Ma vie avait prit un tournant différent dernièrement, que ce soit d'un point de vue personnel ou professionnel. J'avais quitté mon poste de chroniqueuse web pour retrouver d’anciennes fonctions, auprès d'un ancien patron, qui se trouvait être également mon ex. Okay, présenté ainsi, c'était loin d'être glorieux, il n'empêche que ce choix semblait être le plus judicieux. J'ai rapidement retrouvé ces réflexes dans ce rôle que je jouais à merveille à l'époque, et même si mes rapports avec Evan sont parfois difficiles à gérer, je m'y sens à ma place. L'ennui c'est que ces arguments risquaient de ne pas être suffisant aux yeux d'un autre, monsieur Grimes en personne... Les récents événements nous avaient amené à reprendre en considération notre relation, et voilà que nous prétendions de façon officielle au statut de couple. Et même si j'avais encore parfois du mal a réaliser la situation, cette volonté de mettre toutes les chances de notre côté est plus présente que jamais, et pour cela, j'allais devoir accepter de m'ouvrir d'avantage à lui, la communication n'étant pas toujours notre fort. J'avais déjà essayé de lui en toucher un mot, mais chaque fois que je m'apprêtais à me lancer, j'étais parvenue à me convaincre que ce n'était pas le bon moment, ou quelque chose m'en avait empêché....


"Salut bel inconnu" murmurais-je près de lui, alors qu'il me tourne le dos. Sur la pointe des pieds, je dépose un baiser chaud sur sa nuque, savourant des retrouvailles sûrement trop attendues de toute part. Un délicieux sourire illumine mon visage, ne pouvant mentir sur l'état d'esprit dans lequel je me trouve maintenant que je suis à ses côtés. Il pivote vers moi, me laissant le loisir de pouvoir déposer mes lèvres sans plus attendre sur les siennes, et apprécier ce goût qui me fait déjà perdre la tête. "Ca t'arrive souvent d'accepter des invitations de la part de jeune femme désespérée?" m'amusais-je un instant,faisant référence au message qui l'avait amené jusqu'ici. Je laisse mon regard se perdre tantôt dans le sien, tantôt sur cette bouche pour laquelle je voue une attraction particulière, et qui pourrait me détourner de mes intentions premières. "Suis-moi" lançais-je en me mordillant la lèvre inférieure, faisant preuve d'une impatience sans nom. Ma main attrape la sienne, l'attirant vers la façade de la maison devant laquelle nous nous trouvons, et qui montre son plus beau visage sous ce soleil de plomb. Je cherche un instant la clé dans mon sac à main, et viens ouvrir la porte l'instant d'après. Cette odeur peu agréable, apparentée à un air lourd et chargé d'humidité, se fait sentir sans plus attendre lorsque j'avance dans la pièce. J'observe avec attention où je pose les pieds, mes escarpins n'étant clairement pas adéquate pour ce genre d'endroit. Pas mal de bazar autour de nous, de matériaux laissés à l'abandon. Si ca aurait fait fuir n'importe quelle personne censée, je ressemble à une gamine d'une dizaine d'années, animée par l'euphorie du moment. "Alors?" Je me tourne vers Cade, espérant qu'il partage mon émerveillement. La mine qui laisse entrevoir est cependant loin d'être si positive et enjouée. J’assimile ça à un problème de compréhension. "Ne te méprend pas, c'est pas une invitation à venir vivre avec moi" précisais-je, amusée, comme si cette simple remarque parviendrait à le soulager immédiatement. J’espérais cependant qu'il puisse y trouver sa place par la suite, comme moi je parvenais à le faire dans son appartement. "J'me disais que je pourrais abattre cette cloison pour en faire une grande pièce à vivre" mimais-je en observant le mur qui sépare le salon de la cuisine. "Et puis venir mettre un îlot en plein milieu...J'ajouterais sûrement aussi une grande fenêtre pour faire entrer de la lumière." Je ne décrivais pas mes idées, je les vivais, littéralement. Bien trop peut être.... Cette maison se trouve dans un beau quartier, et offre tout ce que j'ai toujours rêvé d'avoir, de l'espace, de la luminosité, un jardin dans lequel Mathis pourrait venir gambader... Ce confort a cependant un prix, mais les financements ne sont plus un problème grâce au salaire mirobolant que je gagne. Merci Campbell. Même les travaux seraient à portée de main, et on peut dire que ce n'est pas ça qui manquait ici, tout était à refaire, ou presque.

Le brouillard se dissimulait petit à petit devant les yeux de Cade. Ou d'autres pourrait encore dire qu'il entrevoyait la lumière au bout du tunnel. Peut lui importait l'expression, l'ex agent fédéral commençait à aller mieux. Moins d'alcool, moins de bastons pour occuper ses soirées, toujours pas de boulot... quoi ? C'est un point négatif ? Oui, c'est vrai. Avec les difficultés qu'il rencontrait encore avec sa fratrie d'incorruptibles, c'était un des derniers points noirs du moment. Depuis la commission qui l'avait définitivement écarté des rangs du FBI, Grimes n'avait pas prit le temps de se poser pour réfléchir à son avenir, et surtout, à comment il allait continuer de payer ses factures. Il ne savait pas faire grand chose de ses dix doigts, s'étant très vite tourné vers les formations pour entrer dans les métiers des défenseurs de la justice américaine. S'imaginer un instant dans un bureau lui donnait la nausée. Se voir dans une usine avec des outils farfelues en mains, il n'y parvenait pas plus. Peut être que Savannah pourrait l'aiguiller, elle qui avait l'oeil extérieur et qui commençait à bien le connaître. Tiens, d'ailleurs, elle lui donnait un rencart. Une adresse plutôt précise qui ne disait rien à Cade. Encore une de ses idées qui le ravirait, ou non. C'était qu'avec elle, il ne s'ennuyait pas une seule seconde, et ce n'était sans doute pas parce que leur relation avait des semblants de sérieux que ça allait changer.

La Chevrolet trouva sa place contre le trottoir et Cade en sortit, peu certain de ce qui allait se passer. Pas de bar à l'horizon. Pas l'ombre d'un restaurant. Des maisons oui. De grosses baraques qui abritaient sûrement des familles aisées...un peu comme celle qu'aurait pu habiter les Grimes si elles étaient remodelées à la façon Londonienne. Après avoir fait un tour du quartier des yeux, une voix transperça toutes les questions qu'il pouvait alors se poser. "Salut bel inconnu"  Un murmure délicat qui lui tira immédiatement un petit sourire. Un baiser qui confirmait que c'était bien grâce à Savannah que tout semblait aller bien. Il se tourna, enjoué, et répondit à ce baiser en attrapant la main de Savannah. "Ca t'arrive souvent d'accepter des invitations de la part de jeune femme désespérée?" Elle ne pensait pas si bien dire. - Tu sais que j'aime voler à leurs secours ! Après tout, on ne l'avait pas baptisé Superman pour rien ! - Mais... tu m'semble pas si désespérée. Qu'est ce que cache ce visage radieux ? Tu as déniché la nouvelle robe en vogue pour la saison à venir ? Un brin d'humour qui révélait quand même son lot de curiosité. La jolie blonde paraissait effectivement toute pimpante, et toute guillerette. Ça cachait forcément quelque chose. "Suis-moi"

Elle sort la clé de cette maison, face à eux, et s'en était surprenant. Son excitation ressortait dans ses yeux brillants. Cade la regarda entrer à l'intérieur, il haussa les sourcils et passa le seuil de la porte presque grinçante. A pas lent et presque méfiant, il avance doucement, observant la première pièce, le sol complètement rongé par endroit, les murs qui montraient leurs plus beaux papiers peints. Le plafond, décoré d'un... superbe lustre façon mamie-Ginette. Il n'avait pas l'air de comprendre, ou il préférait éloigner de son esprit ce que cette visite pouvait raconter. "Alors?" Grimes reluqua encore la pièce principal, un brin dubitatif. - Hum.... Reposant enfin son regard sur Savannah il s'arrêta non loin d'elle. - C'est... charmant. Ironie. La maison pouvait être sensationnel...si on y apportait des tas de modifications ! - Si c'est ton style de déco, alors on va forcément passer par une bonne vieille dispute dont on ne se remettra que sous la couette ! Pourquoi lui faisait-elle visiter cette demeure si ce n'était pas une proposition à habiter ensemble ? Il ne comprenait pas."Ne te méprend pas, c'est pas une invitation à venir vivre avec moi" Presque soulagé en apparence, il eut un long hochement de tête pour acquiescer. Et puis, elle s'emballa, sans qu'il n'ai plus d'informations. "J'me disais que je pourrais abattre cette cloison pour en faire une grande pièce à vivre" Il regardait. Paumé. Et fit mine d'être d'accord. "Et puis venir mettre un îlot en plein milieu...J'ajouterais sûrement aussi une grande fenêtre pour faire entrer de la lumière." Son enthousiasme faisait plaisir à voir et Cade comprenait qu'elle se voyait bien ici... mais n'avait-elle pas déjà un appartement ?! Et cette maison, sans compter les travaux, était probablement hors de portée de toute façon...

- Attends... attends une minute...Il fronça les sourcils. - Tu comptes vraiment acheter cette baraque ?  Il termina par un sourire un peu nerveux. - J'ai loupé un truc ? La dernière fois que j't'ai vu, t'avais encore un petit appart' qui te convenait très bien...

Ce vent nouveau qui soufflait sur ma vie était appréciable, bien qu'il était synonyme de changement. Je m'étais efforcée à faire des choix dernièrement, a prendre des décisions qui ne m'ont pas toujours paru évidentes, et qui à l'heure d'aujourd'hui pouvaient encore laisser à désirer. Il y en a cependant bien une sur laquelle le doute n'était plus permis, et j'étais bien décidée à lui accorder l'importance nécessaire, même si mon quotidien venait parfois troubler cette volonté, par de nouvelle responsabilité professionnelle, mais aussi un foyer pour lequel je me dévouais corps et âme lorsque Mathis se trouvait auprès de moi. Ce n'était pas toujours facile de tout combiner, mais j’espérais que par la suite tout viendrait se fluidifier, sans avoir cette sensation de devoir me diviser pour satisfaire chacune des parties. Ce n'est pourtant pas d'actualité, je ne veux pas imposer de grande responsabilité à Cade qui devait s'adapter à nouveau aux conditions qu'impliquaient une relation de couple, je n'allais pas en plus de ça lui demander de jouer au beau-père exemplaire auprès de Mathis, même si nous allions devoir nous y soumettre un jour ou l'autre et assumer cette relation auprès du principal intéressé.

Près de lui, je savoure ce délicieux sentiment qu'éveille sa présence à mes côtés, et j'éprouve déjà un sentiment de frustration à l'idée que les minutes nous sont malheureusement comptées, mais je le chasse, préférant me concentrer sur ce qui nous ai offert.  "Ca t'arrive souvent d'accepter des invitations de la part de jeune femme désespérée?" Un délicieux sourire orne mes lèvres. "- Tu sais que j'aime voler à leurs secours !" Je plisse les yeux, mon sourire se figeant faussement face à cette réponse qui est finalement peu appréciée. Cade et les femmes... Un sujet que je ferais mieux d'éviter et que je niais en bloc, préférant être dans l'ignorance en lui vouant une confiance aveugle que d'oser l'aborder. Note à moi-même : Ne plus l'évoquer, même s'il s'agit d'ironie. "Ouais" soufflais-je finalement. "- Mais... tu m'sembles pas si désespérée. Qu'est ce que cache ce visage radieux ? Tu as déniché la nouvelle robe en vogue pour la saison à venir ?" Mon visage à proximité du sien, un sourire amusé se dessine sur mes lèvres alors que je hausse les sourcils. "T'ai-je déjà parue si superficielle?"  Et s'il était l'objet de cette bonne humeur? Je finis par lever le voile sur ses interrogations, lui demandant de me suivre vers la raison qui nous amène ici.

