C’est à la quatrième cigarette que tu finis enfin par te diriger vers Van Gogh. Ton fidèle van peut observer à quel point tu es muette, les yeux dans le vide et les mains moites autour du volant pendant toute la route. Heureusement que tu connais le trajet par cœur car tu es sur pilote automatique. Tu revois les visages effarés aux studios, des secours arrivant sur place et surtout, le nom que l’on te donne. Sullivan Fisher. Si tu étais curieuse aux premiers abords, comme n’importe quel humain nourrissant malgré elle un intérêt morbide pour le malheur d’autrui, tu t’es complètement pétrifiée en entendant ce nom. Tu as réussi à te faufiler jusqu’à la salle où se tenait l’émission de radio, bravant les interdits, pour juste apercevoir des cheveux grissonnants. Tu ne l’as pas beaucoup vu ces derniers mois et la seule impression que tu as de lui est plutôt mauvaise. Dans quel monde tu aurais pu travailler au même endroit que le père de Jordan ? Et surtout, dans quel univers ce dernier aurait été victime d’une crise cardiaque dans ce même lieu ? Tu n’as jamais parlé à ton partenaire de la présence de Sullivan à ABC, ni même que tu l’avais croisée et encore moins parlé. Vu que Jordan n’en a jamais parlé, tu conclus que Penny non plus ne lui en a pas touché deux mots, ce dont tu lui en es très reconnaissante. De tout ce que Jordan a pu t’avoir dit sur sa vie, son histoire familiale reste un grand flou général. Dans ta tête, sa famille est celle de Rosa, c’est les Mendez et tu n’as pas cherché à aller plus loin. Si ton compagnon a été transparent sur tout le reste, c’est qu’iel doit avoir encore des difficultés à évoquer sa vraie famille. Tu sais seulement que sa mère est décédée en le mettant au monde et qu’elle était une très belle femme. Maintenant, son père aussi est décédé et tu ne sais pas comment réagir et encore moins comment le lui dire.

Tu as un peu peur qu’iel soit mécontent.e et/ou frustré.e ou/et déçu.e que tu ne lui ais pas dit pour son père aux studios. Mais vu les circonstances, tu juges que c’est un détail qui n’a pas d’importance. Est-ce que Jordan va s’en foutre ? Ou est-ce qu’iel va mal réagir ? Est-ce que même ça vaut la peine de le lui dire ? Il t’a fallu quatre malheureuses cigarettes fumées coup sur coup et une longue marche à Spring Hill vers le néant pour te décider. Sullivan Fisher reste son père. Tu n’aimerais pas apprendre une telle nouvelle par quelqu’un d’autre si tu savais que ta moitié aurait pu te prévenir avant. Tu n’aimes pas cette situation. Encore un décès, encore un corps, encore une fin de vie. Vous ne voulez pas créer la vie mais par contre, vous observez, impuissants, à la fin de d’autres. Est-ce qu’il y a une corrélation là dedans ? T’es persuadée que oui. Tu te poses plus de questions sur certaines choses depuis que tu vois ta psychologue. Pour prendre du recul, pour ne pas se laisser consumer par les turbulences. A ce moment précis, tu dois laisser tes propres doutes et incertitudes de côté, croire en ton instinct qui t’affirme que lui dire est la meilleure chose à faire. Tu arrives dans l’allée de la maison avant d’avoir fini ta clope alors tu restes derrière le volant jusqu’à la dernière fumée.

Quand tu rentres, tu penses que Jordan est avec un client car ça discute et ça s’anime dans sa batcave. Tu te fais toute discrète en grimpant à l’étage - phénomène rare car en général, quand t’arrives, client ou non, tu vas au moins le voir soit pour l’embrasser soit pour lui faire comprendre que t’es rentrée. Le genre de petites habitudes que tu apprécies particulièrement. Comme Milady qui vient à ta rencontre une fois en haut. Tu prends ta fille dans tes bras pour lui offrir une multitude de baisers et de câlins avant qu’elle ne se dandine et qu’elle commence à te mordiller gentiment pour te faire comprendre que ça suffit. Tu te jettes sur le canapé, les yeux rivés en face de toi avant de les frotter avec tes mains. “Ok.” Tu ne sais franchement pas quoi faire de ta peau, là. Tu as l’attention rivée sur la porte. Quand celle-ci finit par s’activer, tu sursautes malgré tout. Comme une décharge aux fesses, tu bondis et tu vas à la rencontre de Jordan en souriant. “Hey babe. Je voulais pas te déranger.” Bidon car tu n’hésites pas d’habitude. Tu te mets sur la pointe des pieds pour l’embrasser alors que ta main vient chercher la sienne avant de l’entraîner vers le canapé. Rien ne te paraît naturel et si Jordan peut sentir une certaine nervosité ou agitation en toi, iel va vite comprendre pourquoi. “Est-ce qu’on peut, hum, parler cinq minutes ?” Okay, ça ne va pas durer que cinq minutes et surtout, c’est une très mauvaise entrée en matière si tu ne veux pas le faire paniquer. Jordan va se faire des films dans sa tête mais iel est loin d’imaginer ce qui va lui tomber dessus. Tu trifouilles sa main pendant ce qui semble être mille ans avant de te décider à l’ouvrir. “Je t’en ai jamais parlé car tu ne l’avais toi-même jamais évoqué et vu que tu es transparent et ouvert sur beaucoup de choses dans ta vie, je me suis dit qu’y avait une bonne raison pour que tu ne le fasses pas donc je l’ai pas fait.” Tu racles ta gorge, la tête baissée vers vos mains toujours car tu n’oses pas le regarder. “C’est mon instinct qui m’a dit de me taire, tu vois, et puis en toute honnêteté, il ne m’a pas donné bonne impression non plus, ça ne m’a pas donné envie de chercher le pourquoi du comment. Tu devais avoir tes raisons et je respecte totalement ça.” T’es hyper déstabilisante, Cadburn, Jordan ne doit absolument rien comprendre. Tu reprends une respiration, ferme les yeux cinq secondes avant de les poser dans ceux de ton partenaire. “Ton père travaillait à ABC.” Tu déglutis en serrant fort sa main. I’m here. “Il est décédé ce matin.” And I’m here.

