Les nouvelles vont vite en Australie, encore plus à Brisbane. Lorsqu’un tournage à lieu dans le coin, les informations ne mettent pas bien longtemps à arriver aux oreilles de Dinis. Il sait toujours à qui parler, il sait toujours où trainer. Il a ses contacts, son petit réseau qui grandit un peu plus chaque semaine, chaque mois. Il a beau être dans le collimateur de bon nombre de Messieurs dames du Showbiz, il est encore bien dans les petits papiers des éditeurs, des rédac chefs de sites internet ou de revues people. S’ils ont des infos, s’ils veulent des clichés, ils savent qui contacter. Cette fois, il avait été envoyé à l’adresse d’un restaurant qui avait été privatisé pour l’occasion. Surement l’indication d’un des serveurs qui avait pris la réservation. Dinis avait attendu toute la soirée devant ce restaurant, il avait bien tenté d’y entrer, mais les quelques gorilles qui se trouvaient devant l’en avaient empêché. Si t’as pas d’invitation, tu restes sur le palier.

Qu’est-ce qu’ils foutent bordèle ? Ça commence à être bien long c’t’histoire et si c’est pour avoir trois clichés de viandes saoulent à la sortie d’un restaurant, ça va pas être rentable cette histoire. J’étais prêt à dégainé, l’appareil sous le bras, mon zoom bien réglé et une vision nocturne au top. Tout était parfait pour rester en planque et ne pas me faire griller tout de suite. Les vigils m’avaient à l’œil et m’avait fait comprendre que je n’avais pas à trainer dans le coin. Après avoir été jeté de force à quelques mètres du restaurant, j’avais préféré ne pas faire le malin. Les coups, ça fait toujours un peu mal et si je peux gagner pas mal de ronds face à une starlette du petit ou du grand écran, contre eux, qui sont complètement fauché, ça en vaut pas la peine. Alors j’reste en planque, à l’affut du moins petit mouvement.  « Tiens donc. » le sourire s’élargit sur mon visage, ma moustache vient même titiller mon nez et me fait faire un mouvement avec ma main pour venir me gratter. « Qu’est-ce-que tu fous là, Harris. » je l’attendais pas ici celle-là. Quand on parle de fric, en voilà une qui m’avait permis de me prendre un nouveau canapé et une belle voiture. Quelques clichés sont pris à distance et j’ai ce qu’il me faut pour avoir l’équipe du tournage au complet. Ils seront contents, les magazines de pouvoir annoncer en avance un casting.
Quant à Harris, je me charge d’elle personnellement, c’est bien trop tentant pour ne pas aller la voir directement et jouer de ses nerfs. Vu l’heure, elle doit avoir picolé un peu. Je sors de ma cachette, évite les hommes en noirs qui font l’guet devant le resto, je change rapidement les réglages de mon appareil pour que le flash attire son attention. Je mitraille. Et voilà qu’elle reconnait l’homme derrière l’appareil. Jouissance absolu. Elle est folle de rage. « Ce n’est pas possible ! Qu’est-ce que tu fous ici ? Tu me stalke même en Australie maintenant ? » je baisse mon arme et lève les yeux au ciel. « Vous avez un vrai problème, les starlettes. Vous croyez toujours qu’on est là pour vos beaux yeux et rien que vos beaux yeux. » J’avais aucune idée qu’elle serait dans l’coin. Mais quelle belle surprise. « C’est le pur hasard. Et tu sais quoi, je crois que rien n’arrive jamais au hasard. » Aller, encore un petit cliché pour le plaisir. « Cheese! »

Ma mission pour la soirée est accomplie et maintenant, j’allais pouvoir faire durer le plaisir. Harris, si facile à titiller, si facile à faire monter en pression. Je crois que le simple fait de voir mon visage lui suffira à attraper un zona. Elle me vomit et qu’est-ce que c’est drôle à voir. Après tout, je lui avais permis de faire un peu de place sur ses comptes, l’argent ne dort jamais et bien grâce à elle, c’était plus vrai que nature. Ou grâce à moi. Bonne question. Après tout, c’était bien le fruit de mon travail qui me permettait, de temps en temps de gagner quelques billets et de renflouer les caisses. « Je peux te retourner la question, je vois que tu n’as toujours aucune fierté à te faire de l’argent grâce aux intrusions que tu fais dans la vie des gens. » aucune fierté ? Un petit sourire vient se loger là, juste en dessous de ma petite moustache bien aiguisée. Il n’y a rien qui me rend plus fier que mon métier, rien qui me rend plus fier de la place où je me trouve à ce jour, de ma renommée dans le milieu. « T’as la rancune tenace, Harris. » parce qu’on se le dise, bien sûre qu’elle m’en voulait en un sens de lui avoir « volé » son coming out, mais, entre nous, elle n’arrêtait pas de crier haut et fort qu’elle était lesbienne depuis et je suis sûre, que je n’ai fais que l’aider à accéder au bonheur. Plus tôt que prévu, peut-être, mais qui sait si elle se serait lancée un jour ? Aller, Harris, remercie-moi.
