Tu la regardes déjà se caler dans ton lit et le premier truc qui te vient en tête c’est que t’aimerais qu’elle ne s’endorme pas tout de suite. Tu ne sais pas si tu auras l’occasion de pouvoir l’embrasser sans qu’elle ne prenne peur une fois qu’elle sera plus sobre, demain. Tu ne sais plus ce qui est correct de faire pour ne pas la bousculer à présent. C’est vraiment délicat d’aller à son rythme tout en gérant tes propres envies. “Jor- dan. Don’t let me alone ?” Tu enlèves tes chaussures des pieds allant faire de même pour elle. T’as clairement pas la foi de la désapper mais au moins ça. Ne serai-ce que pour pas trop salir tes draps. Maniac much Jordan? Shut up. Tu aimes trop ta maison, tu en prends soin. “I missed you. Still missing you. I- I do not get it.” Tu te mords la lèvre en l’entendant alors que tu t’enlèves ton hoodie. T’as bizarrement chaud. La porter c’est du sport c’est ça ? Probably. Ouais tu préfères mettre tes joues roses sur le compte de ce sport. Tu restes debout à la regarder dans le lit parce qu’elle te coupe le sifflet avec ces mots qu’elle te dit là. T’as aucune idée si elle va se souvenir de quoi que ce soit de ce que tu pourrais répliquer mais une chose est sûre, c’est que toi tu n’oublieras pas ce qu’elle dit avec difficulté. Elle a pas l’habitude d’être en manque de quelqu’un. Loving from a distance is a skill I wish I didn’t have. Mais c’est le cas et tu as clairement une longueur d’avance sur elle à ce propos. Sûrement pour ça qu’il est si facile pour toi de passer trois semaines sans la voir. De passer des jours, des semaines, sans la contacter. Is she crying? Yup. “I can’t- don’t want let you go.” Encore des mots qui te retournent un peu plus ce soir. Tu te glisses à côté d’elle à l'horizontal, te repassant sa dernière phrase. Tu la prends doucement contre toi, caressant son dos. I don't really want to see you cry... Tu laisses le silence vous envelopper un instant avant de le briser...

« I’ll never let this go but I can’t find the words to tell you… I don’t want to be alone. But now I feel like I don’t know you… » Si tu devais passer ta vie à parler en paroles de chansons, tu n’aurais aucun problèmes avec ça, au contraire même. Car les choses sont plus facile puisqu’il ne s’agit pas de tes mots, right? Il n’empêche que ceux là sont parfait en tout points. Certaines de tes chansons préférés deviennent clairement thérapeutique quand elles t’exposent la situation que tu n’avais pas tant envie de voir si nettement. Une autre partie de toi se dit qu’elle se souviendra peut être plus facilement de tes mots de cette façon là. Wait. Ce sont tes mots maintenant Jordan ? Shut up. Tu la gardes contre toi, espérant qu’elle se calme doucement et qu’elle s’endorme… Est-ce que tu devrais pas continuer à chanter la chanson pour qu’elle en devienne une berceuse ? Hmmm. Et comme t’as 75% de ton cerveau en paroles de chansons, tu la connais bien évidemment par coeur. « One day you’ll get sick of saying that everything’s alright. And by then, I’m sure I’ll be pretending just like I am tonight… Please don’t get me wrong because… I’ll never let this go, but I can’t find the words to tell you… I don’t want to be alone. But now I feel like I don’t know you… » Tu sais pas si t’as envie qu’elle se soit endormi ou qu’elle traite bien tous ces mots que tu viens de chanter. T'as juste chanté, chantonné, t'as pas parlé. Ça compte pas vraiment du coup, right ? Est-ce que t’es en train de flipper Jordan ? Y'a cinq minutes tu voulais pas qu'elle dorme et maintenant si. Tu sais pas ce que tu veux toi non plus. T'es pas mal nerveux.

Il a à peine le temps de s’installer que tu viens déjà l’importuner de ta présence. Cela n’a pas l’air de déranger Jordan puisqu’il cale son bras autour de toi alors tu te permets. Tu te permets de soupirer contre son torse, de rapprocher tes jambes des siennes, de laisser ta main sur son ventre. T’as son rythme cardiaque qui perce les fredonnements de la cacophonie de ta boite crânienne, ça fait du bien de penser à autre chose que les bourdonnements intempestifs. Tes yeux se ferment de nouveau, tu n’as même pas la force de parler ; t’es juste ravie, contente, satisfaite, soulagée de voir qu’il ne t’a pas laissé croupir au milieu de nulle part. Il aurait pu. Tu n’aurais pas pu lui en vouloir pour ça. Mais il ne l’a pas fait. Alors il ne t’en veut pas tant que ça ; sûrement qu’il a pu prévoir ce genre de comportements, lui qui semble te connaître mieux que tu le fais avec toi-même. « I’ll never let this go but I can’t find the words to tell you… I don’t want to be alone. But now I feel like I don’t know you… » Tu n’aurais pas pensé qu’il aurait parlé aussi. Ou chanté. My lovely pretty human jukebox. S’il n’a pas les mots, il a les paroles. Ironiquement, tu te raccroches à sa voix pour ne pas flancher chez Morphée, comme une histoire dont t’attends la suite. La voix de Jordan te fait toujours quelque chose, le timbre doux et profond. « One day you’ll get sick of saying that everything’s alright. And by then, I’m sure I’ll be pretending just like I am tonight… Please don’t get me wrong because… I’ll never let this go, but I can’t find the words to tell you… I don’t want to be alone. But now I feel like I don’t know you… »

