C’est une romance de deux ans qui va changer pour toujours la poésie. Rimbaud et Verlaine, les deux poètes vagabonds vont vivre l’aventure poétique, amoureuse, intellectuelle la plus tumultueuse de la littérature française.
Été 1871, Arthur Rimbaud, jeune poète de 17 ans ambitieux mais au caractère excessif veut quitter ses Ardennes natales et vivre de sa plume à Paris. Par l’intermédiaire d’un ami commun, il correspond avec Paul Verlaine, poète déjà reconnu dans les cercles, de dix ans son aîné. Après quelques lettres échangées, Rimbaud arrive à Paris, à l’invitation de Verlaine.
Au fil des semaines, le compagnonnage poétique se transforme en aventure amoureuse et sexuelle. Verlaine s’éloigne de sa femme Mathilde, qu’il bat régulièrement quand il est soûl et s’affiche aux côtés de Rimbaud, faisant jaser dans les cercles littéraires. Les deux amants passent des nuits blanches à boire, à écrire. Leur intimité est aussi le lieu d’une expérimentation poétique phénoménale. Mais l’orgueil et les excès alcoolisés de Rimbaud lassent vite le petit milieu et emportent Verlaine dans son sillage.
Le 7 juillet 1972, les deux amants fuguent et quittent la France, pour une vie de bohème à Londres. Mais passée l’exaltation de la fuite, les deux amants connaissent des crises violentes au sein d’une relation déséquilibrée et destructrice. Verlaine pris de regret, quitte Londres pour retrouver sa femme Mathilde.
C'est une histoire d'amour passionnel qui finit en (presque) crime entre deux immenses poètes. L'intrigue se déroule dans leur chambre d'hôtel de Bruxelles, ce 10 juillet 1873...
“Enfin ! Veux-tu que je t’embrasse en crevant ?” La phrase de Verlaine est restée célèbre, qu’il adresse à Rimbaud dans une lettre affirmant qu’il est prêt à se “brûler la gueule”. Son amant – 17 ans à l’époque – accourt à Bruxelles et ici comme à Londres, reprennent les disputes et l’ivresse quasi permanente.
Verlaine, ivre et malheureux achète un revolver pour se suicider.
Quelques heures plus tard, assez ivre, il retrouve dans leur chambre son jeune amant qui lui annonce qu’il le quitte. Verlaine aurait alors dégainé l’arme et tiré deux balles en criant à Rimbaud : “Voilà pour toi, puisque tu pars.” Le poète est blessé au bras, Verlaine condamné à deux ans de prison .
Plaisir ! Cela fait plaisir de te voir comme ça. Ce n’est pas anodin comme formulation. Pour qui sait les épreuves que j’ai traversées d’antan, en particulier après le décès de ma jeune adulte de vie, c’est un sous-entendu qui vaut son pesant d’or. Sans doute suis-je en train de donner à Ezra l’impression que je vais pour le mieux, qu’en ce début de soirée, je me suis présenté à lui pour fêter l’heureux événement qui, je l’espère se cumulera à un autre - un mariage - et je ne peux pas lui en vouloir pour cette méprise. Je ne suis pas arrivé sans être attentif à l’image que me renvoyait mon interlocuteur. Je ne me suis pas non plus pointé avec, sous le bras, mon dossier médical et ma prise de sang plutôt limpide sur l’état de mon foi. Concernant ce dernier, je ne lui ai pas non plus confié qu’il était en piteux état et qu’il lui arrivait de me faire souffrir. Je n’ai pas entouré ma remise en question de toute l’étendue de l’urgence. Je n’ai rapporté que celle concernant mon couple et mon enfant à naître et, tandis que la conversation s’échappe vers les soucis de Beauregard, je conviens avec moi-même que je tairai ce qui me tracasse. Je me suis pointé avec le cœur criant à l’aide et il repartira bredouille. On ne tire pas sur une ambulance. En temps de guerre, on ne bombarde pas les Eglises. On n’abat pas un homme à terre sans lui proposer son aide. «Il m’arrive que ça me fasse plaisir, à moi aussi, de voir un homme nouveau dans la glace.» ai-je cédé en haussant les épaules. Le débat n’est-il pas clos ? Est-il utile de se perdre en conjecture à propos de ma demande en mariage ? Je l’ai ratée. J’ai perdu cette bataille, mais je suis loin d’abandonner la guerre. «Quant à ce qu’elles ont de la chance ou non, seul l’avenir nous le dira.» Une gorgée de bière conclut cette partie de la conversation sur qui est ma compagne… sur ce qu’elle est différente de toutes les autres dans sa façon d’être, de souhaiter et d’aimer. «Elle est forte et indépendante. Elle n’a pas besoin de ça. Mais, foi de Taylor, Beauregard, je lâcherai pas l’affaire. » Je pactise davantage avec mon ego qu’avec mon acolyte. Lui, il a ses propres emmerdes à gérer et c’est en veillant à ne surtout pas tenir un discours alarmiste que j’écoute et que je commente. Je souligne sa chance : c’est toujours mieux que de pointer du doigt la merde. Je lui souris tandis qu’il admet être fier de sa progéniture et j’applaudis non sans profiter du geste pour rappeler le serveur. A combien de verres sommes-nous ? Je ne compte plus. Quelle heure est-il ? Je n’en sais rien. Mon téléphone vibre-t-il dans ma poche ? Je ne sais plus. J’ignore si c’est mon besoin de soulager mon partenaire de beuverie qui fait battre mon pied contre le carrelage du bar ou la surprise d’un portable s’agitant dans ma poche. «Je crois que si on flippait pas pour nos gosses, c’est là qu’on serait face à un problème. On les aime indépendant, mais pas trop quand même...» Les pères sont rassurés dès lors qu’ils tiennent un rôle à part entière dans le quotidien de leur gamin. Dison que pour Beauregard, l’incertitude de la suite doit être compliquée à gérer. Je détesterais avancer à l’aveugle parce que Raelyn se serait installée à des kilomètres de moi. Le supporterais-je seulement ? Elle m’est essentielle, essentielle à mon bonheur, un peu comme un garage peut l'être pour celui qui l’a bâti de ses mains, toutes proportions gardées bien entendu.
