“N’importe quoi.” Tu vois pas son point de vue car pour toi c’est si évident qu’il veut la bouffer car toi tu veux la bouffer. Tu ne peux voir que ton propre point de vu. Et puis ton gaydar ne s’active pas quand tu mates Alistair. Y’a un truc bizarre chez ce mec. “Jor…” Mais elle ne le pense pas et tu vas lui faire confiance car elle le connait mieux que toi mais… La jalousie qui parle sûrement. Tu as confiance en elle et tu aimes qu’elle soit courtisé mais tu préfères quand elle en est au courant aussi. Tu trouves ça bizarre qu’elle le remarque pas quand même. “Donc on peut pas venir me donner un coup de main sans avoir envie de me baiser, c’est ça que t’insinues ?” Tu vois qu’elle roule les yeux et insiste. Te tape même un peu. Tu espères que ça va pas partir en dispute parce que tu es en train de dire que tout le monde veut forcément baiser avec elle.“De toute façon, qu’importe ses intentions.” Mais elle se colle un peu plus à toi et là tu sens que tout va bien. “Mon coeur est déjà engagé quelque part.” Tu vois la bague qu’elle met sous ton nez et tu vas déposer un baiser sur sa main qui est si proche de ton visage. Tu vas embrasser sa joue également à la suite car elle est juste là. « Il est complètement fou s’il veut pas manger ton cul. Il est forcément gay. » Tu es bête et tu te fais sourire, même un peu rire. Tu insistes dans ce sens là cette fois ci car pour toi, elle est beaucoup trop belle pour que quelqu’un n’ait pas envie de plus. Tu vas déposer un baiser sur son nez. « I’m the luckiest wizard on the planet. » Tu murmures avant d’aller doucement embrasser ses lèvres de tout ton amour. Y’a peut être des gens qui vous regarde, y’a peut être des gens qui ont besoin de Birdie pour une chose ou une autre, mais tu ne comptes pas bâcler ce baiser, nope. Tu l’aimes ton oiseau et tu as peut être bien envie de la brandir sous les yeux de Alistair si jamais il regarde par là aussi c’est vrai. Peut être.

Tu lui fous ta bague presque sur le pif pour qu’il se rappelle, au cas où il aurait oublié, que t’as dit oui. Pas pour l’étape finale mais c’est une nouvelle preuve de ton engagement. La deuxième, une de plus que tu n’auras jamais vite dans ta vie. Une nouveauté pour toi qui n’a jamais fait ne serait-ce que don de ton âme pour le lier à quelqu’un d’autre. C’est fort pour toi. Ce n’est pas rien. Et tu t’en sors bien. T’aurais pu aller voir ailleurs mille fois mais tu l’as pas fait car tu l’aimes, tout simplement. T’apprends ce que ça veut dire d’aimer quelqu’un entièrement et inconditionnellement, tout en l’étant en retour en centuple. Tu as été tellement habituée à l’amour à sens unique ou sans t’en rendre compte que toute cette histoire avec Jordan est une vague nouvelle pour toi que tu n’as pas envie d’arrêter.
Jordan qui est présentement en train de t’embrasser la main puis le visage. « Il est complètement fou s’il veut pas manger ton cul. Il est forcément gay. » Tu pourrais te vexer que ton propre fiancé te considère comme un bout de viande mais tu vas préférer prendre la flatterie car ce soir n’est pas le lieu ni le moment d’être vexée. “T’es con.” Alors que tu dégages ta main de tes traits, ton amoureux venant l’embrasser une nouvelle fois. « I’m the luckiest wizard on the planet. » Et t’as pas le temps de répliquer car ses lèvres fondent sur les tiennes. Ta main glisse contre sa nuque alors que tu profites totalement de ce moment de tendresse.

Au loin, Alistair ne manque pas de le remarquer car mine de rien, il te piste des yeux. La scène le fait presque grimacer. Il se contente de serrer la mâchoire. Ça lui donne envie de gerber.

******

Le lendemain.
Il a tout prévu. Que ce soit le repassage de la chemise, les chaussures cirées par le cordonnier de papa, les effluves d’un parfum goûteux placé stratégiquement, jusqu’à la veste choisie avec soin, certains diront qu’il en fait trop. Sa mère lui a demandé pour qui il s’habillait aussi soigneusement, habituée à voir son fils aller conquérir une nouvelle prétendante sans jamais avoir le luxe de les apercevoir. Il faut dire qu’Alistair est compliqué et que si ces filles ont fini par le lasser, c’est qu’elles n’étaient pas intéressantes. Elle lui remet volontiers son col avec un sourire attendri, lui rappelant au passage le rendez-vous prévu avec son patriarche le soir même. Un dîner en famille réglé comme un repas présidentiel, ce n’est pas la spontanéité qui régit cette famille. Et c’est sûrement ce qui fait qu’Alistair est irrémédiablement attiré par Birdie. Elle a une énergie qu’il n’a jamais connue, une facilité de vivre qu’il ne comprend pas. Tout semble facile quand on lui parle. Tout semble plus beau quand elle explique. Il faut dire qu’elle est belle quand elle sourit, quand elle est passionnée, quand elle rit. Alistair a des croquis dans ses brouillons de ces fossettes, de ses yeux bleus brillants, même s’il n’arrive jamais à trouver La teinte parfaite, de ses lèvres qui forment le plus adorable des sourires. Il y a aussi la chevelure, qu’elle a stupidement rendu sombre, ternissant ses traits mais qui a au moins l’avantage de mettre en valeur son regard. Mais c’est surtout son aura qui la finit de la rendre attirante. Elle est charmante, elle est gentille, elle est drôle et elle l’aime bien.

