Tu nettoies ce qu’elle rapporte. Vous restez silencieux même si cette fois ci, ton regard la suit jusqu’à ce qu’elle ne soit plus dans ton champ de vision. Tu finis la vaisselle et quand tu vas au dressing tu ne la vois pas dans la salle de bain ni la chambre, du coup elle doit être dans son atelier. Tu décides de ranger ton bordel avant. Ca te donne l’impression d’effacer ou de réparer le passé. Tu sais que non, mais tu as la sensation que ça fait un geste dans le bon sens.

Dix minutes plus tard tu as terminé. Tu montes les marches qui vont jusqu’à son atelier et tu frappes contre le mur pour lui montrer ta présence. Elle est en train de coudre. « I'm feeling better now. » Tu as la voix un peu rauque car ça fait un moment que tu n'as rien dit. Tu t'éclaircis la gorge. « If you want to talk... »

T’as l’impression de t’installer dans un cabinet de psy et tu es bien évidemment le patient. Tu prends une grande inspiration une fois assis sur le pouffe. Tu t’éclaircis encore la gorge. Plus un tic nerveux qu’une réelle nécessité cette fois. « Dis moi ce que j’aurai pas dû dire parce que j’ai bien conscience que c’est ça qui a tout enclenché. » Et tu as beau retourné le tout dans ta tête tu comprends vraiment pas comment ça a pris une ampleur pareil alors qu’à ton sens, tu n’as fait que répéter ses mots. Ca rejoint une autre dispute où tu lui avais dit qu’il fallait qu’elle te donne ton script parce que y’a rien qui allait. Comme quoi c’est rien de nouveau et tu es toujours autant perdu si elle n’éclaire pas ta lanterne.

Tu trouves ça tellement incroyable. Tu te passes les mains sur le visage car ça va pas être simple. « Et moi j’ai l’impression que tu te rends pas compte du ton que tu prends pour dire les choses. Pour toi c’est chill mais moi j’ai bien vu l’agacement dans ce que tu as dit et… » Tu soupires d’abord puis tu prends une grande inspiration car il faut que tu gardes ton calme. « J’ai tellement pas dit ça pour montrer tes lacunes parce que moi aussi je connais rien là dedans. » T’as pas de boutique toi même si t’es ton propre boss ça n’a rien à voir avec ce qu’elle fait elle. « Donc toi tu montes au créneau sur un truc où j’avais zéro intention de te faire du mal ça me rend dingue moi aussi. J’ai l’impression d’en avoir plein la gueule alors que j’ai rien fait quoi. Et c’est ça qui me fait vriller moi. » Yep.

Tu as vrillé trop vite et pour rien. Signe que c’est toi qui va pas bien. T’en as carrément marre d’être celui qui fait escalader rien du tout dans des proportions astronomiques. Tu es silencieux. Tu réalises. Une fois de plus. L’impression que c’est la suite de la saga de la fin de l’année passée où tu as pété crises sur crises. « Je suis désolé… » Et t’a carrément envie de chialer parce que t’as des soucis dans ta tête et ça se voit très nettement dans ces situations là. Tu en parleras avec ta psy parce que tu voudrais pas que ça se reproduise.

« J’en ai marre de vriller comme ça… » Elle a sûrement pas besoin que tu lui fasses la liste. Elle a tout vécu avec toi. Elle a subi tes humeurs autant que toi, si ce n’est plus car elle n’est pas dans ta tête.

L’émotion te gagne alors qu’elle est à tes côté pour te rassurer. Tu te sens vraiment comme un handicapé. Un malade mental. Quelqu’un qui n’est pas stable, c’est bien ça que tu es. On dirait bien que c’est de pire en pire. Peut être que tu devrais recommencer quelques béquilles supplémentaires. T’as bien senti la weed un peu plus tôt dans la journée. Tu essaies fort de retenir les larmes car tu te sens assez pathétique comme ça sans en arriver là. Tu vois bien ce qu’elle fait avec cette vanne sur Alistair mais ça ne fonctionne pas aussi bien que toi aussi tu le voudrais. T’as un très faible sourire alors que tu prends la parole. « T’aurais sûrement moins de problème avec lui. » Tu te sens le plus nul de toute la Terre.

Au moins tu réussis à garder tes larmes pour toi. Tu te trouves assez pathétique comme ça sans pour autant rajouter ça. Tu l’entends Birdie mais t’es tellement démoralisé de toi même que ça ricoche juste sur toi. Tu soupires doucement, fatigué d’avoir ton cerveau. « Je vais aller me coucher. » Tu dis en te redressant sur tes deux pieds.