“Hey! Ca sort d’où, ça ?!” Mais elle ne te laisse pas filer et tu ne comprends pas qu’elle capte pas d’où ça sort. Elle l’a bien entendu en tout cas, ta contrariété. Tu ne l’as pas bien caché faut dire Jordan. C’est sorti tout seul. Tu fais bien des efforts ce soir malgré que tout ne soit pas facile et tout porte à croire que tu n’y arrives pas. Tu n’es pas aussi fort que tu ne le voudrais. Tu as tes limites et tes besoins toi aussi. Tu as aussi le coeur brisé de la voir si mal sans savoir quoi faire pour elle. Elle qui se joue de toi, ou en tout cas c’est l’impression que ça donne. “Si tu voulais pas me rendre service, t’avais qu’à dire non.” Tu fermes les yeux. Tu ne veux pas partir sans explication mais tu ne veux pas non plus parler sans réfléchir cette fois ci. Elle va vraiment pas bien. Tu le sais. Tu te le répètes. Tu l’as vu. Tu l’as ressenti. « I’m sorry. » Tu dis enfin après quelques respirations profondes. « I’m sorry… I’m a bit on edge… I’m sorry. » Tu réponds avec sincérité. Tu te calmes doucement. Tu te répètes en boucle qu’elle va pas bien et qu’une crise de nerfs de ta part ne ferait pas bon ménage mais… c’est pas évident. C’est beaucoup d’émotions tout ça, ça se mélange, s’entrechoque, ça fait des étincelles comme juste avant là. Ne pas parler avant d’avoir tourner sept fois la langue dans sa bouche Jordan hein. Penses y un peu plus. C’est pas le moment de craquer, elle a besoin de toi. Te calmant, tu masses les paupières oubliant que tu es maquillé, tu t’en fou partout. Tu t’en fou pas mal en réalité. T’as des soucis bien plus grand qu’un maquillage ruiné. Vous avez pris les photos au moins ça a été immortalisé. Pas sûr que tu veuilles te souvenir de cette soirée à l’avenir mais tu enverras la photo à Maggie comme tu l’as dit plus tôt. « I’m really sorry. » Que tu répètes, tu as peur qu’elle ne te croit pas et qu’elle reste braqué sur ta remarque impulsive. Tu veux pas que la soirée soit gâché par ta faute même si là, tu n’as qu’une envie, c’est de rentrer. Tu resteras pour elle et tu tenteras de mettre un masque avec un sourire comme elle le fait. Sauf que tu ne te penses pas être aussi doué qu’elle. Au fond de toi tu la revois installée au bar n’être que l’ombre d’elle même et t’as envie de pleurer.

Ton regard sur Jordan dont la réaction t’échappe. Beaucoup de choses t’échappent en ce moment. Tu es à côté de la plaque, de tes pompes et certains diront que c’est normal car t’es Birdie Cadburry. Mais il y a quand même des différences. Des différences que Jordan a sûrement dû noter sans même que tu t’en aperçoives. Mais tu n’as pas vu qu’iel te couve du regard quand tu n’es pas près de lui. Tu n’as remarqué à quel point ton jeu de façade s’est effrité quand tu t’es éloignée. Tu es complètement déconnectée mais pas assez pour ne pas répliquer face à la remarque que tu juges injuste et brutale de la part de ton partenaire. Rappelle-toi que tu ne lui as toujours pas dit la raison de tes caprices soudains.

« I’m sorry. » Ton coeur se calme en entendant ça. La dispute n’était pas loin mais ce n’est pas le lieu et encore moins le moment. Pas un jour comme aujourd’hui où c’est l’amour sous toutes ses formes qui triomphent du mal. Ceci dit, heureusement que c’est Jordan qui redescend en pression car vous savez qu’entre vous, ce n’est pas sur toi qu’il faut compter pour le faire. « I’m sorry… I’m a bit on edge… I’m sorry. » Ses prunelles sont clos, ses épaules sont affaisés et tu te dis qu’au final, Jordan aurait été mieux tout.e seul.e qu’avec un boulet comme toi à sa cheville. Tu l’avais prévenu ; tu serai d’une mauvaise compagnie. Pourtant, aujourd’hui, tu fais des efforts. « I’m really sorry. » Tu restes plantée devant lui à le scruter sans rien dire. Tu as envie de savoir pourquoi iel se sent comme ça. Mais avant. “Come with me.” Que tu dis en prenant sa main pour l’amener avec toi vers le bureau un peu plus loin pour récupérer ton prix. “Je viens récupérer ceci.” Tu glisses ton bon sur le bureau que la dame regarde avant d’hocher la tête et de partir chercher le script. “Si tu pensais que je me foutais de toi…” Tu commences à dire sans le regarder et en lâchant sa main pour prendre le précieux document que l’on te tend. “T’avais tort.” Tu te tournes vers lui en lui tendant le script. “Je voulais juste gagner du temps. Surprise.” Mais t’as un sentiment un peu amer de toute cette situation. Tu ne comprends pas pourquoi Jordan est sur les nerfs. Par ta faute ? Evidemment. C’est toi qui lui pourrit l’existence en ce moment. Qui ça pourrait être d’autre ?

