Il ne pensait pas se découvrir un tel point commun avec Halston mais connaissant son amour pour les enfants et ne doutant pas non plus de sa générosité il n’est finalement pas si surpris que ça d’apprendre qu’elle œuvre elle aussi à l’hôpital pour égayer les journées de ces jeunes patients. Elle y organise des rencontres entre les enfants et les célébrités qu’ils affectionnent, et il trouve ça vraiment honorable car elle se sert de ses contacts dans le milieu de la plus belle des façons. Eddie a déjà pu se rendre compte des étincelles qu’ils avaient dans les yeux en rencontrant des personnages de dessins animés alors des stars, il n’imagine pas le bonheur que ça doit leur procurer. Halston lui apparaît comme une bienfaitrice et c’est un côté d’elle qu’il n’avait pas encore découvert, et qui le conforte dans l’idée qu’il fréquente une femme exceptionnelle qui aurait beaucoup d’amour à donner à ses propres enfants. « C’est beau de leur faire profiter de ton réseau de stars, tu dois apporter beaucoup de magie à ces enfants dans leur quotidien à l’hôpital. » Si en plus les stars en question jouent le jeu c’est super, et cette révélation éveille aussitôt la curiosité du danseur qui ne résiste pas à l’envie de gratter un peu plus. « Je peux tenter d'obtenir quelques noms de célébrités qui ont accepté ces rencontres ? » Histoire de voir qui dans ce milieu a un grand cœur et se soucie du bien-être d’enfants hospitalisés, et la réponse doit sûrement être bien plus de gens qu'il serait tenté de le croire. Peut-être qu’Halston ne voudra pas trahir leur identité mais il se dit que c’est tout à leur honneur, donc il suppose que les stars concernées n’ont pas de raison de vouloir garder ça secret. La liste doit est longue mais s’il parvenait à grappiller deux ou trois noms Eddie serait content. Le danseur est tout sourire en jouant les curieux mais les traits de son visage se referment devant le parallèle effectué par l’agente. Elle lui donne raison sur ce qu’il avançait juste avant mais surtout elle lui rappelle qu’il aurait pu éviter son séjour à l’hôpital contrairement à eux, lui détenait le contrôle sur sa santé et a choisi d’en faire n’importe quoi. « Je sais. » il admet en serrant les dents car il n’est plus question de nier quoi que ce soit désormais, les risques il les a pris et maintenant il doit les assumer. Qu’il s’estime heureux de pouvoir sauver son genou et qu’il ne soit pas trop tard, sachant qu’il aurait pu le perdre pour de bon s’il était tombé une nouvelle fois dessus d’après le chirurgien. D’où le fait qu’il doive à tout prix se ménager jusqu’à l’opération, ce n’est pas à possiblement quelques jours de celle-ci qu’il faut redoubler d’imprudence. Et dire qu’il fait la morale à son cousin pour la vie qu’il mène alors qu’il est à peine mieux en la matière, balayer devant sa porte est une chose qu’Eddie ne fait vraiment pas assez souvent.

Qu’elle lui donne une chance, c’est tout ce qu’Eddie veut aujourd’hui. Pour aller où il n’en sait rien, la suite n’est pas forcément plus claire maintenant qu’ils commencent à mettre des mots sur les choses et sur ce qu’ils ressentent mais ce qu’il sait par contre c’est qu’il tient sincèrement à elle, peut-être même plus qu’il ne veut pour le moment se l’avouer. Aucune femme ne lui a fait ressentir ça depuis Alexis et c’est un peu normal puisqu’il n’a ouvert son cœur à personne depuis leur rupture, préférant se convaincre qu’il n’était pas fait pour l’amour et qu’il était aussi incapable de penser à deux. Si c’est le cas alors pourquoi son palpitant bat à tout rompre quand Halston lui dit qu’elle veut avancer avec lui et laisser derrière elle son statut de divorcée à travers lequel elle se voyait uniquement jusqu’ici ? C’est un grand pas en avant qu’elle fait et Eddie n’en revient pas d’être celui qui le motive, et d’être par extension celui qu’elle a choisi pour passer enfin à autre chose. Il pourrait dire la même chose d’ailleurs car c’est auprès d’elle que le danseur souhaite mettre un terme à trois ans de célibat, même si ça lui fait aussi assez peur d’y penser car il a perdu l’habitude d’avoir quelqu’un dans sa vie. Il s’est en tout cas trahi à deux reprises un peu plus tôt, d’abord en signifiant qu’il n’avait plus aucune raison d’aller sur Tinder et donc de se considérer encore