Tu fais d’une pierre deux coups pour ton déplacement à Sydney. Il se trouve que t’y as un séminaire pour jeunes auteurs qui s’y tient ; ton agent - Remy - qui t’a sous son aile depuis trois mois environ, t’a fortement suggéré de t’y rendre. Pour te montrer, pour te présenter, et surtout pour faire la promotion de ton livre sorti il y a quelques semaines. Ce n’est pas le bestseller de l’année mais il y a déjà eu plus de réactions que tu n’aurais jamais osé espérer. Car des refus, tu en as essuyé. Tu en as une pile entière. Que tu as gardé, pour te rappeler que non, ce n’est pas si simple que cela. Mais t’as réussi assez rapidement malgré tout et ça t’épate autant que ça te plait. Parce que ce livre, c’est ton bébé - celui en papier, en tout cas. Le vrai bébé a été confié à une bonne famille. Tu as veillé à ça. Tu as sélectionné et choisi. Tu espères ne pas t’être trompée. C’est un peu grâce à ce bébé humain que tu as aussi réussi à pondre celui en papier. Des mois et des mois à Elimbah, à déplorer ton corps qui se modifiait et tout ce qui allait avec, c’était long.

Tu en profiteras aussi pour voir Malachi. Fraîchement divorcé de son italienne coincée, il était temps. Tu redresses tes lunettes de soleil sur ton crâne alors que tu entres dans l’hôtel où Remy a réservé ta chambre. C’est un bon, Remy, tu es reconnaissante de son aide, de sa bienveillance et de sa patience envers toi. Il connait son métier et tu lui fais confiance ; c’est lui qui a réussi à te dégoter une maison d’édition, après tout. Tu souris en t’avançant vers la personne derrière son ordinateur au comptoir à qui tu donnes ton nom pour récupérer ta clé. Tu souris légèrement aussi à l’homme présent à tes côtés alors que tes doigts pianotent gentiment sur le comptoir. « JORDAN ?? » par réflexe d’entendre une voix au-dessus des autres et en plus ce prénom, tu tournes la tête vers la source. L’homme du comptoir récupère sa clé et c’est en le suivant du regard que tu le vois.

Effectivement, il y a bien un Jordan. Ta poitrine se serre et tu déglutis avant de te retourner. Par bonheur, la dame te tend ta clé. "Ça sera la 406.” qu’elle dit avec sa petite fluette. Tu lui fais un hochement de remerciement avant de naviguer tes yeux dans le hall pour voir où sont les ascenseurs. Tu cherches à fuir, clairement. Seulement, les ascenseurs, quand tu les repères, tu grinces des dents ; il faut passer devant lui. Tu n’as pas vu qu’il t’avait très bien remarqué ; donc tu presses le pas, tête baissée, filant droit vers la cage de fer. T’avais vraiment pas besoin de ça maintenant.

Ta tête retournes vers Birdie et t’as l’impression qu’elle était tournée vers toi juste avant. En tout cas, elle était en mouvement car ses cheveux volent dans son dos maintenant que tu l’observes de nouveau après avoir donné ton attention une minute à Alister. Qu’est ce que tu fais ? Tu vas lui parler ? Tu as envie de lui parler. Il faut que tu ailles lui parler. Juste pour… voir. Voir quoi ? Tu sais pas. La lueur dans ses yeux sera une bonne indication. Ta valise à roulettes que tu tires derrière toi, tu vas vers elle, peu importe où elle se dirige. Tu te moques de ta chambre que tu viens de récupérer. Tu ne sais pas si elle arrive, elle part, si elle est de passage, tu veux pas louper le coche. Eventuellement tu pourrais lui envoyer un message sur son compte Instagram mais tu es sûr qu’elle t’a mute ou même bloqué depuis le temps. Tu pourras envoyer depuis le compte du groupe OUI tu as déjà réfléchis à tout ça. Rien ne vaut le contact direct.