Financièrement, il a l’air de s’en tirer. Tant mieux. Je bois encore à cette bonne nouvelle quoique j’eusse raison : il lui manque des effectifs. «Mon petit frère voudrait venir s’installer en ville. Il est mecano de formation. Il a toujours adoré réparer les tracteurs de mon père… il préfère ça que de s’occuper des chevaux. Si tu veux, je peux te faire parvenir un CV si tu en manques.» Paraît-il que l’ingratitude des métiers nécessitant de foutre ses mains dans le cambouis n’est pas prisée par le demandeur d’emploi. Rumeur ou réalité ? «Je peux rien faire de plus. Je ne peux même pas te proposer mon aide, je suis overbooké. En revanche, pour ça, je ne suis pas le dernier.» J’ai levé mon verre à la santé du Saint du Calendrier. Une excuse comme une autre. Un prétexte pour se saouler la gueule. Une occasion de me défaire un minimum de ma colère lorsqu’un type, plus ivre qu’Ezra et moi, bouscule notre table et renverse nos verres. Est-il raisonnable de ponctuer l’incident par : advienne que devra désormais ?
Pour le plaisir :
Win : Le gars s'excuse poliment, mais il semblerait que le portefeuille d'Ezra ou d'Amos (au choix) ait disparu de la table. Celui que j'oublie tout le temps et le fail : Le gars les agresse verbalement, prétextant qu'ils sont : sur leur chemin.
Normal ! J’aime comme ça sonne dans la bouche de mon ami. J’aime parce que c’est déculpabilisant et que ça me renvoie vers la sensation que je ne dysfontionne pas, que la douleur apparentée à la nouvelle - une douleur plus proche de l’angoisse et de l’inquiétude - a été si cuisante que je me suis refermé sur moi-même. J’ai aussi envisagé de mettre un terme à ma vengeance qui, à force de la retarder, ressemble davantage à une mascarade. Je me suis dit, peu à peu, qu’arrêter de boire me permettrait d’offrir à l’enfant à naître les mêmes chances qu’à sa grande sœur également. Quelle fillette s’encombrerait d’un père alcoolique ? Pourquoi lui ferait-elle confiance ? Pourquoi le ferait-elle “elle” quand l’aînée s’est abstenue de me confier ses problèmes alors que j’étais sain de corps et plus ou moins d’esprit ? Pourquoi y songer maintenant, en toute hypocrisie, alors que j’avais en quelques gorgées ma première bière et que j’en réclame deux suivantes au serveur au nom de la postérité ou de mes retrouvailles avec Ezra ? «C’est important pour moi. Ce bébé l’est. Sa mère, aussi...» Peut-être plus encore, mais politiquement, c’est incorrect de l’avouer. «J’ai même pensé à arrêter l’alcool, même si là, tout de suite, ça ne se voit pas. Mais, j’y pense, c’est déjà pas mal.» Le cas échéant, je n’ai pas encore tenté l’expérience de la sobriété parce que j’ignore comment m’y prendre. Faut-il stopper la consommation du jour ou lendemain ? J’ai lu que ça pouvait provoquer des crises cardiaques… autant m’abstenir, donc. Mais, quelle est la limite entre le suffisant, le trop ou le pas assez ? Toutes ces questions me torturent depuis des jours et, plutôt que de les confier à Ezra et son esprit ouvert, j’en converse pour moi une majeure partie. Je ne lui dis pas - encore - que les résultats de ma prise de sang sont alarmants, que j’ai le foie en vrac, qu’il est urgent, si je souhaite m’assurer un avenir et avoir la chance, cette fois, d’être témoin de l’épanouissement de ma future petite fille, de me secouer les puces et d’agir. «Rae n’est pas la reine des sous-entendus. Elle aime bien le cynisme et l’ironie quand elle est en colère après moi.» Ce qui n’est pas rare, ceci étant. «Mais, de manière générale, elle est franche. Elle dit ce qu’elle veut et, là, a priori, ce serait une vraie demande et je ne comprends pas. Je ne peux pas être plus clair que ça.» ai-je menti, inconsciemment, puisqu’au fond de moi, la part rationnelle qui est muselée par ma fierté, n’ignore pas que si je pose effectivement une question, ce n’est pas la bonne, ce n’est pas celle qu’une femme est en droit d’attendre…. Loin d’avoir envie d’être recadré, je m’adonne donc à mon sport préféré : détourner l’attention de moi au profit de l’autre. Je ne m’intéresse plus qu’à Ezra et qu’aux causes de sa mine déconfite et de son soulagement lorsque j’ai passé la porte de son bureau. Tout est dit, de toute façon. Nous avons tous les deux conclu par un sourire éclairant pour les traits et, moi, ça me va. J’apprendrai bien seul à gérer mes angoisses. Qu’en est-il de celle de mon interlocuteur ?
J’aurais pu enfiler une paire de gants pour ne pas le brusquer. J’aurais pu amener la question avec plus de délicatesse, mais je ne serais plus moi si je ménageais les autres. D’autant que ce n’est pas franchement utile. Le mécanicien semble en avoir assez gros sur le coeur pour s’épancher sans que je n’ai à le brûler et, moi, je l’écoute, attentif. Je lui tends une oreille amie prête à écouter et une bouche avisée soucieuse de conseiller si tant est que ça soit possible. Prendre des nouvelles de son fils est, à mon sens, une approche intelligente et je suis heureux d’apprendre qu’il va bien, qu’il tient le coup, qu’il semble avoir assez de résilience pour se relever de cette douloureuse de la vie. Est-ce un leurre ? Probable. Je ne serais pas surpris qu’il feigne pour préserver Ezra, mais qui suis-je pour alarmer mon ami alors qu’il me donne l’impression d’être accâblé, voire honteux d’être le maillon faible de la famille qu’ils forment ? Pour ma part, une fois de plus, je l’estimerais trop exigeant avec lui-même. Le cas échéant, je m’abstiens d’ajouter un quelconque commentaire. J’écoute, tout simplement. J’entends que les choses sont claires : que l’absence de sa mère lui est pénible, que celle de son oncle lui l’attriste tout autant, mais qu’il est fort. Il l’est parce qu’il a encore assez d’insouciance que pour confier à ses points de repères adulte de quelles émotions il souffre et, surtout, en parler, le confier, ne pas rester avec l’amertume et l’anxiété qui finirait par l’étouffer. «Tu peux être fier de lui. Il y a des adultes qui n’y arrivent pas.» J’en suis la preuve vivante. Je préfère ensevelir tous mes sentiments plutôt que de me confronter à la vulnérabilité des confessions. Et, de temps à autre, parce que c’est encore plus facile, et à condition d’être en sécurité et de m’en sentir capable, j’éclate de rire. Je ris à gorges déployées, aidé par l’alcool - les verres s’accumulent sur la table - parce que le son est plus joli à l’oreille qu’une complainte. «Tu insinues que j’étais et que je serai encore un père flippé ?» Je prends une mine d’homme outré, pour la blague : je le suis. C’est indéniable et pas seulement en tant que parents. Raelyn subit souvent mes angoisses irationnellles. Que Dieu me pardonne cependant : un jour j’ai tout perdu et je me suis juré qu’on ne m’y reprendrais plus. «Je suppose que c’est mieux comme ça que d’être démissionnaire.» A moins qu’il ne s’agisse d’une formule pour se déculpabiliser d’un défaut. «L’accouchement est prévu pour décembre, janvier. Je présume qu’on pourra vérifier si, en effet, je fais partie de la catégorie des pères poules en panique.» A nouveau, je ris de bon coeur avant de reconduire la discussion. «Et le garage ? Il tourne ? Financièrement, il te permet de te tenir ? En arrivant, il m’a semblé que les effectifs étaient réduits, c’est une idée ? » Un homme manquait à l’appel, j’en suis convaincu… sauf qu’il ne faut jamais dire “fontaine, je ne boirai pas de ton eau.” Les congés n’ont pas été inventés pour les chiens.