sur le marché, et puis en laissant entendre qu’il voulait plus qu’une aventure avec elle et que son âge ne voulait pas dire qu’il ne pouvait pas être sérieux. Eddie n’est pas de ceux qui dévoilent facilement leurs sentiments et lui faire ouvrir son cœur n’est pas simple, mais peu à peu il se révèle à elle et pour ça il n’a pas forcément besoin de mots, son regard doit être déjà très parlant à lui tout seul. Il connait un petit ascenseur émotionnel quand Halston lui remémore avoir dit qu’elle se sentait vivante à ses côtés, ce qui serait toujours le cas, avant d’ajouter qu’il lui a fait du mal en disparaissant comme il l’a fait. Il se sent assez minable d’un coup, et il comprend qu’il ne sera pas facilement pardonné pour ça. « Je ne voulais pas te blesser Halston. » Il ne voulait pas mais il l’a fait en s’éloignant subitement juste après la promesse qu’ils s’étaient faite de se voir plus souvent. Ses yeux lui crient combien il est désolé d’avoir été aussi égoïste, et de n’avoir pensé qu’à lui en prenant du recul pendant ces cinq jours. Le pire c’est qu’il pense à elle, constamment, et qu’elle n’a pas quitté sa tête pendant qu’il réfléchissait dans son coin. « Tu te rappelles quand je te disais que j’allais plus te lâcher et que je ne voulais plus rien connaître d’autre en dehors de nos moments à deux ? Je le pensais et je le pense toujours. Ça fait longtemps que j’ai pas été accro comme ça à quelqu’un. » Peut-être qu’il en dit trop, là. S’avouer aussi dépendant d’elle peut être dangereux mais tant pis, autant qu’elle sache tout ce qu’elle lui inspire et qu’il n’a vraiment aucune intention de se rapprocher d’une autre au cas où elle en douterait encore. Ils se complètent à merveille tous les deux de son point de vue, sur tous les plans jusqu’ici, et c’est peut-être cette complémentarité qui donne à leur relation son caractère si intense et qui les ramène toujours comme des aimants l’un vers l’autre.

Entre continuer sur la lancée de ses mensonges et tout lui dire Eddie a fait un choix, mais aussitôt il le regrette. Quelle mouche l’a piqué de dire à Halston qu’elle ne serait pas acceptée par sa famille, il cherche quoi au juste, à la faire fuir ? Sun-Hi ne ferait pas de cadeau à l’américaine si elle apprenait qu’elle fait partie de la vie de son fils et forcément elle finira par l’apprendre, Eddie ne souhaitant pas rester dans une relation cachée ce qui impliquera donc d'en informer ses proches à un moment donné mais uniquement quand il s'en sentira prêt. Elle n’aimait pas Alexis car elle n’était pas coréenne, alors comment pourrait-elle aimer Halston qui ne l’est pas non plus et qui en plus s’avère être plus âgée que lui. Pour Eddie c’est un détail mais il doute que sa mère le voit comme ça, et c’est finalement la seule qui risque vraiment de s’en formaliser car son père n’est pas aussi intolérant, quant à Callie elle aime tout le monde c’est bien connu et elle ne veut que son bonheur. Eddie en veut à sa mère de lui mettre des bâtons dans les roues mais quelle idée aussi de parler de ça maintenant, il aurait vraiment mieux fait de se taire pour le coup. Et en même temps elle lui avait posé une question, la contourner aurait été lui mentir sur ce qui l’attend. Eddie tient à ce qu’elle sache qu’il ne laissera personne décider pour lui, en espérant que ça vaut quelque chose aux yeux d’Halston. Il a envoyé valser les attentes et les ambitions de ses parents qui le voyaient suivre la même voie que son père en tant qu’ingénieur, ce n’est pas pour leur donner satisfaction sur ses choix amoureux. Eddie n’est pas là pour contenter qui que ce soit, c’est sa vie et il entend bien la mener comme il l’entend. De plus il ne contrôle pas quand quelqu’un gagne en importance dans son cœur, sa mère va donc devoir s’y faire et le temps où il s'écrasait devant elle est révolu. Halston ne veut plus en parler et la sècheresse de son intonation prouve que le sujet est casse-gueule, et qu’il a ouvert une brèche dangereuse sans le vouloir. « D’accord. » il souffle tout en se maudissant d’en avoir trop dit. À vouloir être trop honnête voilà où ça le mène, il ne peut une nouvelle fois s’en prendre qu’à lui-même. Ils passent rapidement à autre chose mais il sait que ça n’est pas oublié pour autant, et qu’à cause de lui Halston va probablement