Tu trifouilles, tu cherches le plat à faire réchauffer, tu prépares ton ketshup parce que t’en as une légère addiction, tu sors des cornichons à grignoter parce que t’as juste besoin d’occuper tes mains autant que ta bouche pour ne pas en dire plus. Davantage de mots qui pourraient causer ta perte, qui pourraient clotûrer comme tu ne veux pas des retrouvailles alors que ça fait des jours que tu les attends. Ce qui est assez absurde en soi, comme pensée, parce que jamais t’as eu ce sentiment de manque. Enfin, c’est ce que tu crois parce que t’oublies aussi les tracas, les futilités de ce genre. Le côté sentimentaliste que tu te refuses d’avoir parce que justement, ça amène dans des situations pareilles et on voit le résultat. Ou est-ce parce que justement tu n’as jamais pratiqué et donc que tu te retrouves complètement démunie et inexpérimentée dans le domaine qui fait que t’as de tels agissements ? Tu fourres le plat dans le micro onde en refermant un peu trop violemment la porte, jugeant que de telles préoccupations n'ont vraiment rien à foutre dans ton esprit.

« I just want to sleep… » Et y a Jordan qui te rappelle sa présence, que t’aurais presque pu oublier alors que ton esprit et tes émotions sont focalisés sur lui, ou plutôt ce qu’il te fait subir de l’intérieur. Est-ce que ça serait si mal que ça de se poser deux minutes pour l’exploration profonde ? Visiblement oui. « Can you show me where I sleep please? » Oh right, he’s tired. Tes grands yeux bleus stagnent sur lui et tes lèvres restent closes sûrement un peu trop longtemps ; t’es juste en train d’analyser la situation. Tu te rappelles que ta chambre est en bordel. T’as pris la peine de ranger parce que déjà, t’y avais pas pensé, que t’as pas l’habitude et que… T’avais vraiment pas pensé à ce détail. D’habitude, c’est toi qui traîne chez lui. C’est toi qui squatte son lit. Qui s’applique à laisser ton odeur, tes empreintes partout par-dessus les siennes chez lui. “Right, sleep.” Okay, snap out of it, girl. En vérité, tu pourrais le diriger vers la chambre d’amis parce que la villa de Mason est grande pour avoir des pièces inexplorées jusqu’à maintenant. Mais il pense que vous ne vous faites confiance que pour le physique. T’as envie de lui prouver le contraire, de le pousser dans ses retranchements et de montrer que lui aussi, il a tort. Qu’il n’y a pas que toi qui dit des idioties. Alors tu expires un souffle. “I’m gonna show you my room. You better move your stuff there. Mason would kill me otherwise.” Et vu que t’es chez lui, mieux ne vaut pas le laisser croire que t’as recueilli une nouvelle bestiole égarée - kinda of ? Non, parce que d’habitude, les bestioles, tu les soignes, tu les cajoles et tu leur rends leur liberté. Tes pieds nus te guident à travers la pièce ouverte, tes mains qui font s’incruster dans la poche kangourou de son hoodie, le silence de plomb te poursuivant.

(vide of the room) Tu t’arrêtes sur le seuil, la main sur la poignée et tu te retournes à la dernière minute vers lui, tes yeux sur ses pieds avant de les lever. “I- It’s a bit messy. And by bit, I mean third-world-war messy. I’m not used to have visitors.” Tu n’iras pas jusqu’à souligner qu’en dehors de Mason - et Wren, aussi frustrant que cela avait été - personne n’y a foutu les pieds. Non pas parce que personne veut te voir mais juste parce que tu ne l’autorises pas. Jordan n’a sûrement pas conscience que t’as même pensé à dissimuler tes carnets qui forment des piles ici et là, pas plus que tes dessins de gamine que t’as conservés et qui parsèment tes murs, au milieu d'affiches absurdes de magiciens et de posters vintage. Tu t’effaces pour le laisser entrer et t’es absolument terrifiée - don’t say I don’t trust you, Jordan. Il y a des lumières qui pendent contre les murs, contre les fenêtres avec un dreamcatcher, en même temps que des voiles aussi légers que de la soie et transparents, colorés, des tapis à l’ancienne qui détonnent totalement avec la villa classe dans laquelle t’as emménagé. T’as jamais apprécié le blanc et le gris et le banal ; ta chambre en est la preuve de plus. “Make yourself comfortable. I can sleep somewhere else if you- You know.” Tu passes la main dans tes cheveux, la tête qui s’affaisse contre la porte en même temps que ton dos tout entier. T’es pas sûre qu’il sache mais il comprendra quand même. T’espère en tout cas. Juste une façon de t’assurer que tu vas pouvoir graviter contre lui pour la nuit. Tu demandes l’autorisation. Sans le demander franchement, bien sûr.

“Right, sleep.” Son temps de réaction est si long que tu te dis qu’elle s’attendait à ce que tu t’en ailles certainement. Vous vous surprenez un peu plus l’un l’autre ce soir. Autant dans le bon que le mauvais sens à ton avis. Irrémédiablement, la finalité, c’est que vous voulez être ensemble. Tu es loin d’être de ceux qui se frustre pour le plaisir. T’es chez elle, vous vous êtes manqué, ce serait juste complètement stupide à ton avis de partir maintenant. Surtout quand vous avancez doucement du côté de la communication et l’éclaircissement de… votre relation. Vous ne pouvez pas nier que le label est plus qu’adapté même si vous préférez parler d’amitié et de sexe comme deux choses bien distinct mais qui le sont de moins en moins et c’est bien ça le problème.  “I’m gonna show you my room. You better move your stuff there. Mason would kill me otherwise.” Tu hoches la tête allant récupérer ta valise et ton sac à dos pour la suivre.

Devant la porte, elle se tourne et tu n’aimes pas la voir regarder vers le sol. C’est pas Birdie ça. Pas celle que tu connaissais jusque là en tout cas. Look at me. Elle a l'air encore plus petite devant toi. Qu'elle porte ton hoodie bien trop grand n'aide en rien à accentuer ce côté là de sa personne. Mais tu ne le lui ferais retirer pour rien au monde. “I- It’s a bit messy. And by bit, I mean third-world-war messy.” Un sourire - un sincère cette fois - se forme sur tes lèvres. “I’m not used to have visitors.” Tu hoches la tête, ne réalisent pas l’extension de ces dernier mots.  « Don’t worry. » Parce que tu en as réellement rien à faire du bordel. T’es loin d’être le type avec mille tocs bien que ton appart’ est pour la plupart du temps, vraiment très bien tenu. T’apprécies surtout qu’elle t’ouvre sa chambre et qu’elle ne te laisse pas sur le canapé comme tu l’as très facilement imaginé.