“Come with me.” Elle n’envenime pas les choses comme elle peut très bien savoir le faire parfois. Tu te souviens que trop bien de ce moment dans le Uber retour de l’aéroport après son voyage à LA l’an passé. Elle a rajouté et rajouté et rajouté jusqu’à ce que tu en exploses très fort. Trop fort. Oh oui trop fort. C’est l’unique fois où tu t’es retrouvé dans une rage pareille avec elle. Mais pas ce soir. Vous êtes redescendu, dieu merci. Sa main dans la tienne te fait un bien fou mais il va être difficile pour toi de retrouver le sourire et tu t’en veux d’avance. T’es juste terriblement triste pour elle et tu n’arrives plus à le cacher. Tu es tombé de haut de voir que tout ça n’est qu’un trop beau masque sur son visage. Tu avances avec elle sans réfléchir, tu regardes pas où vous allez, tu lui fais confiance. Si elle vous mène droit à votre mort et bien au fond ce serait pas une mauvaise option pour toi là.

“Je viens récupérer ceci.” Ton coeur bat vite mais c’est pas parce que tu comprends ce qu’il se passe car ce n’est pas le cas. Ton coeur bat vite car les émotions sont sans dessus dessous dans ta personne là. “Si tu pensais que je me foutais de toi…” Hein ? Pourquoi elle revient là dessus ? C’est très clairement ce qui t’a fait vrillé. “T’avais tort.” Elle défait sa main de toi pour récupérer un truc. “Je voulais juste gagner du temps. Surprise.” « Quoi? » Tu es toujours aussi confus. Tu regardes ce qu’elle te tend. Tu lis. Tu mets un moment à comprendre et à joindre tout les points ensemble. Tu relèves la tête pour voir où vous vous trouvez, tu vois la liste des lots pour les enchères dont ce script… Qu’elle vient de gagner pour toi.

Tu viens de vriller alors qu’elle faisait juste ça pour te faire un cadeau. Un beau cadeau. Un très beau cadeau. Et tu te sens comme la pire merde de la Terre. Les larmes coulent sur tes joues et vraiment si ton maquillage était pas assez ruiné, là c’est le pompom; Il n’a pas mis du waterproof, c’est une jolie peinture à l’eau à présent oui. Tes vannes sont ouvertes. Tu as pas mal à évacuer, c’est beaucoup d’émotions, trop d’émotions. « Thank you. » Que tu arrives à prononcer alors que tu tentes de sécher tes yeux mais sans grand succès vu que les larmes n’ont pas l’air d’avoir envie de déjà s’arrêter. Ce n’est pas des gros sanglots mais c’est plutôt intense même si c’est silencieux. Ta respiration se fait bien entendre. Tu as tellement tout gâché Jordan. Tu t’en veux à un niveau abyssal. Tu t’en veux aussi de te rendre compte que tu n’es pas un aussi bon pilier pour la soutenir que tu pensais être. La preuve. Tu es effondré devant elle. Il est loin le pilier. C’est un petit tas de pierres, c’est tout ce que c’est. Et t’es pas fier de toi. Du tout.

« Quoi? » Inutile de lui répondre. Jordan va comprendre quand ses yeux liront ce qu’iel tend entre ses mains. Tu ne pouvais pas ne pas penser à lui. C’est peut-être irréfléchi, surtout en ce moment, mais qu’est-ce que tu t’en fous. Tu n’as pas besoin de cadeaux pour savoir que Jordan t’aime mais tu avais l’instinct qui te criait que c’était pour lui. La vie est une comédie musicale, non ? Cependant, ton cœur est lourd car tu réalises que t’en as fait tellement que ça a foutu un coup à ton partenaire en même temps. T’aurais dû trouver mieux. T’aurais pu mieux faire. Mais le résultat est là ; t’as gagné et c’est à Jordan. « Thank you. » Tu te sens impuissante face à ses larmes qui perlent. Tu refuses de laisser couler les tiennes. Mais voir ton partenaire craquer te rend compte à quel point vous êtes à cran tous les deux et tout ça, par ta faute. “Pas la peine d’en être aussi émotif. C’est juste un morceau de papier.” Ton timbre essaie d’être léger. Ce n’est pas une grande réussite et tu ravales ta salive autant que tu le peux.

Tu ne te sens pas légitime mais te voilà en train de l’attirer contre toi. C’est toi qui déprime depuis des jours mais c’est Jordan qui a besoin d’être réconforté. C’est presque le monde à l’envers. Tu embrasses sa joue avant de passer tes pouces sur ses deux joues. “Voilà pourquoi j’aime pas le maquillage. On devient un vrai tableau de Picasso une fois que nos émotions prennent le dessus.” Entre autres. Tu n’aimes vraiment pas ça pour d’autres raisons qui sont complètement inutiles à énumérer maintenant. “J’ai pas été très habile sur ce coup… Désolée, la technique a été foireuse. J’ai dû improviser et… Je fais que de la merde t’façon.” Que tu souffles en baissant les yeux. Tu remets bien trop de choses en question, Birdie. Will qui part, Heather qui a un accident, Jordan qui s’effondre, t’as juste l’impression de garder tout, d’emmagasiner, de supporter tout ça sans retour. Il faut dire que tu ne demandes pas non plus. C’est typiquement toi, de toute façon. “Je pense que ça serait mieux si je rentre.” Tu ne fais que t’inclure toi car peut être que Jordan va vouloir profiter un peu plus. Tu as vu ton partenaire pleurer à cause de tes mauvais calculs, de ta connerie. Autant essayer de limiter les dégâts.