You know me. It’s still me. With all the flaws, the mess, the wrongs and the failures. Tu n’as pas changé ; il a juste découvert quelque chose qu’il n’aurait jamais plus voir avant. Parce que c’était simple, avant. Parce que ce n’était pas compliqué, avant. Et maintenant, tout l’est devenu car le jeu s’est moqué de vous et vous a pris dans ses pattes comme des foutus débutants que vous n’êtes pourtant pas. Il complique tout avec son coeur, tu complique le reste avec ta tête - pour une fois où on te demande de ne pas réfléchir. Tes défenses sont hautes, elles sont solides et elles t’étouffent à force de vouloir nager à contre courant. Là, t’aurais envie de les abandonner sur le bas-côté, tes protections. Que tu le veuilles ou non, t’as confiance en lui. Tu te soucies de lui. Il te manque entièrement, de son esprit à ses chansons, en passant par son corps, ses lèvres, ses tatouages, ses histoires, ses failles. Tu repenses à la chanson qui te trotte en tête. Il en aurait ri dans d’autres circonstances. Mais là… “Something just ain't right, I'm cold inside, help me find what I'm missing.” Une façon enrouée de sa propre version, presque à voix basse ; tu l’as bien trop écouté même si t’as pesté, même si tu l’as maudit, même si tu n’as pas pu t’empêcher de voir un message sous-jacent. Si les paroles ont été écrites il y a des mois, son post n’a été que récent et il n’y a aucune fumée sans feu, n’est-ce pas ? “We're all scared to fly, still we try, learn to be brave, see the other side. Won't you lead me there?” Parce que tu n’as pas compris la direction à prendre jusqu’à maintenant. Tu relèves la tête juste assez pour que tes lèvres caressent sa mâchoire et “Have no fear. Close your eyes, find paradise.” chantonné si doucement, tes phalanges en contact avec sa joue. Rares sont tes moments de vulnérabilité. Jordan en a déjà trop vu. Mais à ce stade, t’es prête à lui donner ton âme tout entière. Il saura sûrement mieux la traiter que toi-même.

She’s sleeping right? Tu sais pas mais tu espères. Elle n’a plus l’air de pleurer, nan ? Tu peux pas vraiment vérifier parce qu’il fait trop sombre et en plus tu gardes les yeux fermés. Tu te contentes de profiter de sa proximité parce que qui sait de quoi sera fait demain… Tout est bien trop compliqué et peut être qu’il faudra juste que tu lui donnes quelques shot de tequila pour que ça soit moins gênant ? Qui te dit qu’elle va rester longtemps demain aussi toi ? Dunno. C’est tellement comme ça d’habitude. Elle dort chez toi et elle squatte plus, beaucoup plus que prévu, parce que la vérité c’est que vous ne prévoyez rien. T’aimes les temps simples où tu la sais chez toi faire sa vie et toi être en train de bosser de ton côté. Alone, together. Yup. Peut être par magie ça pourra se goupiller comme ça demain. Un truc qui est bien - et pas bien - c’est que tu peux bosser quand bon te semble et tu peux laisser les trucs de côté si besoin est. Tu as véritablement toujours peur que chaque moments avec elle soient les derniers t’es pathétique Jordan. Tu te souviens de tout ce qu’elle a dit ?? Mais tu connais aussi la team sabotage qui rode au dessus de vos têtes.  

“Something just ain't right, I'm cold inside, help me find what I'm missing.” Oh my god. Tu as des palpitations de l’entendre dire ces mots là. “We're all scared to fly, still we try, learn to be brave, see the other side. Won't you lead me there?” Et elle continue. What the… Tu la sens bouger. Ses lèvres sur ta peau. “Have no fear. Close your eyes, find paradise.” Sa main sur ta joue. Cette chanson te mindfuck de plus en plus… Tu sais pas quoi répondre car, t’as limite l’impression que c’est une Battle de chanson que vous êtes en train de faire. T’as l’esprit qui a freeze de réaliser tes mots dans sa bouche qui sont irrémédiablement les vôtres du coup. La seule chose que tu trouves à faire c’est aller poser tes lèvres sur les siennes parce que tu n’es pas encore totalement défrustré. T’as pas eu ta dose de ses baisers… Tu sais aussi qu’elle est à moitié en train de dormir du coup c’est pas ce soir que tu pourras lui donner un baiser digne de ce nom. She won’t remember any of it tomorrow. Bordel Jordan, t’en as pas marre de toujours assumer le pire de tout. Des choses bien arrivent dans ta vie même si tu as du mal à y croire toujours. Don’t jinx it. Please.

Tu es douée pour n’en faire qu’à ta tête, Birdie, tu le sais ? Comme pour le prendre par surprise, pour le déstabiliser, ce qui reste ta façon d’être la plus brillante. Même si à cet instant, c’est sûrement le pire défaut du monde. Ceci dit, tu n’aurais pas non plus pensé que toi-même tu te serais retrouvée de nouveau dans sa chambre aussi vite. Ronde d’éthanol, ça te fout encore plus la tête à l’envers que d’habitude. Le message clair que t’as vu le sien à travers les réseaux est subtile mais présent. Il a dû capter et est-ce que ça ne rendrait pas plus pathétique ? De lui faire savoir que même à distance, tu te raccroches finalement encore plus fort qu’à l’accoutumée ? T’es assez pitoyable, il faut l’avouer. Tu préfères vous rendre misérable dans une sorte de fierté que tu ne sais pas porter alors que là, t’es juste en train de baisser les armes car c’est tout ce que t’es foutue de faire. Le chaud et le froid, le soleil et la pluie, la colère et la joie, il n’y a jamais eu aucune demi-mesure avec toi et c’est toi encore qui lance les dés.

Mais c’est lui qui t’embrasse. Again.
C’est lui qui prouve qu’il ne part pas. Again.