@jordan fisher

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“Hey babe. Je voulais pas te déranger.” Y’a aussitôt une weird vibe quand tu entends le ton de Birdie alors que tu passes le pas de la porte du salon. « C’était juste Marcus. Il est passé prendre une guitare. » Et vous avez parlé, tester des sons pendant deux heures au passage car ça faisait longtemps que tu ne l’avais pas vu. Elle t’embrasse et t’attire avec elle. Something’s up. “Est-ce qu’on peut, hum, parler cinq minutes ?” Ca se confirme. « Yeah what’s going on? » Vous vous retrouvez assis sur le canapé, Birdie qui a l’air de plus en plus nerveuse et en plus de la voir, tu peux le sentir vu sa main sur la tienne.

“Je t’en ai jamais parlé car tu ne l’avais toi-même jamais évoqué et vu que tu es transparent et ouvert sur beaucoup de choses dans ta vie, je me suis dit qu’y avait une bonne raison pour que tu ne le fasses pas donc je l’ai pas fait.” What the fuck. T’es de plus en plus intrigué. Y’a rien qui te rassure entre ses mots et son langage corporel. “C’est mon instinct qui m’a dit de me taire, tu vois, et puis en toute honnêteté, il ne m’a pas donné bonne impression non plus, ça ne m’a pas donné envie de chercher le pourquoi du comment. Tu devais avoir tes raisons et je respecte totalement ça.” « What are you talking about ? » Tu comprends rien du tout.

“Ton père travaillait à ABC.” What? “Il est décédé ce matin.” What? Tu as du mal à saisir tout ce qu’elle vient de te dire. Ta tête inclinée, tes sourcils légèrement froncés, tu es en train d’essayer de comprendre. « What ? » Sa main est serrée si forte dans la tienne. « What ? » Que tu demandes une nouvelle fois car ton cerveau est présentement dans l’incapacité de comprendre réellement tout ce qu’elle vient de te dire. Non seulement elle sait qui est ton père mais il est mort ce matin ?? Quel est le fuck ? Tu es totalement sonné.e. « I… You’re sure? » Ta bouche toujours ouverte et tes yeux qui vont un peu partout comme si tu allais trouver une confirmation quelque part dans ton champ de vision.

« C’était juste Marcus. Il est passé prendre une guitare. » Est-ce que tu connais Marcus ? Tu sais plus. T’as les pensées ailleurs et t’es complètement distraite alors que tu l’entraînes avec toi. Tu essaies de trouver le meilleur moyen d’approcher la situation. Tu présentes la météo, habituellement, pas le bulletin mortuaire. Tu as un bref flash en pensant que le corps va peut être confié aux Etherstones. Ca serait assez ironique que Malachi ou un membre de sa famille s’occupe de lui. « Yeah what’s going on? » Mais rien ne t’amuse dans tes pensées. Tu préfèrerais l’envelopper de tes bras et jambes en priant que Jordan puisse lire dans ta tête. C’est dur à dire, ce n’est pas plaisant et tu n’es pas confortable. Mais c’est nécessaire. Au moins, qu’importe la réaction de Jordan, tu seras là quoi qu’il arrive. Iel sait qu’iel pourra se reposer sur toi si iel en ressent le besoin. Tu ne comptes pas le laisser seul.e dans cette épreuve, quel qu'elle soit. Lui a été là et tu l’aimes. C’est normal de vouloir être présente. « What are you talking about ? » Evidemment que Jordan ne comprend rien à ce que tu dis car tu n’es pas compréhensible dans tes propos. Personne ne peut te blâmer car tu fais du mieux que tu peux avec une telle annonce.

