Don't...
Impossible de revenir en arrière....
Alors allons de l'avant
SAVAMES
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Mon coeur est meurtris. Cela fait exactement deux semaines, deux jours, quatre heures et vingt deux minutes que je ne l'ai pas vu. Des jours à tenter de joindre James, en vain... J'imaginais dans un premier temps qu'il était trop occupé pour m'accorder un bref instant avec notre fils, mais cette supposition ne tenait plus avec les jours qui passaient et surtout sans réponse de sa part. J'ai l'impression de manquer d'air, de tourner en rond, je n'ai plus les idées claires, et je suis incapable de savoir quel comportement je me dois d'adopter. Je ne veux pas me montrer oppressante, vraiment, mais j'ai l’impression que tout m'échappe, et qu'il pourrait décider de revenir sur sa décision, ca m'effraie tellement. Je suis parvenue à vivre sans Mathis durant plus de deux ans, mais il aura suffit de cette rencontre, de ces quelques minutes passées en sa compagnie pour que je réalise combien il était indispensable à ma vie, ça peut paraitre insensé quand on sait que je l'ai abandonné, mais les choses ont changé, et j'ai changé. James ne semble pas le voir ainsi, et peu importe ce que je dis, ca restera insuffisant pour parvenir à me faire à nouveau confiance.

Je range des affaires, profitant du temps misérable qui s'est abattu sur le la ville et qui me force à rester chez moi. Je dépose une pile de vêtement dans ma garde robe, faisant tomber un élément sur le sol. Mon regard se baisse, et je tombe sur ce bout de papier, celui qui m'a accompagné durant mes deux années de vagabondage, une photo de moi et James, souriant et amoureux. Un cliché qui avait été pris lors d'une de nos balades sur le port. Une illustration pour me rappeler la femme que j'étais auparavant, et surtout le bonheur qui inondait ma vie avant que je mette les voiles pour l'Italie. Je ne la ramasse pas, je me contente de l'observer, comme si elle était là pour me rappeler que j'avais tout foutu en l'air, et que j'étais responsable de ce carnage dans lequel je me trouvais actuellement. Et c'est exactement à ce moment précis que mon téléphone se mit à sonner, me signalant la réception d'un SMS. Je me dirige vers ce dernier, sentant mon coeur se lever en voyant le nom de James s'afficher. Peut être allais-je enfin avoir la chance de rectifier les choses. Cet espoir se voit anéanti face à ses mots, ils sont durs, poignants, et sans même que je ne m'en rende compte, mes sourcils viennent à se froncer, mon visage à se fermer soudainement. J'ai tant d'émotion en moi que je suis incapable de prendre du recul. Je fais les cents pas, tentant de me ménager alors que je souffle pour canaliser cette énergie soudaine. Mon impulsivité légendaire va pourtant gagner la bataille alors que je me dirige vers la porte, attrapant mes clés de voiture à la volée.