Quand elle ouvre la porte de sa chambre, tu sais pas à quoi tu t’attendais, mais tu es pas tant surpris que ça de l’atmosphère qui règne dans la pièce. Ca lui ressemble. T’as pas forcément envie de lui donner l’impression que l’endroit t’intrigue mais il est vrai que tu passes un moment non négligeable à regarder l’endroit. Y’en a partout et plus tu remarques des détails, plus tu es conforté dans ta pensée initiale. Ca lui ressemble. A mix of chaos and art.  “Make yourself comfortable. I can sleep somewhere else if you- You know.” Birdie… Elle continue à être plus que délicate et la soft Birdie que tu as déjà croisé mais pas comme ça. Y’a comme un switch qui s’est effectué depuis qu’elle t’a avoué pas mal de chose un peu plus tôt. Vraiment tu n’aurais pas cru qu’elle deviendrait soft Birdie de manière permanente. « I don’t want to sleep in your bed without you. » Ca ferait pas de sens à ton avis. Tu n’es pas venu pour la chasser de son propre lit. Sans parler que tu veux pouvoir la sentir contre toi. « Can you show me where the bathroom is? » Tu trouves tellement étrange cette nouvelle dynamique de vous deux. C’est votre première dispute et tu n’oses plus grand chose. Tu espères juste qu’elle viendra se coucher rapidement après que tu te sois rafraîchit brièvement dans la salle de bain.

Car te voilà une vingtaine de minutes plus tard vêtu d’un t-shirt manches longues noir et d’un short, en train de te glisser dans ses draps après une douche bien mérité. T’as pas su trouver où éteindre les quelques lumières qui sont encore éclairé mais tu t’en moques bien. Tu n’as pas besoin d’être dans le noir complet pour dormir. Son lit est confortable. Tu t’es calé du côté qui était le plus éloigné des quelques objets sur une surface qui a l’air d’avoir le rôle de table de nuit. Ton téléphone dans la main pour regarder quelques trucs avant de dormir - action qui généralement te garde éveillé une heure encore même quand t’es mort. Installé de côté, tu te surprends à mettre ton nez dans le coussin sur lequel ta tête repose pour inhaler un peu plus l’odeur de Birdie entre deux scrolls, deux likes sur Instagram.

« Don’t worry. » Tu ne peux pas t’en empêcher. C’est de ta chambre que l’on parle. Jordan ne se rend pas compte à quel point c’est important, c’est presque cérémonieux à ce stade - ne dramatise pas trop non plus. Mais c’est ton antre, ton point de chute, ton univers et même s’il a beaucoup bougé, qu’il n’est pas un point fixe comme tout ton univers, il n’empêche que les effets sont les mêmes. T’as eu le temps d’y foutre ton empreinte et tes habitudes en quelques mois. Donc forcément, ça te fait bizarre de voir quelqu’un au milieu de la pièce, le regard qui se porte déjà sur tout et rien parce que c’est vraiment le bordel et qu’y a même des bouts de tissu au sol, tout comme ta machine à coudre au pied du lit qui prouve que tu n’as pas besoin de bureau, le sol te convient parfaitement. Tu n’es pas compliquée, c’est ton caractère qui l’est.

« I don’t want to sleep in your bed without you. » Donc tu pourras dormir dans ton lit. Avec lui. T’es soulagée. Tu t’attendais vraiment à ce qu’il te fasse comprendre l’inverse - ce qui est incroyablement stupide car il ne serait pas resté de base si ça avait été le cas. Si Jordan a peur que tu disparaisses de ta vie, toi, tu sais qu’il peut aussi déguerpir à la moindre occasion. Ou plutôt, si la limite est atteinte. Tu joues sur les cordes beaucoup trop souvent et là, t’as frôlé la fausse note. Mais tu peux détendre tes traits et même lui sourire légèrement tout en hochant la tête. “Okay.” Oh, godsake. Le chat t’a coupé la langue ? « Can you show me where the bathroom is? » Chose que tu fais.

Tu le laisses prendre ses aises. Tu ne lui dis pas de ne pas fouiller dans tes affaires. De ne pas ouvrir tes carnets. De ne pas tripoter tes boites de carton qui sont remplis de souvenirs. Because I trust him. Si tu lui dis rien, il ne pourra pas savoir. Tu n’arrives même pas à regarder ce qui se trame à la télé alors que tu manges, à même le plat parce que t’as une flemme immense d’utiliser plus de vaisselle. Tu le sais qu’il n’est pas loin et même si l’envie de faire ta curieuse pour voir ce qu’il fiche est grande, tu réussis à ne pas lever tes fesses. La distance, là, elle fait du bien. Même si t’as l’impression de marcher sur des œufs. Alors qu’il t’a déjà confié tant. Mais ce n’est pas pareil, là. C’est toi qui a parlé, c’est lui qui a reçu et t’ignores encore si ça s’est vraiment bien passé ou non. En tout cas, ça aurait pu se finir pire que ça.

Tu finis par te décoincer de ta place, bouger dans la cuisine pour y ranger ton bordel, dans le hall pour récupérer ton haut qui traîne toujours et direction la salle de bain où t’en profite pour troquer son sweat contre ton haut de pyjama - t’auras trop chaud sinon. Mmh. Tu gardes son hoodie dans des bras en revenant dans la chambre et tu remarques que, non seulement il a laissé les petites lumières allumées mais qu’il est dos à toi. Il a l’air occupé à regarder quelque chose mais ce n’est pas ça qui t’arrête d’aller te coller à sa forme une fois sous le drap. Le nez contre sa nuque, le bras autour de sa taille et ses jambes contre les siennes, tu t’autorises à briser un peu cette foutue glace qui s’est instaurée entre vous et que tu n’aimes vraiment pas. “I can turn the lights off if it bothers you.” Peut-être que c’est à cause de ça qu’il ne dort toujours pas. Certaines personnes aiment dormir dans l’obscurité totale. Toi aussi, si tu es avec quelqu’un. Et là, t’es avec lui. Donc ça ne te dérangerait pas.