“Pas la peine d’en être aussi émotif. C’est juste un morceau de papier.” Tu sais qu’elle essaie de dédramatiser la situation car tes larmes sont grosses. Tu en as gros sur le coeur et ça se ressent. C’est un tout, bien évidemment. C’est surtout toute la peine que tu as de la voir si mal. Y’a quelques regards vers toi car vous êtes dans un lieu public mais très clairement là, tu es dans ta bulle de tristesse et tu en as rien à foutre qu’on te voit sous ce jour là. Tu as juste besoin d’évacuer, de te laisser traverser par ces émotions que tu gardais en toi.

Elle te prend contre elle et ça te fait un bien fou. Tu la serres avec force car bon sang ce que tu l’aimes. Bon sang ce que tu voudrais pouvoir faire plus pour l’aider. Etre témoin de sa peine est une torture. Tu sais que le départ de Will lui en a mis un coup car une partie de toi se dit que c’était plus simple à la mort de Dan. Tu ne te rends pas compte qu’il s’agit là d’une accumulation pour elle. Tu n’as pas assez de clarté d’esprit pour le réaliser là. “Voilà pourquoi j’aime pas le maquillage. On devient un vrai tableau de Picasso une fois que nos émotions prennent le dessus.” Un faible sourire se forme sur ton visage car c’est beau ce qu’elle dit là. C’est très vrai aussi. Tu apprécies sa douceur et sa force aussi… Tu t’es effondré face à elle mais elle est toujours là, droite, à prendre soin de toi. Y’a pas deux flaques par terre, y’en a qu’une, la tienne. Avec ton petit tas de pierre alors qu’elle est un vrai bloc solide elle. Tu ne réalises pas non plus qu’elle garde tout en elle alors que toi tu te laisses traverser par les émotions.

J’ai pas été très habile sur ce coup… Désolée, la technique a été foireuse. J’ai dû improviser et… Je fais que de la merde t’façon.” Tu t’essuies de nouveau le visage car ça y est, tu es calmé même si ton nez est coulant. Ca part sans soucis avec la manche de ta robe. “Je pense que ça serait mieux si je rentre.” Tu attires son corps contre toi. Tu poses ta tête contre la sienne. Tu caresses son dos même si une de tes mains tiens le script. « Si c’était pas maintenant ça aurait été plus tard. » Tu frottes doucement son dos pour tenter de la rassurer alors que cette étreinte c’est elle qui l’a engagé pour te réconforter toi. Vraiment on sait plus qui a besoin de soutiens là. Tous les deux, c’est certain. « C’est mieux que ce soit maintenant, comme ça c’est fait. » Tu avais un trop plein depuis un moment, tu le sais. Tu te connais. Tu déposes un baiser de nouveau sur le dessus de sa tête, dans ses cheveux. « I feel a bit better now… » Juste un peu car tu te sens comme une merde en réalité au fond de toi, mais du fait qu’elle n’ait pas l’air de t’en tenir rigueur de tout ça, elle est absolument la meilleure moitié de votre tout. « I’m really sorry, I’m just a big ball of feels… » Ce qui n’est rien de nouveau, elle te connait. « Est-ce que j’ai vraiment l’air de Picasso ? » Tu demandes avec une petite moue dans la voix. Tu es conscient que ça doit être complètement niqué. « Heureusement que Teddy est pas là. » Car il y a mis du temps, mais pas de ta faute si t’es un être humain vivant avec des émotions. Tu ne t’excuseras pas pour ça.

« Si c’était pas maintenant ça aurait été plus tard. » Jordan te garde contre lui et ton regard part derrière lui alors que l’étreinte se poursuit. Tu te demandes si c’est à cause de toi qu’iel se met dans cet état. Ou alors c’est un tout avec ce qui s’est passé depuis le début de l’année, ou le début de sa vie. Tu ne sais pas trop mais voilà que tu portes la culpabilité sur tes épaules sans rien dire car c’est toi l’électron merdeux en ce moment. « C’est mieux que ce soit maintenant, comme ça c’est fait. » Ton partenaire essaie vainement de te réconforter par les gestes mais tu as fait de la merde, personne ne le nie. Même pour offrir un cadeau dont la surprise a été ruinée parce que t’es bête. T’es vraiment trop conne, pourquoi tu ne peux pas agir normalement pour une fois ? « I feel a bit better now… » Tu secoues la tête, silencieusement. Les mots manquent. Les pensées ne sont pas forcément belles. Tu n’es qu’une gourde. A quoi tu sers à part rester plantée là ? « I’m really sorry, I’m just a big ball of feels… » “It’s okay…” Que tu murmures doucement. Jordan n’a pas peur d’évacuer. Mais toi, t’es un iceberg depuis le départ de Will ; solide de l’extérieur mais qui s’effrite de plus en plus de la surface immergée. Autant dire que tu as choisi le bon moment pour ne plus aller voir ta psy.

