Greta avait payé de son sang la destruction du grimoire et rapidement, elle avait pu quitter Jina pour retrouver Siham. Elles s’étaient donné rendez-vous sur les bords de la rivière car leur mission continuait sur l’autre rive. Siham était à l’heure et Greta avait osé une brève accolade pour saluer la sorcière dont le front plissé laissait entendre combien elle était inquiète pour l’humaine. « Tout va bien, vous avez donné un sens à ma vie, toutes les deux » avait-elle dit au moment où Siham avait attrapé sa main pour inspecter son doigt ensanglanté. C’était un sacrifice qu’elle n’avait eu aucun mal à accepter de faire, c’était minime, une douleur qu’elle avait dû revivre durant le temps nécessaire à la destruction du grimoire. Une douleur éphémère comparée à celle que voulait infliger les sorcières des Mangroves à l’humanité. « Nous avons empêché les sorcières de réveiller les morts mais elles sont toujours là, Siham. » Celles qui pratiquaient la magie noire avait été dérangé dans leurs tentatives de réveiller les âmes vengeresses. Greta n’avait aucune idée de ce qu’était réellement leur dessein en choisissant d’utiliser les morts et elle n’avait aucune envie de le savoir, elle avait déjà vu et entendu des choses horribles et maintenant que la quête avançait elle attendait avec impatience le moment où elle pourrait se coucher dans la nuit et se lever à l’aube. Reprendre une vie normale. Mais elle était encore loin de la salvation, et elles n’allaient pas tarder à le découvrir. Rapidement, une brise était venue agiter la chevelure blonde de Greta et bientôt les deux femmes grelotaient car le froid les avait gagné à une vitesse folle. Un froid glacial, incomparable à ce froid qui avait gagné la ville depuis que l’éclipse empêchait le soleil de la réchauffer. « Qu’est ce qu’il se passe, Siham ? » avait-elle demandé avant d’entendre un rire de sorcière provenant de la rivière. L’eau s’agitait de plus en plus et la personne chargée de leur amener leur barque arrivait avec difficulté. Et quand la barque était enfin arrivée à quai, Greta s’était couvert la bouche pour ne pas hurler, le malheureux était mort.

A mesure que les journées passaient, Siham était incapable de compter ses heures de sommeils, ce qu’elle ressentait tout de même, car elle avait cette sensation de ne plus avoir fermé l’œil depuis des années. Animée par une volonté de mettre fin à cette malédiction, elle s’écroulerait sans doute le jour où elle y sera parvenue. En attendant, elle était sur pied, puisant dans ses forces interne, puisant dans l’energie que le monde lui offrait.
Si la sorcière s’était donné pour objectif premier de retrouver le vampire qui avait tué son père, à présent, elle sentait que cette quête n’était plus que secondaire. Sa priorité était de redonner vie à Brisbane tout entier, de retrouver la lumière du jour et par extension, les créatures maléfiques seront hors de nuire ou du moins, elles seront sous contrôle, car dans la nuit perpétuelle, elles étaient sans limites, sans foi ni loi. L’ordre devait être rétablie.
Siham avait, grâce à Asher, fermé le caveau du vampire originel. Elle avait, grâce à Greta, détruit le grimoire des sorcières des mangroves. Elle allait, grâce à Marley, pouvoir tuer le mâle alpha de la meute des loups garou. Trois éléments clés et les espoirs étaient vains. Siham s’était inquiété du sort de Greta et espérait qu’elle trouve Jina, là où la sorcière lui avait indiquer d’aller, sur la toit de l’observatoire. Pendant ce temps, elle avait trouvé Marley pour aller cueillir l’absinthe lunaire sur le toit de l’asile. Grace à quoi, elles pourraient se mêler aux loups sans être inquiétée, passer inaperçue, être hors de danger. Siham ne savait simplement pas comment trouver l’alpha, le chef de meute. Et c’était de l’autre côté de la rive qu’elle aurait la réponse à sa question.
Jina avait communiqué avec Siham, lui faisant part de la réussite de leur mission, que Greta s’était comporté en reine et qu’elle avait fait preuve d’un tel courage, dans la douleur sans fin. Elle s’en voulait de l’avoir envoyé dans une telle destinée, mais elle ne regrettait pas d’avoir fait équipe avec la blonde. Elle était à présent son amie et ce pour toujours. Elles étaient liées pour le reste de l’éternité.
