les suppositions. Vous êtes réels, vous êtes présents, vous êtes ensembles. Ce n’est pas une hypothèse, c’est une certitude. Alors si tu dois lui affirmer une nouvelle fois son importance dans ta vie, tu le feras. Et tu le fais. Et tu confirmes que jamais tu n’iras congeler tes ovules ; il y assez d’humains sur terre de toute manière. La question ne se pose pas et dans ton intérieur, cette histoire n’a pas lieu d’être puisque tu n’as pas envie d’avoir un enfant. « Et j’irai virer mon échantillon. » Et si Jordan vire ses échantillons, ça sera une envie encore plus moindre qu’elle ne l’est déjà car il n’y aurait pas d’autres personnes avec qui tu souhaiterai avoir un mini toi, si t’en avais eu envie. Sa main sur ta cuisse te fait du bien. C’est toujours aussi épatant de voir à quel point les contacts physiques font du bien. Il n’y a rien de pire que d’être éloignés. Ou d’avoir un verrou qui vous sépare. « C’est moi le poison. Qui te prive de tes envies hypothétiques. » Ce qui est stupide vu que t’en veux pas. T’as compris la leçon. « Je suis désolé… vraiment… tellement… » Tu secoues la tête à la négation, ta main toujours sur ton visage dégoulinant de larmes. « C’est que… J’étais si sûr de nous et notre certitude à pas vouloir d’enfant et… Je pense que ça aurait été bien différent nous deux si on était pas d’accord la dessus depuis le début…  » Tu passes tes mains sur tes joues pour tenter d’atténuer un peu les marques et de reprendre un peu de constance. C’est beaucoup d’émotions qui s'enchaînent. Tu continues de te masser ton visage avant de reposer tes yeux rougis sur Jordan. “Y’a pas de crainte à avoir. On est toujours d’accord. Je te promets.” T’espère que c’est la conclusion de ce chapitre car t’as pas l’énergie pour le rassurer davantage. Tu fais du mieux que tu peux mais c’est plus un échec à chaque fois. Tu as appris de ton erreur.

Tu ne peux pas les manquer toutes les larmes de son visage. Elles sont aussi nombreuses que les tiennes. Tout ce que vous vous êtes dit n’a pas été facile du tout mais vous l’avez fait et en ce qui te concerne, tu penses que c’était nécessaire car il ne peut pas y avoir de bébé de vous deux hypothétiques. Il ne peut pas. Ca n’a jamais été le deal. Elle serait restée juste une fille avec qui tu prends du bon temps et passe des bons moments si ça avait été une possibilité. Tu n’aurais pas pu voir un avenir avec quelqu’un qui veut un enfant. Toi même tu ne sais pas si tu auras changé au moment en question, mais tu penses à comment tu te sens maintenant et combien ça te met en PLS d’imaginer un gosse au milieu de ta vie. C’est pas pour rien que tu as remis les préservatifs alors que quelqu’un d’autre de ton entourage - Penny - est tombée enceinte. Tu n’en veux pas, ça te trigger à tous les coups. Tu te préserves pour vivre au mieux. Tu traduis les larmes de Birdie par sa tristesse que tu lui condamnes à ne jamais avoir d’enfants avec toi. Et tu te sens pas fier…

“Y’a pas de crainte à avoir. On est toujours d’accord. Je te promets.” La dernière fois qu’elle a dit ça, elle a dit qu’elle avait menti, alors tu ne sais plus trop sur quel pied danser à ce niveau là, mais tu la crois. Vous avez prévu de vous débarrasser des ovules et spermatozoides. Ca sera réglé. Sauf si tu inverses ta vasectomie, car ça c’est possible et qu’elle soit encore fertile, mais non, tu ne comptes pas aller de ce côté là. Pas de bébé Jorbir. Jamais. Et tu vas te blottir contre elle, ta tête plongeant dans sa poitrine. Tu as besoin de la sentir là avec toi. Tu as besoin de te mettre en tête qu’elle dit vrai. Qu’elle ne veut pas d’enfant. Que t’es pas en train de lui réduire à néant toutes ses peut être envies de materner. Elle peut te materner toi si elle veut. Tu n’es qu’un enfant là tout de suite. Y’a d’autres choses qui auraient été bonnes de mettre sur le tapis car vous vous êtes pris la tête sur d’autres sujets dernièrement mais là ça suffit. C’était le morceau le plus important et tant pis si elle comprend pas ta phobie de la voiture. Tant pis si elle te prend pas en considération dans ces moments là, tu ne mérites pas autant de considération de toute manière. Cette vie est déjà trop belle pour toi. Faudrait pas que tu sois trop gâté. « I wanna stay here forever… » Que tu dis le visage totalement enfoui dans ses seins. Tu ne veux plus rien ajouter sur le sujet. Ca y est. Vous avez fait le tour et tu as à présent besoin de reconnecter avec son corps. T’as pas prévu de bouger, sauf si elle te le demande.