C’est Jordan qui enclanche cette démarche et, grand dieu, ça te fait un bien fou. Tu sens tes muscles se gonfler sous la joug de son baiser, une énergie temporaire qui te permet de te redresser un peu plus de nouveau juste pour attraper ses lèvres de nouveau. Tu te sens en plein droit car il a commencé, donc pourquoi tu ne pourrais pas poursuivre ? Tu ne doutes pas forcément de lui à mesure du temps mais clairement de toi. Tu navigues doucement entre la frontière du réel et des chimères ; et si ce n’est pas vraiment la réalité, ça ? Cela ne serait pas une surprise que ce soit l’emprise de ton imagination. Rêver de Jordan ne serait pas absurde. Il hante déjà tes jours alors pourquoi pas tes nuits aussi ? Mais il est bien trop proche, vibrant et solide, non ? Tu l’espères alors que tu l’embrasses de nouveau, sa lippe entre les deux tiennes car tu n’as aucune tenue, peu d’énergie et qu’il est trop haut, trop grand et c’est frustrant. “I would never burn it, y’know.” Tu soupires contre lui, ta main tombant sur son épaule. “Coz it’s important t’you. Keepin’ you safe. I don’t wish something bad to you.” Alors pourquoi tu restes dans ses pattes, Birdie ? “It wou’d make me very sad.” Si quelque chose lui arrivait, à ne pas en douter.

Elle réagit bien de part ton baiser et tu te demandes si t’as pas lancé un coup de baguette magique pour qu’elle ait un boost d’énergie sur elle. I’d like her sober tho. On peut pas tout avoir Jordan. Tu la serres encore plus contre toi sans avoir la moindre envie de te défaire de son visage, de son corps. Une main qui glisse par hasard sous son haut dans son dos. Mais le baiser perd en intensité. Tu sais qu’elle est très fatigué et que le coup de baguette magique n’était pas vraiment là. Should try with my wand? Oh Jordan.

“I would never burn it, y’know.” Birdie… Parce que tu sais exactement de quoi elle parle aussitôt. T’es plutôt impressionné qu’elle se souvienne encore de ça. “Coz it’s important t’you. Keepin’ you safe. I don’t wish something bad to you.” Ton coeur qui devient tout mou de l’entendre dire ces mots là et de cette façon ci. Birdie… Tu comprends que ça l’a travaillé les réponses que tu lui as donné suite à ses messages. “It wou’d make me very sad.” Tu te demandes véritablement toujours si ça sert à quelque chose de répondre. Elle n’est aucunement en capacité d’avoir une conversation ou même de t’entendre et d’encrer les mots dans sa tête. Tu montes la main à sa joue pour la lui caresser doucement.

« Thanks for telling me this. » Car ça te touche. Si elle avait été jusqu’à brûler ton hoodie, tu aurais été très triste et tu ne lui aurais jamais pardonné de cette méchanceté gratuite. Peut être que ça réglerait tout cela dit. Tu arrêterais de venir jusqu’à elle dès qu’elle te texte et que t’es faible. Or that she’s wasted in the streets. Oui bon ok y’a des fois où c’est plus nécessaire que d’autre. Tu n’arrêtes pas de caresser sa joue, tu regardes son visage. Should I say outloud how cute she is? Si tu oses, mais objectivement elle aurait bien besoin d’une douche Jordan. Fuck off. Tu poses tes lèvres sur son front avant de murmurer contre. « I wanna kiss you more but you need to sleep… » Ton pouce qui trace des sillons sur la peau de son dos doucement. Tu la tiens bien mais y’a aucun soucis qu’elle file vu comme elle est fatigué Jordan. I know. T’as juste besoin de la sentir proche juste pour t’assurer qu’elle est bien là.

Tu n’es pas encore si enfarinée que ça. Ou peut-être que le choc à la tête t’a remis les idées en place ; c’est une hypothèse envisageable vu que tu réussis à faire appel à ta mémoire pour tenir une micro-conversation qui ressemble plus à une confession sordide. Tu n’as jamais été sérieuse pour le détruire, son sweat. Il a pris de la valeur en un claquement de doigts, te donnant l’impression de l’avoir avec toi un peu à chaque fois que tu te trimbales avec. Mason a bien dû se foutre de toi beaucoup trop de fois, tu l’as envoyé chier autant de fois mais cela ne t’empêche pas de te camoufler dedans comme la première des adolescentes qui subit sa première peine amoureuse. Jamais personne n’a dit qu’il est interdit de ne pas craquer une fois isolée ; autant dire que tu te donnes à cœur joie quand t’es dans ta chambre. Toujours cette adolescente qui ne sait pas où elle va. Qui a juste conscience que sa main trace son empreinte sur sa peau en même temps que leurs lippes qui se retrouvent et c’est franchement la seule chose que tu peux comprendre et assimiler. Le rapport physique est toujours plus facile et t’es bien trop soulagée de le sentir toujours aussi proche, même si t’ignores combien de temps cela va durer. Tu ne te poses pas ce genre de tracas dans la tête, tu es à mille lieux de ça, ses doigts sur ta joue emportant avec eux toutes les contrariétés qui peuvent s’inviter. Si seulement l’inverse était possible aussi. « Thanks for telling me this. » Regarde ce qu’il fait ; tu fais des menaces stupides et Jordan, il remercie. L’univers espère que tu te rappelleras de ton comportement ô combien discutable de ce soir - et non, l’alcool est une justification mais certainement pas une excuse valable.

