Les rumeurs allaient bon train sur le navire et les histoires qui se murmuraient commençaient à réellement inquiéter Greta. La jeune femme était comme toujours présente contre son gré sur le bateau prestigieux - comme ses parents lui avaient vendu - mais le rêve qu’ils dépeignaient était en train de tout doucement se transformer en cauchemar. Le Narelle fêtait son centenaire et finalement qu’est ce que cela pouvait bien lui faire ? L’événement lui rappelait les anniversaires de ses grands oncles et tantes et n’avait rien de réjouissant mais elle avait suivi comme d’habitude les Sighbury, accompagnés d’un nombre de valises qui participeraient forcément au naufrage de leur moyen de transport. Fort heureusement, ses parents avaient eu la bonne idée de lui réserver une cabine pour elle seule même si elle communiquait directement avec la leur. Un soupir était sorti de sa bouche. La tempête, les eaux qui menaçaient de faire chavirer l’embarcation et l’ensemble des passagers ainsi que les créatures légendaires passaient encore. Mais la taille de cette cabine ? C’en était trop pour elle.

Boudeuse, après un buffet qui n’était toujours pas à la hauteur des attentes, Greta essayait de laisser s’échapper son esprit en regardant le paysage à travers le hublot. Le temps était sombre et incertain et les vagues devenaient de plus en plus menaçantes. Leur écho et celui de ce qui se murmurait dans les couloirs l’avaient fait frissonner, le regard toujours fixé sur l’océan. Puis, une vague immense était venue s’échouer contre le hublot et probablement bien plus haut encore. La vision et le bruit était venu s’accompagner d'un grincement de porte sinistre. En se retournant, le cri de la blonde lui aurait valu un rôle dans le dernier film d’horreur tant il était réussi et pour cause, tout juste sortie de ses pensées par une accumulation d’événements inquiétants, elle s’était finalement retrouvée nez à nez avec un personnage sortant … de son armoire. Le regard du garçon était sombre et durant un court instant Greta s’était demandé s’il faisait partie des créatures mentionnées par les autres passagers. Mais en y regardant de plus près, le garçon n’avait rien d’un monstre : ses traits étaient doux, son visage exprimait une peur presque similaire à la sienne. « Qu… qui êtes vous ? Qu’est ce que vous faites là ? » Une question posée par une voix tremblante, le cœur de Greta menaçant de sortir à tout moment de sa poitrine si le garçon ne déclinait pas son identité de suite.

« Qu… qui êtes vous ? Qu’est ce que vous faites là ? »
“Mais ça va pas de crier comme ça ?”

Ambrose a lui aussi sursauté lorsqu’elle est entrée dans la cabine, non pas parce qu’elle est rentrée plus tôt que prévu, mais bien parce qu’elle a hurlé à la mort comme s’il se montrait véritablement menaçant, ou Dieu sait quoi encore. Maintenant, le cœur de l’australien bat la chamade, et cela n’a absolument aucun rapport avec les précieux bijoux de la riche passagère qu’il a fourré dans la poche arrière de son bleu de travail. De retour au pays, tout ça se vendra une fortune et il pourra se payer un billet pour un pays lointain, où Zoya pourra venir avec lui pour tout recommencer à zéro. “On s’calme, je vous veux pas de mal.” Il lève les mains en l’air en guise de sa bonne foi, tout de même, pas mauvais bougre pour un sou le Constantine. Il veut arriver à ses fins, pas lui provoquer une crise cardiaque au passage - ce serait un corps à cacher, et donc du travail en plus. Il n’a pas le temps pour ce genre de futilités, et être recherché pour meurtre ne l’enchante pas réellement.

“Je viens juste réparer votre armoire là, vous avez demandé à la réception, non ?” Non, bien sûr, vue que tout va très bien dans cette armoire dans laquelle il a maladroitement tenté de se cacher en entendant la clé tourner dans la serrure. Bien sûr que tout va bien dans cette chambre, celle-là même qui se vend une petite fortune, pour la population la plus aisée. “Calmez vous hein, je vous jure que tout va bien, vous avez l’air d’avoir vu un fantôme.” Cette fois-ci il se montre un peu plus franc, un peu plus empathique aussi, face à la passagère au teint livide et aux yeux exorbités. Elle a pu avoir peur de lui sous le coup de la surprise, oui, mais quand même, il n’est pas terrifiant une fois ce stade passé, si ?