Je me retrouve devant cette maison, celle qui a abrité beaucoup de souvenirs , celle dans laquelle je ne suis pas rentrée depuis que j'y ai préparé mes affaires afin de quitter cette ville. La pluie se déverse avec force, sans répit, j'en ai déjà fais les frais avant de parvenir à monter dans mon véhicule. Cette fois ci-,je ne vais pas me contenter d'attendre sagement dans la voiture, d'agir avec sagesse. Je sors, claquant la porte sans plus attendre alors que je me précipite jusqu'au perron. Et je cogne la porte tout en me pinçant les lèvres. L'idée que ça puisse être Liviana qui ouvre celle-ci me traverse l'esprit, mais la colère est si intense qu'elle ne parviendra pas à m'arrêter. Les gouttes perlent sur mon visage, j'observe un instant la vue depuis cette endroit, me replongeant dans le passé. Le bruit de la porte se fait entendre alors que je fais face à James, qui semble surpris par ma présence ici. Je hausse les sourcils, faisant preuve d'une légère hostilité. "Quoi? Tu comptes aussi me claquer la porte au nez? "Demandais-je, un bref rappel face au message qu'il m'avait envoyé il y a moins d'une heure. "Quoique ca pourrait peut être t'arranger....Avec un peu de chance, je finirais par succomber à une pneumonie. Ca serait idéal pour te débarrasser de moi de façon définitive" Je me pince les lèvres, regardant un instant en arrière. Je détestais tellement être dans cet état, je ne me reconnaissais pas, et c'est ce qui rendait l'échange encore plus compliqué. Je savais que ça pourrait me desservir, il pourrait s'en servir contre moi pour m'empêcher de voir Mathis, mais je ne pouvais pas rester ainsi et subir ses changements d'humeur. Je prends un instant avant de me lancer dans ce qui va suivre, passant outre cette pluie battante dont je suis la victime piégée, j'ai besoin de quelques secondes pour me donner la force nécessaire pour affronter tout ça. "J'ai compris que je t'avais fais du mal, je suis vraiment désolée pour ça, ce n'était clairement pas mon but, je te l'ai déjà dis...Mais t'as pas le droit de me faire ça!" dis-je en appuyant mes derniers mots. "T'as pas le droit de te servir de cette rancœur pour me punir avec Mathis! T'as pas le droit de me laisser l'approcher pour finalement le garder à distance." Mon regard se balade à travers le sien. "Je ne suis pas là pour lui faire du mal, et à toi non plus, quand est ce que tu vas comprendre que je ne suis pas l'ennemie?" Je soupire, tentant de calmer l'intensité de l'échange. "Je ne suis pas parfaite, j'ai fauté, c'est vrai... Mais tu ne vaux pas mieux que moi en agissant de la sorte." Le ton s'est apaisé pour ces derniers mots. Je me sens libérée d'un poids immense, bien que je risque d'en payer assez rapidement le prix.

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Je tente vraiment d'avoir un comportement irréprochable depuis mon retour ici, de faire oublier mes erreurs passées. Je sais que j'ai fauté, et c'est la raison pour laquelle je laissais James me dénigrer à ce point sans tenter de me défendre, cependant, il est parvenu à me faire perdre pied en peu de temps. Il me l'a présenté, il m'a laissé m'imprégner de son odeur, de son timbre de voix, de cette innocence sans appel. Il m'a laissé apprécier ce moment si simple avec lui, et voilà qu'il semble faire marche arrière. Nos aurevoirs ont laissé un goût amer, je pense que mes propos n'ont fait que réveiller la colère qu'il était parvenu à contenir durant ces dernières minutes,j'ai l'impression de faire un retour en arrière, que toutes ces remarques que j'ai encaissé n'ont servis à rien. Et voilà qu'il me laisse sans nouvelle, ne prenant pas le temps de répondre à mes messages ou mes appels, faisant naître en un sentiment oppressant, un sentiment d'injustice. Je suis une bombe à retardement, et la goupille est retirée au moment même où il revient vers moi à travers ce sms froid, pour ne pas dire littéralement glacial. Je tente de prendre sur moi, de ne pas me laisser entraîner par un comportement impulsif qui pourrait me faire fauter et m'éloigner d'avantage de Mathis. J'essaie oui, pendant trois minutes trente au moins...mais je ne parviendrais pas à rester passive. Ni une ni deux, je décide de me rendre chez lui, ce qui implique également un "chez nous" du passé qui me vient en tête en observant la battisse alors que je remonte l'allée qui mène à cette dernière. Je ne sais pas ce que je vais dire, je ne sais pas si je vais tomber sur lui, ou bien même sur Savannah, mais ca m'importe peu. Je ne peux pas le laisser faire, je ne veux pas avoir à supporter ses propres états d'âme alors qu'il cherche juste à me faire payer le prix de l'abandon que je lui ai infligé à lui aussi. Il ouvre la porte, pris de court par cette visite surprise. Il ne semble pas énervé, mais ca ne calmera par la tempête que