« Birdie… » Que tu dis alors que tu n’es pas encore à son niveau. Tu t’annonces, en quelques sortes parce que voilà le choc que ça va lui faire de tomber sur toi à Sydney, dans un hôtel. Quelles sont les chances sérieusement ? Elles sont plus mince qu’une feuille de papier. Tu te places de manière à voir son visage un minimum, ses yeux. Pas en face d’elle mais tu vois ses yeux. T’as un peu peur de sa réaction ouais… « Hi… » Que tu murmures alors que tu es encore bien ailleurs. Elle est encore plus jolie de près et vraiment… Tu sais pas comment tu as tenu une année sans la voir, sauf que tu n’avais pas le choix. C’est la vie. Mais qu’elle soit devant toi là c’est… quelque chose. Tes yeux scrutent les siens, tu as envie de lire à l’intérieur tout ce que ses lèvres ne feront pas. (outfit)

(outfit) « Birdie… » et merde. Visiblement, pour la discrétion, on repassera plus tard. Jordan t’a vu et visiblement, il est en train de suivre tes pas jusqu’aux ascenseurs. Tu ne peux que le supposer mais maintenant que tu sens son regard sur toi, tu as l’impression de pouvoir juste le sentir. Comme ça. Il faut dire que sans lui, d’une façon ou d’une autre, tu n’aurais jamais pu pondre ton bouquin. Jeu de mots que tu aimes faire pour ironiser la situation. Pour éviter de dramatiser le fait que tu as abandonné un enfant - non, tu ne l’as pas abandonné, tu lui as donné une meilleure condition de vie. Ce n’est pas pareil. Rien n’aurait pu aboutir. Tu as démissionné quelques semaines après avoir vu Jordan pour la dernière fois avant de t’isoler à Elimbah. Tu avais besoin de te recentrer sur toi - et aussi de te faire dorloter par ta fratrie qui a du te supporter au travers de ta grossesse pendant de longs mois. Quand ils venaient te rendre visite. Lila a été la plus mignonne, à persister de te répéter qu’elle peut travailler de n’importe où donc que ça la dérange pas de rester avec toi. Aurora et Elwyn ont leur travail, rendant les choses moins faciles pour eux, mais ils sont un soutien indéfectible. Aurora t’a aidé dans la démarche pour l’adoption et Elwyn s’est occupé de te trouver mille et une activités pour te changer les idées. Heureusement que tu n’as pas été de celles qui grossissent tellement qu’elles sont incapables de bouger.

Mais cela n’empêche pas que c’est à cause du type qui s’est posté à ta diagonale alors que tu restes raide comme un piquet en face des portes de l’ascenseur qui ne s’ouvrent toujours pas. « Hi… » alors tu vas appuyer sur le bouton, une fois puis deux et peut-être trois même si ça ne le fera pas venir plus rapidement. Ta main sur le manche de ta valise se resserre alors que le temps paraît absolument tortueux et long. Tu n’as pas envie de lui parler, ni même de le considérer. Jordan n’est pas idiot, il fait le calcul, il sait que tu n’es plus enceinte. Il ne mérite pas que tu tournes la tête vers lui et que t’uses de la salive pour lui parler. Oui, tu as encore de la rancoeur, même un an après. D’autant que tu as entendu parler de lui malgré toi. A la radio, tu l’as entendu. Lila aussi t’en a parlé, ferrue de musique qu’elle peut être. Tu n’as rien dit. Tu n’as évoqué à personne que c’est lui le père. Pourtant, la question t’a été posée, plusieurs fois. Tu n’as pas voulu répondre. Ça ne comptait pas. Il ne souhaitait pas en entendre parler de toute façon. Et toi, tu ne voulais pas entendre parler de lui en retour. Le plan était parfait - mais il a fallu que tu l’entendes malgré tout. Tu l’as détesté encore plus.

Et maintenant, il est juste derrière toi. Les portes s’ouvrent enfin. Tu rentres dedans sans un mot.

Tu entends le bip! de l’ascenseur signalé qu’il est enfin arrivé. Tu rentres dedans. Il y a un type qui parle pas très loin et il a l’air de s’adresser à Jordan. Tu crois le reconnaître vaguement puisque tu l’as déjà vu sur scène. Tu conclus que Jordan est là avec sa bande. « Je vais aller… J’arrive dans pas longtemps. Montez sans moi. » son camarade bloque l’ascenseur et t’étais prête à dire quelque chose pour qu’ils se décident car tu ne comptes pas attendre que ces messieurs se décident. Mais la phrase de Jordan réussit à conclure un débat qui ne s’est pas éternisé et te voilà en train de le regarder fixement avant de détourner les yeux quand les portes se ferment. Tu as l’air de retrouver une certaine respiration mais tu détournes encore plus ta tête. Il ne manquerait plus qu’un de ses comparses te reconnaisse d’une façon ou d’une autre. Pour t’avoir vu avec lui. Mais c’était y’a longtemps. Tu n’es qu’à peine un souvenir pour eux. Mais visiblement pas pour Jordan.