Tu renifles fort alors que tu tentes de calmer l’eau qui coule hors de tes yeux. C’est tellement épuisant de chialer comme pas possible. T’as l’impression d’être lescivée alors que la journée a été globalement très tranquille. Mais les émotions font souvent cet effet. Tu prends toute la culpabilité sur tes épaules en te disant que tout ce remue ménage n’aurait pas eu lieu si tu avais gardé ton podcast pour toi. Si tu n’avais rien dit, pour une fois. Mais jusqu’à maintenant, tu n’as jamais pensé qu’un sujet soit si compliqué à aborder, même juste au détour d’une conversation sans but précis. C’est une belle claque dans la gueule que tu t’es prise. T’espère que c’est la seule que tu recevras car clairement, ce n’est pas un bon feeling.

Tu sens Jordan foutre sa tête contre ta poitrine - forcément, c’est compliqué à manquer. Tu restes un moment perdue dans le néant, comme dans un autre monde. Comme si ton esprit avait quitté ton corps pendant quelques secondes où t’as eu le sentiment de flotter. T’es clairement fatiguée. « I wanna stay here forever… » C’est Jordan qui te reconnecte au monde et tu finis par glisser une main dans ses cheveux. Il faut digérer tout ce qui a été dit, le fait que tu ne pourras pas songer plus tard à un autre parcours de vous deux si le cœur te le dit ou même tout simplement que tu bois devant son pif alors que lui tente de résister. Toute cette situation est étrange et si t’avais une clope sous la main, tu t’en aurais bien fumé une mais il faudrait que tu te lèves. T’as la flemme. “Yeah…” Que tu murmures. L’année n’aura pas été tendre avec toi émotionnellement et psychologiquement. Tu vas embrasser le haut de son crâne. “I think we’re done for tonight, right ?” Clairement, tu ne te sens pas d’embrayer sur autre chose.

Tu ne t’étais pas rendu compte que tu étais encore bien crispée, même si bien confortable sur sa poitrine. C’est quand elle passe sa main dans tes cheveux, c’est là que tu te décontractes plus. Que l’air sorti plus aisément de tes poumons. Que tes épaules ne sont plus lourdes tout à coup. “Yeah…” Ca aussi ça te rassure de l’entendre. Tes yeux sont fermés et tu profites de la position dans laquelle vous êtes qui te fait un bien fou. Qu’elle te laisse là à ta guise ça veut dire beaucoup aussi pour toi.

“I think we’re done for tonight, right ?” « Hopefully we’re done forever. » Tu dis après avoir tourné ta tête sur le côté afin de pouvoir parler de manière claire. Tu redresses ton visage ensuite pour respirer un peu mieux même si être étouffé par ses seins est mieux que de respirer à ton avis. Tu vas déposer un baiser sur sa poitrine car pourquoi pas. Et puis tu remontes tes yeux aux siens. « Tu l’imagines où le poulailler ? » Car tu es certain que ça va être fait dans un futur plus ou moins proche. Ca fait du sens. Y’a de la place, y’a toute la place du monde sur votre terrain et ça fait des oeufs. Tu sais pas trop comment ça marche mais tu sais que ça marche. « Ca te dit d’aller faire une balade dehors ? Un peu d’air frais nous ferait du bien… » Et votre terrain est - encore une fois - si grand. Tu as déjà été te balader juste pour marcher dans l’herbe, pieds nus. Pour te familiariser un peu plus avec ce qui est à vous. Tu es soufflé à chaque fois. C’est un bonheur à chaque fois. Vous ne l’avez pas assez fait ensemble encore, tu aimerais bien que ça devienne un truc à vous, un peu comme quand vous prenez des bains ensemble. Pour vous purifier d’une autre manière un peu plus saine, plus proche de la Terre, pour vous reconnecter avec la nature.