« What ? » Tu mords ta joue de l’intérieur en passant ta deuxième main sur son poignet. Si d’habitude vous avez besoin de repère physique, c’est encore plus vrai maintenant où t’en ressens toi-même la nécessité et l’obligation. T’as envie de l’envelopper dans une bulle protectrice et d’oublier ce que tu lui as dit. Ce que tu as vu, aussi. Une pâle figure inerte à rajouter à ton esprit. « What ? » Jordan est choqué.e mais tu ne sais pas trop à quel propos. Qu’il soit décédé, tu préfères te dire que c’est ça, oui. Même si l’univers est quand même bien bizarre parfois. « I… You’re sure? » Tes doigts caressent sa peau alors que tu hoches lentement la tête. “Je l’ai rencontré en septembre dernier. C’est bien Sullivan Fisher, n’est-ce pas ?” Tu as le vertige qui te prend alors que ton regard ne le quitte pas. Il le scrute avec attention, prêt à y déceler la moindre trace, la moindre émotion qui pourrait faire vriller ton amoureux. Tu te sens dépassée et surtout nerveuse de ne pas pouvoir prétendre quelle réaction Jordan va avoir. Un pan que tu vas découvrir mais que tu espères ne va pas tout détruire. Oh Birdie, ne crains pas le pire. Et surtout, laisse lui le temps. Tu le sais. Tu es douée pour être présente pour tes proches. Il est temps que tu le sois pour Jordan.

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“Je l’ai rencontré en septembre dernier. C’est bien Sullivan Fisher, n’est-ce pas ?” C’est bien Sullivan Fisher, n’est-ce pas ? Ça te donne le tournis.  C’est bien Sullivan Fisher, n’est-ce pas ? Le nom de ton père dans la bouche de Birdie.  C’est bien Sullivan Fisher, n’est-ce pas ? Elle sait de quoi elle parle.  C’est bien Sullivan Fisher, n’est-ce pas ? Et tu n’avais aucune idée qu’il était si proche d’elle physiquement.  C’est bien Sullivan Fisher, n’est-ce pas ? Il bossait à ABC apparemment.  C’est bien Sullivan Fisher, n’est-ce pas ? T’as l’impression qu’on vient de te mettre un immense coup sur la tête.  C’est bien Sullivan Fisher, n’est-ce pas ? Heureusement que tu es assis et qu’elle te tient.  C’est bien Sullivan Fisher, n’est-ce pas ? Ca te donne la sensation de ne pas totalement être en train de tomber d’une falaise.  C’est bien Sullivan Fisher, n’est-ce pas ? La tête tourne et tourne et tourne.  C’est bien Sullivan Fisher, n’est-ce pas ? Tu te retrouves le dos contre le dossier du canapé, incapable de garder ton équilibre.  C’est bien Sullivan Fisher, n’est-ce pas ? Il te faut un long moment avant de reprendre tes esprit et tourner les yeux vers Birdie. Tu ne sais pas quoi dire, tu as du mal à réaliser qu’elle sait qui est ton géniteur. Tu as tout autant de mal à réaliser qu’il est apparemment décédé.  C’est bien Sullivan Fisher, n’est-ce pas ? Tu regardes Birdie un instant et tu te redresses alors que tu as repris un semblant de contrôle sur ta personne. « Tu travaillais avec lui ? » Ton cerveau qui fuse. Ils ont parlé de toi ? Elle le connait ??  C’est bien Sullivan Fisher, n’est-ce pas ? Sullivan Fisher ouais… Un nom que tu n’avais pas entendu de la bouche de qui que ce soit depuis de si longues années… Ils étaient dans les mêmes locaux. Tu aurais pu le croiser ? Comment tu aurais réagit ? Arrête de réfléchir à ça Jordan, ça n’a pas été le cas. C’est bien Sullivan Fisher, n’est-ce pas ? Ca te fait tellement bizarre d’entendre Birdie dire son nom… T’as l’impression d’être dans un très mauvais rêve.

Tu le vois s’affaler. Les yeux perdus dans le vague. Son esprit part ailleurs et tu respectes religieusement son silence. La réalisation doit lui monter à la tête et ça doit être compliqué. C’est dur d’apprendre qu’un parent perdu de vue depuis des années revient de la bouche de sa copine. Pour lui révéler que non seulement il travaillait à Brisbane, qu’il habitait toujours Brisbane mais aussi qu’il est décédé à Brisbane. Cette conversation est loin d’être agréable et si Jordan avait relâché plus longtemps son buste contre le dossier du canapé, tu l’y aurais rejoint. Tu te serais lovée contre lui. Tu n’aurais rien dit. Tu ne dis rien du tout, d’ailleurs. Tu attends un signal, un geste, quelque chose. Tu as envie de te faire toute petite, de préférence contre lui. Juste de quoi être son soutien si y a besoin.

Alors quand Jordan se redresse de nouveau, t’es à l’affût. « Tu travaillais avec lui ? » Cette fois, tu hoches la tête à la négative. “On travaille pour la même boite mais lui était un consultant en… Politique et géographie ? Je sais plus trop. Rien avoir avec la météo en tout cas.” Tu avais assez bu à cette soirée avec Penny, tu ne te rappelles plus trop de ce qu’il avait plus dire. Tu te rappelles seulement du choc que tu as eu de voir qu’il avait “omis” un fils dans l’équation. Tu le regardes avec une petite crainte mais en gardant toujours tes mains sur lui car t’en as besoin aussi. Tu mords ta joue une nouvelle fois avant de pencher ta tête sur le côté. “You ok?” Que tu demandes doucement, comme si tu t’attends à avoir la tempête en face de toi d’une minute à l’autre. Tu te fais des films dans ta tête en te disant que Jordan risque de craquer d’une façon ou d’une autre ; ça reste un choc malgré tout.