Alistair n’oublie pas le bouquet de fleurs. Une composition dont il laisse le choix à la spécialiste de le monter, pourvu que ça soit aussi beau à regarder que bon à l’odeur. Elle en aura pour son argent si c’est spectaculaire, Alistair étant le genre à donner un billet sans même regarder le montant dessus pourvu que ça paie ce qu’il faut. S’il y a du surplus, ce n’est pas grave ; c’est son côté généreux. Alors que dans le fond, il s’en fout. L’argent n’a pas de valeur pour lui - et c’est un problème pour son paternel. Non pas qu’il en ait quelque chose à faire. Pas maintenant. Pas alors qu’il se dirige vers la fameuse boutique avec son bouquet en main pour aller rejoindre la charmante petite fée du quartier.

Cette dernière est derrière le comptoir, sur son téléphone. Il l’observe de l’extérieur pendant un moment. Est-ce qu’elle s’impatiente ? Est-ce qu’elle… Ecrit à lui, ce type qui ne la mérite pas ? Qui n’est même pas là pour son premier jour ? Au moins, lui est là. Lui va l’emmener déjeuner dans un beau restaurant pour célébrer cette première matinée. Lui, il lui offrira un bouquet de fleurs et pas un bouquet de peluches stupides. Quel âge il a, sérieusement ? Il a vu l’instagram de l’autre. Il n’évoque même pas Birdie. Comme s’il la cachait, la camouflait. Est-ce qu’il en a honte ? Alistair a beau travailler dans les réseaux sociaux, merci papa, il n’a pas compris la subtilité d’un compte professionnel. Et qu’importe ; à son avis, Birdie mériterait d’être brandi tout le temps, constamment, à chaque seconde de chaque minute.

Mais non. L’autre idiot ne le fait pas, pas plus qu’il est présent à la boutique pour soutenir sa femme. Alistair a noté un changement de bague depuis cet hiver. Il remarque tout. Il ne comprend pas ce changement de bague, à cet endroit stratégique qu’est l’annulaire. Ça lui fout une bouffée de rage de ne pas comprendre, d’être dans l’ignorance. D’ailleurs, il s’en était pris aux employés qu’il dirige la semaine qui suivait la découverte de cette nouvelle bague. L’autre qui met son empreinte un peu plus sur elle, il n’y a pas d’autres explications.

“Alistair! Tu m’as fait peur!” Effectivement, Birdie a relevé la tête avec un petit sursaut, comme si… Elle l’avait oublié ? Elle ne peut pas l’oublier. C’est impossible. C’est lui qui l’a invité, après tout. “Tu attendais quelqu’un d’autre peut-être ?” Alistair demande, le sourire amusé mais les doigts se crispant sur ce putain de bouquet. Si elle s’attendait à l’autre... “Non non, j’ai juste pas vu le temps passé. J’ai pas réalisé qu’il était déjà midi.” Donc tu ne m’attendais pas avec impatience ? Alistair a le cœur qui bat fort. Il aurait envie de lui rappeler qu’il lui consacre du temps. Qu’elle devrait se rappeler, se souvenir que lui l’a invitée. Comment ça, elle ne guettait pas l’horloge ? Elle n’était pas impatiente de le voir ? D’aller manger avec lui ? Il déglutit en évitant de serrer sa mâchoire ; sa mère lui a déjà assez dit à quel point sa contrariété se voyait quand il faisait ça. “Heureusement que je suis arrivé à l’heure. J’aurai presque cru que tu m’avais oublié.” Il formule avec le sourire, toujours, à jamais, même si la colère tempête en lui. Comment ose-t-elle ? “Non, t’inquiètes pas. C’est juste que c’est la première journée et je trouve le temps à la fois long et rapide, c’est très étrange.” Birdie lui sourit avant de pointer le bouquet du menton. “Jolies fleurs.” Dit-elle innocentement. Elle sait qu’elles sont pour elle. Elle sait que je la séduis. Elle veut que je la séduise.  “C’est pour toi. J’ai vu ce bouquet, je me suis dit qu’il serait parfait sur ton comptoir.” “Tu as bien raison. Elles sont très jolies!” Elle s’exclame en prenant la composition. Alistair est certain d’avoir senti de l’électricité dans ses doigts quand elle l’a pris. Elle l’a forcément senti aussi. Son regard à lui ne la quitte pas d’une seconde alors qu’elle plonge son adorable nez arlequin dans les fleurs et qu’elle l’honore de son sourire ensuite. “Elles sentent bon. Il me faudrait un vase. J’ai pas l’habitude d’en avoir alors j’en ai pas vraiment.” Elle dit avec un petit timbre amusé en faisant le tour du comptoir. “Ton… partenaire ne t’en offre pas ?” Birdie file dans la pièce d’à côté pour aller récupérer son petit sac avec le minimum. “Non. Jordan m’offre plein de bouquets sauf des fleurs.” Pourtant, elle ne dirait pas non. Quel idiot, ce Jordan. “Heureusement que je suis là pour palier alors.” Ce qui fait doucement rire Birdie qui cherche ses clés. “Je ne suis pas chiante, j’accepte tous les cadeaux. Surtout quand ils sont originaux et/ou qu’ils viennent du coeur.” Ah. Donc elle n’aime pas son cadeau. Des fleurs, c’est banal. C’est impersonnel. C’est du déjà vu. Il regarde le bouquet posé sur le comptoir. Il aurait envie de le jeter. C’est un cadeau inutile. Les fleurs vont faner et Birdie les mettra à la poubelle. Il faut autre chose. “C’est gentil en tout cas. Merci beaucoup.” Alistair reporte son attention sur Birdie qui reste la plus magnifique des créatures. Il pense ça à chaque minois qui a su attirer son attention mais cette fois-ci, c’est vrai. “Je suis ravie qu’elles te plaisent.”