Elle avait promis. L’oiseau avait dit qu’elle viendrait pour donner son dû à sa charmante petite nièce toute baveuse adorée. C’est son premier Noël alors forcément que les petits plats doivent être mis dans les grands. Birdie et Zoya sont des passionnées de Noël, leurs années de colocation n’ont fait que prouver que l’une autant que l’autre souhaitait que leur petit bout à elles soit le plus lumineux et le plus féérique de tout le cosmos. Cette année fut un peu différente ; non seulement Birdie a son bout de paradis maintenant avec un grand blond qui la laisse sereinement décorer sa maison comme le plus grand sapin de Noël ever, mais en plus, la brune n’était pas franchement à la fête. Elle ne l’a pas rappelé, elle ne l’a pas contacté, elle a joué la morte (encore une fois) ; autant dire que Birdie peut être accusée de beaucoup de choses, mais pas d’être passive. Seulement, là, la charmante petite teigne made in Lewis l’avait profondément déçu à ne pas avoir été là pour elle quand elle en avait besoin. Alors que son oiseau d’amie est restée sur les pieds sur terre pour la supporter à chaque instant de sa grossesse, de ses doutes, d’aides et, hell, même de son accouchement, voilà que quand c’est elle qui a besoin d’aide, il n’y a plus personne.

Autant dire que Birdie avait un minimum d’amour propre et même si elle aime Zoya profondément car elle fait partie de sa famille, cela n’est pas toujours une excuse ni une raison pour retrouver ses bonnes grâces et s’applatir face à elle. Zoya semblait perdre le nord (enfin, tous les points cardinaux, soyons honnêtes) mais encore faudrait-il qu’elle se rappelle qu’elle n’est pas le centre du monde. Si Birdie n’est pas habtiuée aux problèmes de couple pour n’avoir jamais vraiment été dans un (ce point est discutable), elle pourrait être encore moins habituée au dédain de son amie qui a été d’un mordant sans égal face à sa détresse. Et cela, elle ne pourra lui pardonner en revenant vers elle comme si rien ne s’était passé.

Alors quand la jolie brune a décidé qu’il était temps de donner signe de vie, sa blondasse d’amie a été un peu grinçante. Oui, elle s’excuse, mais quand même. Ce n’est pas suffisant et son sarcasme pour l'accueillir en fut la preuve. S’en suit la lassitude, les reproches puis les bords qui s’arrondissent car évidemment que Zoya s’est encore tirée - dans un endroit paradisiaque, en plus, elle fait chier, elle aurait pu l’emmener dans ses valises. Vient naturellement l’inquiétude et voilà que le froncement du lion se forme sur son joli visage de poupon. Les choses semblent se remettre en place entre elles, mais certainement pas pour Zoya.

Chose promise, chose dûe donc, voilà que la tempêtueuse petite lutine préférée du Père Noël, affublée dans un costume digne d’un elfe du bonhomme rouge, jusqu’aux chaussures à pompons et au chapeau vert avec le bout à grelos (sans oublier la petite tenue rouge et verte, jusqu’aux collants brillants rouge) - autant dire qu’elle ne passe pas inaperçue. Son paquet dans les mains, revenue d’Elimbah la veille avec Jordan, le coeur allégé par une douceur extrême - il faut dire qu’il n’y a rien de plus extra que de voir ses proches s’émerveiller (ou pas) de leurs cadeaux, voilà qu’elle se plante sur le seuil de la porte où elle frappe trois petits coups distincts - les sonnettes, c’est pas très magique. “Youhou, j’avais dit de laisser une fenêtre ouverte mais je suis pas encore Spiderman, malheureusement, je grimpe pas les murs, j’avais zappé ce détail.” qu’elle dit avec la voix joyeuse.

