avril 2023. fortitude valley.

Vous êtes partis de la villa de Jeremy pour atterrir dans un endroit seulement avec vous deux. Tu adorais la villa de Jeremy. C’était grand, c’était beau, il y avait une piscine et il y avait Jeremy, le meilleur pote de Jordan que t’adore énormément. Mais voilà, question intimité, ce n’était pas trop ça. Même si Jeremy a été hyper généreux à vous avoir accueilli et que t’as adoré te balader en bikini pour le voir bavouiller, il était temps pour Jordan comme pour toi d’avoir de nouveau quelque chose à vous. Et c’est grâce à une autre âme généreuse de ton côté cette fois que c’est possible. L’appartement d’Asher vous accueille, ce dernier ne l’ayant pas mis en vente par un miracle quelconque mais qui tombe à pic.

Voilà donc quelques jours que vous êtes dans l’appartement qui est un peu en désordre et beaucoup en mode camping. Vous savez que c’est provisoire donc il y a encore des cartons emballés dans la chambre d’amis, ce n’est pas beaucoup décoré et il y a des meubles dans les coins et près des murs qui attendent patiemment que tu leur rendes une deuxième jeunesse. Après tout, il faut remeubler et tu adores retaper les objets. Rien ne se perd, tout se transforme ; la seule chose de tes cours de chimie que t’as retenue.

Ce jour-là, un des voisins est venu te voir car il y avait trop de bruit venant de ton local en cours de rénovation. T’étais tellement soulée que t’es partie après qu’Alistair t’ait ramené quelque chose à grignoter le midi. C’est vraiment trop, il est bien trop gentil mais tu ne vas pas cracher dans la soupe. Seulement, quand tu rentres, t’avais oublié un détail ; Maritza. Et l’oubli de ce détail te fait entrer en ronchonnant, particulièrement de mauvaise humeur, et en faisant voler ton sac et tes chaussures à travers la pièce. “Quel connard, sérieux.” Tu ne vas pas t’en remettre. Il y a des fois comme ça où un rien te rend furieuse. Puis tu vois une veste que tu ne reconnais pas dans l’entrée, ce qui t’arrête tout de suite dans tes mouvements. Tu jettes un coup d’oeil à la pièce mais tu ne vois personne. Ce n’est pas très grand chose alors tu attrapes la première arme que tu trouves, à savoir une lampe, au cas où. “Y’a quelqu’un ?” Que tu demandes en t’approchant du milieu de la pièce, hésitante entre aller dans une des chambres ou la salle de bain. Au final, tu vas rester où t’es, prête à tabasser l’intrus.

@maritza gutiérrez

Seulement, ce qu’elle voit pétrifie un peu plus Birdie sur place. Une brune qu’elle ne connait pas avec un couteau en main. What the fuuuck ??? Elle a assez regardé de documentaires true crime pour se demander tout de suite si elle n’est pas en train d’en vivre un là maintenant tout de suite. « Miss Birdie ? » Miss Birdie ? Les yeux de cette dernière font du ping pong entre le couteau et le visage de la femme, le coeur tambourinant alors qu’elle lève un peu plus son arme - aka, sa lampe. “C’est quoi ce bordel ?!” Qu’elle crie presque, prête à défoncer le visage de l’intruse. C’est flippant à souhait et Birdie n’est pas dans un état où ses pensées sont forcément rationnelles, elle qui arrivait déjà énervée, voilà qu’elle en train de connaitre la plus grande flippe de sa vie. « C'est pas ce que vous croyez ! » “Mais vous êtes qui et pourquoi vous avez un couteau alors ?!” Birdie a un mouvement de recul quand l’intruse lâche ledit couteau, qui n’atterrit dans aucun pied par chance.

Les mains en l’air, l’intruse a l’air apeurée quand même. Mais Birdie garde sa lampe en l’air car on sait jamais, ça peut être un acte. Ca s’est déjà vu des meurtriers à l’apparence inoffensive. « Je suis Maritza... C'est moi qui m'occupe du ménage. » Maritza ? Pourquoi ce nom lui évoque quelque chose ? Puis tout d’un coup… Elle se rappelle. Jordan lui a parlé d’une Maritza qui remplace son ancien homme de ménage. Et là, c’est le plus grand soulagement de sa vie alors qu’elle abaisse les bras et donc la lampe. “Oh putain. J’avais oublié. Jordan me l’a dit.” Qu’elle affirme en passant une main sur son visage en soupirant. De soulagement surtout. “Vous m’avez fait tellement peur, bordel. Mais en même temps, vous vous baladiez avec un couteau!” Qu’elle rétorque en pointant du doigt l’arme en question. “Qui accueille les gens avec un couteau dans les mains ?!” Birdie en vient à se demander si Jordan la connait vraiment bien, cette Maritza. Si c’est une professionnelle, elle devrait savoir qu’on ne fait pas ça. Encore moins pour accueillir ses patrons chez eux, bordel. Son coeur est encore en feu, l’oiseau a vraiment eu la frousse.