Tu as vite switché Instagram pour tes e-mails quand tu as vu la notification d’un nouveau dans ta boîte pro. Tu es en train de mettre quelques libellés pour déjà organiser ton futur travail. Et puis voilà que tu l’entends entrer dans sa chambre. Tes yeux sur ton écran mais tu n’y prêtes presque plus attention. Elle vient de coller à ton dos, son nez contre ta peau, ses jambes, ses mains, tout contre toi.  Tu te sens te relaxer automatiquement. Tu sais réellement pas comment tes souhaits sont devenus réalités ce soir. “I can turn the lights off if it bothers you.” Tu abandonnes ton téléphone pour te retourner et profiter de sa proximité. Ton bras qui la rapproche encore plus de toi. L’autre qui est au dessus de ta tête pour te caler. Tu soupires doucement profitant de la sentir contre toi. Même si c’est toujours la version soft+++++ que tu as devant toi. Tu sais pas comment celle ci fonctionne. Are you okay? Tes yeux qui demandent aux siens.  « Nah it’s fine. » Y’a réellement pas grand chose qui te dérange de base quand ça n’est que matériel, encore moins quand tu es chez les gens où tu préfères te faire tout petit pour pas les déranger. Les raisons de la nuit que tu vas passer chez Birdie n’ont rien à voir avec celles de ta jeunesse mais quand même, si tu pouvais être invisible pour pas être un fardeau, tu le ferais.  « Thanks. » Ta main qui va sous son haut, dans son dos, sans que tu t’en rendes compte - on y croit tous. Tu caresses sa peau alors que tes yeux se referment. Fatigué mais apaisé qu’elle soit contre toi, que vous ne soyez pas encore en colère comme plus tôt. Tu te demandes si vous allez devoir en reparler le lendemain quand tu seras bien reposé ou si vous pouvez faire comme si ça ne s’était jamais passé...

Tu peux pas t’empêcher de repenser à tout ce qu’elle t’a dit et t’es légèrement rassuré de voir que tu n’es pas le seul dans ce bateau. Sauf que tu as l’air de bien mieux gérer la barre qu’elle. Ok t’as rallongé ton séjour à Melbourne pour deux semaines parce que tu flippais. Yeah whatever. Il est vrai que tu as fait du travail imprévu mais d’une grande qualité, c’était légitime. A peine forcé.  « I really was in Melbourne. » Que tu sors de nul part un peu... Seulement maintenant que tu lui réponds parce que ça te travaille encore. Tu espères sincèrement que ça ne va pas relancer la conversation alors... technique fourbe un peu, tu vas poser tes lèvres contre les siennes. Doucement. T'as l'impression que ça va lui montrer que t'es plus mad à présent.  « Good night. » Car tu es quand même très fatigué et tu regrettes déjà d’avoir reparlé de Melbourne mais... trop tard. Shut the fuck up now Jordan. T'es si awkward.

C’est terrible comment c’est réconfortant de l’avoir contre toi. Ce n’est pas pour rien que tu peux dormir les lumières éteintes si ça le dérange. Parce qu’il est là. Tu te réconfortes en te disant qu’importe qui est avec toi, tu aurais pu les éteindre de toute manière. Ce qui n’est pas faux. La présence d’autrui t’es toujours conseillée, même la nuit. Ce besoin incroyable d’une compagnie n’est pas que pour le feu follet hyperactif que tu es ; les autres te permettent d’éviter de te perdre dans tes propres pensées et dans tout ce que tu ne veux pas penser. Le fait que Jordan soit là et que ça se passe dans ta chambre, c’était assez impensable il y a encore quelques mois. Sûrement parce qu’il y a quelques mois, ni lui ni toi n'auriez pensé que vous en seriez arrivés là où vous en êtes maintenant - qu’importe comment vous voulez voir et interpréter les choses. « Nah it’s fine. » Ce qui tombe bien car tu n’avais pas envie de te lever maintenant que t’es allongée. En plus il a bougé, il s’est tourné et t’es bien trop confortablement installé pour avoir la volonté de lever ta corpulence entière. « Thanks. » Il remercie pour quoi exactement ? Il n’y a pas grand chose dont il peut t’être redevable à ce moment-là. T’as tellement mal agi, t’as été cruelle à le forcer à être ce qu’il n’aime pas mais t’as pas forcément conscience de ça. Son remerciement est répondu simplement par un hochement de tête furtif alors que ses caresses te bercent gentiment jusqu’au train de Morphée.

Tu pensais que ça allait être son cas à lui aussi mais il faut croire que les surprises ne sont jamais très loin. « I really was in Melbourne. » Tes paupières affaissées se relèvent, laissant tes prunelles s’asseoir sur son visage, ne sachant pas s’il est en train de se justifier ou de te rassurer. Ou un peu des deux. Sûrement un peu des deux, t’imagines. T’es décidément toujours aussi douée pour faire des scénarii dans ta tête. En même temps, il n’en dit pas plus et il vient simplement t’embrasser. Ce qui suffit à croire à ses paroles, tout en te dédouanant de toute responsabilité quant à son séjour. Ce n’est pas de ta faute, ce n’est pas toi, ni tes agissements. Il n’a pas cherché à te fuir, il était… Juste là-bas. « Good night. » Juste comme ça, Jordan exprime son envie de ne pas chercher la conversation et à vrai dire, tu n’en as pas plus envie que lui. Tu te contentes de chercher sa main de la tienne pour enlacer les jointures tout en calant un peu mieux ta tête sur ton oreiller et contre son épaule.

Un souffle après et t’es partie, laissant derrière tout ce qui a été dit, balancé et suggéré. N’espère pas trop du matin car quand tu ouvriras tes yeux qui se poseront sur lui, complètement endormi, t’auras rien oublié. Comme à chaque fois, tu scrutes ses traits. Mais pour la première fois, tu penches la tête pour observer aussi sa respiration. “You awake ?” Question rhétorique prononcée dans un chuchotement discret comme on ne pourrait pas penser que tu puisses être capable. Tu soupires légèrement tout en secouant la tête. “What are you doing to me, boy ?” que tu poursuis en te torturant la lèvre avant de rouler sur toi-même, d’attraper son sweat que tu remets, le carnet qui traîne sur la table de chevet, le stylo accroché et de te diriger vers ta chaise suspendue pour t’y recroqueviller et tenter de mettre un peu d’ordre dans tes idées. Ca a été prouvé mille et une fois que ce n’était pas forcément une technique qui donnait des résultats mais au moins, tu peux suivre le fil de tes émotions, de tes histoires, de tes pensées, de ces moments dans ta vie qui te donnent toujours de quoi faire défiler le crayon sur le papier. T’as forcément l’historique de Jordan au milieu de d’autres histoires parce qu’il a été présent, il a été foutrement là ces derniers mois et là, tu ne peux pas dénier à quel point il prend de l’importance. Damn you, Fisher.