@zoya lewis

Ce qui est étrange en premier lieu est le silence qu’il y a derrière la porte. Puis l’absence de décoration sur la porte du loft qui te crie dans les rétines comme un malin petit souffle d’air désagréable. Il n’y a rien de bon dans ce que tu analyses rapidement, et le silence qui perdure quelques secondes paraît être une éternité. Ce n’est pas normal ; Zoya est ta jumelle brune par excellence, avec un bébé en plus et des années en moins, mais l’excitation à cette période est la même. Aurais-tu oublié les messages envoyés, la détresse que perdure sur les épaules de ton amie depuis plusieurs semaines ? Tu n’es pas aveugle mais Zoya réussit avec brio à tirer des flammes de sos sans pour autant s’attendre à ce qu’on lui vienne en aide. Un peu comme toi - non, toi, tu es encore plus discrète. Enfin, quoique. La technique de la fuite pour aller voir si l’air est meilleur ailleurs, tu l’as déjà testé et approuvé. C’est bien pour cette raison que tu ne peux pas blâmer ton amie de faire pareille. Tu n’es pas hypocrite à ce point. Mais ça te fait chier qu’elle ne te prévienne pas pour t’embarquer. Même pour quelques jours, Zoya trouvant toujours les meilleurs spots du monde ; sûrement un radar, un nez qu’elle doit avoir dans son système de photographe professionnelle.

Mais tu aurais pensé - pense ? - qu’elle aurait gommé ses inquiétudes pour les fêtes et transmettre à sa fille le bonheur de son premier Noël. Tu es toi-même très excitée de voir les yeux de Chloé pétiller - déjà que tu as été privée des festivités avec elle tout le mois suite aux caprices de Zoya. Car tu n’as pas l’adresse du père, tu n’as qu’une figure, qu’un visage associé à un nom et que le reste n’est que brouillard. Tu n’as pas l’étoffe maternelle mais ça t’a agacé de ne pas savoir où était Chloé. Ne serait-ce que pour pouvoir être sûre toi-même. Non, ce n’est évidemment pas ta gosse mais tu étais là pour la grossesse, les échographies et même l’accouchement ; tu ressens un attachement profond avec cette gamine. Et en plus, c’est celle de Zoya. Même si cette dernière s’enfuit constamment de sa charge parentale, tu sais très bien qu’elle l’aime à en crever, sa gamine. Elle n’est juste pas encore très adroite dans sa façon de gérer les choses - se gérer elle-même, surtout.

« C’est ouvert ! » elle ne vient même pas t’ouvrir mais tu es une grande fille alors tu fais une irruption tout en “oh oh oh” gros et rauque, alors que tu n’as certainement pas la taille ni la corpulence pour faire office de père Noël. Cependant, au lieu de trouver un lieu festif surplomblé par le plus grand des sapins du monde, des lumières partout, une Zoya enjouée et une Chloe émerveillée, c’est un lieu triste, morne, sans rien accroché, et une Zoya au sol, entre la table basse et le canapé et… Tu entends ton coeur qui se brise de la voir si repliée, tenant sa peluche avec force - celle de Chloé, tu la reconnais parfaitement. « Chloe … Chloe n’est pas là, Bird… » tu n’as même pas besoin de parler pour que la brune te donne une information qui t’interroge. Elle t’avait informé avoir confié sa fille à son père. Mais comment ça se fait que Chloe n’est pas là, maintenant que Zoya est de retour ? “Qu’est-” « Freddy… Freddy ne veut pas… que je la vois… Il… » Freddy… Freddy, tu ne le connais pas mais il t’agace déjà. Naturellement que le paquet est jeté sur la table alors que tu te précipites près de la brune. A genoux en face d’elle, tu la prends dans les bras sans plus de cérémonie. “Je t’avais dit qu’il avait le droit d’être fâché. Mais ce n’est pas une raison pour la tenir hors de toi.” non, Birdie, première étape, la réconforter car elle pleure, Zoya, et tu as horreur de voir tes proches pleurer. Même si Zoya a ses fautes et ses défauts que même toi ne pourrais pas excuser, tu as envie de dépeucer Freddy morceau par morceau pour lui faire subir ça. Tu la berces gentiment, déposant un baiser sur son front. “T’es clairement plus grande mais les berceuses et nounours fonctionnent à tout âge.” tu essaies de faire un peu d’humour pour détendre légèrement l’atmosphère - ou au moins faire en sorte que Zoya se calme un peu pour que tu puisses gratter plus d’informations. Tes doigts coulent dans ses cheveux et tu finis par relever son visage pour passer ton pouce contre sa joue et ôter toutes ces vilaines traces sur ses joues. “Toi qui trouvais que j’étais pas attrayante la dernière fois… C’était pas un défi pour que tu fasses la même.” tu souris légèrement en la tenant toujours près de toi. “Tu veux un chocolat avec plein de chamallows ? Et de la cannelle ? Ou tu préfères du thé ?” tu connais bien les lieux, tu peux lui faire ce qu’elle veut si ça peut lui apporter un peu de réconfort. Et surtout l’état nécessaire pour te dire ce qu’il se trame. Chaque chose en son temps et ta priorité là est le bien-être de Zoya.

