greta&ruben • late night talking

late night talking
@greta moore

Au rire de Greta, il haussa quelque peu un sourcil - presque de façon imperceptible en réalité. « C’est pas du tout une facette de lui que j’ai vu. Mais faire confiance à une inconnue juste parce qu’elle lui a été recommandée par un ami commun, c’est peut-être de la naïveté. » Il esquissa un faible sourire à ces mots là. Lorsque c’était pour le travail, tout était toujours différent: il fallait savoir prendre des risques pour réussir, c’était indéniable. Mais il était vrai que pour ce coup-ci, même si cela était apparenté à du travail pour Greta, il s’agissait là de la vie privée de Rhett - et confier les détails de cette dernière à la première personne venue, ce n’était pas l’idée la plus intelligente qu’ait pu avoir son frère, et oui cela pouvait s’apparenter à de la naïveté. « Au moins, y’a un ami entre les deux. » Ce n’était pas que du hasard, c’était put-être la seule chose qu’il fallait souligner en cet instant pour laisser le reste là où se trouvait; cela n’apporterait pas grand chose en cet instant que Ben insiste sur l’idée, qu’il pensait mauvaise, à savoir que son ainé s’amusait à dépeindre son quotidien et son histoire à qui vouloir l’entendre. Ce n’était pas de cette façon là que lui avait l’habitude de faire les choses, si bien qu’il s’empressa presque de souligner à Greta que lui faire confiance alors qu’ils ne se connaissant pas n’était pas une bonne idée: il vendrait le fait qu’ils avaient eu cette discussion, si cela pouvait l’arranger, et ce sans la moindre hésitation. Il s’attendait à ce qu’une telle façon de faire soit quelque peu rebutante aux yeux de la blonde, mais à sa grande surprise ce ne fut en rien le cas. « Je pensais pas t’étonner avec si peu. » - « C’est plutôt positif, si ça peut te rassurer. » Parce-que ce n’était pas là une réaction négative qu’il avait; simplement, ce n’était pas la réaction la plus souvent rencontrée, que de bien prendre l’idée que des propos reportés à autrui puisse être divulguer par la suite. Au moins, ils savaient tous deux où se tenir désormais dans cette situation, cette entrevue.

« Je t’en prie, ça va sûrement t’étonner aussi mais… j’ai un peu d’humour. » Il ne se sépara pas de son petit sourire. « Pleine de surprises, je l’ai dit. » C’était là plus une façon de la taquiner qu’autre chose, étant donné qu’elle lui avait déjà démontré par sa façon d’être depuis qu’elle s’était imposée à lui en entendant son nom. Et aussi surprenant que cela allait l’être côté Ruben, ce n’était pas sur l’humour qu’il souhaitait continuer pour les anecdotes à apporter à Greta: au contraire, il choisit de révéler là un détail touchant de sa relation avec son frère, et qui était encore inconnue qui plus était pour la jeune femme jusque maintenant. Il n’était pas tant étonné que cela que Rhett n’ait pas mentionné cette partie là de leur relation - qu’il ne l’ait pas mentionné plus que cela de façon générale, en réalité. A voir la première réaction de Greta, Ben savait qu’il avait touché la corde sensible et qu’elle ne serait pas la seule à réagir de cette façon là en lisant les lignes qui narreraient cette partie là de l’histoire. « Attendrissant, hein ? » Même son sourire à lui ne savait pas se défaire de cette pointe de niaiserie; il avait toujours été particulièrement touché que Garrett soit Rhett à cause de lui. « Toi aussi, t’es plein de surprises. » - « Au moins, on a pas l’occasion de s’ennuyer ce soir. » Là où tous deux avaient des réactions et des sujets abordés que l’autre n’aurait su anticiper. « Je veux dire, je m’attendais à ce que tu me confies un truc qui ne le mettrait pas en valeur. » Avec un petit sourire en coin, Ruben haussa les épaules de façon nonchalante. Effectivement, il aurait pu là lui livrer n’importe quelle anecdote qui n’aurait pas mis Rhett en lumière; mais après tout, n’était-ce pas le but de cette biographie ? D’améliorer son image, de se remettre sous le feu des projecteurs tant ces derniers lui manquaient ? Autant contribuer à ce succès, si en plus cela pouvait se faire en tentant de sauver sa propre image… « Je vois. C’est pour te mettre en valeur toi, pas vrai ? » Avec le petit rire qui avait suivi rapidement ses paroles, Ruben put cerner que Greta n’était pas là pour l’enfoncer dans cette idée, mais plus qu’elle relevait un détail qui semblait ne pas échapper. Il agrandit alors son sourire, avec un brin de malice supplémentaire accrochée à ce dernier. « Une pierre, deux coups, j’ai pas le droit ? » Oh, il ne révèlerait pas les véritables raisons qui le poussaient à agir de la sorte, puisque Greta serait surement aux premières loges pour comprendre que Rhett n’était pas qu’un être amusant avec un sourire digne d’une pub de dentifrice: elle écrivait sa biographie, bon sens, elle ne pourrait être gardée dans le noir bien longtemps.