je suis. Mes premiers mots sont ironiques, il n'empêche que je veux lui prouver à quel point tout ça est grotesque. « Ne me tentes pas. » Je laisse échapper un rictus, et il est loin d'être celui qui résonne habituellement dans ma bouche. C'est un coup de massue qui s'abat sur moi. Comment peut t-on passe du grand amour à une telle relation, c'est insensé....C'est donc ça l'amour? Le grand amour? celui qui reste inchangé. Je suis celle qui a redistribué les cartes, c'est vrai, mais je n'imaginais pas qu'il viendrait à avoir de tels mots envers moi, comme si j'étais devenue une pure inconnue à ses yeux, pire, une sorte de virus dont on cherche à se débarrasser, effaçant tout l'amour qu'il a pu éprouver à mon égard. Ma mâchoire se serre alors que mon regard se perd sur la maison voisine, tentant d'accuser le coup. « Je t’avais dit que je te recontacterais. »Je hausse les sourcils, prenant de haut cette simple réplique. "Dans quoi? Un ou deux ans? Tu penses que c'est en laissant traîner les choses que je vais décider de disparaître?". j'avais pourtant été clair sur ce point, je ne comptais pas fuir. Si sinueuse et embuée était la route, j'étais prête à l'emprunter, peu importe les difficultés que je rencontrerais, mais celle-ci était clairement inutile. Je tente de lui exposer les choses, parvenant enfin à délier ma langue. Mes mots sont forts, peut être un peu trop vrai et grinçant alors qu'une simple conversation ensemble parvient à peine à être lancé correctement. Mais c'est ce que je pense, il aura beau me dire le contraire, il m'a fais rencontré Mathis pour finalement me le retirer juste pour que je sache la souffrance que cela puisse faire. C'est exactement ce que j'ai fais, quand j'ai décidé de partir alors que j'avais cet être qui prenait vie dans mon coeur. « Mais toi tu as le droit de revenir et de tout chambouler. Toi tu as le droit d’exiger des choses alors que tu étais absente pendant 2 ans ? » Je ne tarde pas à répondre, employant ce ton désinvolte sans plus attendre. "Mais je n'exige rien! Je t'ai dis que je te laisserais le temps pour tout ça, ca ne signifie pas que tu dois te jouer de moi James! Je ne suis pas une marionnette à ta disposition" Mathis n'était pas un trophée, et je n'étais pas là pour le lui voler. « Tu n’as rien compris si tu crois qu’il est question de moi… » Je hoche négativement de la tête, sachant pertinemment qu'une partie de lui était impliqué dans ce mal fou qu'il se donnait pour me blesser. C'était humain, mais pourquoi le nier? Pourquoi ne pas parler en son nom pour une fois plutôt que de dissimuler tout derrière le simple bien être de cet enfant que nous avons en commun? Je tente de lui faire savoir une fois de plus que je ne suis pas là pour me livrer à une guerre. Je le lui ai prouvé par mon approche, par le retrait employé lorsque j'ai eu la chance d'approcher Mathis,...Je n'ai jamais exposé mes droits de mère, bien que ca serait probablement plus facile si la justice le poussait à être d'avantage juste dans cette situation familiale. J'avance juste à son rythme, il se doit cependant de me faire confiance et me respecter comme moi je m'emploie à le faire à travers ma démarche, qui est on ne peut plus sérieuse et juste. « Tu ne veux peut-être pas faire du mal… Mais tu en fais… » Mon regard se fige sur lui, baissant soudainement le ton pour lui poser cette question "Je t'en fais?" Elle était sûrement là la nuance. Mathis n'était pas en mesure de comprendre ce qu'il se passait, mais James oui. C'est lui souffrait de mon retour, pas le bambin. Je m'autorise une dernière réplique, faisant savoir que si j'avais eu un comportement douteux, il empruntait le même chemin juste par cette soif de vengeance. Je suis sous cette pluie battante, et ce moment semble se figer alors que nos regards se croisent. Il était parvenu à fuir nombreux que j'avais pu lui adresser, par simple malaise, mais cette fois, nous semblons enfin prendre le temps de se faire face et de ne pas avoir peur de le faire. Le silence prend place, calmant mon tempérament alors que je reste immobile. « Tu vas attraper la mort… »Il me faudra cette remarque pour constater l'état dans lequel je me trouve. « Rentre. » Mes sourcils se froncent alors que je ne parviens pas à savoir si c'est réellement ce que je veux. Me mettre à l'abri signifie revivre cette scène glaçante, la dernière que j'ai vécu entre ses murs alors que je préparais dans un élan de folie suprême toutes mes affaires pour la quitter définitivement. "je...j'ai." Mon regard se pose un instant en arrière alors que mon corps est en contradiction avec ce que je devrais faire. « Mathis dort alors pas de bruits. » Cette simple réplique va pourtant me pousser à rentrer sagement à l"intérieur, faisant savoir au travers d'un bref hochement de tête que je baisse les armes.