T’as eu peur qu’elle relance la conversation mais nope. Le silence reste dans la chambre après que tu aies dit ton bonne nuit. Tu mets tout ça sur le compte de la qualité de tes baisers. Oh shut up. Avoue un petit peu Jordan. Elle joint vos mains et ça n’est pas un geste anodin pour toi. Tu lui laisses ta main toute la nuit autant qu’elle le veut, autant que ton épaule. Vous êtes assez proche pour t’endormir relaxé. To be continued… Parce que tu sais que tout ça va revenir trop vite sur le tapis. Elle a changé depuis tout à l’heure, depuis la dernière fois aussi, avec Will. Tu es passé par là également au show fin mars où vos routes se sont croisés. T’avais pas compris ton comportement quand tu l’as vu avec un autre gars, ouvertement en train de le charmer. Et puis ensuite chez toi, tu as dit tellement à propos de toi que tu le regrettes encore aujourd’hui. C’était pas avec des mots à voix haute, mais tu lui as avoué, tu t’es avoué, que tu avais développé des sentiments pour elle. Et c’est suite à ça que tout a changé… à ton avis.

Tes rêves sont pas de tout repos et quand tu te réveilles, tu sais pas où tu te trouves pendant quelques secondes. Mais quand tes yeux s’accrochent aux lumières au dessus de ta tête, tu remets bien vite tout en place. Birdie n’est plus à côté de toi, elle est un poil plus loin, en train d’écrire. Elle a remis ton hoodie sur le dos. Tu restes silencieux, tu ne bouges pas non plus dans le lit car ta position te donne tout le loisir de la regarder faire. Tu aimerais beaucoup pouvoir lire ce qu’elle couche sur le papier avec tant de ferveur. Surtout qu’elle n’a pas l’air d’arriver à court d’inspiration. Tu ne sais pas combien de temps tu l’observes silencieusement mais… C'est ton estomac qui t’expose en hurlant famine. La dernière fois que tu as mangé c’était milieu de l’après midi la veille. Tu grimaces et tu te sens obligé de dire quelque chose maintenant qu’elle voit que t’es réveillé et que tu as visiblement faim. « Is there some Mac & cheese left? » T’as pas spécialement envie de manger mais tu sais que tu en as besoin pour vivre. T’es en train de te demander si tu devrais pas juste prendre tes affaires et rentrer chez toi maintenant que t’as bien dormi. After I ate something. Ça serait plus sage oui, mais avoue Jordan que manger est plus un prétexte pour rester un peu plus qu’autre chose là ? Hmmm. T’as moyen envie de voir des étoiles, ou pire, tomber dans les pommes alors que t’es chez elle. Ca ne reste pas ta priorité habituellement. C’est marrant comme tu essaies de mettre des raisons rationnelles derrière ton désir de passer le plus de minutes possible avec ta personne - et la sienne - dans sa maison. Maintenant que tu es démasqué tu t'étires dans le lit, tes pieds qui dépassent du matelas de par ta grandeur mais tu ne sors pas du lit. Au contraire. Tu remets mieux la couette sur toi et tu te tournes, te calant encore mieux. T'as pas vraiment envie de sortir mais ça ne le ferait pas de lui demander de te ramener une assiette dans le lit...

Fourberies. Incompréhension. Qu’est-ce qu’il se passe ? J’en sais rien. Y a là-haut, la Lune qui toise et qui fait des clins d’oeil. Je la vois pas mais elle recelle tous les secrets du monde. Elle a été complice, elle a vu à travers le plafond, elle a observé et je suis sûre qu’elle se moque. De qui ? De nous ? De moi ? Des humains tout entier parce qu’ils sont stupides, les humains, non ? Evidemment qu’ils sont stupides. Arg. *rature* Je comprends pas. Pourquoi elle fait ça ? Ses ondes provoquent des marées alors c’est pas surprenant qu’elle en provoque aussi chez nous. Dans nos esprits. Oui, voilà, c’est la Lune le problème. Un astre qui perturbe les chromosomes intérieurs. Qui fout tout à l’envers et sans aucun sens. Je-

« Is there some Mac & cheese left? » Comme un faon pris en plein phare au milieu de la nuit, tu relèves la tête vers la voix endormie dans le lit. Tu ne l’as pas oublié - comment tu le pourrais alors que tu n’invites jamais personne dans ton antre ? - mais il n’empêche que t’avais zappé qu’il pouvait se réveiller et s’exprimer. C’est la faute de la Lune - oh shut up. Tes prunelles glissent sur lui qui se prélasse dans ton lit, qui s’étire comme le grand gamin qu’il est et tu penches la tête en l’observant se rouler de nouveau dedans, tel un petit burrito vivant. L’image te fait sourire et même rire légèrement - il faut croire que les nerfs sont si à vif depuis hier qu’un rien peut te faire partir en vrille. Tu te redresses dans ton fauteuil suspendu qui bouge légèrement sous tes gestes. Tu fermes ton carnet, tu coinces le stylo contre la couverture et tu le fourres dans ton dos avant de te lever. “Hi yourself, burrito.” que tu ne peux pas t’empêcher de dire en serrant tes lèvres l’une contre l’autre pour retenir le nouveau rire qui menace. Vraiment, c’est assez étrange, là. “Yup. You lucky I didn’t finish it yesterday.” because I stress eat, usually, mais ça, il n’est pas obligé de le savoir, n’est-ce pas ? Tu t’avances pour te retrouver assise sur tes genoux dans le lit, à côté de lui, visiblement bien décidée à le recouvrir comme il faut, digne d’un burrito - ta connerie te perdra un jour, Cadburn. “Want something to drink ? Enjoy yourself, I’m serving.” Tu veux d’abord voir si Mason est là. Donc si Jordan peut rester dans ta chambre en attendant, ça t’arrangerait. T’imagines même pas la réaction de ton colocataire quand/s’il sait que t’as un invité dans ta chambre. Autant épargner ça à Jordan. Pour le moment.

