« Tu imagines, à la fin de cette activité on se rend compte que ça a été le coup de foudre entre toi et moi, et on décide d’être altruiste ensemble et de ne pas avoir d’enfants ensemble et de faire tout ce qu’on veut parce qu’on a aucune responsabilité, et on mourra main dans la main, ensemble, le même jour, sans aucun héritage à préparer parce qu’on aura aucun enfants à rendre jaloux. » Damn… On dirait un discours que Jordan pourrait lui-même sortir. On mourra main dans la main, ensemble, le même jour. Typiquement lui. En tout cas, ça te choque un peu mais ça te fait surtout pouffer de rire. “T’inquiètes, c’est déjà prévu avec mon partenaire tout ça.” T’as le coup de foudre, vous n’allez pas avoir d’enfants et vous faites ce que vous voulez. Tout ce qu’Archie décrit, tu l’as déjà - sauf tomber en coup de foudre avec lui, voilà qui te semble très improbable. “Par contre, essaie de pas avoir un coup de foudre pour moi, okay ? J’ai pas envie de briser ton pauvre petit coeur.” A supposer que le jeune homme en ait en premier lieu.

Ce dont tu doutes vu sa façon complètement détachée et froide, voire morbide, qu’il a quand il parle de cadavre d’animaux. « On ira demander au serpent de nous recracher le quokka. Il a dû mariner dans son ventre, depuis le temps. La chair sera tendre et juteuse. Je te laisserai la première bouchée. » Tu grimaces fort - aussi bien en pensant au pauvre quokka qu’à l’état de ce dernier. “Heureusement que j’ai pas faim alors.” Pour l’instant en tout cas.

« Tu es pessimiste. »
“Gnia gnia gnia.”

A ton tour de faire preuve d’une maturité d’une gosse de deux ans. Ce que tu dis à du sens, c’est juste qu’Archie est trop fier pour avouer que ça ne sera pas une tâche aisée. Enfin, pas si compliqué que ça finalement vu que tu trouves un refuge où un semblant de feu semble avoir été éteint quelques temps avant votre arrivée. Archie ne perd pas une seconde pour aller frotter ses pierres et, pour ton plus grand malheur, des étincelles se forment pour laisser apparaître un feu. « TU VOIS !!! La magicien Kwanteen reprend du service, disponible pour vos mariages et anniversaires ! » Par contre, rien que le voir danser sa victoire te fait ricaner fort. “Dommage que j’ai pas de caméra, t’aurais atterri dans le bétisier à coup sûr.” Tu prends une gamelle dans ton sac qu’ils vous ont donné avant de partir pour y mettre de l’eau que tu fous sur le feu. “C’est comme ça qu’ils ont dit de faire ? Et c’est quand qu’on peut mettre l’Aloe Vera ?” Après tout, c’est Archie qui a écouté, donc c’est Archie qui doit savoir, pas vrai ?

“T’inquiètes, c’est déjà prévu avec mon partenaire tout ça.” Oh. C’est tout à coup moins fun, cette histoire. Non, il ne s’imaginait pas vivre sa vie avec Birdie, il ne s’agissait que de blagues à aborder avec légèreté, mais il pensait tout de même qu’ils pourraient s’amuser comme deux adolescents le temps de retourner à leur vie normale. Faire une connerie d’inexpérimentés pour se souvenir ça fait quoi de n’avoir aucune responsabilité. Tout change maintenant qu’il y a un épar qui les écarte. “Par contre, essaie de pas avoir un coup de foudre pour moi, okay ? J’ai pas envie de briser ton pauvre petit coeur.” Il secoue la tête, et son visage est passé de l’amusement à la neutralité. « Naaaah, pas de danger. Je ne pense pas que j’en ai un. » Ou, s’il en a un, il s’éprend que trop rarement du moindre intérêt. Il doit être trop froid, ou trop serré dans sa cage thoracique. Il ne bat pas normalement. « Tu aurais pu le dire dès le début, que t’étais en couple, ceci dit. » Il se plaint à mi mot, gardant ses yeux rivés vers l’avant. « C’est une question de respect. » À qui le dit-il ? L’hypocrisie est la plus grande qualité de monsieur irrespectueux. Comme si Birdie lui devait la moindre chose.

Le feu ! Le feuuuuu ! Il est magicien, et il ne se gêne pas pour exprimer sa joie jusqu’à se ridiculiser. Il n’a jamais eu peur du ridicule, le garçon, et même si Birdie le pointait avec une caméra, il prolongerait les pitreries. Il ne célébrera pas moins leur tout premier succès après une longue lignée d’échecs. Birdie s’occupe de mettre l’eau sur le feu et Archie acquiesce avec contentement. Enfin ils ont terminé cette étape. “C’est comme ça qu’ils ont dit de faire ? Et c’est quand qu’on peut mettre l’Aloe Vera ?” Il hausse les épaules. « Ils ont juste dit de mélanger de l’Aloe Vera avec de l’écorce d’eucalyptus et de faire mijoter pendant au moins dix minutes. » Léger silence. Les yeux gros comme des soucoupes, il se tourne lentement vers la jeune femme. « Tu sais… Ça ressemble à quoi un… Eucalyptus ? » Ne me dites pas que c’est à peine le commencement…?      