Son regard te poursuit dans ta tête et tu secoues la tête pour l’évacuer de ton esprit. Mais quand tu vois que ses mates s’arrêtent au même étage, tu lèves les yeux au ciel ; vous allez être à quelques pas l’un de l’autre. Plus proche que vous ne l’avez jamais été depuis un an. Un an sans se croiser, majoritairement dans la même ville, et voilà que quand tu te déplaces ailleurs, il faut que tu tombes sur lui. Tu rentres rapidement dans ta chambre ; petite mais suffisante. Tu ne comptes pas y passer tout ton séjour. Certainement pas si tu sais qu’il n’est pas loin. Après tout, même si tu veux l’ignorer et que tu as réussi avec brio jusqu’à maintenant, on ne peut pas en dire la même chose maintenant que tu sais qu’il est à portée de main.

T’es en train de sortir ta trousse de toilettes quand tu entends un bruit venir de la porte. Curieuses, tes prunelles se tournent vers la source du bruit pour y voir un papier glissé sous l’encadrement. Tu l’attrapes en sachant pertinement qui a pu te le transmettre. Tu n’es pas stupide. Il avait envie de te parler mais ton silence a été suffisant pour qu’il n’insiste pas. Tu pourrais continuer. Ne pas lire. Mais tu restes curieuse. Un mot ne t’engage à rien. Il n’est pas là pour voir si tu le lis ou non. Tu pourras l’ignorer si jamais ça t’arrange. Tes yeux lisent rapidement sa jolie écriture et tu le fixes avec insistance même quand tu as fini. Jordan est persistant malgré tout, tu peux lui donner ça. Tu es étonnée de lire qu’il t’a lu. D’autant que ça parle de grossesses et d’abandons, tu n’aurais pas pensé qu’il aurait osé le lire. Mais apparemment oui. Dans le fond, tu es flattée. Tu aimerais pouvoir dire la même chose - non, c’est faux ; t’as trouvé bon les titres que tu as pu avoir été contrainte d’entendre malgré toi. Sa voix résonne toujours en toi, te faisant toujours réagir d’une façon ou d’une autre. Tu soupires tout en te jetant à plat dos sur le lit.

Parce que tu sais que tu ne vas pas pouvoir t’en empêcher. Tu vas t’y rendre, au Crowbar vendredi prochain. Tu resteras dans ton coin, tapis dans l’ombre. Juste pour profiter d’un meilleur souvenir de lui. D’une image plus glorieuse que celle de son dos se refermant derrière la porte. Tu te détestes déjà si fort.

Tu priais à chaque fois que tu naviguais dans l’hôtel - à savoir le banal trajet entre ta chambre et la sortie - de ne pas le croiser. Sachant qu’il est à ton étage, mais ignorant à quelle chambre, tu espérais ne pas tober sur lui. Par bonheur, vos emplois du temps semblaient se mettre au travers de vos retours et c’est tant mieux. Il fallait que tu sois concentrée pour le séminaire. Tu dois t’y montrer, parler avec d’autres auteurs, apprendre mais surtout, Remy te l’a bien précisé, promouvoir. La prochaine fois, tu lui diras de venir ou au moins de te faire accompagner et entraîner en amont parce que tu as été un peu désabusé par toute la situation. Remy finit par arriver deux jours après toi à force de sos que tu lui envoyais. Jusqu’à présent, tu étais restée majoritairement à Brisbane et tu t’étais cantonnée aux librairies. Remy juge que ce n’est pas suffisant et il veut que t’aille toujours plus loin. La maison d’édition aussi. Tu te plies à leurs règles, demandes et conseils car ils savent mieux que toi. Si tu peux vivre d’une de tes passions, tu en seras très heureuse. Et il y a pire que de s’adresser à des jeunes auteurs qui, comme toi, cherchent à percer. A devenir la prochaine JK Rowling. Tu te raccroches souvent à son histoire. Elle nourrit l’espoir. Même si toi, ton univers n’a rien de sorcier. Il y a du pittoresque mais ce n’est que pour faire passer les épreuves de ton héroïne. Qui se retrouve sans rien mais qui vit dans son monde pour reprendre son existence. Elle aussi est enceinte, elle aussi a été abandonnée ; il a bien fallu que tu évacues tout ce que tu pouvais ressentir. La seule différence est qu’elle n’a pas eu de famille pour la soutenir. Elle a erré dans son van, croisé des gens douteux, des personnalités multiples. Mais c’est un livre qui se veut rempli d’espoir et elle, elle garde son enfant à la fin. Le père est évoqué. Il apparaît sous les formes d’un poète torturé qui n’arrive pas à écrire avant de la rencontrer. Et de la lâcher une fois son inspiration retrouvée. Parce que c’est le sentiment que tu as eu avec Jordan. Tu n’as pas non plus voulu écrire une autobiographie mais tu t’es fortement inspirée de ton histoire.