A l'intérieur, je fais abstraction du chaos qui s'est pourtant abattu sur cette maison, aveuglée par le potentiel qu'offre cet endroit par ces grands espaces et le confort que je pourrais lui apporter. Cette évidence ne semble pas partagée par Cade, qui s'interroge peut être sur la raison de sa présence ici, ne heurtant pas pour autant mon euphorie du moment. "Hum...." J'observe à nouveau autour de moi, essayant de trouver de détails qui m'auraient échappé lors de la première visite avec l'agent immobilier, avec lequel j'ai usé de mes charmes pour obtenir les clés pour quelques heures, sans sa présence. Une chance. "- C'est... charmant." Je hausse les sourcils, sentant bien évidement l'ironie dans sa voix. "- Si c'est ton style de déco, alors on va forcément passer par une bonne vieille dispute dont on ne se remettra que sous la couette ! " Je fronce les sourcils en croisant son regard, tâchant de comprendre le sens de sa remarque, avant qu'un détail, et pas des moindres, ne me revienne à l'esprit. Effectivement, ça pouvait porter à confusion, je ne prévoyais cependant pas de le bloquer expressément en le mettant au pied du mur. Pas encore en tout cas. Quand bien même c'était le cas, il réagissait plutôt bien, ou alors ne s'agissait t-il que d'une ironie capable de dissimuler sa peur du moment? "Ne te méprend pas, c'est pas une invitation à venir vivre avec moi" Il acquiesce, me permettant de songer à nouveau aux plans qui se dessinent peu à peu dans ma tête, avec un peu d'imagination. Beaucoup peut être. Je les partage avec Cade, espérant peut être qu'il ait des suggestions a apporter, mais il se montre plutôt silencieux pour le coup. Cade Grimes qui n'exprime pas d'avis? C'est aussi étrange que de la neige en plein mois de mai.  Ou alors fallait-il simplement le temps qu'il assimile toutes les informations " - Attends... attends une minute..." Je reviens auprès de lui, me frottant les mains, prête à en débattre. Sa remarque n'est pas cependant celle à laquelle je m'attendais. " - Tu comptes vraiment acheter cette baraque ?" Je détourne un instant le regard, hésitant à répondre, ca ne paraissait pas donc pas si évident à ses yeux? Son rire parvient enfin à briser mes rêves alors que mon sourire s'efface doucement. "- J'ai loupé un truc ? La dernière fois que j't'ai vu, t'avais encore un petit appart' qui te convenait très bien..." Je lâche dans un soupire. "Et je l'ai toujours". Peut être plus pour très longtemps. "J'aspire peut être à plus qu'un modeste appartement de 50m² maintenant." Mes bras viennent se croiser contre ma poitrine, ne prenant pas conscience que nos idées peuvent diverger sur ce point alors que lui semble se satisfaire du sien. "Okay, je te l'accorde, il y a peut être beaucoup....beaucoup de travaux à prévoir" Un euphémisme. Seul les murs résisteront, et encore, pas la totalité. L'expression sur son visage confirme cette idée. "Mais je pourrais engager des artisans pour c'que je n'serais pas en mesure de réaliser" lançais-je en haussant les épaules. Je m'approche un peu plus de lui. "Et puis...Peut être que tu pourrais me donner un p'tit coup d'main" Mes doigts caressent doucement le haut de son torse, lui adressant un sourire charmeur. Je n'avais pourtant aucune idée de ses compétences en bricolage, mais l'idée de le voir se balader torse nu avec un marteau dans les mains suffirait à m'apporter un peu de distraction. Tâchant de faire preuve d'un peu plus de raison, je reprends sur un ton un peu plus sérieux qui laisse entrevoir un élan de sincérité. "J'ai juste envie que Mathis ne manque de rien, et je trouve ça un peu injuste qu'il doive attendre que je l'amène au parc pour qu'il puisse gambader dans l'herbe." J'ai grandi moi-même dans une maison qui offrait des avantages de ce genre, et je savais pertinemment ce que ça pouvait apporter. Ma bouche se glisse en coin, parvenant à deviner son avis sur le sujet. "Tu penses que c'est une mauvaise idée". Ca ne ressemblait pas à une question, parce que ces dernières minutes ne faisaient que confirmer cette théories. Mon côté terre à terre reprend peu à peu sa place. J'aurais effectivement preferé qu'il en soit autrement, mais je ne pouvais pas lui en vouloir de se montrer réaliste, et ce léger sourire d'apparence se voulait rassurant, comme si ce n'était pas si grave que ce ne soit pas le cas. Je l'avais bien amené ici pour ça après tout.

Quelque chose avait définitivement bien changé dans la vie de Cade. Et cela n'avait rien à voir avec sa famille ou son boulot. Il arrivait, souriant, sur le lieu du rendez-vous qu'une jolie blonde lui avait donné par message. Et il s'avérait que cette fille n'était pas un énième plan cul avec qui il s'amusait avant de reprendre sa petite vie, sans même se retourner. Savannah avait maintenant sa place, à la fois physiquement et dans son esprit. Grimes avait terminé de se poser des questions sur ce que cette relation pouvait engendrer. Il s'écoutait et tout ce que sa caboche lui disait c'était... ne la laisses pas te fuir encore ! Gardes la près de toi ! Cette fille en vaut vraiment la peine ! Autant de vérité que l'ex agent fédéral ne s'était pas avoué depuis belle lurette et qui semblait lui donner bonne mine. Il ignorait complètement la raison de sa présence dans ce quartier, mais il y était. Et donnait son entière confiance à Savannah qui n'échappait pas à quelques réponses narquoises, illustrant typiquement le désormais passé de Cade. - Tu sais que j'aime voler à leurs secours ! Ce sourire qu'elle arborait ramollit quelque peu soudainement et ceci ne fit que le rendre plus fier encore de ce sarcasme qui ne le perdrait jamais, quelque soit la nature de ses sentiments. Bref, il mourrait d'envie de savoir ce qu'elle mijotait, et derrière ses devinettes très superficielles, il était vrai, il ne doutait pas qu'elle cachait quelque chose d'original.

Cette maison était... elle était... elle pouvait être grandiose. Et l'enthousiasme de Savannah prévoyait de la rendre comme telle. La jeune femme paraissait débordante d'idées et elle lui exposait avant même de lui expliquer de quoi il en retournait. Tout de suite, ce projet de vie commune envahit les pensées de Cade. N'allait-elle pas un peu vite en besogne ?! "Ne te méprend pas, c'est pas une invitation à venir vivre avec moi" Comme un soulagement dans sa poitrine... Il n'aurait pas voulu passer pour le négatif du couple encore une fois mais, il n'était pas certains que vivre ensemble aussi tôt était une bonne chose. Non pas qu'il ne soit pas sûr de ses sentiments cette fois, c'était juste qu'il avait ses habitudes de solitaire, et que celles-ci étaient bien ancrées. Il s'imaginait déjà Savannah, debout dans l'encadrement de la porte de la cuisine – cette jolie cuisine en bois, et ce papier peint décoré de coupes de fruits – au beau milieu de la nuit, à l'espionner fouiller dans le frigo pour se concocter un sandwich pain de mie-beurre de cacahuète. Il y avait encore des choses qu'elle ne savait pas... La visite se poursuivait et il comprenait qu'elle avait décidé d'acheter cette maison ! Un achat bien trop surprenant. Avait-elle été mise à la porte par son proprio ?! "J'aspire peut être à plus qu'un modeste appartement de 50m² maintenant."  Les yeux de Cade firent le tour de la plus grande pièce et son visage reflétait toujours cet air dubitatif. Okay, il s'agissait donc d'une envie de plus grand. Une petite grimace orna les traits de Grimes. - Et il n'y avait pas moins grand... et surtout plus... moderne ?! Non parce que là, il faudrait des mois de travaux pour remettre cette baraque au goût du jour. "Okay, je te l'accorde, il y a peut être beaucoup....beaucoup de travaux à prévoir" Il haussa les sourcils. C'était rien de le dire. La déco vieillotte cachait certainement pas mal de vétustés de surcroît. "Mais je pourrais engager des artisans pour c'que je n'serais pas en mesure de réaliser" Elle s'approche et il comprend vite qu'il s'agissait là d'une plaidoirie. "Et puis...Peut être que tu pourrais me donner un p'tit coup d'main" Grimes l'observe jouer de ses charmes, et un sourire amusé s'immisce son visage. - Inutile de m'regarder comme ça. Je ne jouerai pas les artistes peintres en combinaison de cosmonaute ! Mais peut-être que si la propriétaire lui faisait quelques propositions de rémunération à sa façon...

"J'ai juste envie que Mathis ne manque de rien, et je trouve ça un peu injuste qu'il doive attendre que je l'amène au parc pour qu'il puisse gambader dans l'herbe." Voilà une bonne excuse. Du terrain pour que son fils puisse s'épanouir. C'était la maman qui parlait et cette raison cloua le bec de Cade. Il avait parfois tendance à oublier qu'elle était maman et que son avenir devait être bâtit aussi en fonction de son petit garçon. Il hocha positivement de la tête. "Tu penses que c'est une mauvaise idée"  Okay. Elle voulait cette maison. Grimes sourit et posa ses mains sur ses bras pour les caresser, comme pour la rassurer sur ce point. - Non c'est pas une mauvaise idée. Mais encore ! Il y avait un détail des plus importants qui restait encore à discuter. L'argent. -Sav' Je préfère quand même te prévenir... si cette maison n'est pas chère à la vente, les travaux vont coûter une blinde. Sans compter tout ce qui se cache derrière ces...magnifiques tapisseries. Il arborait un air plus sérieux et moins réjouissant. - A moins que tu ai gagné à la loterie, l'addition risque de faire foirer tous tes plans...

La présence de Cade sur ses lieux pouvait effectivement porter à confusion. D'autant plus, que dans cet état d'euphorie, j'en viens à lui exposer toutes les idées qui me passent par la tête depuis la découverte de cet endroit, dans lequel je me projette depuis désormais plusieurs jours. Je pars dans tous les sens, en oubliant un instant que je puisse déstabiliser mon interlocuteur par un manque d'information. Je viens donc à rectifier le tir, précisant qu'il ne s'agisse pas là d'une quelconque invitation qui serait à même de le piéger. Il n'y aura pas de signature à apposer sur un papier officiel que j'aurais rédigé et rangé précieusement dans le fond de mon sac à main . C'est bien dommage, mon côté excessif m'a donc fait passer à côté de la blague du siècle, celle qui l'aurait possiblement poussé à quitter la demeure dans la précipitation en m'insultant de vieille folle. Ou peut être aurait-il été assez délicat pour me remettre gentiment les idées en place, surfant sur toutes ces choses qui rendraient cette cohabitation insupportable. Et il y avait de quoi faire dans notre cas. Maintenant, ces mêmes raisons n'avaient finalement pas fait le poids face à l'attachement que nous éprouvions l'un pour l'autre, alors... Bref, la question n'était pas là. C'est avant tout un avis que je souhaite en tirer. Alors peut être qu'il n'est pas la personne la plus objective de mon entourage, mais c'est pourtant bien la seule personne avec qui j'ai envie de partager ce projet quelque peu démesuré qui révèle surtout un rêve enfoui au plus profond de moi. Et bien qu'il a probablement encore beaucoup à apprendre sur moi, il est de loin l'une des seules personnes à qui je voue une telle confiance, et qui sera capable de me dire que je fais fausse route, comme il l'a fait si souvent lors de nos différents échanges, que ce soit pour blâmer ma présence autour d'une table de poker remplie de mafieux, ou pour souligner mon tempérament excessif lorsqu'une douce créature nommée Alicia lui tournait encore autour. Je voulais la même transparence aujourd'hui, même si son opinion ne concordait pas avec la mienne. Je suis cependant prête à amener quelques arguments pour expliquer mon choix.

 "- Et il n'y avait pas moins grand... et surtout plus... moderne ?!" Je le jauge du regard, m'emparant d'un faux air étonné. "Si...Probablement." Une moue vient s'emparer des traits de mon visage alors que je prends une grande inspiration "Mais j'ai un faible pour les sujets désespérés." Je hausse les sourcils, croisant son regard avec un certain amusement. Au delà de la douce provocation que je souhaite lui soumettre, se dissimule un aveu qui n'est que véridique. J'ai toujours eu un attachement particulier avec les choses desquelles beaucoup chercherait à se débarrasser, et ce, dès mon plus jeune âge. Il y avait eu cette poupée qui appartenait à Bella, victime du sadisme de ce cher Auden, qui dans un moment de folie lui avait coupé les cheveux et lui avait refait un maquillage personnalisé avec du feutre noir...Je l'avais prise sous mon aile, tachant de dissimuler le mot "SATAN" et ce carnage capillaire à l'aide d'un bandana.Mais j'allais peut être éviter d'évoquer cette anecdote, qui serait peut être offensante à ses yeux. Comparé Cade à Gretchen, ou encore cette maison en ruine.. "Cette maison a du potentiel, je trouve ça juste dommage qu'elle soit abandonnée d'la sorte juste parce qu'elle a été quelque peu négligée." Okay, j'allais maintenant passer pour la sensible au grand coeur, super "Et puis il y a l'une des meilleures écoles de cette ville à proximité. "Enfin un argument qui pouvait être recevable, je me passe bien de lui dire qu'il s'agisse là d'un établissement de l'enseignement secondaire... Pour ce qui est des travaux, la solution est déjà toute trouvée, mais si Cade se sent d'humeur à jouer à Bob le bricoleur, je suis preneuse. Idée moins séduisante à ses yeux, alors que je viens lui adresser un sourire charmeur pour le convaincre. "- Inutile de m'regarder comme ça. Je ne jouerai pas les artistes peintres en combinaison de cosmonaute ! " Mon sourire s'élargit face à cette idée, et je prends soudainement un faux air offensé. "Bien sûr que non..." Mon regard se balade autour de moi, l'air de rien "...pas en combinaison." précisais-je en retrouvant ses yeux, comme si cette condition était désormais actée entre nous.