Siham n’attendait au bord de Brisbane River, les yeux rivés vers les profondeurs, l’obscurité y était encore plus terrifiante sous l’eau où même les rayons de la lune n’arrivaient pas à percer. Tout était d’un noir sombre, opaque. Que se passait-il sous la surface de l’eau ? La sorcière fu sortie de ses pensées quand un bruit survint derrière elle. Elle se retourné, soulagée de retrouver son amie. Elle attrapa aussitôt sa main pour constater les dégâts, elle grimaça voyant l’ongle manquant à son doigt. « Tout va bien, vous avez donné un sens à ma vie, toutes les deux » elle était ravie de l’avoir près d’elle et de voir qu’elle était vraiment en bonne forme. Jina n’avait pas juste tenté de rassurer Siham. « Nous avons empêché les sorcières de réveiller les morts mais elles sont toujours là, Siham. » Siham hochait la tête, oui, le coven était toujours là et pourrait toujours nuire à l’humanité tant qu’elles ne seront pas condamnées à rester dans leurs cavernes. « Nous les avons mise en colère. » elle confirmait mais, c’était un mal pour un bien.
Un frisson parcouru Siham et elle voyait les poils se dresser sur l’avant bras de Greta. Elle n’était pas seul à ressentir ce froid glacial qui venait de s’installer au bord de la rivière. Qu’est ce que cela voulait-il dire ? « Qu’est ce qu’il se passe, Siham ? » elle n’en avait pas la moindre idée, mais une réponse venait de leur être apportée, alors qu’un rire sournois arriva à leurs oreilles. Il venait de la rivière. Siham souffla, voyant une ombre s’approcher d’elle, sur l’eau. Elle fit un pas en arrière. Un homme tenait les rames d’une barque, il était mort. « Elles tentent de nous dissuader de traverser, Greta. » Siham ignorait si Jina lui avait expliquer ce qu’elles feraient ensuite. Siham avait pensé s’y rendre seule, mais la blonde avait insister pour continuer à aider dans la quête. Il était hors de question pour elle de ne plus agir et d’attendre. « Mais nous n’avons pas le choix… » Siham grimpa dans la barque, boule au ventre, pétrifiée par le cadavre qui s’y trouvait. « Elles ne nous feront rien. Sans leur grimoire, elles sont affaiblies. » et ce pauvre homme leur avait sans doute pris beaucoup d’energie. Elles devaient reprendre des forces. « Mais le temps nous est compté. »

L’adrénaline, la soif de pouvoir, l’envie de participer à cette lutte pour retrouver un jour le soleil : tout cela agissait comme une drogue pour Greta qui n’avait plus aucune envie de retrouver le confort - aussi relatif était-il durant ces sombres événements - de l’épicerie de ses parents. Quelque chose l’avait galvanisé et elle se sentait bien plus forte. La jeune femme timide, maladroite et qui craignait ce qui était en train de se passer n’était plus, elle se dressait maintenant fièrement face à chacun des obstacles et réussissaient à terrasser les ennemis, aussi puissants étaient-ils. Mais dans tout cela, deux femmes apparaissaient comme les figures principales : Siham et Jina. L’une plus téméraire, l’autre plus sage, toutes deux venant se compléter et laissant sa chance à la simple humaine qu’était Greta. La brise glaciale qui venait gentiment remuer l’eau ne présageait rien de bon et les doutes des deux femmes s’étaient bientôt vérifiés. Un malheureux gisait dans la barque, il aurait dû lui aussi faire partie de la quête, à son niveau, et il avait péri en accomplissant sa mission. Elle espérait que sa famille saurait, un jour, qu’il était mort en héro. « Elles tentent de nous dissuader de traverser, Greta. » Greta avait planté ses yeux azurs qui criaient toute sa détermination dans ceux de Siham. « Mais nous n’avons pas le choix… » Elle avait acquiesé, elles ne pouvaient pas s’arrêter en si bon chemin parce que sinon, l’ensemble des sacrifices qu’elles avaient fait seraient vains. « Elles ne nous feront rien. Sans leur grimoire, elles sont affaiblies. » avait-elle repris. « Mais le temps nous est compté. » Alors sans plus attendre, Greta s’était penchée pour s’occuper du corps du malheureux mais il s’était évaporé, il n’était plus là. « Un mirage… » avait-elle murmuré en grimpant dans la barque et en attrapant les rames. « Je suis prête, Siham. Je ne renoncerai pas, je ne me laisserai plus déstabiliser, je te le jure. » Faisant référence à la façon dont les forces obscures avaient pénétré son esprit dans la grotte, Greta indiquait à Siham que la destruction du grimoire était une nouvelle étape l’ayant rendue plus forte. Siham l’avait rejoint dans la barque alors que les rires se faisaient encore plus assourdissant, venant maintenant de chaque côté, rivière, forêt, ciel… « Ne regarde pas dans l’eau, elles y affichent les visages qui nous manquent, elles veulent que nous sautions. C’est bon signe, nous devons être sur le bon chemin. » avait-elle dit alors que sa rame était venue chasser le visage d’Arthur qui tanguait avec les mouvements de l’eau parce que les sorcières l’utilisait comme une ruse. Elle ne sauterait pas, elle réussirait et seulement là elle le retrouverait.