Décembre 2019.« Bien sûr ». Naomi accepte la compagnie de Stacey, bien que le contraire aurait été surprenant de sa part. Elle prend alors place face à elle, éreintée de son service à l’hôpital et pourtant prête à démarrer son service ici, dans ce bar clandestin qui ressemble à tout sauf à elle. Pour se donner du courage, elle est passée chercher cette grosse assiette de frites dans les cuisines du restaurant d’Alec avant de descendre. Et elle compte bien regagner un peu d’énergie grâce à celle-ci. « Je reconnais que c’est tentant ». Stacey propose à Naomi de venir piocher dans son assiette et lorsqu’elle la voit dégainer sa fourchette pour se servir, cela fait sourire la jeune femme « Ce n’est vraiment pas raisonnable » « Bien sûr que si, tu l’as autant mérité que moi ». Stacey connait le rôle de Naomi dans le Club. Elle sait que ce boulot n’est pas fait pour tout le monde et il est certain que Stacey ne s’y prêterait pas. Elle n’est pas faite pour ça, même si elle a pu l’envisager à un moment donné, mais les épaules nécessaires pour exercer une telle profession n’étaient pas les siennes. L’envisager parce qu’elle sait que l’argent gagné est plus conséquent que celui qu’elle peut gagner en tant que serveuse. Mais, elle y a renoncé très vite, dissuadée aussi par certaines personnes proches comme Sasha, qui, tout comme Naomi, est escorte pour le Club. « Hmm ». Ce petit commentaire fait apparaitre un sourire amusé sur les lèvres de Stacey, légèrement moqueur quand il y a à peine quelques secondes, Naomi rechignait sur le caractère non raisonnable de céder à l’appel des frites. Les deux jeunes femmes éclatent d’un rire commun, qui résonne peut-être dans le bar encore vide des clients qui prendront la relève dans cet écho qu’il est rare d’entendre de la part des employés.
Après ce moment léger, Stacey sent son portable vibrer dans sa poche. L’extirpant de celle-ci, elle découvre un message de sa petite sœur, qui semble un peu amer quant au fait de ne pas avoir vu son ainée entre ces deux services. Cela peine évidemment la Gallagher, dont la culpabilité se lit sur son visage et qu’elle peine sûrement à dissimuler« Moi, ça va. Mais toi ? ». La jeune femme relève son regard sur Naomi et tente de faire apparaitre un sourire au coin de ses lèvres « Ca va… » dit-t-elle presque étonnée qu’elle lui retourne la question comme si elle se doutait que quelque chose n’allait pas. Mais il semblerait que Stacey ne soit pas toujours aussi forte qu’elle ne veut y paraitre, laissant entrevoir des failles. Comme lorsqu’elle est arrivée dans ce lieu qui ne lui correspond pas et qu’elle a fait la rencontre de Naomi, tentant de paraitre crédible quant à ses motivations à travailler pour le bar clandestin et qu’elle a très vite saisi que c’était plus un choix par défaut qu’une envie particulière. « Je ne veux pas me montrer indiscrète, mais tu n’as pas l’air dans ton assiette ». Une grimace se dessine sur les lèvres de Stacey alors qu’elle repose son téléphone délicatement sur la table et qu’elle observe cette assiette de frites que Naomi vient à pousser vers elle « Tu devrais manger davantage (…) Ou peut-être que tu devrais directement passer au dessert. Le chocolat a des vertus exceptionnellement réconfortantes, tu sais. Le cuistot a forcément quelque chose en réserve pour toi ». Stacey pouffe légèrement de rire « Le cuistot semble un peu ronchon, ce soir, je ne suis pas sûre qu’il accepte de me faire son moelleux au chocolat exprès pour me remonter le moral », elle marque une pause, un sourire un peu plus sincère au bout des lèvres « Mais j’irai surement faire un tour tout à l’heure pour demander s’il y a des restes d’un quelconque dessert ». Parce qu’elle reconnait que, ce soit par Alec ou par Byron, les deux font toujours en sorte de lui garder un petit quelque chose de côté, qu’elle emporte bien souvent à la maison et qu’elle refile à sa sœur, comme un signe de paix quand elle lui en veut d’être si peu présente. « J’en connais une qui sera forcément ravie », parce que, c’est certain que si elle arrive à prendre la dernière part de tarte, elle la gardera pour Mila, faisant passer toujours cette dernière, avant elle.« Comment s’est passée ta journée ? ». Ses doigts viennent à nouveau picorer une frite dans l’assiette, alors que son regard s’attarde sur celle-ci. « Pas mal mouvementée, on a eu pas mal de monde aux urgences aujourd’hui. Mais ça a été quand même ». Disons que le rythme effréné des urgences est désormais son quotidien, comme ce rythme où elle enchaine deux boulots à la fois « Mais… c’est plus ma sœur qui m’inquiète » commence-t-elle, visiblement prête à se confier un peu à Naomi qui s’interroge sur son moral « … je sens bien qu’elle m’en veut d’être aussi peu présente pour elle. Là, par exemple, elle vient de conclure son message par un « tu me manques » accompagné de trois points de suspension. Et, évidemment, je m’en veux ». Du Stacey tout craché en somme. « Mais je n’ai pas le choix », ajoute-t-elle attrapant une frite de plus.