C’est face à ton amie au bout du rouleau que tu te trouves. Noël est passé et au lieu que la pièce soit remplie de festivités et d’odeurs et de couleurs, c’est triste à en mourir. Mais le pire, le point central est Zoya. Zoya au sol, Zoya abattue, Zoya en pleurs. Zoya n’ayant pas la tête à la fête, ni même la tenue allant avec. Il n’y a pas de rire, pas d’éclat, par de biscuits faits pour la saison. C’est beaucoup trop calme à tes oreilles et c’est alarmant car ton amie n’est pas silencieuse, elle n’est pas discrète et Chloé de son jeune âge l’est encore moins. Tu subis un effet kiss cool affreux, passant de la joie débordante au désarroi le plus total, l’incompréhension sur tes traits qui déforme ton visage avec des sourcils froncés et la bouche perdant de son si joli sourire. Tu es près de ton amie, évidemment que tu vas être en train de la prendre dans tes bras. Evidemment que tu vas tenter d’utiliser des armes basiques, comme l’humour et le chocolat pour l’apaiser mais tout retombe comme un soufflé. Ils sont rares, les moments comme celui-ci où Zoya perd complètement pied. Elle ne sourit même pas à ta boutade, bien au contraire. Tu te sens un peu désarmée car si ça ne fonctionne pas, tu ne sais pas quoi faire. Mais rester, c’est bien aussi. Insulter ce Freddy est aussi pas mal. C’est ce que tu fais joyeusement dans ta petite cabosse. Tu ne veux pas lui jeter la pierre mais un mur entier de pierre. Tu tentes de te maitriser car pour l’instant, Zoya a besoin de toi. Et c’est bien parce que tu la vois aussi misérable que t’as envie d’aller planter un pieu à ce petit playboy des magazines qui s’est trouvé un instinct de père quelque part entre son caviar et le string des stripteaseuses. Ou alors il fait ça simplement pour emmerder Zoya et c’est encore pire.

« Non… » non, elle ne veut rien, alors tu ne bouges pas. Tu n’aurais bougé que si elle l’avait souhaité, voulu, demandé mais visiblement, rien de ce que tu peux préparer ne la contentera. Tu n’oses imaginer ce que c’est que d’être mère mais ton attachement envers Chloé est profond. Ne pas savoir exactement où se trouve la gosse ne te rassure pas. « Je veux… je veux ma fille, Bird’. » et elle se met de nouveau à pleurer en s’effondrant dans tes bras. Tu la berces contre toi, tes doigts dans ses cheveux. "Ça va aller, Zoya…” chaque larme que ton amie déversée est un pique dans ton petit coeur mou, et aussi une raison de plus pour retourner tout Brisbane afin de retrouver la trace de ta nièce préférée - pour toi, et surtout pour Zoya. Ton regard est planté derrière la brune mais tu ne vois que la façon dont tu peux arriver à ce but précis. « J’ai été stupide… je n’aurai jamais dû faire ça… Je pensais que c’était le mieux à faire pour elle… Je suis nulle, Birdie… nulle ! » pour preuve de ses propos, la pauvre peluche se prend le mur - non, ce n’est pas le koala qui devrait valdinguer, mais ce Freddy, qui doit voler à ce moment même tellement que ses oreilles doivent siffler et tournoyer. “T’es pas nulle. Tu fais du mieux que tu peux et c’est déjà beaucoup.” contrairement à Trent, tu as une opinion plus nuancée sur le comportement de Zoya dans son rôle de mère. Souvent vous n’êtes pas d’accord, souvent vous vous embrouillez comme deux parents face à des techniques d’éducation différente (quelle ironie, franchement) mais tu te plais à croire que tu es la plus apte à comprendre Zoya, même si tu n’as jamais été mère (dieu merci). Vous n’en avez pas l’étoffe, tu l’avais prévenu mais voilà que le mal est fait. Zoya a été là, elle a tenu bon mais voilà qu’elle a fini par craquer. Oui, c’est moche, oui, c’est nul, oui c’est irresponsable. Mais au moins, maintenant, elle se rend compte à quel point elle l’aime, sa gosse.