Le toupet du jeune garçon était venu transformer l’expression de terreur sur son visage en une moue interloquée. “Mais ça va pas de crier comme ça ?” Etait-il réellement en train de lui faire des reproches et de juger sa réaction ? « Parce que ça vous paraît normal à vous de surgir des armoires des passagers ? » “Je viens juste réparer votre armoire là, vous avez demandé à la réception, non ?”  Il semblerait que son attitude était tout à fait normale pour lui mais la justification qu’il venait de donner rendait le moment encore plus suspect - non, Greta n’avait pas appelé. Certes, au prix payé pour cette cabine, elle aurait trouvé logique que le moindre détail soit pensé, qu’une simple armoire grinçante soit réparée même sans appel, car difficile pour elle de se souvenir avoir demandé quoique ce soit, mais peut-être que le brouillard extérieur avait également gagné son cerveau. « C’est vrai que la porte grince un peu, merci pour votre intervention. » Dans le monde de Greta Sighbury, les bandits n’existaient pas. Pas ce soir, pas en plus de tout ce qu’il se tramait déjà. Greta se souvenait des mots du capitaine et sa terreur était bien réelle, le moindre bruit réussissait maintenant à la faire sursauter. Des histoires de malédiction, des créatures légendaires gourmandes de sang humain… le capitaine entendrait parler de son avis sur cette croisière. Ses parents se terraient dans leur cabine, se pensant probablement trop aisés pour devenir les proies des bunyip. Comme s’ils accepteraient les paiements en or massif en échange de leurs vies. Et alors que la jeune femme tentait de combattre ses propres émotions et qu’Ambrose avait surgi de l’armoire pour lui changer les idées, les mots qu’ils venaient de prononcer étaient presque la réalité.  “Calmez vous hein, je vous jure que tout va bien, vous avez l’air d’avoir vu un fantôme.”  Faisant dos au hublot, il n’avait certainement pas vu, mais peut-être entendu le terrible cri étouffé dans la nuit. « Là, derrière vous. Quelqu’un vient de se jeter par dessus bord ! » Et alors que son index désignait le grand hublot dont bénéficiait la luxueuse cabine, le bateau avait dangereusement basculé au point de la faire tomber sur ce jeune homme très peu courtois. « Ne me houspillez pas, voulez-vous. C’était involontaire. » Très inquiète des réactions du squatteur de mobilier, Greta s’était redressée en se voulant un peu plus assurée. Son regard était accusateur, l’atmosphère ne se prêtait pas à de réelles conversations et Greta se refusait à le questionner comme elle aurait dû le faire. « Avez-vous entendu le discours du capitaine ? Je refusais d’y croire mais tout semble concorder et s’enchaîner. » Parce qu’il semblait évidemment être le candidat idéal pour les confidences.

« Parce que ça vous paraît normal à vous de surgir des armoires des passagers ? »
“J’ai pas surgi, j’en suis juste sorti.”

Il relativise, parce que c’est sûrement la meilleure et surtout la seule façon pour lui de s’en sortir sans qu’elle ne lui pose trop de questions et ne décide de demander son avis à d’autres membres du personnel ou, pire, au capitaine. Elle le connaît sûrement bien mieux que cela ne sera jamais le cas pour Rose. Alors, il s’ajoute des excuses qui se contentent d’être à peu près crédibles parce qu’il y ajoute le ton allant avec et l’aisance digne des malfrats. « C’est vrai que la porte grince un peu, merci pour votre intervention. » Et voilà. Il baisse doucement la tête en avant en signe de remerciement à son tour, se montrant poli pour peut-être devenir l’employé de l’année.