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Elle fait non de la tête et ça te rassure déjà énormément de savoir qu’elle n’a pas trop partager le même air que ce type. “On travaille pour la même boite mais lui était un consultant en… Politique et géographie ? Je sais plus trop. Rien avoir avec la météo en tout cas.” T’as encore du mal à croire qu’ils bossaient au même endroit. Le monde est vraiment trop petit. Y’a son nom dans la bouche de ton oiseau qui passe encore et encore en boucle dans ta tête. T’as autant envie de te cogner la tête contre un mur que de vomir.

“You ok?” No. Y’a tout qui se passe dans ta tête. Tu sais même pas comment réagir. Tu es encore en train d’encaisser l’info et t’as pas encore réaliser qu’il est décédé. C’est pourtant l’information primordiale ici. Tu te recales dans le canapé. Une de tes mains dans celles de Bird, l’autre que tu portes à ton visage pour te frotter les yeux. Tu passes ta main sur ton visage et la glisse dans tes cheveux avant de la laisser mollement tomber sur le canapé. He’s dead ? Oui Jordan. Tu vas pas commencer à lui demander confirmation alors que c’est clairement rien d’amusant. Elle n’aurait jamais fait une blague de la sorte. Je sais.

Tu tournes la tête vers Birdie et lâche doucement sa main alors que tu te mets sur tes deux pieds. « I need some air. » Que tu dis en te dirigeant vers la terrasse. Quand tu auras un peu fait le point dans ta tête. Tu t’eclipseras pour envoyer un long message vocal à ton psy. Dans les jours qui vont suivre vas rester fonctionnel mais tu seras un peu plus dans ta batcave et un peu plus silencieux.

Le lendemain ou surlendemain, tu trouveras le jour et l’heure de l’enterrement qui est noté dans le journal. Il ne fait aucun doute que tu vas y aller. T’as besoin de voir son corps sans vie.

Ton visage est grave mais aussi penaud. Tu n'es pas curieuse d'en savoir plus sur sa relation avec son père car tu sens le malaise que c'est. Un père qui omet un de ses fils. Ce n'est pas un père mais un géniteur. Tu observes Jordan qui se recale dans les profondeurs du canapé, complètement abattu, la main dans les cheveux. Enfin abattu… Perdu? Désemparé? Choqué? Tout ça serait sûrement des meilleurs mots pour exprimer ce que ton partenaire t'inspire à ce moment précis. « I need some air. » "Sure." Que tu murmures doucement en le laissant et le regardant filer. Tu te sens impuissante. Tu ne sais pas si tu dois être désolée, présenter tes condoléances ou non. Même pas pour Sullivan Fisher qui a perdu estime et respect vu ses propos en septembre. Mais pour Jordan. Juste pour Jordan. 

Tu lui laisses son temps. Son espace. Tu n'insiste pas si Jordan ne veut rien avaler. Tu ne dis rien quand t'es seule dans le lit. Tu te contentes d'aller le voir dans sa batcave de temps en temps, souvent avec des sandwichs au chocolat ou des pains fourrés au chocolat ou qu'importe tant qu'y a du chocolat. Tu caresses son bras, son dos, ses cheveux quand tu peux. Tu vas aussi embrasser ses mèches roses, sa joue, ses lèvres aussi. Tu ne cherches pas à t'incruster là où il ne faut pas. Le terrain est miné, Jordan n'a pas besoin de le dire, tu le ressens aisément. Tu es cependant assez désemparée toi-même. Tu en as connu des âmes en peine en guise de colocataire ou même en ami. Mais là, il s'agit d'un bout de toi qui est en berne, ça te touche différemment. Tu es avec ton café entre les mains quand tu vois Jordan penché sur le journal. Assez rare pour que ça te fasse hausser un sourcil. "Une annonce intéressante?" Tu t'approches pour regarder par-dessus son épaule afin de voir. Tu te sens idiote tout d'un coup. "Tu comptes y aller?" Une question naturelle à laquelle tu t'attends un refus net. Si son père est comme tu peux l'imaginer être, pourquoi Jordan irait s'embêter avec une cérémonie aussi morbide? Tu poses ton menton sur son épaule en demandant silencieusement si ça va mais t'oses pas le faire à voix haute car tu sais que ça peut être chiant. Tu profites de pouvoir le sentir contre toi et de lui transmettre un peu de ta chaleur, de ton apaisement. Tu espères que son cerveau ne turbine pas trop, qu'il n'est pas en surchauffe et qu'il ne va pas craquer quand il ne faut pas. Même s'il n'y a jamais de bon moment pour ça. Tu embrasses sa nuque avant de respirer son odeur. Jordan te manque mais tu seras patiente. Tu n'as pas le droit d'être exigeante et égoïste, là.

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« Sure. » Tu vas prendre l’air et tu te rends même pas compte que Birdie reste derrière. T’as la tête complètement ailleurs. Tu sors ton téléphone après de longues minutes à respirer profondément et une fois que tu t’es éclipsé.e dans le jardin, en bas, loin des oreilles de l’oiseau, tu fais ton memo au psy.