longtemps cogiter là-dessus. Elle aimerait faire de lui son guide afin de se familiariser avec cette ville qu’elle connait encore peu, et c’est un rôle qu’Eddie se voit tout à fait tenir et qu’il endosserait même avec plaisir pour elle. « Je te ferai découvrir les plus beaux coins de cette ville si tu ne les connais pas alors. Il y a tellement à voir ici, même moi en quinze ans je doute d’avoir tout vu. » Il est même certain de pouvoir encore faire des découvertes puisqu’il se rappelle s’être dit qu’il ne connaissait pas bien certaines zones de cette ville pendant sa vadrouille à l’occasion de la fête des voisins. Ce serait dans tous les cas l’occasion de parcourir tout ça à deux et il voit le planétarium non loin d’ici comme un lieu très intéressant à lui faire voir pour commencer. Seulement le danseur arrive à partir sans ses résultats, et il y a bien une volonté de nier ce que le chirurgien lui a dit à travers cet oubli. Il n’accepte pas encore le verdict de l’opération, il n’est pas fait à l’idée mais ça viendra, il faudra bien.

Brisbane il aurait beaucoup à en dire mais son cœur appartient surtout à Sydney, la ville qui l’a vu grandir jusqu’à ses dix ans avant le déménagement de tout le clan Yang dans l'État du Queensland. Il mentirait s’il disait que Sydney ne lui manque pas très souvent, heureusement il n’est pas trop difficile pour lui de s’y rendre et il le fait d’ailleurs dès qu’il le peut avec sa petite sœur car les souvenirs qu’ils y ont laissé n’ont tout simplement pas de prix. Halston lui confie n’avoir jamais visité Sydney et pourtant c’est une incontournable, il aurait même pensé que son boulot l’y aurait conduite mais ce n’est apparemment pas le cas. « Eh bien la prochaine fois qu’on y va avec Callie on a qu’à t’embarquer avec nous. » Il n’a pas l’air bien sérieux en l’avançant et pourtant l’idée ne lui déplairait pas. Quand elle connaitra Callie - et il tient de plus en plus à ce que ce soit le cas - il se dit qu’une telle escapade sera peut-être possible si le courant passe bien entre les deux. C’est un peu ambitieux de sa part cela dit et c’est pour ça qu’il préfère donner l’impression d’en plaisanter à moitié, au cas où Halston trouverait de son côté l’idée grotesque à ce stade de leur relation. Les Yang plus nostalgiques que les Hargreeves ? Sans doute si comme elle dit le besoin de revenir à Pasadena où elle est née ne s’est jamais trop fait ressentir. « Une partie des Yang est surtout nostalgique d’un autre pays, très loin d’ici. » Et quelle partie ? Celle qui n’est pas née en Australie, pour sûr. Ses parents, son oncle et sa tante apprécient leur vie ici et sont reconnaissants de tout ce que leur a donné ce pays mais le manque de Daegu est réel, bien plus que pour lui qui n’y a jamais vécu. Eddie ne connait presque que Sydney et Brisbane lui, il a bien été quelques fois à Daegu, à Jeju et plus rarement à Séoul dans son enfance mais il n’est pas australien de cœur et coréen de sang pour rien. Sa peur de l’avion les aurait empêché de se croiser à coup sûr si Halston ne s’était pas installée ici, elle suppose d’ailleurs que sans cette phobie Los Angeles ne serait pas sa première destination aux États-Unis. Elle mentionne une autre ville bien connue et il est surpris de voir à quel point elle tombe juste, comme quoi elle le connait déjà bien. « Tu ne crois pas si bien dire ! New York me fait rêver depuis que je me suis pris de passion pour le film Fame. » Il se revoit encore gamin rêver d’intégrer la High School of Performing Arts comme les protagonistes du film, et s’émerveiller devant chaque plan de cette ville à laquelle il associe inévitablement la danse et plus généralement l’art, depuis toujours. Eddie étire un fin sourire après ça, quand elle lui confie son plaisir coupable qui n’est autre que raffoler des romans à l’eau de rose. « Tu es tellement romantique Halston. » il laisse entendre en l’observant sans une once de jugement. Il trouve ça mignon sans vraiment s’expliquer pourquoi, car à l’origine il n’aime pas tout ce qui dégouline de sentimentalité et ce qui s’inscrit dans une certaine forme d’idéalisme. Lui n’est pas comme ça mais il aime ce côté-là de l’américaine, et il aime en fait chaque découverte qu’il fait d’elle jusqu’ici. Ce soir ils assistent à leur deuxième coucher de soleil