« Naaaah, pas de danger. Je ne pense pas que j’en ai un. » Tu ricanes brièvement. “Bien ce qu’il me semblait.” Même si tu n’y crois pas ; ceux qui prétendent ne pas avoir de cœur sont souvent ceux qui veulent justement cacher qu’ils ressentent beaucoup trop les choses. Cependant, Archie est un phénomène à lui tout seul, rempli de testostérones qu’il veut étaler à qui veut bien l’entendre - dont toi en ce moment pour une raison qui t’échappe. « Tu aurais pu le dire dès le début, que t’étais en couple, ceci dit. » Alors là, tu éclates d’un vrai rire. « C’est une question de respect. » Qui s’intensifie. “T’avais qu’à demander.” Après tout, tu ne vas pas te définir par ta relation. Mais le principe même de sa réflexion avec tout son être qui se plaint est très hilarant ; incroyable comme ce type peut à la fois te donner envie de le frapper mais aussi de t’intriguer. “Et je dois rien à personne.” T’ajoute naturellement car c’est tout simplement la réalité. Tu n’es pas ton propre chef pour rien après tout.

Merde. Archie a réussi à faire un feu, t’es sûre que tu vas en entendre parler jusqu’à ce que vous finissez l’exercice. Qui va vite s’éterniser si vous ne vous pressez pas un peu le cul. « Ils ont juste dit de mélanger de l’Aloe Vera avec de l’écorce d’eucalyptus et de faire mijoter pendant au moins dix minutes. » Tu commences à chercher l’écorce dont il parle dans ton sac mais… « Tu sais… Ça ressemble à quoi un… Eucalyptus ? » Vous en avez pas. “Merde.” Tu tapes du pied par terre. “T’aurais pas pu le dire quand on cherchait les plantes au lieu de maintenant ? Imagine on doit bouger pour chercher l’eucalyptus ? Byebye ton feu!” Tu râles parce que franchement, pour quelqu’un qui prend le lead, il lui manque encore quelques côtés pratiques. “Et je croyais que t’avais écouté le cours, ils ont pas montré à quoi ressemblait un eucalyptus ?” Tu continues à tempêter, les poings sur les hanches avant de fermer les yeux et de pincer ton nez. “Bon, normalement, si j’me rappelle bien, j’en ai vu lors d’un précédent atelier. Donc je devrai savoir à quoi ça ressemble.” Puis tu les rouvres. “J’ai même appris que l’eucalyptus rend stone. Fun, nan ?” Evidemment. Maintenant, il faut vraiment en trouver dans les environs. “Bon, bouges pas, je vais voir.”

Win : Par bonheur, il y en a à quelques pas. “Eureka, t’as de la chance!” Car sinon, tu lui aurais botté le derrière.

So close : oopsie

Fail : Il te faut bien une marche de quinze minutes pour en trouver. T’espère qu’Archie n’a pas bougé de place. Il faut aussi que tu retrouves ton trajet. Tu mets vingt minutes de plus mais tu reviens à bon port après un détour. “C’est bon, j’ai trouvé.”

“Bien ce qu’il me semblait.” Parfait, il a réussi l’exercice. Il n’aurait pas pu en être autrement, de toute façon, il est un professionnel des apparences. Maître de ses émotions, il les contrôle dans les situations les plus angoissantes. Aujourd’hui il n’aura pas de cœur, et Birdie a mordu à l’hameçon. Sans cœur à briser, il peut naviguer sans inquiétude dans les eaux des relations d’une nuit. C’est dommage qu’il ne puisse pas le faire une énième fois ce soir avec la jeune femme qui lui explique enfin que quelqu’un occupe déjà toute son attention. “T’avais qu’à demander.” Il lève les yeux au ciel, ne lui accordant plus un regard maintenant que le petit jeu de séduction est fini. « Ça tue le plaisir, de briser la glace comme ça. Je préfère que ça se fasse naturellement, et ça t’a pris un peu trop de temps. » Qu’il l’accuse encore. Mais il ne l’accuse pas vraiment, c’est plutôt sa façon de camoufler sa déception derrière des reproches. Comme d’habitude. Elle doit déjà commencer à comprendre quel genre d’huile l’alimente et comment sa mécanique fonctionne. “Et je dois rien à personne.” Nouveau haussement d’épaules pour balayer ce sujet qui ne lui plaît plus. Pas aujourd’hui, les acrobaties périnéales.

