« Non j’ai eu personne pendant trois ans. » Oh. Mais il ne répond pas à ta première question. T’es sûre qu’il n’a pas été abstinent par choix mais par manque d’envie. Du coup, tu ne comprends pas trop le rapport avec ton idée à toi. “Le plus que j’ai tenu ça devait être un an ou un an et demi. Mais c’était pas de l’abstinence. J’en avais vraiment pas envie.” C’était la seule période de ta vie où tu ne laissais personne te toucher. A part tes proches. Et y’avait quasiment qu’Asher qui avait le droit de te tenir la nuit dans ses bras. Tu ne supportais pas le contact d’inconnus. « Une avec qui j’ai couché. J’en ai embrassé quelques unes autres avant toi. » Comme quoi, on en apprend tous les jours. T’es pas sûre que t’avais ces informations. Non pas que ça change quoique ce soit. Au final, tu te rends compte que Jordan t’a dit qu’il n’avait rien fait pendant trois ans. T’as pris pour acquis que c’était trois ans avant toi mais non, il n’a jamais précisé la période. Mais qu’importe, tout ce que tu comprends est que tu fera ton fun toute seule, comme une grande. T’as besoin de personne pour ça. Dommage que Jordan ne comprenne pas ton point de vue.

« Je vais vomir de bonheur. » Ah, en ce qui concerne Halsey, il est certain que t’aimerai être une petite souris pour voir comment cette rencontre si repoussée et pourtant tant attendue va se faire. Jordan te dira qu’il pourra mourir heureux après ça, c’est bien son genre.

« En voyage à l’autre bout du monde y’a Orlando, t’as pas oublié j’espère. Faudrait qu’on se décide sur quand on y va d’ailleurs comme ça je peux commencer à organiser. » Tu le regardes avec un air désabusé au visage. “Cette année ? On irait cette année ?” Oui, vous en avez parlé mais comme t’en as parlé depuis des années avec Will sans que vous n’ayez jamais franchi le pas. « On peut se faire un truc pas loin ouais. Je sais que tu détestes prévoir en avance mais suffit qu’on aligne nos calendriers… » Tu tends ton bras libre en l’air. “Mon calendrier est mortellement libre. C’est presque déprimant.” Non, c’est seulement que tu ne prévois pas les choses en avance. C’est tout. « Sauf si tu veux qu’on y aille tout de suite. » Tu ricanes en lui tapant le torse. “Dis pas de conneries. Comme si on prendrait Van Gogh et on roulerait des heures et heures pour trouver un coin sympa où on pourrait s’envoyer en l’air en toute tranquillité.” Tu rigoles moins en relevant tes prunelles sur son visage. “T’es sérieux ??” Avant de secouer la tête et la main. “Nonnonnonnon, Jordan Fisher, tu ne vas pas me corrompre, j’essaie d’être une femme d’affaires responsable. C’est pas bien ce que tu proposes là. Pas bien du tout du tout du tout!” Que tu dis avec une fermeté ferme. C’est moche de sa part de te foutre une telle graine dans la tête. Tant que c’est pas dans le vagin.

« Un peu pareil. J’avais un blocage. » Vous avez chacun eu vos lots d’épreuves. Tu lui adresses un fin sourire, signe que vous vous comprenez. La vie n’est pas toujours rose. Il faut parfois la subir. A différentes échelles. Mais vous êtes encore là, vous tenez bon. Pour rien au monde tu aimeras que cela change.
Même si tu persistes à croire que l’abstinence commune pendant une semaine serait drôle.

« Bien sûr cette année, tu veux attendre quoi ? » T’es un peu désabusée. Tu ne t’attendais pas à ce que vous puissiez sauter dans un avion et voler de nouveau aux US comme ça. “Je sais pas. Avec Will, on en a tellement parlé et espéré sans le faire et là, tu me proposes d’y aller cette année directement.” T’as un petit gloussement. “Je crois que je réalise pas qu’on… Enfin, que tu puisses te permettre ça.” Autant dire que pour ta part, tout est parti dans le local et la maison. Les crédits et les tracas à réparer. Heureusement que tu es une adepte du bricolage, de fouiner et chiner pour retaper les meubles et autres décorations. Non pas que tu t’en plaignes car tu ne regardes très peu l’état de ton compte. Tu sais seulement que tu n’as pas les fonds pour aller à Orlando en un claquement de doigts.
Et t’oublie que Jordan, lui, peut. Il a sûrement plus une idée sur tes finances que toi sur les siennes. C’est certain même. Donc quand t’as une proposition comme ça… Ça t'épate, oui.

