Jordan ne dit rien, aucun mot ne sort de sa bouche ; par contre, c’est sa respiration que tu sens le mieux car ses lèvres viennent se plaquer contre les tiennes dans une force douce bien appréciable. Une force qui lui permet de te mettre un peu plus sur le dos, te coupant dans toutes tes envies de te déloger, de partir, d’aller prendre cette foutue douche. Tu n’as rien fait pour y aller car le cocon est si chaud et si réconfortant en ces temps sombres que tu n’as pas envie de le quitter. Tu pourrais t’enterrer avec lui pour aller au paradis que tu serai la plus heureuse du monde. Rebecca doit forcément être au paradis mais tu n’es pas sûre de le mériter, toi. De toute façon, tu t’en fous ; ton esprit continuera à voguer dans la terre quoi qu’il arrive. Sa main vient se lier à la tienne et tu soupires légèrement alors qu’une de tes jambes s’enroule autour de sa taille. Tu as très bien compris la réponse à tes questions finalement ; aucune lumière ne sera allumée et oui, la douche peut attendre. Elle attendra pour la plus belle des excuses, celle d’avoir le désir pour ton copain. Et cette fois, ça fait moins peur car tu connais déjà les sensations quand il est en toi. C’est beaucoup moins flippant et tu en frémis déjà d’impatience. Ton coeur ne peut pas s’empêcher de battre à tout rompre mais ça n’a rien avoir avec du stress ; ce n’est que cette affection grandiloquente que tu as pour lui et tout ce qu’il représente à tes yeux. Ton unique allié et ami. Celui qui te procure plus de bien que n’importe qui sur cette planète. Celui contre qui tu te raccroches comme si ta vie en dépendait - et vu les circonstances, ce n’est pas qu’une image. Sans Jordan, merlin seul ce que tu aurais fait. Dans quel état tu serai. Tu mélanges la découverte du deuil avec celle de l’amour et c’est aussi surprenant et étrange que celui du sucré/salé. Tu as l’impression d’être sur des montagnes russes avec des piques montantes et descendantes sans cesse. Tu ne veux pas penser au malheur alors tu embrasses avec encore plus de passion et d’envie Jordan, ta main libre parcourant sa colonne vertébrale alors que l’autre se serre jusqu’à devenir presque blanche comme le pilier qu’il représente à tes yeux. I want you so much, que tu hurles dans ta tête en espérant qu’il va l’entendre ; sûrement qu’il doit le ressentir et le partager.

Elle te laisse l’embrasser mais c’est seulement quand sa jambe s’enroule autour de toi que tu sens qu’elle a autant envie que toi de rester là. Tu ne réfléchis plus avec ta tête alors qu’elle s’accroche aussi fort que toi à ta main. Votre baiser qui ne fait que s’approfondir, s’amplifier, de tout votre amour et désir l’un pour l’autre. Tu es de nouveau entre ses jambes sans même y avoir réfléchit cette fois ci. Tu fais attention à ne pas totalement l’écraser car elle est si petite tout ton corps. Même si tu ne la vois pas tu la sens toute entière. Autant que ton milieu qui retrouve le sien après avoir été vérifier brièvement de ta main si elle était prête pour. Tout son corps hurle que oui autant que son humidité et c’est ainsi que vous vous unissez pour la deuxième fois de la nuit.

Ton visage posée contre sa poitrine, tu reprends tes esprits après t’être délogé d’elle in extremis. Ton esprit qui a été assez conscient pour ça. Tu n’as pas envie de ruiner ton moral avec une frayeur, tu as su te retirer à temps. Toute ta fatigue qui te retombe dessus d’un seul coup. Ta journée de boulot suivi de toutes les émotions à la veillée, à la plage et deux fois dans ta chambre. Je ne sais pas comment tu es encore réveillé Jordan. Faut croire que faire l’amour avec Birdie ça te stimule assez pour oublier ton épuisement. Et tu travailles demain matin tu te souviens de ça Jordan ? Peut être, peut être pas, mais tu t’endors allongé sur elle, oubliant même que tu l’écrases peut être. Le sommeil qui t’emporte sans crier garde après que tu aies repris ton souffle de ce nouvel orgasme magique que tu viens de vivre. La vie est comme interrompu. Tu passes de votre bulle au sommeil. La réalité de ta vie est encore bien loin. Profite Jordan. Ca sera pas la même demain quand tu vas devoir aller travailler.

Tu as l’impression que c’est de mieux en mieux à chaque essai - ou alors c’est seulement que tu t’habitues et/ou tu fatigues. Tu ne sais pas trop mais tu apprécies beaucoup trop tout ce que Jordan te donne et ce qu’il te fait ressentir. Sentir le poids de ton copain au-dessus de toi est le meilleur sentiment du monde et tu te laisses complètement enivrer par tout ça. Mieux que l’alcool merdique bu tout à l’heure mais qui a au moins eu le mérite de t’endormir un peu le cerveau, la tendresse déployée par Jordan envers ta personne suffit pour atomiser complètement ton esprit. Tu pourrais vivre sur ce nuage de plénitude encore longtemps, jusqu’à la fin de ta vie à vrai dire. Tu ne ressens pas le mal, la douleur, la peine, le déchirement d’avoir perdu un être cher. Une partie de toi. Non, il y a une autre partie de toi qui se contruit auprès de Jordan et c’est sur ça qu’il faut que tu te focalises.

Et c’est à ça que tu penses alors que Jordan a sa tête posée sur ton buste. Tes yeux sont rivés au plafond alors que ta main caresse machinalement ses cheveux. Est-ce que tu trahis Rebecca ? Tu n’es pas en train de faire ton deuil. Tu tombes amoureuse, tu fais l’amour, tu profites des bras d’un garçon qui t’aime. Ce n’est pas un deuil, ça. La douleur n’est pas aussi vive qu’elle le devrait mais tu sais que sans Jordan, sans sa présence à tes côtés depuis le drame, tu serais que l’ombre de toi-même. Il réussit à te donner une raison de ne pas vouloir te terrer dans un trou et pleurer jusqu’à en crever. C’est sûrement pour ça que tu as été si déçue de ne pas le voir au lycée aujourd’hui. Est-ce qu’il va faire ça tous les jours ? Tu déglutis alors que tu sens la respiration de Jordan ralentir. Il est en train de s’endormir sur toi alors tu déposes un baiser sur le sommet de son crâne. “Sleep well.” Que tu chuchotes sans savoir s’il entend ou pas. Tu es fatiguée mais tu mets longtemps à trouver le sommeil. Trop d’émotions, trop de pensées et le corps de ton copain sur toi qui te bloque dans tes mouvements. Mais tu ne veux pas le bouger car il est bien là où il est. Et toi aussi, en fin de compte. Tu ne réalises même pas que tu n’as prévenu personne chez toi et que ta fratrie est en train de s’inquiéter. Il ne suffira pas attendre très longtemps avant qu’Aurora appelle la tante de Jordan pour savoir si sa sœur est bien chez elle. Tu vas sûrement te faire disputer demain mais t’en as rien à foutre ; enfin tes paupières se ferment, la main dans les cheveux de Jordan. Qu’on te laisse en paix. C’est tout ce que tu demandes.