Heureusement, il retrouve toute sa fierté lorsqu’il arrive à faire le feu, comme il l’avait prédit. Avoir raison, c’est la raison d’être d’Archie l’irraisonné. Et, quand il a tort, il manipule la réalité pour retourner la table. Danse de la victoire terminée, il revient sur Terre et réalise qu’il manque un ingrédient crucial pour terminer la recette – l’atelier. Nouveau débat qui se terminera sans perdant avoué. “Et je croyais que t’avais écouté le cours, ils ont pas montré à quoi ressemblait un eucalyptus ?” Et nouvel excuse : « J’ai pas une mémoire visuelle. » Ce petit morceau d’écorce qu’ils ont fait passer de mains en mains, il l’a à peine examiné. S’il revoyait le même, il pourrait le reconnaître. Mais, sur un arbre, c’est différent. Il y avait les feuilles aussi, mais celles-là elles n’avaient rien de spécial alors il pourrait les confondre avec un prototype en plastique. “Bon, normalement, si j’me rappelle bien, j’en ai vu lors d’un précédent atelier. Donc je devrai savoir à quoi ça ressemble.” Enfin, elle se rend utile ! “J’ai même appris que l’eucalyptus rend stone. Fun, nan ?” Il lâche un gloussement. Ça c’est une information intéressante. Ces nuits durant lesquelles sa mère tartinait son dos de gel à l’eucalyptus pour lui débloquer les bronches prend un tout autre sens. « J’ai consommé plus de drogues que j’aurais pensé alors. » Il commente innocemment, suspendu au-dessus de son feu pour le protéger des quelques coups de vent. Il acquiesce d’une onomatopée quand elle se propose pour aller en chercher.

Quand elle revient plus tard, il n’a pas cessé de rajouter des branches à son feu pour ne pas le laisser suffoquer. Il s’est confortablement installé à côté sur un tas de feuilles qu’il a empilées. Il a retiré l’eau du feu pour qu’elle ne s’évapore pas toute. “C’est bon, j’ai trouvé.” Il tape ses mains ensemble et lui fait signe de lui donner tout ça. Il fait plonger l’écorce dans le contenant en métal et le repose dans la braise. Il lâche un long soupir rassuré. « Bon. On a plus qu’à attendre, j’imagine. » Se posant un peu mieux, il bascule vers l’arrière, ses bras distendus supportant son tronc. Il pose ses yeux embués sur Birdie. « Alors, si c’est l’amour de ta vie, pourquoi il n’est pas venu avec toi en Enfer ? » C’est ici, l’Enfer. Ils en ont tous les deux payé les frais.

WIN : Une équipe de scientifiques anglaise vient de découvrir une toute nouvelle molécule.  
CLOSE : Quelque part à 20 km de là, un poulet traverse la rue.
LOSE : Archie a la chanson As it was coincée dans la tête.        

« Ça tue le plaisir, de briser la glace comme ça. Je préfère que ça se fasse naturellement, et ça t’a pris un peu trop de temps. » C’est sûrement parce que tu n’es pas une de ces hystériques à se voir que via leur relation en soi même. “Est-ce que j’en conclus que t’aurais tenté un move si j’avais rien dit ? Merde, quelle opportunité j’ai manqué.” Ta question est réelle mais tu l’amortis avec ta deuxième phrase qui est carrément sarcastique. T’aurais été célibataire, ça ne t’aurait pas du temps déranger d’avoir une aventure au milieu de toute cette verdure. Tu aurais toi même chercher à en avoir plusieurs, te connaissant. Mais ce n’est plus le cas au grand drame de la population entière, oui oui.

« J’ai pas une mémoire visuelle. » AH! Monsieur je semble tout savoir avant tout le monde. “Evidemment. Et après, on va dire que c’est moi qui essaie de t’empoisonner.” Si Archie n’y met pas du sien. Surtout pour quelqu’un qui t’affirme avoir suivi le cours. En tout cas, tu déclineras toute responsabilité quelqu’elle soit s’il y en a une à porter. Tu avais prévenu d’entrer de jeu que tu n’avais rien écouté. Trop distraite. « J’ai consommé plus de drogues que j’aurais pensé alors. » Tu plisses tes paupières pour tenter de donner un sens à ces paroles puis tu abandonnes ; qu’est-ce que t’en as à faire de toute façon ? “T’en as déjà consommé ?” Et tu parles de la drogue en général mais tu préfères ne pas le préciser, car y’a des chances qu’Archie ne réponde pas correctement de toute façon.

En tout cas, il est en mode pacha quand tu reviens. Tu le laisses faire la mixture alors que tu te poses à ton tour. « Bon. On a plus qu’à attendre, j’imagine. » Ton nez sur ce qu’il se passe dans la casserole avant de te poser ton dos contre ton sac. “J’imagine que t’as pas entendu combien de temps. On pourra tester sur ta pauvre main tiens.” Même si ça ne démange plus mais on sait jamais. « Alors, si c’est l’amour de ta vie, pourquoi il n’est pas venu avec toi en Enfer ? » T’éclate de rire. “Tu trouves que c’est l’Enfer ? Si c’est ça, je signe de suite.” Ca n’a rien de l’Enfer pour toi. “On est pas obligés d’être collés 24/7 pour s’aimer.” Tu réponds en haussant les épaules. “Ca me fait du bien d’être dans cet environnement et c’est tout simplement moins son truc.” Jordan aime Elimbah mais Jordan aime aussi son matelas. “Et toi, pourquoi avoir offert cette excursion à ta soeur si c’est pas ton truc ?” Clairement, ça se voit ; Archie n’est pas fait pour vivre dans les bois.