(outfit) Quand le vendredi arrive, tu es nerveuse. Remy t’a demandé les raisons et tu t’es retrouvée à lui expliquer. Dans les grandes lignes. Il sait que tu as été enceinte il n’y a pas encore longtemps. Mais il n’est pas obligé de savoir que Jordan Fisher est le père. C’est un secret que tu gardes, comme une honte de t’être fait avoir par un chanteur. C’est affligeant, d’autant que tu n’es même pas une groupie. Ou plutôt, tu l’étais mais seulement pour lui. Tu as demandé à Remy s’il pouvait t’accompagner. Tu te sentiras mieux que d’y aller seule. Tu paraitras moins stupide. Ce dernier n’y voit aucun inconvénient. Il juge même qu’un peu de détente ferait du bien après la semaine passée. C’est donc accompagné que tu arrives dans la salle. Ton nom était bien dans la liste des invités. Tu restes soufflée de voir et de constater à quel point Jordan déploie quelques efforts pour que tu viennes à lui. La salle n’est pas bien grande, elle te rappelle celles où vous vous êtes croisés. Des salles intimistes où il est facile de se mettre sur le côté pour être discret. Ou pas. Jordan voit mieux son public dans cette conjucture que dans une salle plus grande. Remy va vous chercher quelque chose à boire alors que vous êtes arrivés pile au moment où les lumières commencent à s’éclipser. Il faut dire que tu as hésité jusqu’à la dernière minute.

Tu avais oublié les sensations que c’est de le voir performer. Il est dans son élément, ça se sent. Plus que d’être avec moi enceinte, que tu penses avec un goût amer dans la bouche que t’essaies de noyer à coup d’éthanol de ta bière que tu montes à tes lèvres. Les paroles te frappent et résonnent. Tu restes jusqu’au bout. Pourtant, les trois dernières t’ont retourné plus que les autres. Qu’est-ce qu’il essaie de dire, là ? Qu’il pense à toi ? Qu’il est attaché à toi ? Tu as envie de rire tellement que c’est absurde. Il aurait pu te contacter ; il a ton numéro. Mais est-ce que tu aurais répondu ? La surprise aurait fait que non. De quoi as- tu peur ? De tout. “C’était sympa.” te dit Remy en finissant sa deuxième bière de la soirée. Tu as toujours  les yeux sur la scène alors que le groupe fait un dernier tour en soupirant légèrement. Tu ne sais pas si Jordan t’a vu. Si c’est le cas, il a été parfait pour ne pas le montrer. Vous n’êtes pas devant. Vous êtes même sur les côtés. Tu as fait en sorte de ne pas être dans une quelconque lumière. I will wait, I’ll wait for you. La dernière chanson, cette parole qui repasse en boucle, tu déglutis. “On rentre ?” bonne question, Remy. “Je… Je dois aller voir un truc. Tu m’attends ?” parce que tu ne veux pas rentrer seule. “Okay. Je serai près du bar. Ne traîne pas trop, tu as ton dernier jour au séminaire demain.” t’aurais pu lui répondre avec sarcasme oui oui, chef mais tu te contentes d’hocher la tête pour filer vers un accès à l’arrière. Tu ne sais pas si y’a des loges mais en tout cas, tu réussis à trouver l’arrière de la scène. Tu le cherches du regard avant de le voir à quelques pas de toi avec ses gars. En espérant simplement qu’il tournera la tête vers toi. Si c’est le cas et qu’il s’approche, il sera accueilli par un “what are you doing ?” aussi stoïque que blasé.