« Est-ce que j’ai vraiment l’air de Picasso ? » Tu te redresses et recules un peu pour mieux le voir. « Heureusement que Teddy est pas là. » “T’es toujours plus joli.e qu’un Picasso. C’est moche ce qu’il fait.” Pour le peu que tu t’y connaisse en peinture, tu n’aime pas son style à lui. Tu regardes autour de vous, comme pour chercher la sortie alors que tu sais où elle est puisque c’est aussi l’entrée. “Tu rentres avec moi ?” La question est sûrement stupide. Jordan vient de pleurer, tu n’es pas certaine qu’iel souhaite rester. Et tu plais à te croire qu’iel en aurait moins envie si iel était seul.e.

Tu essaies vraiment de t’auto rassurer que la situation est merdique depuis quelques temps et que tu aurais fondu dans ces mêmes larmes tôt ou tard. C’est rien. C’est naturel de pleurer. Ca fait du bien aussi. La preuve, tu te sens un peu mieux à présent. Le fait de l’avoir tout contre toi aide. “It’s okay…” Qu’elle soit adorable aussi. Elle dit aussi les bons mots qu’il fait du bien d’entendre après un moment pareil. T’es tout fatigué.e c’est trop d’émotions qui t’ont traversé, mais tu tentes quand même le trait d’humour car c’est toujours comme ça que vous rebondissez tous les deux. Elle se défait juste assez pour pouvoir constater un peu mieux les dégâts, tu lui fais un tout petit sourire. “T’es toujours plus joli.e qu’un Picasso. C’est moche ce qu’il fait.” La dernière partie de sa phrase te fait sourire un peu plus. Toi tu aimes ce qu’il fait et ça prouve bien que les goûts et les couleurs ça se discute pas. Elle te trouve beau alors que tu te trouves hideux, t’as de la chance.

Tes yeux restent sur elle alors qu’elle regarde aux alentours. Tu vas déposer un baiser sur son front parce qu’il est juste là et t’as clairement pas envie de te décoller d’elle. “Tu rentres avec moi ?” Tu fais oui de la tête. « Ouais… Rentrons. » Tu voudrais bien un bain mais il faudra se satisfaire d’une douche. Ca te frustre toujours un peu plus à chaque fois. Ces bains sont sincèrement important pour ta santé mental. C’est une partie de ton processus que tu n’as plus à la demande et ça te court sur le haricot sévèrement de plus en plus. En bref, y’a vraiment rien qui aide pour que tu tiennes le bon bout malgré tout tes efforts. Tu n’es pas superman, tu n’es pas wonderwoman non plus, et c’est bien dommage.

Tu prends la marche avec elle, ton bras autour de ses épaules, tu la gardes tout contre toi comme si elle était capable de s’envoler à n’importe quel moment sinon. Tu as le script dans ton autre main et tu le regardes alors que tu marches. Tu n’en reviens pas qu’elle ait pris ça pour toi. Tu es dans tes pensées et tu n’oses rien dire à voix haute car ça n’a pas été à ton avantage et tu ne veux pas empirer les choses avec une nouvelle maladresse. Tu ne te fais pas confiance avec les mots mais les gestes oui. Tu la gardes contre toi alors que vous marchez jusqu’à dehors et dans la rue jusqu’au van. Tu déposes un baiser dans ses cheveux ici et là quand vous devez attendre que le feu passe au vert pour les piétons. La soirée fut immensément forte en émotion. Cette période de votre vie est intense à bien des niveaux. Il s’en passe beaucoup des choses.

Une fois dans le véhicule tu auras soit ta main sur sa cuisse, soit sur sa nuque à caresser tendrement sa peau. Tu as réellement ce besoin viscérale de la sentir physiquement à tous les instants autant que de la rassurer que tu es là. Tu es silencieux mais à ton avis, les gestes parlent bien mieux que beaucoup de mots. Tu ne mets pas la radio, tu ne te regardes pas dans le petit miroir au dessus de ton siège. Tu feuillettes un peu le script alors que ton pouce la remercie de tendre cercles dessiné sur la peau de ta blonde. Ton visage tire et pour cause, tout le maquillage est étalé, ce qui n’est pas le but premier. Tu as hâte de pouvoir te démaquiller et te refaire une fraicheur… Essayer d’oublier tout ça, laisser ces moments dans le passé et aller de l’avant.

