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Les dernières semaines avaient été rythmées par l'organisation du tout nouveau défilé Weatherton, et les retombées de celui-ci ne se faisaient pas attendre. Les nouvelles commandes affluaient tandis que d'importantes collaborations étaient discutées entre deux déjeuners pris sur le pouce – la machine ne s'était pas ralentie même maintenant que les gros préparatifs étaient de l'histoire ancienne, et bien loin de là. James s'en voudrait presque de donner autant de travail à Millie après plusieurs semaines d'un rush de chaque instant, mais sa jeune assistante était bien la dernière à se plaindre de pouvoir se rendre utile. Les choses avançaient aussi du coté d'Auden, avec qui la collection prenait forme et les idées continuaient de fuser, non sans que James éprouve à nouveau une certaine frustration à l'idée que leur proximité physique soit déjà du passé. En Italie, tout était bien plus simple. Parce qu'en Italie, Auden s'encombrait de beaucoup moins de principes. Et sans surprise, James le trouvait à ce moment-là bien plus amusant.

Les projets ne manquaient donc pas et justement, c'est aux préparatifs d'une nouvelle campagne publicitaire que James dédirait cette fois sa journée. Une campagne dans laquelle James nourrissait beaucoup d'espoirs, convaincu que l'arrivée de Diana Sadler parmi leurs égéries aurait un impact puissant sur leur public cible, qui sauraient sans nul doute s'identifier à la jeune et talentueuse actrice. Diana avait du charisme à revendre et un tempérament qui n'avait pas échappé à James, elle avait donc toujours fait office de candidate idéale à ses yeux. Sa photogénie ne faisait pas le moindre doute et la séance d'aujourd'hui ne manquerait sûrement pas de le confirmer : tout avait été mis en place pour que cette campagne dégage un charme et un magnétisme inégalés.

Diana était ponctuelle, une qualité que James savait particulièrement apprécier chez ses collaborateurs. Il avait donné rendez-vous à la jeune actrice dans le grand hall, où elle ne risquait pas d'être interpellée par des fans qui l'auraient reconnu. Ici tout le monde savait rester professionnel et voir passer des célébrités était suffisamment courant pour que ce genre d'effusions n'aient pas lieu d'être. « Je crois que vous connaissez déjà les lieux. » Le regard vif, le sourire bien haut, James arborait une expression étonnement chaleureuse, liée au fait que chaque nouvelle campagne enthousiasmait inévitablement son âme de créatif. Bien sûr, ça n'avait rien de comparable avec l'euphorie qui l'envahissait chaque matin lorsqu'il foulait le sol de l'atelier avec un millier d'idées en tête, mais c'était une autre partie du processus qu'il se surprenait à apprécier. Après tout, Diana revêtirait des robes et des ensembles parfois directement sortis de l'imagination du créateur, qui n'éprouvait pas le moindre doute sur la capacité de la jeune femme à les sublimer. « J'étais en déplacement la dernière fois qu'on vous a reçu. On vous a fait faire le tour du propriétaire ? » Ses équipes avaient convié Diana à plusieurs entrevues avant de fixer la date de ce shooting, l'idée étant de faire participer la jeune actrice à ces séances de brainstorming qui avaient permis de définir le ton de cette campagne. Il fallait que Diana puisse être à l'aise, sans trahir celle qu'elle était ni le message qu'elle voulait transmettre. S'ils l'avaient choisi, c'est en partie parce qu'ils avaient cerné chez elle une personnalité haute en couleurs, et c'est sur cette personnalité qu'ils voulaient justement jouer.

« Tout le monde est très impatient de se mettre au travail. J'espère que les tenues qu'on vous a sélectionné vous plairont. » Il confia, impatient de voir les choses prendre forme. Le studio était rempli d'employés chevronnés qui préparaient ce shooting depuis des jours pour ne rien laisser au hasard. Et c'est précisément là qu'ils allaient, rejoignant l'ascenseur le plus proche pour gagner le deuxième étage. « A propos, comment vous prenez votre café ? Que je fasse passer le mot à un assistant pour éviter qu'il vous dérange pendant vos essayages. » Histoire qu'elle n'aille pas croire qu'il s'occupait de servir le café lorsqu'il avait une minute – ce qui n'arrivait de toute façon que très rarement.

