Greta s’était déjà fait la remarque à elle-même, de l’importance d’être présente pour ses amis malgré un emploi du temps parfois compliqué à gérer. Maintenant que les choses retombaient un peu au niveau professionnel, la blonde tentait de se tenir à ses bonnes résolutions. Le temps passait à une vitesse folle et il était difficile de garder un contact régulier avec toutes ses connaissances et elle détestait ce sentiment de parfois ne plus être à la page de toute ce qu’il se passait dans la vie de ceux qui lui étaient chers. Alors quand elle avait reçu cet appel de Marley, elle était partagée entre la joie de la revoir et la culpabilité de ne pas avoir été celle qui avait appelé en premier. La voix de son amie était enjouée, rien ne montrait une quelconque rancoeur à son égard mais cela ne changeait rien à ce que ressentait Greta. La biographie était maintenant de l’histoire ancienne et c’était assez étrange de réaliser à quel point le moment entre le point final de l’histoire et le succès avait été court, emmenant avec lui ce lien extrêmement fin qu’elle avait noué avec Rhett. Mais ce succès là, sa carrière, n’étaient maintenant que des détails qui ne lui volaient plus son temps et Greta était pourtant toujours aussi occupée et pour une raison qu’elle n’aurait jamais pu anticiper. Arthur était revenu dans sa vie, ils s’étaient disputés, ils s’étaient revus au mariage, et ils étaient partis à Suzuka pour assister au grand prix. Les événements à ses côtés se suivaient et ne se ressemblaient pas, laissant son esprit incapable de faire sens de ce qu’elle vivait. Marley serait la personne idéale pour discuter de tout cela, de ses retrouvailles avec son ex qui avaient obligée Greta à être sincère avec Lucas. Il était un dommage collatéral de tout cela et encore une fois, son sentiment de culpabilité était extrêmement profond.

Poussant un long soupir en se voyant dans le miroir alors qu’elle ressassait tout cela, Greta avait retouché une dernière fois ses longs cheveux blonds avant de se diriger dehors. Le temps était enfin beaucoup plus doux, et elle avait plus que hâte que l’été vienne amener des rayons de soleil qui, elle l’espérait, la sortirait de cette brume qui embrouillait son esprit. « Toujours aussi éblouissante. » Marley s’était levée pour la saluer et la blonde avait apprécié l’accolade ainsi que le compliment, sa spontanéité et sa fraîcheur étaient communicatives. « Alors Moore, on se fait désirer ? » En s’asseyant en face d’elle, Greta avait grimacé comme si cela suffirait comme excuses à son absence. « C’est ça d’être amie avec une écrivaine à succès, moi je t’attendais pour me maquiller quand j’étais sur les plateaux pour la promo du livre, hin ? » avait-elle commencé avec un sourcil arqué que Marley avait imité, consciente que ce ton qu’elle employait n’était clairement pas le reflet de sa pensée. « Je suis désolée, vraiment, j’ai pas eu une minute à moi. » C’était une excuse des plus banales et pourtant, elle était extrêmement sincère. Greta avait commandé un thé, comme à son habitude, comme si celui lui permettait de rester ancrée à ses origines londoniennes qu’elle avait pourtant souhaité quitter des années auparavant. Marley, quant à elle, avait commandé… une limonade ? « Une limonade ? Je vois que t’as changé en quelques mois, raconte moi un peu  » avait-elle demandé en s’installant plus confortablement dans le siège du bar. Quand son thé était arrivé, elle avait remué la boisson en fixant Marley, elle qui était déjà magnifique d’habitude avait un visage encore plus lumineux qu’à son habitude et la blonde avait le sentiment d’avoir raté des événements importants.