Tu observes la brune passer ses mains sur son visage au milieu de ses larmes et tu as le coeur gros de la voir comme ça. Ce n’est tellement pas ta Zoya, ça. « Il ne veut rien entendre… J’ai essayé de le joindre, j’ai été jusqu’à me rendre à nouveau chez lui… Il m’a claqué la porte au nez et m’ignore. » évidemment. Elle t’avait prévenu, elle te l’avait dit. Mais sachant que tu ne connais pas ce type, tu es totalement biaisée. Tu n’aimes pas savoir Chloé avec un type qui écume les bars et qui enchaîne les coups d’un soir. Au moins, avec Zoya, tu as l’assurance qu’elle s’en soucie vraiment, malgré ses écarts. Mais tu n’as pas confiance en ce Freddy. « Il n’a pas le droit de m’en priver… » tu secoues la tête à la négation. “Tu es sa mère. Evidemment qu’il n’en a pas le droit! Oui, tu as commis des erreurs. Ce n’était pas très malin d’être partie comme ça sans prévenir mais tu le sais déjà. Tu es partie deux fois, tu es revenue deux fois, et c’est ce qui compte. Freddy n’est qu’un petit spermatozoïde parmi tant d’autres.” Zoya te regarde avec ses yeux embués et tu replaces tes doigts dessous pour ôter les nouvelles traces des larmes qui ont coulé. « Je ne sais plus quoi faire… » “Tu veux que j’aille le voir ? Tu sais que j’en suis capable.” pour tes amis, pour Zoya, pour Chloé, t’es capable du pire comme du meilleur. Même aller défoncer une porte d’un inconnu s’il le faut pour récupérer un bébé. “Pourquoi tu as laissé Chloé à ce type en premier lieu ? Pourquoi pas moi ou Trent ?” puis tu as le front qui se fronce sous tes paroles. “Quoique Trent a peut-être assez joué les babysitters, mmh.” celui-là même qui t’avais envoyé un message pour savoir si tu étais derrière les disparitions de Zoya - comme si je la laisserai partir sans moi dans ses bagages. “Il faut que tu te battes pour elle, Zoya. Tu ne peux pas rester là à attendre que ça arrive. Est-ce que ce Freddy prend soin d’elle, au moins ? Est-ce qu’il veut assumer son rôle de père ou il cherche juste à te faire chier ?” car si c’est le dernier point (qui est le pire), ça va brûler dans la chaumière. “Il faut aussi que t’arrête de disparaître comme ça, Zolo. Je sais ce que c’est de se sentir étouffée mais il faut que tu fasses un effort. Pour toi et pour Chloé.”

« Non, je n’ai pas fait de mon mieux, Bird… J’ai baissé les bras beaucoup trop vite. » Evidemment qu’elle ne va pas prendre en compte tes paroles. Ton amie est en détresse totale et surtout, oh surtout, elle est convaincue d’être la pire mère du monde. Tu ne dirais ou penserais pas cela, mais il est clair qu’il doit exister de meilleurs représentants parentales que Zoya. Cependant, tu doutes que ce Freddy, playboy à ses heures perdues, soit autant à la hauteur. Tu n’as rien d'autre à faire que de la laisser profiter de tes bras et de tes épaules pour se reposer, le temps que l’accalmie passe et que la brune reprenne ses esprits. Il faut qu’elle reprenne ses idées parce qu’il est certain que rester à pleurer sur son sort n’avancera à rien.