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Choisir Diana pour devenir l'une des nouvelles ambassadrices de Weatherton était tombé sous le sens aux yeux de beaucoup, lorsqu'il était apparu évident que son ascension dans le milieu du septième art et son remarquable sens du style pourraient faire d'elle une égérie de choix. Son tempérament haut en couleurs et sa tendance à ne laisser personne indifférent sur son passage avaient également captivé James, lors de leur première rencontre. Aujourd'hui elle poserait pour la première fois pour leur photographe et l'anglais n'éprouvait aucun doute sur le fait que ces photos confirmeraient une nouvelle fois qu'elle était faite pour poser devant un objectif. Et qu'elle avait tout ce qu'il fallait pour inciter une nouvelle clientèle à s'intéresser aux produits Weatherton. - Oui, c'est toujours un véritable plaisir de venir ici. Plusieurs semaines avaient été nécessaires pour discuter des différents détails avant de procéder à cette séance photos, mais tout était maintenant fin prêt et James était gagné par l'impatience à l'idée de voir bientôt ce projet se concrétiser. C'était la première étape, mais aussi la plus artistique. Autrement dit chaque choix avait été décisif pour déterminer l'ambiance de cette campagne publicitaire et les personnes qu'elle était susceptible de toucher. - Oui, j'ai rencontré l'équipe et me familiariser avec l'endroit, l'endroit est idéal. - « Je me suis libéré pour assister au shooting. Je ne pouvais pas rater vos premiers pas chez Weatherton. » Diana n'était pas n'importe qui entre ces murs. Quand bien même il n'était sans doute pas le mieux placé pour connaître toute l'étendue de sa carrière, James n'ignorait rien de l'influence qu'elle possédait auprès du public et de sa popularité. Weatherton bénéficiait encore des ventes engendrées par l'apparition de l'actrice à une avant-première, vêtue d'une robe d'une de leurs collections.

- Je n'ai absolument aucun doute là-dessus. Il y a même très peu de chance que je sois déçue et pourtant je suis exigeante. Le coin des lèvres du styliste s'étira brièvement. Il avait toujours perçu ça chez Diana, c'était même l'une des choses qui lui faisaient dire depuis le départ qu'ils se ressemblaient sur plusieurs points et voudraient tous les deux l'excellence pour cette campagne. « C'est ce que j'ai cru comprendre, oui. Rassurez-vous, vous serez entre les meilleures mains. Certains ont même assisté pour être assignés à cette campagne parce qu'ils savaient que vous en feriez partie. » Ses employés étaient tous rigoureusement professionnels, mais la plupart n'ignoraient pas une seule ligne de l'actualité entourant leurs égéries lorsque ces dernières remplissaient des salles de Cinéma et apparaissaient dans certaines des plus prestigieux festivals au monde. James n'avait pas le moyen de contrôler leurs hobbies et leurs centres d'intérêts, et il savait de toute manière qu'un employé passionné était avant tout un employé prêt à donner le meilleur de lui-même pour ne pas décevoir. « J'ai toujours l'air d'un inculte lorsque je leur dis que je n'ai pas vu vos films. N'y voyez rien de personnel, je ne fréquente pas beaucoup les salles obscures. » Il pensait souvent à y remédier, conseillé par certaines proches qui contrairement à lui pourraient citer l'ensemble des longs-métrages dans lesquels était apparue la jeune femme. Il ne les enviait pas d'avoir autant d'énergie à mettre dans ce genre de choses, convaincu que rien ne pourrait de toute manière le stimuler davantage que son boulot, mais il devait reconnaître qu'il aimerait quelques fois savoir habilement rebondir sur ce genre de sujets. - Et bien, je suis plus thé que café, au jasmin si possible, sans sucre, avec une mousse de lait. - « C'est noté. » Et comme convenu, il fit passer le mot à l'un des assistants qui se tenait là et qui reçut pour consigne de se tenir prêt à satisfaire les moindres besoins de la jeune actrice, qu'on conduisit à quelques mètres de là.