«J'ai suivi la meuf comme tu me l'a demandé, elle a peur de rien !» Mitchell fronçait les sourcils en entendant cela alors qu'il dégustait son verre de whisky près des bai vitré donnant sur la ville de Brisbane. «Je sais pas ce qu'elle t'a fait, mais si tu ne la tue pas ...» Il ne lui laissait pas le temps de finir et posait son verre sur la table basse assez bruyamment. «C'est ma sœur crétin !» Il récupérait le dossier que son informateur lui tendant et lui balança quelques billets à la figure. «Je te ferai part de la suite rapidement, maintenant dégage !» L'Américain ne manquait pas de soupier fortement avant de se plonger dans le dossier. Un rapport, des notes sur les habitudes de Gabrielle et des photos. Il culpabilisait presque d'espionner sa sœur, mais après toutes les révélations lors de son anniversaire, elle refusait de le voir et c'était la seule façon pour lui de rester informé sur les risques qu'elle prenait. Il feuilletait les photos en détail et fut interpellé lorsqu'il tomba sur une photo de sa sœur en compagnie d'une femme au visage très familier. Il approcha la photo de son visage, constatant qu'il n'était pas entrain de rêver et qu'il s'agissait pas de River Shears, la journaliste qui avait enquêté sur lui avant de finalement l'accompagné lors d'un voyage en Europe, voulant fuir son quotidien. Sa relation avec River avait été à la fois intense et mystérieuse, leur rapprochement ne s'était pas fait attendre et pourtant lorsque l'Américain eut l'occasion de franchir le pas il recula. Un choix qu'il pouvait regretter quelque fois, mais qu'il assumait. Il avait considéré River, il n'avait pas voulu profiter de sa faiblesse, de sa fragilité. Il avait envie d'en savoir plus sur son retour, de comprendre ce qu'il se passait dans sa vie actuellement. La dernière fois qu'ils s'étaient vu Mitchell faisait le deuil de sa femme, Mavis. Une période sombre pour l'Américain, une période qui n'avait cessé d'être catastrophique au fil des semaines et qui avait en partie causer sa perte. Le decès de sa femme l'avait chagriné et ce malgré le fait le peu de sentiments qu'il ressentait à son égard. La retrouver sans vie sur le carrelage de la salle de bain l'avait clairement marque, presque traumatisé et pourtant du sang il en avait sur les mains. Quitter l'Australie un temps avait été comme une échappatoire et ce moment d'égarement avait été nourrit par la présence de River qui elle aussi avait besoin de fuir son quotidien, son mariage, sa vie.
Après un passage dans la salle de bain il rejoignait sa moto dans le parking sous terrain et prenait la route jusqu'à ce motel que la journaliste occupait. Il observait le batiment face à lui en grimaçant tout en avançant jusqu'à la porte de la chambre qu'occupait River et sans aucune hésitation il toqua. Quelques secondes passèrent jusqu'à que la porte s'ouvrit. Il posa son regard sur la brune avec un sourire. «Tu es de retour et tu ne m'a même pas invité à aller boire un verre en souvenir de ce que nous avons vécu ?» Qu'il disait avec une pointe d'humour. «Comment tu vas ?» Qu'il demandait plus sérieusement plongeant son regard dans le sien, cherchant à décrypter son état d'esprit, une chose qu'il n'avait jamais vraiment réussi à faire avec la journaliste sauf quelques fois, lorsque l'alcool faisait parti de l'équation. Il la surnommait secrètement la reine des glaces et elle devait sûrement avoir un préjugé du même genre sur lui, le mêlant à l'enfer ou autre. Il s'en était passé des choses depuis leur dernière rencontre et elle avait sûrement du prendre connaissance des mésaventure qu'il avait vécu comme son évincement du Club ou principalement sa cavale qui avait duré plusieurs mois. Ce qu'il se demandait à présent c'était : Allait-elle lui ouvrir sa porte comme autrefois ?
2014 « Je suis désolé ». Stacey se laisse aller alors qu’il vient à la prendre contre lui et la serre un peu plus fort. Elle n’a pas l’habitude à ce qu’on la réconforte. Elle est celle qui réconforte. C’est elle qui tente d’apaiser la peine de sa petite sœur, bien trop jeune pour avoir à affronter une telle épreuve. C’est elle aussi qui épaule son père qui est détruit par la disparition subite de sa femme, son pilier, celle qui représentait tout pour lui. Depuis trois semaines, Stacey peut compter sur les doigts d’une main le nombre de fois où elle a laissé ses larmes s’échapper devant quelqu’un d’autre. Autrement, c’est seule dans sa chambre, le soir, quand le sommeil ne veut pas venir qu’elle se laisse aller en silence. Alors, forcément, c’est compliqué pour elle, à ce moment-là, de se laisser naturellement sans qu’on la pousse à le faire. Parce qu’elle en a besoin, parce qu’elle n’est pas une machine et a besoin aussi d’exprimer ses émotions comme tout le monde. Dans les bras de Freddy, elle décide alors de se laisser aller alors que ses bras encerclent sa taille et qu’elle se blottisse davantage contre lui « Elle est là Stacey. Elle sera toujours là ». Il a ce geste, menant sa main sur son cœur alors que son front vient à retrouver le sien et qu’elle acquiesce doucement, ses yeux clos alors qu’une larme de plus s’échappe. Elle se laisse aller mais là encore sans bruit, bien trop habitué à dissimuler sa douleur. Il n’y a que les petites secousses qui animent son corps par moment qui trahissent sa tristesse. Elle reste là, contre lui, sa tête reposant contre son torse quelques instants, faisant abstraction de ce qui peut se passer autour d’eux.