“Est-ce que j’en conclus que t’aurais tenté un move si j’avais rien dit ? Merde, quelle opportunité j’ai manqué.” Le ton sarcastique qu’elle emploi lui retire l’envie de lui répondre honnêtement. Il l’aurait fait sinon ; Archie n’a jamais taboué ses désirs. Il aurait pris plaisir à retourner la situation et à transformer cet atelier en anecdote à raconter plus tard. Ce doit être un fantasme qui fait partie de nombreuses listes, faire l’amour dans la jungle. Si on oublie les serpents, les araignées et les plantes toxiques. « Ouais, ouais, c’est ça. » Il bredouille donc, balayant autant l’air que la conversation avec sa main. Il aura le mérite de ne rien forcer.

Nouvel obstacle à cette péripétie qui n’en finit plus : ils doivent trouver de l’eucalyptus. Archie n’avait pas prévu le coup, avait peut-être pensé qu’ils en trouveraient dans le sac à dos mais, hélas, ils devront de fier sur leur mémoire. La sienne fait défaut dans ce domaine-là.  “Evidemment. Et après, on va dire que c’est moi qui essaie de t’empoisonner.” Il pouffe : « C’est déjà arrivé une fois, pourquoi pas deux ? » Autant en faire des vannes s’ils ne veulent pas seulement rapporter de mauvais souvenirs de cette mésaventure. “T’en as déjà consommé ?”  Il l’interroge du regard, pas certain de savoir ce qu’elle sous-entend dans cette question, mais il couine en haussant les épaules : « Tu n’as jamais utilisé de VapoRub ? » Évidemment, il n’a jamais sniffé une ligne de Vicks – et il n’imagine pas la douleur que ça procurerait à son nez, mais il en abuse souvent lorsqu’il est malade.

Enfin, la chance leur sourit : Birdie revient un peu plus tard en tenant en ses mains des morceaux d’écorce. Il ne peut pas s’assurer qu’il s’agit de la bonne plante mais tant pis. Elle passe au bouillon, et désormais ils n’ont plus qu’à patienter. “J’imagine que t’as pas entendu combien de temps. On pourra tester sur ta pauvre main tiens.” Parce qu’il en a marre de voir ses compétences remises en question (et avec raison), il bafouille : « Non j’étais trop occupé à te reluquer, tiens. » Peu importe combien de temps ils attendent, ils en ont à tuer pour l’instant. Autant parler de cette personne qui a, sans le savoir, empêché Archie de réaliser l’un de ses fantasmes. “On est pas obligés d’être collés 24/7 pour s’aimer.” Un concept qu’il comprendrait s’il avait déjà été amoureux. Son expérience est différente. Il s’imagine mal passer 24/7 dans les bras d’une personne, c’est certain. Archie a toujours été très indépendant. Il doit tout à lui-même. “Ca me fait du bien d’être dans cet environnement et c’est tout simplement moins son truc.” Pensif, il observe les bulles bouillonnantes qui fendent la surface de l’eau. « C’est sûrement pas un amour jeune alors. » Il tente, pensant que les nouveaux couples auront plus tendance à tout faire ensemble, de peur de perdre l’autre, par manque de confiance – ou autre.

“Et toi, pourquoi avoir offert cette excursion à ta soeur si c’est pas ton truc ?” Il le regarde à nouveau et crispe son sourire : « Parce que je suis le meilleur frère du monde et c’est ce qu’elle m’a demandé de faire pour son anniversaire. » Il n’y a pas de raisons de creuser plus loin. Il a voulu lui faire plaisir, c’est tout. « Si elle avait été là, j’aurais fait semblant de passer un moment formidable, et je me serais peut-être transformé en Tarzan. Juste pour elle. » Ses sœurs, plus importantes que tout le reste. « Hélas, tu dois supporter Grincheux, et Grincheux il n’a qu’une seule hâte : retrouver le confort de chez lui. »

« Ouais, ouais, c’est ça. » T’as un petit sourire de quoi parce que t’as déjà choisi sa réponse. De toute évidence, il n’aurait pas dit non et t’aurais pu le mener là où t’aurais voulu si tu n’avais pas malencontreusement ruiné son heure avec une telle BomBe. Peut-être que ça lui aurait fait du bien, ceci dit, et toi aussi, faut bien l’avouer. Quatre jours d’abstinence forcée après des semaines dans une sorte d’état dépressif où la libido n’était pas forcément en forme, c’est compliqué pour quelqu’un comme toi. Tu n’as pas vraiment l’habitude, qu’on se le dise.