Je reprends finalement mon sérieux pour partager un point positif qui n'est pas négligeable, la liberté que cette maison offrirait à Mathis. Je l'imagine déjà courir pour rejoindre le jardin, qui lui permettrait de se défouler sans attendre une quelconque balade au parc. Et puis  il y avait ce coin dans la pièce à vivre, qui me permettrait d'installer peut être ce piano... Mais peut-être m'emballais-je. Un bref moment de lucidité pour souligner l'avis qu'il semblait s'en faire, et qui était recevable. Ses mains viennent caresser ma peau tendrement. "- Non c'est pas une mauvaise idée." Un léger sourire innocemment enfantin vient se loger sur mes lèvres, me demandant si ces mots n'avaient pas pour seul but de me faire plaisir. "- Sav' Je préfère quand même te prévenir... si cette maison n'est pas chère à la vente, les travaux vont coûter une blinde. Sans compter tout ce qui se cache derrière ces...magnifiques tapisseries." L'argent. Point qui aurait pu effectivement venir noircir le tableau si je n'avais pas décidé de changer de boîte à nouveau. Je sais qu'il ne s'agit pas là d'un problème pour le coup, et c'est la raison pour laquelle je m'empare d'une certaine ironie pour rétorquer. "Hmm...Des murs probablement?" proposais-je en guide se réponse, avant de laisser apparaître un certain amusement. Je tente de me ressaisir, n'ayant pas envie d'être agaçante alors qu'il fait preuve de sérieux. "J'en sais rien ce qui se cache derrière, j'bosse derrière un bureau, j'suis pas maçon....Mais il y a rien qui puisse être si terrible." Si? J'observe le mur à proximité, songeant à cette idée avec un peu plus de vigueur. "- A moins que tu aies gagné à la loterie, l'addition risque de faire foirer tous tes plans..." Je relève les sourcils en retrouvant son regard, pouvant pourtant contrer ce fait. "L'argent n'sera pas un soucis" avouais-je en détournant l'attention. C'est donc le moment où je suis censée lui avouer que Evan se chargera de payer involontairement les frais que ça entrainera ? Sans tourner le visage, je sens son regard posé sur moi, attendant probablement une précision. "Je..J'ai trouvé un boulot qui me payait bien plus dans une grosse boîte alors...." J'ai décidé de tenter le diable en retournant bosser avec mon ex .Pas convaincant. Je hausse les épaules. "Juste avant qu'on se retrouve d'ailleurs" précisais-je, comme si ce détail pourrait avoir son importance par la suite. L'occasion est parfaite pour poursuivre, maintenant que le sujet est lancé, mais les mots ne parviennent pas à sortir de ma bouche, et je me résigne assez vite, me grattant nerveusement le haut du visage. "Faudrait que je fasse passer quelqu'un, pour qu'il m'estime tout ça".

Non. Clairement. Cade ne se voyait pas du tout emménager dans cette maison qui avait certainement vu disparaître Papy Germain. Du moins, la décoration laissait à penser que son précédent propriétaire n'était pas de toute première jeunesse. Il n'y avait qu'à voir le parquet non entretenu, et cette cuisine toute en chêne. Il mettrait même sa main au feu quant à l'existence d'un grenier parsemé de toiles d'araignées où dormiraient coffre suspect et poupées de chiffons au visages effrayants ! Bien que Cade ne soit pas le roi de la déco, il y avait nettement à revoir ici. Et pour ça, Savannah semblait déborder d'idées. Son regard bleu brillait comme celui d'une enfant devant la grosse peluche au stand de tir de la fête foraine. Elle avait un projet en tête et elle l'exposait avec enthousiasme, essayant de tirer Cade de ce côté du précipice.

"Mais j'ai un faible pour les sujets désespérés." Grimes jeta un regard noir à la jolie blonde en plissant les paupières, il avait bien capté cette remarque qui aurait pu être péjorative mais qui était on ne pouvait plus vraie. Pas de boulot, pas de vie de famille, oui... on pouvait probablement l'appeler cas désespéré. - J'suis pas sûr que cette fois ce soit récupérable... Il y en avait du boulot. Et en plus de l'achat, il faudrait mettre la main au portefeuille pour en faire quelque chose de digne et d'habitable. L'ex agent fédéral, encore à la recherche d'un poste, n'était pas certain de pouvoir l'y aider... "Cette maison a du potentiel, je trouve ça juste dommage qu'elle soit abandonnée d'la sorte juste parce qu'elle a été quelque peu négligée." Son emballement rayonnait sur son visage malgré les points noirs qu'il venait de citer. "Et puis il y a l'une des meilleures écoles de cette ville à proximité."  Ceci était un argument auquel Cade n'avait évidemment pas pensé, lui qui omettait bien souvent que les gens de son âge, et même plus jeune parfois, avait tendance à voir l'intérêt de leurs progénitures dans un projet de cette envergure. Hochant de la tête pour lui donner raison, il abdiqua sur ce point, ignorant tout des classements des écoles à Brisbane. - Okay pour l'école. Fit-il doucement avant d'embrayer de nouveau sur les travaux à prévoir. Et si Savannah comptait sur lui pour mettre un peu d'huile de coudes, elle serait forcément très déçue de constater qu'il n'était pas du tout expert en la matière. "Bien sûr que non......pas en combinaison." A poil, le résultat serait le même malheureusement, mais cette touche de malice dans la conversation si sérieuse l'amusa et un sourire se glissa sur ses lèvres quand il rencontra son regard bourré de sous-entendus qui lui plaisaient beaucoup.

- Sav' Je préfère quand même te prévenir... si cette maison n'est pas chère à la vente, les travaux vont coûter une blinde. Sans compter tout ce qui se cache derrière ces...magnifiques tapisseries. Ses mains effleuraient les bras de la jeune femme. Il tentait la méthode douce pour la raisonner sur le montant de la facture qu'il savait déjà salée. La voir se sacrifier financièrement pour donner vie à ce rêve n'était pas non plus ce qu'il voulait pour elle. Son modeste appartement lui permettait au moins d'accueillir Mathis dans de bonnes conditions... "L'argent n'sera pas un soucis"  Cade haussa les sourcils et ne pu retenir cette surprise qui le perturba un peu. - Ah oui ? Alors quoi... un vieil oncle inconnu a passé l'arme a gauche et tu as touché un super héritage ? Son ironie apportait pourtant une solution probable. A moins qu'elle fasse l'impasse sur autre chose. "Je..J'ai trouvé un boulot qui me payait bien plus dans une grosse boîte alors...." Comme figé sur place, au beau milieu de ce salon à l'odeur de refermé, il ne la quittait pas des yeux, encore étonné de ces révélations. "Juste avant qu'on se retrouve d'ailleurs" Cade ne voyait pas bien pourquoi elle précisait ça. Sans doute pour se déculpabiliser de ne pas lui en avoir parlé avant aujourd'hui... fallait dire qu'ils avaient été pas mal occupés depuis ces fameuses retrouvailles. - Tu ne m'avais pas dit... Il s'attendait à ce qu'elle lui donne plus d'informations au sujet de ce nouveau boulot. Où elle travaillait ? Ce qu'elle faisait ? Ce n'était vraisemblablement pas dans l'ordre du jour. "Faudrait que je fasse passer quelqu'un, pour qu'il m'estime tout ça" Ah oui, la maison. Ils en étaient là. Il avait presque oublié avec cette révélation qui changeait effectivement la donne par rapport à cet achat. Cependant, Grimes trouva ça plus qu'étrange qu'elle ne se livre pas plus que ça. Il la regarda un instant, suspicieux, silencieux, lui donnant presque une chance d'aller plus loin. Mais rien ne vint. - Ouais on trouvera. En attendant, tu veux aller manger un morceau ? Il est encore un peu tôt mais j'meurs de faim.... Il fit un pas vers elle et attrapa sa main en haussant les sourcils. - Et non je n'essaies pas de faire diversion. On va revenir sur cette baraque, j'te l'promet !

Je savais pertinemment que cette maison ne vendait pas du rêve. Sa mise en vente survenue quelque mois plus tôt alors que peu de visiteur avait prit la peine de se déplacer en était bien la preuve. Mais finalement, c'était peu étonnant qu'elle retienne mon attention. Au delà de la déco ou encore de tous les aménagements qui seraient nécessaires pour la mettre au goût du jour, cette maison avait un emplacement idéal, situé dans un quartier plutôt réputé de la ville. Elle avait ce jardin, qui entouré toute la propriété, et un certain cachet extérieur. Une maison familiale qui offrait tous les avantages qu'on peut en tirer, le calme, la tranquillité...Peut être que c'était un peu trop imager et que mon désir de faire les choses convenablement pour Mathis était quelque démesuré, mais j'avais bien prit le temps d'y réfléchir, et contrairement aux pessimistes, j'étais capable d'avoir de grands projets pour cette propriété. Maintenant, l'avis de Cade avait tout autant d'importance. Si sa vision des choses diffère parfois de la mienne,  je sais qu'il m'offrira à coup sûr un avis objectif et raisonné. Et c'est sûrement ce que j'attends de lui avant de pouvoir me lancer. J'ai besoin qu'il croit assez en moi pour laisser apparaître un léger signe de tête capable de redistribuer les cartes.

"Mais j'ai un faible pour les sujets désespérés." Cette remarque n'était pas tant pour critiquer sa vie actuelle, loin de là. Je songeais plutôt à ce "nous" que nous formions désormais et qui était pourtant initialement voué à l’échec. J'en récolte cependant un regard noir capable de me soutirer un sourire alors que je bascule mon visage vers mon épaule, presque satisfaite de cette réaction. La provocation est visiblement toujours de mise, même dans ces circonstances. "- J'suis pas sûr que cette fois ce soit récupérable... " Je plisse les yeux et viens claquer ma langue sur mon palais pour le contredire. "Depuis quand t'es si pessimiste?" Hmm. Toujours peut être. Je sors donc l'artillerie lourde, évoquant tous les points positifs. Les travaux reste cependant un détail non négligeable et qui effectivement laisse planer un certain doute en moi. Si j'avais des idées plein la tête, j'étais à l'heure actuelle incapable de savoir à quoi m'attendre, que ce soit financièrement, ou même en terme de temps...Rendre l'appartement actuel était imminent si je venais à signer un compromis de vente, je ne me voyais pourtant pas prendre mon café le matin avec des résidus de poussières flotants à la surface de ma tasse, et le bruit strident d'une scie circulaire à quelques mètres de moi.

Le sujet le plus sensible reste cependant l'argent à ses yeux. Et ca aurait pu être clairement justifié auparavant, je n'aurais même jamais prit la peine d'y songer dans d'autres circonstances, mais depuis, les choses avaient quelque peu changé sur le plan professionnel pour moi alors..."L'argent n'sera pas un soucis" lâchais-je comme s'il s'agissait d'un détail. Je remarque sans plus attendre l'effet de surprise que ça éveille en lui, et sur lequel j'essaie de ne pas me laisser perturber. "- Ah oui ? Alors quoi... un vieil oncle inconnu a passé l'arme a gauche et tu as touché un super héritage ?" Je fronce les sourcils en l'observant. "Alors quoi? J'suis pas capable de mener un bon train de vie autrement qu'en héritant d'un proche fortuné? " lançais-je, presque offensée. C'était pourtant vrai. Contrairement à Saül et à Bella, je n'étais pas à la tête d'un empire, il n'empêche que j'avais toujours fait en sorte de m'en sortir, sans demander l'aide de qui que ce soit pour combler mes dépenses. Après un léger soupire, je viens pourtant lui livrer le changement récent dans ma vie, et qui n'est pas des moindres, même si je lance ça comme s'il s'agit d'une futilité. Mon regard se pose autour de nous, fuyant le sien, qui se montre un peu trop insistant. "- Tu ne m'avais pas dit...". Il faut dire que nous avions eu d'autre chose à régler avant de pouvoir relancer des sujets secondaires de ce genre. "Non, mais je le fais maintenant...C'est une longue histoire alors"... S'il était déjà perturbé par cet aveu, quand sera t-il des conditions qui accompagnent ce changement? Je peine à trouver le courage de poursuivre, et préfère même repousser l'échéance en détournant la discussion, espérant qu'il ne cherche pas a en savoir plus. - "Ouais on trouvera." Cette simple remarque incluait une implication que je n'avais pas vu venir et que j'appréciais pourtant plus que prévu." En attendant, tu veux aller manger un morceau ? Il est encore un peu tôt mais j'meurs de faim...." Mon regard croise le sien alors que je resserre sa main dans la mienne, esquissant un léger sourire. "- Et non je n'essaies pas de faire diversion. On va revenir sur cette baraque, j'te l'promet !" Mes traits s'étirent à nouveau, visiblement amusée alors qu'il semble assez bien me connaître pour l'idée que je puisse m'en faire. Je hoche doucement de la tête, dissimulant ma déception pour ne pas éveiller la sienne. "J'aurais vraiment adoré... Mais j'ai un rendez-vous que j'peux pas manquer." Je feigne une légère moue désolée. "Mais on peut remettre ça ce soir! Mathis est avec son père alors..." Je hausse les épaules, et viens réduire l'espace entre nos deux visages. "Et si t'es sage, t'auras même le droit de me raccompagner!" lançais-je d'une voix plutôt sensuelle, avec un regard des plus charmeurs. Mes lèvres s'apprêtent à trouver les siennes lorsque la sonnerie de mon téléphone retentit. Je ferme les paupières, haïssant la technologie au plus au point là tout de suite. "Okay...Faut vraiment que j'y aille là." J'allais avoir du mal a justifier mon retard. Je prends une grande inspiration, nécessaire pour chasser cette frustration passagère. Après avoir prit le soin de refermer la porte derrière nous, je m'avance vers la route, suivi par Cade, et ce sentiment de culpabilité qui me prend soudainement de court. Je devais lui dire, réellement. "J'te laisse choisir le resto". Comme s'il s'agissait d'une fleur face à ce qui allait suivre. Je pivote vers lui, léger sourire sur les lèvres." En attendant ce soir, tu peux toujours consulter quelques livres sur 'comment casser un mur' ou 'changer des fenêtres'..." Je laisse échapper un rire malgré moi et viens glisser mes bras autour de sa nuque. "...Ou tu peux m'imaginer dans une jolie robe aussi." Je hausse les sourcils, un air espiègle sur le visage et viens déposer un baiser sur ses lèvres. Un goût de trop peu alors que je suis forcée de me détacher. "A ce soir" Je me pince les lèvres, effectuant quelques pas en arrière pour maintenir ce contact visuel avant de me diriger vers ma voiture.