Vu son air quand tu prends la parole, elle n’avait pas vu que tu t’étais réveillé. Tu te sens con d’avoir supposé qu’elle ne serait pas autant investi dans son écriture pour entendre les bruits aux alentours. Mais c’est trop tard maintenant, tu t’es démasqué tout seul. I’ll remember for next time tho. Prochaine fois Jordan? D’où sort cet optimisme soudain? Shut up. “Hi yourself, burrito.” Voilà t’as pas dit bonjour et elle t’expose et tu te sens malpoli alors que t’a jamais eu à être irréprochable comme ça avec elle. She’s just teasing. Mais oui, allé, relax, regarde, elle est même en train de sourire, ça se voit qu’elle a envie de rire et vous ne vous vous êtes pas quitté techniquement. T’as pas besoin de dire bonjour de nouveau.  Hmmm. « Hi… » Tu la salues quand même parce que t’es cute comme ça. Il est certain que par messages tu ne lui dis jamais bonjour ou au revoir car c’est une conversation géante sans fin. Ou du moins, que tu veux être sans fin. Quand vous voyez le soleil se lever ensemble, c’est autre chose, à ton avis… “Yup. You lucky I didn’t finish it yesterday.” T’as l’impression d’être chanceux pour bien plus que juste le reste de Mac & Cheese. Elle a l’air d’être de nouveau elle même, rien que part le surnom qu’elle t’a affublé. Par ses sourires aussi. Still a lil too soft. Mais tu aimes plutôt beaucoup en même temps.

Et puis la voilà qui reprend le territoire de son lit en te couvrant, bordant, encore mieux que tu ne l’as fait. Is she keeping me prisoner? Is it weird that I like it? Parce que tu ne peux plus vraiment bouger là et ça te fait marrer. “Want something to drink ? Enjoy yourself, I’m serving.” What the… C’est parce que tu vas vraiment l’avoir cette assiette dans son lit. Comment ça se passe? Tu émets une pensée dans ta tête et elle devient réalité dans les minutes qui suivent ? « Yeah, whatever. I mean. Water. Apparently water is good. » Parce que t’as aucune idée de ce qu’elle a dans son frigo et ça fait longtemps que tu n’as pas bu d’eau. Il en faut pour vivre ça aussi. « Thank you. » What were you writing? I bet it’s about me. I’d chop my arm off if it isn’t. Ca va tranquille ce genre de pari de l'extrême dans ta tête avec toi même. T’as pas grand chose à craindre pour ton bras si ce n’est pas vraiment le cas, parce que tu sais que tu ne sauras pas. « How long have you been awake? » How long have you been writing about me? Oh please Jordan, enough. Maybe she was not. Mais tu es bien trop sûr de toi. Ou peut être que c’est un autre de tes souhaits que tu fantasmes devenir réalité… « What time is it? » Parce que tes bras sont coincés tu peux pas prendre ton téléphone.  « Oh wait, I think I saw a clock somewhere yesterday. » Tes yeux qui se perdent dans la chambre à la recherche de la montre que tu avais aperçu, si tu ne l'as pas imaginé. En tout cas, une chose est sûre, c'est que l'atmosphère de la pièce est bien meilleure que celle du hall d'entrée d'hier... T'es content que ce soit le cas.

« Yeah, whatever. I mean. Water. Apparently water is good. »
“Apparently. It’s not like the human brain is at 75% of water, right.” que tu évoques avec un léger sourire. T’as assez entendu Elwyn répéter ce fait quand on te forçait à boire de l’eau quand t’étais dans ta période soda. C’est peut-être pour ça que t’es toujours trop active. Le taux de sucre n’a jamais eu le temps de s’évaporer - est-ce que tu vas arrêter de te faire ces réflexions absurdes, là ? « Thank you. » Tu le secoues légèrement, visiblement prête à l’embêter plus qu’il ne le faut. Tu redeviendrais presque dans ton état “normal”, celui du rôle de gamine qui te va si bien, la chieuse par excellence, que tout le monde connaît et apprécie. Et puis, t'apprécies que Jordan soit toujours là. Malgré la soirée d’avant, il est toujours là et ce simple détail te rend bien plus légère que tu veux le laisser paraître. Tu profites de sa présence, voilà tout.

« How long have you been awake? »
« What time is it? »

Tu grommelles légèrement parce que “I don’t know and I don’t care.” Tu persistes à croire que le temps n’est qu’une contrainte imposée par la société et tu te refuses à te laisser prendre dans ces rouages - ce qui explique peut-être ta capacité incroyable d’être toujours en retard. « Oh wait, I think I saw a clock somewhere yesterday. » Tu pouffes légèrement. “Yeah, well, I’ll be you, I wouldn’t count on it to give you the proper hour.” Surtout si c’est à toi, quelque part. Seul ton téléphone peut te donner l’heure correcte. Tu finis par récupérer son attention en te baissant pour l’embrasser parce que, fuck it, why not. Il est ta merci totale, de toute façon, comme si l’univers te le demandait. Tu ne fais qu’obéir à des êtres supérieurs à ta propre existence. Mmh, bien sûr. Tu soupires légèrement entre ses lèvres avant de te redresser et de sortir du lit. “Don’t dry out til I come back.” And don’t disappear.

T’as préparé sur le plateau eau, assiette, fruits et un pot de glace parce qu’importe quelle heure il est, tu as envie de glace ben & jerry aux cookies - pour noyer ton chagrin passager de la veille ? You know you start to be a real pain in the ass ? Et évidemment, toi qui pensait pouvoir être assez rapide pour éviter Mason, c’est loupé. “Well well well, brunch in bed ? Can I join ?” Tu grognes quand il t’embrasse sur la joue et qu’il a cet air suffisant placardé sur son visage. “No. Use your own room for that.” que tu dis en lui frappant l’épaule. “Oh c’mon, lil bird, you’re breaking my heart!” Il est exaspérant. “If only you had one!” alors que tu te sauves dans ta chambre, t’entends Mason hurler “Why two glasses then ?”

Tu réponds pas, tu fermes juste la porte de ta jambe à l’aide de ton pied avec un nouveau grognement que tu ne dissimules pas. “What a pain in the ass this one.” Tu le dis pour toi, pour Jordan et tu pourrais même l’écrire en grosses lettres capitales sur la devanture de la villa pour prévenir. Tu fais vaciller le matelas sous ton poids et que tu poses le plateau dessus. T’espères que Mason va pas venir faire son curieux car tu ne donnes pas cher de sa peau. Il va commencer à se faire des idées et il n'y a aucune idée à se faire. “Still alive ?”

