« Moi aussi. » Tout est une question de compromis. D’acceptation de l’autre. Aurora t’a dit d’être plus patiente, de réfléchir avant d’agir, de parler aussi. De faire attention à ton timbre, à ton comportement, à tes réflexions. C’est facile pour elle ; elle semble avoir le contrôle facile. Ce n’est pas ton cas. Contrairement à ta sœur, et même à ton fiancé, tu laisses facilement l’impulsivité et la spontanéité de tes émotions prendre le dessus. Jusqu’à maintenant, c’était plus simple car Jordan arrivait à gérer. A se gérer autant qu’à te gérer toi. Mais ce n’est plus le cas dernièrement. Et ça complique bien les choses quand les deux se mettent à être les marionnettes de leurs nerfs et ressentis.

« Sur le moment… » Oui. Tu l’entends très bien, sa fin de phrase. Ça te fouterait presque une douche froide. Tu n’as pas conscience que oui, parfois, tu es horrible. Tu peux être une garce et une peste sans coeur juste parce que t’es en colère. Mais Jordan se rappelle de toutes ces phrases que tu as pu prononcer qui l’ont marqué autant que son départ et ses tournements de talons t’ont marqué toi. Vous avez vos propres traumatismes de l’autre. Ces choses déplaisantes de l’autre qui vous sautent à la gueule et vous choquent sans s’y attendre. « C’est parce que t’es en colère et moi aussi et y’a rien qui va. » C’est une bonne excuse. Mais t’as un fond horrible qui jubile du malheur des autres que tu provoques de ta volonté. C’est ce que tu retiens. Ça te fout un petit coup alors que tu baisses la tête. La réalité fait mal. « Moi aussi je suis horrible. » Te voilà qui remonte tes prunelles sur Jordan. « Quand je m’en vais. » Tu lâches son dos pour serrer tes mains ensemble. “Est-ce que tu comptais partir? Avant de faire ton malaise, tu voulais vraiment le faire ?” Il t’a promis qu’il ne ferait plus. S’éloigner, partir ailleurs. Oui mais les promesses sont faites pour être rompues, non ? Tu fermes les yeux. “Nan, réponds pas, j’ai pas envie de savoir.” C’est toi qui lève tes mains sur ton visage. “On a tous les deux merdé à des moments et on continuera à merder dans l’avenir parce qu’on est humain. On peut pas tout contrôler, que ce soit son avenir ou ses émotions.” Tu te frottes les yeux parce que t’es fatiguée et surtout, ils te piquent, les bougres. Tu ne leur as pas demandé leur avis. “J’aimerai avoir la même aisance que toi à m’éloigner quand ça devient tumultueux pour laisser passer l’orage.” Tu as bien compris que Jordan fait ça en guise de protection. Pour lui mais aussi pour toi au final. Quand il s’éloigne, ça évite que le conflit grossisse et qu’une pauvre table de chevet en subisse les conséquences.

Tes yeux sont fixés droit devant toi, dans le néant alors que t’essaie de donner un sens à tout ça. T’aimerai vraiment que tout puisse se résoudre d’un seul coup et que la solution apparaisse devant vous comme par magie. Mais le monde réel ne se passe pas comme ça malheureusement. Il n’y a que des interrogations et l’espoir qu’un jour, tout ira mieux et que vous trouverez les réponses à vos questions. Jordan passe son bras derrière toi et embrasse le sommet de ton crâne, t’en fermes de nouveau les yeux. « Je sais pas si aisance c’est le bon mot… Mais c’est ma façon de fonctionner ouais… Besoin d’être seul. En sécurité. » A vrai dire, tu n’imagines pas que c’est aussi pour ta propre sécurité. Son manque de réaction te frustre toujours sur le joug de la colère, te donnant l’impression qu’il fuit lâchement. Tu n’as vu la bête qu’une seule fois mais Jordan se maîtrise si bien que tu n’arrives pas à capter et intégrer dans ton crâne que ça puisse être aussi dangereux pour toi. « Je m’en voudrais toute ma vie si je te faisais du mal un jour. » Tu déglutis en rouvrant les yeux, te redressant pour le regarder. “Tu pourrais me faire du mal ?” Jordan sait tellement bien se maitriser que ça te semble impensable qu’il puisse lever la main sur toi. Mais t’as bien vu à quel point la colère et la rage l’ont prit dans le dressing, si fort et si intense qu’il en a fait un malaise. “Tu parais tellement être une force tranquille que j’ai du mal à t’imaginer violent… Il me faut encore du temps pour assimiler que tes départs ne sont pas un signe de lâcheté mais juste de protection.” Ce n’est pas encore instinctif. Il faut encore du temps. Trois ans après et ce n’est pas encore acquis. Tout vient à point à qui sait attendre. “Et il a fallu que tu tombes sur une meuf qui pousse à bout…” Que t’ajoute avec un petit sourire plutôt mélancolique en reposant ta tête contre lui. Là aussi, vous êtes complémentaires mais ça peut clairement vous nuire. Il n’y a rien de positif, c’est un + et + = - dans cette équation.