20h11
Je suis en retard. De pas grand chose, certes, mais ce simple petit détail pourrait nourrir d'avantage le chaos qui s'apprête à tomber sur nous. J'ai songé toute l'après-midi à la façon dont je pouvais lui exposer les choses, et rien ne semblait convenir...Je mise donc sur une jolie robe noire qui pourra peut être atténuer les charges retenues contre moi. Je suis nerveuse, quelque peu énervée d'avoir dû me charger d'un dossier de dernière minute, et je souffre d'avance face à cette paire d'escarpins que je n'ai jamais prit la peine de porter. Je me présente à la réception, remarquant que l'endroit est tout de même plutôt chic. Moi qui m'attendait a finir dans une sorte de fast-food. "Bonsoir...hmm... Une table a été réservé au nom de Grimes il me semble." Il hoche de la tête, m'informant qu'il s'y trouve déjà, et m'y conduit. Il est bien là et semble passer le temps à observer les autres clients. "J'suis vraiment désolée..." avouais-je en grimaçant.

"Depuis quand t'es si pessimiste?" hum... l'avait-elle déjà vu optimiste un seul instant ? Peut être bien le jour où il avait fait la rencontre du petit Mathis qui avait créé chez lui une tonne de positivité. Il y avait qu'à voir le sourire immense sur le visage de Cade lorsque le petit garçon et lui avaient partagés leur passion pour les dessins animés. Néanmoins, il était vrai que ces moments étaient rares. Surtout depuis plusieurs mois où les merdes s’enchaînaient et qu'il n'était pas fichu de trouver la moindre touche d'enthousiasme dans ce qui constituait sa petite vie. Savannah était là maintenant. Et il était persuadé qu'elle et son exaltation récurrente allaient le tirer vers le haut. D'ailleurs, il jouait le rabat-joie face à l'achat incompréhensible de cette maison si peu attrayante au premier abord, mais elle parvenait tellement aisément à le convaincre qu'il avait envie d'aller dans son sens. L'argument du gain d'espace pour son fils, et la proximité des écoles, c'était bien joué. Il ne pouvait pas lutter contre. Il n'y avait qu'un seul hic qui l'interdisait de prendre le même envol que la jolie blonde...la question du fric. Encore et toujours cette question épineuse que Cade connaissait bien depuis qu'il avait perdu son boulot... "L'argent n'sera pas un soucis" Haussement de sourcils étonné, l'ex agent fédéral n'y comprenait pas grand chose. Et à moins que quelque chose d'important ne ce soit passé dans la vie de Savannah, il ne voyait pas comment elle pourrait se payer cette maison et les travaux qui la rendront plus moderne, avec son seul salaire de chroniqueuse web. "Alors quoi? J'suis pas capable de mener un bon train de vie autrement qu'en héritant d'un proche fortuné? " Ca, c'était bien elle. Il soupira légèrement et écouta la véritable raison de cet entrain. Un nouveau job ? C'était une nouvelle... Grimes fut encore plus surprit qu'elle ne lui en ai pas touché un mot. "Non, mais je le fais maintenant...C'est une longue histoire alors" Il eut un long hochement de tête. Le sujet paraissait sensible. Là encore, ça soulevait quelques questions. - Une longue histoire... d'accord... Répéta t-il comme pour lui même et pour éviter de tomber dans une conversation houleuse qu'il aurait provoqué et qui lui retomberait forcément dessus. Nul doute qu'il voulait cependant en savoir plus...

- En attendant, tu veux aller manger un morceau ? Il est encore un peu tôt mais j'meurs de faim.... Il attira mademoiselle-pleine-de-mystère par la main, décidé à l'entrainer dans le premier resto qu'ils croiseraient dehors. - Et non je n'essaies pas de faire diversion. On va revenir sur cette baraque, j'te l'promet oh oui ! Ils y reviendraient ! Et sur ce boulot dont elle lui cachait encore tout aussi. Plus de secrets, ce n'était pas dans le contrat ?! "J'aurais vraiment adoré... Mais j'ai un rendez-vous que j'peux pas manquer." Un autre haussement de sourcils. Cade n'en démordait pas et l'attira vers lui en souriant, feignant de ne pas l'avoir entendu. "Mais on peut remettre ça ce soir! Mathis est avec son père alors..." C'était tentant mais c'était encore plus excitant de la faire louper ce rendez-vous si important et si secret pour passer quelques heures avec elle. "Et si t'es sage, t'auras même le droit de me raccompagner!" Il avait maintenant déposé ses mains sur sa taille. Il la regardait et l'enlaçait comme pour lui faire oublier tout le reste. - Hmm moi j'suis plus pour l'option « on voit si le sol de cette baraque est si inconfortable et ensuite, on va manger un truc pour reprendre des forces avant que tu ne partes je n'sais où pour faire je n'sais quoi » ! Une façon de lui dire qu'il la trouvait bien trop énigmatique depuis quelques minutes. Souriant il approche ses lèvres des siennes mais son téléphone se mit à sonner. Ce seul bruit suffit à lui faire tomber la tête en arrière et le faire soupirer on ne pouvait plus. "Okay...Faut vraiment que j'y aille là." Il la regarde, faussement -ou presque pas- agacé par cette tentative restée vaine. Il n'y avait plus espoir de la retenir, elle se dirigeait vers la porte d'entrée. "J'te laisse choisir le resto" Il la suivait à l'extérieur, sans pouvoir trouver de quoi se réjouir face à cette perspective. - Quel privilège ! Et une grosse prise de risque pour toi... Se rappelait-elle qu'il pouvait facilement poser ses fesses dans un bristot et commander une pièce de viande et des frites pour se caler ? Quand ce n'était pas un vulgaire cheesburger accompagner de ses potatoes huileuses. " En attendant ce soir, tu peux toujours consulter quelques livres sur 'comment casser un mur' ou 'changer des fenêtres'..." Elle se tourne et passe ses bras autour de son cou. Freiné dans son entrain précédent, il esquissa une moue peu réceptive. "...Ou tu peux m'imaginer dans une jolie robe aussi." Ah voilà, c'était déjà plus envisageable. -... en admettant que vous ayez le temps de vous changer avant de m'rejoindre Madame la ministre. Il surfait sur la même vague d'ironie qu'elle. Mais c'était encore une fois envoyé pour lui faire comprendre qu'il se sentait légèrement à l'écart de tout ce qui se tramait. "A ce soir" Un baiser furtif et elle s'éloignait sans un mot de plus. Grimes n'en sortit pas un non plus et se contenta de la regarder, encore plus dubitatif qu'en arrivant devant cette maison...

19H55
Vêtu d'une chemise bien plus élégante que celles qu'il porte généralement, Cade s'avançait vers la réception. - Bonsoir, j'ai réservé une table pour deux personnes. Fit-il sans s'interrompre. - A quel nom Monsieur ? Il la cherchait du regard mais reporta son attention sur l'homme derrière le comptoir. - Grimes. Pour une fois qu'il n'était pas en retard et qu'il avait fait un gros effort pour la séléction du restaurant. Ce n'était ni un bistrot, ni un fast-food. Un endroit plutôt chic, loin de ses habitudes, et qui prouvait clairement qu'il voulait faire les choses bien pour sa jolie blonde... Il lui avait d'ailleurs envoyé l'adresse par message en gardant le nom du lieu pour lui. Il fut accompagné à la table réservée mais s'aperçut bien vite qu'il était le premier. Surprenant. Il se trouvait déjà mal à l'aise. Les minutes filaient. Et Savannah n'apparaissait toujours pas dans l'encadrement de la porte en verre. Une petite musique classique et irritante flottait dans la grande salle où pas mal de monde dînait déjà.

20H12
Grimes avait bien cru qu'elle avait privilégié son rendez-vous au détriment du leur. Ses yeux se posèrent sur sa silhouette, mise en valeur par une robe somptueuse. "J'suis vraiment désolée..." Ca donnait le ton de la soirée ? Ou était passé cette réflexion sarcastique à propos du resto qu'il avait choisi ? Il sa leva pour l'accueillir. - Si tu m'promet d'éteindre ton téléphone et de me consacrer ta soirée, j'suis prêt à te pardonner. Il sourit et lui vola un baiser un peu plus long que celui qu'elle avait bien voulu lui donner avant de s'envoler vers sa mission qui ne pouvait attendre. Gentleman jusqu'au bout des pieds ce soir, il lui tira sa chaise en souriant et alla se rasseoir, en constatant encore une fois qu'elle était sans aucun doute la plus belle femme de toute la salle. - Tu vois, je t'ai épargné Bart' & Biff.. Ils font pourtant le meilleur burger de la ville à ma connaissance. On ne tarda pas à leur apporter la carte. Là dessus, aucun burger, aucune pizza ou autre saucisses-bacon. Après avoir passé commande et avoir hésité un peu sur la carte des vins, l'ex agent fédéral décida de mettre les pieds dans le plat. Son attente méritait bien quelques détails. - Alors, ce rendez-vous... ? Tout s'est bien passé... ? Ce qui l'intéressait en réalité, c'était la raison, et non la forme.

Cette maison ne devait en aucun cas être un sujet de discorde. Malgré l’enthousiasme que j'y mettais, j'étais bien consciente des sacrifices que cette dernière allait me demander. Je savais pertinemment qu'il faudrait un long moment avant de pouvoir m'y sentir comme chez moi, et tout ce que Cade pouvait dire avait plus de sens que jamais. Je savais que les travaux a prévoir allaient être conséquents. Mais est ce que cela devait être pour autant un frein dans un tel projet de vie? Ce qui résonnait comme une simple maison à ses yeux, pouvait vite devenir cette maison familiale dont j'avais toujours rêvé, celle dans laquelle je me voyais vivre ces moments de partages, entendre ces éclats de rire. Un lieu dans lequel il ferait bon vivre. Et Mathis était l'élément moteur à ce projet, définitivement. Et rien n'aurait été possible sans ce choix professionnel que j'avais fait deux semaines auparavant, qui me permettait de prétendre à un salaire des plus confortables. L'argent n'était donc plus un problème, cependant, ce point semblait attiser la curiosité de cher Grimes. L’occasion pour moi de lui faire savoir qu'il y a eu un petit changement avant que nous nous remettions ensemble. Il faut dire qu'il avait été témoin de ces changements de carrière, puisque j'avais eu à cœur de partager ces derniers rebondissements avec lui lorsque nous étions encore en....pré-couple? Néanmoins, pour la situation actuelle, les choses étaient difficilement avouables. Non pas parce que je n'avais pas envie de lui en parler, mais parce que me lancer dans ce sujet venait à lui faire part d'une partie de mon passé qui lui était encore inconnu, et qui pourrait peut être venir le déstabiliser. Il savait que j'avais eu quelques relations, mais mis à part celle avec le père de Mathis, je n'avais jamais prit la peine d'évoquer les autres, et particulièrement la dernière en date. J'allais le faire. Vraiment. Et je n'avais visiblement plus le choix face à cet air qu'il arborait, et qui parvenait presque à me rendre confuse. "Non, mais je le fais maintenant...C'est une longue histoire alors" Ce n'était rien de le dire, et ce n'est pas dans cette maison au décor de vieille maison hantée que j'allais lui faire part de cette dernière. Ou peut être n'avais-je pas envie de briser notre complicité par des informations qu'il n'était pas prêt a recevoir. "- Une longue histoire... d'accord... " Je tente de me convaincre que c'est pour l'instant mieux de ne pas en parler, devinant pourtant une certaine frustration de sa part.