Peut-être que ces mauvaises habitudes lui venaient directement de Londres, là où ses retards étaient presque félicités parce qu’ils signifiaient qu’elle avait accordé de l’importance à son look du jour. Il n’en était souvent rien, Greta passait surtout énormément de temps à ruminer parce qu’elle n’avait pas envie d’aller là où ses parents le voulaient. Aujourd’hui, c’était différent, son léger retard ainsi que son absence de nouvelles n’étaient absolument pas liés à son désintérêt pour Marley et bien au contraire. « Hey, je plaisantais G. Je te rappelle que je me suis barrée des années sans donner la moindre nouvelle... »  La remarque avait eu pour effet de la faire rire, mais ce n’était pas le fond de cette affirmation qui en était à l’origine, plutôt la spontanéité de Marley qui la prenait bien souvent au dépourvu.   « Vu comme ça… » avait-elle répondu avec un sourire au coin des lèvres, sa main venant se déposer sur la sienne pour signaler qu’il n’y avait absolument aucune rancœur de son côté non plus. C’était simple avec Marley, et c’était exactement ce dont elle avait besoin tant tout avait semblé extrêmement compliqué pour elle ces derniers mois. Greta avait probablement passé le pire, mais cela ne voulait pas dire qu’elle avait réussi à mettre de l’ordre dans ses sentiments. « Je serais venue bénévolement si tu m'avais appelée... Mais non, madame préfère se faire maquiller par des inconnus. » Haussant un sourcil, la blonde avait levé sa main pour claquer son index et son pouce ensemble, exagérant son attitude au possible avant de répondre pendant que Marley levait les yeux au ciel. « Moi ? Bosser avec des inconnus ? Jalouse, va. » Greta n’avait aucune idée de comment leur était venue cette habitude d’user et d’abuser du sarcasme mais c’était un humour qui lui allait plutôt bien et lui permettait de décompresser. Comme si se moquer allégrement des vraies attitudes que pouvaient avoir certains clients de Marley ou collègues de Greta était une façon de s’en détacher au maximum.

Elles auraient pu s’attarder un peu plus sur la manière dont elles pouvaient allier leurs emplois du temps à leurs commérages, pourtant, la commande de Marley avait attisé la curiosité de Greta qui s’était empressée de mettre les pieds dans le plat, sans réellement s’en rendre compte. « Il paraît que je n'ai plus le droit de boire de l'alcool... » Cette annonce était souvent suivie d’une grande, très grande annonce, et Greta retenait sa respiration alors qu’elle sentait déjà ses yeux s’humidifier. « Je suis enceinte. » Greta avait frappé la table avec la paume de ses deux mains en poussant un cri de joie. « Surprise ! » La blonde s’était levée, sautillant doucement jusqu’à la future maman pour la prendre dans ses bras. « Mais c’est une super nouvelle, je m’attendais pas du tout à ça ! » avait-elle commencé en relâchant son étreinte pour regagner sa place alors que le sourire ne quittait pas ses lèvres. Pourtant, assez rapidement, un doute l’avait gagné.   « Jackson … ? » avait-elle demandé en soutenant le regard de son amie pour s’assurer qu’elle n’était pas en train de la brusquer. Marley semblait plus heureuse que soucieuse et il y avait fort à parier que cet événement avait lieu avec l’homme avec qui elle l’aurait souhaité. Considérant les derniers événements dont elle avait été mise au courant, Greta s’était tout de même permise de s’en assurer quitte à apparaître maladroite.  « Et toi ? Qu'est-ce qui te tient si occupée ? Un livre en préparation peut-être ? » Elle n’avait aucune envie de parler d’elle alors que des dizaines de questions se bousculaient déjà dans sa tête.   « Non mais on s’en fiche de moi, t’es à combien de semaine ? La grossesse se passe bien ? Tu préfères fille ou garçon ? Des idées de prénoms ? » Elle avait presque oublié de respirer en déversant le flot de questions qui lui brûlaient les lèvres.   « Excuse-moi, promis je me calme. » Son regard s’était porté sur les tables à côté qui les dévisageaient - comme à chaque fois qu’elles sortaient ensemble mais cette fois au moins ce n’était pas parce qu’elles dansaient sur le bar.   « Et nan, plus de livre pour moi, pas tout de suite. » avait-elle finalement dit en posant ses mains autour de sa tasse chaude, un réflexe qui ne la quittait jamais.