« Mais pourquoi ça change quelque chose si c’est un signe de lâcheté pour toi ? Je m’en fou si tu me prends pour un lâche. L’important c’est que j’explose pas avec toi à côté. » C’est marrant comment le point de vue d’une même situation est différent d’une personne à l’autre. D’où l’intérêt d’avoir les deux versions d’une même histoire car la nuance est subtile mais parfois elle peut être immense. Comme là. Tu n’as pas du tout le même ressenti que Jordan car tu ne l’as vu exploser que très rarement et donc ce n’est pas encore intégré pleinement dans ton crâne que c’est une réalité. Que Jordan aussi peut être un danger, une force loin d’être tranquille. Qu’il y a quelque chose qui sommeille en lui et qu’il tente de maîtriser par tous les moyens malgré le fait que tu sois une pousseuse et une provocatrice. « Je prends ce qui me passe sous la main pour me défouler et… » T’as le frisson qui parcourt l’échine car tu comprends très bien la fin de sa phrase. Ce qu’il ne dit pas mais qui va de pair avec ce qu’il a dit quelques secondes auparavant. Tu ne l’imagines tellement pas lever la main sur toi. C’est totalement absurde.

Mais t’as pas le temps de répliquer. « Tu kiffes vraiment pousser à bout ? » Une question guère surprenante. Elle est légitime et tu ne la prends pas mal. Tu l’acceptes volontiers car c’est ce que tu fais. Tu provoques, tu allumes, tu secoues, tu titilles. Et encore, tu pourrais être pire mais l’expérience fait son œuvre. “J’aime avoir une réaction. Quand tu te tires, j’ai l’impression que ça t’indiffère. Ne pas avoir de réaction, c’est un signe d’ignorance et ça me… Ça me frustre au plus haut point.” Ce que t’aime bien dans sa question est que Jordan ne parle pas que de lui mais il englobe une généralité. Tu n’es pas comme ça qu’avec lui, loin de là. Mais t’es la plus horrible avec lui car il a le malheur de vivre avec toi. “Aurora me détestait aussi beaucoup à cause de ça.” Pour souligner que ce n’est pas nouveau. T’étais pire quand tu sortais de l'adolescence et que tu entrais dans le vrai monde. “Je réalise pas le danger que tu peux être… Ou alors, je… Qu’une partie de moi la cherche. Tu as beau l’évoquer ici et là, je l’ai jamais vu. T’as toujours eu l’air si… Parfait. Si maîtrisé de toi et de ta vie. Gratter la surface pour aller voir ce qu’il y a dessous est quelque chose qui m’a toujours fasciné. Tu n’y échappes pas. Encore pire avec toi.” Tu mords ta joue en frottant de nouveau tes mains l’une contre l’autre. “Peut-être que j’ai besoin de voir que personne n’est parfait. Que tout le monde a ses failles mais que certains sont plus doués que d’autres pour les cacher.” Tu penses que tu n’y arrives pas alors que c’est tout le contraire. T’es très très douée dans ton domaine aussi.

« C’est pas juste le danger que je peux être c’est aussi que je suis vraiment dans le mal dans ces moments là et j’ai besoin de redescendre au plus vite et y’a qu’en étant tout seul que ça marche. Parce que je sais que tu vas continuer. » Vous êtes un danger mutuellement. C’est ironique quand on sait à quel point vous ne souhaitez rien d’autre que le bonheur de l’autre. Mais c’est exactement pour ce genre de situations que tu avais peur d’être en couple. Que le pire attire vers le fond, plus que le meilleur ne saurait relever. C’est ce que tu as connu dans le passé. Une relation loin d’être saine n’est pas forcément une relation avec des coups physiques. Il y a aussi les mots, surtout les mots, et c’est un mal bien plus important qu’une gifle. Cependant, tu comprends. Tu as appris qu’il avait besoin de redescendre. C’est pour ça que tu l’as laissé la dernière fois. Que tu ne lui cours pas derrière. Mais tu ne peux pas t’empêcher de mordre quand il refait surface. Parce que le roi du silence n’a jamais été un jeu que t’as aimé. « J’ai jamais frappé personne. Enfin. Non. Si j’ai déjà frappé des gens mais des gens qui méritaient. Je crois. » Alors comment il peut penser te faire du mal un jour ? Ou alors il a toujours su se contrôler avant que ça n’empire ? Même quand il était jeune ? « J’ai beaucoup utilisé la violence pour me défouler quand j’étais plus jeune. » Ah. Comme s’il avait lu dans ton esprit.

