Ils avaient quitté Brisbane mais avait du revenir en ville pour tenter de sauver l'un des amis de la famille Constantine, un loup rebelle qui s'était égaré pour se retrouver avec une balle en argent bien trop proche du coeur. Greta avait suivi Ambrose parce qu'elle ne concevait pas de faire autrement, de le laisser partir un temps indéterminé et de prendre tous les risques pour sauver l'un des siens. Cela prouvait sa loyauté, il n'avait pas hésité une seule seconde quand ses parents avaient parlé du danger que courrait son ami, il fallait le sauver, un point c'est tout et il n'avait pas pensé à autre chose. Il avait bien sûr émis quelques réticences quand la blonde avait insisté pour le suivre mais son dernier argument avait su avoir raison de lui : elle ne pouvait pas rester seule parmi une meute de loups même si « Je suis surprise de la facilité avec laquelle j'ai été intégrée ici. » Greta tentait de casser le silence de mort qui régnait entre eux depuis qu'ils avaient quitté le bush, Ambrose encore sous la colère d'avoir cédé si facilement et surtout inquiet. Pour son ami, pour Greta, pour à peu près tout. La ville n'avait pas réellement changé si ce n'est que les rues comprenaient un peu plus de cadavres qu'avant, les vampires ayant fait leur festin d'humains trop occupés à tenter d'échapper aux griffes d'animaux qui n'en avaient pas après eux. « Tu en sais un peu plus sur l'endroit où il est exactement ? » Elle connaissait bien les lieux en tant qu'humaine, pouvant les arpenter plus facilement que le lycan, et elle voulait être utile. « Tu avais besoin d'une humaine pour réussir, les gens sont devenus fous, au moindre doute ils tireront. » Comme il l'avait fait sur son ami, parce que les yeux, les dents et les poils des loups même lorsqu'ils étaient sous forme humaine ne trompaient pas et que plus aucun humain ne souhaitait prendre le risque de laisser sa chance à une créature de la nuit.

« Je suis surprise de la facilité avec laquelle j'ai été intégrée ici. » - « Tu vois, je te l’avais dit.. » Et dans un sourire forcé qui tente de cacher toute la peine qui est la sienne, il fait de son mieux pour rassurer Greta à son tour. Elle est revenue à Brisbane avec eux, elle est un membre de la meute à part entière désormais. Elle est des leurs, et elle le leur prouve à ainsi revenir sur les lieux d’un éternel massacre où personne n’est en sécurité, mais surtout pas une humaine comme elle. « Tu sais qu’on te protège tous. » Elle n’est pas un loup-garou, mais elle a été acceptée comme elle au sein du clan, et pour cette raison aucun des membres de la meute ne laissera qui que ce soit toucher à un seul de ses cheveux.

« Tu en sais un peu plus sur l'endroit où il est exactement ? Tu avais besoin d'une humaine pour réussir, les gens sont devenus fous, au moindre doute ils tireront. » Il marque d’abord la négation de ses mouvements de tête, habitué à toujours garder les secrets en compagnie de Greta. Ce n’est qu’après qu’il se rend compte que tout a changé, désormais, et qu’il peut se permettre de tout lui dire maintenant qu’elle sait qui il est réellement. « Si je voulais enfermer un loup-garou, je viserais une cave. Un endroit reculé, et d’où ils sont à peu près certains qu’il ne risque pas de s’échapper. » Mais cela ne les avance pas réellement, parce que les caves se comptent par dizaines dans la ville et que ce n’est sans doute qu’un seule exemple parmi tant d’autres des endroits où Edmond pourrait être retenu en otage. « Ils vont demander quelque chose en retour, j’ai peur de savoir quoi. » Ambrose avoue finalement, généralement pourtant peu bavard quant à ses propres sentiments, et notamment la peur. « Tu ne te mets pas en danger, d’accord ? C’est une histoire qui concerne la meute. » Et elle en fait partie depuis trop peu de temps pour déjà en subir les conséquences.

« Tu sais qu’on te protège tous. »
« Vous êtes ma famille. »


Parce que s’il mettait un point d’honneur à l’intégrer à la meute, il devait également savoir qu’elle ferait maintenant tout pour les aider. « Si je voulais enfermer un loup-garou, je viserais une cave. Un endroit reculé, et d’où ils sont à peu près certains qu’il ne risque pas de s’échapper. » Elle avait réfléchi un instant même si cette culpabilité de mettre à profit ses connaissances sur sa propre race au profit des loups ne cessait de la tirailler. Ils étaient sa famille, maintenant. « Il y a un sous-terrain, Rose. Suis-moi. » Elle avait attrapé sa main pour l’emmener près d’une porte dérobée qui leur servirait de passage pour accéder à toutes les caves. C’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin, mais le flair d’Ambrose et de la meute les y aiderait. « Ils vont demander quelque chose en retour, j’ai peur de savoir quoi. » Son sourcil s’était arqué.  « Quoi donc ? » avait-elle demandé. Elle ne possédait pas encore ce réflexe qui consistait à anticiper toute la noirceur de la race humaine, elle faisait partie de la meute mais cela ne voulait pas dire qu’elle était une louve. Mais à leurs côtés, elle avait appris à avoir bien plus d’empathie pour les créatures et à voir la part de monstruosité que possédaient les humains. Un affirmation qui s’appliquait à tous sauf à ces suceurs de sang malhonnêtes, qui n'hésitaient pas à voler le butin du plus démuni en plus de son sang. « Tu ne te mets pas en danger, d’accord ? C’est une histoire qui concerne la meute. » Elle n’avait aucune envie de rester en retrait, mais elle était consciente que le sort qu’ils réserveraient à une humaine fréquentant les loups serait pire que celui pour les loups eux-mêmes. « Je vais distraire les tenanciers, faites vite.. » avait-elle lancé en le pressant de se mettre à la tâche. Et en les attendant, Greta s’était mise à discuter avec tous ceux du village qui l’avaient connu petite et qui la questionnait sur ce grand voyage qu’elle avait entrepris. Plus loin, Ambrose lui faisait signe, ils avaient retrouvé Edmond mais il n’était plus capable de reprendre forme humaine. « J’ai une solution mais elle peut être dangereuse… » Elle avait révélé la fleur d’aconit qu’elle avait dérobé à quelqu’un qui voulait s’en prendre à la meute : à juste dose, elle permettrait de rompre la transformation. A haute dose, elle le tuerait…