« I wanna kiss you more but you need to sleep… » Tu t’accroches un peu plus à lui, tes paupières vrillent de nouveau sous l’impulsion de ses lèvres sur ton front et tu soupires légèrement, presque d’agacement. Envers lui pour dire ça et envers toi pour être juste la personne que t’es. “Sorry.” Pour tout ça. Pour tout ce qui est sorti de leur contrôle. De ton jugement. De tes capacités. De ne pas être assez forte. Assez solide. Assez courageuse. “I ain’t worthy.” Of you. Of everyone. Tu penses tellement être incapable d’être aimée et encore moins de savoir aimer comme il faut que tu te fous toi-même des bâtons dans les roues. Ce n’est juste que dans ta tête - oui, les expériences ont prouvé que les choses peuvent mal se passer mais parfois, parfois, il suffirait simplement d’avoir un peu plus d’espoir. “You turn everything upside down, Jordan.” que tu prononces d’une voix coupée du sommeil qui t’englobes. Car tu ne peux pas t’empêcher de te raccrocher à lui. D’avoir envie de lui. De sentir l’habitude en lui. De le réclamer quand il n’est pas là. Alors il ne sera pas surprenant que tu t’endormes sur lui, que tu te laisses bercer par ses bras autour de toi et surtout, l’espoir que le futur sera meilleur. Peut-être pas demain mais plus tard. T’as envie d’y croire car il t’a prouvé qu’il n’a pas l’intention de t’abandonner. Il ne serait que justice de ne pas l’abandonner en retour. D’autant que ce n’est pas du tout ce que tu veux non plus.

Tes mots qui la font réagir, se coller plus à toi. I’m not going anywhere. Surtout parce que t’es chez toi en premier lieu mais oui, tu veux tout autant qu’elle dormir avec sa chaleur humaine à proximité. “Sorry.” Oh god Birdie… T’as bien compris que ses mots d’avant c’était des excuses mais elle te les dit en bonnes et due forme. Elle est en train de se flageller. Tu le sais. Tu connais bien ça. Tu sais faire. Tu savais faire. Tu as bien grandi depuis. “I ain’t worthy.” Elle continue de se flageller et tu continues de la garder doucement contre toi.

“You turn everything upside down, Jordan.”
« Yeah I noticed… »

Et tu lui as déjà dit combien ça te fait chier parce que t’as clairement rien fait pour. Les choses ont évolué de cette façon là sans que ni toi ni elle ne l'aient vu venir. Ton nez et tes lèvres posés sur le dessus de sa tête, tu murmures. « If it’s any consolation… I’m not worthy either. » Sinon pourquoi ton propre père n’a jamais voulu de toi dans sa vie ? Même sa nouvelle femme a suivi le lead de ton paternel parce qu’ils avaient déjà assez à faire avec leurs vrais enfants. Tu as été abandonné dès le jour de ta naissance par ceux qui t’ont mis au monde et tu t’es retrouvé à aimer une morte plus qu’un vivant. C'est facile de l'imaginer parfaite en tout point ta mère pour te dire qu'au moins elle, elle t'aurait aimé, c'était sûr. C’est spécial de grandir comme ça. T’es habitué à n’attendre rien de personne jamais et c’est la meilleure façon pour ne pas souffrir. Tu t’endors peu de temps après elle ce qui est assez notable vu que tu mets toujours 3h à sombrer.

Tu es réveillé aux aurores et décide de déjà te lever histoire de pouvoir bosser un peu avant que l'oiseau n’émerge. T’as aucune idée de la suite de la journée avec Birdie alors tu veux juste t’avancer sur les trucs les plus importants. Tu lui as posé un grand verre d’eau avec du paracétamol sur la table de nuit de son côté avant de t’installer dans ton canapé, dans le salon. Ton MacBook Pro sur les cuisses, les pieds posés sur ta table basse. T’as un casque sur les oreilles pour écouter de la musique sans déranger Birdie. C’est l’EP Unplugged de Bad Omens que t’as en repeat comme souvent ces derniers temps. Tu gères quelques emails en buvant directement à la brique de jus d’orange que tu as posé à côté de toi sur une side table. Tu t’es mis un plaid sur les jambes parce que pourquoi se priver ? T’as aussi enfilé ton hoodie de la veille ainsi que tes lunettes de vues car tu vois un peu flou ce matin.

« Yeah I noticed… » Il ne voit que la surface, Jordan. Mais il y a toujours plus en dessus, immergé, et même s’il a gratté un peu pour en avoir un aperçu, il est certain qu’il ne peut pas non plus mesurer toute l’ampleur de son impact assourdissant. Tu as l’habitude des événements qui chamboulent et qui percutent. Tu en as vécu qui t’ont terrifié, qui t’ont fait fuir, qui t’ont rendu paranoïaque. Autant dire que même si tu ne le montres pas habituellement derrière toutes tes couches d’insouciance calculée et de nonchalance accentuée, cela ne veut pas dire que les failles ne sont pas présentes. Tu es humaine, encore faut-il que tu réussisses à t’en rappeler. Capable du pire mais aussi du meilleur, quelque chose dont le point d’interrogation est persistant car l’histoire t’a prouvé que tu n’en es pas franchement capable. Ou alors c’est que tu fermes les yeux sur l’autre partie de l’histoire qu’on ne voit jamais car justement, on se rappelle toujours du pire mais rarement du meilleur. « If it’s any consolation… I’m not worthy either. » T’entends qu’à peine ses derniers mots, tu sens juste tes doigts s’agripper un peu plus à lui ; dans d’autres circonstances, t’aurais trouvé moyen de contrer ses propos. T’aurais dit quelque chose pour le lui faire comprendre, derrière une phrase sous-entendue, un charme inéluctable et il aurait pu voir l’ampleur de sa valeur sous tes caresses. Mais tu n’es certainement pas en état ; tu n’arrives même pas à articuler une réponse. Morphée te happe déjà dans ses songes, de toute façon.