James resta légèrement en retrait le temps que ses équipes s'occupent de maquiller la jeune femme, pour autant son regard expert guetta le tout avec intérêt. Chaque paire de mains qui s'affairait autour de la jeune femme avait été scrupuleusement choisie pour que Diana bénéficie d'une mise en beauté digne d'une avant-première à Hollywood. James n'avait pas honte de dire qu'il avait débauché certaines de leurs meilleures recrues, il n'y avait après tout rien qu'un grand nom du milieu de la mode ne puisse obtenir. « Que pensez-vous de votre mise en beauté ? Le rendu est très naturel, pile ce qu'on voulait pour cette séance. » Diana était déjà d'une beauté incontestable mais le savoir-faire de ses équipes était parvenu à la sublimer tout en trouvant le parfait équilibre entre audace et parcimonie. A présent c'était au tour de la coiffeuse d'entrer en scène et de magnifier la chevelure de Diana, et cette crinière rousse flamboyante qui avait immédiatement attiré l’œil de James. « Certaines photos impliquent que vous posiez avec plusieurs de nos mannequins. C'est vous que l'objectif capturera, alors voyez-les uniquement comme... des figurants. J'imagine que ce terme vous parle. » Ils recherchaient tous une atmosphère bien particulière pour cette séance photo et le but n'était pas de laisser penser à Diana que sa présence seule ne suffirait pas à capturer l'ambiance attendue. Il était courant qu'ils fassent appel à des mannequins pour dynamiser certaines poses et enrichir la mise en scène. « Je vous laisse aller enfiler la première tenue pendant que la photographe effectue les derniers réglages. Ensuite, on pourra commencer. » Un ensemble composé d'une jupe en tweed et d'un cardigan en cachemire, parfaitement dans l'esprit de cette collection automne-hiver et que l'élégance naturelle de l'actrice ne manquerait sûrement pas de mettre en valeur.

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James misait gros sur cette campagne et comptait veiller à ce que rien ne vienne compromettre les débuts de Diana à Weatherton, alors que son nouveau rôle d'égérie ne pourrait pas mieux tomber pour attirer une nouvelle clientèle juste avant le grand rush des fêtes de fin d'année. Une période toujours riche en enjeux et qui verrait plusieurs collections voir le jour, y compris celle que le créateur avait spécifiquement dessiné avec Auden durant plusieurs mois d'une collaboration aussi passionnée que mouvementée. Dire qu'il avait hâte d'exposer au reste du monde le fruit de tout leur travail serait un euphémisme. - Sans vouloir me vanter, je crois que je suis faite pour être devant un objectif. Je vais assurer et avec une équipe comme la vôtre, le résultat ne peut qu'être bluffant. Il n'avait aucun mal à lui donner raison, pour avoir spécialement plaidé sa cause lorsque la Maison s'était mise en quête d'une nouvelle représentante pour leurs collections féminines. Quelque chose chez Diana l'avait immédiatement convaincu qu'elle serait parfaite dans ce rôle, en partie parce qu'elle était consciente d'avoir autant à y gagner qu'eux. « Ce n'est pas de la vantardise, vous savez simplement ce que vous valez. » Et c'était une chose que James chérissait bien plus que la fausse modestie, qui n'avait pas son pareil pour l'agacer au plus haut point. Les gens talentueux n'avaient aucune raison de baisser les yeux dans l'espoir d'être rassurés sur leur valeur : la crier au monde était un gage de lucidité et de franchise imparables aux yeux de l'anglais. Et nécessaires, dans ce milieu. « Je suis certain que le résultat sera à la hauteur de nos espérances à tous. Comme vous l'avez dit, tout est réuni pour que cette séance photo soit une réussite. » Ils avaient tout prévu pour que cette campagne marque une nouvelle ère pour Weatherton et pour que tout se déroule sans accroc. - Il va falloir y remédier alors ! Oh, il comptait plus volontiers sur ses collaborateurs pour se tenir au courant de la filmographie de ses égéries, mais il ferait probablement un effort lorsque son temps libre le lui permettrait. Ou essaierait, du moins. « Vous aurez l'occasion de me conseiller dans mes futurs visionnages. J'ai un home cinema qui ne demande qu'à être utilisé. » Ce qui était vrai, Cristina et lui n'ayant pas vraiment pour habitude d'occuper leurs soirées devant un film ou une série télévisée. Les soirées de gala, qu'ils se tiennent à l'hôtel ou ailleurs, se voulaient être des divertissements plus attrayants, quand bien même leur projet d'avoir un enfant impliqueraient à terme qu'ils soient aussi amenés à reconsidérer certaines de leurs habitudes.