Je passe l'entrée, observant avec attention l'endroit. Tout a changé. La décoration que je m'étais appliquée à mettre en place avait disparu, il n'y avait plus aucune trace de moi, comme si je n'y avais finalement jamais vécu. Mon corps réagit à un frisson poignant, mais ce n'est probablement pas celui des conséquences de la tempête qui tombe dehors, plutôt celui du souvenir poignant qu'entraîne ces retrouvailles dans cet endroit que j'ai pourtant tant choyé. « Je vais te chercher une serviette. » Je hoche une fois de plus brièvement de la tête, comme si la situation était parvenue à me ôter de la bouche. Je fais quelques pas discret pour prêter d'avantage attention à ce qui fait le quotidien de Mathis. Il y a ce portrait de lui et James, riant aux éclats, une photo posée sur un meuble qui me fait savoir le bonheur qui réside ici, sans moi. Et à côté cette photo où se trouve Liviana avec James et les enfants. Je déglutis douloureusement, sachant bien avant cela qu'elle avait de toute façon prit ma place dans ce foyer que j'avais abandonné. Les pas de James vont me faire oublier cela. Il me tend un serviette que j'attrape pour me ressuyer maladroitement le visage alors que je l'observe ouvrir un carton, qui semble à priori m'appartenir. « Je dois avoir quelques habits que tu n’as pas pris en partant… Il est possible qu’ils sentent un peu le renfermé. » Je suis assez stupéfaite. James a toujours montré un tel mépris envers moi que je pensais qu'il aurait pris plaisir à se débarrasser des choses qui pouvaient m'appartenir. Il me tend un pull, que j'avais oublier avec le temps et que j'appréciais pourtant tant à l'époque. "Ca fera l'affaire....Merci"dis-je en feignant un semblant de sourire. Je me retrouve un peu gênée alors que je ne me sens pas disposée à parcourir la maison pour trouver la salle de bain afin de me changer. James comprend cependant le message et se tourne, me laissant la voie libre pour ôter mon haut et enfiler celui qui avait somnolé tout ce temps dans ce carton.Je viens à dégager mes cheveux, bloqué dans l'encolure de ce pull d'un geste de main rapide alors que je lui rends la serviette. "Ca a bien changé ici..."fis-je remarquer afin de briser la glace. Ca changeait clairement de l'atmosphère que nous avions vécu à l'instant sur le perron. Je tente de ne pas me laisser perturber par cet environnement, et par le fait que je le redécouvre au côté de James, qui doit probablement observer mes réactions, et qui me connait assez pour savoir les interpréter. Mon regard se perd un instant sur un objet que je ne retrouve pas, et auquel James accordait un attachement sans équivoque. "Où est passé la lumière?" C'était peut être assez vaste comme sujet, mais cette dernière avait susciter une grande discorde à l'époque. Je le vois revenir à la maison alors que je prépare le repas, avec cet objet peu tendance, chiné dans une boutique du coin. Il m'avait toujours laissé libre choix sur la décoration, et voilà qu'il venait la troubler par cet objet qui était de mauvais goût pour moi. Combien de fois avais-je tenter de le convaincre de s'en débarrasser, en vain...Et elle n'était plus là! Ca me paraissait presque irréel, je me tourne vers lui, tentant de comprendre ce qui avait pu se passer pour qu'il daigne s'en débarrasser. Ou peut être avait t-il attendu sagement mon départ pour lui trouver un endroit moins exposé, qui sait. Mon regard perplexe fini sa trajectoire dans le sien.