Le réveil est brutal. Un sursaut, un cœur palpitant, tu te relèves trop vite et ta tête te donne l’impression de se scinder en deux. Fuck. Un cauchemar t’a secoué des songes et il te faut un moment pour procéder à tout… ça. La tête qui tourne, le sang qui remonte bien trop rapidement, le crâne qui hurle à la douleur, les paupières qui se plissent pour serrer plus fort, t’essaies de faire de ton mieux pour calmer ton rythme. Autant dire que c’est une chose qui n’est pas si aisée que cela à faire ; et ça ne s’améliore vraiment pas quand t'ouvre les yeux. Ce n’est pas ta chambre. Ni celle de Mason. Tu tournes la tête à droite, balayant la pièce de tes yeux jusqu’à la gauche avant de soupirer tout en laissant tomber ton dos contre le matelas tout en passant tes mains sur ton visage. Fuck again. Le geste n’aide pas, tu empires absolument tout et t’as l’impression que tes intestins se réveillent. Tu vois le verre et le cachet sur la table de chevet que t’aurais envie d’ignorer mais hey, agis un peu comme une adulte, Birdie. La bouche âpre et pâteuse, les tempes qui tirent, le coeur au bord des lèvres, ce n’est pas comme si tu avais le choix. Alors t’englobes eau et médicament avant de te rallonger. Assise ou allongée ne te font pas forcément plus de bien, mais ça te permet de réfléchir un moment. Les doigts pincent le nez et tu soupires une nouvelle fois ; comment tu as pu être aussi stupide ? Ceci dit, ce n’est pas comme si cela était une surprise. T’essaies de te remémorer les étapes de la veille mais il n’y a que des flashs ici et là qui apparaissent sans pouvoir leur donner un ordre correct. Et ta tête se rappelle à toi, une douleur différente de celle de la gueule de bois qui te prend à l’arrière et tu grimaces en passant tes doigts dessus. Tes prunelles se dirigent vers la fenêtre - est-ce que tu penses que c’est le meilleur moment pour se la jouer james bond girl, Cadburry ? Surtout qu’il y a de la hauteur, tu n’es même pas obligée d’aller vérifier, tu le sais. T’es venue assez de fois pour le savoir, un constat qui n’échappe pas à ton ironie. Avec un peu de chance, il est dans son studio et tu pourras partir incognito ? C’est une technique fourbe et complètement lâche mais rien de nouveau, non ?

Tu finis par poser les pieds au sol et te lever le plus doucement possible pour ne pas provoquer plus de vertiges que tu en subis. Il faudra que tu songes à mettre de la glace sur ton crâne parce que t’as l’impression que t’en es pris une belle la veille. Pitoyable, exactement comme les pas les plus discrets que tu esquives pour sortir de la chambre et explorer les lieux - dans l’objectif numéro un de ne pas croiser le propriétaire des lieux. T’espères qu’il n’a pas d’invités surprises comme il a l’habitude d’avoir. Le plan était limpide. Partir, s’évaporer, s’enfuir les lieux qui te paraissent criminels, comme si un drame s'était joué ici. Mais non, le drame n’est pas un lieu, c’est vous. En alerte, en te dirigeant vers l’entrée, tu tournes la tête, tu le vois sur le canapé. Son casque sur les oreilles, glasses - damn, you look cute - , visiblement focus sur son ordinateur, il n’y a aucun moyen qu’il te remarque, n’est-ce pas ? Ce qui aurait été parfait si ne t’étais pas pris un meuble sur le passage - depuis quand c’est là, ça ? - et que quelque chose en a roulé pour venir s’éclater au sol. Tu retiens ta respiration, comme si cela allait te donner le pouvoir d’invisibilité. Tu n’oses même pas regarder s’il t’a vu. Ton attention est sur les morceaux à tes pieds, sur tes intestins qui protestent toujours un peu plus, sur ton envie d’étouffer cette sensation que tu n’as rien à faire ici. Fuck everything.

Ca fait plus d’une heure que t’es dans ton salon en train de bosser et tu changes de musique au bout d’un moment. Tu mets le derniers album de Loathe qui est une vraie perle pour travailler et te rendre productif. Tu regardes l’heure qui tourne, te demandant si tu devrais aller jeter un oeil à Birdie au cas où. Au cas où quoi Jordan ? Dunno. Mais tu décides de ne pas le faire finalement, surtout parce que t’es bien pris dans ton boulot. Tu te mordilles doucement la lèvre inférieur alors que t’es en pleine réflexion et puis t’entends le fracas au delà de ton casque. La musique n’étant que d’ambiance, il est encore plus simple de percevoir ce qu’il se passe au delà de ton spotify. Tu lèves la tête aussitôt, pour y voir une Birdie la tête complètement en vrac qui s’est mangé un meuble ou quelque chose, tu sais pas mais elle a pété un truc au passage vu le bruit. Tu enlèves ton casque de tes oreilles. You look like shit. Mais tu te retiens bien de le dire à voix haute. Tu ne sais pas comment l’après cuite qui est faite pour se donner le courage de te parler va se passer.

« Good thing I cleaned that ashtray not long ago. » Parce que c’est lui qui est par terre complètement brisé. Tu vois le bon côté des choses. Ça aurait pu être pire. Il aurait pu être plein. T’as pas fumé depuis, surtout parce que tu prends la peine de le faire sur ta terrasse la plupart du temps. Tu bouges pas du canapé. Tu gardes ton ordi sur toi. « How’s the hangover? » Est-ce que tu dois lui proposer un truc à manger ? D’hab elle se sert toute seule. Est-ce que tu dois lui dire d’aller se prendre une douche ? D’hab elle le fait toute seule. Tu réalises qu’elle a totalement pris ses aises chez toi depuis tous ces mois. Tu réalises aussi… que ça te dérange pas. « Are you hiding? » Nan, c’est pas ça… Si ? Would make sens. Ça te briserait le coeur également de voir qu’il y a toujours cette gêne entre vous. T’as absolument aucune idée de quoi faire pour qu’elle s’en aille cette gêne. Tu mets ça sur le dos du temps. Seul le temps pourra changer les choses, tu penses, tu crois, tu espères surtout.