Greta savait pertinemment que les remarques de Marley n’étaient lancées que pour mettre un peu d’humour dans leur discussion parce qu’elles ne savaient pas se comporter autrement. Rarement sérieuses, se retrouvant toujours pour faire ressortir le côté le plus extraverti de leur personnalité. Des moments hors du temps que les deux femmes appréciaient, sachant également être sérieuses lorsque cela était nécéssaire. Alors elles avaient plaisanté sur la façon dont Greta n’avait pas demandé ses services pour la maquiller lors de ses passages sur les plateaux télé et, même si rien de tout cela n’était sérieux, la blonde ressentait tout de même une pointe de culpabilité. Elle aurait du demander Marley, mais elle ne pouvait pas avoir les mêmes exigences que celles qui étaient les siennes à Londres. Ici, elle avait choisi de rester anonyme et même si la biographie l’avait propulsée assez haut, elle était loin du sommet des Sighbury et devait rester discrète. Et alors qu’elle se perdait dans ce type de pensées, Greta avait été coupée par une annonce qui l’avait instantanément ramenée dans le moment présent. Et en un clin d’oeil, Marley et Greta avaient retrouvé ce sérieux. « Moi non plus. » La réponse de Marley l’avait prise de court et elle avait arqué un sourcil interrogateur, leurs rencontres étaient si rares que Greta n’était pas complètement sûre de comprendre ce que cela signifiait. Dans tous les cas, elle espérait que cela soit une bonne nouvelle et c’était la première impression qu’elle avait, à voir le sourire radieux de Marley. « Qui d'autre ? » Greta avait grimacé comme pour s’excuser d’avoir été aussi maladroite. « Excuse-moi, c’est pas ce que je voulais dire. Mais je sais que vous avez un passé, tous les deux, alors… » Le sourire rassurant de Marley était venu apaiser sa palpable gêne et elle avait repris. « Mais bon, comme lui aussi n'était pas sûr de sa paternité, je peux pas t'en vouloir de poser la question... » C’était donc la raison qui avait poussé Marley à réagir si spontanément à la question de Greta, et qui l’avait également amenée à changer de sujet pour se concentrer sur l’écrivaine qui n’avait aucune envie de parler d’elle. Son enthousiasme avait pris le dessus mais Greta avait fini par laisser Marley assimiler toutes les questions qu’elle venait d’enchaîner. « Tu n'as plus envie d'écrire ou tu es en panne d'inspiration ? » Greta avait soupiré et baissé la tête. « Tu as d'autres projets ? » En un regard, la jeune femme avait balayé ces questions la concernant parce qu’elle refuserait d’y répondre sans avoir eu ses propres réponses, la grossesse de Marley étant bien plus concrète que sa carrière. « Le début a été difficile. Beaucoup de nausées et de fatigue. J'ai mis longtemps avant de comprendre que j'étais enceinte et non pas malade... » Greta hochait la tête doucement en fixant son amie, le sourire ne la quittait pas alors qu’elle prenait pleinement conscience du fait qu’elle allait devenir mère. Quelque chose semblait changé sur son visage, elle était sublime, comme toujours, mais la grossesse la rendait encore un peu plus radieuse. « J'en suis à un peu plus de six mois. En janvier notre petit bonhomme devrait pointer le bout de son nez » S’apprêtant à crier une nouvelle fois à l’annonce du sexe, Greta s’était contenue, se contentant d’agiter les mains devant elle en serrant les dents. « Des idées de prénoms ? Et je te préviens, pas de Brandon ou autre Ken... » Elle avait ri avant de répondre. « Six mois ! Mais tu aurais du m’envoyer un message, je t’aurais chouchouté ! » avait-elle commencé avec une voix bien plus aiguë qu’à la normale. « J’ai pas énormément d’idées de prénoms mais j’en ai deux ou trois à rayer de la liste si tu veux que je puisse être à fond dans mon rôle de tata » Son clin d’oeil venait souligner son propos et une nouvelle fos, elles avaient partagé un rire. Lorsque Marley avait dévoilé son ventre, les yeux de Greta s’étaient parés d’un voile humide. « C’est pas parce que t’es maquilleuse que t’as le droit de ruiner mon maquillage en public Lynch… » avait-elle plaisanté pour chasser les larmes d’émotions qui menaçaient de perler sur ses joues. « Tu vas mieux maintenant ? Tu as l’air, en tout cas. Comment ça se passe avec Jackson, vous vous préparez ? » Si Marley avait besoin de quoique ce soit, il était évident que Greta ferait de son mieux pour y répondre. Elle ferait d’ailleurs tout son possible pour être plus présente maintenant qu’elle savait. « Et pour moi, tu sais, la biographie m’a pris énormément de temps et d’énergie alors je vais me laisser un peu de temps pour voir ce que je fais. Donc la mauvaise nouvelle c’est que je vais plus te lâcher maintenant, baby mama. » Ses sourcils s’étaient froncés et son regard s’était planté dans celui de Marley et, une énième fois, elle avait éclaté de rire. Tous ses problèmes devenaient bien insignifiant devant le visage souriant d’une amie qui s’apprêtait à donner la vie.