« Ouais… Rentrons. » Jordan approuve le départ. Birdie a complètement ruiné sa soirée, sa journée, son cadeau. Ce déguisement qui part en confettis qu’iel était si fier.e d’arborrer sera teinté de souvenirs moins beaux que la première pride. Ce n’est pourtant pas de sa faute à l’oiseau si son mental est en train de flancher. Ce n’est la faute de personne, pas même de Will. Après tout, son mari de meilleur ami est aussi autorisé à vivre sa vie. Même si ce n’est plus à Brisbane. Même si c’est loin d’elle. Même si ça remet absolument tout en question. Il y a eu les paroles de Zoya et aussi celles de Will, évidemment. Est-ce qu’elle aurait vraiment changé ? Est-ce qu’il y a vraiment un avant et un après Birdie depuis que Jordan est dans sa vie ? Elle n’a pas cette impression. Elle a simplement évolué vers ce qu’elle pense être une meilleure version d’elle-même. Jordan ne fait que ressortir ce qu’il y a de plus beau en elle. Iel lui donne confiance, toute son aide, son énergie et sa patience pour la guider. Est-ce qu’iel s’en rend compte ? Aucune idée. Mais la jeune femme n’a pas l’impression de mal tourner. La seule chose qu’elle peut entendre dans leurs réflexions est qu’elle a moins de temps pour eux ? Ce qui est techniquement vrai car l’oiseau ne peut pas se multiplier. Pourtant, elle n’est pas moins présente que ça pour ses proches. Elle ne comprend pas pourquoi les autres auraient le droit à avoir des relations et pas elle. Elle les a mal habitué à être l’éternelle célibataire qui s’entiche de ceux qui ne faut pas et qui noit sa solitude en butinant d’ami en amie.

Mais maintenant, elle n’est plus seule ; maintenant, elle a quelqu’un qui lui passe le bras autour des épaules, contre qui elle peut s’adosser quand elle est fatiguée, quand elle est en peine, quand elle est ronchonne. Quelqu’un a qui elle offre des cadeaux incroyables parce qu’elle l’aime en plus d’être généreuse. Si elle sait que ça va faire plaisir, pourquoi se priver ? Quelqu’un qui embrasse ses cheveux au passage piéton et qui ne coupera pas le contact même une fois installés dans le van. Jordan ne met pas la radio et elle trouve le silence pesant. Elle a une nouvelle clope aux lèvres alors qu’elle redémarre au feu. Quand sa main est disponible, elle l'entraîne contre celle de Jordan sur sa cuisse. “Est-ce que tu me trouves égoïste ?” Qu’elle demande comme ça, tout d’un coup, sans crier garde. Sans donner plus de contexte non plus. Juste… Une question qu’elle juge simple.

Tu n’es pas surpris que le silence persiste dans l’habitacle. Vous êtes tous les deux bien rincés ce soir, ces derniers temps, depuis toujours peut être même ? Il est juste plus difficile de naviguer dans la vie ce soir précisément car tu n’as pas été l’équilibre nécessaire pour que ça fonctionne parfaitement. Car vous vous complétez ou c’est ce que tu te plais à croire. Tu n’as pas été à la hauteur pour remplir ton rôle de conjoint. Tu as craqué et la soirée est terminée prématurément. Non, moi je pense qu’elle finit juste au moment où elle aurait dû finir. C’est votre histoire que vous écrivez ensemble à chaque seconde que la vie fait. C’est cette version et pas une autre. Vous êtes ensemble, c’est tout ce qui compte. Oui, tu vois le bon même dans le pire. Tu essaies tant bien que mal d’oublier cette scène que tu as fait alors qu’elle n’avait que de bonnes intentions. Ca va être long à oublier, à passer au dessus, à te laisser traverser par ces émotions de culpabilité.

Tu l’entends qu’elle s’allume une clope mais tes yeux sont rivés sur le script car tu es en train de lire le début. Elle revient poser sa main sur la tienne, sur sa cuisse, avant de prendre la parole coupant le silence. “Est-ce que tu me trouves égoïste ?” Tu vas faire passer ton pouce sur le sien, créant un contact encore plus proche si possible. Ta tête se redresse, tu laisses le script de côté même s’il reste sur tes genoux. « Tu es plutôt l’opposé de l’égoïsme. » Tu caresses son pouce doucement. « Qui t’a mis ça en tête ? » Car tu sens bien qu’elle cogite, ça se sent dans le ton de sa voix. « Talk to me… » Tu veux alléger ses pensées, ses épaules, tout son être. Tu veux aussi comprendre un peu mieux ce qui se passe. « Je t’ai vu au bar… Ton sourire envolé, ton visage absent… » T’as pas fini ta phrase. « Je sais que c’est pas facile pour toi en ce moment mais je m’étais pas rendu compte à quel point t’étais doué pour le cacher. » Tu tournes ta main de sa cuisse pour mêler tes doigts aux siens. Elle est en train de conduire peut être que c’est pas la meilleure idée de parler de tout ça avant d’être à l’arrêt Jordan. « You don’t have to put a smile on your face at all times with me. I don’t. I can’t act for shit… I’m an open book… And a fountain sometimes. » Car t’as bien pleuré ce soir. « And a Picasso. » T’es bête. Elle avait juste demandé si tu la trouvais égoïste sinon Jordan hein. T’es parti loin. I had things to say apparently.