« C’est déjà arrivé une fois, pourquoi pas deux ? » “La deuxième fois sera de ta faute. Car t’as pas écouté.” Ah. Et toi, Birdie ? La différence que toi, tu as dit dès le début que t’avais rien suivi. C’est Archie qui fait son monsieur je sais tout depuis le début mais à part faire des flammes, il a pas fait grand chose. « Tu n’as jamais utilisé de VapoRub ? » Tu fronces le front. “Non. C’est quoi ?” Tu ne comprends pas que c’est une crème, t’en sais rien, vous n’étiez pas du genre à utiliser des médicaments et toutes ces bêtises pour vous guérir.

« Non j’étais trop occupé à te reluquer, tiens. » Tu fais un large sourire, tu secoues la tête pour donner du mouvement à tes cheveux et tu fais comme si t’étais flattée. “Je me doute, j’en éblouis plus d’un.” T’as bien compris que c’était ironique mais tu joues le jeu car…. Vous n’avez rien d’autre à faire de toute façon. « C’est sûrement pas un amour jeune alors. » T’hausse les épaules. “Même au début, mon partenaire se barrait trois semaines pour le boulot. Pas besoin d’être cul et chemise.” Tu as l’air tatillonne sur ce détail mais simplement parce que tu n’aimes pas qu’on te fasse entendre que ce n’est pas normal de ne pas tout faire avec ton fiancé.e. T’es indépendante, Jordan aussi ; chacun fait sa vie quand vous ne vivez pas la vôtre en commun.

« Parce que je suis le meilleur frère du monde et c’est ce qu’elle m’a demandé de faire pour son anniversaire. » Ah. Donc Archie n’est pas si froid qu’il en a l’air. « Si elle avait été là, j’aurais fait semblant de passer un moment formidable, et je me serais peut-être transformé en Tarzan. Juste pour elle. » Tu ricanes légèrement. « Hélas, tu dois supporter Grincheux, et Grincheux il n’a qu’une seule hâte : retrouver le confort de chez lui. » “Moooow. Pauvre petite chouquette. Le tronc d’arbre sur lequel t’es posé va être vexé.” T’es bête. Mais exactement pour ça que Jordan n’a pas intéressé par l’expérience. Le confort est important pour beaucoup. “Tu peux le faire avec moi. Tarzan. Je donnerai cher pour voir ça. Par contre, faut laisser tomber la chemise et raccourcir le pantalon.” Que tu dis en jouant des sourcils.

Puis, des petites bulles commencent à se faire dans la casserole. Tu te rapproches, le nez en avant et la tête par-dessus. “J’ai l’impression que ça imbibe bien. On pourra l’amener au camp de base.” Bien sûr que le but est de réussir à faire quelque chose qui soigne. Reste à savoir si c’est vraiment efficace ou pas.

Alerte. Alerte. Alerte. Birdie ne connait pas le VapoRub. La bouche d’Archie d’ouvre en gros O, et il la dévisage. « Mais t’es sérieuse ?! » C’est le remède de son enfance, ça et la vaseline, pour calmer l’irritation autour de son nez. Quand il était enrhumé, Archie ressemblait à un troll dégoulinant et ce n’était pas à cause de la morve, mais plutôt à cause de toutes ces crèmes qu’il appliquait. « C’est une crème qui sent fort et qui donne une impression de fraicheur sur la peau. C’est pour dégager les sinus et la gorge. » Il parle comme sa maman, maintenant. « Tu devrais essayer, ça te sauvera la vie lors de ta prochaine grippe. » Et ils risquent fortement de rentrer chez eux avec le nez coulant vue la condition dans laquelle ils se retrouvent.

La définition du couple d’Archie est simple. Son plus grand exemple, et le plus proche, est de celui de ses parents qui sont ensemble depuis qu’ils ont dix-sept ans. Ils se sont mariés jeunes, ont fondé une famille jeune, et avaient réussi le jeu de la vie avant d’atteindre la trentaine. Si l’idée du couple change depuis plusieurs années, Archie continue de n’en voir qu’un format. Alors ça l’étonne de constater que Birdie et son prince charmant n’ont pas besoin de faire toutes les activités ensemble. “Même au début, mon partenaire se barrait trois semaines pour le boulot. Pas besoin d’être cul et chemise.” Alors, naturellement, il est perplexe et il hausse un sourcil, les préjugés prenant le dessus sur son raisonnement : « Et tu es certaine qu’il n’est pas en train de tremper son pinceau ailleurs ? » Elle lui fait confiance à ce point-là ? Ce serait étrange et, surtout, nouveau pour lui. Il n’aurait pas confiance en lui-même pour ça, d’ailleurs, et c’est pour cette raison qu’il est toujours célibataire. Il a besoin de plaire à plusieurs, Archie, sinon il meurt.

