Swann ne regarde pas la scène défilant pourtant juste sous ses yeux. Le corps n’a pas eu le temps de refroidir (quand bien même il l’était déjà, techniquement, vampire oblige) et pourtant aucune goutte de sang ne gicle lorsque Greta retire sa canine à l’individu. Le métabolisme de ces créatures est aussi fascinant qu’il est terriblement effrayant, et le blond préfère se concentrer sur leur tâche plutôt que de trouver le moyen de faire naître davantage de questions à ce sujet. « Génial, je suis couverte de sang. Rassure-moi, tu as tout ce qu’il te faut maintenant ? » Il déglutit, espérant que c’est bel et bien le cas. « J’espère, oui. » Toujours aussi franc et véritable dans ses propos, il ne s’avance pas de trop. Une main se tend pour qu’elle lui donne la dent ; une autre pour qu’elle lui donne la feuille leur faisant office de recette de pacotille. Et puisqu’elle ne comprend pas la seconde tâche assez rapidement à son goût. « Donne moi ce boustrophédon. Je vais bien devoir en tirer quelque chose. » Il continue de penser qu’elle aurait pu trouver un moyen bien plus simple de retranscrire cette foutue recette, quand même.

« J’ai besoin de poudre, pour la dent. Trouve un objet lourd. » Greta devient son commis de cuisine bien malgré elle mais Swann peine déjà bien assez à lire et comprendre la recette pour perdre davantage de temps à effectuer les tâches lui-même. Et qui plus est, elle semble plutôt bien s’en sortir, ou tout du moins il lui fait assez confiance pour la laisser effectuer la suite des tâches. « Et fais attention, certains disent que si tu te coupes avec, même infiniment, ça peut avoir de lourdes conséquences. » Il ne s’en fait plus pour la recette mais bien pour la blonde, maintenant, à qui il dédie un regard pour sligner tout le sérieux de ses propos: il ne veut pas qu’elle se blesse, et encore moins qui lui arrive quoi que ce soit. Surtout pas sous sa garde, parce que jamais il ne pourrait se le pardonner.

Ils vivaient maintenant dans un monde ou même un simple liquide pouvait les tuer. Effectivement, Greta avait sa part de responsabilité, mais pourquoi un sorcier reconnu lui avait fait confiance en ajoutant les ingrédients qu’elle citait sans jamais prendre le temps de vérifier ? Alors cette fois, elle s’était assurée qu’il n’avait besoin de rien d’autre, notamment de quelque chose qui se trouverait sur le corps éparpillé sur le plancher. « J’espère, oui. » Et elle aussi. « Donne moi ce boustrophédon. Je vais bien devoir en tirer quelque chose. » Elle avait froncé les sourcils, voilà qu’il employait maintenant des mots savants. Elle aurait pu faire plus simple, noter la formule que lui avait confiée son amie de gauche à droite mais elle avait effectuer un espèce de labyrinthe avec ses mots, au cas où. C’était idiot, et elle ne savait même pas que cela portait un nom. « J’ai besoin de poudre, pour la dent. Trouve un objet lourd. » Allait-il réduire la dent en poudre ? Ou allait-il réduire autre chose en poudre ? Au moins, Swann semblait savoir ce qu’il faisait alors elle acceptait sans trop broncher de suivre ses ordres. Tout pour qu’il devienne un peu plus aimable, elle avait fait une erreur, mais elle n’était qu’une simple humaine. « Que dis-tu de ça ? » Elle avait sorti ses cristaux et devant les sourcils froncés de Swann, les avait rangés rapidement. « Oui ok j’ai compris si on mélange de la poudre de cristaux avec la poudre de dent de vampire, tout va péter. » Elle levait les yeux au ciel, espérant obtenir une sorte de certificat de la sorcellerie une fois qu’ils en auraient terminé. « Tiens. » avait-elle finalement dit après avoir cherché partout dans la pièce avant de trouver un balai dont le manche pourrait servir de pilon - à condition d’avoir l’imagination nécéssaire et un petit récipient adéquat. « Comme ça, Swann » Elle avait trouvé une scie - cet endroit regorgeait d’éléments fort utiles - et avait coupé le manche du balai avant de trouver un bol. Elle allait placer la dent dedans pour la réduire en poudre quand soudain. « Et fais attention, certains disent que si tu te coupes avec, même infiniment, ça peut avoir de lourdes conséquences. » Fallait le dire avant, Swann.