« Tu es plutôt l’opposé de l’égoïsme. » C’est une bonne réponse. C’est quelque chose qu’elle apprécie entendre. Certes, ça ne la rassure pas complètement mais un peu quand même. Jordan l’aime, oui, mais Jordan n’aurait aucun mal à le dire si jamais elle déviait d’une façon qu’il ne faudrait pas. Si elle devenait trop égoïste, trop insupportable, trop pénible. Son partenaire la connait sûrement mieux qu’elle-même alors ça ne serait pas déconnant. Ce n’est pas pour rien qu’elle écoute ce qu’iel a lui dire. « Qui t’a mis ça en tête ? » Birdie pince ses lèvres. « Talk to me… » Mais c’est dur. Elle ne veut pas donner de noms parce que Jordan a déjà suffisamment de mal avec certains membres de son entourage, elle ne souhaite pas en rajouter davantage. Mais elle cogite et réfléchit si fort depuis des jours. Encore plus que d’habitude.

« Je t’ai vu au bar… Ton sourire envolé, ton visage absent… » Elle détourne la tête vers la fenêtre pour tirer sa latte. Au moins, elle conduit, elle n’a pas à le regarder. Ce même visage qui est dépourvu de sourire actuellement. Elle ignorait qu’iel regardait dans sa direction - ça n’aurait pas changé grand-chose. Oui, elle a mis un masque aujourd’hui parce que c’est un jour spécial, hors du temps, et elle ne s’autorisait pas à s’apitoyer sur son sort. Encore moins aujourd’hui que les autres jours. Et pourtant, ça n’a pas manqué ; la façade a été brisée sans son consentement. « Je sais que c’est pas facile pour toi en ce moment mais je m’étais pas rendu compte à quel point t’étais doué pour le cacher. » Elle tire une nouvelle bouffée qu’elle évacue par la vitre un peu entrouverte. Les mains se lient et même si elle ne tourne pas la tête vers lui, elle serre ses doigts. Comme une façon de dire qu’elle l’entend même si elle ne répond rien. Même si elle ne semble pas réagir. « You don’t have to put a smile on your face at all times with me. I don’t. I can’t act for shit… I’m an open book… And a fountain sometimes. » Elle mord sa joue. « And a Picasso. » Et un fin petit sourire apparaît malgré tout. “Mieux qu’un Picasso, j’ai dit.” Elle ne se serait pas mise en couple avec un Picasso, nope. Egoïste, non, superficielle, peut-être un peu. “Aujourd’hui n’était pas un jour comme les autres, j’avais encore moins envie de m’apitoyer sur mes petits soucis.” Et après, elle demande si elle n’est pas égoïste ? “Mais j’ai juste l’impression que tout va de travers en ce moment. Qu’on me reproche d’être heureuse. D’évoluer. Comme si j’en avais pas le droit.” Elle déglutit en écrasant son mégot. “J’ai pas envie de montrer que ça va pas au monde. C’est comme ça. Je suis pudique mais visiblement tout le monde a encore du mal à le comprendre, ça.” Elle finit sa phrase en marmonnant dans sa barbe alors que Van Gogh continue à rouler. “Et j’ai pas non plus envie d’être ce boulet à ta cheville qui te fait chialer à un évènement pareil. C’est pas… C’est pas censé se passer comme ça.” Qu’elle finit par dire en fronçant des sourcils.

La pression qu’elle émet sur ta main te fait chaud au coeur. Elle t’écoute, bien évidemment qu’elle t’écoute, elle t’entend, elle n’est pas sourde. Elle prend en compte ? Tu sais pas, mais au moins tu parles et tu dis - tu penses - des choses qui servent à quelque chose. Tu redeviens utile. Fallait que tu pleures un bon coup et maintenant c’est reparti Jordan, tu es le conjoint qui sert à quelque chose. Ou du moins, tu l’espères fort. Il est tellement plus simple de parler avec quelqu’un de sujets délicat quand vous êtes côte à côte plutôt que face à face. Pas besoin de regarder la personne. Tu n’as pas fait exprès mais tu t’en rends compte maintenant et tu apprécies que les choses se passent dans cet ordre là. Ta dernière phrase la fait sourire et ça te fait du bien de voir que t’y arrives encore un peu. Mais qui te dit qu’elle n’est pas en train de jouer des apparences ? Elle le fait si bien. “Mieux qu’un Picasso, j’ai dit.” Ton tour de serrer sa main pour lui confirmer que tu as entendu ses mots.