Mes yeux sont fatigués mais se trainent jusqu’aux poings serré de la blonde. Son agressivité maitrisée, il manquerait plus qu’elle me saute dessus à nouveau pour m’en coller une. Le sourire qu’elle déteste tant ne fait que s’agrandir encore un peu. Ca en deviendrait presque ennuyant tellement c’est facile. « Parce que tu vas me faire croire sincèrement que tu es ici pour photographier des fleurs ou le serveur qui sort de sa fin de boulot. Je ne peux vraiment pas croire que tu es là. » je lève les yeux au ciel, elle fait exprès de ne pas comprendre blondie ? Bien sûre que je suis dans le coin pour la petite soirée qu’elle vient de quitter, mais non, je ne savais pas qu’elle serait de la partie. Ca méritait bien une petite photo. « Tu ne m’auras pas deux fois Dinis ! Je ne t’offrirais pas la même satisfaction que la dernière fois, tu peux me croire. Il va falloir emmerder quelqu’un d’autre si tu veux t’acheter une nouvelle voiture » je recule quand même mon appareil, pour qu’elle ne l’abime pas trop, si l’envie lui disait de s’attaquer à mon matériel, elle est féroce, l’actrice. « Une voiture, non, ça ira, je voudrais pas abuser en en changeant tous les deux ans. Mais maintenant que tu le dis, c’est vrai que les roues mériteraient d’être bientôt changées elle… » une petite claque et on en parle plus. « Je suis prêt à tendre la joue. » je lui lance un clin d’œil avant de pencher mon visage vers elle et pointer du doigt là, où elle pourrait venir m’en coller une. « Devant témoins, c’est toujours mieux. » mais je ne lui apprends rien, elle savait très bien de débrouiller seule pour se mettre dans de sales draps. Je m’amuse, je m’amuse mais je m’amuse bien seul, on dirait. Elle n’a pas l’air de vouloir rire Harris. « Je te raccompagne ou tu rentre toute seule comme une grande ? » bien sûre qu’elle va prendre un taxi, que ma proposition ne l’intéressera pas.

« Parce que tu crois peut-être que j’allais te remercier pour ce que tu m’as fait ? Pour le culot que tu as eu de me coller au procès au cul. » et pourquoi pas ? Il semblerait qu’elle mène une vie absolument merveilleuse depuis ce fameux coming-out. C’est du bullshit ces histoires, après tout, si elle avait pas le courage de se lancer, je l’ai simplement aidé à s’assumer. Mon petit regard en disait long, elle savait bien, au fond d’elle que je lui avais rendu service, pas la peine d’être hypocrite avec moi. Quant à ses pulsions incontrôlées, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle. La loi, c’est la loi, interdiction de frapper les gens, la violence, c’est devant la justice que ça se règle. Qu’on ne me dise pas qu’il est interdit de publier des photos volées sans consentement, moi je me contente de vendre mes clichés, ce n’est pas moi qui les publie. Je suis blanc comme neige. « Œil pour œil, dent pour dent. » Regardez bien ce regard, regardez bien comme elle prend sur elle, Haris, elle me deteste, mais j’ai fini par m’y faire, de tous ces gens qui ne m’aiment pas. Aucun complexe, je n’ai de compte à rendre à personne.