Malheureusement pour Constantine, ses paroles concernant le fantôme sont ponctuées d’un terrible cri, qui paraissait être bien trop proche pour qu’il passe outre. « Là, derrière vous. Quelqu’un vient de se jeter par dessus bord ! » Sa tête se tourne rapidement vers le hublot désigné, avant qu’il ne doive rapidement se retenir contre le mur lorsque le bateau penche ostensiblement, comme s’il s’apprêtait même à couler. Son bras libre, il l’entoure avec un naturel insoupçonné autour du corps de la passagère, pour la retenir à son tour dans une chute probable. « Ne me houspillez pas, voulez-vous. C’était involontaire. » - “Ouais, y’a pas de quoi.” Il la relâche aussitôt, exaspéré par l’attitude des gens de la haute société. « Avez-vous entendu le discours du capitaine ? Je refusais d’y croire mais tout semble concorder et s’enchaîner. » - “Non, je vous l’ai dit. J’étais ici. Est-ce que c’est plus important que d’aller porter secours à ce pauvre homme tombé à la mer ?” Il ne s’est pas jeté. Personne ne serait assez fou pour cela, parce que ce serait la mort assurée, par noyade, dévoré par des requins, happé par le bateau ou l’eau froide. Oh, les possibilités sont variées, au moins, mais toutes plus terribles les unes que les autres.

Ne vous y méprenez pas: Ambrose n’en a que faire de cet inconnu, il cherche simplement à s’en aller, son butin en poche (littéralement). “Vous devriez vous reposer.” Lui, il avance déjà vers la porte dans le but de s’enfuir de là.

“J’ai pas surgi, j’en suis juste sorti.” Il était arrogant et jouait sur les mots. Dans d’autres circonstances, le mystérieux réparateur aurait probablement déjà reçu une gifle mais il était inconcevable pour la blonde de se faire des ennemis à bord, les esprits malins lui suffisaient amplement. Encore une fois, Owen était sorti, encore une fois, son mari ne lui était d’aucune utilité. Fort heureusement, l’homme semblait bien inoffensif et avait même était assez aimable pour la rattraper et lui éviter de chuter lamentablement, un embarras inutile à ce point. Les événements s’enchaînaient, le ton de l’inconnu restait tout aussi aimable. “Non, je vous l’ai dit. J’étais ici. Est-ce que c’est plus important que d’aller porter secours à ce pauvre homme tombé à la mer ?”  « Et bien, que suis-je supposée faire affublée ainsi ? » Greta avait désigné sa robe gonflée par le jupon qui se trouvait dessous. Certes, la croisière ne l’enchentait pas mais il n’était pourtant pas question de se laisser voir vêtue n’importe comment. A y regarder de plus près, la tenue du garçon laissait à désirer et elle aurait probablement tiqué sur ce détail, se faisant la remarque que le capitaine avait laissé vraiment n’importe qui à bord, si les gens ne tombaient pas des ponts pour se faire dévorer. “Vous devriez vous reposer.” Oui, idée pertinente alors que le chaos se répandait partout. « Me reposer dans de pareilles conditions… Enfin, bon, allez y, oui, si l’armoire est réparée… » Greta restait perplexe mais il était vrai que la raison de sa venue n’avait maintenant plus lieu d’être, la porte s’était ouverte lorsque le bateau avait été chahuté et plus aucun grincement n’était à déplorer. Tel un félin en cage, il s’était apprêté à sortir de la cabine au moment où elle avait réalisé : ses pieds trempaient dans l’eau. La légende voulait qu’en plus d’apprécier la viande humaine, les bunyip puissent aussi contrôler l’eau. Ou quelque chose du genre. Greta était rarement sûre de quoique ce soit mais cette fois, oui, elle en était sûre. Ils étaient là, tout proches. « Mon dieu, nous y sommes. La fin ! »  Légérement hystérique, la jeune femme avait tenté de reprendre ses esprits et d’utiliser les ressources présentes : la jeune fripouille qui lui faisait face.« Et si c’était vrai ? S’il fallait trouver un crâne pour s’échapper d’ici ? »  Avait-il seulement idée de ce qu’avait révélé le capitaine? Peut-être avait-il entendu les rumeurs, comme elle avant l’annonce officielle. Greta ne voulait pas lui refaire le récit qu’il avait raté en lui rendant service ici, dans sa cabine. Elle était bien loin de se douter qu’Ambrose était le candidat idéal pour “trouver” quelque chose de valeur.