« Tu vois, tout va bien. » Et il a beau afficher un sourire de winner, Swann, n’en pense pas moins qu’il n’était pas assuré que tout allait justement bien se passer. Il l’espérait profondément, c’est un fait, mais il ne pouvait pas anticiper qu’elle arrive à faire de la poudre de cette dent sans se blesser elle-même par la même occasion. Cela leur aurait amené double dose de problème, et il est plutôt bien placé pour savoir qu’ils n’en ont pas besoin, dans un monde où le soleil ne se lèvera vraisemblablement plus jamais. « Plus de peur que de mal. » A l’image d’un père, il fait de son mieux pour la rassurer.

« Je crois qu’on a tous les ingrédients, maintenant. » Il tente de relire le mic mac que représente cette foutue fiche sur laquelle sont notés les différents ingrédients et l’ordre dans lequel ils doivent être ajoutés au chaudron mais n’y voit aucune erreur. Ils semblent tout avoir, et ils semblent être prêts à recommencer le philtre, cette fois-ci sans se tromper ni même se faire déranger par un vampire. « Tu te sens prête ? J’ai besoin de toi à 100% sur ce coup. » Il ne cherche pas à la stresser ou la presser maintenant mais, tout de même, il veut qu’elle sache que leur tâche est infiniment importante et qu’elle met en jeu bien plus que leurs deux seules personnes. Il en va peut-être de l’avenir du monde tels qu’ils le connaissent, et de celui qu’ils ont appris à connaître depuis que la lune occupe seule le ciel étoilé qui donne des allures de fin du monde. « Utilise des gants et verse la poudre. Je te donnerai la suite des instructions au fur et à mesure. » Lui sera chargé de tantôt remuer la potion, tantôt de battre la surface, tantôt de faire Dieu sait quoi encore pour assurer que tous les pouvoirs magiques contenus dans les différents objets s’activent à tour de rôle, pour l’effet escompté.

Elle avait réussi et même si Swann prétendait le contraire, ils étaient tous les deux étonnés que tout se soit bien passé. « Tu vois, tout va bien. » Elle avait hoché doucement la tête, venant souligner à quel point elle ne croyait aucunement au fait qu’il puisse lui faire totalement confiance. Pas après l’erreur qu’elle venait de commettre et qui avait amené la potion servant à tuer les vampires à dissoudre le plancher, changer de couleur et former d’inquiétantes bulles. Ce n’était qu’une fausse alerte, tout était rentré dans l’ordre et le sorcier avait pu se remettre à ce qui comptait réellement : une potion qui sauverait l’Humanité. C’était un tout petit peu plus important que le plancher. « Plus de peur que de mal. » Elle n’avait pas eu si peur que ça, réduire une dent en poudre semblait être un jeu d’enfant après avoir combattu avec son propriétaire. Evidemment, les paroles de Swann quand à ce qui arriverait si elle se coupait n’étaient pas rassurantes, mais la notion de peur avait légèrement changé depuis le début de l’éclipse. Greta était tout de même soulagée d’avoir réussi la mission. « Je crois qu’on a tous les ingrédients, maintenant. » Les bras croisés face à lui, Greta écoutait, convaincue par les pouvoirs de son ami.  « Tu te sens prête ? J’ai besoin de toi à 100% sur ce coup. » « J’ai pas la pression du tout maintenant. » Sa demande était légitime, l’enjeu était extrêmement important mais elle sentait quand même la nervosité s’intensifier depuis qu’il avait prononcé ces mots. « Utilise des gants et verse la poudre. Je te donnerai la suite des instructions au fur et à mesure. » Elle s’était exécutée, avait mis les gants et avait commencé à verser la poudre pendant que Swann remuait le tout dans un gros chaudron. « A quoi elle servira réellement cette potion ? » avait-elle demandé. Ils en avaient discuté et pourtant, les réponses de Swann étaient restées énigmatiques et elle avait besoin de plus de détails. « Et quels sont les risques si jamais tu… enfin on, la rate ? » Le regard en coin que lui avait lancé Swann en disait long sur ce qu’il était en train de penser. Ils n’avaient pas le droit à l’erreur, c’était plutôt clair.