Accueillis à leur arrivée par l'équipe de professionnels en charge de préparer la séance photos, Diana fut rapidement confiée aux bons soins de la maquilleuse qui avait reçu d'étroites consignes sur le rendu désiré. Après quelques minutes, tout le monde resta suspendu aux lèvres de Diana en attendant qu'elle livre son avis. - Léger, simple et diablement efficace ! Même si ça manque d'une touche de rouge. Il est vrai que rehausser la couleur de ses lèvres magnifierait facilement le résultat, son rouge à lèvres faisant ainsi ressortir sa crinière rousse et la pâleur de sa peau. « Oh, Clara va se faire un plaisir de rajouter un peu de couleur. » Et celle-ci ne se fit pas davantage prier, entreprenant aussitôt de rajouter un zeste de rouge sur les lèvres de l'actrice. Voilà qui était bien mieux et qui plairait sans doute davantage à la jeune femme. Les choses ne furent malheureusement pas vraiment aussi simples lorsqu'elle fut cette fois confiée aux mains de la coiffeuse, et ils frôlèrent bientôt l'incident diplomatique. - Un peu plus de délicatesse, c'est trop demandé ? Ce sont mes vrais cheveux, je tiens à le préciser ! C'est un regard noir que James ne tarda pas à lancer à la coiffeuse, dont le regard trahissait l'embarras et le désir de rattraper son erreur. « Vous avez entendu ? Faites attention à ne pas vous montrer trop brusque. » - « Je... je suis vraiment désolée, mademoiselle. » Si l'erreur était humaine et jamais bien loin de ce genre de préparatifs lorsque tout le monde travaillait dans une telle effervescence et devait assumer une telle charge de boulot, James restait quant à lui un peu trop rigide pour pardonner le moindre faux pas. « Veuillez les excuser, ils sont tous conscients des enjeux de cette campagne alors tout le monde est simplement un peu à cran. » Et ils feraient tous mieux de se reprendre avant que James n'ait dans l'idée de sévir et de faire tomber quelques têtes : il avait lui-même les enjeux de cette campagne bien à l'esprit, justement, et ne laisserait rien compromettre tous leurs efforts. La coiffeuse acheva finalement la transformation de l'actrice et James en profita pour la briefer sur la suite des événements. Nul doute que Diana avait l'habitude des séances photos et qu'elle savait parfaitement comment ce genre de choses se déroulaient, mais il convenait de la prévenir qu'elle ne serait pas exactement seule, au moment de poser. Un détail qui n'avait aucune raison de compromettre la qualité des photos mais que n'importe qui préférerait après tout connaître avant de se lancer. - Des figurants… oui, je devrais pouvoir me faire à cette idée. Ça me parle tant que personne ne me fait de l'ombre ça ira. Ce serait l'affaire de quelques photos uniquement, Diana pourrait poser seule le reste du temps et toute cette campagne tournerait bel et bien autour d'elle et non de qui que ce soit d'autre. « Vous n'avez aucune inquiétude à avoir, ils savent où est leur place. » Ces mannequins avaient l'habitude d'être réquisitionnés pour ce genre de shootings, eux qui le reste du temps défilaient sur le podium ou bien servaient de modèles ambulants à James pendant les fittings. Ils savaient parfaitement ce qu'ils étaient censés faire, à savoir : poser tout en se faisant oublier.

Diana prit finalement la direction des cabines d'essayage pour passer la première tenue dans laquelle elle serait photographiée, et réapparut après quelques instants pendant que toute l'équipe se tenait maintenant prête. Pas de place à l'erreur, aujourd'hui. - En avant pour le grand spectacle. Et du spectacle, James avait le pressentiment qu'il y en aurait bel et bien. Diana avait un tempérament affirmé et bien qu'il n'en ait pas encore personnellement été témoin, il était bien placé pour savoir que l'eau ne dormait jamais éternellement. « Cette tenue vous va à ravir. Vous serez parfaite sur les photos. » Et c'est sans plus attendre que la jeune actrice se mit en place et débuta le shooting, le tout sous l’œil attentif d'un James déterminé à faire que tout se passe sans encombre. Le photographe captait chacune des poses de la jeune femme, et le styliste jetait régulièrement un œil aux clichés pour d'ors et déjà préparer une petite sélection. Sans grande surprise, le résultat était au rendez-vous. C'était toutefois sans compter sans un léger imprévu. - Non ! non, tu arrêtes tout de suite de te coller à moi de cette façon. Tu te prends pour qui ? C'est moi l'égérie ! Alors tu garde tes distances ! Relevant le nez de l'écran où apparaissaient les différentes photos, James lança un regard décontenancé en direction de l'actrice et des mannequins. « Qu'est-ce qui se passe ici ? Un problème ? » De toute évidence. Diana ne semblait pas apprécier la façon dont les choses étaient faites, et plus particulièrement l'attitude un peu entreprenante des jeunes gens qui l'accompagnaient. De l'un d'entre eux, en particulier. « Je croyais avoir demandé à ce que les mannequins restent suffisamment en retrait pour ne pas gêner notre modèle. Je ne veux pas en voir un seul se coller à Diana, c'est bien compris ? » Son regard se planta dans celui du principal intéressé, qui se recula d'un pas ou deux en comprenant que cette proximité avait mise la jeune femme mal à l'aise. - J'ai besoin d'un thé ! Où est l'assistant qui est censé me l'apporter ? Il suffit d'un regard pour que James fasse comprendre à l'assistant en question qu'il avait tout intérêt à se mettre en quête d'un thé et à rappliquer ici le plus vite possible, de préférence avant que Diana ne sorte de ses gonds et décide de tout plaquer sur un coup de tête. C'est ce que James tenait précisément à éviter. « Quelqu'un est parti vous chercher ça. Essayez de vous détendre, d'accord ? » Il s'approcha légèrement, indiquant aux quelques personnes présentes de faire une pause pendant qu'il tâchait de régler le problème. Des caprices et des crises de nerfs, il en avait déjà vu de toutes sortes et savait généralement garder son calme dans ces circonstances, lorsque les enjeux étaient aussi importants pour autant de monde. « Je sais que c'est pas toujours facile de composer avec la présence de plusieurs individus lorsqu'on est habituée à briller seule, mais c'est juste pour le besoin des photos. » Ils pourraient toujours revoir à la baisse le nombre de mannequins présents sur le set, ou le nombre de photos qui nécessitaient leur présence. Des compromis pouvaient être trouvés, l'important étant que leur égérie et eux puissent travailler dans de bonnes conditions. « S'ils ne sont pas assez professionnels à votre goût, je peux les faire remplacer. Vous seriez peut être plus à l'aise de les choisir vous-mêmes ? » Est-ce qu'organiser un casting sauvage, à quelques semaines du lancement de la campagne, était tout à fait raisonnable ? Certainement pas, mais James avait l'habitude de travailler dans l'urgence et certains cas particuliers nécessitaient quelques entorses. « On peut aussi faire en sorte que vous ne posiez qu'avec des femmes, si vous préférez. Ce ne sera pas exactement le rendu qu'on avait prévu, mais... mon boulot c'est aussi de parer à ce genre d'imprévus. » Et aucune campagne ne se faisait sans quelques réajustements. James avait simplement le pressentiment que ce détail pourrait aider à alléger l'atmosphère et débloquer les choses, sans faire plus de suppositions que ça ni présumer des raisons qui étaient peut être les siennes.