"Une annonce intéressante? » T’es sorti exprès pour aller l’acheter le journal. Hier tu as fait la même chose mais sans qu’il y ait quoi que ce soit dedans. Cette fois ci elle y est l’annonce de la cérémonie et du corps disposée à la maison funéraire. "Tu comptes y aller? » T’as même pas eu besoin de le dire à voix haute et thank god. Tu n’as pas à le faire et c’est tout ce qui compte là. Tu sens Birdie être toute proche de toi, sur ton épaule et ça te fait un bien fou. Elle embrasse ta nuque et tu laisses le journal tranquille. Tu connais par coeur l’annonce maintenant. Tu l’as lu un trilliard de fois car c’est ça qui rend la chose encore plus réelle et officielle. « Yeah. » Tu soupires doucement avant de te redresser pour prendre Birdie contre toi. Tu fais en sorte qu’elle s’installe sur tes genoux et tu vas nicher ton visage dans sa poitrine. « I’m gonna go to the funeral home. » Tu veux vraiment voir son corps mort. Le cercueil ouvert. C’est très important pour toi à bien des niveaux. Tu soupires doucement car la vérité c’est que tu sais pas comment tu vas réagir ni même qui tu risques de croiser là bas. Tu respires l’odeur de Birdie, tu te concentres là dessus pendant quelques secondes. Tu t’enlèves de la tête ton père et son corps que tu imagines sans vie dans ta tête. Tu te demandes s’il a beaucoup changé depuis la dernière fois que tu l’as vu. Tu échoues bien platement à penser à autre chose car ton géniteur est de nouveau bien présent dans tes pensées. Tu serres fortement ta moitié contre toi. Tu te demandes si tu aurais été mis au courant si elle n’avait pas été là bas sur le moment Birdie. Car pour l’instant tu as eu absolument aucun message ou coup de fil des gens de ta famille.

« Yeah. » Yeah? Yeah comme oui? Tu grimaces légèrement car au final, pourquoi tu es si surprise? Tu t'attendais tellement à ce que Jordan rejette cette information, qu'iel fasse son deuil de son côté mais sans se mêler à toute la cérémonie qu'il y a suite à un décès que sa réponse te surprend malgré tout. Tu poses ton mug sur la table quand tu commences à sentir Jordan se tourner vers toi. Tu es plus que ravie de pouvoir lui servir de doudou vivant si ton amoureux a besoin. Tu viens même avec les options câlins et bisous car iel a besoin de toute ton affection - et toi aussi. T'es si tendre avec lui alors que t'es sur ses cuisses, sa tête sur ta poitrine et tes bras autour de son cou. « I’m gonna go to the funeral home. » C'est encore pire, donc. Jordan veut voir le corps. Le corps mort de son père. Tu déglutis car tu ignores si c'est une bonne idée. Ce n'est jamais une bonne idée de voir la mort d'aussi près à ton sens. Jordan n'a donc pas assez souffert dans le passé ? Pourquoi est-ce qu'iel persiste à s'infliger ça ? 

Tes lèvres passent sur son crâne pour l'embrasser tendrement, les yeux rivés en face de toi par-dessus sa tête. Tu ne dis rien mais tu n'en penses pas moins. Ce n'est pas ta place de dire comment Jordan doit gérer. C'est un adulte, iel connaît ses limites. Tu l'espères, en tout cas. "Et tu vas aussi à l'enterrement?" Pour le coup, tu t'attends à une réponse positive. Si Jordan va voir le corps, la suite tombe sous le sens, n'est ce pas? Tu es en train d'avoir ton visage dans ses cheveux quand tu lui demandes aussi "Do you want me to come?" T'aimerais pas être dans tout ça, dans ces ambiances moroses et morbides et tristes. Mais t'aimerai être avec Jordan. Tu es son pilier, son soutien autant que lui l'est pour toi. Tu peux lui prouver que t'es là. Tu le prouves déjà depuis deux jours. Même si tu aimerais être plus efficace. Comme absorber ses pensées négatives. Ses mauvaises ondes. Son expérience. Des bribes en tout cas. "You know I'm here for you." Tu le lui as déjà dit ces derniers jours mais tu préfères que Jordan le sache trop que pas assez. Iel est bien dans tes bras. T'apprécies de le savoir contre toi. Tu n'aimes pas l'idée qu'iel aille là-bas. Tu as peur que ça l'impacte d'une façon nuisible pour lui. Jordan maîtrise tellement bien sa vie à force de courage et de persistance. Tu ne veux pas que le passé vienne lui bouffer tous ses efforts en cinq minutes. C'est ce qui pourrait se passer. T'as peur que Jordan se perde. Alors tu le serres un peu plus contre toi. Là, ici, au moins, t'es certaine qu'iel ne se perd pas. Iel est bien, là. En sécurité. Et avec toi. Vous allez surmonter ça. Comme toujours.