Tu laisses le silence prendre possession du van car tu veux pas la couper si jamais elle veut ajouter autre chose. Tu penses que ça peut et tu as raison. “Aujourd’hui n’était pas un jour comme les autres, j’avais encore moins envie de m’apitoyer sur mes petits soucis.” Petits soucis? Vous avez vraiment pas la même échelle des choses. Tu restes cependant une oreille attentive et tu ne la coupes pas. Elle te parle, c’est important d’écouter plus que de parler. “Mais j’ai juste l’impression que tout va de travers en ce moment. Qu’on me reproche d’être heureuse. D’évoluer. Comme si j’en avais pas le droit.” Tes sourcils se froncent. On te reproche d’être heureuse? “J’ai pas envie de montrer que ça va pas au monde. C’est comme ça. Je suis pudique mais visiblement tout le monde a encore du mal à le comprendre, ça.” T’as bien l’impression que tout le monde porte des noms bien précis, car ce n’est pas vrai. Ce n’est pas tout le monde qui pense ça. Car toi, tu ne le penses pas.

“Et j’ai pas non plus envie d’être ce boulet à ta cheville qui te fait chialer à un évènement pareil. C’est pas… C’est pas censé se passer comme ça.” Tu serres sa main de nouveau. « Ca devait exactement se passer comme ça. On voit pas l’avenir B. » Tu dis avec tendresse. « C’est pas toi qui m’a fait pleurer c’est le trop plein de mon intérieur. » Tu vas porter sa main à tes lèvres pour y déposer un baiser. « Tu ne seras jamais un boulet. Tu rends tous mes moments meilleurs. Que tu pleures ou que tu souris, ça change pas. » Tu es la sincérité absolue dans tes mots. « Tu m’as choisi pour le reste de ta vie et je compte bien faire en sorte que ce futur là soit vrai. Nous deux. Ensemble. Peut importe si on est des épaves qui chialent. Ou peut être juste moi l’épave qui chiale en fait. » Tu fais une petite moue avec un léger sourire car tu pleures bien plus qu’elle c’est vrai. C’est une bonne chose à mon avis Jordan. I know. Ce fut de longues années de thérapie ça aussi. Accepter que c’est pas une honte de pleurer. C’est juste la vie.

Comment est-ce qu’elle en est arrivée à penser comme ça ? Et surtout, pourquoi est-ce que ça arrive que maintenant ? Il a fallu attendre un élément déclencheur pour que ça crépite dans son cerveau et qu’elle se retrouve à tout remettre en question. Ce n’était pas le cas avant, ça ne l’a jamais vraiment été, hormis à quelques autres moments de sa vie. Mais Birdie n’a jamais prétendu agir toujours de la bonne façon. Et surtout quand l’esprit commence à faire sa vie sans lui avoir demandé son avis. Les pensées flottent et se déversent, comme une vanne qui a été ouverte, déclenchant une tempête dans sa tête. Elle a l’impression de se retrouver à ces périodes de sa vie où elle consommait plus que de raison, où elle avait même fui Brisbane dans le seul but de tenter d’échapper à ces pensées qui l’étouffent.

Mais là, elle ne peut pas fuir. Elle ne veut pas fuir, elle n’a aucune raison de partir de Brisbane. Dans toute l’ironie, Birdie souhaite autant se détacher de tous que de rester glués à eux. Enfin… Quand elle pense à eux, elle pense surtout à Jordan. Même si sa pique de tantôt l’a désarmé - comment iel pouvait croire qu’elle souhaitait volontairement lui pourrir la soirée - iel reste malgré tout le soutien le plus important et la valeur sûre. Enfin, la valeur sûre… Elle pensait la même chose de Will et on voit le résultat. « Ca devait exactement se passer comme ça. On voit pas l’avenir B. » Ah l’univers. Il a un grand et large dos, l’univers. Jordan est mignon.ne à ne pas blâmer sa compagne. Sûrement parce que dans le fond, iel n’a que lui à blâmer pour ça. « C’est pas toi qui m’a fait pleurer c’est le trop plein de mon intérieur. » Mmh. Comme si ce n’était pas en rapport avec elle. Birdie va tenter de s’alléger l’esprit en se disant que ça n’a rien avoir avec elle. Jordan a ses propres soucis, ses propres démons. Lui aussi a sa petite voix intérieure qui lui dit de la merde, ele est bien placée pour le savoir.

Jordan porte sa main à ses lèvres pour l’embrasser. « Tu ne seras jamais un boulet. Tu rends tous mes moments meilleurs. Que tu pleures ou que tu souris, ça change pas. » Oh si, ça change. Il vaut mieux une Birdie souriante et volcanique qu’une Birdie silencieuse et renfermée. Mais son partenaire est adorable de prétendre le contraire. « Tu m’as choisi pour le reste de ta vie et je compte bien faire en sorte que ce futur là soit vrai. Nous deux. Ensemble. Peu importe si on est des épaves qui chialent. Ou peut être juste moi l’épave qui chiale en fait. » Elle pince ses lèvres. La petite boutade la fait brièvement sourire de nouveau mais ce sont les premiers mots qui importent. La jeune femme pense quand même avoir eu son lot de larmes avec lui. Bien plus qu’avec le commun des mortels en tout cas. Juste en privé. Jamais en public. “J’ai pas envie de te faire chialer.” Qu’elle murmure. “A part pour de bonnes choses.” Comme quand elle le demande en mariage ou qu’elle lui offre un script ou un piano. Le quartier est là et le van commence à tourner pour trouver une place où se garer. Sa propriétaire ne dit rien de plus. Elle ne sait pas quoi dire. Pour une fois.