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C'était comme si tout le monde retenait son souffle en attendant que la séance photo puisse reprendre. James observait ses équipes du coin de l’œil, capable de déceler l'inquiétude dans chacun de leurs regards. Le sien ne brillait que d'impatience et du besoin impérieux de veiller à ce que personne ne sabote leurs efforts pour faire de cette campagne une réussite. Il les avait tous à l’œil, et pour l'instant l'envie le démangeait de donner à certains un bon coup de pied dans le derrière. - Donnez-moi un miroir ! - « Tout de suite, mademoiselle. » La coiffeuse s’exécuta, quoi qu'en tremblant de tout son être. James, lui, percevait chez Diana un inconfort qui allait peut être plus loin que le simple fait de partager l'objectif avec plusieurs mannequins. Parce qu'elle avait après tout l'habitude de donner la réplique à toutes sortes d'acteurs, quand bien même c'était probablement le plus souvent à des seconds rôles. Si ces jeunes hommes étaient un peu trop tactiles à son goût, peut être le problème venait-il aussi du fait qu'il s'agissait de jeunes hommes, justement. - J'ai l'habitude de travailler avec d'autres personnes, mais c'est beaucoup plus facile lorsqu'ils savent où se trouve leur place. Un simple rappel à l'ordre suffit. Qu'on soit clair, j'ai signé pour être au devant de la scène. S'il y a une chose que James veillait à faire entendre à ses modèles, c'est qu'ils pouvaient briller autant qu'ils le désiraient sur un podium mais ne pouvaient en aucun cas espérer éclipser leurs égéries lorsqu'ils réalisaient ces campagnes. Ils n'étaient pas les vedettes que le photographe cherchait à mettre en valeur, quand bien même leur présence enrichissait le cadre et complétait un tableau conçu et réfléchi dans les moindres détails. Si le moindre doute devait subsister à ce sujet, James n'hésiterait pas à faire entendre de la voix pour le gommer. « Et je vous assure que c'est ce qui est prévu. Cette campagne va bénéficier d'une énorme promotion, et personne d'autre que vous ne sera au premier plan des affiches qu'on a l'intention de placarder dans toute la ville. » Il était convenu depuis des mois qu'ils verraient les choses en grand lors de l'inauguration de cette campagne, ce qui était le cas à chaque fois qu'une nouvelle collection était promue et qu'une nouvelle égérie rejoignait les rangs de Weatherton. Et Brisbane n'était toujours que la première étape : la marque s'exportait non seulement aux quatre coins du pays mais aussi à l'international. « A Weatherton on tient à ce que nos égéries aient un rôle actif dans la préparation de ces campagnes. Il est important à nos yeux que vous validiez chaque étape et que vous soyez à l'aise avec le processus. » C'est la raison pour laquelle il se devait de noter lorsqu'il y avait un problème et surtout de le résoudre. A présent que le souci était identifié, il fallait proposer des solutions. - J'ai confiance en votre équipe ... mais il est vrais que je me sentirai beaucoup plus à mon aise uniquement entourée de femmes. - « On peut faire le changement sans souci, ce sera pas un problème. » Et d'un geste de la main, il fit signe à une assistante d'approcher avant de lui glisser quelques indications à l'oreille. Elle aurait la lourde tâche de renvoyer ces messieurs dans les coulisses et de rassembler plusieurs demoiselles pour prendre leur place. « Laissez-nous quelques minutes pour nous organiser et je vous assure que vous aurez ce que vous voulez. »