« Je suis pas très doué pour…ça. Pour tout ça ». Leur regard se trouve alors qu’il brise le silence qui s’est instauré entre eux, les sanglots moins nombreux, le calme l’ayant regagnée peu à peu « Mais je suis là d’accord ? ». Elle ne peut être que reconnaissante de ce qu’il fait pour elle, et semble ne pas s’en rendre compte. Alors, sa main vient à trouver sa joue, doucement alors qu’elle caresse celle-ci de son pouce, son regard humide se voulant sincère « Je le sais, Freddy » commence-t-elle dans un murmure « Et tu fais déjà beaucoup pour moi, bien plus que tu ne peux le penser » Sa présence l’apaise, l’aide aussi à extérioriser comme elle vient de le faire à l’instant dans ses bras « Je sais que je me suis montrée réticente, mais je suis contente de passer ce moment avec toi ». Sa main n’a pas quitté sa joue alors que son visage s’approche du sien « Merci » murmure-t-elle avant que ses lèvres ne viennent à trouver les siennes. Un baiser mêlé aux quelques larmes qui glissent encore le long de ses joues mais un baiser tendre et doux, qui signifie bien plus qu’elle ne veut l’exprimer. Il y a de la timidité encore dans cette relation qui dure depuis quelques mois déjà, des mots qu’elle n’est pas prête à lui dire peut-être de peur de le faire fuir, lui qui reconnait n’être pas doué pour ça, alors qu’elle pense le contraire, sa présence à ses côtés le prouvant. Quand elle se recule, la tristesse est toujours présente mais un certain apaisement semble se dessiner sur ses traits alors qu’un bébé kangourou passe à proximité d’eux, laissant apparaitre un sourire sur les lèvres de la jeune femme. Elle vient à se baisser, mettant quelques graines dans sa main avant de laisser l’animal s’approcher doucement et venir manger dans sa main « Je ne serai pas contre qu’on trouve un plan pour en kidnapper un » lance-t-elle alors en souriant de plus belle alors qu’elle est incapable de résister face à la petite tête mignonne de l’animal.
“En voilà au moins un qui est content pour nous”, ai-je songé, touché par le sourire d’Ezra. Il s’agrandit à mesure que je lui confie mes états d’âme à propos de ma relation avec Raelyn, de cet amour que je sous-entends plus que je n’exprime et de la grossesse en elle-même. Est-ce cett grimace qui m’a encouragé à en dire plus ? A formuler mon sentiment à l’égard de Sofia puisque Raelyn attend à son tour une petite fille ? « Ouais. Et c’est étrange. Comme je te le disais, je suis ravi, mais Sofia...» J’ai soupiré et observé le fond de mon verre comme si j’y cachais un copion. « Rae attend une petite fille et ça m’a fait bizarre. C’est comme si ma culpabilité s’était réveillée d’un coup.» Si tant est qu’elle se soit un jour endormie. « Et que depuis, elle gueule encore plus fort.» ai-je rétorqué, étonné par ma métaphore. « Et que Rae ne réponde pas au sujet du mariage ne m’aide pas beaucoup. Je veux pas qu’elle pense que c’est motivé par la petite et que ça débouche sur un nom. J’y pensais déjà avant ça.» J’y réfléchis depuis ce jour où j’ai acheté le bâtiment qui abrite le casino avec une idée fixe en tête : lui offrir une solution pour ses propres activités. Dès l’instant où envisager nous associer m’a semblé inévitable et logique, le mariage s’est imposé à moi comme une évidence. Qu’à cela ne tienne, en m’engageant avec ma complice, je savais qu’elle ne bondirait pas sur ses pieds pour me sauter au cou tant la joie l’emporterait. Je prends donc patience et, dans l’expectative de ce oui, alors que je me confie à cet ami, je hoche la tête par la négative. « Non, non. Je n’aurais pas oublié un truc pareil, tu te doutes bien. Sauf si j’avais trop bu....» Faux. Rien n’aurait pu occulter une réponse pour laquelle je prierais si j’étais croyant, pas même l’ivresse. Néanmoins, je plaisante moi aussi. J’en souris et ajoute à ma grimace un clin d'œil évocateur.
Aurais-je pu deviner ce que ces retrouvailles m’apprendrait que j’aurais évité de perdre de ce ton en lui parlant de moi. Je me serais directement intéressé à Ezra. J’y aurais été moins discrètement qu’en l’affirmant fatigué. J’aurais compris que derrière son épuisement se dissimule les preuves de son chagrin. Ce n’est pas un deuil que le garagiste doit affronter, mais plusieurs à la fois. Or, je doute qu’il soit complètement remis du dernier. Qui pourrait se vanter d’un tel exploit ? La perte d’un être cher, et ce qu’importe les circonstances, ça blesse. Ce sont des plaies ouvertes que le temps ne guérit jamais vraiment : il demeure toujours des cicatrices. Certaines sont mal refermées. Sofia en est la preuve. Le cas échéant, je l’ai citée plus tôt et ce n’est pas le fruit du hasard. Cette évocation atteste que mes lésions suintent toujours. Combien de temps faudra-t-il à mon interlocuteur pour se remettre de la situation qu’il me décrit ? Nul doute qu’il aura besoin d’un coup de main, d’un vrai, d’un coup de pied au derrière, de temps à autre, juste avant qu’il ne tombe. « Et le petit, il prend ça comment ? » Vivre sans sa mère n’est jamais évident. Il existe entre une maman et son enfant un lien particulier et nature que je ne me suis jamais expliqué et que j’ai parfois envié. Je l’ai jalousé jusqu’à ce que j’accepte que prendre une place nécessitait d’être là et non sur les mers du monde entier pour les débarrasser des vestiges de vieilles guerres ou des bombes actives d’autres plus récentes. « Je ne sais même pas si je dois te souhaiter qu’il ait envie de rester ou de partir tellement c’est délicat. Je te souhaite du courage en tout cas et, en attendant, n’oublie pas que je suis là si tu as besoin de quoi que ce soit. » ai-je avancé en avalant quelques gorgées de ma bière. J’en ai au préalable commandé d’autres à un serveur qui passait par là. Nous en aurons besoin…. « Ce ne sont pas des paroles en l’air, tu sais. Tu as de quoi être dépassé.» A sa place - autrement dit, sans femme de caractère à mes côtés pour combler mes failles quand je colmate les siennes - je serais démuni moi aussi. Je ne saurais pas quel morceau entamé ce gâteau trop gros et étouffe-chrétien. « Tu sais, quand ma gosse avait l’âge du tien, j’ai dû apprendre à lui faire confiance et à arrêter de me prendre la tête pour savoir si j’étais à la hauteur ou pas. Tout ce dont ils ont besoin, et surtout le tien, c’est que tu l’aimes et que tu sois fier de lui. Et, ça, c’est acquis déjà. Faut juste le lui rappeler de temps en temps. ça, c’est acquis.» Le rôle de conseiller ne me convient pas. Ceci étant, j’entends sa tristesse. Je l’écoute et je la vois également. Comment l’aider ? « Tu as toutes les raisons d’être triste, Ezra. Et, si tu veux mon avis, faut que ça sorte.» Je suis le témoin vivant que l’attitude inverse n’a jamais secouru qui que ce soit.