« Et bien, que suis-je supposée faire affublée ainsi ? » Rien, absolument rien. Ce n’est pas ce qu’il sous-entendait et loin de là: si elle ne fait rien, ça arrange grandement le brun, qui peut jouer au pseudo-sauveur par lui-même et surtout seul ; en résumé, si elle ne fait rien, alors il peut s’enfuir et toute liberté. “Rien, ne vous embêtez pas.” que Constantine reprend et répond d’un sourire ô combien faux, ô combien poli uniquement par les apparences. Elle est de ces riches qui ne peuvent rien faire si ce n’est commander à d’autres.

Ainsi, c’est dans le même élan qu’Ambrose ajoute quelques mots, pour mièvrement lui proposer de se reposer, elle qui a dû faire tant d’efforts pour se rendre jusqu’au dîner du capitaine et manger des homards. « Me reposer dans de pareilles conditions… Enfin, bon, allez y, oui, si l’armoire est réparée… » Bon sang qu’ils sont difficiles à vivre, ces riches, ce n’est pas Dieu possible. Mais au moins, elle consent à rester ici, et c’est un véritable poids en moins sur les épaules du malfrat. Tout du moins, cela l’a été pendant quelques secondes, avant que les éléments ne s’y mêlent et, surtout, jouent contre lui. « Mon dieu, nous y sommes. La fin ! Et si c’était vrai ? S’il fallait trouver un crâne pour s’échapper d’ici ? »  Bon Dieu, mais a-t-elle heurté un mur avec son crâne sans qu’il ne s’en rende compte ? Elle a la beauté d’un nymphe, mais elle semble surtout être bien trop hystérique et paranoïaque pour être réelle. “Vous cherchez une raison à la chute de ce malheureux ? La tempête, voilà tout, sortez de votre esprit cette idée de… crâne, ou Dieu sait quoi encore.” Pourquoi imagine-t-elle une telle chose, d’ailleurs ? Quel lien fait-elle avec le discours du capitaine ? C’est à n’y rien comprendre, il ne reste dans la pièce que par pitié pour elle, et cette dernière est apparemment immense. “Nous retournons au port demain matin. Il n’y a pas à s’échapper de quoi que ce soit. La tempête n’était même pas prévue, ça doit sûrement signifier qu’elle sera brève.” Il n’y connaît rien en météorologie, mais c’est ce qu’il veut croire, alors c’est aussi ce qu’il répète à la jeune femme face à elle avec assurance. Avoir l’air de, voilà la clé de tous les maux du monde.

Comme pour mieux donner tort à Ambrose, ce n’est plus seulement le corps d’un homme qu’ils observent passer à travers le hublot, mais bien le cri terrible et surtout non identifié d’un animal (humain ?) qui semble aussi terrible qu’immense. Et immédiatement, son sang se glace à la même température que l’eau océanique qui les entoure.

Le curieux personnage semblait bien pressé de sortir de la chambre, pourtant, il n’avait même pas constaté si la porte était belle et bien réparée. Tout sonnait faux mais le cerveau embrumé de Greta refusait d’admettre qu’elle se retrouvait piégée avec quelqu’un de douteux. Après tout, même le pire des criminels pouvait s’apparenter à un personnage de conte de fées au milieu des sordides créatures. Certes, la compagnie était médiocre, mais peut-être valait-il mieux être accompagnée alors que l’océan se déchaînait, jusqu’à déverser de l’eau dans l’habitacle. Mourir dévorée ou noyée, le choix la laissait rêveuse.