L'assistant chargé de servir un thé à la jeune actrice revint finalement après de longues minutes, non sans que le visage de Diana n'exprime aussitôt son mécontentement. - Ah enfin, il était temps ! Ce défaut de ponctualité n'était malheureusement pas le seul impaire commis par cet assistant, qui était sur le point de s'apercevoir que Diana était tout aussi peu conciliante que pouvait l'être James. - Bon sang ! Tu veux m'ébouillanter ou quoi ? Ce thé est brûlant et en plus ce n'est pas ce que j'ai demandé ! C'est un regard noir que le créateur reposa sur le jeune homme, qui sans surprise ne savait maintenant plus où se mettre. - Une bouteille d'eau minérale suffira ! - « Toi. » La voix de l'anglais s'éleva avec détermination lorsqu'il planta ses deux iris dans ceux de l'assistant et qu'il pointa son index dans sa direction. N'importe qui le connaissant savait que la suite ne serait pas belle à voir. « Va chercher cette bouteille et ensuite débarrasse le plancher. Tu passeras récupérer ton solde de tout compte au secrétariat. » Tu es viré sont des mots que le créateur n'avait pas même besoin d'énoncer pour que toutes les personnes présentes dans cette pièce comprennent qu'il n'avait pas l'intention de laisser passer un seul nouveau contre-temps. Peut être bien qu'il venait de prendre pour tous les autres, ou que le créateur espérait simplement faire un exemple. Mais la patience de James était connue pour être limitée, quiconque d'intelligent savait qu'il ne fallait pas en abuser. « Veuillez nous excuser pour ce lamentable incident. » Il souffla en faisant à nouveau face à Diana. « Ce ne serait jamais arrivé avec mon assistante personnelle. Malheureusement j'avais besoin d'elle à l'autre bout de la ville alors elle n'a pas pu être des nôtres cette fois-ci. » Et il le regrettait, parce que Millie se serait assurée que cette séance photo se déroule sans encombre et lui aurait comme toujours été d'une aide précieuse, James le savait. La prochaine fois, il veillerait à l'avoir à ses cotés.

- Bon c'est pour aujourd'hui ou pour demain ? Nouveau changement de tenue, nouvelle crise de nerfs en approche pour Diana qui s'impatientait inévitablement à force de voir la séance prendre du retard. Qu'elle se rassure, James atteignait lui aussi ses limites et rien ne garantissait qu'une seule personne perdrait aujourd'hui son emploi. - Aïe ! Et vous dites être compétente ? Vous venez de me piquer ! J'exige que Mr. Weatherton s'en occupe personnellement. James n'avait plus une seule minute pour penser, réquisitionné chaque fois que quelque chose était à deux doigts de tourner au drame. Et si ses équipes étaient visiblement à cran et quelques peu dépassées, il commençait à comprendre que Diana, elle, était plus capricieuse encore que lui. « Mr. Weatherton s'en remet généralement à nous pour... » - « Mr Weatherton est capable de parler pour lui-même. » Il interrompit la jeune styliste, quelques peu pris de cours par la demande de Diana mais sûrement pas décidé à la refuser. Il n'était peut être présent aujourd'hui qu'en son rôle de directeur artistique et superviseur de la séance, mais il avait après tout designé chacune des tenues de cette collection et y compris celle que la jeune femme portait à cet instant. Il était tout indiqué pour faire ces retouches et la rousse ne s'y était pas trompée. « Et je crois qu'il est temps au contraire que je reprenne les choses en mains. Ne vous inquiétez pas, dans quelques instants votre tenue sera parfaite. » Parfaitement ajustée à sa morphologie, du moins, car pour le reste il va sans dire qu'il ne présentait ses créations au public que lorsqu'il les estimait objectivement perfectionnées au plus haut point. « Allez chercher mes outils. » Il ne travaillerait pas avec ceux d'un autre, trop superstitieux pour consentir à se passer de ses aiguilles et de ses ciseaux. Quelques minutes plus tard, on lui apporta finalement la mallette contenant ses précieux outils, et James ne tarda pas à renfiler son costume de créateur. « Bien. Maintenant évitez de bouger. » Il avait l'habitude de manier l'aiguille à la perfection et sans risquer de blesser qui que ce soit, mais il tenait à ce que la pression redescende et à ce que Diana reste la plus calme possible. « Je crois que nos nouvelles mannequins viennent d'arriver. Que diriez-vous de reprendre les photos et de voir si ça vous convient mieux ? » Ils pouvaient faire autant d'essais que nécessaire, le photographe avait reçu l'ordre de ne ranger son appareil qu'une fois qu'ils auraient shooté une série parfaite. « Le prochain décor implique qu'une des filles tienne une ombrelle au-dessus de votre tête tout en soutenant votre regard. Je me disais que Sasha, la brune, serait parfaite. Qu'en pensez-vous ? » Puisqu'il lui laissait le choix des mannequins qui feraient cette séance photo à ses cotés, autant qu'elle ait son mot à dire jusqu'au bout et intervienne dans les décisions artistiques. Ils voulaient tous les deux que cette campagne soit un franc succès, alors ils travailleraient main dans la main pour que ce soit le cas.