“Apparently. It’s not like the human brain is at 75% of water, right.” Tu laisses sortir un rire avant de rebondir là dessus. « Mine is more like 75% lyrics. » Tu te crois drôle avec ta réparti à deux balles. But it is true tho. Bien sûr Jordan. T’es cute. Elle aussi elle est chou avec son sourire et ses taquineries.

“I don’t know and I don’t care.” Okay. Est-ce que t’es bloqué dans une maison hors du temps ? “Yeah, well, I’ll be you, I wouldn’t count on it to give you the proper hour.” Est-ce qu’elle a rien de prévu jamais pour ne pas avoir besoin de regarder l’heure ? On est jeudi et les gens qui ont des jobs boring dans des bureaux ou grandes corporations travaillent généralement à des horaires assez fixes. Tu ne sais pas celles de Birdie et tu préfères ne pas demander car elle fait ce qu’elle veut. T’es bien content qu’elle n’ait pas besoin de filer là. Tu réfléchis beaucoup Jordan nan ? Nah. Ouais tu dis ça juste parce qu’elle vient de poser ses lèvres sur les tiennes et qu’effectivement ça t’a coupé dans tes réflexions inutiles sur le programme de sa journée de jeudi. Tu réponds à ce baiser qui était assez inespéré. Elle t’a embrassé la première et tu aimes bien que les choses reviennent à leur place naturelle. Si t’avais pas les bras bloqués sous les draps tu aurais fait durer le baiser plus longtemps en la gardant contre ton visage mais nope, c’est elle qui gère tout là. “Don’t dry out til I come back.” Tu hoches la tête, juste content d’avoir un futur repas à manger dans son lit au chaud because why not.

Tu sors de ta camisole/burrito pour aller prendre ton téléphone et vérifier si tu as des notifs importantes. Tu restes sous les draps quand même parce que t’es bien trop confortablement installé pour sortir et t’as peut être un peu froid aussi. “What a pain in the ass this one.” Tu tournes la tête vers elle, supposant qu’elle parle de quelqu’un d’autre car tu n’as rien à te reprocher pour l’instant, aujourd’hui. “Still alive ?” Tu réalises seulement maintenant que t’as limite ta tête sous la couette avec ton téléphone.  « Yeah. » Tu te libères un peu des couvertures, te redressant et voyant ce qu’elle a apporté. C’est bien plus élaboré comme trucs que juste une assiette de mac and cheese. « Am I at the Hilton? » Une boutade avec un sourire sur tes lèvres. Car c’est trop à ton avis, mais tu pioches dans les fruits aussitôt parce que c’est le genre de trucs qui ne rentre pas souvent dans ton organisme. Tu regardes Birdie qui est installé en face de toi alors que tu prends un verre d’eau. Tu as l’impression qu’il faudrait que tu dises quelque chose mais tu ne sais pas quoi. Tu sens quand même que y’a un truc pas comme avant, tu n’as plus autant d’aisance à briser les silences ou plutôt, à accepter les silences.

L’écran de ton téléphone qui s’éclaire avec le nom de Maria. Tu vas le prendre dans ta main comme si c’était en train de te sauver de ce silence. Tu souris très très très largement en voyant le meme qu’elle t’a envoyé. Tu lui réponds aussitôt avec plusieurs emoji qui pleurent de rire. Tu reposes ton téléphone. Allé dit quelque chose Jordan. And what if I don’t? Peut être qu’elle va remettre sur le tapis tout le truc de la veille. Doubt it. Vous avez l’air bien d’accord tous les deux pour ne pas retourner par là. Tu finis assez rapidement ton verre d’eau alors que tu continues à grignoter les fruits. Maybe I should go. « Just so we’re clear, I’m not gonna go without this one. » Tu fais un signe vers ton hoodie qu’elle porte toujours. Tu brises enfin le silence avec une connerie mais qui est aussi importante à ton sens. C’est un de tes hoodies préférés et t’as comme l’impression qu’elle l’a fait sien déjà. Ça te rappelle ce moment au Triffid où elle a vraiment cru que tu allais lui laisser ta carte bancaire. Tu ouvres le pot de glace parce que t’as envie de changer, trop de trucs healthy c’est pas sain (what?).

« Mine is more like 75% lyrics. »
“That sounds like you, my human jukebox.” Les chansons vous suivent et il semble toujours avoir une parole pour chaque situation. Tu lui demanderais presque ce qui pourrait lui venir là maintenant de suite mais il faut toujours partir du principe que si tu n’es pas prête à entendre la réponse, ne poses pas de questions. Et ce n’est pas quelque chose que tu souhaites remettre sur le tapis. Pour le moment. Ou à jamais.

« Yeah. » Tant mieux. Tu n’aimerais pas avoir sa mort sur la conscience. Tu t’en ai déjà assez voulu d’être avoir affreuse et injuste avec lui, il ne faudrait pas non plus en rajouter de trop sur ton esprit qui n’arrive vraiment à rien gérer. Il se confond hyper bien dans ton lit. T’apprécie de pouvoir passer tes jambes au-dessus des siennes par-dessus la couette. Il a les cheveux encore plus en bordel que la veille et en plus, il se met à sourire. T’es censée être une femme indépendante mélangée à une certaine capacité de résistance mais Jordan met absolument tout à rude épreuve et t’as l’impression de te retrouver comme une adolescente. Tu mets ça sur le compte de tout chamboulement, de tes idées floues et du fait que tu restes encore perturbée. D’autant que là, tout te paraît trop calme et que t’angoisserai presque à l’idée que Mason débarque dans ta chambre. De toute façon, Jordan va bien finir par en sortir donc ton colocataire saura. Mais tu veux repousser le moment parce que t’as déjà dû subir Will, tu ne veux pas non plus être assaillie par les commentaires déplacés du basketteur. « Am I at the Hilton? » Tu secoues la tête, amusée qu’il prenne ça digne d’un hôtel. “Why, because there’re fruits and ice cream ? It’s a proper meal, my dear lord. Kinda of.” Tu demanderais remboursement et dédommagements si les Hilton de la terre se contentent que de ça.