Alors que Greta, sans doute plus courageuse que Siham, s’approcha du corps pour le faire basculer par-dessus bord, mais à l’instant où elle le toucha, il s’évapora. Il n’était que poussière. « Un mirage… » les sorcières étaient malines, elles faisaient de leurs mieux pour éloigner les deux aventurières. Comme ça avait été le cas dans la caverne, elles manipulaient leurs sens. Mais cet homme n’était pas qu’une hallucination, il était bien là sous leurs yeux, puis avait bien disparus. Il n’était pas le fruit d’une manipulation de leurs esprits. « Je suis prête, Siham. Je ne renoncerai pas, je ne me laisserai plus déstabiliser, je te le jure. » elle n’avait aucune promesse à faire à la sorcière, qui elle-même n’était pas maitre de ses propres faits et gestes. Parfois, les forces obscures prennent le dessus sans sommation. Elle en avait été victime lors de la visite de l’asile où les esprits fous s’étaient emparés de ses propres craintes pour les retournées contre elles, ses propres désirs étaient devenus réalités et avaient failli la mettre en danger. Marley avait réussi à l’en sortir, la ramener à la réalité, mais chaque instant passé dans sous cette lune argentée présentait un danger, des milliers de dangers.
Siham s’empara à son tour d’une rame et en rythme avec la blonde, elle avançait. Il manquerait plus que les rames ne se prennent dans des algues et se brisent, pour qu’elles soient bloquées sur cette rivière. Mais il ne fallait pas y penser, leur seul objectif étant la traversée. Siham n’en pouvait déjà plus d’entendre ces rires qui les entouraient. « Ne regarde pas dans l’eau, elles y affichent les visages qui nous manquent, elles veulent que nous sautions. C’est bon signe, nous devons être sur le bon chemin. » Elle fixait l’autre rive, elle allait écouter Greta, elle ne regarderait pas dans cette eau, elle savait très bien qu’elle y verrait le visage de son père. « Tu as raison Greta, si elles tentent de nous dissuader de traverser, c’est que nous sommes dans la bonne direction. » et son regard se perdit, sans doute incapable de résister à la curiosité malsaine qui l’habitait. Un visage se trouvait dans l’eau, le visage d’une femme qu’elle ne connaissait pas, le visage qu’elle n’avait jamais vu nulle part et pourtant un visage qui lui était si familier. « Maman… » elle avala sa salive et eu les larmes aux yeux, le cœur serré. Elle n’avait jamais connu sa mère, n’avait jamais vu son portrait, mais elle lui avait toujours manqué. Siham s’arrêta un instant de ramer, manquant même de lâcher la pagaie, elle la retenait entre ses doigts au dernier moment. Sa mère lui ouvrait les bras, elle voyait dans son visage qu’elle lui sommait de la rejoindre. « Rame Greta. » elle reprenait, son amie avait raison, elles voulaient qu’elles sautent, qu’elles se noient dans les eaux sombres. Elle se demandait si elle voyait la même chose qu'elle, si elle aussi, elle voyait sa mère, car Siham ne voyait personne d'autre dans la rivière, un seul visage s'y trouvait. Elle se concentrait, elle restait focalisée sur sa tâche, mais elle ressentait comme une force intérieure qui l'obligeait à sauter. « Je dois y aller Greta. » Elle en avait les larmes aux yeux car elle savait qu'elle ne devait pourtant pas sauter. « Elle m'appelle... »

Greta préférait imaginer que l’homme n’était pas réellement mort, qu’il n’était même pas quelqu’un qui avait réellement existé. Elle avait imaginé de toutes ses forces qu’il s’agissait d’une apparition créée de toutes pièces par les incantations sinistres des sorcières. Il n’était pas un père ni un mari, il était un tour que leur jouait leur imagination et c’était ainsi qu’elle réussirait à avancer, s’épargnant l’horreur du spectacle. Les filles avaient ramé en harmonie mais les créatures des abysses menaçaient. Les pouvoirs de la magie noire leur montraient des visages, des personnes de leur entourage qui n’étaient plus ou qu’elle n’avait plus revu depuis des lustres. C’état un piège, si elle ne faisait rien