ensemble et Eddie espère qu’il y en aura encore beaucoup d’autres, surtout maintenant qu’il peut en profiter avec Halston entre ses bras. Ses yeux ne peuvent pas se lasser d’un tel spectacle et lui ne peut pas se lasser d’une telle compagnie, les deux combinés rendant ce moment tout simplement unique. Elle évoque des heureux hasards pour les réunir et Eddie laisse échapper un léger rire par réflexe. « Heureux, heureux.. j’ai bien cru que le ciel me tombait sur la tête quand tu es apparue tout à l’heure. Pendant un moment j’ai même eu peur que tu me jettes. » Et ces derniers mots lui arrachent un peu la gorge car oui il l’a redouté, surtout quand elle s’est mis à lui parler de Tinder car il s’est senti piégé comme jamais à ce moment-là. Avec la blessure qu’il lui avait cachée ça faisait beaucoup, et il se réjouit qu’une bonne communication ait permis d’apaiser les choses et de rassurer Halston sur ses intentions envers elle.. du moins il l'espère. « L’avantage de l’opération c’est que je ne vais pas manquer de temps dans les prochains mois, je serai très disponible pour qu’on se voit. » S’il doit trouver un point positif à cette opération ce sera celui-là, en plus du temps qu’il pourra aussi accorder au refuge en temps que bénévole. Eddie n’ose pas le dire mais il espère aussi qu’Halston sera à ses côtés et qu’il n’affrontera pas ça en étant trop souvent seul chez lui, car elle compte l’amener à son opération mais rien ne dit qu’elle sera là au quotidien pour lui après ça. Il veut y croire mais il ne peut pas le lui demander, pas alors qu’il ne sait pas dans quel état il sera et quelle piteuse vision il lui donnera de lui.

Il sourit bêtement quand elle lui retourne son petit compliment, cette lumière leur allant donc aussi bien au teint à l’un qu’à l’autre. Et puis Eddie ne tarde pas à combler son manque d’informations en parvenant à relier une planète à son signe, en l’occurrence Mars, en laquelle il se retrouve beaucoup d’après ce qu’il en lit. Il tique juste un peu sur le caractère colérique qu’Halston ne manque pas de relever, lui qui se considère comme quelqu’un de foncièrement calme qui ne sort pas aisément de ses gonds à moins d’y être vraiment poussé. « Ce n’est pas tout à fait vrai ça pour le coup, j’estime que je ne m’énerve pas facilement. » Il ne dit pas ça pour la rassurer, c’est un fait Eddie a beaucoup de self-control en temps normal - même si ce mot lui est vite inconnu quand il se trouve auprès d’Halston. Il est vraiment rare qu’il ait un mot plus haut que l’autre, et il est encore moins susceptible de devenir violent au cours d’un conflit. « Mais pour le moyen que tu sous-entends.. je ne dirais pas que ça m’a calmé jusqu’ici, c’était même plutôt l’inverse. » il glisse en la gratifiant d'un petit regard coquin qu'elle connait bien. Le sexe avec elle a toujours été intense et si quelqu’un stimule beaucoup sa libido c’est assurément elle. C’est fou quand il y pense, il a réussi à se contenter du strict minimum pendant trois ans et depuis qu’ils se sont découvert sur le plan intime tous les deux Eddie ne peut plus s’en passer. Il a constamment du désir pour elle et cette passion est aussi une chose qu’il n’avait pas ressentie depuis longtemps. À son tour Halston énonce le descriptif de sa planète et il s’avère être d’une grande justesse pour elle aussi. « C’est complètement toi. T’as pas volé ta planète non plus, j’aimerais d’ailleurs bien savoir si nos planètes sont réputées compatibles mais je ne vois pas ce genre d’information ici. » Il ne sait même pas si on peut parler de compatibilité entre les planètes comme entre les signes, mais en tout cas il n’a pas l’impression que la réponse à cette question se trouve autour d’eux à moins de passer à côté. Mais en tout cas ça y est, il peut attribuer un signe à Halston qui lui révèle être née un 28 août, donc Vierge. « Il était temps que je le sache dis donc. » C’est pour bientôt et il se demande forcément s’il l’aurait su à temps s’ils n’étaient pas venus ici ce soir, et d’un autre côté s’il tenait tant à le savoir il n’avait qu’à l’interroger bien plus tôt à ce propos. Son frère pourrait la réclamer à cette occasion, mais elle aimerait que cette fois ce soit lui qui lui fasse l’honneur de venir. « Ce serait bien s’il se déplaçait à son tour, tu lui montrerais où