« Ca rend votre mésentente encore plus triste, si tu veux mon avis. » A ces mots là, le regard de Ruben remonta pour se planter un instant dans celui de la jeune femme. Il ne s’attendait pas à une telle remarque, à une telle constatation; il ne s’était surtout jamais dit que cela pouvait ajouter une touche de tristesse à cette mésentente qui faisait maintenant partie du décor depuis bien des années. Mais surtout, cela soulignait l’idée qu’elle était déjà triste sans y ajouter la moindre histoire un peu plus personnelle - et ça n’avait jamais été sous cet angle là que Ben avait vu les choses. Il s’était toujours dit que c’était dommage qu’ils n’arrivent pas à s’entendre mieux, mais n’avait jamais vu ça comme triste; ils avaient simplement pris des chemins différents, qui n’avaient pas permis de garder des liens potentiellement positifs. La surprise d’une telle réalisation dut se lire dans le regard de Ruben, si bien qu’il vint rapidement papillonner des paupières pour dissiper cet effet; il n’était pas ici pour partager ses états d’âme, mais davantage pour avoir une discussion productive et débouchant sur du positif pour lui également avec Greta. « J’ai pas pour but de salir complètement son image en discutant avec toi, si ça peut retirer toute autre surprise. » Il ne se gênerait pas pour dire ce qu’il pensait sur son frère, mais il ne comptait pas non plus aller jusqu’à ternir l’image qu’elle s’en faisait - à travers ce qu’elle connaissait de lui de l’extérieur, ou des confidences qu’il lui faisait. De toutes manières, si Rhett était honnête, il y avait forcément des parties de son histoire personnelle qui ajouteraient des ombres au tableau général: Greta s’en apercevrait seule rapidement. « C’est quoi, ton meilleur souvenir avec Rhett ? » Elle changea de sujet, il ne dit pas non. Fronçant quelque peu les sourcils, il croisa les bras sur son torse et se mit à réfléchir à la question. Même s’ils avaient grandi dans des périodes assez différentes, Ruben avait eu la chance d’avoir encore son ainé à ses côtés lors de ses plus jeunes années. Ce n’était pas négligeable, il le savait, et c’était dans cette partie là de leur histoire commune qu’il lui fallait piocher pour répondre de la façon la plus adaptée à la question de la jeune femme. Après un soupire, Ben finit par laisser une moue pleine de nostalgie étirer le coin de ses lèvres. « Faut pas oublier que j’ai neuf ans d’écart avec Garrett, et qu’il a été rapidement grand alors que j’étais encore jeune. » Il plissa légèrement le bout de son nez. « Mes souvenirs sont surement un peu déformés par le fait que j’étais encore petit, quand ça s’est passé. » Comme s’il devait se justifier d’avoir de bons souvenirs en tête. « Mais j’étais pas le plus casse-cou des gamins, à l’époque. Et en plus, je suis le plus petit, alors ma mère a toujours fait super attention à ce qui m’arrive rien. Je m’en suis jamais plaint, j’ai toujours adoré qu’elle me protège comme ça. » Le fait d’être le petit préféré avait toujours été un point qui avait creusé leur mésentente, entre Rhett et lui, mais ce n’était pas pour cette raison là à l’époque qu’il adorait l’être. Aujourd’hui cela participait bien sur, mais il était encore trop jeune et innocent à ce moment là pour jouer avec précision sur ce point là. « Je voulais essayer de faire du roller, maman voulait pas parce-qu’elle avait peur que je me fasse mal. Alors, Rhett m’a sorti en douce de la maison pour aller en faire au parc. J’avais, quoi… Cinq, six ans peut-être ? » Une étincelle de malice et d’amusement traversa son regard. « Bien sur, je suis tombé. Bien sur, je me suis écorché les genoux et les mains plusieurs fois, mais j’étais tellement content de passer un moment tout seul avec mon grand frère que ça m’importait peu. Quand on est rentrés, tard alors que la nuit commençait à tomber, on s’est fait remonter les bretelles comme il fallait par maman. » Même lui avait eu le droit à une leçon de morale, ce qui faisait partie de la courte liste des moments où cela était arrivé. Mais bien sur, Rhett avait pris sa défense, parce-qu’il était l’initiateur de cette rébellion qui n’en était pas une et qu’il n’était pas question que Ruben subisse les remontrances là où ce n’était pas justifié; il avait du s’en mordre les doigts par la suite. « Je me rappelle avoir été traumatisé qu’on ait quelque-chose à me reprocher, mais en même temps je crois que c’est l’une des plus belles après-midi que j’ai pu passer en étant enfant. » Son index jouait avec les gouttes de condensation sur son verre de bière, son regard était perdu dans la mousse de ce dernier, et ce ne fut qu’à ce moment là que Ruben s’aperçut à quel point il s’était perçu dans le souvenir. Se redressant quelque peu, il s’éclaircit la gorge, avec un petit sourire un peu plus gêné cette fois-ci. Il n’avait pas prévu de s’épancher de la sorte. « C’est idiot, tu cherchais surement d’autres choses à mettre dans ton carnet. » C’était idiot, mais en même temps cela démontrait quelque-chose qui n’était plus mis en avant désormais entre les deux frères: Rhett ferait tout ce qu’il pouvait pour protéger Ben, qu’importe les problèmes qui pouvaient exister entre eux. Il était son petit-frère, et il était le seul à pouvoir s’en prendre à lui si cela l’enchantait - mais les autres devaient attendre sur le banc de touche.