Tu te gaves de raisin et tu t’entêtes à éplucher une clémentine tout en l’observant regarder son téléphone. “What’s so funny ?” Tu ne peux pas empêcher la curiosité pointée son nez tout entier. Tu prends un morceau de clémentine que tu mâchouilles bien trop longtemps. « Just so we’re clear, I’m not gonna go without this one. » This one, who, me ? Tu baisses la tête. Oh. Ca. Son sweat. Tu fais la moue. “Can’t I keep it ? Just a bit ?” Tu mets tes bras autour de toi-même. “It adopted me. It doesn’t want to leave me.” Et puis, c’est de la faute de Jordan en premier lieu. A force de picorer dans sa garde robe, tu finis par tout prendre pour acquis. “I guess daddy will have to take it from mommy.” Et voià que tu prends le sweat pour votre gamin. Le train qui tourne dans ta tête déraille complètement, mon enfant. Mais t’as même pas honte de tes propos ; t’as juste un sourire malicieux tout en commençant à dégager tes jambes et reculer légèrement. S’il le veut, il va falloir venir le chercher. Tout simplement.

“That sounds like you, my human jukebox.” Tu remarques le possessif qu’elle a utilisé mais tu ne le relèves pas. Tu apprécies discrètement. Tu devrais peut être lancer une playlist pour mettre un peu plus d’ambiance ici nan? Pour aider à ce silence qui est un peu trop lourd à ton avis.

Elle se cale mieux sur le lit et prend soin de vous mettre en contact, même s’il y a la couette qui vous sépare. T’aimes sentir son poids sur toi. Et puis tu complimentes à ta façon le petit déjeuner qu’elle te sert.  “Why, because there’re fruits and ice cream ? It’s a proper meal, my dear lord. Kinda of.” C’est un repas ouais, y’a des trucs à manger, c’est forcément un repas nan ? Tu sais pas les spécificités mais t’es coupé par un SMS de Maria qui te fait beaucoup rire. “What’s so funny ?” « A baby Yoda meme. » Tu tournes le téléphone pour qu’elle puisse le voir, quitte à ce que ça ne lui fasse pas rire, car pas tout le monde a le même humour.

Maria Mendez

Puis tu en viens aux choses importantes. Ton hoodie. “Can’t I keep it ? Just a bit ?” Tu savais que ça allait être compliqué. Tu as bien vu qu’elle l’apprécie plus que de raison. Tu plisses les yeux en la regardant, espérant - naïvement - que ça suffise à ce qu’elle rende les armes le moment venu. “It adopted me. It doesn’t want to leave me.” Mais elle a l’air d’être en train de le prendre en otage for real, passant ses bras autour. “I guess daddy will have to take it from mommy.” Tu remercies le ciel de n’avoir rien dans la bouche à ce moment là parce que le rire qui sort de ta gorge aurait juste envoyé tout ton contenu sur elle sans aucun préavis.

« Oh I’ll take it for sure. That’s my lucky hoodie I use for travelling. » Parce que t’as peur en avion et tu te sens bien mieux avec lui sur le dos. A chaque fois que tu l’as porté les vols se sont bien passés, alors tu continues. Tu tapes dans la glace avant de relever les yeux vers Birdie.« Cos Daddy is a pussy. » Ca sonne si wrong de t’appeler Daddy, sûrement pour ça que tu aimes autant. Vraiment niqué dans ta tête Jordan. Tu fais une moue pensive alors que tu lèches la glace sur la cuillère longuement avant de reprendre la parole. « Maybe if you travel with me while wearing it, the hoodie will still have its power. Dunno. Need to try. » Tu sous entends quoi par tous ces mots là Jordan ? Dunno. Need to try. Ouais ouais ouais. Yup. Tu continues de taper dans la glace et tu es en pleine recherche d’un morceau de cookie plutôt que la glace elle même et comme t’as déjà mangé tous ceux qui étaient en surface, faut que tu creuses.

A baby Yoda meme. Tu pouffes sous l’image. “Babies are so easy to manipulate.” T’aimes bien les enfants. Tant que ce n’est pas les tiens. Pas que tu en es de toute façon. Non, tu aimes bien quand tu peux jouer avec eux, quand eux semblent te comprendre bien mieux que le commun des mortels mais que tu peux les rendre quand ils deviennent trop chiants pour toi. T’es la tante fun, t’es loin d’être une mère responsable. Qui est surpris par ce fait ? Absolument personne. L’instinct maternel ne t’es pourtant pas étranger, il n’y a qu’à te voir avec les bestioles que tu récupères ou même certains de tes amis - mais c’est différent quand c’est un micro humain.

Les pensées diffèrent et c’est le rire de Jordan qui te fait sourire un peu plus, satisfaite de l’efficacité incroyable de ton numéro. Il t’a tendu la perche, il sait que tu vas vouloir gratter et en profiter au maximum. Malheureusement, il commence à bien trop te connaître et le fait qu’il ait plissé les yeux tantôt est bien là un signe que la lutte va être féroce - winner takes it all. Si t’aimes le hoodie, t’aimes encore plus le jeu et oh oh oh, il t’offre un plateau là, maintenant, sous tes yeux et c’est réconfortant tellement que ça au moins, c’est familier. Vous revenez sur un terrain que vous maîtrisez bien mieux et, même si t’es pour la nouveauté et la surprise, il faut dire que le quotidien a du bon lui aussi. « Oh I’ll take it for sure. That’s my lucky hoodie I use for travelling. » Il est en train de détruire ton pot de glace, en plus de gratter tous les morceaux les plus intéressants et tu commences à prendre ta cuillère parce que c’est hors de question qu’il gagne sur ce terrain-là aussi. « Cos Daddy is a pussy. » C’est toi qui éclate de rire. “Does it mean that mommy has the balls ?” que t’insistes et tu signes - alors que l’univers entier hurle que non, tu n’as ni les boules ni les ovaires ni quoique ce soit parce que t’es sûrement la première des lâches et que toutes tes réactions inexpliquées le prouvent clairement. Tu ne peux juste ne pas rebondir à sa phrase, quand bien même cet idiot te distrait bien trop à lécher sa glace, he’s doing it on purpose, t’es pratiquement sûre.