Tu l’as interrompu ? Oopsie. Tu n’es pas désolée. Il vient d’interrompre ta propre existence pour la deuxième fois. Il te perturbe, il te revient à l’esprit, il te chamboule. Et tes opales claires ne peuvent que tomber sur la forme de son dos qui est d’abord à ta pleine vue. Evidemment qu’il va être torse nu. Tu vas croire qu’il le fait exprès. Tu n’es pas nombriliste mais s’il y a bien une chose qui vous fait mutuellement réagir, ce sont vos corps respectifs. Le manque se fait sentir. Tu remontes tes yeux alors qu’il se retourne. Tu ne flanches pas. Tu as les bras croisés et le buste redressé. Position de défense sous ta poitrine parce que toi aussi, tu peux toujours jouer. Tu as retrouvé tes attributs physiques, ta poitrine menue, ta taille fine. Tout est revenu dans l’ordre car tu as un bon métabolisme et que l’alien ne t’a pas fait prendre trop de kilos.

Jordan finit par s’approcher de toi. Tu gardes tes prunelles sur son visage bien que la tentation de dériver est grande. Tu n’aurais pas pensé que tu aurais été si nerveuse à le retrouver. « Hi… » décidément, il ne sait que te saluer. Tu as l’impression qu’il t’a transmis plus de messages par son papier et ses chansons que les deux fois où tu l’as croisé. Il faut dire que la première fois, tu ne lui en as pas vraiment laissé le temps. « You came… » il a l’air complètement étonné de te voir. “Yeah, for the booze.” ouais, c’est ça. Tu te sens ridicule. Qu’est-ce que tu fous ici ? Mais tes prunelles dérivent sur son torse et ça te rappelle que tu as été pauvre en relations intimes depuis trop longtemps. A year. Tu as eu la tête ailleurs. Sure. Tu relèves tes yeux sur son visage ; t’avais presque oublié à quel point il est beau. Votre fils a ses traits. C’est la première chose qui t’a frappé quand tu as posé ton attention sur lui. Juste avant de le regarder partir dans les bras de parents qui le veulent vraiment. “You look great.” car c’est vrai mais en plus, tu n’as rien d’autres de mieux à dire. Oh tu pourrais lui redemander ce qu’il fait. Le but de sa manœuvre. Mais tu n’es pas certaine qu’il le sache lui-même. T’en sais rien. Tu ne comprends pas. Tu croyais que t’étais du passé pour lui.

« You look… More than great. That dress… » oh tu le vois. Il n’y a que ses prunelles bleutées qui te permettent de donner l’impression d’être complètement nue même camouflée. Il faut dire que tu montres ta peau et ses recoins dès que tu en as l’occasion. Est-ce que tu l’as fait en connaissance de cause ? Peut-être. Tu allais avoir chaud, parce que la salle allait être blindée et que t’allais boire. Juste pour ça. Seulement, sa vision si proche te rappelle que ce n’est pas comparable au feu que lui peut créer en toi. Tu n'as pas prévu de flancher. Tu cherches juste à comprendre et savoir ce qu’il te veut. En finir une bonne fois pour toute. Mais est-ce vraiment la fin que Jordan cherche ? A ton sens, il cherche justement de nouveau le contact. Avec ton esprit ou ton corps, ça reste à définir. Tu n’oses même pas imaginer un troisième critère. Il est hors limite. “I know.” que tu rétorques, toujours aussi droite. Certaine de tes attributs. Ceux-là même qui le font lui lécher les lèvres. Tu notes le mouvement. Le manque commence à se creuser. Il n’y a que Jordan pour éveiller ça. Ta libido s’est faite la malle il y a longtemps et tu as vécu des mois tellement intenses que tu n’as peu ni voulu chercher des relations intimes. Tu aurais pu prendre ce que tu as sous la main en l’apparence de Remy mais tu as trop de seins et pas assez de couille pour lui. C’est malheureux mais au moins, ça n’entache pas votre lien professionnel. C’est mieux comme ça. Et puis, tu peux t’en passer.