late night talking
ft @Ruben Hartfield

De toutes les qualités ou plutôt des défauts de son frère qu’il aurait pu citer, il avait choisi de le qualifier de naïf et si son rire l’avait surpris, Greta n’avait pas pu le contrôler. Alors elle essayait de comprendre, d’après ce qu’elle savait de Rhett, les raisons le poussant à utiliser cet adjectif et elle avait inévitablement repensé à la facilité avec laquelle il lui avait confié la biographie, lui laissant entre les mains la possibilité de faire et défaire sa réputation. Mais plus que naïf, le garçon était malin, précis et rigoureux et il avait jusqu’alors toujours pris le temps de lire l’ensemble des jets et la blonde était convaincue qu’il l’accompagnerait jusqu’à la maison d’édition s’il avait le moindre doute quant à ce qu’elle enverrait en publication. Mais c’était assez simple entre eux, ce type de relation où tout est limpide au bout de quelques minutes et qui les avait amenés à une collaboration durant laquelle ils ne se posaient pas de questions. La rencontre avec Ruben permettait cependant d’en soulever mais elle refusait que cela ne vienne perturber une entente cordiale et une avancée en un temps record du livre. « Au moins, y’a un ami entre les deux. » Elle avait haussé les épaules, ignorant le fait que le point de vue de Ruben sur tout cela prenait forme au fur et à mesure de la discussion. Il n’était pas ravi, le cadet, bien au contraire, il était méfiant et voyait d’un très mauvais œil cette histoire de biographie. Ce qu’elle ne savait pas déceler, c’était s’il pensait ainsi parce qu’il s’agissait d’une idée de son grand frère ou bel et bien parce qu’il mettait le doigt sur les choses qui ne collaient pas : le fait qu’elle était une inconnue, la vitesse d’exécution et les risques encourus. Greta avait au moins eu la possibilité de marquer quelques points en ne s’offusquant pas de la sincérité dont faisait preuve le médecin. « C’est plutôt positif, si ça peut te rassurer. » Un timide sourire s’était dessiné sur ses lèvres à l’entente de cette affirmation parce que le cheminement de ses pensées l’avait rendue bien moins crédible. « Pleine de surprises, je l’ai dit. » Cette fois-ci, son rire avait été franc et non contrôlé et son regard avait retrouvé le sien comme pour le sonder à nouveau, était-ce donc là son côté manipulateur ? Il doutait et pourtant, venait lisser ses inquiétudes à l’aide de compliments ça et là. Greta était songeuse et le travail de biographe la rendait suspicieuse car plus attentive aux détails. « Attendrissant, hein ? » avait-il lancé après une anecdote qu’elle ne s’était pas attendue à entendre ce soir. « Au moins, on a pas l’occasion de s’ennuyer ce soir. » « J’aurais pas écrit une biographie sans m’assurer qu’il y aurait de quoi dire. C’est long, 400 pages. » Ses yeux s’étaient écarquillés alors qu’elle annonçait un chiffre approximatif, alors que leur discussion tardait et qu’ils auraient facilement ajouté cent pages de plus au décompte. « Une pierre, deux coups, j’ai pas le droit ? » Son air malicieux était communicatif et il éclipsait presque la façon dont elle avait réalisé que lui se concentrait un peu plus sur les détails que son frère, ses sourcils arqués à la mention d’un ami commun comme seul lien entre le sujet et la biographe la positionnant comme une simple inconnue désireuse de s’accaparer l’histoire de Rhett pour en tirer profit. « C’est amusant parce que je te sentais dubitatif concernant le projet et au final, tu te confies presque autant que lui. » A une inconnue, voulait-elle dire, avec un sourire presque sournois.