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Birdie se laisse glisser sur tes genoux. Elle est si douce depuis qu’elle t’a annoncé la nouvelle y’a deux jours. T’as beaucoup trop de chance de l’avoir. Tu as l’air de gérer mine de rien, t’es encore plutôt sonné.e mais ça pourrait être pire. Ça c’est parce que tu vois pas l’avenir mais moi je sais que le pire est à venir. Tu profites de sa présence, sa douceur, ses baisers. Tu fermes même les yeux. "Et tu vas aussi à l'enterrement?" Une bonne question ça. Tu arrêtes pas de te dire que oui et puis non. « Je sais pas encore pour la cérémonie mais je veux aller à la mise en terre. » Tu veux le voir être sous terre. « Je verrai une fois que je l’aurai vu comment je le sens. » Tu n’as pas envie de prendre des décisions hâtives.

"Do you want me to come?" Oh. Parce que tu sais combien elle déteste les enterrements. Yeah but she doesn’t know him. Il est vrai que ça fait une très grande différence. « You know I'm here for you. » Tu fais oui de la tête. « I know… » Que tu dis la voix étouffée par sa poitrine. Tu serres tes bras autour d’elle alors que tu essaies franchement de te faire à l’idée de ce qui arrive dans les jours prochains. Est-ce que tu veux qu’elle soit avec toi quand tu vas avoir la réalité en pleine face. La réalité que ton père n’aura réellement jamais cherché à t’avoir dans sa vie jusqu’à son dernier jour sur cette planète. Y’a une partie sadique de ta personne qui espérait quand même qu’il se rende compte que tu es une personne qui vaut le coup de connaître. T’as réussi professionnellement et malgré toute la haine que tu as envers ton père, tu voulais plus que tout qu’il te donne son attention. Qu’il montre au moins une fois dans sa vie qu’il te donne de la considération. Que ce soit un message sur une plateforme ou une autre, un email, un coup de fil, peu importe le moyen, y’avait toujours toujours toujours un bout de toi qui se disait que peut être un jour… Peut être qu’il s’en voudrait et s’excuserait. Mais nope. C’est fini. Impossible. Il est mort. « I’d rather you don’t come… » Tu te mords la lèvre car t’as pas envie qu’elle prenne ça comme un rejet même si c’est le cas. Tout ça est assez pénible, tu n’as pas envie d’avoir une audience. « But if you can… give me a lift. I’d like that. » Tu prends une grande inspiration car ton esprit est plutôt all over the place. Savoir qu’elle te conduit pour y aller (et revenir? Tu espères que oui) te fait du bien. Elle sera là juste pour toi. Pas avec les autres Fisher au milieu.

« Je sais pas encore pour la cérémonie mais je veux aller à la mise en terre. » Y a quand même un effort de fait par Jordan dans tout le processus. Ça te donne des frissons et pas ceux que tu apprécies avoir. Tu ne sais toujours rien de son histoire avec son géniteur mais ça a l'air lourd et compliqué. Peut être que Jordan n'a pas besoin de le célébrer avec la cérémonie, chose que tu peux comprendre, mais qu'iel a besoin d'être sûr.e que ce soit la fin. Une sorte de fermeture claire et définitive. Qu'importe la relation avec son géniteur, iel n'aura plus ce qu'iel espérait. Et toi, tu espères que ça ne va pas atteindre ton partenaire de façon exponentielle. Jordan est relativement calme et tranquille mais justement, ça suffit pour t'inquiéter. Ce qui est étrange est que pour une fois, c'est toi qui te retrouve dans les chaussures de celle qui ne comprend pas. Celle qui veut aider mais qui n'a pas toutes les pièces. Jordan n'a pas pour habitude de ne rien dire, c'est plutôt toi. Mais la situation actuelle est si fragile que tu dis que ça peut attendre. Avoir rencontré Sullivan Fisher a aussi aidé à avoir un très bref aperçu de leur relation. Et ce n'est rien de très glorieux. « Je verrai une fois que je l’aurai vu comment je le sens. » Tu hoches la tête. Tu essaies de comprendre mais tu n'y arrives pas. Tu n'as pas été à l'enterrement de Dan car dans ta tête, il était déjà mort depuis longtemps. Mais tu n'es pas Jordan et chacun réagit différemment. 