« Hopefully we’re done forever. » T’as un bref sourire de coin. “J’en doute.” Et c’est comme ça. Vous êtes comme vous êtes et qui sait ce que demain sera fait. Il y a peut être une autre crise qui vous attend au coin de la rue. Vous n’en savez rien. Un couple qui ne se dispute pas cache forcément quelque chose. Au contraire, vous êtes loin de cacher les choses. Et si la Conversation devait comporter plusieurs sujets, le plus sensible et le plus récent vient d’épuiser vos batteries. Même les bonbons et les chocolats ne peuvent pas résoudre ce manque.

T’apprécies que Jordan relève sa tête pour te regarder. Ca paraît rien mais ça te fait du bien quand même. « Tu l’imagines où le poulailler ? » Tu hausses les épaules. “Quelque part. Je sais pas. J’y ai pas pensé.” Il faut que Jordan apprenne que tu dis beaucoup de choses parce que t’y penses à l’instant T - exactement comme au local où iel a fait une liste de ce que tu radotais sans que tu t’en rende forcément compte. Votre jardin est si grand, y aurait forcément de la place quelque part. T’aurais pas pensé que Jordan aurait pu être opérationnel pour l’idée. « Ça te dit d’aller faire une balade dehors ? Un peu d’air frais nous ferait du bien… » Voilà une bonne idée. Tu hoches mollement la tête. “Je pense aussi.” T’es toute éteinte, t’es surtout éreintée. En plus t’as les yeux qui piquent car ils sont gonflés de tes pleurs. “Je retournerai à Elimbah dans quelques jours.” Que tu dis en te levant du canapé. Y’a pas à dire ; cette maison a beau donner l’impression d’être de ta ville natale, ça n’est quand même pas ta ville ni ta maison d’enfance. “T’es pas obligé de venir mais ça me ferait du bien.” Ton point de chute quand la vie est rude. Tu as l’impression de l’abandonner de plus en plus - alors que tu as juste ta vie bien remplie.

“J’en doute.” Tu le prends dans le sens où ça veut dire que vous serez ensemble toute la vie et que vous aurez encore plein d’occasion de tenter de vous comprendre quand ça va pas. Tu aimes cette vision là. Tu la veux avec toi, pour toujours.

“Quelque part. Je sais pas. J’y ai pas pensé.” Tu hoches la tête, comprenant qu’il ne s’agit que d’une idée comme ça, mais tu sens bien qu’elle va voir le jour pour du vrai celle ci. Ca lui ressemble. La réalité c’est que tu voulais surtout dire quelque chose pour dire quelque chose là et passer à autre chose que vos larmes et cette Conversation. Mine de rien ça t’a donné envie d’aller marcher dehors car au passage, vous pourrez visualiser où le poulailler pourrait se trouver un jour futur. “Je pense aussi.” Et y’a un léger sourire sur ton visage, ravi qu’elle aime ton idée, que tu ne dises pas que de la merde et que vous alliez faire ça ensemble. Car tu as envie d’aller marcher pied nu dans votre immense jardin. Tu sais que ça te fera du bien.

Tu te redresses sur le canapé pour te lever. “Je retournerai à Elimbah dans quelques jours.” Oh ? Tu comprends. Bien sûr que tu comprends qu’elle en ait besoin, c’est là bas qu’elle se ressource quand ça va pas. Vous venez de passer une sacré tempête. Est-ce que vous êtes encore au milieu ? Tu ne penses pas. Le pire est derrière vous. Ou du moins, c’est comme ça que tu le ressens de ton côté. “T’es pas obligé de venir mais ça me ferait du bien.” Tu hoches la tête, appréciant qu’elle t’y invite. Tu ne sais pas trop en réalité. Tu as du boulot et peut être bien qu’un peu de solitude te fera du bien à toi aussi. Tu te sens bien dans ces murs là et tu n’as pas envie de les quitter déjà. Les cartons ne sont plus partout, le studio est quasi fini, il reste quelques éléments de déco à faire oui, mais la maison est à présent tout à fait fonctionnel et très agréable. « Ca te ferait du bien que je vienne avec toi ? » Tu préfères être sûr du sens de sa phrase avant d’y répondre car si elle a besoin de toi, tu iras, y’a pas d’hésitation.

Tu prends sa main alors que vous sortez de la maison, tu y as laissé tes chaussures et tes chaussettes dans le salon. Il fait encore jour dehors, c’est parfait. D’ailleurs, il faudra peut être mettre quelques lumières ici et là car quand il fait nuit, c’est le noir total dans cette immensité.