« Maybe if you travel with me while wearing it, the hoodie will still have its power. Dunno. Need to try. » Est-ce que tu l’as vu venir, ça ? Pas vraiment. Est-ce que c’est une façon de te faire comprendre “tu m’as fait chier avec ta réaction de merde, on va vite régler le problème” ? Si c’est ça, tu ne vas pas te plaindre. Même si tu restes figée cinq micro secondes avant de lâcher un léger “aww” tout mielleux, attendrie par toute l’histoire du hoodie magique - et aussi qu’il propose subtilement de t’embarquer avec toi la prochaine fois, mmh. “Life is made of experiences. I like experiences. We should experience it.” Tu ramènes la cuillère qui perturbe la sienne dans le creux tout en souriant légèrement. “If it works, we should… Oh, remember those tattoos we talked about ? Still haven’t mine. Still waiting for it.” Tu n’as pas oublié même si cette scène semble remonter à une éternité. Celle où t’as fait une crise de panique - oh yeah, great memories, ahem. Tu amènes la cuillère dans ta bouche et en la faisant gigoter pour la remettre dans le pot, tu t’en fous sur le nez. “And if it doesn’t… Well, I guess we would be too dead to care, right ?” Oh Birdie. “But it won’t happen. Not with a magical hoodie.” Tu te redresses pour picorer un nouveau raisin entre deux bouchées de glace. “Will it happen anytime soon ?” You travelling away… Again ? Franchement, Birdie, essaie de paraître un peu moins contrariée à l’idée. Baisses la tête, mets ton attention dans la glace qui va fondre à vue d’oeil avec vous deux qui vous acharnez dessus et, hey, ne me blâme pas, c’est entièrement de ta faute. Ce n’est pas de notre faute si tu t’es attachée. Un peu trop, toujours trop, comme l’idiote que tu peux être.

“Babies are so easy to manipulate.”  Elle se marre au meme et ça te fait plaisir. Ton côté parano est quand même en train de se demander s’il y a des gens avec qui c’est moins facile de manipuler. Si elle essaie de te manipuler toute conscience. Nah. Parce que tu vois bien qu’elle ne gère rien du tout. Tu serais rentré de Melbourne depuis bien plus longtemps si ça fonctionnait nan ? I guess.

“Does it mean that mommy has the balls ?” Mais voilà un sujet qui te plaît bien plus déjà. T’es sur deux fronts à la fois puisque la bataille des morceaux de cookies a commencé aussi. Tu ne réponds pas oralement à sa question rhétorique sur qui a les couilles mais ton rire et ton hochement de tête confirme que c’est le cas. De vous deux, elle est l’air d’être celle avec le plus de couilles depuis hier soir en tout cas. Depuis trois semaines même. Tu n’aurais jamais continué à envoyer des SMS à sa place. Or maybe I would have? Tu ne sais pas. T’as ramé fort avec Rosa à l’époque, t’as été très loin pour qu’elle cède et que vous soyez un item tous les deux mais avec Birdie ça n’a absolument rien à voir. Tu n’es plus la même personne non plus et tu sais pas ce que tu veux autant qu’elle ne sait pas non plus. Parce que c’est pas de l’amour hein ? Wasn’t like this with Rosa. Oh please, si tu pouvais arrêter de comparer.

“aww” C’est pas autant sa réparti en décalé qui te fait réaliser qu’elle a bloqué, c’est que tu as pu choper ce bout de cookie sur lequel vous vous battiez depuis quelques secondes. “Life is made of experiences. I like experiences. We should experience it.” Fucking hell. Jordan, tu as tendu la perche, elle l’a prise. Didn’t think she really would. “If it works, we should… Oh, remember those tattoos we talked about ? Still haven’t mine. Still waiting for it.” Alors là, t’es encore plus sur le cul qu’elle mette ça sur le tapis. Vous avez beau avoir repris du poil de la bête depuis le drama de la veille mais t’as réellement l‘impression que tout est fragile et peut péter d’un moment à l’autre. Pour toi c’est qu’un tatouage de plus vu comme t’en as 4000 mais pour elle c’est le premier et ce sera bien moins facile d’oublier l’histoire derrière s’il est le seul qu’elle voit dans le miroir. L’addition de ton envie de te suivre pour un trip pour les biens de l’expérience et le tatouage, te donnent l’impression que tu as quelques semaines devant toi, voir mois, avant qu’elle ne disparaisse à jamais. Une autre partie de toi se dit que si elle a le tatouage pour se rappeler de toi tous les jours, elle ne te laissera peut être jamais ? Tes yeux qui vont de son visage à la glace. “And if it doesn’t… Well, I guess we would be too dead to care, right ?” Là ton visage qui se fend d’un sourire. Tu as toujours l’impression que tu prends un allé simple vers ta mort quand tu montes dans un avion. “But it won’t happen. Not with a magical hoodie.” Exactement. Ce hoodie est très important. « It really is magical. » Tu insistes parce que t’es pas totalement sûr si elle te prend au sérieux ou pas parce que ça a l’air d'un contes de fées ou d'une légende pour enfants.

“Will it happen anytime soon ?” Damn. Elle a l’air pressé de faire l’expérience. Peut être qu’elle veut juste ton emploi du temps pour ne pas que la situation de la vieille se reproduise. Sauf que de ton côté tu n’as jamais osé demandé le sien. I did this. Oui la perche était tienne. Elle était immense aussi. « I’m going to LA with a friend early July for two weeks. Then a week in Mexico with another friend… But it is actually for work, I’m just, adding extra fun with it. » Une fois que t’as dit tout ça tu te rends compte que tu as donné beaucoup de détail et le point important c’est que tu y vas avec des amis. L'addition de Birdie ne ferait pas bon ménage. Elle est même impensable. « That’s the earliest trip coming up but… July is a long time away. I’ve got very good tattoo artists friends in Melbourne… We could go there for a few days to try if this works. » Tu parles du hoodie toujours là Jordan ? Oh damn. Yes of course I am! C’est un peu limite la façon dont tu as dit la fin de cette phrase. « I’m going to Thailand in November for work also. Might go again in LA in December. » Tu mets peut être la charrue avant les boeufs en ce qui concerne le dernier trip en décembre, mais tu as juste eu comme une sorte d’élan de parole pour essayer de noyer le poisson de la formulation d’avant. Tu vas en Thailand avec Grace mais cette fois ci, l'addition de Birdie ne te semble pas impensable car tu vas bosser et elle va faire sa vie. T'as tellement de trip booké pour ton boulot Jordan, t'es un vrai working boy et tu adores ça. T’as complètement laissé tomber la glace, tu vas taper dans les mac & cheese qui sont presque froid maintenant mais t’en as rien à faire.