« Et j’ai arrêté ces conneries une fois que j’ai eu ma maison. » La fameuse maison. Tu vas finir par la détester, cette maison. « Elle me manque ma maison… » Tu remercies même le ciel que l’eau lui soit tombée dessus. Tu comprends le symbole qu’elle avait aux yeux de Jordan mais est-ce que celle dans laquelle vous êtes maintenant ne signifie rien ? « Mais bon tout ça pour dire que j’espère tu vas pas attendre que je mette un coup pour me croire sur ce point. Je sais que je suis pas stable mais tu peux me croire. Je me connais. Et je peux t'assurer si tu l'avais pas déjà remarqué c'est que je suis pas parfait du tout... » Tu embrasses son bras. “J’avais remarqué…” Que tu dis par automatisme avant de tourner la tête vers lui. “Est-ce que t’aurais tenté de la reconstruire ta maison si j’avais pas été là ? Est-ce que celle qu’on a maintenant ne représente rien ?” Parce que pour toi, elle représente quand même pas mal de choses et en premier lieu, vous deux. Un palier franchi par la force des choses, ce qui entraîne une nouvelle question. “T’aurais jamais déménagé si l’univers en avait décidé autrement ?” Parce qu’au final, son environnement bousculé, le changement de toit, la perte du contrôle totale… C’est à cause de cette foutue baraque. Il n’a pas l’air d’en avoir fait le deuil et t’as la sensation que ça lui donne l’impression d’avoir fait vingt pas en arrière. Alors qu’au contraire, vous avez acheté. Ensemble. Il n’a pas de copine dans le coma mais une vraie personne vivante avec qui partager ça. Damn. Tes pensées vont loin. Mais au final, c’est toujours la même histoire ; son passé vs son présent. Toi inclus.

« J’aurai sûrement jamais déménagé non. Enfin… Si elle était toujours vivable. Pas comme là. » N’oublie pas, Birdie ; Jordan n’a pas de boule de cristal. Mais tu ne peux pas t’empêcher de ressentir de la reconnaissance envers le destin qui en a décidé autrement. Est-ce que ça te rend égoïste ? Tu t’en fiches, tu n’y peux rien. T’aimais bien cette maison mais elle n’était ni à toi ni à ton image. Et s’il y a un truc que t’as voulu au fur et à mesure de cette colocation bien différente de celle d’avant avec Jordan, c’est que tu souhaitais y mettre ton empreinte. Tu n’osais même pas inviter qui que ce soit sans lui demander la permission car tu n’en ressentais pas le droit! Ton nom n’était que sur la boîte aux lettres, c’est tout. « Cette maison est géniale mais ça m’a changé beaucoup beaucoup de chose d’être ici. Ca a réveillé plusieurs de mes peurs en fait. Je vais pas me répéter mais qu’on l’ait acheté à deux, que je regrette pas, hein, c’est juste pas là où je suis à l’aise et puis devoir prendre la voiture aussi fréquemment aussi c’est l’angoisse. » Et à aucun moment Jordan ne t’a demandé pourquoi tu demandais tout ça. Ce nouvel achat représente beaucoup, mais que des choses négatives. C’est une sacré petite claque dans la gueule. Lui qui parle souvent d’engagement, de mariage, de vous deux… Oui mais dans son environnement à lui, et à lui seulement, ça aurait été mieux. Finalement, il n’y a pas que toi qui soit égoïste. Tu trouves un certain réconfort à cette pensée.