tu vis aujourd’hui et puis comme ça j’aurais une chance de te voir aussi pour ton anniversaire. » Bien sûr que c’est un peu intéressé de sa part, il ne va pas prétendre que ça ne lui ferait rien qu’elle rentre à Los Angeles alors qu’ils pourraient se voir ce jour-là, Eddie voudrait que ce soit le cas même si c’est évident qu’il ne compte pas non plus la voler à sa famille toute une journée. « C’est égoïste mais j’aimerais qu’on le fête ensemble. » il lui avoue en profitant du fait qu’elle se rapproche pour caresser sa joue. Et si jamais Halston n’est pas du genre à aimer le fêter alors ils feront ça sans célébration ça lui va aussi, pas sûr quelle puisse couper au cadeau avec lui par contre. Il accueille ses lèvres sur les siennes avec délectation, avant qu’elle lui demande où il préfère admirer les étoiles ce soir. « C’est une invitation ? » il l’interroge dans un sourire alors que l’idée d’assister à ça depuis le jardin de l’américaine lui plait bien. Il songe évidemment à Sophia mais rapidement il la chasse de ses pensées, supposant que si Halston l’invite c’est qu’elle doit être encore absente et de toute façon il ne veut pas le savoir là tout de suite. « Dans ton jardin alors. » Eddie ne met pas longtemps à se décider car s'ils observent ces étoiles chez elle c’est un moment qui n’appartiendra vraiment qu’à eux, tandis qu’ici ils le partageront avec d’autres. Ils y seront plus tranquilles même s’il redoute un peu d’y remettre les pieds après sa première venue, et après la façon dont il en avait été chassé, surtout.

Ils prennent tout de même le temps de parcourir l’exposition dans son ensemble avant d’estimer qu’ils sont restés assez longtemps sur place pour considérer l’idée de rentrer. Il fait nuit noire lorsqu’ils regagnent l’extérieur, Eddie tenant à nouveau Halston par la main et refaisant avec elle le trajet à pieds jusqu’à l’hôpital où leur rencontre avait eu lieu un peu plus tôt. Il peut voir sa moto, signe qu’ils sont revenus à leur point de départ et il est pris de l’envie soudaine de l’embrasser au beau milieu de cette rue. Le danseur met un certain élan dans ce baiser qui en devient bien vite fougueux et il ne voit pas son équilibre l’abandonner là-dessus, sa jambe malade ayant de toute évidence assez supporté son poids pour aujourd’hui. « AH! Merde.. » Il se rattrape et s’évite une chute mais il effectue pour ça un mauvais mouvement qui relance aussitôt la douleur de sa blessure. Eddie n’a pas d’autre choix que de se laisser glisser à même le trottoir car le besoin de s’asseoir est trop grand avec son genou à présent réveillé, comme un rappel que cette opération est non seulement nécessaire mais aussi qu’elle ne peut vraiment plus attendre. « Pff quel déchet. » il peste contre lui-même et il ne pourrait pas se sentir plus misérable qu’en cet instant. Car de quoi a-t-il l’air en étant par terre, sûrement pas d’un garçon bien vaillant et très digne. Ses yeux osent à peine remonter vers Halston devant laquelle il s’est laissé choir comme un vieux débris, réveillant inévitablement un sentiment de honte chez lui. « Tu peux encore t’enfuir tu sais, y’a pas idée d’être un boulet pareil. » il énonce dans un rire censé détendre l’atmosphère mais un rire assez triste, pour le coup. Il n’ose pas imaginer à quoi les prochains mois vont ressembler mais l’idée d’être une loque devant elle lui est insupportable, ce n’est pas pour rien qu’il disait un peu plus tôt craindre que son regard sur lui puisse changer. Ce n’était déjà pas simple d’être pauvre, maintenant il est pauvre et estropié, super. Il se relève péniblement pour ne pas non plus lui faire trop pitié, et il réalise qu’il est encore parti pour des heures de souffrance s’il ne fait rien contre ça. « Mon genou me lance vraiment Halston.. Il faudrait que je prenne mes cachets mais je ne les ai pas sur moi. Tu.. as des antalgiques chez toi ? » Ce qu’il déteste être vulnérable au point de devoir même lui demander de quoi soulager son genou. S’il l’avait réalisé plus tôt il aurait pu passer à la pharmacie près de l’hôpital mais les commerces ont fermé boutique il y a peu, il ne peut donc pas compter dessus. Eddie lance un regard vers sa moto et il se demande s’il est même capable de la conduire, et s’il serait très raisonnable de prendre la route dans son état.