« J’ai pas la pression du tout maintenant. »
« Sois pas défaitiste. »

Si elle commence de cette manière, alors il y a de grandes chances pour que tout tourne mal alors que les astres semblent au contraire être en leur faveur en cet instant. Swann ne veut pas penser un seul instant que tout risque de mal tourner, pas alors qu’ils ont fait de leur mieux pour que cela n’arrive justement pas. « A quoi elle servira réellement cette potion ? » - « Secret. » Si simplement, il estime avoir répondu à sa question. S’il pouvait le lui dire il l’aurait déjà fait, qu’elle en soit certaine, mais puisque ce n’est pas le cas il est obligé d’utiliser de stratagèmes du genre pour garder ses mots pour lui. Secret ; il la traite comme si elle n’était qu’une gamine incapable de tenir sa langue. « Et quels sont les risques si jamais tu… enfin on, la rate ? » Son regard parcours longuement le profil de Greta et s’y attarde avec une sévérité non feinte. « Sincèrement, tu n’as aucune envie de le savoir et je te conseille qu’on en arrive pas jusque là, pour toi comme pour moi. »

Saloper cette potion est bien la dernière chose qu’elle voudrait faire. « Suis juste mes instructions » Swann espère que l’ordre suffise à la remettre dans le droit chemin, tout comme il espère qu’elle a maintenant compris qu’ils ne peuvent pas se permettre de rater cette potion, parce que cela aurait des conséquences terribles sur bien trop de choses en ce monde, à commencer par la vie de milliers d’innocents. Sauf si Swann a mal lu ou compris les instructions difficiles de cette recette, et que l’effet escompté n’est finalement pas celui qui se produira: mais ça, malheureusement, il ne peut pas le prévoir et il espère qu’ils n’auront aucune mauvaise surprise à ce sujet.

J’avais beau bourdonner dans leurs oreilles comme un fou, ils en avaient rien à faire, trop occupés à tenter de sauver le monde. Moi, personnellement, ça me faisait de belles ailes que le soleil se lève plus, avec mes vingt et un jours d’espérance de vie. J’ai vraiment eu du bol sur ce coup là, pour trois semaines de vie, il a fallu que je naisse en pleine malédiction… Enfin bon, au moins, les humains baissaient la garde et moi j’avais tout le loisir d’élaborer un plan pour aller piquer le bras ou le mollet de la gourdasse. « Sois pas défaitiste. » Facile à dire, t’as pas à subir les vampires qui sucent le sang de toutes tes proies. J’en ai franchement marre de planter ma trompe dans des corps déjà totalement vidés, quand je reprends mon vol après, je n’ai plus aucune force pour arriver jusqu’au corps suivant… Qui lui aussi est vidé… et ainsi de suite. J’avais tenté d’aller sur le front de cette Greta mais elle n’arrêtait pas de bouger pour ajouter les ingrédients dans la marmite et en plus, la fumée qui en sortait était insupportable. Ca sentait encore pire qu’un cadavre en décomposition et la vapeur me projetait toujours plus loin. J’étais épuisé alors je m’étais collé au plafond, pile à cet endroit où il leur était impossible de m’éclater comme j’avais déjà vu faire les humains sur tonton et tata, et je les écoutais. « Secret. » Eh bah il te l’a bien mouchée, la grande blonde. Ca lui apprendra à pas être foutue de faire un sort correctement, je l’ai bien vue, depuis mon petit coin, risquer de les immoler en inversant deux ingrédients. A coup sûr si elle était moustique elle risquerait d’aller piquer quelqu’un qui tient une tapette à mouche dans la main… J’espère que son sang n’aura pas le goût de la défaite. « Sincèrement, tu n’as aucune envie de le savoir et je te conseille qu’on en arrive pas jusque là, pour toi comme pour moi. » J’aurais bien eu envie de le savoir moi, ça m’en aurait fait des trucs à raconter à mes copains moustiques. Histoire de montrer à ces prétentieux de moustique tigre qu’ils n’avaient pas le monopole de la vie la plus trépidante, avec leurs rayures minables. Ils avaient un air supérieur, tout ça parce qu’ils faisaient soi-disant plus de dégâts que nous. « Suis juste mes instructions » Heureusement que je ne pouvais pas parler parce que sinon je lui aurais dit d’arrêter de se prendre pour Merlin l’enchanteur, à ce grand dadet. Parce que moi j’avais fait mon choix et ce serait le sang de la blonde que j’allais sucer, bien plus sucré que le sien, à vue de trompe. Et un moment d’inattention et paf, j’étais là, sur son mollet, à me nourrir allégrement. Et bon dieu que son sang était dégueulasse, à cette pimbêche.