« I know… » Tu l'abandonnes pas, toi. Tu es là pour lui. Tu seras solide pour deux. Tu es une force de la nature quand un proche est en détresse. Tu transformes en bouclier, en socle, en mouchoir, en doudou, en baume. Tu veux apaiser, guérir, trouver des solutions miracles qui n'existent jamais. Tu veilles sur tes êtres chers car tu en as déjà trop vu partir à la dérive et tu as peur qu'il arrive la même chose à Jordan. Ton ange à toi, ta moitié, ton équilibre. Ton musicien ne mérite pas ça. « I’d rather you don’t come… » Oh. Tu es dans les mixed feelings de l'entendre dire ça. D'un côté, tu es ravie de ne pas avoir à assister à tout ça. Mais de l'autre… Il y a une petite pointe de déception mais qui n'est rien comparé à la sensation désagréable de le savoir seul.e dans une épreuve pareille. Oui, Jordan a réussi à s'en sortir tout seul.e comme un grand jusqu'à présent mais maintenant, tu es là. Iel peut se reposer sur toi. « But if you can… give me a lift. I’d like that. » Tu mords ta lèvre en fermant les yeux. "I can do that. I can do whatever you want." Car t'es docile comme ça quand la situation l'exige. Mais mais mais… "You sure you want to be on your own? I don’t like that." Tu l'exprimes très franchement. Que Jordan comprenne que tu n'es pas inquiétée par ce rejet, qui t'arrange quand même dans un sens soyons honnête, mais pour lui. "Je sais pas si y aura des gens pour toi la bas, si tu vas être réconforté comme il faut, si tu auras quelqu'un pour te soutenir…" Tu songes même à lui dire que vous pourriez demander à Jeremy ou Tee mais là, par contre, tu risques de te vexer. Non pas que ce soit une compétition mais c'est toi qui partage la vie de Jordan depuis presque un an. C'est à toi que revient le droit d'être à ses côtés dans des épreuves pareilles. Tu déposes un baiser sur ses cheveux avant de relever sa tête vers toi pour regarder ses beaux yeux bleus. "I don't want you to be alone." Mais peut-être que Jordan en a besoin lui. Tu n'y songes même pas alors que t'es la première à te renfermer. Quoique, tu avais été plus conciliante pour Dan quand même. Non, Jordan a été seul.e toute sa vie ; ce n'est pas une raison pour qu'iel continue comme ça sur le reste de la route.

X

"I can do that. I can do whatever you want. » Ca t’émeut de l’entendre. Avoir ton père dans tes pensées c’est tout autant de souvenirs de trauma de combien il n’a jamais rien fait pour toi à part te faire souffrir. Birdie est tout l’inverse. Birdie t’aime et ne veut que ton bien. "You sure you want to be on your own? I don’t like that." Tes bras qui se serrent plus fort autour d’elle. Elle t’aime tellement… Et toi tu ne sais pas si tu serais ok qu’elle soit avec toi. Tu sais pas comment tu vas réagir, qui tu vas rencontrer. Beaucoup de choses à explorer pour la première fois et tu n’as pas l’habitude du tout de partager avec autrui quoi que ce soit à propos de ta famille. Limite faudrait que ce soit ton psy qui t’accompagne. "Je sais pas si y aura des gens pour toi la bas, si tu vas être réconforté comme il faut, si tu auras quelqu'un pour te soutenir…" Et Birdie qui est prévenante comme personne. Elle sait sans que tu aies à le dire qu’il y aura personne pour toi là bas. "I don't want you to be alone. » Vraiment pas une bonne idée qu’elle ait relevé ton visage pour te regarder à ce moment là car les larmes qui remplissent tes yeux sont plus grande que l’océan pacifique (rien que ça).

Tu retournes cacher ton visage dans sa poitrine alors que tu fonds totalement en larmes. Première fois que tu pleures depuis l’annonce. Depuis l’électrochoc que ça a été dans ta petite tête. Tu ressens trop là. Tu ne saurais même pas mettre de mots sur cette immense vague d’émotion qui t’empare. Le bonheur de voir que quelqu’un t’aime comme elle le fait ? La tristesse de te rendre compte que ton propre père n’a fait que te laisser seul toute ta vie ? La réalisation que jamais, véritablement jamais il ne pourra s’excuser et te faire te sentir un tant soit peu légitime de son attention. Nope. Tout ça c’est fini et ça te brise le coeur. Pourquoi tu attendais encore après lui Jordan ? Tu as beaucoup trop foi en l’humanité et qu’il en ait absolument et totalement rien à foutre de toi te tue… Tu mérites pas ça.

Accroché à Birdie, tu laisses les vannes ouvertes tant que tu en ressens le besoin. Tu ne saurais même pas quantifié le moment que ça représente mais ça fait du bien de la sentir sur toi. Tout son poids te rassure, en plus de sa chaleur, sa douceur ainsi que son odeur. Elle est là pour toi Birdie. Vraiment. T’as pas besoin de Sullivan Fisher. Tu t’es débrouillé sans lui Jordan et t’es devenu.e une bonne personne. Une très bonne personne. On t’aime, on fait attention à toi. Tu l’as trouvé tout seul ta famille. Tu restes contre Birdie un moment après que les larmes ont cessé. Le temps de te calmer un peu plus et puis tu te décolles doucement d’elle pour essuyer tes yeux ainsi que ton visage. Y’a Milady qui s’est débrouillée pour sauter sur ton oiseau pour lover son petit corps contre toi. Tu défais un bras du dos de Birdie pour aller serrer Milady un peu plus contre toi. Tu vas même embrasser le dessus de sa tête. T’as besoin de tout l’amour que tu peux avoir et elle l’a senti. Ca te touche encore plus et t’apaise à la fois.