« Tu vois tu dis que tu me penses indifférent à toi quand je pars pour me calmer mais c’est pareil quand toi tu roules dangereusement alors que tu sais très bien que j’ai peur sur la route. T’es indifférente à moi. » Oui mais il restera toujours moins horrible que toi. Lui s’éloigne pour vous protéger tous les deux. Toi tu roules dangereusement avec lui pourquoi ? Parce que tu oublies ? “Ok.” Tu prends une inspiration et une expiration. Ca fouette, bouh que ça fouette. T’essaie de te contenir. T’as de nouveau les yeux qui piquent. Ils t’agacent fort. “Comment tu veux que je me défende pour ma conduite, hein ? J’ai juste toujours conduit comme ça toute ma vie et contrairement à d’autres, je ne peux pas me contrôler tout le temps.” T’es loin de te voir comme une personne indifférente, au contraire, t’es tellement prévoyante envers les autres que ça peut en devenir maladif. Mais ce n’est pas suffisant et pour une erreur, Jordan ne manque pas de le faire manger. “Juste une fois où j’ai roulé trop fort et tu le pointes du doigt en me faisant vraiment passer pour une garce sans coeur.” Okay, les yeux piquent plus mais ça coule. Shit. “J’ai l’impression que tu préférais ta vie d’avant, ta maison d’avant, ton existence d’avant. Celle où t’étais dans ton contrôle, où y avait personne pour te pousser à bout et te mettre en danger.” Tu passes tes mains sur ton visage que tu finis par tenir. T’es en train de te cacher. “Je me suis jamais sentie chez moi dans ta maison. C’était ta maison. Pas la mienne. Et là, j’en ai une à moi et… J’ai l’impression qu’elle est juste néfaste pour toi.” Que je le suis aussi. Okay, Birdie, il va falloir se calmer. Tu vas trop loin dans tes pensées. Mais ça fait du bien. T’as l’impression de voir les choses d’un oeil nouveau. Tant pis si ça ne te plaît ou si ça fait mal. Le temps va bien finir par faire son oeuvre. “Comment je peux être indifférente à toi alors que te savoir dans le mal me tue ?” Cette dernière phrase prononcée au milieu d’une voix qui s’enroue. Ça fait beaucoup. Ça fera du bien. Tu ne t’en rends pas compte maintenant. Mais ça fera du bien.

« Mais non c’est juste que c’était y’a pas longtemps et je m’en souviens bien. » Oh, génial, il aurait toute une liste en plus, fabuleux. Autant dire que tu ne veux pas l’entendre, cette liste. Tu vas faire des efforts. Beaucoup d’efforts vu que ce n’est pas suffisant. Mais dans le fond, il n’y a que Jordan qui peut s’aider. Tu n’es que la spectatrice et béquille s’il en ressent le besoin. Même si ça sera vers sa psy qu’il se tournera en premier lieu. Elle sera toujours de meilleurs conseils que toi. Elle sait d’où il revient. Toi, tu en apprends encore.

Tu finis en larmes et Jordan passe ses deux bras autour de toi. Il te berce alors que t’as toujours tes mains plaquées sur ton visage. Tous ces ressentis sont affreux. Vous êtes heureux mais ce n’est pas ça. Enfin, en tout cas, de son côté. Toi, tu nages dans la plénitude. Mais savoir que ton fiancé n’est pas dans la même optique te brise totalement. T’as toujours pris soin de tes proches, leur bonheur étant le tien. Avec Jordan encore plus, encore pire, car tu l’aimes de toute ton âme plus que toi-même. Et c’est exactement parce que ça lui donne le pouvoir de te briser sans même le vouloir que tu repoussais toute possibilité de relation ou de lien affectif. « Je savais pas que ça allait m’affecter comme ça… Je savais pas… » Personne n’aurait pu savoir. La maison a été une véritable découverte. Entre ça et ton divorce, Jordan avait tout ce qu’il voulait. « J’avais trouvé mon équilibre et j’ai plus rien de tout ça. Je savais pas que tout ça était autant important. Je pensais que je pourrais me refaire un nid encore mieux vu comme cette maison est plus grande que l’autre mais… » Oui, tout allait très bien avant que… « J’ai peut être juste besoin de plus de temps d’adaptation… » Cette histoire de contrôle n’est pas la première fois qu’il en parle et ça te rappelle un autre moment. Mais est-ce qu’il y aurait un lien ? « Ou je suis juste pas fait pour la vie à deux de cette façon là. » Tu sors ton visage de son cocon qu’étaient tes mains. “Jor… Evidemment que t’es fait pour la vie à deux. C’est toi qui m’as amené en date, toi qui m’as demandé d’habiter avec toi, toi qui m’as demandé en fiançailles, toi qui m’as dit que si tu pouvais, tu m’épouserai. T’es fait pour la vie à deux mais je pense que… Je pense savoir ce qui a pu semer le trouble. Parce qu’avant cet épisode, tout allait bien, non ?” Tu ne sais plus trop, c’est tout confus dans ta tête, et ton discours doit l’être autant pour Jordan là. “Est-ce que ça a pas commencé quand j’ai parlé de mes ovules ? Parce que si ça fait partie de tes peurs, je peux t’assurer que j’en veux pas. Du tout. Jamais.” Tu vas embrasser ses lèvres. “Je t’aime, Jor. Je peux pas t’entendre dire que t’es pas fait pour la vie à deux. Tu n’imagines même pas l’angoisse que ça me procure d’entendre ça.” Tu l’embrasses de nouveau. “On va laisser du temps au temps. On est pas obligés de trouver toutes les réponses. Le plus important est que t’aille mieux.”