Heureusement pour moi, il parvient a passer outre, et me propose même un déjeuner en sa compagnie. Cette idée est des plus alléchantes, elle me pousserait presque a abandonner toute responsabilité, juste pour pouvoir gagner quelques minutes supplémentaires en sa compagnie. "J'aurais vraiment adoré... Mais j'ai un rendez-vous que j'peux pas manquer." Ces simples mots ne semblent pas l'amener à la raison alors qu'il m'attire contre lui, avec un sourire capable de déstabiliser n'importe quelle femme, et moi la première. Je souris, luttant pour jouer l’insensible face à ses méthodes peu loyales, et tente de repousser cette invitation de quelques heures. "Et si t'es sage, t'auras même le droit de me raccompagner!" Mon air charmeur ne semble pas lui faire oublier son idée, et il s'assure d'y mettre les armes, me mettant presque à genoux. - Hmm moi j'suis plus pour l'option « on voit si le sol de cette baraque est si inconfortable et ensuite, on va manger un truc pour reprendre des forces avant que tu ne partes je n'sais où pour faire je n'sais quoi » Je ne peux retenir un rictus face à tant d'imagination. "C'est définitivement tentant.... Une étreinte sur un parquet rongé par les termites et l'humidité...Ca a toujours été l'un de mes plus grands rêves" lançais-je en observant pourtant cette fine bouche sur laquelle j'aurais bien envie de me perdre. Malgré la vétusté de l'endroit, nul doute qu'il parviendrait à me faire céder. Ma bouche s'apprête d'ailleurs a céder à l’appel de la sienne, par cette faible distance qui sépare nos visages, mais je n'aurais pas le temps de m'imprégner de ce goût exquis que mon téléphone va venir briser ce moment. Je ferme les paupières, tentant de me défaire de cette souffrance qu'impose une distance que je me dois d'installer. Une sorte de rappel à l'ordre que je ne peux ignorer et qu'il doit malheureusement subir lui aussi. A l’extérieur, je tente de rattraper le coup, lui laissant le choix pour le dîner. "- Quel privilège ! Et une grosse prise de risque pour toi... "Honnêtement, même la possibilité qu'il puisse m'emmener dans un vieux fastfood ne me repousse pas, tout ce que je veux, c'est finalement pouvoir profiter de lui, peu importe les conditions. Son manque d’enthousiasme pour avoir probablement décliné l'invitation du midi est à son maximum, et c'est à travers l'humour que je tente de le lui faire oublier. Peu de résultat, c'est l'atout charme qui semble plus enclin à le faire céder. "-... en admettant que vous ayez le temps de vous changer avant de m'rejoindre Madame la ministre. " Un sourire amusé prend possession de mon visage. Ce dernier effleure le sien doucement, mes bras entourant toujours son cou. "Je prendrais le temps...J'espère juste en avoir suffisamment pour enfiler des sous-vêtements." Mes sourcils se relèvent, le provoquant par le biais d'une voix douce et sensuelle. C'est après un sourire évocateur que je viens déposer mes lèvres sur les siennes, déclarant la fin de notre échange, malgré cette volonté de rester auprès de lui. La soirée me donnera probablement l'occasion de me rattraper...ou pas.

Je franchis la porte du resto, bien loin d'être détendu. Cette musique d'ambiance ainsi que le calme qui y réside d'une certaine façon va m'efforcer a adopter mon comportement et dissimuler mon agitation du moment. Je prends une grande inspiration, prête à redescendre d'un cran alors que l'homme chargé de la réception m'amène jusqu'à la table, à laquelle Cade a déjà prit place. Merde. Je ne perds pas de temps pour m'excuser, sincèrement. Au delà des phrases bateaux, j'ai déjà l'horrible sensation de gâcher la soirée, et je me déteste pour ça, surtout face aux efforts qu'il a mit en place pour l'occasion, par ce look vestimentaire qui le rend d'autant plus séduisant, mais aussi pour ce restaurant, qui ne doit probablement pas être le genre d'endroit dans lequel il se perd en générale. "- Si tu m'promet d'éteindre ton téléphone et de me consacrer ta soirée, j'suis prêt à te pardonner." Je souris tendrement, appréciant la tolérance dont il fait preuve. Et si j'ai une once d'hésitation sur le fait de devoir éteindre mon outil de travail, je ne tarde pas à faire mon choix avant qu'il ne vienne déposer ses lèvres sur les miennes. Rempli de bonnes intentions, il vient tirer la chaise sur laquelle je m'installe, me rendant presque intimidé par tant de bonne manière. Cade Grimes était donc plein de surprise lorsqu'il s'engageait. Je le suis du regard, lui souriant légèrement en m'enfermant dans cette bulle un instant. " - Tu vois, je t'ai épargné Bart' & Biff.. Ils font pourtant le meilleur burger de la ville à ma connaissance." Un rictus m'échappe alors que je viens glisser une mèche de cheveux derrière mon oreille. "Quel dommage, tu passes donc à côté de l'image si séduisante de moi, les doigts remplis de sauce et la bouche pleine" Je hausse les sourcils, ne pouvant que le remercier pour ça. Je profite qu'il a les yeux rivés sur la carte pour répondre à sa requête, coupant mon téléphone après m'être assurée n'avoir reçu aucun message. La commande passée, nous pouvons enfin nous consacrer l'un à l'autre." - Alors, ce rendez-vous... ? Tout s'est bien passé... ? "Cette simple question suffit a me rappeler le sujet délicat qui va découler dans les instants à venir. Et j'ai cette étrange impression qu'il se montre déjà suspicieux à ce sujet, comme si mon comportement de la journée avait suffit a éveiller quelques doute, a faire naître quelques questions. Je croise son regard, m'emparant d'un air léger et insignifiant, malgré le secret que cela puisse cacher. "Ouais... C'était assez impressionnant. On a réussi à convaincre un potentiel investisseur de mettre quelques billes dans une agence qui prône le tourisme de luxe. Ils parlent de milliers de dollars avec une telle facilité." Ca me surprenait encore. J'avais probablement oublié que les grands chiffres étaient maître mot dans ce genre de métier, et on peut dire qu'Evan avait la parfaite maîtrise sur chaque centime qu'il devait parvenir a soutirer. C'était épique, et bien que je n'avais pas réellement eu besoin d'intervenir, si ce n'est en prenant note de tout ce qui pouvait être dit afin de rédiger le contrat, j'avais été émerveillé par l'intensité des échanges. Ma spontanéité du moment est on ne peut plus réelle, elle m'efforce cependant à apporter des précisions que je ne peux lui cacher plus longtemps. Je ne veux pas lui mentir, pas plus que je ne veux le perdre pour ce choix que j'ai fais, qui peut paraître complètement absurde, mais sur lequel je ne souhaite revenir. "Je..." Mon souffle se bloque alors que mon regard quitte mon verre avec lequel je joue nerveusement entre mes mains, pour venir se relever sur le jeune homme, hésitante. J'ai toute son attention, et je sens que les prochains mots risquent de venir tout briser. Avais-je envie de vivre ça là tout de suite? Ne voulais-je pas m’enivrer un peu plus de la bonne entente qui perdure entre nous depuis que nous sommes ensemble?

"Faut qu'tu saches quelque chose". Voilà. Plus de marche arrière possible, je suis forcée de balancer la bombe cette fois, et le regard quelque peu troublé qu'il m'accorde n'est qu'un avant-goût de ce qui m'attend. "Avant que j'revienne en Australie, j'ai fais la connaissance d'un homme dans un bar de Los Angeles." Je ne tarde pas a apporter une précision, ne lui donnant pas le loisir de penser que je puisse avoir réitérer le coup d'un soir. "On a parlé une bonne partie de la soirée, sans qu'il ne se passe quoique ce soit, sans prendre le temps d'échanger nos noms ou encore nos numéros, et lorsque j'ai débarqué à l'entreprise qui venait de m'embaucher, j'ai découvert que l'homme en question n'était autre que mon patron." Je remarque l'air perplexe qu'il arbore, ne sachant probablement pas pourquoi je viens à lui parler de tout ça, surtout là maintenant. "Nous sommes restés professionnels, parce qu'on sait tous que ce genre de relation n'est pas recommandée, voire même interdite dans le milieu.Je m'suis contentée de faire mon boulot. Mais il était célibataire, et moi aussi alors..." Je me pince les lèvres, haussant les épaules en soupirant doucement. "On est sorti ensemble. Ca a duré trois mois...Et puis, j'ai eu la magnifique surprise de voir son épouse débarquer un jour" continuais-je, tâchant de dissimuler une quelconque émotion sur mon visage. Je marque une pause un instant, parvenant à revivre cette scène comme si elle faisait partie de moi. "J'ai pris mes affaires, et j'suis partie. Deux jours plus tard, je posais les pieds à Brisbane." Soit peu de temps avant que nos propres chemins se retrouvent à nouveau. "J'en ai jamais parlé à personne, probablement parce qu'il venait de ruiner une partie de ma fierté, et que j'préférais me dire que rien de tout ça ne s'était passé." Mon regard se perd sur un couple un peu plus loin, songeant aux dégâts plus important que cela avait pu causer malgré tout. Je me penche vers la table, et viens plonger mon regard dans le sien "Si j'te parle de ça, c'est parce qu'il s'est installé à Brisbane il y a quelques mois, et il m'a proposé de reprendre mon ancien poste d'assistante." Mon regard jauge le sien."...et après quelques jours d'hésitation, j'ai accepté." J'enchaîne, ne lui laissant pas le temps de songer aux différentes raisons pour les énumérer moi-même. "...parce que ce boulot m'plaisait réellement à l'époque, et que le salaire qu'il me propose est bien plus conséquent que c'que j'ai pu gagner par le passé, ça va me permettre de m'acheter cette fichue maison" Je semble déjà en pleine plaidoirie, jouant le rôle de mon propre avocat. Mon regard tente de soutenir le sien, lui faisant preuve d'une sincérité inébranlable par ce dernier. "Si j'te dis tout ça ce n'est pas pour t'effrayer, ou pour te mettre en garde Cade...C'est qu'un boulot."

Il n'y avait pas besoin de faire des galipettes sur le parquet de cette maison pour voir qu'il n'était pas en très bon état. Bien que cette vision pouvait faire monter une certaine chaleur en lui, Cade n'envisageait pourtant pas de s'adonner à une partie de jambes en l'air là, ici. Et vraisemblablement, Savannah non plus. "C'est définitivement tentant.... Une étreinte sur un parquet rongé par les termites et l'humidité...Ca a toujours été l'un de mes plus grands rêves" Pas de quoi fantasmer, ils étaient d'accord. Et ce n'était pas non plus le statut surbooké de la jeune femme qui allait l'enchanter, même si elle avait été vêtue du tailleur sexy qui allait avec. Il profita donc de ce baiser qu'elle voulait bien lui offrir, dissimulant avec difficulté un petit air amer. La jolie blonde semblait bien trop mystérieuse, et surtout, elle lui laissait carte blanche quant au choix du restaurant dans lequel ils dîneraient le soir même. Ce qui était franchement douteux...Elle savait pourtant qu'il était capable du pire...comme du meilleur. "Je prendrais le temps...J'espère juste en avoir suffisamment pour enfiler des sous-vêtements." Il la regarda partir avec un petit sourire au bord des lèvres.

Heureusement, ce nouveau boulot et ces projets tout neufs n'avaient pas raison de sa personnalité. Cade avait donc fait son choix. Ce ne serait pas le premier fast-food à l'entrée de la ville, ni même le pub à l'américaine qu'il avait eu l'occasion de visiter il y avait quelques semaines. L'ex agent fédéral misa sur du chic. Ce qui reflétait son histoire familiale mais qui ne lui ressemblait pourtant pas tellement. Savannah n'allait peut être pas comprendre cette ambiance et pourtant, c'était bien pour elle qu'il avait consentit à enfiler une chemise bien différente de ses carreaux fétiches. Il fut étonné d'arriver le premier, ça aussi c'était inédit. Et il se sentit étrangement mal à l'aise l'espace de ces minutes où il scruta les convives déjà installés tout autour. « Allez, ne me poses pas un lapin ! » qu'il se répétait presque dans sa tête. Outre la malaise que cela pourrait apporter, il espérait vraiment que sa nouvelle carrière, aussi ambitieuse était-elle, ne passe pas avant ce début de relation qu'ils étaient en train de construire. Enfin, elle arriva. Habillée d'une jolie robe et toujours aussi ravissante. Devait-il ajouter....sexy ? L'idée était de laisser tomber toute communication avec l'extérieur et Savannah semblait approuver. Tout leur réussissait bien mieux lorsqu'il n'y avait pas de Auden, de Joshua, ou de Alicia. « Quel dommage, tu passes donc à côté de l'image si séduisante de moi, les doigts remplis de sauce et la bouche pleine »  En repoussant sa chaise pour qu'elle s'installe, il sourit, amusé de cette image. - Je préfère largement te voir t'impatienter avec tes couverts pour décortiquer de délicieux coquillages ! Lui glissa t-il avec ironie au creux de l'oreille avant de regagner sa place, face à elle. Aucune chance qu'elle ne le surprenne à tenter de se dépatouiller d'une carcasse de homard. Il choisit une pièce de viande et rendit la carte au serveur qui faisait le pieds de grue à côté. - Alors, ce rendez-vous... ? Tout s'est bien passé... ? Sa curiosité était bien trop forte. A voir la mine de la jolie blonde, il en avait déjà déduit que son rendez-vous s'était déroulé comme elle le voulait. Sauf que maintenant, il lui faudrait rentrer dans les détails et Grimes, se montrant ordinairement impatient, souhaitait lui épargner un lot de questions qui amènerait une autre atmosphère avec elles. "Ouais... C'était assez impressionnant. On a réussi à convaincre un potentiel investisseur de mettre quelques billes dans une agence qui prône le tourisme de luxe. Ils parlent de milliers de dollars avec une telle facilité." Parfait mais... ce n'était pas tout à fait ce qu'il attendait. Elle ne lui parlait pas de son rôle, de cette entreprise visiblement portée sur le fric. Pas un mot sur ce changement d'environnement si...soudain. Cade hocha de la tête, ne la lâchant pas des yeux. Il ne prononça aucun mot, lui laissant un chance de poursuivre dans sa lancée. "Je..." Oui ? Il haussa les sourcils. Cette hésitation sur son visage prouvait qu'il y avait bien quelque chose. Un hic. Un trou noir dans cette si belle situation qu'elle décrivait et qui expliquerait l'achat d'une maison qui nécessitait une montagne de travaux. - Qu'est ce qu'il y a Sav'... ? Il insistait.