Ensemble, ils arrivent à un croisement au bout du couloir. Raymond est envoyé en appât, mais rien ne se passe. Seul le bruit de la chaise percutant les casiers se fait entendre. Noah passe la tête pour vérifier que le couloir est bien désert et c'est bien le cas. Encore plus inquiet de ce qu'il va se passer maintenant qu'ils ont fait du bruit et sont donc éventuellement repérés, l'adolescent s'apprête à continuer leur chemin. Cependant, la main de Dani sur son bras le coupe dans son élan. « Attends. » Murmure-t-elle alors que le regard de Noah quitte Raymond pour se planter dans le sien. Elle se hisse sur la pointe des pieds et l'embrasse. C'est tout sauf le bon moment, le tueur pourrait débarquer à tout moment et pourtant, machinalement, les bras du jeune homme enlacent la jolie asiatique. Au fond de lui, il aimerait ne plus jamais la lâcher, que le temps s'arrête sur cet instant de douceur, au milieu de toute l'horeur qu'ils sont en train de traverser. « On ne sait pas ce qu'il peut se passer après. » Annonce-t-elle, d'une voix chevrotante, alors qu'il la libère doucement.
Il aimerait la rassurer, lui dire que tout va bien se passer, lui promettre qu'il n'y a pas de raison de s'inquiéter. Mais en réalité, il n'en sait rien, ils restent deux lycéens prêts à affronter un tueur sanguinaire pour réussir à récupérer des clés. Il faut se rendre à l'évidence, les chances sont plutôt contre eux. Alors, au lieu de lui faire des promesses en l'air, il préfère lui dire quelque chose dont il est certain. "Quoi qu'il se passe aujourd'hui, je n'oublierai jamais ce que j'ai ressenti quand tu as accepté de passer cette soirée avec moi. Et j'espère que j'aurais la chance de ressentir ça encore une fois." Déclare-t-il en lui caressant la joue. Il n'est pas vraiment habitué à faire ce genre de déclaration, au contraire même, mais s'il ne le fait pas maintenant, il n'y aura peut-être pas d'autre moment.
Il laisse sa main tomber de la joue de sa cavalière pour trouver sa main à elle. Malheureusement, le contexte ne leur prête pas vraiment plus de temps. Plus ils restent là longtemps, plus ils prennent de risques. Ils vont donc rejoindre Raymond, leur seul barrage contre un éventuel adversaire et il arrive rapidement à la porte de la bibliothèque. « Je connais par cœur ce lieu. Si le tueur s'y trouve, on va pouvoir peut-être le coincer. » affirme la jeune femme, alors qu'ils sont prêts à entrer. Noah aimerait pouvoir en dire autant, mais il faut avouer qu'il est bien plus souvent au gymnase qu'à la bibliothèque, si l'endroit ne lui est pas totalement inconnu, il ne pourrait tout de même pas y piéger quelqu'un. Pour le coup, il va devoir faire totalement confiance à sa partenaire. "Alors, espérons qu'il soit là." Lorsque l'on en est à désirer qu'un assassin se trouve dans la pièce où on va rentrer, c'est quand même qu'on a un peu touché le fond, pense Noah en tentant de contrôler sa respiration rapide. Il a beau essayer de ne pas le montrer, il a peur. Et c'est normal, qui ne serait pas effrayé dans une situation comme celle-ci ?
Ils ouvrent la porte, Raymond les précédant toujours, seulement voilà, il y a un problème. La chaise bute dans quelque chose, le squelette tombe de sa chaise en faisant un bruit sourd et alors que Noah tourne la tête vers l'allée de bouquin à leur droite, son regard croise celui, menaçant, d'un homme portant un masque et s'approchant en brandissant un couteau immense. "Dani !" La main du blond serre un peu plus fort celle de sa camarade alors qu'il recule d'un pas. Il ne faut pas être un génie pour comprendre que cette personne n'est pas bien intentionnée. Il a toujours son pistolet à clous dans les mains, mais bizarrement, la panique le lui fait oublier. Son premier réflexe est de lâcher Dani pour attraper les premiers livres de l'allée et les balancer le plus fort possible en direction du tueur...
...:
Win : Plusieurs livres touchent le tueur qui semble décontenancé pendant plusieurs secondes. C'est le moment de courir et de trouver une cachette s'ils veulent pouvoir le prendre par surprise.
So Close : Si les livres ne touchent pas le tueur, il recule de quelques pas, ce qui leur donne un petit temps d'avance, pas suffisamment cependant pour avoir le temps de se cacher. Il va falloir trouver une idée pour ne pas être rattrapés.
Fail : Aucun livre ne le touche, mais ça a eu le don d'énerver le tueur qui s'élance vers eux, son couteau prêt à servir. Noah ouvre de grands yeux et c'est de justesse qu'il évite un coup de couteau en brandissant le balai de Raymond devant lui, mais il ne va pas réussir à le retenir éternellement. C'est peut-être le moment d'apprendre à tricoter.
Elle est pied nu désormais et, par réflexe, tandis que je m’apprête à briser le verre de la vitrine à l’aide de mon pieu (et d’un autre objet lourd ramassé sur le bureau du directeur), j’invite Rae à se reculer de quelques centimètres. Il n’est pas question qu’un débris se loge dans l’un de ses orteils. Je n’aime pas qu’elle ait mal et, qui plus est, ainsi blessée, elle nous ralentirait. Or, il y a urgence à déguerpir au plus vite et je peste que ces deux petits imbéciles, sans panache ni envergure, entrave notre route. Je soupire. Raelyn les mouche. J’entreprends, ma main dans la sienne et ma hache dans l’autre, de les contourner en priant, pour eux, qu’il n’essaie pas d’intervenir. Je ne suis pas seulement quaterback. J’ai aussi des années de pratique en matière d’arts martiaux. Je n’aurai aucune difficulté à les mettre au tapis de quelques clés de bras à condition que je suis libre de mes mouvements. Une chance que je tienne mon arme de la main gauche. Alors qu’une main se dépose sur mon épaule, je décoche un coup de poing contre mon assaillant qui pisse le sang. J’ai visé son nez. Il est probablement cassé et, au terme de quelques insultes, tant de la part de son acolyte que de la victime, je me demande si, face au tueur de Brittany, je ferai preuve d’autant de sang-froid. A choisir,, j’aimerais autant ne jamais trouver réponse à cette question qui ne m’occupe déjà plus l’esprit. Je ne songe plus qu’à trouver un abri, où Rae et moi nous serons seuls - à défaut d’être complètement en sécurité - ce qui nous octroie le temps nécessaire à ourdir un plan de survie. Par quelle porte quitter le lycée ? La question reste entière, mais ensemble, nous trouverons une solution. Alors, la tirant par le bras pour qu’elle maintienne le rythme, je cours. Je cours sans trop savoir où aller. « Où ? » ai-je utilement demandé, le souffle raccourci, ce qui m’empêche de formuler des phrases entières. Trouver de quoi nous défendre, je sais faire. Imaginer un plan de repli, c’est moins dans mes cordes. C’est celui de ma complice et, à un autre moment, j’aurais souri d’aise de constater, une fois encore, à quel point nous sommes complémentaires.