« Une femme de ménage peut-être. » C’est qu’elle fait du sarcasme, la dame, non ? Birdie soulève un sourcil ; elle vient d’avoir la flippe de sa vie et son interlocutrice a l’air de se moquer d’elle. Passivement mais elle l’entend bien dans ce sens-là en tout cas. “J’en doute quand même.” Il n’aurait plus manqué que la musique d’un film d’horreur et là, le scénario aurait été encore plus compliqué. En tout cas, si c’est l’accueil qu’elle fait à ses patrons quand ils rentrent chez eux, Birdie devrait peut-être en parler à Jordan… Puis elle se rappelle que c’est une amie de Maria. L’un n’empêche pas l’autre ceci dit. « Je suis désolée. J'étais en train d'essuyer la vaisselle quand vous êtes arrivée. Je... Je n'ai pas pensé que cela pourrait être mal interprété. » Birdie reprend une inspiration avant de balayer la main dans les airs. “Heureusement qu’y avait pas de musique d’horreur. Ca aurait fait une sacré histoire.” La flippe augmentée à mille pourcent, c’est certain. L’oiseau en est bien rassurée quand même.

« Vous permettez que je le ramasse ? » Les prunelles claires de Birdie vont automatiquement au sol avant de secouer vivement la tête. “Oui oui, bien sûr.” Et puis si elle meurt, et bien ça sera son destin tragique, voilà tout. En tout cas, ça a eu l’effet de lui faire oublier son énervement de tantôt. “Je sais pas s’il est trop tard pour ça mais je suis Birdie.” Elle tente une présentation approximative même si Maritza se doute bien de qui elle est. “Ca doit pas vous prendre trop de temps pour faire tout… Ca. C’est vachement plus petit comparé à l’ancienne maison de Jor.” Birdie fronce du nez. “Mais c’était pas vous chez Jor.” Non, c’était un monsieur, chez Jordan. Tu t’éparpilles. “Bref, vous avez peut-être envie de finir pour partir rapidos. Ce que je peux comprendre.” Elle qui n’aime pas faire le ménage trouve les gens qui vivent de ça admirables.

« Oh non, pas de film d'horreur. C'est toujours l'étranger qui meurt en premier. » Birdie ne peut que la croire. “Ah ? J’en sais rien, j’en ai pas beaucoup vu.” Elle n’aime pas vraiment les films d’horreur. Trop de sang, trop de morts, trop de flippe. Elle préfère voir des dessins animés. De loin. Donc tous les clichés des films d'épouvante, l’oiseau ne les connaît pas. Elle ne cherche pas à les connaitre non plus. Ce n’est pas un sujet qui l’intéresse et quand elle ne s’intéresse pas, elle s’en fout. C’est aussi limpide que ça.

« Enchantée, Maritza. » La Cadburn hoche la tête. Jordan lui en avait parlé. Elle a oublié, évidemment. Par contre, elle se rappelle aussi et maintenant que c’est une amie de Maria. C’est un point très important. Même si ça passe bien avec la belle mère de Jordan après quelques barrières tombées, ça reste cependant une des personnes dont l’opinion et l’aval comptent. Sans compter mais qui compte quand même. Ce n’est pas clair. Mais Birdie sait. Elle ne veut simplement pas revenir dans les mauvaises grâce de Maria Mendez. Ne serait-ce que par la figure maternelle qu’elle représente vis à vis de Jordan. « Oui, Jordan m'a expliqué que son ancienne maison était plus grande mais que l'appartement n'était que temporaire. » Birdie hoche rapidement la tête alors qu’elle remet ses chaussures correctement dans l’entrée - et c’est bien parce qu’il y a Maritza. “C’est un bon dépannage mais j’ai déjà hâte de partir d’ici. J’suis plus habituée aux petits espaces.” Ce qui est bien vrai. C’est cosy car c’est Jordan et Birdie mais c’est aussi étroit. Pour des gens qui avaient l’habitude d’avoir son espace à lui chacun où ils pouvaient se réfugier chacun de leur côté, c’est dur. Même pour eux qui aiment être ensemble, ils aiment aussi être séparés. Pour le bien être de leurs esprits. Le manque crée l’envie, répète Birdie.