“Moooow. Pauvre petite chouquette. Le tronc d’arbre sur lequel t’es posé va être vexé.” Il tapote le tronc en question pour le rassurer, faisant la moue. Puis Birdie renchérit sur son besoin de le voir retirer son t-shirt, le faisant soupirer : « T’as une obsession sur ça. La chemise elle ne tombera pas, en tout cas, pas si la tienne reste. » Ce n’est même plus un défi, rendu là. Il sait qu’il ne se passera absolument rien alors il peut encore préserver son complexe derrière une bouche de tissu. La potion magique s’agite et tous les deux l’observent avec la curiosité d’un chaton qui aperçoit une ficelle. “J’ai l’impression que ça imbibe bien. On pourra l’amener au camp de base.” Il opine du chef à moitié, se mordille la lèvre inférieure et abdique : « Ouais tu as sûrement raison. » Il retire le chaudron du feu en prenant toutes les précautions nécessaires. « Attendons quelques minutes que ça refroidisse sinon on va faire fondre la bouteille. » Elle est en plastique mou, et il se doute qu’il s’agit d’une autre épreuve pour tester leur sens de la logique.  

« Mais t’es sérieuse ?! » Oula, tu as l’impression d’avoir dit la chose la plus aberrante du monde. Alors que non. « C’est une crème qui sent fort et qui donne une impression de fraîcheur sur la peau. C’est pour dégager les sinus et la gorge. » Tu fronces un sourcil car ça ressemble à un truc que ta mère et Aurora faisaient mais sans que ça s’appelle comme ça. « Tu devrais essayer, ça te sauvera la vie lors de ta prochaine grippe. » Tu ballaies la main dans l’air. “T’inquiètes, je survivrai à une grippe.” Il y a des bouquins et des trucs, astuces de campagnard à Elimbah et dans la cabosse de ton aînée pour t’aider si jamais tu chopes un truc dans le coin.

Ce qui risque d’arriver car le temps ne vous épargne pas et que tu n’es pas forcément habillée en conséquence non plus. Mais tu comptes sur ton expérience dans la nature à Elimbah pour avoir la peau forgée contre les intempéries - seulement, permets moi de te rappeler que tu n’as rien d’une super héroîne malheureusement. « Et tu es certaine qu’il n’est pas en train de tremper son pinceau ailleurs ? » Tu glousses légèrement. “Nan, aucune chance.” La question ne se pose même pas. Enfin, à part si on te dit que Jordan a passé ton temps avec Tee, là, le doute pourrait être présent. Mais sinon, t’as tellement confiance en l’amour de ton partenaire que c’est à exclure totalement. Et puis, tu lui as fait la plus belle des déclarations en acceptant d’être sa fiancée, jamais iel te ferait un coup bas pareil. “Trop romantique pour tromper. Je pense même que ça serait plus moi qui sera apte à tromper que lui.” Au moins, t’es réaliste. “Non pas que je veuille le tromper.” Tu rajoutes avec un oeil malicieux envers Archie car lui n’aurait pas dit non, t’en es sûre. Et il en aurait rien à carrer si t’étais en couple non plus - tu sais, t’étais pareille.

« T’as une obsession sur ça. La chemise elle ne tombera pas, en tout cas, pas si la tienne reste. » T’as un sourire de coin. “J’ai l’impression que ça te dérangerait plus toi de la faire tomber que moi.” Tu n’es pas pudique pour un rond, ce n’est pas être à moitié à poil qui te changera vraiment de d’habitude. « Ouais tu as sûrement raison. Attendons quelques minutes que ça refroidisse sinon on va faire fondre la bouteille. » Et vous attendez quelques minutes avant que tu renverses avec concentration la mixture dans la bouteille. “Okay, c’est bon!” Tu te lèves. T’éteins le feu avant de remettre ton sac sur tes épaules. “Ca serait drôle si ça faisait pousser un troisième oeil.” Que tu dis d’un ton enjoué en prenant la direction que tu penses être celle du camp.

“Trop romantique pour tromper. Je pense même que ça serait plus moi qui sera apte à tromper que lui.” Le coup d’œil qu’il lui adresse est battant de cils poudrés d’exubérance. “Non pas que je veuille le tromper.” Tout autant que le soupir, ironique, qu’il laisse s’échapper de sa gorge en reprenant la marche de plus bel. « Le romantisme va tuer l’adultère ! » Des paroles dignes du philosophe autocentré qu’est Archie à temps partiel. Bien sûr qu’il ne pense pas ces mots. Il se croit romantique au fond, bien au fond, très profond dans le fond, sous les dizaines de couches d’argile qui protègent son cœur, mais personne n’a réussi à y enfoncer sa pioche jusqu’à aujourd’hui. C’est l’espoir qui le fait vivre maintenant qu’il sait que ce n’est pas sa richesse qui lui apportera le bonheur tant espéré.

Le confort de leur chez eux devra attendre encore, au malheur de l’abruti aux goûts de luxure. Il aurait presque l’impression de sentir les minuscules pattes de fourmis tracer une carte sur son torse et ses jambes, mais cette hallucination ne le fera quand même pas retirer cette chemise qui dissimule un de ses complexes les plus tenaces. Il se souvient encore de jeune Archie et ses rêves de grandeur, derrière le miroir à tâter ses muscles et à chercher le bouton qui les gonflerait comme des montgolfières. Hélas, il doit être trop aveugle pour y poser le doigt. “J’ai l’impression que ça te dérangerait plus toi de la faire tomber que moi.” Son attention rivée vers le chaudron rempli d’eau bouillante, il grogne discrètement. « Je ne suis pas exhibitionniste, c’est un problème ? » Il l’assène d’un sourcillement interrogatif, n’ajoutant pas de couches de glaçage au gâteau parce que ça lui ferait bien trop plaisir.  