Tu vois son petit sourire et t’es content une fois de plus de réussir à le lui en faire afficher un. Ta main continue de caresser la sienne tant qu’elle te laisse la garder malgré qu’elle soit en train de conduire. Elle est douée comme ça Birdie et toi tu sais mettre ta main sur sa nuque quand c’est la seule façon de lui faire du bien. Tu grattes sa peau doucement, comme elle apprecie grandement.

“J’ai pas envie de te faire chialer.” C’est qu’un murmure mais tu l’entends très bien. Même avec le bruit du moteur, tout ton être est concentré sur elle. Tu entends même sa respiration. “A part pour de bonnes choses.” Tu te penches vers elle pour déposer un baiser sur son bras, doux. « Ça fait du bien des fois. » Tu mens pas du tout. C’est juste un trop plein d’émotion qui a besoin de sortir.

Vous êtes arrivés chez Asher et vraiment tu l’aimes de tout ton cœur de vous laisser cet endroit mais il te sort par les yeux. Tu es à cran naturellement depuis que vous vivez la. Un rappel constant de la perte de ta maison et de tout le confort que tu n’as plus. Tout ce confort la qui était partie intégrante de y’a stabilité au fil des ans. Tu ne t’étais pas rendu compte à ce point là. C’est quand on a plus son environnement qu’on s’en aperçoit. Tu as appris un peu plus sur toi. Ça s’est mis en lumière tout ça.

Tu prends une grande inspiration car c’est pas de ce petit appart dont tu as besoin là c’est d’un bon bain. « J’ai hâte qu’on déménage. » phrase que tu dis quasiment quotidiennement. C’est juste beaucoup pour ton mental. La maison que vous avez visité est la plus belle lumière au bout du tunnel. Vous avez été à Elimbah bien plus qu’à l’accoutumée et vous y serez en chemin tout de suite si ça ne tenait qu’à toi. Tu sors de la voiture et tu ôte la perruque de ta tête. C’est fini l’illusion de ton alter ego. Retour au bercail, dans cette boîte à chaussure. Tu abuses tu sais. Mais oui, quand même. Tu as besoin de plus.

Tu vas prendre la main de Birdie dans la tienne alors que l’autre tient ton script et ta perruque.

« Ça fait du bien des fois. » Birdie est au courant. Elle a déjà craqué, Jordan en a été témoin. Mais elle reste aussi sur la réserve la majorité du temps. Si elle se dit que ça va, son cerveau va le croire. Et dans le fond, elle n’est pas à plaindre. Une autre de ses capacités agaçantes, minimiser les choses. Minimiser son importance face au reste du monde. Elle n’est qu’un petit grain, Birdie. Ses problèmes ne sont pas importants. Il y a bien pire et aussi cruel que cela soit, ça fait du bien de se le dire de temps en temps. Pour ça qu’elle ne s’investit pas dans des associations autant que Lila ; elle finirait par perdre sa santé à voir toutes les injustices en pleine face. Elle se protège, en somme, et elle pense aussi protéger son entourage. Elle préfère qu’on la voit comme la meuf fun avec qui faire la fête que celle qui pleurniche à chaque coup dur qu’elle subit. Et c’est ce qui la rend forte, à vrai dire. Personne ne se doute. Jordan vient de le découvrir il y a quelques heures à peine qu’elle est très douée pour camoufler. Elle peut être aussi très douée pour rejeter et mettre des distances si elle en ressent le besoin.

Mais pour l’instant, le contact de son partenaire est réconfortant. Je suis pas seule, qu’elle se répète constamment. Elle a conscience qu’elle peut se reposer sur lui. Mais si c’est pour que Jordan craque comme iel l’a fait… Elle ne veut pas ça. Elle ne souhaite pas lui en rajouter sur les épaules alors qu’iel subit depuis un an. C’est son problème à gérer. « J’ai hâte qu’on déménage. » “I know. Me too.” Des mots qu’elle lui répond à chaque fois que son amoureux prononce cette phrase. De plus en plus souvent parce que les pièces de l’appartement donnent l’impression de se réduire au fur et à mesure que le temps passe depuis qu’ils ont trouvé leur maison coup de cœur. Elle sort de son côté en prenant le sac et son téléphone qu’elle met dedans avec ses clés avant que Jordan ne prenne ton autre main une fois que t’as fait le tour. “On ne gardera pas cette soirée dans les annales.” C’est clair qu’ils sont loin de leur première pride, leur premier date, ce jour parfait que Jordan a évoqué à son discours. A croire que, depuis, chaque hiver apporte son lot de mauvaises nouvelles. “Et l’appartement est temporaire.” C’est bon de le rappeler et de se le répéter. “Tu t’endormiras avec moi ?” Qu’elle demande en passant son bras autour du sien. Elle a besoin de sa présence physique. Ce n’est pas nouveau. Mais ça fait un petit moment qu’elle ne l’avait pas souhaité aussi fort. Comme quoi, chasser le naturel mais il revient vite au galop.