Ses yeux brillent d’habitude mais là, il y a une lueur humide dedans. Ça te brise le cœur de le voir aussi triste mais ce n’est rien quand Jordan finit par craquer dans tes bras. Les tiens se serrent autour de lui pour le maintenir contre toi alors que son grand corps se relâche totalement. Les nerfs craquent et c’est ce dont tu t’attendais d’un moment à l’autre. Le choc a été persistant, et là vient la réalisation. La réalisation qu’iel a perdu un deuxième parent et que sa famille de sang n’est plus. Non, ça, ça serait ta réalisation à toi. Tu serai dévastée si tu perdais un de tes parents. Tu touches du bois, ils sont toujours en bonne santé. Enfin, ce n’est pas comme s’ils étaient là pour que tu puisses le savoir réellement. Tu reçois des cartes de temps en temps, tu as parfois l’opportunité de les avoir au téléphone mais ça reste rare. Tes parents sont encore moins technologie que toi et tu penses qu’ils sont souvent dans des endroits perdus sans réseau. Tu es parfois naïve et tu ne réalises pas qu’ils n’ont quasiment pas été présents durant ton existence ; non, tu les aimes, tu les idéalises, tu te dis que le monde a exploré est plus trépidant. Tu es toi-même avide de le voir un jour. Mais pour l’instant, tu te sens nécessaire à Brisbane. Tu as des attaches ici. Tu as du mal à te séparer de ton foyer, d’Elimbah, de Will… De Jordan.

Ce dernier est tout brisé dans tes bras et même l’approche de Milady ne suffit pas à nettoyer la peine que tu ressens à le voir comme ça. Tu le berces doucement, tu caresses ses cheveux, ses épaules, son dos. Tu embrasses son crâne, tu lui murmures de soft “it’s okay” pour lui rappeler que ça aussi, c’est okay. Quand Jordan se détache de toi, tu fais une moue à voir ses yeux rouges. Tu passes un pouce sur sa joue avant de l’embrasser dessus puis te diriger vers ses lèvres. Tu fais attention à ne pas écraser Milady dans le processus. Tu l’embrasses doucement en espérant qu’iel comprend que ton soutien sera là où iel le demandera. Oh, iel le comprend, Birdie. “Tu veux qu’on fasse quelque chose ? Un cinéma, une balade, s’allonger dans le jardin pour compter les nuages, s’empiffrer de chocolat devant un de tes films préférés ?” Tu n’espères pas devant Roméo et Juliette ou A Star is Born. Les fins sont trop dramatiques pour la situation, là. “Ou tu veux que je te laisse tranquille ?” Tu serais très bien si tu pouvais rester avec lui. Si t’es attachée en temps normal, là, c’est encore pire. T’as le besoin physique de sentir sa présence. Qu’iel n’est pas en train de te filer entre les doigts d’une façon ou d’une autre. Et pourtant, en même temps, tu sais t’effacer. Tu comprends la détresse. Tu sais ce que c’est. Si Jordan veut bien de toi, tant mieux. Si Jordan ne te veut pas, tant pis. Cela ne t’empêchera pas de veiller à lui même à distance.

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“it’s okay” Le gouffre d’émotion entre tout ce que Birdie te donne comme amour et tout celui que ton propre géniteur ne t’a jamais donné te bouleverse énormément. Elle te laisse tout le temps dont tu as besoin. Tu laisses les vannes s’ouvrir pour le temps que tu le vis. Tu ne cherches pas à te retenir de pleurer. Tu traverses le moment tel qu’il t’arrive avec tout autant de confusion dans ta tête car tu n’as jamais ressenti tous ces mixed feelings là ensemble avant.

Les lèvres de Birdie sur toi te font un si grand bien et tu profites de tout ce qu’elle te donne comme douceur. Tu fais attention à votre chat qui est dans tes bras également. Tu as deux des plus importantes femmes de ta vie dans ton étreinte. Ta famille à toi est dans tes bras.  “Tu veux qu’on fasse quelque chose ? Un cinéma, une balade, s’allonger dans le jardin pour compter les nuages, s’empiffrer de chocolat devant un de tes films préférés ?” Tes lèvres qui ressentent encore la pression des siennes.  “Ou tu veux que je te laisse tranquille ?” Tu vas déposer un baiser de plus sur la plus jolie bouche de toute la ville. « Je veux marcher pieds nus dans l’herbe. » Ça fait du bien cette sensation et tu ne le fais pas assez pour une raison qui t’échappe. Tu sais pas ce que tu veux d’autre. Tu as déjà géré du côté de ton travail à mettre une réponse automatique à tes emails. Tu soupires doucement en allant reposer ton visage contre sa poitrine. « I wanna stay like this forever… » Tes sourcils froncés, tu la serres si fort contre toi. Milady qui est toujours bien contre ta personne aussi. Ta famille. « I love you so much B… » Que tu murmures. C’est ta façon de lui dire merci sans utiliser ce mot là. Elle sait que tu es la personne la plus reconnaissante de la planète. Jamais avare de mercis. Y’a Milady qui miaule à ce moment là et tu peux pas t’empêcher de sourire à ce timing. « I love you too Milady… » Tu caresses doucement le félin. Sa proximité, son doux pelage, son amour, te font énormément de bien à l’âme depuis que vous l’avez adopté. Tu regrettes pas une seule seconde même si c’était pas rien comme décision. T’as l’impression d’être un vrai adulte avec des responsabilité depuis que vous l’avez. C’est votre progéniture à tous les deux. La sensation d’avoir une famille à toi te fait vraiment trop chaud au coeur… Tu as besoin de personne… sauf d’elles.