"Faut qu'tu saches quelque chose"  Voilà on y était. Cade bu une gorgée de vin, et reposa son verre. "Avant que j'revienne en Australie, j'ai fais la connaissance d'un homme dans un bar de Los Angeles." Commun comme début. Lui aussi avait fait des rencontres dans des bars... et après ? "On a parlé une bonne partie de la soirée, sans qu'il ne se passe quoique ce soit, sans prendre le temps d'échanger nos noms ou encore nos numéros, et lorsque j'ai débarqué à l'entreprise qui venait de m'embaucher, j'ai découvert que l'homme en question n'était autre que mon patron." Ah, oui. Tordue comme cadre de travail. Mais où voulait-elle en venir. Il avait pour l'instant du mal à comprendre. "On est sorti ensemble. Ca a duré trois mois...Et puis, j'ai eu la magnifique surprise de voir son épouse débarquer un jour" En voilà une anecdote ! Il n'aurait pourtant jamais pensé qu'elle puisse sortir avec un homme marié. A croire que Savannah avait encore bien des secrets pour lui. Et ce n'était pas terminé... "J'ai pris mes affaires, et j'suis partie. Deux jours plus tard, je posais les pieds à Brisbane. J'en ai jamais parlé à personne, probablement parce qu'il venait de ruiner une partie de ma fierté, et que j'préférais me dire que rien de tout ça ne s'était passé. » Grimes la regardait, tentant vainement de faire le lien entre cette relation extra-conjugale et son nouveau boulot. - Pas très futé le bonhomme... Un directeur d'entreprise devait pourtant être assez intelligent pour avoir une maîtresse sans se faire choper non ? "Si j'te parle de ça, c'est parce qu'il s'est installé à Brisbane il y a quelques mois, et il m'a proposé de reprendre mon ancien poste d'assistante." Tout humour venait de disparaître instantanément de son esprit. Le voilà, le lien. Il plongea son regard vert dans les iris bleu de Savannah, s'assurant de la véracité de ces derniers mots. Et puis..."...et après quelques jours d'hésitation, j'ai accepté."  Désabusé, il cala son dos contre sa chaise et se pinça les lèvres en regardant ailleurs. - Ben voyons... C'était quoi ce plan ?! Pourquoi avait-elle accepté ce poste en sachant que son patron, c'était justement ce mec qui avait « ruiné sa fierté » ?! "...parce que ce boulot m'plaisait réellement à l'époque, et que le salaire qu'il me propose est bien plus conséquent que c'que j'ai pu gagner par le passé, ça va me permettre de m'acheter cette fichue maison" Elle continuait sans lui laisser le temps de pouvoir formuler sa surprise et la façon dont il désapprouvait. Ses arguments... il les connaissait déjà, et ils étaient compréhensibles, si on admettait qu'ils étaient réels. Mais tout ce qu'il y avait autour, c'était ambigu et tellement contestable qu'il avait bien du mal à saisir le fond de ses décisions. "Si j'te dis tout ça ce n'est pas pour t'effrayer, ou pour te mettre en garde Cade...C'est qu'un boulot."

Ce n'était qu'un boulot. Ce n'était qu'un patron vertueux, comme les autres, qui embauchait une jolie jeune femme qu'il avait déjà eut dans son lit. Les faits étaient contre eux. - Oh oui, il va se contenter de t'envoyer chercher un café avant une réunion ennuyeuse et te demander d'en écrire le rapport sans aucune autre intention en tête... Surprenant cet excès de jalousie qui s'extirpait de lui comme une bête qui mutait. Cade tenta cependant de reprendre un peu le dessus alors que son assiette était élégamment posée devant ses yeux. - J'suis pas sûr qu'il t'ai proposé ce job juste pour te rendre service et alléger tes fins de mois Savannah. J'préférerais que tu y reprense... pour le poste, la maison et tout le reste. Pour eux deux aussi.

Le choix de rejoindre l'entreprise de Evan s'était fait après une longue réflexion. J'avais songé aux problèmes que cela engendrerait. J'étais consciente de l'emprise qu'il pourrait avoir sur ma personne, de façon volontaire ou non, et j'en étais à un stade de ma vie où je pensais pouvoir passer au dessus de ça. Les derniers événements survenus entre nous pouvaient prouver le contraire, mais mes intentions en acceptant ce poste étaient on ne peut plus claires. Je savais ce que je voulais, et je savais aussi pourquoi je le faisais. Il ne s'agissait pas d'une occasion de le laisser me mettre à terre à nouveau, c'était au contraire une opportunité qui pourrait être un réel tremplin dans une carrière que j'avais parfois du mal a mener, l'appât du gain était tout aussi alléchant, peut-être un peu trop pour une femme comme moi, dépourvue de rêve, et il y avait aussi les responsabilités que mon poste incluaient, cette impression d'avoir un rôle majeur malgré tout dans cette entreprise. Je n'avais ressenti cette reconnaissance professionnelle que lorsque je m'étais retrouvée a siéger auprès de lui, et je me plaisais à croire qu'il ne s'agissait pas là uniquement du résultat probant de sentiments éprouvés à mon égard. Je m'efforçais à le croire du moins. Cette décision que j'avais prise en toute connaissance de cause se retrouvait pourtant dangereuse maintenant que ma relation avait Cade avait prit un autre tournant. Elle ne l'avait pas été lorsque je formais encore un couple avec Joshua, peut-être parce que je ne misais pas beaucoup sur celle-ci, mais là, elle avait son importance, et bien que je n'étais pas du genre a revenir sur mes choix, devoir avouer promptement ce changement dans ma vie auprès de Cade me semblait plus difficile que prévu. Redoutais-je sa réaction? L'impact que cet aveu pourrait avoir sur notre relation? Je n'en étais plus sûre, ce que je savais, c'est que je ne pouvais m'enfermer dans ce silence plus longtemps, et que cette soirée allait être un moment de vérité. Malheureusement, cette dernière ne commence pas sous les meilleurs auspices, puisque j'arrive à la table avec quelques minutes de retard, qui viennent alourdir les charges qui seront retenues contre moi par la suite. Il est là, vêtu élégamment dans cet endroit dans lequel je ne l'aurais jamais imaginé, et face à toute cette pression, j'en oublie de saluer ses prouesses. Sa bonne humeur va cependant me ramener à cette ambiance légère qui règne si souvent entre nous et qui est exactement ce dont j'ai besoin pour me faire oublier ce qui encombre mon esprit depuis quelques jours. On pourrait penser que le cadre presque romantique agit comme un sortilège, mais c'est sa présence au contraire qui apaise mes maux. Je pourrais me trouver dans la brasserie la plus miteuse du coin que je parviendrais encore a apprécier ce moment en sa compagnie et faire abstraction de ce qui nous entoure. "- Je préfère largement te voir t'impatienter avec tes couverts pour décortiquer de délicieux coquillages !" Un léger rire s'extirpe de ma bouche. Il n'aura pas non plus ce plaisir. Ce genre d'expérience n'arrive qu'une seule fois généralement, on se jure de ne pu réitérer celle-ci après coup. Résigné à ne pas me battre sur le choix du plat, je me contente d'un tartare de boeuf avant de refermer la carte et de la rendre au serveur. La question de Cade va malheureusement abréger ce court moment de répit dans lequel je tâchais de nous enfermer. Elle est générale, vaste, mais me forcera à coup sûr à lui livrer les détails que je lui ai épargné quelques heures plus tôt. Je tente de me focaliser sur ce rendez-vous, et ma réponse, livrée sous cette forme témoigne de l'excitation que celui-ci a pu susciter. Malheureusement, le regard interrogateur de Cade persiste, me rappelant ma mission première. Devions-nous déjà en arriver là alors que nos assiettes ne nous ont pas encore été apportées? Je prends une brève inspiration, prête à me lancer lorsque le serveur vient nous interrompre pour servir le vin. L'occasion pour moi de sonder mes mots, alors que la curiosité de l'ancien agent se fait encore plus insistante. "Qu'est ce qu'il y a Sav'... ?" Quelques secondes dans lequel mon regard cherche nerveusement du soutien dans cette salle. Mes coudes posés sur la table, mes mains se frottant nerveusement l'une contre l'autre, je finis par me lancer. Et mes explications sont poussées, profondes, le laissant presque perplexe dans de telles circonstances. Le rapport? Il ne le voit probablement pas, mais dès qu'il saura, il prendra en considération chaque élément que je lui aurais livré, et je me dois de profiter d'un moment où l'objectivité est encore de mise pour recueillir son attention. Nos relations amoureuses n'ont pas souvent été notre sujet de prédilection, et devoir évoquer mon ex si ouvertement, à cet homme qui occupe désormais sa place dans ma vie, est loin d'être bien agréable, surtout lorsqu'il s'agit de lui préciser la raison de cette séparation.

Si je n'attends pas une quelconque compassion de la part de Cade, sa réponse va cependant me figer un instant. "- Pas très futé le bonhomme..." Alors tout ce qu'il retenait là dedans, c'était donc le manque de ruse qu'un homme marié pouvait faire preuve? Pas le problème pourtant logique de l'infidélité et des dommages que cela provoque? Désabusée, je secoue légèrement la tête, tâchant de ne pas me laisser entrainer par une réflexion qui provoquerait à coup sûr un sujet de discorde entre nous, en sachant que le contexte pour Evan et moi était malgré tout plus complexe. Cela vient quand même faire naître une certaine tension en moi."Il était séparé de sa femme, disons juste qu'elle n'a pas apprécié la possibilité qu'il puisse s'épanouir à nouveau auprès d'une autre." C'est ce que j'avais imaginé, mais le lien encore existant entre les deux anciens amants portait  encore à confusion, peut être que cette histoire n'était pas terminée finalement. Ce n'était cependant pas le sujet présentement. "Si j'te parle de ça, c'est parce qu'il s'est installé à Brisbane il y a quelques mois, et il m'a proposé de reprendre mon ancien poste d'assistante." L'air détendu de Cade n'est plus, et la suite ne lui plaira pas d'avantage... Il me fixe, me forçant à mon tour à me perdre dans ce regard émeraude, mesurant peu à peu l'impact de ce choix. "...et après quelques jours d'hésitation, j'ai accepté." Je l'observe, tâchant d'examiner son comportement pour l'assimiler à une réaction, qu'il tente probablement de cacher. "- Ben voyons..." Mes yeux se baissent sur le pied de mon verre à vin, l'air coupable. Je ne pouvais que comprendre, je ne parviens même pas a deviner à quel genre de réaction je me serais livrée à sa place. Et je m'assure qu'il en comprenne les raisons, lui rappelant ma volonté de vouloir bien faire les choses. D'ailleurs, même si cela ne sautait pas aux yeux, lui raconter tout ça était également un signe de ma bonne foi, un élan de sincérité qu'il se devait de prendre en considération. J'aurais très bien pu lui épargner la partie sur mon passé, mais je ne l'avais pas fais, parce qu'il méritait de savoir. "Si j'te dis tout ça ce n'est pas pour t'effrayer, ou pour te mettre en garde Cade...C'est qu'un boulot." C'était le cas. "- Oh oui, il va se contenter de t'envoyer chercher un café avant une réunion ennuyeuse et te demander d'en écrire le rapport sans aucune autre intention en tête..." Je soupire doucement, quittant un instant son regard. "Peut être qu'il me proposera ensuite de relever un peu ma robe..." L'ironie n'avait pas sa place, pas maintenant, j'en avais bien conscience, mais peu importe ce qui pouvait se passer dans la tête de Evan, nous étions tous les deux capables de nous tenir, et j'imaginais que Cade avait assez confiance en moi pour ne pas revenir là dessus. "Franchement Cade, il va pas m'sauter dessus!" dis-je en tentant de ne pas susciter la curiosité autour de nous, glissant la serviette sur mes genoux alors que le serveur vient nous apporter nos plats, nous forçons à nous muter dans un silence sans équivoque, malgré quelques coups d'oeil accordés à l'autre. Il disparait après quelques secondes. "- J'suis pas sûr qu'il t'ai proposé ce job juste pour te rendre service et alléger tes fins de mois Savannah. J'préférerais que tu y repense..." Je plisse les yeux." Parce que ça t'semble inconcevable qu'il puisse avoir été satisfait du travail que j'ai fourni quelques années auparavant?" J'étais curieuse d'en connaître la réponse. L'image que beaucoup d'homme se faisait sur la femme dans le monde du travail était souvent peu gratifiante, et visiblement, Cade la partageait. Je n'étais sans nul doute qu'une fille que l'on voulait mettre dans son lit, rien de plus. "En attendant, je n'ai qu'à y gagner dans l'histoire, j'vois pas pourquoi je devrais passer à côté de ça." Je m'empare de mes couverts, essayant de ne pas me laisser submerger par mes émotions en me concentrant sur mon assiette, parfaitement dressée.