qu’effleurer la surface de l’eau de leur doigt, elles seraient perdues à tout jamais. « Tu as raison Greta, si elles tentent de nous dissuader de traverser, c’est que nous sommes dans la bonne direction. » Siham venait confirmer ce qu’elle avait dit et Greta était confiante car elles appliquaient toutes les deux la même stratégie, continuer à avancer en restant concentrées sur le fait que tout ce qu’elles verraient ne serait qu’une ruse. « Maman… » Elles ramaient depuis seulement quelques temps, et soudain Siham s’était mise à murmurer. En se tournant vers elle, son regard s’était posé sur l’eau mais elle s’était d’abord ressaisie. « Rame Greta. » Alors elle s’était mise à ramer plus fort, mettant toute l’énergie qu’il lui restait pour fuir l’apparition qui devenait trop difficile à supporter pour Siham. « Je dois y aller Greta. » Ses yeux brillaient maintenant de larme alors qu’elle avait rattrapé sa rame de justesse. Greta avait posé les siennes pour prendre celles de Siham pendant qu’elle luttait contre les forces obscures. « Elle m'appelle... » « SIHAM NON ! Ne les écoute pas, ce n’est pas réel ! » Et pour la première fois depuis le début de leur collaboration, Greta se sentait totalement démunie parce que la sorcière était normalement sa guide. Attrapant l’une des rames, elle avait agité l’eau avec pour brouiller ce miroir abyssal. « Siham écoute moi, tu es plus forte que ça, prends ça et ferme les yeux, je t’en prie… » avait-elle supplié en plaçant l’un de ses cristaux dans la paume de la sorcière. La magie blanche était moins puissante que la magie noire, Siham devait mettre toute sa force pour la repousser.

Siham semblait si forte et à la fois si fragile. Pourquoi était-elle cette élue que Jina avait choisi de guider dans ses quêtes alors qu’à chaque fois qu’elle avait un obstacle devant elle, à chaque fois qu’on tentait de la manipuler, elle se laisser totalement transpercée. Il semblait si facile de la faire dévier de sa quête, d’entrer dans son esprit. A chaque fois, c’est lorsqu’elle est accompagnée de femmes sans pouvoir ou don particulier, qu’elle était ramenée à la raison. « SIHAM NON ! Ne les écoute pas, ce n’est pas réel ! » tout comme ce n’était pas réel ce soir là, à l’Asile, tout comme ce n’était pas réel, l’autre fois, dans la caverne. Siham regardait son ami mais son attention était portée vers l’eau. « Greta… » elle suppliait, les larmes coulaient sur ses joues, c’était plus fort qu’elle. Alors que la blonde tentait de ramer plus fort, toujours plus fort, pour rejoindre le plus rapidement possible le rivage qui approchait, Siham luttait contre elle-même pour ne pas sauter à l’eau. La blonde avait mis un coup de pagaie dans l’eau pour chasser ce reflet qui avait les trait d’Amalia Isabel mais elle était toujours là. « Siham écoute moi, tu es plus forte que ça, prends ça et ferme les yeux, je t’en prie… » Siham saisie les cristaux dans sa main, elle les sera fort et continuait de ramer de son autre main. Mais elle avait surtout l’impression de ralentir la Moore et que sans elle, elle serait bien plus efficace. Une fois de plus, la sorcière voulait laisser sa partenaire de quête poursuivre seule, se disant qu’elle y parviendrait bien plus facilement si elle ne lui mettait pas des bâtons dans les roues et quant à elle, elle avait l’impression que sa place était dans les bras de sa mère. Alors sans dire un seul mot, car elle savait que la blonde l’en dissuaderait, elle lâcha la rame et passa par-dessus bord. Ne laissant que pour indice, le bruit de son corps qui perce la surface de l’eau. Et à l’instant où l’eau glaciale percuta sa peau, Siham était revenu à elle. Sauf qu’elle était immobilisée par la fraicheur de cette eau, ses os étaient piqués à vif. Elle se débattait et sentait quelques chose qui la tirait vers le bas. Elle battait des pieds et des jambes pour se défaire de cette emprise et en quelques secondes, Siham avait disparu de la surface de l’eau, laissant Greta dans un silence terrifiant.