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Je ne sais plus quoi faire, je pensais que adopter une attitude passive, accepter la sentence sans le contredire, parviendraient à apaiser les tensions, à lui donner raison, mais il n'en est rien. Je fais face à ses sauts d'humeur et je ne parviens plus à rester de marbre. Il m'en veut terriblement? Bien! Mais alors à quoi jouait t-il en acceptant la rencontre entre moi et Mathis, pire, en la provoquant? Quel était le but de cette promenade familiale si c'était pour décider ensuite de me tenir à l'écart? Parce que je n'ai pas été en mesure d'assumer mon rôle de mère pendant deux ans je vais donc être à sa disposition, à son bon vouloir? Ce n'est pas juste. Lui qui estime que je suis la méchante de l'histoire, il ne vaut finalement pas mieux. Je suis face à lui, un seul mètre nous sépare, il me permet pourtant insaisissable, parvenant à balayer par un comportement malveillant ces merveilleux souvenirs qui ne m'ont pas quitté, jamais, ceux qui ont écrit notre histoire. Je parviendrais presque à le détester autant qu'il peut ressentir cet émotion à mon égard, je suppose que c'est le but. Mais là ce n'est plus ma fuite que je regrette, c'est cette histoire. Pendant un instant, face à ce regard cruel je souhaite ne jamais l'avoir rencontré. Il peut donc être satisfait, il a gagné, il a sa revanche, celle d'un amour qui n'aurait jamais du exister. Il rit de mes propos, et sans le vouloir je le dévisage. « Non il me semble que c’est plus ton genre d’attendre deux années avant de réagir. » Je plisse les yeux. "Oh c'est vrai que toi tu es irréprochable, monsieur parfait. Jamais de coup dur, tu suis toujours le droit chemin...Et tu peux donc te permettre de juger tout le monde." Il ne me connaissait pas, c'était tout ce qu'il y avait à en tirer. Jamais il n'avait cherché à comprendre pourquoi, jamais l'idée que je puisse être au plus bas moralement ne lui a traversé l'esprit. Notre séparation était sûrement inévitable, nous n'étions pas sur le même chemin, malgré tous l'amour que nous pouvions éprouver pour l'autre. « Donc pour toi venir ici pour me faire la leçon parce que je ne veux pas que tu revoies mon fils dès que tu en as envie ce n’est rien exiger. Tu sais ce que c’est de laisser du temps à quelqu’un . Je pourrais peut-être me barrer pendant 2 ans pour voir ce que tu en penses à mon retour. » Je prends un ton tout aussi dur. "Tu ne sais absolument pas ce qui s'est passé pour moi pendant tout ce temps, alors tes jugements tu te les gardes!" C'était dur, et ca n'allait pas nous rapprocher, mais bien que j'avais pris la fuite, j'avais probablement souffert autant que lui lors de mon départ et les mois qui ont suivit ce dernier. J'avais finalement osé poser la question, celle qui n’évoquerait pas Mathis, mais bien lui, nous. « Évidemment… » Je lâche un léger souffle, j'aurais aimé qu'il en soit autrement. Mais malheureusement, retrouver mon fils incluait également retrouver James, qui le veuille ou non. « Qu’est-ce que tu crois ? Que je suis devenu insensible .» Je hausse les épaules, prenant un ton beaucoup plus calme et posé pour lui fournir une réponse. "Non, j'imaginais qu'après deux ans à me détester tu serais parvenu à gagner l'indifférence face à moi." Ca aurait peut être été plus facile que de supporter sa haine constante qu'il déverse chaque fois qu'il ouvre la bouche.