« I read your book… » ça aussi, tu le sais. Il l’a écrit sur le papier. Tu l’avais deviné quand il a noté qu’il avait aimé. Est-ce qu’il s’est senti visé ? Est-ce qu’il a eu un minimum de compassion pour toi ? Ou pire, de la pitié ? Tu n’en sais rien. Tu ignores que Jordan t’as suivi à distance. Tu n’as même pas cherché à le bloquer sur instagram. Tu t’en fichais. Et surtout, tu pensais que lui aussi s’en fichait de toi. Tu n’étais que la meuf qu’il a foutu enceinte et dont il n’aurait pas pu être l’ami si tu avais gardé le gamin. Votre fils que tu te répètes, comme pour le rendre plus humain, plus réel. Mais c’est moche, la réalité, et ne cherchant pas à le voir ou le contacter, tu préfères rester dans l’abstrait. Tout ça pour souligner que tu es surprise qu’il ait pensé à toi, lu ton bouquin et que maintenant, il cherche à te voir. « Is it autobiographical…? » ah, nous y voilà. Mais avant que t’es le temps de répondre, un type sortant de nulle part débarque dans la conversation.

« Hey Jordan great show. » tu dérives ton regard ailleurs, l’air légèrement blasé ; il ne faudrait pas lui faire croire que tu as toute ta soirée voire même ton existence entière à lui consacrer, n’est-ce pas. « Thank you. » tes doigts tapotent sur tes bras alors que tu attends que l’intrus se barre. « I’ve put some champagne in your dressing room. Enjoy the rest of the night. I see you tomorrow. » le type te fait un signe de tête auquel tu réponds, histoire d’être un minimum polie, avec un sourire un peu tiré et clairement forcé. « Do you want some champagne? » tu passes une main dans tes cheveux. “Yeah, autant ne pas être là pour rien et en profiter." le champagne a intérêt d’en valoir la peine alors que tu suis Jordan vers ladite loge. J’entends que tu espères que vous n’allez pas être dérangés. Seulement parce que vous avez des choses à régler. Ou en tout cas, Jordan est curieux - parce qu’on ne peut pas dire que toi tu le sois vraiment. “Il a intérêt à être bon.” que tu murmures légèrement. Est-ce que tu ne réponds pas encore à sa question précédente volontairement ? Totalement.

« Je te laisserai voir avec le type du label. » comme si tu n’as que ça à faire. Tu joues les compliqués, surtout dans ta tête à vrai dire, car on ne peut pas dire que tu sois très loquace avec Jordan. Tu te demandes ce que tu fous là. Pourquoi tu es ici et pourquoi tu le suis. Pour tes yeux dérivent aussi sur son dos aussi facilement, descendant de nouveau sur ses reins et sa croupe… Non, ce n’est pas le moment de te rappeler à quel point il est magnifique et que tes mains l’ont parcouru plus d’une fois. Les pensées vont ramener l’envie, tu le sais, tu as eu le temps de vivre mille et une fois en un an.

Vous arrivez à la hauteur de la porte où il y un brouhaha qui perce la porte. Tu fronces des sourcils car tu n’aurais pas pensé qu’il y aurait du monde. « There’s a lot of people in there. You sure? » Jordan te le confirme mais surtout, Jordan vient établir le contact sur ta main. Tu baisses la tête dessus avant de la relever un air interrogateur. “What are you doing ?” que tu répètes. Jordan cherche quelque chose. Que ce soit sur ton livre ou ton cul, ça commence à durer depuis trop longtemps à ton goût - même si dans le fond, tu aurais été bien plus déçue s’il t’avait simplement ignoré. Savoir qu’il recherche ton attention te flatte dans un certain sens. Mais tu ne veux pas qu’il te manque de respect. Ni même qu’il ne te voit que comme la pondeuse de son gosse envers qui il aurait pitié. Parce que ça, tu n’en veux pas. “I was hoping to be alone with you. You seem to have questions and it’s taking too much time already. I want to know what you’re doing. With you coming after me. Why am I here ? I’m not pregnant anymore so I’m interesting to you again ?” est-ce qu’on peut être amis ? Est-ce que tu veux plus ? Qu’est-ce que tu cherches ? Est-ce que tu joues de moi ? C’est toi qui finis par poser tes questions sur le pas de la loge toujours fermée derrière la porte. Une pièce blindée qui ne peut pas aller en adéquation avec cette potentielle conversation. Ce n’est qu’une conversation. Ça n'ira pas plus loin. Alors pourquoi ton palpitant s’embrase quand tes yeux dérivent sur ses lippes ? Réaction chimique normale ; ça a été prouvé et démontré que Jordan est séduisant à tes yeux. Un an après, ça n’a pas changé. Encore moins alors que tu n’as eu aucun rapport depuis trop longtemps.