« Attrape ma rame, je vais te remonter à bord » Et elle espérait sincèrement que l’adrénaline mêlée à la crainte de perdre sa plus précieuse alliée seraient des forces suffisantes pour la remonter à bord à la force de ses bras. Siham s’était accrochée, Greta avait tiré et la barque tanguait dangereusement, menaçant de se retourner et de les faire sombrer toutes les deux dans les abysses. Que se cachait-il dans ces profondeurs ? L’eau reflétait la lune, belle et inquiétante à la fois, dissimulant ce qui se trouvait en profondeur. Les mouvements de l’eau pouvaient être dus au vent mais également à ces étranges créatures que l’on ne soupçonnait pas voguant au fil de l’eau en attendant patiemment un en-cas. Et bientôt, Siham en avait fait les frais, sa jambe étant saisie par l’un de ces démons. Greta avait attrapé une des pagaies en frappant de toutes ses forces sous l’eau, risquant de blesser Siham au passage. Après s’être débattues durant un temps qui lui avait semblé étrangement long, Siham avait réussi à retrouver la sécurité de cette embarcation sommaire et elle avait pris le temps de reprendre son souffle. « Nous devons nous convaincre que ce ne sont que des visions, à l’image d’un phosphène. Nous sommes plus fortes que cela, j’avancerai les yeux bandés s’il le faut ! » Sa détermination devait parvenir jusqu’à Siham et alors qu’elle restait déterminée, elle avait pris conscience de la façon dont son amie avait frôlé la mort. Elle était pétrifiée par la panique et le froid et Greta avait ôté sa souquenille pour la passer autour du corps trempé de Siham. « Ferme les yeux, repose toi. » avait-elle insisté alors qu’elle menait l’embarcation jusqu’à l’autre bout de la rive, les yeux clôts, Siham ne pourrait plus être la victime des tentatives des sorcières de les faire sombrer. Une fois arrivées de l’autre côté, elles avaient amarré le bateau et en étaient sorties, Siham semblait avoir retrouvé un peu de panache. « Et maintenant ? » avait-elle demandé, ravie de retrouver sa guide.

Alors que Siham se sentait comme engloutie dans les profondeur de la rivière, entrainée par une force totalement impalpable mais bien présente, elle se débattait, pensant que c’était sa fin. Elle avait réalisé tous ces exploits pour finir noyée au fond de la rivière, emportée par les esprits maléfiques, ils avaient eu raison d’elle, ils l’avaient neutralisé. Elle arrêtait de se débattre alors que l’air commençait à lui manquer, ses poumons s’asphyxiait quand soudainement, elle était de nouveau devant elle. Elle était là, sous l’eau, la regardant à nouveau mais Siham, alors qu’elle n’y voyait plus claire, sa vision brouillée par des tâches, comme si le phosphène s’en prenait à elle. Elle voyait tout de même sa mère. Et alors, quelques secondes plus tard, elle était de nouveau à la surface, ses poumons prêts à recevoir à nouveau de l’oxygène. Elle inspira pleinement toute l’air qu’elle pouvait et se débattait à nouveau. « Attrape ma rame, je vais te remonter à bord » elle bougeait les bras en l’air, à l’aveugle, elle s’approchait de la barque pour attraper l’objet et s’agripper au bateau. Et quand tout était devenu plus calme, à nouveau, les tourments s’en prenaient à elle. Siham se débatait à nouveau, cette fois sans lâcher la barque, elle fermait les yeux pour ne plus y voir car elle était persuadée que ce qu’elle avait vu dans l’eau n’était pas qu’une vision, mais que sa mère l’avait bel et bien aidé à remonter à la surface. Elle ne se savait pas seule, elle se savait soutenu, aidée et protégée à nouveau et pour ça, elle était bien plus forte que les ténèbres et le Coven des mangroves qui ruinaient leur quête.. « Nous devons nous convaincre que ce ne sont que des visions, à l’image d’un phosphène. Nous sommes plus fortes que cela, j’avancerai les yeux bandés s’il le faut ! » Enfin arrivées de l’autre côté de la rivière, les deux jeunes femmes étaient à nouveau sur la terre ferme, cette fois ,Siham se hissait sur le sol humide et boueux. Greta s’était occupée d’amarrer le bateau, pendant que Siham reprenait ses esprits, avec la souquenille de son amie sur les épaules, elle était trempée, gelée et pétrifiée. « Et maintenant ? » Siham redressa son visage, plongeant son regard vers la forêt interdite. Celle où l’arbre aux milles feuilles résidaient et c’est là qu’elles devaient se rendre. « Allons chercher les réponses à nos questions. »