Il aurait été hypocrite pour Greta de s’offusquer d’une relation amoureuse ou même d’une grossesse qui ne suivaient pas les lignes dictées par la société. Elle aussi, à sa propre échelle, avait parfois emprunté un chemin qui aurait pu être critiqué par beaucoup. L’excuse d’avoir grandi dans un cocon doré bien trop protecteur parfois était toute trouvée, mais cela n’enlevait rien à l’aptitude que Greta avait à ne pas juger. Elle connaissait de toute façon Marley et elle savait qu’elle n’était pas du genre à se mettre dans des situations délicates sans en assumer pleinement les conséquences. Son amie était enceinte et elle n’avait de toute façon besoin que d’une chose : qu’on la traite comme une reine et c’était ce que l’instinct de Greta l’avait immédiatement poussé à faire une fois l’annonce reçue. Ce sourire sur le visage de Marley n’était, pour une fois, pas dû à l’alcool puisqu’elle en serait privée durant une longue période et il avait donc quelque chose d’encore plus radieux que d’habitude. Malgré les doutes auxquels elle avait dû faire face, il était aisé de voir que sa grossesse apportait bien plus de positif que de négatif et Greta était soulagée que l’attitude de Marley parle d’elle-même, lui évitant de trop s’inquiéter de son état - physique ou mental. Les questions avaient tout de même quitté les lèvres de la blonde dans un flot qu’elle n’était pas parvenue à maîtriser mais elles étaient toutes légitimes après cette période de six mois sans avoir eu vent de la nouvelle. « Tu me connais, j'ai toujours l'impression que je peux tout gérer seule... » Et c’était cette même force de caractère qui avait permis à Greta de rester sereine face à la période troublée qu’elle avait du traverser avec Jackson. « Vous êtes au moins deux, bientôt trois. » avait-elle répondu avec un sourire presque timide, derrière son affirmation se cachait une légère inquiétude et une demande de confirmation. Elle avait géré seule, mais ce n’était probablement qu’une étape avant que le père de l’enfant ait l’assurance de sa paternité et prenne son rôle à bras le corps. Les yeux de Greta fixaient Marley, l’écrivaine préférant largement obtenir les réponses de manière subtiles.

Devant son ventre arrondi, Greta avait vu différents moments de leur amitié défiler devant leurs yeux et était venue les mettre en parallèle avec l’état actuel des choses. Le flot d’émotions était trop intense pour que ses yeux ne se couvre pas d’un voile de larmes qu’elle avait chassé rapidement. « Je t'interdis de pleurer ! Pense à mes hormones ! » Marley l’avait fait éclater de rire et la pression de sa main sur la sienne lui avait permis de revenir au moment présent. « Ah les hormones… Je dois pas m’inquiéter si tu demandes un mocktail au cornichon ou je ne sais quoi au barman alors.  » Greta la fixait en haussant un sourcil, soudainement curieuse des potentielles envies qu’avait généré cette grossesse chez son amie. Le ton s’était adouci, le rire était revenu et Greta en avait profité pour poser une question un peu plus personnelle à Marley. Une question qui incluait Jackson, sans accusation. « Ca va, un peu fatiguée pour le moment mais dans l'ensemble ça va. Avec Jackson aussi. On fait en sorte d'être prêts pour l'arrivée du petit même si à mon avis on ne pourra jamais être vraiment prêts... » Elle avait pu la voir s’agiter et toucher son ventre et à nouveau l’inquiétude avait gagné son regard. « Je pense que c’est difficile de se sentir vraiment prêts à un pareil changement mais il n’y aucune raison que ça ne se passe pas bien quand il sera là. » Son sourire était rassurant même si elle constatait combien ses mots pouvaient sonner faux alors qu’elle-même n’avait jamais connu la maternité autrement qu’à travers des connaissances. Chassant les regrets qui menaçaient de la gagner, Greta s’était finalement décidé à évoquer la période d’accalmie dans sa vie après l’écriture de la biographie. « Tu dis ça mais quand je vais te demander de garder le petit parce que je suis