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- Je vous remercie pour votre compréhension. Diana semblait apprécier les efforts du styliste pour que ce shooting lui soit aussi confortable que possible, lui qui croyait avoir identifié une partie du souci en la présence de ces jeunes hommes qui ne semblaient pas la mettre à l'aise. Elle avait certainement ses raisons et ça n'était pas son rôle de la questionner à ce sujet ; qui plus est ça n'intéressait pas particulièrement James qui se souciait du boulot avant tout. Il voulait que la suite de cette séance photos puisse se dérouler sans encombre, pas l'inciter à se confier à lui alors qu'ils ne se connaissaient certainement pas assez pour que ça n'ait rien d'étrange. « Dans ces conditions je suis certain qu'on sera aussi satisfaits du résultat l'un que l'autre. » C'était là son objectif premier, faire que Diana se sente cette fois assez en confiance pour donner tout ce qu'elle avait pendant que James et ses équipes s'occupaient de faire opérer la magie. La jeune femme avait incontestablement tout pour briller, il n'avait même pas besoin d'avoir vu un de ses films pour le savoir et elle ne serait qu'un peu plus éblouissante encore dans les tenues qu'il lui avait préparé. Chacune dessinée spécialement pour cette collaboration, chacune pensée de façon à ce que Diana s'y sente comme dans une seconde peau. Tout portait à croire que ce shooting ne connaîtrait plus le moindre contre-temps, ce qui était sans compter sur l'étourderie d'un assistant qui n'allait pas tarder à comprendre qu'on payait parfois le pris fort pour quelques secondes d'inattention. - Avant de t'en aller, rapporte ça avec toi ! James jeta un dernier regard au jeune homme, qui disparut finalement sans demander son reste. Peut être bien que cet incident n'allait pas aider sa réputation et qu'on allait encore lui prêter un cœur de pierre et des tendances un peu trop colériques, entre les murs de Weatherton, mais James n'en avait honnêtement que faire. Les erreurs se devaient d'être sanctionnées, qui plus est face à des enjeux aussi importants. « Ce n'était pas sa première erreur, en réalité, mais c'était sa dernière. » C'est tout ce que Diana avait besoin de savoir, James doutant de toute façon que cette scène puisse lui valoir des problèmes de conscience. Elle semblait s'être désintéressée au sort de ce jeune homme à la seconde où James l'avait congédié, et ils évitaient ainsi des effusions de bons sentiments bien inutiles. « De temps à autres il est nécessaire de faire un exemple pour que tout le monde se rappelle qu'ici les places sont chères. » Et tout ce petit monde semblait avoir grand besoin d'une petite piqûre de rappel, à son (pas si) humble avis.

