« Je me tire si tu continues à poser des questions. » okay, donc, c’est sérieux. La relation est sérieuse, le “quelqu’un” qu’il voit est réel - même si tu ne peux pas te demander si c’est pas un cyborg parce que vraiment, pour faire craquer Asher, ce n’est forcément pas un humain, si ? - et le fait que tu le gonfles est tout aussi réel. D’habitude, tu ne poses pas de questions et il t’en demande pas trop en retour. Mais ça, c’est quand c’est un sujet sensible. Quand ça attise la négativité. Quand l’un est au point de mort cérébrale, l’autre est là pour le soutien physique et mental mais sans jamais rien demander parce qu’on ne veut pas remuer le couteau dans la plaie, pas plus que l’on veut raviver des sentiments et émotions que l’on veut tapisser, étouffer, ignorer.

Mais là, on parle d’une relation. Romantique vraisemblablement. Quelque chose d’heureux. Une source de joie. Même si t’as aucune conception de l’engagement. Encore moins de la fidélité. Un jour, peut-être, quelqu’un te montrera comment on fait. Mais ce n’est pas encore fait, ce n’est pas encore arrivé. Pas pour toi mais pour Asher, si. Tu veux bien accepter qu’il veuille garder ça dans l’ombre - quand bien même ça te vexe et ça te froisse qu’il ne te fasse pas assez confiance pour t’en parler. Mais il pourrait au moins réagir à sa connerie autrement qu’en mordant. T’es fatiguée. T’as pas la patience alors tu le lâches. Il t’a mise de mauvaise humeur en une simple phrase, en un simple ton, en plus du sentiment de contrariété que son silence crée. “Très bien. Tu connais la sortie.” Toi, tu te diriges vers la cuisine pour un verre d’eau. Tu vas finir par noyer tes poumons à force. Tant pis. Si ça peut aider à ravaler ce que tu ressens, tu prends. Tu devrais être contente pour lui mais à cause de lui - tu persistes et tu signes - t’agis un peu trop sur le moment mais t’es frustrée, t’y peux rien. Frustrée et épuisée. Parce que tu l’aimes, cet idiot, et que lui, il ne veut pas partager quelque chose qui pourrait lui donner un semblant de goût à la vie. Tu mériterais de lui balancer ton eau à la figure - non.

“ Très bien. Tu connais la sortie. ” Pas un pour attraper l’autre. Tu soupires de l’entendre snap de la sorte mais tu lui as fait la même Asher. Tu t’attendais à quoi ? Des sourires et des excuses ? Tu ne sais juste pas comment lui en parler sans en parler vraiment. Tu la vois se détacher et s’éloigner en allant dans une autre pièce. Tu fermes les yeux, pose ta tête contre le dossier du canapé. Fais chier… Tu ne bouges pas. Tu réfléchis, tu cogites. Quelle est la meilleure marche à suivre ? Comme souvent tu fais une liste mentale des bonnes et moins bonnes idées. Les moins bonnes qui sont généralement celles que tu trouves les plus attrayante. « Birdie… » Tu l’appelles de là où t’es. Tu sais pas trop ce que tu espères mais comme tu ne sais pas ce que tu comptes faire, si c’est elle qui bouge. Elle qui vient s’excuser de sa réaction. Tu ne comptes pas partir en la laissant contrarié. Vous avez parfois la capacité à passer à autre chose en changeant de sujet et ignorant le moment mais tu sais que cette fois ça ne marchera pas. Tu soupires encore une fois avant de décider à te lever pour aller la rejoindre. Tu te cales dans l’encadrement de la porte. Tu sais que tu n’es pas le bienvenue sur son territoire de retraite. « C’est une vraie personne. » Ton coeur qui bat fort parce que elle autant que les mots que tu lui dis ont beaucoup d’importance pour toi. C’est tellement de nouveauté dans absolument tout ce qui constitue ta relation avec Levi. Comme ça te coûte déjà beaucoup de lui avoir céder une réponse à sa question, tu te détournes. « Je t’enverrai le jour et l’adresse du show en message. » Car tu es à présent sur le départ en direction de la sortie comme elle te l’a indiqué. T’as vraiment pas la tête à t’engueuler avec elle. Tu as répondu à sa question, ça sera la conclusion de ton passage chez elle ce soir.

« Birdie… » Qu’il compte pas sur toi pour bouger de là où t’es. Tu peux être aussi butée que lui quand tu le décrètes. Et là, tu n’as pas même pas besoin de réfléchir ; t’es aussi conne que lui, tu te mets à sa hauteur. Que tu penses en tout cas. Tu mérites un peu plus de considération, est-ce que c’est trop demandé ? Est-ce que ça lui arracherait vraiment la tronche de juste jouer le jeu ? Ce n’est pas comme si t’avais demandé ton prénom, son âge, son métier, tout ce qu’il peut le caractériser. T’as rien demandé de concret, en somme, alors Asher peut aller se faire voir s’il pense que tu vas revenir et que tu vas t’excuser. Tu n’as rien à t’excuser, de ton point de vue. « C’est une vraie personne. » T’étais tellement dans tes pensées oisives que t’as même pas remarqué qu’Asher n’est pas parti. Non, il se tient sur le seuil de la cuisine et il a la délicatesse de ne pas venir en terrain ennemi. Good. C’est une vraie personne. Good bis. Même s’il vient de répondre à sa question, ça vient trop tard.

Tu dis rien, respectant tout de même ce qu’il vient de te dire - donc non, pas de cyborg ou de mouton mutant - mais ça te passe aussi un peu au-dessus de la tête. Il l’aurait dit dès le début, il aurait joué le jeu dès le premier lancé de dé, que t’aurais été ravie pour lui. Tu n’as jamais caché que tu ne veux que son bien-être, que son bonheur, voir ses yeux bleus qui pétillent d’une lueur que tu connaîtras sûrement jamais. Tu le veux pour les autres, t’as fait ta paix avec toi-même pour ça. Tu ne le cherches pas alors qu’Asher en a comme besoin. Mais là, tu te contentes de regarder le plan de travail en buvant ton eau sans lever tes yeux vers lui. « Je t’enverrai le jour et l’adresse du show en message. » Tu ne réagis pas plus. Tu sais juste qu’il te quitte avec une atmosphère lourde et pesante, que t’aimes pas ça mais que tu fais rien pour le dissiper. Tu laisses Asher t’échapper en même temps qu’un soupir de tes lèvres quand la porte claque. T’as le coeur serré en fermant les yeux avant d’aller reposer docilement le verre dans le lavabo. Sinon, tu risqueras de vouloir le jeter à travers la pièce alors que tu n’es pas censée être aussi impétueuse après ton voyage.

Welcome back, Birdie.