« Ha… Ha… Ha… Le pire dans tout ça c’est que tu fais le malin. » si peu. Je jubile, même ! « Je n’imaginais pas que tu avais apprécié à ce point de te prendre une baffe de ma part. Je savais que j’avais marqué ton esprit mais pas au point que tu en redemandes. » L’argent motive chacune de mes intentions. « J’ai besoin d’me refaire un fond de caisse. » que je lance sans aucune honte. Un brin provocateur, à peine. Et je m’attends bien à ce qu’elle m’envoie bouler, lorsque je lui propose de la raccompagner. « Oh non c’est gentil tu n’as pas à te donner tant de mal je suis une grande fille, je peux rentrer seul. Mais qui sait ? Si tu me suis, je pourrais peut-être te coller un procès pour être un stalker. Comme ça tu pourras me rembourser l’argent qui tu m’as volé. » Un rire s’échappe et je manquerai même de m’étouffer. « Tu insinues que la justice fait mal son travail ? » elle le sait bien, Heather qu’elle a pas grand-chose contre moi. Au même endroit, au même moment ne suffisait pas pour appuyer sa plainte. « Tu vas par où ? » j’indique avec mes doigts la droite puis la gauche, peut-être, que par hasard, nous emprunterons la même route. « je t’accompagne au commissariat, si tu veux aussi. »

Au plus grand damn de chacun – parfois du mien aussi – c’était plus fort que moi, je devais toujours avoir le dernier mot. J’ignorais d’où ça venait, ma mère, avec qui j’avais passé la plus grande partie de ma vie, avait, elle, passé la plus grande partie de sa vie à s’écraser et ne jamais répondre à personne. Elle ne m’avait donc pas appris à rebondir et me battre face à n’importe qui. Mon père lui, si je pouvais appeler ça un père, avait toujours fuit la plupart de ses responsabilités, comme un lâche. Peut être avais-je sentie le besoin de devoir me défendre si jamais, je tombais sur des énergumènes en son genre, me promettant de ne jamais être comme ma mère et en même temps, ne jamais être comme lui. Bonne question, je laissais la psychologie de comptoir à qui voudrait me prendre en essai clinique. En fait, non, foutez moi la paix, j’ai pas besoin qu’on m’analyse. La vie est comme ça, j’en ai rien à cirer de trouver des explications pour telle ou telle chose. L’issue était toujours la même de toutes façons, qu’on sache ou pas qui ont est et pourquoi, on finit tous par crever.
« - Demande à une autre star de le faire, je suis certaine qu’elle sera plus heureuse que moi d’être ton problème. » « J’suis quelqu’un de sélectif et difficile. » c’est pas l’honneur de tous de pouvoir être dans ma ligne de mire. Et j’ai beau chercher, je crois qu’elle est celle qui me rend le plus heureux moi, c’est qu’elle rapporte gros, Haris. Mais, on en est toujours là, à remettre en cause une décision prise il y a plusieurs années maintenant, pauvre Heather, passe à autre chose, tu t’en porteras mieux. « Les gens ont tendance à s’attarder sur des broutilles, tu te sentirais mieux à aller de l’avant. Les rancœurs, c’est pas bon pour le cœur. » Ce serait con de faire un infarctus si jeune. Et c’est absolument pas parce que j’continue d’avancer à côté d’elle qu’elle pourrait avoir une hausse de tension, absolument pas non… « Je vais à un bar dans le coin. Pourquoi tu veux venir ? Tu sais à me suivre partout je vais avoir l’impression que ce n’est plus une histoire de travail. Mais rappelle-toi, de ne pas trop te faire d’illusion. Et si jamais… Je préfère appeler la police que me rendre au commissariat, ça rend toujours la chose plus dramatique. » je suis prêt à composer le numéro des services d’urgence pour elle. « Aux dernières nouvelles, il n’est pas interdit de prendre le même chemin que quelqu’un, simple fruit du hasard. » d’ailleurs, pointant du regard mon téléphone, vu l’heure, il était bien temps d’arrêter ces conneries. Elle me rapportera rien de plus pour la soirée Harris et j’commençais à me lasser d’elle. Elle a perdu en mordant, faut croire. « Aller Harris, c’est ton jour de chance, j’commence à m’ennuyer. » qu’elle ne croit pas que ses menaces à deux balles me font dégager. « J’ai l’impression que toi et moi, on sera amené à se revoir très vite. » cette soirée est pas anodines, la série en cours risque de me rapporter ces prochains mois. « A très vite, Harris. » Et Oz s'envole vers d'autres lieux.