épuisée, tu vas vite regretter. » Les grands yeux azurs de Greta s’étaient écarquillés et elle avait pris un air passablement choqué : il était évident qu’elle serait toujours ravie d’accueillir l’enfant de son amie une fois qu’il serait né. « Tu as raison de prendre une pause si tu en ressens le besoin. » Elle avait haussé les épaules et alors qu’elle pensait que le sujet de l’écriture prendrait encore un petit moment, Marley l’avait prise au dépourvue. « Et les histoires de cœur ? » Greta avait soupiré avant de laisser s’échapper un sourire nerveux. Il était inutile de tenter de dissimuler quoique ce soit quand déjà son attitude avait fait se pencher Marley un peu plus vers elle. « Mon ex est une putain de bombe. A retardement, mais une bombe quand même. » Greta avait échangé un rire avec Marley et elle appréciait de pouvoir s’exprimer différemment, de prendre le problème à la légère. « J’avais aucune idée qu’il était à Brisbane et il est réapparu et ça foutu la merde dans ce qui était en train de se construire avec Lucas. » Devant l’air étonné de Marley, Greta avait acquiesé lentement. « Non mais oui, on se voit pas pendant quelques mois et ma vie devient une épisode de télénovela. » Elle avait secoué la tête, le temps avait passé, les choses devenaient plus claires avec Arthur malgré la panique que cela générait chez elle et elle était un peu plus apaisée. « T’as déjà connu ça ? Un mec qui te rend complètement dingue au point de pas réussir à réfléchir et prendre les bonnes décisions ?  » La logique aurait voulu que son ex ne reste que cela, et qu’elle essaie de vivre quelque chose de différent avec Lucas. Mais rien n’avait plus de logique lorsqu’Arthur était auprès d’elle. « J’ai peur d’avoir perdu un ami cher à cause de tout ça mais j’étais obligée d’être honnête, Arthur c’est Arthur. Et quand je suis revenue et que c’était le bordel, il a été là… » Cette dernière phrase était plutôt destinée à sa propre personne alors qu’elle rêvassait aux actions de l’anglais qui avait accouru quand son identité avait été révélée au grand jour et qu’elle cherchait encore le coupable de tout cela.

La sensation d’apaisement que procuraient les mots semblait éphémère et la tentative de Greta pour détourner l’attention de Marley avait échoué. Mais à chaque fois qu’elle se remettrait à douter, l’écrivaine serait là, prête à dégainer tout un tas d’arguments, de mots et de gestes rassurants pour l’aider à se détendre.Elle n’en avait pas été victime mais témoin un nombre incalculable de fois, ces personnes qui n’avaient aucune connaissance en la matière et qui se permettaient de donner des conseils. Ou plutôt, des critiques déguisées en bienveillance plus que déplacée. Alors, bien sûr, elle avait vu dans les yeux de Marley cette crainte que partageaient toutes les futures mères, la peur de ne pas savoir faire, de ne pas appliquer les bonnes méthodes ou d’imploser. Greta lui apportait les mots de réconforts dont elle avait besoin et, machinalement, Marley s’était mise à caresser le ventre qui accueillait sa progéniture et le geste avait fait sourire la blonde. Les doutes faisaient partie de la grossesse mais il y avait des choses bien plus positives dont il fallait profiter, neuf mois pouvant passer en un claquement de doigt si l’on ne se concentrait pas sur le moment présent. Mais parmi toutes les belles perspectives que cela pouvait amener, Greta avait choisi le ton de l’humour pour aider encore un peu plus son amie à voir les choses du bon côté. « Tu as vraiment envie de savoir ? Tu as visé juste avec les cornichons... Je m'enfile des bocaux sans arrêt. » Greta avait éclaté de rire, loin de penser avoir trouvé le pêché mignon de Marley en parlant de cornichons. « Y a les bananes aussi. J'en ai jamais mangé autant que depuis que je suis enceinte. » « Je trouve que ça reste raisonnable. Mis à part des envies étranges, tu vis bien la grossesse ? » Les questions étaient banales mais devaient être posées par une Greta emplie de curiosité.