Si Cade avait choisit un restaurant chic plutôt qu'un simple bistrot, ce n'était pas pour lancer le message d'un quelconque changement d'habitudes. Cela faisait bien trop longtemps maintenant que celles ci étaient ancrées dans sa vie, il faudrait probablement bien plus que des sentiments pour lui faire changer quoi que ce soit... a moins bien sûr, que ces sentiments le rattrapent, lui qui pouvait déplacer des montagnes et...tuer pour ceux qui lui sont importants. Non, c'était surtout pour prouver à la jolie blonde qu'il comptait s'investir, mine de rien, dans cette relation qui débutait et qu'il souhaitait l'agrémenter de quelques notes surprenantes. Sans mentionner le fait qu'il adorait voir une jolie robe épouser parfaitement le corps de Savannah. Ce soir, il était servit. La jeune femme était ravissante et s'il s'écoutait, il planterait tout là et l'enlèverait dans sa Chevrolet pour profiter d'elle toute la nuit. Néanmoins, de trop nombreux petits détails vinrent déranger ce projet Cadien. Le retard de Savannah, son visage comme préoccupé malgré son charmant sourire, ses hésitations dans sa voix d'ordinaire claire et rassurante... "Qu'est ce qu'il y a Sav'... ?" Est-ce que cette attitude avait quelque chose à voir avec cette maison qu'elle lui avait fait visité plus tôt dans la journée ? Son rêve s'était-il vu brisé par il ne savait encore quoi ? Mathis peut-être ? Grimes la regardait, silencieux, légèrement tendu et impatient de savoir ce qui allait alimenter le début du repas.

La jolie blonde se lança finalement dans un récit qui perdait Cade dans les premiers temps. Il fronçait les sourcils, plissait les paupières pour tenter de trouver le point commun entre ce patron qu'elle avait connu auparavant, et son enthousiasme pour l'achat de cette maison et ce nouveau boulot dont elle n'osait encore rien dire de concret. Le mystère perdurait et l'ex agent fédéral se permettait même de plaisanter sur le comportement de son ancien boss, et la situation presque risible d'un homme professionnellement installé mais incapable de garder femme et maitresse à la fois. "Il était séparé de sa femme, disons juste qu'elle n'a pas apprécié la possibilité qu'il puisse s'épanouir à nouveau auprès d'une autre." Il eut un haussement de sourcils qui voulait tout dire de son ironie. - On ne peut pas être bon partout en somme. Si Savannah n'avait pas bien vécu cette histoire, Cade n'y pensait pas à ce moment et la suite arriva rapidement, faisant monter la pression d'un cran. Il y voyait plus clair sur ses projets de déménagement, et sa discrétion sur son rendez-vous. Tout était effectivement plus simple quand on connaissait son patron et qu'on était plus que familière avec lui. Les hommes sont corruptibles, Cade le savait bien. Il se braqua, usant de sarcasme pour illustrer la collaboration que Savannah pensait innocente. Il la voyait déjà dans le bureau sinistre de ce type en costard qui ne pourrait faire autrement que de l'imaginer nue dans ses bras comme à la bonne époque. "Peut être qu'il me proposera ensuite de relever un peu ma robe..."  Cade lui lança un regard jaune. Il n'était plus du tout d'humeur à plaisanter. Et cette chemise lui donnait trop chaud ! Enfoncé dans sa chaise, son regard se perdit ailleurs et ses dents se serrèrent. "Franchement Cade, il va pas m'sauter dessus!" Il reporta son attention glaciale sur elle. - C'est pas comme ça qu'il s'y est prit la première fois... ? Cinglant. Oui. Une douce jalousie inavouable s'emparait de lui. Il connaissait...les histoires d'exs.

" Parce que ça t'semble inconcevable qu'il puisse avoir été satisfait du travail que j'ai fourni quelques années auparavant?" Son assiette posée devant lui, il n'y prêta même pas attention."En attendant, je n'ai qu'à y gagner dans l'histoire, j'vois pas pourquoi je devrais passer à côté de ça."  C'était probablement une plaisanterie... - Parfait. Si t'es si douée que ça dans ce domaine, tu n'as qu'à bosser ailleurs. Y'a des tas de boites qui recrutent dans le coin. Sans compter le fait qu'il serait bien plus tranquille de la savoir loin d'un mec qui s'était retrouvé à Brisbane par le plus pur des hasard... Il s'emportait. Il sentait qu'il s'emportait et qu'il partirait dans ses travers si la conversation se poursuivait sur ce rythme. - Si tu cherches à lui mettre ce qu'il a perdu sous les yeux pour te venger, c'est de l’égoïsme. Si c'est parce que votre histoire n'est pas terminée... Tu n'as qu'à le dire tout d'suite, mais ne m'fais pas croire que tu as accepté sa proposition par pur esprit professionnel. Et quand il s'emportait, les mots pouvaient être très durs. Surtout quand le contexte pouvait l'éloigner ou carrément lui faire perdre quelqu'un. - S'il est revenu pour toi, dis lui que la place est déjà prise. Et démissionnes. Cette maison, elle l'aurait. Il s'engageait intérieurement pour qu'elle puisse réaliser ce rêve, quitte à bosser dans un garage ou emballer les provisions dans un supermarché. C'était inconcevable de la laisser bosser là bas comme il avait été pénible pour elle de se retrouver face à Alicia, un soir, devant chez lui.

Assise sur ma chaise, je mesure l'impact que mes mots risquent de provoquer dans les secondes à venir. J'ai pourtant prit le temps de bien songer à toutes les répercutions possibles. Je me suis imposée cette réflexion à maintes reprises, parvenant à me convaincre que ce choix ne pouvait être que bénéfique dans ma vie de manière générale. Alors évidemment, je devinais déjà que l'ancien agent ne sauterait pas de joie en apprenant la nouvelle, ce qui était tout à fait légitime. Lorsque j'avais annoncé ma décision à Evan, j'avais accepté que ma vie sentimentale en subisse les conséquences, je savais pertinemment le prix à payer, à la seule différence, c'est qu'il était bien différent maintenant que Cade était l'homme qui se tenait à mes côtés. Avant même d'oser me jeter dans le gouffre, j'ai comme un éclair de lucidité, nuancé par bons nombres d'hypothèses sur sa réaction à venir, et je suis presque prête à vouloir suspendre le temps et me faire un nouveau jugement sur cette carrière, prête à la remettre en question. Notre relation a été parsemé d'embuche, étions-nous seulement prêts à en affronter une de plus? Je remarque ses efforts, je sais combien les choses peuvent paraître plus compliquées pour lui, qui n'avait pas envisagé de se lancer dans une relation sérieusement. Cette volonté de vouloir bien faire les choses avec lui est présente, et elle se justifie par la franchise dont je tâche de faire preuve. Je lui raconte l'histoire, lui fournissant des détails qui peuvent lui paraître absurde au vu de la réponse qu'il attend, mais je veux qu'il sache tout ce qui a précédé ce choix. Evoquer cette partie de ma vie est loin d'être une partie de plaisir, j'étais parvenue à la garder pour moi depuis mon retour à Brisbane, et personne n'en connaissait l'existence jusqu'à présent. Mais en parler avec Cade était encore plus désagréable. Je n'embellis pas l'image de Evan, et je tente de me montrer la plus objective possible face à cette histoire dans laquelle je ne saurais l'être réellement, mais la réplique de Cade me laisse déjà perplexe, comme si le problème qu'il retenait dans l'histoire le ranger immédiatement dans le camp de l'ennemi. "- On ne peut pas être bon partout en somme." Son manque de sérieux m'irrite légèrement. Etait-ce le sujet principal qui le gênait au point de vouloir se montrer si méprisable avec moi? Je le scrute, faisant en sorte que ces répliques ne viennent pas altérer ma narration. Il me facilite peut être les choses en adoptant un tel comportement, atténuant ce sentiment de culpabilité face à l'indifférence qu'il semble vouloir imposer en guise de réaction. La vérité vient finalement a être déballée, et je suis spectatrice du chaos que je sème. Il se contient, ou cherche à en donner l'impression, veillant avant tout à me mettre en garde sur les intentions du riche homme d'affaires. Et je mentirais clairement en avouant que ses doutes ne sont pas fondés. J'avais eu l'occasion de déceler chacune d'elles depuis nos retrouvailles, et nos échanges au bureau, bien que purement professionnels, étaient emprunts de cette relation passée. Mais je suis prête à nier face à Cade, parce qu'elles ne constituent en aucun cas un danger entre nous. Alors je m'en sers de façon ironique pour lui faire comprendre combien il serait ridicule de penser que je puisse me laisser avoir de la sorte."Franchement Cade, il va pas m'sauter dessus!" " Cherchant à le rassurer, de façon quelque peu maladroite, j'en récolte rapidement une jolie réplique. "- C'est pas comme ça qu'il s'y est prit la première fois... ?"Mon regard se fige dans le sien, retenant ma respiration avant de laisser échapper un souffle exaspéré. "Il ne m'a pas sauté dessus! On avait tous les deux joué à ce jeu de séduction, ca s'est fait naturellement....Mais surtout, j'étais célibataire à l'époque" Ce qui n'était pas le cas aujourd'hui. Un détail peut-être aux yeux de ce cher Grimes, mais qui avait bien plus d'impact que ce qu'il pouvait imaginer aux miens.

Malheureusement, ce n'est pas suffisant pour rassurer Cade, qui semble m'avoir trouvé comme adversaire de jeu, et qui veut me pousser sur le front malgré moi. Si je souhaitais par dessus tout garder un côté pacifique et faire preuve d'une tolérance inébranlable à son égard, certaines répliques parviennent à me mettre sur mes gardes, et je n'ai d'autre moyen que de chercher à me défendre. C'était donc ça? Il voulait me faire payer ce choix en écorchant au passage mon égo? Voyant que la discussion m'échappe, je tente d'y mettre un terme en lui faisant savoir que je ne souhaitais pas y renoncer. " - Parfait. Si t'es si douée que ça dans ce domaine, tu n'as qu'à bosser ailleurs. Y'a des tas de boites qui recrutent dans le coin." Je feigne une légère grimace, venant tremper mes lèvres sur ce verre de vin, dans lequel je souhaiterais me perdre un instant. "C'est pas si facile, j'n'ai aucun diplôme dans le domaine. J'ai juste eu la chance qu'on me laisse faire mes preuves à l'époque, et il me faudra encore acquérir quelques années d'expérience avant de pouvoir être prise au sérieux pour un poste similaire. T'es bien placé pour savoir que le boulot n'tombe pas du ciel..." Je baisse les yeux sur mon assiette, tâchant de garder une attitude naturelle, mais mon interprétation est médiocre, et le manque d'appétit soudain malgré la bonne odeur qui vient chatouiller mes papilles me le fait remarquer. Et visiblement, Cade est tout aussi impacté par cette discussion " - Si tu cherches à lui mettre ce qu'il a perdu sous les yeux pour te venger, c'est de l’égoïsme." Mon regard retrouve le sien silencieusement, presque forcée d'avouer qu'une infime partie de moi cherchait peut être ce résultat lorsque j'avais accepté l'offre, mais ce n'était plus à l'ordre du jour, cet esprit de vengeance s'était dilapidé à travers cette pile de dossiers dont j'étais désormais en charge. " Si c'est parce que votre histoire n'est pas terminée... Tu n'as qu'à le dire tout d'suite, mais ne m'fais pas croire que tu as accepté sa proposition par pur esprit professionnel."Je relève les sourcils. "Elle l'est!"Mon regard vient appuyer mes dires avec une certaine assurance. "Et si c'était pas le cas, je vois pas même pas pourquoi je te parlerais de tout ça" fis-je remarquer.  Ma collaboration avec Evan semble le pousser à remettre en question soudainement notre histoire, de façon si injuste. "- S'il est revenu pour toi, dis lui que la place est déjà prise. Et démissionnes. " Mon regard l'implore de ne pas m'infliger ça. Je ne pouvais pas avoir fait tout ça pour rien. Je ne pouvais pas avoir imaginé de nouveaux rêves pour les voir me filer entre les doigts à nouveau. Je relâche mes couverts soudainement sur la table face à cette possibilité. Mon coude repose un instant sur celle-ci, ma main passe de façon fébrile sur le bas de mon visage alors que mon regard se perd un instant autour de nous. Quelques secondes avant de lui accorder à nouveau mon attention et m'emparer d'un calme apparent pour m'exprimer. "Il n'est pas revenu pour moi, et quand bien même ça serait le cas, j'ai été clair avec lui à ce sujet. Je n'suis pas disponible, et j'n'ai pas l'intention que ça change". Mes yeux dans les siens, je me penche vers la table, créant instantanément un échange qui se veut plus intime. "Cade...Si j'reste là bas, ce n'est pas parce que cet homme a partagé trois mois de ma vie mais parce que je sais ce que ca peut m'apporter d'un point de vu financier, mais aussi pour mon avenir professionnel." Je me pince les lèvres, mon regard se baladant successivement à travers le sien. "Alors peut-être qu'il cherche à me récupérer...ou peut être pas. En attendant, c'est bien chez toi que j'ai débarqué après avoir foutu en l'air mon histoire avec Joshua, pas chez lui. C'est toi que j'ai amené dans ce taudis aujourd'hui, parce que c'est avec toi que je veux partager ce projet complètement fou et insensé... et c'est de ton soutien dont j'vais avoir besoin pour gérer tout ça. J'ai des doutes sur pas mal de chose dernièrement, mais s'il y a bien une chose que j'regrette pas, c'est toi." Je pesais chacun de mes mots, bien que ça me tuait de devoir m'ouvrir à lui ainsi et dans ces circonstances, il devait savoir que ça ne changeait rien entre nous."Tu vas devoir me faire confiance."