Son cœur de petite sœur de Carmine l’empêchait d’avoir un œil vraiment objective sur la relation mais le ton froid et détaché de Rhett à l’évocation de son frère l’avait surprise. Alors, oui, une simple relation conflictuelle entre deux frères qui ne communiquaient plus réellement suffisait à lui amener une pointe de tristesse alors que l’éloignement qu’elle vivait avec son frère ne se faisait pas par gaieté de cœur. Trouvant son regard posé sur elle, elle avait légèrement secoué la tête avec un rire pour reprendre ses esprits et signifier qu’il ne fallait pas accorder trop d’importance à sa réaction. « J’ai pas pour but de salir complètement son image en discutant avec toi, si ça peut retirer toute autre surprise. » Elle avait arqué un sourcil. « C’est pas l’impression que j’ai eu. » Même si cela était étonnant. Ils étaient passés à autre chose, profitant de cette disposition du cadet à se confier, Greta avait tenté une question pour le relancer dans son discours. « Faut pas oublier que j’ai neuf ans d’écart avec Garrett, et qu’il a été rapidement grand alors que j’étais encore jeune. » Elle s’était de nouveau replacée au fond de sa chaise, comme une enfant à qui on raconterait une histoire, ravie que Ruben reprenne la parole avec une simple question comme tremplin. « Mes souvenirs sont sûrement un peu déformés par le fait que j’étais encore petit, quand ça s’est passé. » Ces mêmes souvenirs qui paraissaient parfois inventés car trop lointains, ces histoires que l’on n’osait plus raconter parfois par manque de certitude sur leurs véracités. « Mais j’étais pas le plus casse-cou des gamins, à l’époque. Et en plus, je suis le plus petit, alors ma mère a toujours fait super attention à ce qui m’arrive rien. Je m’en suis jamais plaint, j’ai toujours adoré qu’elle me protège comme ça. » Il semait des indices, lui expliquait sans le vouloir pourquoi Rhett le voyait comme arrogant et précieux. Greta, elle, ne pouvait que sourire en l’entendant parler, comme si c’était toujours l’enfant qui se tenait devant elle. « Je voulais essayer de faire du roller, maman voulait pas parce-qu’elle avait peur que je me fasse mal. Alors, Rhett m’a sorti en douce de la maison pour aller en faire au parc. J’avais, quoi… Cinq, six ans peut-être ? » Ses yeux et ses lèvres traduisaient ses émotions alors qu’elle écoutait attentivement. « Bien sur, je suis tombé. Bien sur, je me suis écorché les genoux et les mains plusieurs fois, mais j’étais tellement content de passer un moment tout seul avec mon grand frère que ça m’importait peu. Quand on est rentrés, tard alors que la nuit commençait à tomber, on s’est fait remonter les bretelles comme il fallait par maman. » L’écrivaine avait grimacé à l’évocation de la