« Pourquoi pas. »
« Si on veut on peut. »

Il tente beaucoup trop. Avec son air innocent, là. Il se montre impulsif. T’aime énormément. Mais t’as ta conscience qui te rappelle à l’ordre. « C’est vrai désolé. » Tu mords ta joue. “Elle fait chier, la conscience. T’imagine que j’en ai une ?” Même toi, t’es surprise. Mais ça te fait énormément chier. « Mais si on voulait le faire c’était le bon moment. Pile avant d’aller faire les provisions. » Tu pinces tes lèvres. « En réalité on est pas obligé d’aller loin. On roule deux jours et on fait demi tour, on sera chez nous dans quatre jours. Mais c’est pas cool que je te mette ça en tête, tu voulais venir à Elimbah c’était pas pour repartir à peine arrivé. » Il embrasse le sommet de ton crâne alors qu’à l’intérieur, ça fuse. “J’aimerai bien.” Evidemment que t’aimerai bien. “J’ai envie. Je sais qu’y a des jolies routes dans les environs.” Tu les as déjà quasiment toutes faites. “Et ça peut pas nous faire de mal.” Que tu dis en te serrant un peu plus contre lui avant de déposer un baiser sur son flanc à travers ses fringues. “On pourrait planifier notre futur voyage à Orlando comme ça.” Que tu dis avec un petit sourire en resserrant son bras autour de ton épaule.

« J’ai un bon banquier. » Birdie n’y connaît pas grand chose aux banques - à son avis, il faudrait même les boycotter et les brûler car elles dirigent le monde et c’est nul, c’est indécent et ce n’est pas correct. L’idée que ça serait grâce à ces vautours qu’elle pourrait faire d’un de ses rêves une réalité lui arrache littéralement la gueule. Alors elle ne répond rien mais elle ne pense pas que le banquier y soit pour quelque chose. Jordan sait juste très bien gérer son argent. Il l’a prouvé plus d’une fois.

« Vraiment ? » Décidément, ils réussissent encore à se surprendre. Ca fait sourire la jeune femme qui est un peu plus serrée contre lui. « Attends tu veux vraiment qu’on file maintenant ? » Jordan s’arrête carrément sur la chaussée, la forçant à faire de même. “C’est ce que t’as proposé, non ?” Birdie le regarde avec un air un peu désabusé car elle ne fait que confirmer son envie qu’il lui a déroulé. Non ? Elle est certaine de ce qu’elle a entendu. Et lui est surpris qu’elle ne croit pas qu’ils peuvent aller cette année même au parc à l’autre bout du monde, quelle ironie! « Par contre je préfèrerai qu’on planifie le voyage à Orlando quand on sera chez nous. Je veux faire ça sur l’ordi tranquille. » L’oiseau fait la moue, presque prête à taper du pied. « Et je dis pas ça pour reculer l’échéance c’est vraiment que sur le téléphone ça va être chiant. Et je prends pas mon ordi si on fait un road trip. » Okay. Elle plisse les yeux l’air de dire “tu m’as bien eu” car il sait qu’elle a horreur quand il prend son ordinateur. Comme quand ils partent à Elimbah. « Non mais vraiment tu es ok qu’on quitte Elimbah là ? Je veux pas que tu n’aies pas ce que tu es venu chercher ici. » Il est adorable à en crever, elle se dit alors que sa main caresse doucement sa joue. “Je reviendrai s’il faut.” Birdie l’observe avec sa tête relevée vers lui. “Tant que t’es là, ça ira.” C’est surtout avec lui qu’elle veut renouer. Après la conversation de la dernière fois, elle ressent le besoin d’être avec lui. “Tant qu’on se perd un peu au milieu de nulle part et que j’ai tes bras, tout m’ira très bien.” Elle est si niaise, elle réalise. Mais elle est tellement amoureuse aussi.