« Ça n'y changera rien… » elle dit ça parce qu’elle ne t’a pas vu à l'œuvre. Mais quand tu veux quelque chose, tu peux vite l’obtenir car t’es de nature chiante et pénible. Ce n’est pas une petite starlette qui va t’impressionner. Le sentiment est d’autant plus vrai que voir Zoya dans cet état te brise le cœur. Tu as toujours eu horreur de voir tes proches dans le mal et là, c’est clairement l’état actuel de la jolie brune d’habitude si trépidante et souriante. Tu l’avais senti que cette grossesse, cet enfant, cette maternité allaient être compliquées. Ce n’est pas comme si ce n’était pas prévisible mais tu n’as jamais vu Zoya aussi pitoyable que ces derniers mois, voire cette dernière année. L’ascenceur émotionnel a été beaucoup trop intense et tu constates toujours un peu plus les ravages de son choix, ce qui est en train de te révolter intérieurement. Non pas contre ton amie mais contre celui qui l’a rendu comme ça. « Je l’ai supplié, Birdie… J’ai tout essayé… Il m’a dit que j’aurai dû y réfléchir avant de la laisser avec lui… » mais ça, quiconque connaît Zoya sait que réfléchir ne fait pas partie de son vocabulaire. Tu es plus compréhensive car tu es comme elle. Vous vous ressemblez terriblement et même si tu la critiques, si demain tu es enceinte, est-ce que ton choix serait le mieux ? Tu ne peux que deviner et faire des hypothèses - tu sais seulement ce que tu ne veux pas. Et un marmot dans les pattes n’est clairement pas dans ta priorité. « Il se prend pour je ne sais qui pour prendre une décision pareille, décider pour notre fille en pensant la connaître mieux que moi alors qu’il ne l’a que depuis quelques semaines… » ton dos se pose contre le canapé derrière vous alors que Zoya commence à parler et tu vas chercher sa main pour la tenir car tu sens qu’elle est en train d’exploser un peu plus. Tu préfères qu’elle fasse ça ici et avec toi plutôt que de faire une énième connerie qu’elle continuera à regretter plutôt qu’éviter de faire. « JE LE HAIS ! Si tu savais à quel point je le hais, Bird’ ! » toi aussi tu le hais. Tu ne le connais pas mais tu ne l’aimes pas. Tu gonfles ta poitrine comme si c’est toi qui vient de parler, restant incroyablement silencieuse face aux mots de la brune. Elle vient de te donner les armes et surtout son aval pour que t’ailles lui mettre le feu au cul. Littéralement. Cependant, tu serres sa main dans un geste compréhensif. “Je sais.” que tu murmures doucement.

Avant de lui demander pourquoi Freddy, pourquoi elle lui a laissé Chloe, pourquoi elle n’a pas demandé à elle ou un de ses frères ou sa famille proche ? « Parce que je pensais que Chloe méritait d’être au moins avec un de ses deux parents… J’avais si peu d’estime pour moi dans ce rôle à ce moment-là, que je me suis dit que ce type, qui reste malgré tout son père, serait toujours mieux que moi dans ce rôle de parent… » tu ne peux pas lui donner tort ni raison. Tu ne peux pas non plus proclamer “je te l’avais dit” car ce n’est pas juste ni le bon moment. Tu es la spectatrice de son breakdown et au final, même si ça te fait mal au coeur, tu es ravie que ce soit avec toi. Tu as l’impression que Zoya garde trop pour elle et qu’elle éclate toujours comme il ne faut pas. « … et je me suis dit qu’il méritait lui aussi de la connaître … » tu soupires légèrement mais secouant la tête mollement. “C’est tout à ton honneur.” tu affirmes au cas où elle en aurait besoin. Même si tu te demandes comment la révélation s’est faite et surtout, comme Freddy s’en occupe. « Je ne sais pas, Birdie… » elle ne sait pas. Elle ne sait pas comment Chloe se porte. Tu essaies d’éviter de montrer une certaine exaspération mais tu n’en penses clairement pas moins. Ca, c’est clairement une erreur de sa part. « Comment je peux ignorer comment elle se porte ? » tu l’observes se recroqueviller de nouveau, sa main n’étant plus dans la tienne ; tu l’utilises pour masser ton front et tenter de ne pas la secouer pour la réveiller. Tu n’aimes pas ne pas savoir comment Chloe va. Ce n’est pas ta fille mais parfois, tu peux l’oublier vu que tu as été là pour toutes les étapes. “Tu vas me donner un moyen de le contacter, Zoya. J’en ai rien à faire si je dois trouver par moi-même mais faut savoir comment Chloe se porte. On peut pas rester là à se poser des questions. T’es sa mère, bordel.” tu retrouves la parole pour hausser le ton, aussi bien pour rouspiller contre Freddy que contre Zoya, même si ça, c’est plus subtile.