chute puis avait ri, peu consciente de ce que remuaient ces souvenirs enfouis. « Je me rappelle avoir été traumatisé qu’on ait quelque-chose à me reprocher, mais en même temps je crois que c’est l’une des plus belles après-midi que j’ai pu passer en étant enfant. » Le silence s’était un temps imposé entre eux et elle l’avait laissé continuer à profiter de ce souvenir déterré qui semblait le plonger dans une profonde nostalgie. « C’est idiot, tu cherchais surement d’autres choses à mettre dans ton carnet. » Greta s’était finalement rapproché de lui comme pour relâcher un peu cette pression qu’avait créé le monologue. Son ton était plus doux, la jeune femme continuant à être touchée par ces mots provenant de ce frère sur lequel elle avait entendu plus de négatif que de positif. « Nan, nan, Ruben. » Elle avait cette façon de prononcer le prénom de ses interlocuteurs pour appuyer ses paroles et elle n’avait pas réussi à cacher une certaine émotion dans sa voix. Le temps qui passait, son frère qui était loin, le petit Ruben si touchant ayant grandi pour s’éloigner du sien. C’était beaucoup à avaler pour une Greta à fleur de peau et qui avait toujours eu un côté sensible. « C’est parfait, je veux dire, j’en demandais pas autant… J’espère que c’est pas trop difficile d’évoquer tout ça. » La question était intrusive et presque idiote, il avait déjà semblé assez surpris qu’elle évoque la tristesse de la situation alors elle avait repris. « Je crois pas que je peux cacher que j’en suis presque émue alors ça devrait toucher un minimum les lecteurs, enfin j’espère. Je suis pas sûre d’être le meilleur cobaye, en fait, j’ai tendance à être un peu trop émotive. » Son rire était venu dédramatiser la situation alors qu’elle avait refermé son carnet sur lequel elle n’écrivait plus vraiment, se contentant d’écouter attentivement Ruben. « Je pense que je me souviendrais de tout ça. Tu es au courant qu’il va relire ça et savoir que ça vient de toi ? Ça te fait rien qu’il sache que tu m’as confié ça ? » Il le découvrirait à la sortie du livre parce que même s’il était extrêmement impliqué dans le livre, la biographe réussirait un tour de passe passe pour s’éviter de mentionner qu’elle avait glané des informations auprès de source qu’elle n’avait pas été autorisée à contacter. Le coup du hasard ne prendrait pas avec Rhett, et ce même s’il s’agissait de la pure vérité. « Je pense qu’on devrait en rester là, d’ailleurs. Plus tu m’en dis, plus la discussion avec Rhett sera corsée, j’imagine ? » Et il se faisait tard, le bar se vidait, et Greta et Ruben se trouvaient maintenant dans un tête à tête où l’on devinait l’intensité de la discussion à la façon dont ils n’avaient pas détourné l’attention un seul instant.