Sous ces conseils, ils patientent le temps que la température de l’eau baisse. Quand ils la versent enfin dans la bouteille de transport, ils semblent souffler un soupir synchronisé : cette victoire annonce la fin de cette mésaventure rocambolesque dont Archie ne gardera pas que des bons souvenirs… ni des mauvais, d’ailleurs. Elle est amusante, la blonde à la grande gueule. “Ca serait drôle si ça faisait pousser un troisième oeil.” « Hilarant. » Il examine la carte pour s’assurer qu’ils ne réitère pas la même erreur qui les a plus tôt retardés. Birdie s’est déjà avancée et il l’arrête d’un « Unh unh unh » qu’on adresserait à un enfant qui tente d’attendre la jar à cookies dans le haut du réfrigérateur. « Droite. Je ne te fais plus confiance pour la direction ! »

Et les voilà à refaire la marche dans le sens inverse. Ayant appris de leurs erreurs, ils arrivent à retrouver le camp en deux fois moins de temps et c’est un cri jouissif qu’Archie pousse en s’écrasant dans un tas d’herbe près d’une table à pique-nique crade. « Civilisation ! » Ils ne sont pas morts ! Si seulement c’était la dernière épreuve. Ils ont déjà remis la stupide potion qui fait pousser un œil à l’organisateur, et ce dernier leur a proposé de se reposer un peu avant le repas de fin de journée. « Félicitations. » Il reprend à l’intention de Birdie, la détaillant de ses yeux de reptile, avant de s’expliquer : « Tu as survécu à une balade en pleine jungle hostile ainsi qu’à mon indéniable sex appeal. » Autant en rigoler. Il est heureux, puisqu’il n’y a plus d’arbres au-dessus de sa tête.    

« Le romantisme va tuer l’adultère ! » C’est qu’Archie en fait des tonnes et des caisses. Ça te fait marrer. C’est aussi toujours flatteur de savoir que quelqu’un n’aurait pas été contre partager quelques moments intimes avec toi. Enfin, intimes… Bestiaux plutôt. Est-ce que c’est pour ton apparence ou simplement par ennui, l’un dans l’autre ne t’aurait pas dérangé. Archie te donne l’impression d’être dans la domination, les mains liées et le fouet en main. Ou alors ce n’est que ton fantasme parce qu’il se donne si bien en spectacle que c’est ce qu’il laisse croire. Ca serait encore mieux s’il se laissait dominer lui. Mais t’as quand même la sensation que ce n’est pas le cas, qu’il préfère être dans le contrôle. Après tout, rien ne semble être de sa faute mais toujours celle des autres. C’est un personnage grotesque mais drôle. Sans le vouloir alors ça l’est encore plus. “T’es arrivé deux ans trop tard, dommage.” Parce qu’Archie l’aurait montré, son torse, si t’avais été célibataire. Non, tu ne l’aurais pas déchiré - quoique… - mais t’aurais fait tout pour arriver à tes fins. Ce qui n’aurait pas été compliqué de ce que t’as pu avoir vu. Il a les canines qui ont faim, il faut croire. Pas de sang - quoique, dans un délire sadomasochiste, pourquoi pas - mais au moins de chair. Une victime propitiatoire pour expier ses propres péchés. Tu ne peux pas le blâmer ; tu fais la même. Avec tes anciens partenaires ou avec Jordan. T’es loin d’être dans le jugement quand ça concerne les rapports physiques. Tant que c’est consentant, toute expérience est bonne à avoir.

« Je ne suis pas exhibitionniste, c’est un problème ? » Tu passes une lèvre sous ta dent mais ton air malicieux ne peut pas passer inaperçu. Quand t’es en mode petite idiote amusée, tu ne peux pas le cacher. C’est aussi limpide que tes yeux bleus. Il est presque en train de souffler comme un dragon, Archie, tu pourrais voir la fumée qui s’échappe de ses oreilles. “Je suis pour l’équité.” Que tu dis l’air de rien mais totalement en cherchant à le titiller. Archie est vraiment ce genre de personnes que t’as envie d’emmerder car c’est drôle - et c’est un emmerdeur aussi donc c’est de bonne guerre, pas vrai ? T’as pas de problème de nudité ou de pudeur alors on ne peut pas te piéger là dessus ; mais est-ce que les gens sont prêts à voir de la peau qu’il faut habituellement recouvrir ? T’es pas aussi sûre.