Eddie se souvient qu’il avait raté l’occasion de partir à la pêche aux informations quand il était venu chez elle et s’était retrouvé face à son mur de photos, alors il se rattrape aujourd’hui en tentant de lui dérober quelques noms de célébrités qui se sont engagées auprès des enfants hospitalisés. Il ne sait pas si ce genre de choses doivent restées confidentielles ou non mais ça ne lui coûte rien d’essayer, et il obtient contre toute attente trois noms qui ne lui sont -heureusement- pas inconnus. Halston n’a pas choisi les moins célèbres et c’est sûrement parce qu’elle sait que ce n’est pas son monde, et qu’il a plus de chance de connaitre des personnalités dont le succès ne date pas d’hier plutôt que de jeunes acteurs dont l’ascension est toute récente. Et effectivement ceux-là lui parlent même s’il ne faudrait pas lui demander de citer toute leur filmographie non plus, sa culture a des limites. « Et Tom Hanks ? Ne casse pas le mythe s’il te plait. » il demande aussitôt en espérant pouvoir compléter la petite liste d’Halston avec ce nom-là. Un mythe, oui, il ne trouve pas que le terme soit exagéré et il attend maintenant de savoir s’il peut espérer se trouver un point commun avec l’acteur. Son père serait déçu d’apprendre qu’il n’a finalement pas le cœur sur la main comme on le prétend et Eddie avec, car Tom a été salué plus d’une fois par sa générosité, n’importe qui se baladant régulièrement sur les réseaux sociaux le sait. Il lui semble même avoir déjà lu à son sujet qu’il était considéré comme l’un des gars les plus gentils d’Hollywood, alors il n’est pas trop prêt à entendre qu’il ne s’agit que d’une façade sachant que des acteurs qu’Eddie apprécie il n’y en a pas des masses. Ils pourraient parler de célébrités encore longtemps vu tout ce que l’agente a à lui apprendre sur le sujet mais il s’agirait de ne pas oublier qu’à la base Eddie s’est retrouvé épinglé pour son manque d’honnêteté. Cette mise au point n’a rien d’agréable au départ mais elle permet au moins au danseur de briser un peu sa carapace, et d’admettre également ses torts. Halston a été blessée par son comportement et c’est une chose qui ne doit plus se reproduire, il se l’interdit. La prochaine fois qu’Eddie ressentira le besoin de réfléchir ou se sentira un peu perdu il se jure de lui en parler plutôt que d’aller cogiter dans son coin et de disparaitre sans prévenir. Ce n’est pas digne de la relation qu’ils sont en train de construire et des promesses qu’ils se sont faites, et il ne veut pas qu’Halston puisse douter de la sincérité de ses propos jusqu’ici alors qu’il a toujours parlé avec son cœur quand ils étaient tous les deux. Il a menti pour sa blessure oui, mais rien de ce qu’il a pu lui dire avant ça ne sonnait faux. Elle lui demande de faire en sorte que leurs moments à deux soient toujours plus nombreux et il hoche lentement la tête. « Je ne veux que ça tu sais, alors oui je te promets de tout faire pour rendre ça possible. » Il ose lui en faire la promesse alors qu’il n’a pas vraiment tenu la dernière, parce que le flou qui les entourait jusqu’ici s’est enfin un peu dissipé et parce qu’il aborde leur relation de façon plus sereine grâce à cette discussion. La vérité c’est qu’il serait déjà tous les jours à ses côtés s’il le pouvait, ce qui ne doit pas être si compliqué puisqu’ils vivent dans la même ville. Eddie est donc bien décidé à optimiser ces moments encore trop rares à son goût, cette distance il n’en veut plus et si ces cinq jours de réflexion lui ont appris quelque chose c’est bien qu’il ne lui faut pas grand-chose pour se retrouver en manque d’elle.