just know this too shall pass

losin' your mind in the mirror like you have to, screamin' in your car in the driveway, spinnin' out, think your life's going sideways. sleep is so thin outta habit, hard to tell the real from the dreams you imagine. nights when one broken glass turns to total collapse just know this too shall pass.-byendlesslove

Spoiler:

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@greta moore

« J’aurais pas écrit une biographie sans m’assurer qu’il y aurait de quoi dire. C’est long, 400 pages. » Au moins, l’histoire ne démarrait peut-être pas aussi mal qu’elle pouvait en avoir l’air. Ce n’était pas uniquement pour le côté prestigieux de l’entreprise que la jeune femme semblait s’être lancée dans cette affaire, mais parce-qu’il y avait une réelle envie d’écrire ces lignes. « C’est amusant parce que je te sentais dubitatif concernant le projet et au final, tu te confies presque autant que lui. » Il ne sut se défaire de son petit sourire amusé, mais à ce dernier il ajouta tout de même un plissement d’yeux, observateur et presque accusateur. Pas qu’il n’appréciait pas particulièrement être comparé à son ainé de la sorte, mais effectivement c’était le cas: il aurait préféré que son comportement ne soit pas interprété comme de l’intérêt envers un tel projet, justement, là où toutes les retombées ne pouvaient qu’être mauvaises. « C’est pas ma vie qui va être exposée aux yeux de tous. Pas exactement ma vie, en tous cas. » Certes, le côté où il allait également être mis en avant avait un gout doux-amer avec lequel il ne savait que trop quoi faire pour le moment; mais il tentait de se rappeler surtout que ce n’était pas son intimité à lui qui allait être de la sorte mise en avant, et que Rhett était un grand garçon - non - pouvant gérer ce qui allait découler d’une telle exposition médiatique - toujours pas. « Alors si c’est lui qui mène la danse… » Pour le moment, c’était surtout Greta qui avait pris les rênes, plaçant ici et là des interrogations et des mots qui poussait volontaire mais de façon habile dans un coin ou un autre du ring.

Et s’il était possible pour la blonde d’agir de la sorte, c’était parce-qu’il la laissait faire; sinon elle n’aurait pas obtenu le quart des paroles qu’avait prononcé Ruben jusque maintenant s’il ne l’avait pas désiré. Il avait appris, avec le temps, à se restreindre sur les mots prononcés, à se méfier des personnes qui pouvaient naviguer autour d’eux. « C’est pas l’impression que j’ai eu. » Parce-qu’il était tout à fait en capacité de ruiner la réputation de son frère, il ne le ferait pas - il ne le détestait pas non plus au point de l’envoyer six pieds sous terre, voyons; d’autres seraient aptes à agir de la sorte, en revanche. Il était plutôt heureux qu’elle n’ait pas pensé que ce soit le cas pour lui avant qu’il ne l’affirme seul à haute voix. Et peut-être aussi parce-que de toutes façons certaines histoires allaient ressortir, autant qu’elles soient racontées par ses soins, avec ses souvenirs, plutôt que par d’autres. C’était la raison avec laquelle il tentait de se convaincre, celle avec laquelle il s’était mis à raconter ce souvenir là en particulier, là où tout simplement ça lui faisait parfois du bien de raconter des moments simples et correspondant à une relation fraternelle classique entre Rhett et lui. Surtout que véritablement, ce moment là était l’un de ceux qu’il chérissait le plus: il avait eu l’impression de faire partie des grands, ce jour là, et pas simplement d’être le petit frère ennuyant qu’on préférait laisser à la maison les jours de grande aventure.