Je me retrouve à l'intérieur de cette maison...Sa maison. Elle n'est plus mienne. Cette odeur qui l'habite ne m'est plus familière. Elle a subi pas mal de changement, un peu comme nous. Je ne la reconnais plus. C'est une sensation assez étrange, ce que je sais, c'est que je n'y trouve plus ma place, ca en deviendrait presque étouffant. Mes quelques pas à travers la pièce en est la preuve, je peine à occuper l'espace. Il revient avec un carton, qui semble m'appartenir puisque mon prénom est écrit en toutes lettres sur l'une des faces. Je suis assez surprise qu'il l'ait gardé. Avec tout ce que je récolte, j'aurais imaginé qu'il s'en serait débarrasser depuis bien longtemps, et de façon radicale, soit pas le biais du feu, ou par le passage d'une benne à ordures. J'y retrouve ce pull, celui que j'ai porté si souvent par le passé, et je redoute presque d'avoir à l'enfiler, comme si j'allais devoir affronter mon fantôme du passé. Mais je n'ai pas vraiment d'autres choix. Mon attention va de toute façon être vite détournée sur un autre sujet. La lampe. Je m'étais tellement battue pour qu'il se décide à s'en débarrasser que l'idée qu'il puisse s'y être tenu après mon départ me paraissait impossible.« Je l’ai cassé. » Mon regard reste figé sur lui, alors que je comprends par son attitude que c'est loin d'être un acte malencontreux qui aura mit fin à cet objet. « Quand tu es partie, j’ai cru que… Je pensais que c’était passager. Je me suis dit que tu allais revenir, que tu avais juste besoin d’un peu d’espace. Que je t’avais peut-être fait peur avec cette demande en mariage. » Je déglutis douloureusement, ayant évidemment envie de le contredire, d'avouer ce qui m'avait poussé à le faire. Bien que cela puisse paraître contradictoire, l'annonce de cette grossesse et cette demande en mariage restent les moments les plus heureux de ma vie, bien que tout a rapidement basculé après cette fameuse rencontre quelques jours plus tard. Je ne sais peut être plus grand chose de lui, mais ce sourire qu'il feigne n'est qu'un leurre, un moyen de dissimuler cette tristesse, qui m'habite probablement tout autant à ce même instant. Les mots qu'il évoque n'ont rien de dur, ils me rappellent pourtant ce départ, et surtout ce qui s'en est suivi. Je ressens cette douleur, parce que j'ai vécu moi aussi cette séparation comme un déchirement, au point de ne plus vouloir sortir de chez moi, de m'apprêter, de m'alimenter, de dormir... Des mois que j'ai passé à survivre, et il m'a fallu tellement de temps pour sortir la tête de l'eau. « Et puis j’ai rencontré une autre femme. Sophia… La fille parfaite… L’évidence. Et un soir je l’ai embrassé… C’est là que j’ai compris… » Je tente de cacher ma surprise, ou cette jalousie soudaine d'apprendre que j'avais tenté d'être remplacé. Il m'avait fallu bien plus de temps pour parvenir à vouloir passer à autre chose. C'était donc ce qui nous différenciait lui et moi. Mon regard vient à se perdre sur le sol alors que mes bras se croisent finalement contre ma poitrine. « Ce soir-là en embrassant cette autre fille j’ai su que tu ne reviendrais pas… Et j’ai compris que je le savais depuis longtemps. » Je relève le regard dans le sien, affrontant ses aveux avec un certain détachement volontaire. « J’ai tout cassé… Du moins tout ce qui me faisait penser à toi… Et au fait que tu m’avais abandonné. » Je me mordille intérieurement la lèvre, pressant d'avantage mes bras contre moi.« Le lendemain je prenais un avion pour l’Europe… ». Je lâche un bref soupire, comme s'il me fallait le temps de digérer tout ça. "Il aura fallu que tu embrasses une autre femme pour que tu veuilles venir me chercher. "fis-je remarquer. J'étais mal placée pour faire des reproches, mais ce n'était pas plus juste que ce que j'avais fais. J'avais cependant un bon résumé de ce qui s'était passé suite à mon départ.