2014 « Impatiente ! ». Et ça ne lui ressemble pas vraiment cette impatience à Stacey. Mais peut-être qu’il y aussi un tout qui la rend nerveuse, l’impression qu’elle devrait être plutôt auprès de sa sœur plutôt qu’ici avec lui. Elle est bien trop inquiète pour elle, oubliant sa propre peine, faisant abstraction de celle-ci alors qu’elle souffre tout autant qu’elle. Elle a simplement plus de maturité pour appréhender la chose, mais elle est aussi malheureuse et détruite que Mila. Stacey a déjà perdue une mère dont elle n’a aucun souvenir car elle avait trois ans quand celle-ci a été sauvagement assassinée, tout comme son père et son frère ainé. Et voilà que le sort semble s’acharner, sa mère adoptive ayant perdu la vie dans un terrible accident, à cause d’un chauffard qui a simplement fuit les lieux. Elle dissimule beaucoup, peut-être bien trop depuis des semaines, au point que ses nerfs risquent de finir par lâcher. Pourtant, quand elle découvre ce que Freddy lui a réservé, un certain apaisement semble se dessiner sur ses traits. Elle est reconnaissante de ce qu’il fait pour elle, elle est surtout reconnaissante que, ces dernières semaines, il soit là pour elle. Il ne manque pas de l’appeler pour être certain qu’elle va bien, lui demandant si elle a besoin de quelque chose en particulier, prêt à débarquer à n’importe quel instant pour elle. Elle aime savoir qu’elle peut compter sur lui, elle aime savoir qu’il est là pour elle alors qu’elle n’aurait jamais pensé, avant d’apprendre à le connaitre, qu’il pouvait être ce genre de personnes. « C’est ta journée, on fait ce que tu veux aujourd’hui d’accord ? ». Ses mots l’apaisent davantage, son geste aussi alors qu’il dépose délicatement un baiser sur sa main. Elle lui sourit, ses joues toujours légèrement rougies alors qu’ils pénètrent dans le sanctuaire.
Après s’être arrêtés pour récupérer des petits sachets de nourriture pour les kangourous, Freddy et Stacey se dirigent vers l’enclos des kangourous. Un lieu que Stacey a beaucoup fréquenté avec sa famille, des souvenirs remontant à la surface alors qu’ils pénètrent ensemble dans l’enclos. Elle marque un temps d’arrêt parce qu’elle se souvient de la dernière fois où elle est venue ici avec sa famille, ayant l’impression d’entendre au loin l’écho du rire de sa mère alors que Mila s’amusait à faire des grimaces à un kangourou qui la fixait sans réagir pour autant. Stacey se souvient de la lueur dans ses yeux, de l’étreinte qu’elle lui a offerte quand elle est venue la rejoindre alors qu’elle nourrissait un bébé kangourou. La gorge de Stacey se serre, les larmes lui montant aux yeux et pourtant, lorsqu’elle sent le regard de Freddy sur elle, elle fait abstraction de toutes ces émotions et reprend le dessus comme si rien n’était. Alors qu’elle avance alors vers l’endroit où les bébés kangourous se trouvent, elle sent la main de Freddy se saisir de son poignet, l’obligeant à s’arrêter « Tu sais que tu n’es pas obligée de faire bonne figure Stacey ? Je ne suis pas Mila. Il n’y a personne ici. Tu as le droit d’être triste ». Ses mots la touchent encore plus, d’une manière différente cette fois. Elle se perd dans le bleu perçant de son regard et sent alors les larmes lui monter à nouveau. Elle hoche doucement la tête, comme si, soudainement, elle prenait conscience qu’elle avait droit, elle aussi, d’être triste et surtout, de le montrer. « Je sais… » laisse-t-elle échapper alors qu’elle peine à sortir les mots. « Je n’arrive pas… » elle marque une pause alors qu’une première larme coule le long de sa joue « Je n’arrive pas à réaliser, Freddy… ». Elle s’approche alors de lui, sans s’en rendre compte, comme pour manifester ce besoin qu’il l’encercle de ses bras pour la rassurer alors qu’elle a l’impression que le sol se dérobe sous ses pieds, les images de sa mère refaisant surface « Elle me manque… elle me manque cruellement ». Son regard vient à retrouver celui de Freddy alors qu’elle ne parvient plus à contenir une seule de ses larmes qu’elle laisse vagabonder à leur rythme le long de ses joues. « J’ai l’impression… qu’elle est… partout… et pourtant… ». Et pourtant, elle n’est plus là. Subitement, elle a disparu, du jour au lendemain, elle se voit priver d’une mère qui a toujours été là pour elle, qui était son pilier, son modèle, celle qu’elle admirait et qu’elle cherchait à rendre fière chaque jour. Stacey est incapable de poursuivre sa phrase alors qu’elle se laisse aller dans les bras de Freddy.
Le clou tiré par Noah vient se planter dans le crâne du squelette de la salle de science. Celui-ci est armé d'un balai, comme si une mise en scène avait été faite avec lui, exprès. L'adolescent arque un sourcil, perplexe. « Le tueur a vraiment un humour de merde. » Malgré la situation, voir Dani bougonner tire un sourire à l'australien. Même dans un moment comme celui-là, il ne peut s'empêcher de la trouver incroyablement mignonne. Ils entrent silencieusement dans le bureau et se mettent aussitôt en quête des clés. Mais rien. Elles ne sont pas accrochées au porte-clés, pas sur le bureau, pas dans les couloirs.. Impossible de mettre la main dessus. « Elles ne sont pas là Noah ! Je ne trouve même pas le double des clés. » Elle a fait la même constatation et comme lui, elle doit commencer à comprendre que ce n'est vraiment pas bon signe. "On peut toujours essayer le local du concierge ? " Propose-t-il sans grand espoir alors que sa camarade se fige sur place. Ses yeux se posent alors sur la porte et il aperçoit l'ombre. « Noaaah ! » Fait-elle dans un cri étouffé. "Chutt !" répond-il, ne voulant pas risquer d'être repéré par le tueur. Les yeux toujours rivés sur l'ombre, il laisse Dani le tirer et se cache avec elle sous le bureau.