« Je le sais, Bird’… Je ne veux plus vous décevoir… » non. Non, non et non. « Pardon encore une fois, Birdie. » tu te pinces l’arête du nez avec un léger soupir d’exaspération - celui-là, tu ne le retiens pas. Voilà que Zoya attrape tes mains et tu relèves la tête avec lassitude vers la jolie brune qui a les yeux désolés et embués. « Tu m’as manqué… et… » elle joue sur les sentiments, tu pourrais presque la traiter de garce si elle n’était pas déjà dans un état aussi misérable. Ou alors ça la ferait sourire ? « Trent me manque aussi… J’aurai… j’aurai dû vous en parler… Vous dire que je n’allais pas bien au lieu de vous tourner le dos… » tes prunelles ne quittent pas les siennes, alors que tu lui lances un silencieux “tu aurais dû”. « Pardon… » “Si tu t’excuses encore une fois, je te jures que je passe par la fenêtre, traîneau ou pas traîneau.” tu dis ça sur le ton de l’humour mais la pensée est sincère. “Je comprends pas pourquoi tu persistes à ne pas venir nous voir. On t’a quand même faite accoucher. Je pense que Trent et moi sommes les mieux placés pour avoir ta confiance et que tu oses te tourner vers nous quand ça ne va pas.” tu espères seulement que ça ne va pas se renouveler car si jamais c’est le cas et qu’elle se tire encore une fois, tu as bien peur que toute l’affection que tu lui portes ne suffira pas à contrer la déception qu’elle peut faire ressentir à ce moment-là. “Les excuses ne suffiront plus un jour.” que tu dis avec une sincérité impeccable.

« Il habite à Spring Hill… à Water Street… numéro 301. » c’est qu’elle te balance néanmoins le numéro, l’adresse, le quartier. Elle qui disait non, voilà qu’elle a carrément changé son jugement - ou alors, c’est la bienséance, mais là, il est clair qu’il n’y a pas besoin de cela entre vous. C’est une preuve de faiblesse en soi d’accepter l’aide d’autrui mais tu ne t’avoues pas vaincue ; tu sais ce que c’est que d’avoir besoin d’aide et tu n’es jamais la dernière à aller désosser de vulgaires humains si c’est pour le plaisir de tes proches. Tu es complètement révoltée et abattue de voir ton amie de la sorte. Vous ne vous êtes pas vues sous de bonnes conditions, ces derniers temps, et ça commence à t’agacer fortement. Tu n’aimes pas savoir que la brune n’est pas heureuse, encore moins en période festive, de fêtes et d’amour où le sourire est censé être présent, ainsi que la famille. « Assure toi au moins que Chloe va bien… Et qu’il en reste ainsi… » tu ne sais pas qui tu as envie de secouer ; Freddy pour se permettre d’agir comme il l’a fait ou Zoya pour être aussi molle et ne pas se montrer plus féroce. Il n’y a pas l’instinct maternel qui est censé prendre le dessus, faire surgir la sauvage en elle, la fauve protectrice de ses petits ? Freddy n’est qu’un détail dans l’équation. Il n’est que le donneur de spermes. Il n’était pas là. Il ne sait rien. Et Zoya ne sait pas plus comment se porte Chloe. Tu es agacée. Y’a rien qui va. Cela te conforte dans l’idée qu’être parent est beaucoup trop de soucis. « J’ai peur qu’il puisse finir par fuir avec elle, pour vraiment m’en priver définitivement… » tu la regardes comme si un troisième oeil lui poussait sur le front - tu n’espères pas qu’elle est un don quelconque de double voyance, car tu n’aimes pas sa vision des choses à ce moment précis. « "Tu la verras plus jamais". » tes poings se serrent en même temps que toute ton énergie négative menace d’exploser. “J’ai l’impression qu’il ne va pas entrer dans mes bonnes grâces, celui-là. Tu t’es occupée d’elle pendant neuf mois dans ton ventre et presque un an depuis qu’elle a vu le jour. Outre le fait de ne pas avoir été foutu de penser à mettre une capote, il sert à quoi ? Je ne le connais pas mais rien que voir sa tête sur le net, ça me… Il aurait pu être mignon mais j’ai vraiment envie de le frapper. Genre petit con qui enchaîne les bimbos. J’en ai connu un du même gabarit. Ça ne vaut rien, ces trucs-là.” tu as fini par te lever pour faire les cent pas car tu sens que tu as besoin d’évacuer. Tu ravaleras ta colère plus tard. Tu auras tout le temps de méditer sur l’aide que tu peux apporter à la brune toujours coincée au sol. Pour l’instant, tu passes tes mains dans tes cheveux en regardant Zoya avant de te baisser de nouveau à sa hauteur sur tes cuisses, ta main sur la sienne. “Je te promets que tu la reverras, okay ?” une promesse est toujours dangereuse à prononcer et encore plus à croire mais tu vas réussir. D’une façon ou d’une autre.