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Je n'ai pas souvenir d'une discussion si hostile entre lui et moi. Il nous arrivait de nous chamailler auparavant, d'être en désaccord, mais là ça ne relève pas d'une simple engueulade passagère, nous sommes en guerre, chacun posté sur des camps ennemis, et aucun drapeau blanc ne semble vouloir être hissé à l’horizon. Si je suis parvenue à garder mon calme jusqu'à présent avec lui, je perds patience. Ces reproches, toujours des reproches... Ca en devient épuisant, d'autant qu'il se positionne en victime sans même prendre le temps de savoir ce qu'il en a été de mon côté, c'est probablement trop inintéressant à ses yeux, sans réel intérêt. Tout se rapporte à lui et à sa souffrance, sans jamais songer à l'idée que j'ai pu être autant dévastée de mon côté. « La seule personne que je juge pour le moment c’est toi ! » Je souris ironiquement, juste pour m'assurer de le provoquer assez, et tenter de dissimuler au mieux cette colère qui monte en moi. "J'avais pas remarqué!" me moquais-je en détournant un instant le regard pour me ressaisir. C'est cependant trop tard, je ne parviens plus à m'arrêter, et les sons qui s'extirpent de ma bouche sont si libérateur que je n'éprouve aucun remord sur le moment, bien qu'ils pourraient me coûter cher quand à la suite des événements.« Si je n’en sais rien c’est parce que tu n’as rien voulu me dire Savannah. C’est pourtant ce qu’on fait normalement quand on s’apprête à avoir un enfant avec un homme et qu’on prétend l’aimer, on partage ses problèmes, on s’épaule. On ne fuit pas. » Je hoche de la tête. "Et j'y aurais récolté une leçon de morale une fois de plus? Je n'avais pas besoin de ça..." en référence à tout ce que je me prenais depuis mon arrivée ici, et ce que j'avais entendu quelques secondes auparavant.  Je soupire, tentant de détendre ce corps nerveux qui peine à tenir en place. Je fronce les sourcils , décider à reprendre ou plutôt compléter son parfait petit discours "Et quand on aime une personne, on se bat! Même quand cette dernière nous donne toutes les raisons d'abandonner. On cherche à comprendre...Si tu t'étais un minimum intéressé à ce qu'implique une demande en mariage , tu te serais souvenu que l'amour c'est pour le meilleur mais c'est aussi le pire!" fis-je remarquer.Si l'envie de lui dire ce qui avait pu se passer pour que je quitte précipitamment la ville m'avait souvent traversé l'esprit, je n'étais jamais parvenue à m'y résoudre. Et quand je vois le comportement hautain de James face à mes erreurs, je me dis que j'ai eu raison de ne pas le faire. Il n'aurait pas compris, il m'aurait jugé, dénigré... Il ne me connait pas, et il ne me connaissait pas plus lorsqu'il m'a demandé de l'épouser, c'est un fait. Un homme qui prétend aimer l'autre cherche à le retenir, à comprendre, à l'épauler. Pas une seule fois il m'a posé la question sur les motivations de mon départ, il a preferé en tirer ses propres conclusions, celles qui l’arrangeaient. Je ne cherche pas à l'accabler, juste à lui faire savoir que d'une certaine façon, il a contribué lui aussi à la fin de cette histoire. « Ce n’est pas aussi simple quand on a aimé quelqu’un. » Je ne prétendais pas que ça l'était pour moi, mais quand on voit la rage qu'il déverse sur moi, il m'est difficile de me dire que je récolte uniquement la souffrance d'un homme qui m'a aimé.