“Vous cherchez une raison à la chute de ce malheureux ? La tempête, voilà tout, sortez de votre esprit cette idée de… crâne, ou Dieu sait quoi encore.” Ils n’avaient tous deux que Dieu à la bouche quand celui-ci semblait avoir pris congés pour les laisser à leur triste sort. Ils allaient sombrer et aucune intervention divine n’était prévue. “Nous retournons au port demain matin. Il n’y a pas à s’échapper de quoi que ce soit. La tempête n’était même pas prévue, ça doit sûrement signifier qu’elle sera brève.” Maintenant réellement agacée par le ton suffisant de ce nabaud qui, elle n’en doutait plus, n’avait rien à faire ici, Greta avait haussé le ton et se retrouvait donc à s’adonner à une jouxte verbale avec un parfait inconnu. « En plus d’être un goujat, vous êtes inconscient. » Les samedis soirs étaient bien plus amusants sur la terre ferme. « Puisque voilà mes souliers déjà ruinés et que nous sommes bloqués ici, je vais tenter de vous expliquer. Le bâteau est encerclé par des bunyip, ils mangent les hommes et contrôlent les eaux. Vous faites le lien, mon grand ? » A elle de le prendre de haut maintenant, avec son mètre 60. Un cri, un autre, et il devenait difficile de les compter. Son regard s’était figé sur ce qui venait de passer par le hublot, la créature était là et elle était bien réelle. « Ah, voyez ?! » Et elle avait secoué la tête pour reprendre ses esprits. Le débat qu’elle entretenait avec l’inconnu semblait avoir pris le dessus sur la panique, et Greta venait tout simplement de sauter sur cet énième décès pour prouver qu’elle était saine d’esprit. S’ils étaient malins, ils commenceraient à chercher. « Si vous m’aidez à survivre, je fermerais les yeux sur les petites activités auxquelles vous vous adonnez dans les meubles des clients. » Perspicace, il ne lui avait fallu qu’une demie-heure pour comprendre que la chaîne qui pendait de la poche arrière de son nouvel ami appartenait à son collier.

« En plus d’être un goujat, vous êtes inconscient. » Les présentations se passent admirablement bien, apparemment. Quelles étaient les chances pour qu’il tombe dans la cabine de la plus insupportable des riches de ce bateau ? C’est bien sa veine, ça, tiens. “Je ne panique pas pour rien. Nuance.” Des hommes à la mer, ça arrive tous les jours. Des morts, encore plus. Des tempêtes, il y en a tout le temps et partout. Le fait que les trois arrivent en même temps n’est que la faute d’une mauvaise chance, elle ne devrait pas s’en faire autant, froncer les sourcils ruine son parfait teint de porcelaine. « Puisque voilà mes souliers déjà ruinés et que nous sommes bloqués ici, je vais tenter de vous expliquer. Le bâteau est encerclé par des bunyip, ils mangent les hommes et contrôlent les eaux. Vous faites le lien, mon grand ? » Ambrose accuse quelques secondes de silence pendant lesquelles il la dévisage avec toute l’attention du monde, prenant le temps d’observer le moindre de ses traits pour déceler les tics du mensonge. Et quand bien même il n’en trouve aucun, cela ne l’empêche pas d’éclater de rire, de bon cœur. “Ils vous nourrissent à quoi, au dîner du capitaine ? De l’opium ?” Il n’y a que ça qui puisse provoquer de telles hallucinations, pas vrai ?

« Ah, voyez ?! » - “Sûrement une baleine. Vous avez pas le pied marin, vous, vous pouvez pas savoir.” Il relève le menton, la voix un peu moins assurée qu’à son habitude. Il n’a certainement pas le pied marin non plus, il tente seulement de se raccrocher aux branches, ou à tout ce qu’il peut en réalité. Une baleine, c’est pas si terrible comme explication quand même, si ? « Si vous m’aidez à survivre, je fermerais les yeux sur les petites activités auxquelles vous vous adonnez dans les meubles des clients. » - “Ma jolie,” nouveau sourire de sa part, il reprend après avoir fait un pas de côté. “j’ai réparé votre armoire, mon job s’arrête ici. J’vous souhaite un bon séjour à bord du Narelle, et n’oubliez pas de vérifier s’il n’y a pas un monstre sous votre lit.” En guise d’au revoir, un salut militaire, le sourire immense. La protéger, et puis quoi encore ? Il n’a pas que ça à faire, surtout que cela se résumerait à se battre contre des moulins.