« Je suis désolée, je vais faire au plus vite. » La jeune femme secoue une de ses mains en allant s’affaler sur le canapé. “Prenez votre temps.” Elle a pas conscience que ses propos auraient pu être interprétés de ce sens là. « Je ne pensais pas que vous rentreriez à cette heure-là, si j'avais su je me serais débrouillée pour finir plus tôt. » Birdie passe ses mains sur son visage en s’allongeant sur le canapé. “Y’a pas de mal. Pas la peine de s’exciter la nouille. C’était pas un coup de pression. C’est juste qu’à votre place, j’aurai envie d’en finir au plus tôt. J’aime tellement pas faire le ménage… J’sais pas comment vous faites.” Peut-être qu’elle n’a pas le choix, surtout. “Prenez votre temps, je veux pas que Jordan pense que vous faites mal votre travail.” Ca serait surtout toujours mieux que ce que l’oiseau peut faire.

Si Birdie avait gardé les paupières ouvertes, clairement qu'elle aurait pu remarquer à quel point elle agaçant Maritza avec ses propos qui la font allègrement passer pour une petite princesse. Surtout vu le contexte là, avec la femme venue pour nettoyer l'appartement pendant que la plus jeune est affalée dans le canapé. Mais elle aussi a eu sa journée. Plutôt ennuyante et qui a plutôt mal fini. Chacun ses problèmes. « On ne fait pas toujours ce qu'on aime dans la vie. » Birdie fait la moue, les yeux restant fermés, haussant les épaules. “J’pense qu’on pourrait mais qu’on veut pas.” Enfin, elle dit “on” mais elle pense aux gens en général. Ne s’incluant pas forcément elle-même. Elle travaille pour vivre, elle ne vit pas pour son travail. Quand on voit la liste de ses jobs, il est clair que Birdie n’est pas du genre à s’éterniser dans le travail. A part pour celui de Miss Météo, parce qu’il était fun jusqu’à ce qu’elle s’ennuie fermement. Il est clair que la Cadburn n’est pas du genre à faire quelque chose qu’elle n’aime pas.

« Je fais toujours correctement mon travail. » “J’en doute pas une seule seconde.” Birdie n’a pas l’air de se rendre compte que son interlocutrice a été vexée par ses propos qui étaient pourtant loin d’être méchants. « Ça va faire du bruit... » Et là, elle se redresse pour voir Milady s’échapper dans une des chambres avant de voir Maritza avec son aspirateur. “Ah. Ok.” Franchement, ça, elle aurait préféré que ce soit déjà fait. En tout cas, elle a l’air embêté car elle n’avait pas prévenu de rentrer et de devoir subir le bruit de l’aspirateur. “Bon, je vais en profiter pour aller me changer.” La voilà qui se lève puis qui se dirige vers leur chambre. Heureusement que l’espace n’est pas trop grand. Maritza devrait avoir fini tout ça en deux deux. C’est pas si sale que ça.

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Birdie file dans sa chambre, autant pour se changer réellement que pour faire comme son chat et fuir le bruit assourdissant de l’aspirateur. Les dernières péripéties de la journée lui ont foutu un mal de crâne alors ce n’est pas le moment d’avoir le vrombissement de cet engin de malheur en plus dans ses tympans. Elle l’entend quand même et ça la fait grimacer. Même si elle n’a pas envie de faire paraître Maritza en trop - alors qu’elle fait simplement son travail - il n’empêche que Birdie aurait aimé être tranquille dans cet appartement trop petit à son goût. La princesse de la campagne est aussi devenue une princesse de la ville ; fini les squats où elle a traîné ses pattes, elle est habituée aux villas et aux maisons. L’appartement est pratique au vu de la situation mais clairement, elle a hâte qu’ils partent le plus rapidement.