Il avait semblé à la blonde que l’arrivée d’un enfant était un sujet bien trop important pour laisser la place à d’autres sujets de discussion mais la curiosité de Marley était au moins égale à la sienne. Et c’était probablement le but de ce genre de moment prévu au dernier moment entre filles : parler de tous les sujets épineux et elles savaient toutes les deux que les histoires de coeur étaient bien souvent les plus croustillantes. Surtout en ce moment, alors que la vie de Greta ressemblait à une série télévisée dont elle n’aurait jamais souhaité être la protagoniste. « Lucas ? » Greta avait grimacé en voyant l’étonnement sur le visage de Marley, réalisant encore une fois combien le temps passait bien trop vite entre deux de leurs entrevues. « J'espère quand même que ta vie est mieux jouée que dans une télénovela... » Elle avait haussé les épaules avant de partager le rire de son amie. Les talents d’actrice de Greta ne s’illustraient pas de la meilleure des façons dans cette série qu’était devenue sa vie : elle n’aurait probablement pas plu au public dans ce rôle où elle avait choisi celui qui l’avait déjà trahie au profit du gentil garçon. « Je reprends du début, du coup ? » avait-elle commencé dans un rire avant de s’assurer que Marley était prête à recevoir un flôt important d’informations. « Lucas c’est un ami que je me suis fait, enfin déjà ça a mal démarré. Je me suis fait une entorse, c’est le pompier qui s’est occupée de moi et, euh, sous le coup de l’émotion je l’ai dragué. » Un autre rire s’était échappé de ses lèvres alors qu’elle repensait à ce moment peu glorieux. « Bref, on est devenus super amis et il a eu un accident au travail qui m’a fait réaliser qu’il était peut-être plus que ça. J’étais sur le point de lui avouer quand Arthur a débarqué de nul part. » Un prénom que, cette fois-ci, Marley devrait connaître. Maintenant qu’elle voyait un peu plus clair dans ses relations, Greta avait pu demander à Marley conseil pour l’aider à y voir plus clair quand l’anglais embrouillait son esprit. « G...  Je me suis barrée du jour au lendemain à cause d'une dispute. J'ai disparu de la circulation pendant des années. J'ai planté un mec qui venait de me demander en mariage... Pour un autre mec que je n'ai jamais réussi à me sortir de la tête. Et maintenant... C'est le père de mon enfant. »
« Vu comme ça … Tu me ferais presque penser que j’ai pris la bonne décision. » avait-elle répondu dans un rire parce que c’était loin d’être le cas, la blonde resterait constamment partagée sur ce point là. Mais Marley avait fait un choix audacieux, et voilà où elle en était aujourd’hui, alors pourquoi ne pas essayer ? « Arthur donc. Je suis contente de savoir qu'il a été là quand tu en as eu besoin. » Elle avait hoché la tête, confirmant ce point. « Je vais pas te juger, ou te dire quoi faire. Je suis d'ailleurs très mal placée pour faire un truc pareil mais... Tu fais attention hein ? » « C’est bien le problème, je fais tellement attention que j’arrive pas à me laisser totalement aller. » Greta avait soupiré, rien n’était devenu plus facile depuis que les choses avaient été mises à plat avec Lucas. « Si c'est avec lui que tu es heureuse, fonce. Mais je veux pas que tu souffres. » Un sourire attendri s’était glissé sur le visage de l’écrivaine. « J’ai déjà souffert, mais c’est compliqué quand la personne qui peut te faire le plus souffrir est aussi celle qui te rend le plus heureuse. Bordel qu’est ce que je suis cliché… » avait-elle terminé dans un rire. Mais après tout, elle n’était pas fautive et ne contrôlait pas ce qu’elle ressentait. Marley avait de toute façon très vite réussi à la sortir de ce moment de doute. « Il embrasse toujours aussi bien que dans tes souvenirs ? » Greta avait ouvert de gros yeux, non pas pour réprimander la demande de Marley, mais pour venir accentuer à quel point elle avait raison. « Il fait tout toujours aussi bien que dans mes souvenirs. » Un dessin n’était pas utile, et les deux femmes s’étaient mises à rire, se comporter à nouveau comme si elles étaient des adolescentes ayant un effet positif sur leur moral. « Te moque pas, j’ai pas pu résister bien longtemps. Et on peut pas dire que ça aille trop vite quand c’est un ex, non ? » Son sourcil s’était arqué alors qu’il était évident que Marley partagerait encore son point de vue. « Tu sais, si on se voyait régulièrement comme les gens normaux, nos vies ressembleraient moins à des films au scénario bancal. » L’éternel sujet entre ces deux-là : le manque de régularité dans leurs moments ensemble.