« Good thing I cleaned that ashtray not long ago. »
“Mmh, yeah, sure, good thing.”

La voix n’est pas très assurée, autant que tes yeux qui se relèvent automatiquement sur Jordan parce qu’il s’adresse à toi et que c’est un réflexe de regarder la personne qui s’adresse à soi, d’accord. Seulement, t’es frappée de voir que son working side est une partie que tu n’avais pas encore vu ; autant dire que les lunettes doivent être blâmer pour le vertige et le coup de chaud. Damn it. Qu’est-ce que tu croyais, Birdie ? Que tu n’allais plus le trouver attirant ? A qui tu pourrais mentir, sérieusement ? C’est sûrement la joyeuse claque que la réalité est bien différente de ce que t’aurais souhaité et qu’il va falloir songer à t’y faire. Le plus tôt serait le mieux, car cela permettrait à tout le monde de ne plus avoir cet aura d’étrangers qui se confrontent alors qu’il suffirait juste d’accorder vos violons et d’être sur la même longueur d’onde. Jordan veut le meilleur, tu le diriges vers le pire. T’as l’ombre de ses lèvres sur les siennes ; quelque chose que tu n’as pas oublié. Sûrement parce que le manque a été intense. T’es affligeante, vraiment.

« How’s the hangover? » Tu fronces des sourcils, ta tête te relançant joyeusement puisque Jordan l’évoque. “I’ve known better.” But also worse. “I think I must have bumped my head because it hurts like hell.” Parce que la cacophonie à l’intérieur ne suffisait pas, il fallait évidemment rajouter des séquelles sur les parois, sinon, où serait le fun ? “Thanks for the pill.” Ça ne peut pas faire mal. Même si tu n’en sens pas les effets pour l’instant. T’as les nerfs à vif, tu te sens toujours plus nauséeuse et il y a quelque chose qui t’empêche juste de lui souhaiter une bonne journée et de te sauver. L’envie de rester traîner comme tu as l’habitude ? Nah. Mmh. Tu es trop paralysée pour bouger, c’est ça ? Yes. C’est faux et tu le sais ; tu n’es pas d’humeur ni d’état à te batailler avec toi-même.

« Are you hiding? » Là, tu écarquilles les yeux avec la bouche en ‘o’, le naturel “what ?” qui sort des lèvres avant de les fermer pour les pincer en te détachant de sa vision sur le canapé. “Do you have anything to clean up this mess ?” That I cause. Again. Mais un objet brisé est plus facile à faire disparaître. A dissiper les traces de son existence. Faire comme s’il n’avait jamais été là. Un coup de balai et le tour est joué. Quelque chose que tu ne pourras pas faire avec Jordan. Tu soupires légèrement, les épaules pesantes qui s’affaissent tout en t’adossant au mur derrière toi, la force te manquant. “What did you expect ? I don't hide, I was trying to- fly away. It’s not that much a surprise.” La surprise, ça serait que tu restes, que tu ailles près de lui, que tu lui souhaites un doux “good morning” et que tu joues ta curieuse sur ce qu’il fait. Mais là, ton comportement n’a rien de surprenant. Tu n’arrives pas. Pas encore. Même s’il a occupé tes pensées abusivement, en long, en large, en travers, à travers tes carnets, à travers ses chansons, t’as toujours ce voile d’incertitude qui t’empêche de pleinement te décoincer. Accepter d’avoir une telle valeur aux yeux de quelqu’un est compliqué à gérer. C’est une pression sur tes épaules, c’est ta liberté qu’on te grappille un peu. T’as beau cherché toutes les raisons du monde, elle est très simple et Jordan te l’a dit ; t’es terrifiée. Inutile de chercher plus loin. Tu veux, tu aimerais, mais tu ne l’autorises pas. Tes boyaux se resserrent en passant une main dans tes cheveux avant de stagner sur l’arrière de ton crâne. Il n’y a absolument rien en toi qui va. Ni physiquement et encore moins émotionnellement.

“Mmh, yeah, sure, good thing.” Hmm. Elle est bien en vrac toujours, dans tous les sens du terme. Mais elle prend la peine de te poser les yeux sur toi. Tu soutiens son regard parce que tu sens que tu vas sûrement pas pouvoir en profiter très longtemps aujourd’hui vu comme c’est parti.  

L’impression que tous les mots que tu lui dis font plus de dégâts à son état vu comme elle fronce les sourcils. “I’ve known better.” Normal, elle a une gueule de bois plus sa plus grande peur sous le nez. Come on Bird, I’m not that scary. “I think I must have bumped my head because it hurts like hell.” Shit. T’es en train de te demander si t’aurais pas dû écouter Maria et aller à l’hôpital. Elle s’est cogné la tête, ça peut être sérieux. Tu te souviens qu’elle l’avait mentionné dans les messages. « You did bump your head. » Parce que visiblement elle a besoin d’un refresh de la veille. Bien ou pas bien Jordan ? Dunno. Elle était ivre et c’est bien pour ça que t’as pris soin de ne pas perdre ton temps et d’user trop de ton courage pour lui dire des choses difficile à sortir. Donc elle te fait peur aussi Jordan hmmm ? No. Mais t’as peur de comment elle réagirait si tu disais ça et plus encore alors qu’elle n’est pas sous l'influence de quoi que ce soit. “Thanks for the pill.” Tu hoches la tête pour dire ‘no worries’. Tu l’exposes sur son comportement…“what ?” Elle fait l’actrice ? Ou tu t’es vraiment imaginé des choses ? Don’t think so. Ou elle est surprise que tu l’affiches si facilement.