« Birdie ? » Cette dernière flattait son chat pour l’apaiser aussi un peu, Milady ayant l’aspirateur en effroi dès qu’elle le voit, quand elle entend son prénom qui la fait se lever dans un soupir lourd. “Oui ?” qu’elle demande en essayant de ne pas paraître trop blasée. Elle a juste envie de se foutre dans le noir, au calme et une compresse sur le front. « Je sais que je suis là pour faire le ménage, mais il y a des limites. » Birdie regarde ce que la femme de ménage lui tend ; une de ses culottes. “Oopsie.” qu’elle formule avec un léger sourire. “Me dites pas que c’est la première fois que vous trouvez un sous vêtement par terre.” L’oiseau n’y croit pas. Si c’est une professionnelle et qu’elle fait bien son travail, elle doit sûrement trouver des trucs de dingue. « J'ai terminé, il faut que je fasse quelque chose d'autre ? » Comme si elle ne l’avait pas entendu, Birdie sourit. “C’est quoi le truc le plus fou que vous avez pu trouver chez un client ?” qu’elle demande subitement, dans la continuité de son esprit que Maritza ne peut entendre. “Pas une pauvre culotte, j’espère.” Elle la met dans sa poche, elle ira la mettre dans la corbeille juste après. “Vous devez voir de sacrés trucs parfois.” qu’elle ajoute, pensive.

« Bien sûr que non mais j'ai passé l'âge de ramasser ce genre de choses sans rien dire. » Birdie pourrait presque se sentir coupable ou gênée. Cependant, le premier critère est réduit à néant sous le fait qu’elle est chez elle et qu’elle ne va pas se sentir coupable de vivre comme elle le vit, quitte même à laisser des sous vêtements. D’ailleurs, celui-ci a forcément été laissé à l’abandon suite à des effusions inopinées du couple des lieux. Vraiment pas de quoi en rougir. Quant au deuxième critère, la gêne, voilà un mot qui n’a jamais fait partie du vocabulaire de la jeune femme. Elle ne sait pas ce que c’est car elle se fout simplement de ce que l’on peut penser d’elle. Encore plus quand ça se passe sous son toit. Alors elle s’en fiche royalement de ce que la femme de ménage peut bien penser - et ce n’est pas une question de prétention ou de supériorité. Birdie se considère comme libre de faire ce qu’elle veut où elle veut quand elle veut tant que ça ne nuit à personne. Et une culotte qui traîne, ce n’est sûrement pas la pire chose que Maritza ait pu avoir vu.

« Des vers. » Comme ça, par exemple. La femme tourne les talons pour aller chercher quelque chose avant de revenir. Birdie la voit faire un signe vers le canapé, une serviette dans les mains. Est-ce qu’elle avait deviné qu’elle avait les tempes attaquées par des marteaux piqueurs ? En tout cas, la Cadburn ne se fait pas prier pour s’allonger. Pas certaine que c’est ce qu’une femme de ménage est censée faire. « Dans un plat oublié dans un four. C'était abominable. Une véritable colonie d'asticots. » Birdie grimace ; non pas sous l’effet du tissu qui se pose sur son front et qui est une véritable petite bénédiction, mais sous l’image que les paroles de la Mexicaine lui crée dans sa tête. “Meeeh. Même moi, j’ai jamais fait ça.” Elle est tête en l’air mais elle ne sait pas cuisiner donc ça évite ce genre d’oubli désagréable. « Maintenez ça. » Birdie sent sa main être posée sur la serviette ; pour un peu, elle aurait l’impression d’être une poupée que Maritza est en train de manipuler à sa guise. Puis cette dernière lui prend l’autre main pour commencer à l’y masser sur un point précis. « Les asticots et... Le siphon de l'évier bouché par des dizaines de préservatifs usagés. » “Mais quelle horreur. Vraiment une cache pitoyable.” Après tout, elle se doute bien - ou elle espère bien - que ce qu’il y avait dedans était plus poudreux que liquide. Dans les deux cas, ça la dégoûte assez pour grimacer fort. “Comment vous faites pour supporter ce genre de choses ?” Qu’elle demande en rouvrant les yeux. Elle est sincère dans sa question. Personne ne devrait s’infliger de devoir nettoyer la maison d’autrui ; ce n’est pas dégradant mais c’est pénible, chiant et physique. “Comment vous connaissez Jordan déjà ? Par le biais de Maria, c’est ça ?” ajoute-t-elle dans ses questions car elle ne serait pas Birdie Cadburry si elle n'enchaînait pas les interrogations.