« J’avais honte ! » tu fronces légèrement des sourcils en redressant et éloignant ton buste ; si Zoya compte t’attaquer, ça ne va pas fonctionner. Elle n’est pas en position de force là. C’est elle qui a des excuses à avoir. C’est elle qui a abandonné tout le monde, encore. Au moins, toi, tu ne l’as fait qu’une fois et tu as appris de ton erreur ; Zoya continue à répéter toujours le même schéma. Tu essaie d’avoir foi en elle mais ça devient de plus en plus compliqué vu qu’elle s’entête à vouloir te donner tort. « J’avais honte, Bird… J’ai bien trop usé de la gentillesse de Trent, au point de lui tourner le dos quand il m’a jeté à la figure toute mon irresponsabilité, alors que j’aurai pu tout simplement le reconnaître et me taire. » Trent a toujours été trop gentil mais tu as toujours été rassurée de le savoir dans les parages de la brune ; au moins, contrairement à vous deux, il est peut-être chiant et ennuyeux comme la pluie, mais son jugement est sûr. C’est un papa, il a les gènes et l'expérience qu’il faut. Il est aussi plus posé, plus sage, plus responsable que vous deux réunies. Et surtout, tu sais qu’ils tiennent l’un à l’autre comme toi tu tiens à Will et ça te brise un peu le coeur de savoir que Zoya s’est totalement détournée de lui. « Il a suffisamment à penser avec ses propres problèmes, avec ses propres enfants sans que j’en rajoute avec les miens…» tu bascules de nouveau ton flanc contre le canapé sans quitter Zoya des yeux. “Qu’est-ce que tu veux dire par ‘lui tourner le dos’ exactement ?” un point essentiel car tu tiques, tu t’interroges, tu crains aussi. Un peu. Quelqu’un qui tourne le dos n’est pas un concept inconnu à tes yeux mais tu veux comprendre si Zoya est sérieuse ou non. Si ce n’est qu’un caprice passager ou autre chose. Elle est aussi imprévisible que toi - seulement, tu ne pourrais pas passer deux mois sans ton meilleur ami.

« Ça n'a rien à voir avec la confiance que je vous accorde… Mais je sais déjà l’opinion que vous avez sur moi tous les deux, parce que vous avez tout simplement raison, ce rôle de mère n’est pas fait pour moi… Et que j’aurai peut-être dû t’écouter quand tu m’as dit de reconsidérer mon choix… » là, tu soupires en massant ton front tout en secouant la tête. "Ça sert à rien de me prouver que j’avais encore raison. Chloe est là, Chloe est vivante et Chloe fait partie de ta vie maintenant. Inutile de passer à ce que tu aurais pu faire. Tu dois penser dans le futur. A ce que tu vas faire. Pour faire mieux. Et pas seulement en tant que mère mais aussi en tant que femme.” tu pinces ta lèvre avant de sourire légèrement. “Regarde, je suis en couple. Je pensais que c’était pas pour moi et pourtant, ça me plaît beaucoup. Il faut juste savoir se calibrer, avancer, réfléchir et faire des concessions. Et ne pas hésiter à appeler à l’aide quand y a besoin.” tu essaies d’alléger doucement l’atmosphère mais voilà que Zoya a de nouveau la tête dans ses mains. « J’ai voulu agir seule, parce qu’à mes yeux, il n’y avait plus d’issues… » idiote. « J’aurai sûrement même encore plus abusé de vous… » tu passes ta main sur son épaule que tu caresses doucement. “J’aurai préféré que t’abuses de moi plutôt que tu fuis. Regarde le résultat.” Chloe n’est pas là, elle n’est pas présente pour célébrer son premier Noël avec sa mère - et toi - et le loft est dans un ennuyant profond et morne. « Je le sais, Birdie. Je ne partirai plus, Birdie. Je ferai tout pour récupérer Chloe… Et plus jamais je ne lui tournerai le dos. » tu prends une profonde inspiration car les mots sont forts et tu veux t’y raccrocher du mieux que tu peux. Tes bras passent autour du cou de ton amie que tu attires vers toi dans une étreinte sincère et affectueuse. Ta main caresse ses cheveux et tu embrasses le sommet de son crâne avec une tendresse honnête. “Je veux te croire, Zoya. Faut que tu prouves que t’en es capable. Je suis sûre que tu peux être une mère extra. Il faut juste que tu te laisses une chance. Et que tu laisses une chance à Chloe. Elle n’a pas à être un dommage collatéral.” et encore moins être une monnaie d’échange ou de pression stupide de la part de l’acteur. Oh que tu vas en faire de la farce pour cochons, celui-ci.