“Do you have anything to clean up this mess ?”
« I do. »

Tu fermes ton ordi et le pose à côté de toi sur le canapé. Tu ôtes tes lunettes qui sont à présent sur la table basse parce que clairement, tant qu’elle est dans la même pièce que toi, y’a pas moyen que tu avances sur le travail. T’as l’énigme Birdie a résoudre et c’est tout un boulot ça aussi. Tu te lèves, enlevant le plaid de tes jambes pour passer devant elle afin d’ouvrir ton placard où se trouve ton balai. Tu fais attention à ne pas écraser le verre mais tu portes des tongs, t'es pas pied nu. “What did you expect ? I don't hide, I was trying to- fly away. It’s not that much a surprise.” Elle avoue. Tu trouves que c’est du progrès. Tu te rapproches d’elle, avec ton balai et la pelle qui y est combiné. T’es super glamour comme ça Jordan. Tu poses l’accessoire ménager à côté de l’oiseau qui s’est calé contre le mur. Tu baisses ton visage jusqu’au sien pour lui déposer un simple baiser mais que tu fais durer plus que ce que tu avais imaginé en premier lieu.« I’m gonna take a shower. » Libre à elle de partir. Libre à elle de nettoyer le sol. Maintenant que tu as le souvenir de ses lèvres avant de la voir filer, elle est libre de ce qu’elle veut. Tu voulais juste savoir lequel était le dernier baiser pour aujourd’hui - ou plusieurs jours ? Tu ne sais pas. Mais t'es très confiant que ce n'est pas le dernier tout court. Mais t’es encore en train de reposer tes lèvres sur les siennes parce que t’es faible…

« You did bump your head. » Ceci explique cela. C’est sûrement la raison des étoiles que tu te rappelles vaguement d’avoir vu. Il va falloir songer à y appliquer de la glace un moment ou un autre afin d’atténuer un peu la douleur même si t’es à peu près sûre que la bosse est déjà là ; tant pis si t’as mal, c’est une des nombreuses conséquences de tes actions. Pourtant, tu ne te rappelles pas d’avoir tant bu que ça - mais à défaut de ne pas boire souvent, il te suffit de pas beaucoup pour être enivrée comme jamais. Cependant, ta douleur à la tête est rien comparée à l’autre conséquence qui t’arrache un peu plus les boyaux sous la force d’une certaine culpabilité. Il n’y a pas besoin d’être devin pour comprendre que cette fois-ci, ce n’est pas Will, ce n’est pas Malachi, ce n’est pas Heather que t’as envoyé tes signaux de détresse ; la surprise n’en est pas vraiment une, Jordan occupant ton esprit bien plus qu’il ne le faudrait récemment, il n’est pas surprenant que ta drunkself est pensée à lui pour venir te récolter. Tu notes quand même qu’il l’a fait. Qu’il est venu, qu’importe où c’était, mais il est venu. Il suffirait que tu regardes ton téléphone pour te rappeler un peu plus mais là, dans l’immédiat, ce n’est pas dans ton objectif premier alors que tes prunelles sont accrochées à sa forme toujours prostrée sur le canapé. « I do. » Ah, non, il finit par bouger et damn qu’il est encore plus adorable avec ses lunettes. Looks bossy and serious. Ce qui est loin d’être le Jordan avec lequel t’es familière. I wouldn’t mind to see him more like that. Les images défilent dans ta tête et, sérieusement Birdie, comment tu peux le rejeter mais le vouloir en même temps ? Ta main vient chercher l’appui sur le meuble car la chaleur ne faiblit pas, autant que les vertiges qui te cisaillent un peu plus. C’est sûrement le karma se rappelant à ton bon vouloir ; tu n’as pas le droit de l’imaginer de nouveau contre toi quand tu ne fais que le repousser depuis une semaine.

Tu n’as même pas fait attention qu’il était allé chercher ce qu’il fallait avant qu’il soit devant toi. Diantre qu’il est grand ; tu te sens encore plus minuscule que t’aurais vraiment juste envie de disparaitre. Il te regarde de cette façon et ça fait quelque chose. Tu pourrais t’enterrer à ses pieds mais à la place, il vient te couper le souffle et les pensées en se penchant vers tes lèvres - for christsake. Il reste campé sur ses positions, il ne te lâche pas, il ne t’abandonne pas, il ne t’oublie pas, combien de preuves il te faut encore ? Lui qui t’a clairement dit qu’il compte être encore là dans six mois, est-ce que c’est si absurde de penser que c’est possible que tu puisses vivre ça un jour, Birdie ? « I’m gonna take a shower. » For crying out loud. Is this a way in or a way out ? Jordan qui t’offre une porte de sortie comme une porte d’entrée. La sortie qui s’éloigne alors que l’entrée se rapproche, encore plus quand il se penche de nouveau et que, oh, tu es un désastre ambulant dès lors que tu passes tes bras autour de son cou. T’es dans un état pitoyable, c’est toujours la symphonie dans ta tête, t’as toujours l’impression que tu vas finir la tête dans les toilettes anytime soon, t’as une haleine pourrie et pourtant, dammit damn him, te voilà répondre à son baiser en l’approchant un peu plus de toi. “Jordan…” qui sonne comme un avertissement qu’il ferait mieux d’arrêter parce que tu n’es pas en état. Ni de te battre, ni de te protéger, ni de le contrer. A bit weak, sweetheart ? Il n’y a pas de faiblesse dans les sentiments, Birdie. “You complicate things.” Vraiment beaucoup trop pour toi pour comprendre. “I remember a lady from last night. That looks a bit... mature. Did I ruin a date of yours ?” T’as toujours tes bras autour de son cou, le visage levé contre lui ; au moins, tu ne fuis pas son regard, il y a du progrès. Baby steps. Une question innocente juste pour savoir qui est cette dame dont tu te rappelles. A savoir si t’as ruiné un de ses plans, romantique ou sexuel… You’re not even sorry for that.