« Vous êtes ma famille. »

Evidemment, elle fait partie de la leur. Elle est protégée et aimée comme si elle était aussi une louve, et personne ne pense à lui reprocher de ne pas être une métamorphe à son tour. La meute accepte les différences, bien consciente que leur situation n’est pas toujours enviable, pas même au cœur de cette lune sans fin. « Il y a un sous-terrain, Rose. Suis-moi. » Il hoche la tête et s’aventure à sa suite sans lui poser davantage de question, faisant de toute façon une confiance sans égale à Greta. Elle est son phare dans la nuit, sa lueur verte de l’autre côté du lac.

« Quoi donc ? » - « Je sais pas, justement. » Et c’est justement cette idée d’être parfaitement incapable d’anticiper la nature de leur requête qui rend Ambrose aussi fébrile, parce qu’il ne peut se préparer à rien et que cette situation a tout pour le rendre immensément inquiet.

Après avoir parfaitement joué son rôle et distrait les tenanciers, ils arrivent à la hauteur d’Edmond mais font face à un problème que personne n’aurait pu anticiper: il se trouve être incapable de se transformer en humain de nouveau. Cela se révèle être un problème tout particulier pour Greta, qui court un grand danger en sa présence. « J’ai une solution mais elle peut être dangereuse… » Le regard d’Ambrose devient sombre, à cause de la terreur seulement. « Tu es consciente que son petit nom c’est le “tue loup” ? » Est-ce qu’elle mesure bien la gravité de ce que pourrait infliger cette plante à son ami, à un membre de sa meute ? « Tu… tu es sûre de toi, G ? »  Il a une confiance aveugle en elle et puisqu’il décide pour Edmond, ce dernier a aussi par extension une confiance parfaite en son amie. « Si tu le sens, vas-y. » Il serre les dents de toutes ses forces mais finit tout de même par hocher la tête, résigné.

« Je sais pas, justement. » Ces quelques mots prononcés avec les dents serrés par Ambrose suffisaient à ramener Greta à la réalité, à lui faire prendre conscience de la façon dont sa vie avait changé. Elle appartenait à une meute alors qu’elle n’était qu’une humaine à la vie bien plus banale encore que le simple commun des mortels. Il était important pour elle de s’entendre dire les risques qu’elle encourait parce qu’elle avait tendance à les négliger et que cela lui portait parfois préjudice. Mais pourtant, elle était prête à tout pour eux. Pour sa meute. Sa famille. Alors en un battement de cils déjà elle oubliait toutes les menaces qui pouvaient peser sur elle, parce que les humains chasseurs de loups ne faisaient selon elle pas le poids face à une meute entière dont la loyauté faisait la force. Edmond, lui, avait souffert d’un isolement qui l’avait rendu faible au point de se voir touché d’une balle d’argent. Son sort l’attristait, peut-être encore plus que celui des certains humains qu’elle savait être bandits ou criminels et qu’elle avait vu périr par les crocs des vampires ou par les griffes des loups. Greta avait changé, elle voyait en chaque créature une vraie personne.

Il fallait associer leurs compétences, la force et l’agilité des loups associées aux connaissances et au savoir-faire des humains. Bien sûr, Greta était encore jeune et n’était pas la plus sage d’entre eux, mais elle avait appris bien plus vite que les gens de son âge en étant baignée dans cette éclipse. « Tu es consciente que son petit nom c’est le “tue loup” ? » Son regard avait trouvé le sien, il était grave, ils ne riaient plus comme ils l’avaient fait sur le chemin aller.

« Tu… tu es sûre de toi, G ? »
« C’est ça ou il meurt, Rose. »  

Il n’y avait aucun doute quant à sa volonté de le sauver et elle savait que les craintes d’Ambrose ne se situaient pas là : il doutait simplement de sa capacité à utiliser l’ingrédient avec parcimonie. « Si tu le sens, vas-y. » Et en un instant le sort d’un loup reposait entre elle, les siens voulaient les abattre, elle voulait le tirer d'affaires. Égrenant minutieusement la fleur dans le repli de son jupon, Greta y avait ajouté un peu de feuilles de châtaignier pour atténuer la puissance de la plante. Elle l’avait fait renifler au loup qui, après avoir éternué un nombre incalculable de fois, reprenait forme humaine à une vitesse bien trop lente.  « Quelqu’un approche… Il ne sera pas redevenu humain assez vite et vos yeux sont trop repérables dans la nuit. » avait-elle expliqué en restant calme, continuant à s’occuper d’Edmond.  « Tiens ça mais surtout ne le respire pas, j’arrive. » La blonde s’était mise à courir dans la direction opposée.  « A moi ! A moi au secours ! » avait-elle crié pour attirer l’attention sur elle et non pas sur la meute. Et elle espérait qu’à son retour, Edmond aurait retrouvé forme humaine.