Étonné. Mon précédent message était resté lettre morte. Plusieurs semaines. Jusqu'à maintenant. Lente réaction a un message d'anniversaire. J'avais enfermé à double tour l'espoir, même infime soit-il, de recevoir une quelconque réponse de lui au plus profond de moi. Pourtant, à l'étonnement succède une once de joie. La joie d'avoir de ses nouvelles. De le savoir en bonne santé. La joie, simple, qu'il m'envoie un message. Après notre dernière entrevue où il est parti. N'es jamais revenu. Et n'a plus répondu à mes textos, à mes vocaux. Jusqu'à ce jour. Un remerciement. Trois semaines plus tard. Comme dit l'adage, mieux vaut tard que jamais. Même si je me considère chanceux qu'il m'ait répondu. Il aurait pu couper les ponts. Supprimer mon numéro. Me bloquer. Car je l'ai fait souffrir. Atrocement. Enfermé dans mes certitudes, j'aurais dû être honnête, dès le départ, afin d'éviter que notre histoire se fracasse contre le mur du mensonge.

À moins qu'une DeLorean existe bel et bien, qu'un savant ait eu l'idée saugrenue d'un convecteur spatio-temporel en heurtant la cuvette des toilettes, je crois que je ne peux faire marche arrière, modifier le passé et réparer mes erreurs J'en doute. La vie n'est pas modifiable à souhait, prendre la bobine de ma vie, inciser et retirer les passages douloureux, la remonter. Et réécrire les choses. Pour ne pas souffrir. Ne pas le faire souffrir. En évitant de le rencontrer. Et qu'il vive sa vie. Loin de moi.

Le mal est déjà fait. Désormais, je dois tenter de recoller les morceaux. Et il me donne une opportunité. Elle passe par un nouvel échange par message. Je marche sur des œufs. J'ignore comment appréhender les choses. Pour ne pas briser ce lien qu'il accepte de renouer. Si fragile soit-il. Et, finalement, il me propose que nous nous voyons. Deux sensations opposées s'emparent de moi. La crainte de le revoir après notre douloureux  passif couplée avec de l'excitation, car je suis toujours attaché à lui, même si nos chemins se sont séparés. Il a toujours sa place dans mon cœur.

Et le jour arriva. La nuit fut tourmentée. Peu de sommeil. Mais l'adrénaline était là. Et les heures sont passées à une vitesse folle. Jusqu'à ce moment-là. Jusqu'à le voir au coin de la rue. Quel ravissement de le voir. Toujours aussi charmant avec ses bouclettes. J'avance pour aller à sa rencontre. Mon cœur commence à battre la chamade. Je suis tendu. Mais je poursuis mon chemin. Jusqu'à lui. Mes yeux scrutent son visage. Il est marqué. Sans m'épancher, je le gratifie d'un léger sourire avant de le saluer. « Salut toi ! » Je ne bouge pas d'un iota. Je ne sais pas comment réagir. Si je peux être tactile ou non. Je respire doucement. « Je suis heureux que tu m'aies proposé que l'on se voit ! » Enfin j'ose lui prendre la main. « Tu m'as manqué ! » Lui avoue-je en plongeant mon regard dans le sien. « Tu veux qu'on marche un peu ? Ou on peut aller boire quelque chose... »