Il sont serrés là-dessous, l'endroit n'est vraiment pas fait pour accueillir deux personnes, mais ils n'ont pas vraiment le choix, s'ils veulent vivre. Les jointures de Noah deviennent blanches tant il serre fort le pistolet à clous. Il n'a aucune envie de l'utiliser sur une vraie personne, mais si il doit faire un choix entre le tueur et eux, ce choix sera vite fait. Pas question de prendre le moindre risque, s'il entre, il se lèvera pour lui tirer dessus. Le bruit métallique du couteau parcourant l'encadrement de la porte arrache un frisson à l'adolescent. Il jette un œil à sa cavalière qui est complètement recroquevillée à ses côtés. Le bruit d'un trousseau de clés qu'on agite retentit, comme si le tueur était en train d'essayer de les attirer. Mais aucun des deux ne bouge. Ils restent là, sans faire le moindre mouvement, retenant même leur respiration pour ne faire aucun bruit, puis au bout de ce qui paraît être une éternité, la porte se referme. Ils ne bougent pas tout de suite, attendant l'un et l'autre de ne plus entendre aucun bruit dans le couloir et enfin, lorsque c'est le cas, c'est avec la plus grande précaution que Noah se relève, en observant bien que la pièce soit toujours vide.
"On a eu chaud." Chuchote-t-il en s'approchant doucement de la porte. Au moment de l'ouvrir, il a une hésitation. Mais puisqu'ils n'ont toujours pas le choix, il prend son courage à demain et passe la tête dans le couloir... Désert. "J'ai rêvé où c'était comme si ce mec secouait les clés devant la porte ?" Il revient au bureau, installe le squelette sur la chaise de bureau à roulette qu'il emmène dans le couloir. "Suis-moi, j'ai une idée." Annonce-t-il, bien décidé à retrouver la personne qui a les clés, que ce soit le tueur ou quelqu'un d'autre. Cependant, l'hypothèse du tueur semble plus probable à en croire les traces de sang qu'il laisse derrière lui. Précautionneusement, les adolescents suivent les traînées. Jusqu'à arriver au croisement avec un autre couloir. Persuadé que le tueur les attend là, derrière, Noah met son plan à exécution. Il fait signe à Dani de rester silencieuse, serre son arme d'une main et jette la chaise avec le squelette en éclaireur de l'autre.
...:
Win : Bien joué, le tueur était bien là et il s’est fait avoir, surpris de vous voir arriver vers lui armé, il s’est retranché dans la bibliothèque. Il est coincé, plus qu’à être courageux maintenant et à l'attraper ! So close : Rien. Nada. Le tueur doit être plus loin, la course poursuite continue. Fail : Le tueur n’était pas là, mais un élève oui. Effrayé par le squelette boulet de canon, il se met à hurler. Maintenant le tueur va savoir que vous êtes là à coup sûr. Vous étiez traqueur, vous allez devenir les traqués.
Elle me flatte, ma petite copine. Aurais-je été un héros romantique au sens littéraire du terme ou un gamin qui manque de confiance en soi que j’aurais pu rougir. Au lieu de ça, je bombe le torse. Je m’enorgueillis et glisse dans une remarque un sous-entendu en lien à notre relation qui, j’en suis convaincu, est taillée pour durer. Je me louange alors la grimace de Raelyn en dit long sur mon idée. Elle n’y croit pas à la possibilité que les couloirs soient vides de l’assassin et que nos bouts de bois puissent nous protéger. Je remercie presque les plombs d’avoir sauté - volontairement sans doute - afin qu’elle ne remarque pas qu’elle m’a piqué au vif. Ce n’est pas le moment de céder à la susceptibilité. Aussi ai-je essayé d’en soigner les conséquences en m’assurant qu’elle a confiance en moi. Elle le confirme : je lui en suis gré et, enfin, nous nous concentrons sur l’essentiel : la fuite et la survie. Nous nous lançons dans le couloir avec prudent, comme Rae nous l’a recommandé. Nous cheminons tous deux lentement et à la manière de deux animaux de proie sur le qui vive. Un bruit nous alerte. Notre imagination nous conduit vers la possibilité que le prédateur approche et, baissé dans le couloir derrière un rangée de casiers, je rassemble mes souvenirs en quête d’une approche prompte à sauver notre peau quand Rae agit. Elle ne me surprend qu’à moitié en jetant sa chaussure pour nous offrir une porte de sortie plus qu’acceptable vers les escaliers. Elle est maligne, ma complice, et sur le palier de l’étage administratif, je suis tenté de nous arrêter pour l’embrasser et la féliciter. Sauf qu’elle a hâte, à juste titre, de quitter les lieux. J’ai à peine le temps de dire OUF que je me retrouve devant le bureau de la direction. « Chef, oui, chef.» ai-je plaisanté, priant pour alléger l’ambiance. J’entends qu’elle soit pesante : nous sommes en danger. Néanmoins, la précipitation ne nous mènera plus tard. Faire trop de vacarme non plus par ailleurs et défoncer une porte, c’est bruyant. Qu’importe, elle cède de ses gonds au bout de mon second essai et la hache est là, juste sous nos yeux. Elle est enfermée dans sa boîte de verre qu’il faut briser avec un objet lourd. D’un regard circulaire, je balaie la pièce du regard jusqu’à trouver l’objet adéquat. L’arme contondante entre les mains, je me sens rassuré, puissant et un immense sourire étire mes lèvres. « Vite. Il faut se barrer maintenant. On a fait trop de bruit, on va attirer l’attention.» J’ai à peine le temps de finir ma phrase que nous sommes hélés par les deux petites frappes du lycée. Deux gosses à la vie merdique qui, habituellement, se tiennent à l’écart des gens comme Rae et moi. Ils préfèrent s’en prendre au plus faible, mais aujourd’hui, plus rien ne compte. « Bravo, Taylor. Donne-là nous maintenant. » Ils rêvent éveillés et je ris de leur audace. « C’est ça ! Allez viens, on se barre. » ai-je intimé à ma petite copine, la saisissant par la main, tout prêt à contourner nos pseudos-assaillants. Ils ne me font pas peur malgré leur dent longue. Quant à Raelyn, elle a de la ressource : ce n’est pas la dernière à sortir les griffes.