- On ne peut pas être bon partout en somme. Si Cade ironisait la situation de ce pauvre petit directeur d'entreprise qui n'avait pas su prendre la décision que Savannah attendait, c'était parce qu'il ne voyait pas encore où la jeune femme voulait le mener en lui racontant toute cette histoire. Okay, elle avait fréquenté un homme marié qui ne savait pas ce qu'il voulait. Mais lui aussi en avait eu des relations ambiguës avant qu'ils ne se rencontrent. Si elle lui étalait tout ça, il se doutait bien qu'il y avait un lien avec le présent, et avec ce boulot mystère, et cette envie de travaux pour déménager dans une plus grande maison. Il la laissait continuer tout en souriant du sort de ce fameux type dont le statut revint petit à petit dans la conversation. Il dirigeait une société, et Savannah venait d'accepter de reprendre le poste d'assistante. Elle lui avouait, comme ça, avec une honnêteté qu'il ne pouvait que féliciter. Mais intérieurement, il bouillonnait à l'idée de savoir qu'elle avait pu retomber dans ce piège. Car il n'y avait pas à réfléchir plus longuement. Pour Grimes, s'en était un magnifique ! Une tentative pour l'autre de se rapprocher d'elle. De la garder près de lui pour la replonger dans leur idylle passée. Voilà tout ce que l'ex agent fédéral voyait à présent. "Franchement Cade, il va pas m'sauter dessus!" Oh non. Ce genre de mec n'y allait pas aussi franchement. Ils étaient généralement sournois et préparaient très bien leur coups. Une autre raison pour laquelle Grimes ne s'était jamais entendu avec les patrons, et la direction en générale. Ils ne les ont pas là où il faut...alors ils le font en douce !

Savannah n'était pas naïve, il le savait bien. Il commençait à la connaître. Alors si elle voyait vraiment ce job comme une façon de vivre mieux financièrement, Cade accusait toujours le fait que la proximité avec celui qui l'avait salement laissé tombé ne l'avait pas rebuté. Et au fond, il sentait que ce n'était pas bon. "C'est pas si facile, j'n'ai aucun diplôme dans le domaine. J'ai juste eu la chance qu'on me laisse faire mes preuves à l'époque, et il me faudra encore acquérir quelques années d'expérience avant de pouvoir être prise au sérieux pour un poste similaire. T'es bien placé pour savoir que le boulot n'tombe pas du ciel..." Répliqua t-elle lorsqu'il lui demanda logiquement de postuler ailleurs, juste histoire de ne pas flirter avec le passé accroché à ce type et éviter toute ambiguïté. Cade soupira. Ce n'était pas très sympa de lui rappeler que, depuis la commission, il errait sans boulot et surtout sans autre diplôme que le concours qui l'avait mené aux forces de l'ordre américain. - Quelques années... Murmura t-il avant de devenir presque blessant. - Si tu cherches à lui mettre ce qu'il a perdu sous les yeux pour te venger, c'est de l’égoïsme. Si c'est parce que votre histoire n'est pas terminée... Tu n'as qu'à le dire tout d'suite, mais ne m'fais pas croire que tu as accepté sa proposition par pur esprit professionnel. Il avait beau être compréhensif, il y avait quelque chose qui lui échappait...Et il détestait ça. "Elle l'est!" Il avait les yeux rivés sur elle alors que son assiette n'avait pas encore été touchée."Et si c'était pas le cas, je vois pas même pas pourquoi je te parlerais de tout ça"  Cade soutenait le regard de Savannah comme s'il cherchait à lui faire sortir un semblant de doute et d'hésitation quant au sérieux de ce projet et aux desseins de son ex-futur-patron. Mais il devait l'avouer, la jolie blonde honorait la ligne de leur « pacte » stipulant qu'il ne devait plus y avoir de mensonge entre eux. Il hocha de la tête négativement. - J'ai du mal à te suivre... Et puis, il entreprit une dernière fois de la convaincre de démissionner avec un regard à la fois suppliant et autoritaire. Ils allaient au devant des ennuis alors que tout semblait enfin aller mieux.

"Il n'est pas revenu pour moi, et quand bien même ça serait le cas, j'ai été clair avec lui à ce sujet. Je n'suis pas disponible, et j'n'ai pas l'intention que ça change" Même si ses mots étaient fait pour le rassurer, il n'en était rien. Ils voulaient aussi dire qu'elle n'allait pas renoncer. Les yeux de Cade vrillèrent, son air las commençait à prendre le dessus et puis, Savannah se pencha pour continuer..."Cade...Si j'reste là bas, ce n'est pas parce que cet homme a partagé trois mois de ma vie mais parce que je sais ce que ca peut m'apporter d'un point de vu financier, mais aussi pour mon avenir professionnel." Il stoppa tout mouvement. Seuls ses yeux verts se relevèrent sur elle. Il voulait la croire. Il la croyait au fond. C'était  en l'âme fourbe d'un homme aux forts sentiments qu'il n'avait pas confiance ! - Tu es capable de bien plus que ça et sans l'aide de personne Savannah. Sa voix était plus posée, la part la plus hargneuse de sa réticence retombait peu à peu. Les mots de la jolie blonde pouvait y faire. "Alors peut-être qu'il cherche à me récupérer...ou peut être pas. En attendant, c'est bien chez toi que j'ai débarqué après avoir foutu en l'air mon histoire avec Joshua, pas chez lui. C'est toi que j'ai amené dans ce taudis aujourd'hui, parce que c'est avec toi que je veux partager ce projet complètement fou et insensé... et c'est de ton soutien dont j'vais avoir besoin pour gérer tout ça. J'ai des doutes sur pas mal de chose dernièrement, mais s'il y a bien une chose que j'regrette pas, c'est toi." Des mots bienfaiteurs. Presque une déclaration. Et il savait que c'était sincère. Parce qu'elle avait bien débarqué chez lui malgré tout ce qui s'était passé. Son impulsivité dévoilée, son caractère solitaire, elle connaissait maintenant beaucoup de lui. Mais elle était là et il voulait y croire ; Pour la première fois depuis longtemps, Cade était méfiant envers n'importe qui pouvait approcher cette fille ! "Tu vas devoir me faire confiance." L'atmosphère changea dans un bref silence. Cade inspira et redressa légèrement la tête comme pour la sortir de l'eau et il posa son bras sur la table pour venir chercher la main de la jeune femme. - J'te fais confiance. Le sourire avait encore trop de mal à s’immiscer sur son visage et pour illustrer ses dires, son pouce caressait sa main avec douceur. - Épargnes moi juste les heures supplémentaires après ta journée de travail... Une petite touche d'humour qui trahissait cependant ses craintes quant aux diverses tentatives de Mr le directeur. Un long regard se perdit sur elle. Il réalisait là qu'il ne voulait pas la perdre. Pas maintenant que tout allait pour le mieux. Un fin sourire et il regarda finalement son plat, dressé devant lui. - Bon, alors voyons si c'est aussi bon qu'un cheesburger double bacon !

La réaction de Cade était prévisible. Elle aurait pu cependant être plus virulente. Parce que comme moi, il a la faculté à se montrer déraisonnable face à une impulsivité qu’il ne saurait contenir. Je lui tiens cependant tête, tâchant de le ramener à la raison en lui rappelant combien il serait grotesque de penser que si j’occupe à nouveau les bureaux Campbell, il y aura forcément un rapprochement. Ma relation avec Evan est plus complexe qu'il ne l’imagine, mais je ne compte pas rentrer dans les détails avec lui. Tout ça ne ferait que nourrir des suspicions que je veux à tout prix éviter. S’il doute des bonnes intentions du jeune dirigeant, et ce, probablement à juste titre, je peux lui assurer de mon côté que ce choix est purement et simplement stratégique, il n'est en rien le fruit d'une spéculation pour goûter à nouveau au fruit défendu ou retrouver des souvenirs d'antan, ce contrat qui me lie à cet homme m’offrira bel bien des avantages sur le long terme. Malgré tout, je comprends sa méfiance, et son incompréhension du moment, je devine même le genre de comportement que cela aurait engendré si la situation était inversée, mais je me passerais bien de la lui partager. Je ne cherche pourtant pas son approbation, ma décision étant déjà prise, et pour l’instant bien figée, il n’empêche que je souhaite récolter un soutien de sa part, m’assurer que ce n’est pas ce choix qui va venir s'interférer dans nos rapports. Je tiens à lui, et en aucun cas je ne veux que ça vienne briser cette relation qui fonctionne bien plus que je ne l’aurais imaginé. Et plus je lui parle, plus je le sens se fermer, rendant l'échange chaotique dans cet endroit qui mêle souvent partage et bonne humeur.

Les arguments pour le convaincre sont nombreux, mais probablement pas suffisant à ses yeux. Son agacement est perceptible, et j'ai l'impression que peu importe ce que je dirais, je ne parviendrais pas à améliorer la situation. - "Quelques années..." répète t-il comme si la sentence était déjà bien trop importante. Je hausse les sourcils, tâchant d'aller à l'encontre de sa pensée. Quelques années...Qu'est ce que représente dans une vie entière? Il voyait le verre à moitié vide, et je m'évertuais à le remplir. Et voilà qu'il énonçait clairement les possibilités qui s'offraient à nous, comme si aucune demi-mesure n'était possible. Cette histoire avait prit fin lorsque j'avais décidé de quitter précipitamment les bureaux Campbell, et malgré les événements, je n'avais pas eu le coeur à vouloir reprendre celle-ci, pas uniquement parce qu'à l'époque je tentais de préserver mon couple avec Joshua, mais parce que ce cher Grimes parvenait encore à hanter inconsciemment mes pensées. Son silence sonne presque comme une torture, comme si je le sentais s'éloigner, le perdre. "- J'ai du mal à te suivre..." Je baisse le regard sur la nappe blanche immaculée, faiblement. J'avais parfois du mal à me comprendre moi-même, et ce simple constat parvient à me faire lâcher un soupire desemparé. "Je sais...". Dans un moment de courage absolu, ou de panique, va savoir, je parviens à revenir à la charge à nouveau, lui rappelant les faits, en vain. Mes mots ne semblent ne plus avoir aucun effet sur lui. "Cade...Si j'reste là bas, ce n'est pas parce que cet homme a partagé trois mois de ma vie mais parce que je sais ce que ca peut m'apporter d'un point de vu financier, mais aussi pour mon avenir professionnel." Ces termes qui reviennent presque en boucle. "- Tu es capable de bien plus que ça et sans l'aide de personne Savannah." Mon regard se perd dans le sien, cherchant ainsi la véracité de ses propos. J'avais déjà eu des mots encourageants venant de mes différents supérieurs, des remarques remplies d'espoir face à l'acharnement que je peux mettre dans ce que j'entreprends, mais personne de mon entourage le plus proche n'avait eu de mots si élogieux à mon égard, et cela suffit à nourrir un sentiment de satisfaction dans un moment qui ne devrait pourtant pas s'y prêter. Cade Grimes croit en moi. Cette simple idée soulève mon âme délicieusement. Et c'est peut être ce qui va me pousser à m'ouvrir d'avantage à lui, n'évoquant plus uniquement l'aspect professionnel pour dissiper ses doutes, mais lui rappelant ce que nous vivions tous les deux.Une histoire qui pourrait paraître banale, mais qui avait trouvé sa place pour chacun de nous, et qui était plus importante que ce que nous ne voulions bien le laisser croire. Parce que lui savait. Et j'étais persuadé qu'il éprouvais la même chose, il ne pouvait en être autrement.

"Tu vas devoir me faire confiance." Un souhait profond, qui devait s'accordait avec ma décision. Durant un instant, je l'imagine se lever, quitter cette table, mais ce soupire qui laisse échapper est finalement l'amorce de son choix. Sa main vient se rapprocher discrètement de la mienne, avec une certaine pudeur dans cet endroit bien animé. "- J'te fais confiance." Le relâchement de cette tension constante dans mes muscles alors que je ne peux dissimuler un sourire satisfait mais surtout rassuré. La douceur de ce geste pour appuyer ses dires. "- Épargnes moi juste les heures supplémentaires après ta journée de travail... " Je hoche de la tête, tâchant de dissimuler un sourire franc et amusé. "Tu peux compter sur moi." Affirmais-je avec conviction, comme si je n'étais pas prête à m'y soumettre. Le temps semble soudainement se suspendre dans un échange de regard des plus sincères et révélateurs. Ce sourire auquel je réponds avec une douceur absolue, reconnaissante pour son implication. "- Bon, alors voyons si c'est aussi bon qu'un cheesburger double bacon !" Je laisse échapper un rire, bien décidé à ce que la soirée se déroule sous les meilleurs auspices