« J’ai besoin de la retrouver. » alors tu essaierais de mettre vos chances de votre côté pour une fois. Il faut renverser la tendance, le plus tôt sera le mieux. Pour Zoya et pour Chloe. Les intérêts de la gamine sont importants, mais ceux de Zoya le sont tout autant. Tu n’espères pas qu’elle s’y attache par souci de contradiction parce qu’elle ne l’a pas à cet instant précis. Non, ta bonne voix fait taire la mauvaise ; Zoya n’est pas très adroite mais elle fait les meilleurs efforts du monde. Non, elle fera les meilleurs efforts du monde. Tu préfères croire qu’elle a encore une bonne marge de progression à venir parce que pour le moment, ce n’est pas encore ça. Ce n’est pas non plus une surprise mais qu’importe. Le passé est passé, Chloe est là et il n’y a pas de machine en arrière possible. Elle a la preuve qu’elle la veut et qu’elle y tient, à sa gamine. La soustraire à sa vie ne serait qu’une malheureuse erreur qui lui vaudrait d’être blâmer par beaucoup de gens. Dont toi. Elle s’est mangée assez de pavés comme ça pour les mois à venir. Tu l’espères en tout cas.

« Je lui ai dit qu’il ne me verrais plus et que je ne lui demanderai plus jamais rien, comme ça, il pourra mener sa vie tranquille sans que je sois dans la sienne à lui pourrir… » tu soupires en passant ta main sur ton visage. Qu’elle peut être idiote sous l’effet de la colère. Encore pire alors qu’elle est dans la faute et dans le faux. Trent t’a fait porter la faute de son départ en un message et cela n’a pas aidé à ce que l’entente s’améliore. Non pas que tu détestes Trent, loin de là. Il n’y a rien à détester chez lui et c’est bien là le souci. Tu ne comprends pas comme un type aussi droit et discret peut être ami avec Zoya. Mais t’imagines qu’on se dit pareil de toi et Will - seulement, Will n’est pas aussi droit et encore moins discret que Trent. « Et j’ai tenu ma parole… Depuis début novembre, je ne l’ai plus recontacté… Et encore moins pour lui dire que j’ai merdé… » tu m’étonnes qu’elle ne soit pas allée s’en vanter, la brune. Tu n’es pas fière d’elle, loin de là ; la valeur de l’amitié est aussi importante que celle de la famille, et qu’elle ait pu balayer son meilleur ami de la sorte pendant autant de mois, ça te dépasse carrément. Certes, tu as balayé Will de ta vie pendant des années compliquées de ton existence mais les situations sont différentes. “Putain, Zoya…” que tu souffles malgré toi dans un ton dépité. Tu n’es pas surprise, malheureusement, mais tu es déçue, quand même.

« J’ai été stupide… » ça, ce n’est pas toi qui vas la contredire. Ce n’est pas pour rien que tu ne répliques rien, que tu lui balances même que les excuses ne seront plus suffisants et que la corde commence à être de plus en plus tirée, de plus en plus fine et qu’il y a un moment, si elle ne remonte pas, ça finira par casser. Et là, la chute risque d’être très brutale. « Je le sais… Je veux la protéger, je veux être cette mère extra pour elle. » elle s’est levée pour aller chercher la peluche. « Je ne ferai plus cette erreur, plus jamais. » tu finis par te lever mais seulement pour te poser dans le canapé - il était temps. “C’est tout ce que j’espère aussi.” pour tout le monde car franchement, ça plombe l’ambiance, tout ça. « Tiens… » elle te tend un paquet et tu oses un sourcil. « J’ai pris ça pour toi. » tu n’aurais pas pensé qu’elle t’aurait offert quelque chose vu les circonstances. Il y a deux paquets ; un avec des bijoux et l’autre avec des soins. Les deux te font sourire alors que tu relèves des yeux toujours surpris vers Zoya. « Comme ça Jordan et toi pourrez prendre soin l’un de l’autre. » tu as le sourire qui pointe le bout de son nez et tu te lève pour aller la prendre dans tes bras. “Merci, Zoya. C’est gentil d’avoir pensé à moi.” et encore plus de s’être rappelée que tu avais un Jordan dans tes environs proches. Comme si ton amie commence enfin à l’accepter, ça aussi. Cette réflexion te rend le coeur aussi mou que ses cadeaux. Il ne t’en faut pas beaucoup pour être émue, après tout.