Finalement, James s'occuperait en personne des dernières retouches nécessaires à la tenue de Diana, ne s'imaginant pas refuser une faveur que l'actrice avait spécialement demandé. Il n'était peut être pas là pour ça, à l'origine, mais personne ne savait mieux s'adapter en toutes circonstances et renfiler son costume de créateur lorsque c'était nécessaire. - Parfait ! Terminez ce que vous avez à faire et on pourra y retourner. - « C'est bientôt terminé, encore une légère retouche sur le flan droit et ce sera impeccable. » Ses doigts s'affairaient en même temps que les mots filtraient d'entre ses lèvres, le plus gros des retouches ayant été réalisé en moins de temps qu'il en aurait fallu pour appeler l'une de ses couturières à la rescousse. S'occupant de parfaire les derniers détails, l'anglais avait aussi toujours un œil sur le reste de la salle et ne perdit pas une minute pour passer au reste des préparatifs. Ils avaient toujours des photos à prendre, et il avait déjà sa petite idée quant à la suite du programme, ayant bien compris dans quelle direction aller pour contenter la jeune femme. - Très bien, ça me convient ! Merci encore, je me sens beaucoup à mon aise entourée de femme. Sasha poserait donc aux cotés de la jeune actrice, tout en veillant bien sûr à ne pas lui voler la vedette. A ce niveau-là aussi, James observait suffisamment ses réactions pour savoir quoi faire et quelles erreurs éviter. Ils ne voulaient pas d'une nouvelle crise de nerf, chaque seconde de préservée étant une seconde qu'ils pouvaient mettre au service du travail – et c'était là sa priorité. « Halston ne m'avait pas mis au courant, mais ça ne fait rien. On a l'habitude de s'adapter. » Ils le faisaient pour satisfaire les volontés de leurs égéries, croyant fermement en l'idée qu'ils avaient aussi une voix et un avis à émettre lorsque ça touchait à leur image. James n'exploitait personne, il consacrait son énergie à chaque aspect de son métier parce qu'il était un fervent passionné qui voulait être sur tous les fronts et qui avait toujours horreur de déléguer. Même si rien n'égalerait jamais à ses yeux le fait de créer, purement et simplement, et à partir de ses idées, être au contact des autres lui apprenait une certaine diplomatie dont il avait parait-il bien besoin. « Et puis, ce n'est même pas un si gros changement. Du point de vue de n'importe quel spectateur, ça aura simplement l'air d'un parti pris artistique. » Personne ne pourrait dire en voyant cette campagne que Diana avait spécifiquement demandé à poser avec des femmes, parce que ça aurait l'air purement anecdotique une fois sa silhouette placardée sur les plus grands billboards en ville. Et c'est précisément ce qu'ils voulaient : que les détails s'estompent pour ne laisser que la part de rêve que toute campagne digne de ce nom se devait de vendre.

Les heures défilèrent à toute vitesse, chacun bien trop impliqué et concentré pour que le temps puisse leur paraître long. James avait les yeux partout, constamment affairé à donner des directives et à superviser le travail du photographe, pendant que devant l'objectif Diana semblait enfin réellement se révéler. Plus de gêne, plus de caprices, l'actrice semblait parfaitement dans son élément et irradiait sans le moindre effort. Ou presque, car il fallut bien quelques retouches maquillage et coiffure pour donner l'illusion qu'aucune goûte de sueur n'avait été versée pendant ce shooting. Le défilé des tenues, lui, s'était fait sous l’œil expert d'un James prêt à apporter la moindre retouche qui les rapprocherait encore un peu plus de la perfection. Lorsque la séance toucha à sa fin, c'est la pression qui put enfin retomber. - Êtes-vous satisfaits ? Est-ce que le shooting a atteint vos exigences ? James avait le regard vissé sur l'écran où défilaient les clichés pris par le photographe, une pointure de la mode qui savait exactement ce que James recherchait avec cette campagne. Il n'y avait donc rien d'étonnant à ce qu'il soit particulièrement convaincu par ce qu'il avait sous les yeux. « C'est parfait, on a largement ce qu'il nous faut pour faire des sélections. Le rendu est vraiment superbe, si vous voulez voir. » Il lui fit une petite place à ses cotés pour qu'elle puisse à son tour juger le rendu, bien qu'il leur faudrait certainement plus d'une heure pour passer en revue toutes les photos. James avait demandé à avoir du choix. « Je vais les examiner de plus près et en sélectionner plusieurs qui à mes yeux conviendraient pour la campagne publicitaire. Vous me direz ensuite ce que vous en pensez. » Ils verraient ainsi si leurs opinions concordaient et si la présélection effectuée par le créateur était aussi du goût de Diana. « Vous aurez le dernier mot, je l'ai promis à Halston. Avec moi, aucune mauvaise surprise. » Il lui assura en retrouvant son regard, sans juger utile de lui préciser qu'il n'avait qu'une parole en affaires et qu'il n'y avait jamais manqué. Ils ne prendraient aucune décision finale sans son accord, après tout elle était la première concernée et ils prenaient tous son image très au sérieux.