« Hilarant. »
“Je suis très drôle, oui, hein, tu peux le dire, je t’assure que tu vas pas perdre une dent si tu le fais.” Tu lui rentres presque dedans volontairement - enfin dans son bras surtout - afin de le bousculer pour le titiller encore plus. C’est marrant des partenaires comme ça - même s’il t’a bien fait chier en début de session. C’est le retour du bâton. Maintenant que vous avez réussi ce que vous aviez à faire, tu te sens plus légère. D’où ce pas sautillant que t’as comme la petite pile féérique que tu es. Enfin, avant qu’Archie te stoppe dans ton élan. « Unh unh unh. Droite. Je ne te fais plus confiance pour la direction ! » Tu roules des yeux en soufflant fort. “Pffff, je comprends pas pourquoi.” Ha ah, genre.

« Civilisation ! » Archie a l’air tellement soulagé. “On était pas perdus, hein.” C’est l’impression qu’il te donne. « Félicitations. » T’arques un sourcil car… Merci ? « Tu as survécu à une balade en pleine jungle hostile ainsi qu’à mon indéniable sex appeal. » T’éclate de rire en repoussant son visage d’un geste vif. “C’est ça, ouais. J’ai l’impression que c’est plutôt toi qui aurait pas dit non si je te l’avais demandé.” Il t’aurait mangé dans la main, t’en es certaine. “Et c’était pas si hostile que ça.” Vous êtes en Australie, à quoi il s’attendait ? “Si jamais tu veux qu’on retourne se perdre dans une forêt, j’en connais quelques unes sympa si tu veux.” Que tu lui dis avec un petit air avant de lui faire un clin d’oeil.

Alors, ça, c’était une véritable balade en Enfer. Il n’aurait manqué que la lave, les volcans, la mort imminente et l’éternité pour qu’Archie en sorte un poil traumatisé. Saddie va bien l’entendre râler à son retour, même si ça l’amusera d’apprendre toutes les choses à travers lesquelles son frère a dû passer pour sortir en vie de ces cinq ateliers interminables. Il aura rencontré cinq personnes différentes d’ailleurs, et il n’admettra jamais qu’il a passé son meilleur moment avec celle qui le suit actuellement, jusqu’en direction du camp. Il n’a qu’une seule hâte : retrouver ses effets personnels, la clef de sa voiture et rentrer chez lui pour profiter de la plus longue douche de son existence. Cela fait trois jours qu’il n’a pas touché à un savon, ayant formellement refusé de se dénuder devant les autres dans les vestiaires, parce que les participants étaient mixes : autant de femmes que d’hommes. Les seconds, il craint leur nudité comme la peste. Plutôt se crever les yeux que de laisser quelqu’un remarquer son penchant pour leur musculature. “On était pas perdus, hein.” Oh, à ses yeux, ils étaient perdus à des kilomètres de là, dans la jungle australienne où toutes sortes de bestiaux auraient pu leur arracher les membres un à un pour mieux les déguster. « Quand tu tenais la carte, nous l’étions ! » Il se permet de relever une seconde fois pour la narguer. Il ne cessera jamais de le faire. Leurs personnalités se piquent sans se confronter. L’un entre dans le jeu de l’autre et Archie n’a pas l’impression qu’il pourrait arriver à vexer Birdie si facilement. “C’est ça, ouais. J’ai l’impression que c’est plutôt toi qui aurait pas dit non si je te l’avais demandé.” Se redressant sur ses coudes, il l’observe avec un œil amusé. Il ne refuse jamais les occasions de visiter la lune, c’est bien vrai. Il aurait pu cocher la case de l’un de ses nombreux fantasmes ; crier l’amour en pleine nature est fort attrayant. Même s’il déteste la nature en tant que telle, les échardes qui résulteraient des positions contre les arbres ainsi que les dangers venimeux qui rodent dans les herbes hautes, ce serait une ligne de moins dans sa bucket list. “Et c’était pas si hostile que ça.” Il lève les yeux au ciel et se relève en essuyant ses pantalons, desquels se décollent quelques brins d’herbe humides. “Si jamais tu veux qu’on retourne se perdre dans une forêt, j’en connais quelques unes sympa si tu veux.” Un gloussement s’évade de ses lèvres. Il n’a pas réussi à le contenir. Posant son sac au sol, il en sort un stylo et écrit quelques numéros sur la carte du secteur, salie et amochée par le mauvais traitement qu’elle a reçu durant l’activité. « N’importe où, sauf les forêts. » Il s’approche d’elle pour la couvrir de ses iris bleues. Son amusement s’est calqué sur le sien. Il a plié la carte en quatre, et la glisse désormais dans la poche de son short. Elle a compris de quoi il s’agissait, mais il précise tout de même : « Appelle-moi le jour où ton copain décide d’aller voir ailleurs. » C’est elle, qui ne saura pas résister. « En attendant, moi je fais un gros finger à cet endroit, et je fous le camp. » Il annonce, se reculant en levant ses deux majeurs vers la cabane en bois qui fait office d’accueil. Qu’importe s’il n’a pas encore mangé. Il veut récupérer sa valise et sa Tesla, et rayer cet endroit de sa tête. Quitter l’Enfer et retrouver le Paradis. « Ciao, Jane. » En référence à Tarzan, tiens. « Je t'enverrai une carte postale de Brisbane. »