Ce deuxième baiser de la faiblesse, t’es content de voir qu’elle passe ses bras autour de tes épaules voûtées vers elle. Tu sens par là qu’elle ne veut pas que tu la lâches déjà et ça tombe bien parce que visiblement, tu n’arrives pas à partir tout de suite. Le baiser évolue même légèrement avant qu’elle ne se détache. “Jordan…” Uhoh. Parce que c’est tellement rare qu’elle t’appelle par ton prénom. Tu te demandes ce qu’elle va dire ensuite. “You complicate things.” Do I ? Parce que tu lui as dit la veille que tu voulais l’embrasser encore plus et tu ne fais qu’appliquer ton désir. Surtout qu’elle en a clairement envie elle aussi. “I remember a lady from last night. That looks a bit... mature. Did I ruin a date of yours ?” Ton visage baissé vers le sien, ça te fait doucement sourire de l’entendre parler de ça.

« So you remember Maria but you don’t remember me saying I wanna kiss you more? » Tu vas déposer un nouveau baiser sur ses lèvres, tu murmures contre. « Cos that’s just what I do… » Et elle n’a pas l’air contre. Elle est là à répondre à tes baisers, à te tenir plus près. T’aimerais bien qu’elle prenne une douche mais tu fais avec ce que t’as. « You’re free to fly out but I still want to kiss you more… » Tu murmures encore. Tes lèvres de nouveau posée sur les siennes. Cos I miss you. Tu serres tes bras autour d’elle. Tu sens qu’elle va partir. Anything can happen. Parce qu’entre ce qu’elle dit et ce qu’elle fait y’a tout un monde. Tu juges pas, tu remarques. T’as limite envie de remettre sur le tapis le tatouage qu’elle voulait faire pour provoquer une future rencontre, mais tu sens que c’est un peu next level. Sûrement pour ça que depuis le début vous ne l’avez pas encore fait. L’univers vous met des stop. T’es bien trop sûr qu’elle regrettera d’avoir un rappel constant de ta personne dans les périodes où elle voudra totalement te couper de sa vie. Parce qu’une partie de toi se plaît à imaginer qu’elle reviendra toujours à un moment.

« So you remember Maria but you don’t remember me saying I wanna kiss you more? » Les priorités, ça ne se commande pas, Jordan. Encore moins quand on est dans un état aussi ridicule et faible que ta partenaire qui tente vainement de remettre dans l’ordre dans ses idées. Maria donc - tu veux commencer à demander qui c’est, pourquoi elle était là, se relation avec lui, bref, faire ta curieuse car tu sais très bien le faire mais il vient interrompre tout en t’embrassant de nouveau. « Cos that’s just what I do… » Oh Jordan. T’en ferme les yeux tellement que ses mots font quelque chose, en plus des caresses sur tes lèvres et tu es juste… Incroyablement sensible. Tu te juges sévèrement pour faire preuve d’aussi peu de force, encore plus pour t’abandonner aussi rapidement dans les bras d’autrui - même si là, ce n’est pas autrui, c’est Jordan. Il a formé sa propre case en toi et il en renforce un peu plus les murs à chaque instant. Comme maintenant. « You’re free to fly out but I still want to kiss you more… » Quand il est aussi transparant. Qu’il dit à voix haute ce que d’autres peuvent penser à voix basse. Damn he does have balls. Tu ne le terrifies pas autant que l’inverse est réel ; il est effrayant en étant extraordinaire dans son honnêteté incroyable. Il ne se voile pas la face, lui. Il ne prétend pas, il ne ment pas. Et il ne cache absolument rien.

Tu te mets donc à sa hauteur, pour une fois. Pas réellement car il te faudrait tes talons que tu n’as pas sous la main mais en t’appliquant à démontrer que tu peux partir, oui, mais que t’en as aucune volonté dans l’immédiat. Pas s’il te garde contre lui comme ça. Ton souffle se mélange au sien et un fin soupir sort de tes lippes alors que ta tête retourne contre le mur - il n’aide vraiment pas à calmer tes vertiges ; il accentue un peu plus la valse de ta tête. “Who’s Maria ?” T’es à peu près certaine que tu as retenu le visage approximatif de la dame car tu ne l’avais jamais vu avant. Maria est une bonne distraction pour le dévier de ses baisers, de ses envies. Même si tes prunelles glissent sur les traits de son visage avec cette expression éperdue, pouvant à peine le dissimuler. “Not someone who’s going to scream at me because I stole you away from her, I hope.” Piquer, voler, accaparer, réclamer, attirer… Toutes les façons sont bonnes pour atteindre cet objectif. T’ignores d’où te vient cette espèce de répit interne qui te permet de ne pas trop refouler ce qui se propage en ce moment - sûrement ton état actuel, yup. Exactement pour cela que tu ne détaches pas tes bras de lui, ni même que tu le repousses. Pour l’instant, tu te contentes de profiter de la supsension dans le temps, le repos interne qui s’effectue pour juste te laisser aller. Sans savoir jusqu’à quand, la date de péremption n’étant pas indiquée quand on se lance dans une histoire pareille. Une histoire, mmh ? Baby steps, on a dit. La force des choses cumulée à la persistance de Jordan auront sûrement raison de toi un moment ou un autre.