« Ça te ferait du bien que je vienne avec toi ? » “Ca fait toujours du bien quand t’es avec moi.” Tu réponds rapidement malgré la lenteur de tes mouvements et de ton cerveau. C’est simplement parce que la réponse est claire et limpide ; Jordan n’est jamais une nuisance. Au contraire. Même quand vous vous prenez la tête, c’est lui qui s’en va, pas toi. Sa présence te rassure et te réconforte.

Seulement, le temps que tu le suis jusqu’à l’entrée pour prendre la porte et respirer l’air, t’as le sentiment que ce n’est pas ce que tu veux pour autant. Tu es aussi déchaussée que lui - de toute façon, tu trimbales toujours pieds nus à la maison autant qu’à l’extérieur. Vos mains liées, tu respires un grand bol d’air avant de reprendre. “Mais j’ai le sentiment que j’ai besoin d’y aller seule cette fois-ci.” Pourquoi tu as proposé alors ? Tu n’avais juste pas cette sensation. Tes doigts se serrent autour des siens, comme une demande silencieuse de pardon car ça n’a pas de sens ce que tu viens d’enchainer comme paroles et propositions. Tu traines un peu des pieds pour avancer, tu prends ton temps mais tes épaules sont affaissées, ta nuque tire tout en ayant tout le corps qui devient lourd. T’es vraiment claquée. “T’as prévenu tes amis pour l’ouverture du magasin ? Ca serait cool de les voir.” Surtout Jeremy, oui, on sait, même s’il n’a pas été forcément agréable la dernière fois que tu l’as vu. “D’ailleurs, l’autre jour… Jeremy semblait off.” Cette fameuse journée où vous vous êtes pris la tête pour rien du tout qui a amené à la Conversation de tout à l’heure. Et puis, quand tu dis que Jeremy était off, c’est maigre par rapport aux ressentis que t’as eu. Cette journée est vraiment à bannir des annales sur tous les points de vue.

“Ca fait toujours du bien quand t’es avec moi.” Cette réponse sonne comme du velours sur ta peau. Y’a un doux sourire qui se forme sur ton visage car vraiment, elle sait quoi dire pour faire du bien à ton petit coeur. Et tu ne peux pas lui refuser de venir avec elle. « Je viens avec toi. » Tu souffles doucement avant d’aller embrasser sa joue comme une marque de ponctuation.

Pieds nus tous les deux, main dans la main, tu profites des sensations que la nature te donne. Tu fermes les yeux parfois et tu es certain qu’à un moment tu vas vous arrêter pour vous allonger dans l’herbe. “Mais j’ai le sentiment que j’ai besoin d’y aller seule cette fois-ci.” Oh ? Retournement de situation. T’as vraiment du mal à la suivre parfois et y’a une petite voix dans ta tête là qui te dit, que tant qu’elle veut pas d’enfants, maintenant qu’elle te l’a reconfirmé, elle peut bien changer d’avis sur ce qu’elle veut d’autre quand elle le veut. Tant que ce n’est pas sur un éventuel enfant. Tu sens la pression sur ta main, tu lui rends la même. C’est pas grave. « Okay. J’avais plutôt envie de rester un peu ici aussi en réalité. » Tu avoues car ça ne te semble pas nécessaire de le lui cacher sachant que vous allez tous les deux avoir vos premiers choix au final. Et puis c’est une bonne chose. Ca te rappel combien Birdie peut être imprévisible. Mais - encore une fois - tant que ce n’est pas pour une progéniture, tout va parfaitement bien.

“T’as prévenu tes amis pour l’ouverture du magasin ? Ca serait cool de les voir.” « Oui je leur ai dit, ils vont passer à un moment. Je sais pas s’ils ont pas d’autres plans après pour une soirée un peu plus traditionnelle mais ils vont passer. Peut être même déguisé. » Un sourire se forme sur ton visage car tu trouves ça cool s’ils le font déguisé.

“D’ailleurs, l’autre jour… Jeremy semblait off.” Tu hoches la tête. « Il a quelques soucis ces derniers temps au boulot et je crois que les changements de saisons le réussissent pas de manière générale. C’est toujours au printemps ou en automne que je le vois autant contrarié. Faudrait vraiment qu’il se trouve une fille pour se distraire. Une âme soeur ce serait encore mieux. » Tu le dis sans trop le penser réellement car ce n’est pas facile de trouver la bonne personne pour quelqu’un, mais tu sais que c’est quelque chose qu’il veut et qu’il ne trouve pas. « Tu en es où de mon costume d’Halloween ? Je peux voir ? » Car c’est elle qui gère, elle a carte blanche et puis tu sais que tu seras assorti avec la boutique comme ça.