Finalement, il finit par s’excuser - avec d’autres mots que ces derniers, bien sur - de s’être autant épanché sur cette idée là alors que ce n’étiat surement pas des informations de cette trempe là que Greta cherchait. Presque: il était gêné, Ruben, ce qui ne lui arrivait pas souvent. Se laisser perdre dans une vague de nostalgie n’était pas sa tasse de thé, en réalité, et il arrivait très bien à ne pas se laisser avoir d’ordinaire. Il fallait croire que Greta était peut-être plus douée que ce qu’il avait pu anticiper. « Nan, nan, Ruben. » Elle s’était rapprochée quelque peu de lui, comme dans une tentative de rendre sa curiosité un brin plus réconfortante. « C’est parfait, je veux dire, j’en demandais pas autant… J’espère que c’est pas trop difficile d’évoquer tout ça. » Il plissa le bout du nez, laissa un petit sourire s’échapper par la même occasion. « C’est un souvenir avec mon grand frère, je vais m’en remettre tu sais. » Même si en réalité, il allait y repenser pendant des jours par la suite - et dans les semaines qui suivraient, il finirait pourtant finalement par envoyer Rhett en cure de désintoxication à l’autre bout du monde, malgré les bons souvenirs remontés à la surface en cette soirée. « Je crois pas que je peux cacher que j’en suis presque émue alors ça devrait toucher un minimum les lecteurs, enfin j’espère. Je suis pas sûre d’être le meilleur cobaye, en fait, j’ai tendance à être un peu trop émotive. » Elle échappa un rire, il se permit alors d’en faire de même, ajoutant un haussement d’épaules tout de même: il n’apportait pas autant d’importance à l’aspect émotionnel de la situation, ou tout du moins il ne se permettait pas de prétendre que c’était le cas. « J’espère qu’ils seront émus, oui. Sinon, j’aurais parlé pour rien. » Et ça, il n’aimait pas.

« Je pense que je me souviendrais de tout ça. Tu es au courant qu’il va relire ça et savoir que ça vient de toi ? Ça te fait rien qu’il sache que tu m’as confié ça ? » Haussant vaguement les épaule, Ruben reporta son regard sur le visage de Greta. « Le temps qu’il arrive à croire que ça vient de moi, le livre sera déjà publié, alors le mal sera déjà fait. » Il y avait fort à parier pour que ce type de souvenirs soit effacé de la mémoire de Rhett, alors aux yeux de Ben il n’y avait pas de risques à montrer qu’il les gardait précieusement de son côté. « Je suis presque sur qu’il croit que tous mes souvenirs d’enfance ont été remplacés par des schémas d’anatomie, alors. » Haussant de nouveau les épaules, le soupire qu’il laissa échapper malgré lui était chargé d’une certaine émotion; il n’aurait su décrire laquelle, mais il arrivait à la sentir s’échapper de ses poumons. « Je pense qu’on devrait en rester là, d’ailleurs. Plus tu m’en dis, plus la discussion avec Rhett sera corsée, j’imagine ? » Relevant son regard de la discussion et de la petite bulle dans laquelle ils s’était glissés, clignant des paupières peut-être un brin de trop pou que cela soit tout à fait normal, le jeune homme détailla rapidement les alentours pour comprendre qu’ils s’étaient échappés du temps un peu trop longtemps. Il eut un petit rire. « Surtout que tu risques de mettre trop de choses gentilles sur moi pour que ça lui plaise. » La discussion serait corsée avec Rhett dans tous les cas, alors ce n’était pas sur cette partie là qu’il désirait rebondir. Terminant son verre d’une traite, Ruben se releva de la table avant de tendre une main en direction de Greta pour l’aider à en faire de même; il ajouta rapidement par la suite. « Je t'ai promis un taxi, et je respecte mes promesses. Taxi ou Uber, du coup ? »

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