« Quel épisode ? » Tu ne le fais pas patienter plus que ça et tu lui déballes ce que tu penses. Vous êtes en vraie séance à coeur ouvert. Un peu comme cette conversation que vous avez eu il a quelques mois pour mettre les choses au point. Seulement celle-ci est plus naturelle. Elle est spontanée. Elle n’en est pas moins difficile. Mais nécessaire. Importante. Cruciale, aussi, vu la tournure des choses. Vous communiquez et c’est un miracle que tu sois toujours assise là. Tu as pleuré, oui. Tu t’es un peu énervée mais tu as gardé ça à l’intérieur. Tu n’as pas provoqué, ni parlé salement, ni haussé le ton. Aucun de vous deux. C’est un progrès. Un très beau et bon progrès. « J’ai… J’ai eu vraiment très peur ce jour là ouais… J’ai vu tout s’écrouler. Je me suis vu te quitter pour être sûr que tu puisses avoir tes enfants hypothétique, mais sans moi. » C’est ce que tu avais compris. Comme si tu pourrai le choisir lui avant des enfants. Mais cette histoire a été un trop grand moment dans votre histoire. Beaucoup d’incompréhensions et de non dits. De colère aussi. Le voir partir à la dépendance puis chez Maria t’a fait comprendre que jamais tu ne veux connaitre ça de nouveau. « Je sais que ça a pris de trop grandes proportions et que c’était juste qu’on s’était pas compris mais oui ça… là… j’ai eu vraiment très peur, je contrôlais plus rien et ça c’est parce que t’es une personne à part entière et c’est normal que je te contrôle pas. C’est pas ça l’amour. » Tu baisses la tête. Tu n’aurais vraiment pas pensé que ça aurait pris de telles proportions. « Je sais qu’on va pas trouver la solution maintenant. Je te promets que je le sais. » Son baiser te fait du bien et te voilà de nouveau en train de te poser contre lui, les yeux fermés. T’es fatiguée, t’as une journée de travail dans les pattes après tout.

« Mais est-ce que… Si on doit en arriver là… Tu serais ok pour qu’on emménage en ville? Je dis ça comme ça, je dis pas que c’est ce qu’on fera c’est juste… Ca m’est passé par la tête alors je voulais partager. » Tes paupières restent closes. Mais si on y prête attention, on voit qu’elles vacillent un peu. Que sa mâchoire se crispe un peu. Tu laisses planer quelques secondes avant de prendre la parole. Juste le temps de faire toi même le deuil de cette maison actuelle car tu sens qu’elle pourrait bientôt t’échapper. Même si ce n’est qu’hypothétique. Tu comprendrai presque pourquoi Jordan n’aime pas l’inconnu. Ce genre d’inconnus est nul. Quand tu te redresses pour regarder ton fiancé, tu as un petit sourire en caressant sa joue. “Bien sûr. Une maison ne reste que des murs. C’est les habitants qui font son âme.” Tu vois, finalement, tu sais aussi te contrôler quand tu le veux. Et puis, le bonheur de Jordan vient avant une maison. Ce n’est pas très compliqué à choisir. “Si c’est ce qu’il faut faire en dernier recours pour que t’aille mieux… Alors on le fera.” Il faut savoir faire des concessions. Même si celle-ci te briserait le coeur, elle n’est pas discutable ni débatable. Tu peux faire ta vie sans cette propriété. Tu ne peux pas faire ta vie sans Jordan. C’est pas compliqué.