Plus rien n'a de sens, que ce soit mon échange avec cet homme que je ne reconnais plus, ma présence dans cette maison que j'avais décidé de partager avec lui...Je suis déstabilisée par le moment, il est difficile d'en être autrement. J'ai ces souvenirs qui me reviennent par vague, comme si je me devais de faire face à ce qu'a été ma vie avant que je ne décide de partir. Le calme semble être de mise dans cette pièce dans laquelle nos voix font écho. L'histoire de la lampe va nous projeter dans le passé, me donnant une idée précise de ce qui s'est passé après mon départ. Je ne sais pas si je voulais vraiment entendre tout ça, ce que j'avais vécu de mon côté avait été assez éprouvant, savoir qu'il avait cherché à me remplacer n'allait probablement pas m'apporter du réconfort. « En réalité je ne venais pas te chercher toi. » Mon visage se relève pour croiser son regard duquel je ne parviens plus à me détacher. Il joue tellement avec les mots qu'il m'est impossible de savoir si ces derniers sont prononcés une fois de plus pour me briser, ou s'il fait preuve d'une franchise remarquable. « Tu m’as quitté Savannah, comme une voleuse sans même un mot. » C'était donc vrai. Ma vision se trouble, ma gorge se resserre, m'empêchant presque de déglutir. « Mais dans l’optique où tu ne reviendrais jamais… Je ne pouvais pas imaginer de vivre loin de mon enfant. » C'est un peu la douche froide, j'avais vraiment pensé qu'il était également venu pour moi, pour nous, mais je n'étais pas la raison première. Mathis était la priorité, j'étais juste le petit emballage que l'on pouvait ajouter au cadeau mais qui n'était en rien indispensable.  « Évidement… Je rêvais de te convaincre de revenir… Je t’aimais… J’aurais tellement voulu qu’on soit une famille. » Je hoche de la tête, n'écoutant cependant plus un mot, ayant  décroché de cette discussion depuis ces premiers mots. C'était suffisant, j'en avais assez entendu je pense. Je m'étais probablement trompé sur lui, sur nous, et le grand amour que nous avions vécu me semblait tellement dérisoire maintenant que j'avais sa version des faits. Je ne sais pas quoi répondre, je pense que tout a été dit, qu'il n'y a plus rien à ajouter. Peu importe le nombre de fois où je m'excuserais, le résultat sera le même. Il n'y a plus rien à faire. Cette histoire s'est terminée il y a bien longtemps, et un semblant d'amitié me semble désormais impossible. Je ne vais pas le forcer à supporter ma présence ou à se montrer poli juste pour redorer l'image d'une "famille". Je renifle rapidement tout en récupérant mon haut mouillé, m’exécutant pour cacher cet état de détresse."Je vais y aller" lançais-je tout en commençant à m'éloigner. Je me trouve à la hauteur de la porte lorsque je prends le temps de faire face à nouveau à  James. "Je te laisse revenir vers moi lorsque tu seras prêt pour Mathis. Et si ce n'est pas le cas..." je soupire doucement, espérant ne pas avoir à engager une procédure à son encontre, malgré la rancœur bien présente. Je ne finis pas ma phrase, parce qu'il m'est impossible de songer à cette possibilité. Ma main sur la poignée, mon attention vient à se poser sur ce carton qui m'appartient, dans lequel se trouve probablement des choses auxquelles je tenais par le passé et qui trône au beau milieu de la pièce de vie. Je me pince les lèvres avant de relever mon regard dans celui du jeune homme. "Tu peux t'en débarrasser.... Il n'y a plus rien qu'il faille sauver ici..." Mon regard balaye un instant la pièce, comme si je réalisais que je n'y mettrais plus les pieds, que plus jamais je ne retrouverais ces murs. Cette phrase contenait un double sens, et il ne peut être plus de circonstance. Pour la première fois, j'acceptais enfin l'issue chaotique qui nous était réservé. Il devait s'en réjouir, j'allais me tenir bien plus à l'écart de lui. Je viens refermer la porte d'entrée après mon passage, prenant une grande inspiration pour tenter de canaliser ces émotions  que j'ai eu tant de mal à dissiper face à lui.

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