Ce n’est même pas de la maladresse cette fois, c’est juste qu’il prend un peu trop à la lettre le fait d’être honnête envers elle à compter d’aujourd’hui. Plus de mensonge lui a dit Halston, il n’a donc pas cherché à embellir la réalité quand elle s’est demandé si la famille du danseur pourrait manifester l’envie de la rencontrer. Eddie a fait le choix de la transparence mais il a à présent le sentiment de s’être tiré une balle dans le pied, la réaction d’Halston suscitant chez lui des regrets immédiats. Trouver les mots pour la rassurer après ça n’est pas simple, il a le sentiment de se heurter à un mur en lui affirmant qu’il ne laissera personne se dresser entre eux et il comprend bien que ça n’efface rien de ce qu’il a pu lui révéler juste avant. L’intolérance de sa mère envers Halston qu’elle ne connait même pas encore et qu’elle semble de toute façon vouée à détester, et le fait qu’elle sera toujours considérée comme trop blanche, trop occidentale pour lui. Sun-Hi serait la première à s’offusquer du fait qu’on les traite différemment par rapport à leurs origines mais elle agit de cette façon avec les femmes que son fils fréquente, en leur imposant d’être coréennes pour être acceptables. C’est une chose qu’Eddie n’accepte pas et pourtant il a trop longtemps entretenu les attentes de sa mère, car il n’oublie pas qu’elle voulait autrefois le marier à une amie qui cochait toutes les cases et qui ne fait aujourd’hui plus du tout partie de sa vie. Tous les plans de sa mère ont été cassés mais cette désillusion n’a pas eu raison des exigences de Sun-Hi et c’est bien dommage, car de son côté Eddie est plus que jamais décidé à fréquenter et aimer qui il veut, que ça plaise ou non à sa famille. Au point où il en est il peut bien les décevoir encore un peu plus, mais évidemment il préfèrerait que ses choix soient acceptés et qu’une chance soit laissée à Halston, au lieu de lui faire subir le même traitement que sa première petite amie. L’agente exprime bien vite sa volonté de balayer le sujet et Eddie s’en débarrasse lui-même avec plaisir, en espérant trouver un semblant d’apaisement avec la suite. La perspective de faire découvrir Brisbane à l’américaine l’enchante parce qu’il a l’impression de pouvoir enfin lui apprendre des choses, l’expérience bien plus importante d’Halston le faisant toujours sentir un peu limité sur ce qu’il peut lui apporter. Mais cette ville a encore de quoi surprendre le danseur, et elle n’a pas tort quand elle dit que ce sera aussi plus agréable pour lui de s’ouvrir à des nouveautés que de rester sur ce qu’il en connait déjà. « C’est sûr, et puis il y a certains endroits de cette ville où je ne vais plus trop car ils ne sont pas associés qu’à de bons souvenirs pour moi. » Il hausse les épaules et n’en dit pas plus, car des mauvais souvenirs il est sûrement bien normal d’en avoir en vivant depuis un certain temps dans la même ville. Eddie en a vécu des choses en quinze ans même s’il a le sentiment d’avoir connu une concentration de mauvaises choses cette année particulièrement, qui ne lui aura décidément offert aucun répit à tous les niveaux. L’évolution inespérée de sa relation avec Halston est finalement l’une des rares bonnes choses que 2021 lui aura apporté et avec elle il a vraiment envie de se faire de nouveaux souvenirs ici, et pourquoi pas même de trouver à Brisbane des coins qu’il n’associera qu’à eux deux. Il a bien ses petits spots avec les gars du groupe, d’autres avec sa sœur, pourquoi ne pas en avoir aussi avec celle qui prend de plus en plus d'importance dans sa vie. « Mon objectif est de te faire aimer Brisbane. » il reprend dans un sourire et même s’il ne le précise pas à voix haute Eddie espère que l’américaine n’a pas prévu de migrer vers d’autres horizons par la suite, du moins pas dans un futur proche et tant que lui est bloqué ici. Il suppose en tout cas qu’Halston n’est pas encore très attachée à cette ville et ce serait parfaitement normal, car il n’oublie pas pourquoi elle est venue ici ou plutôt ce qu’elle tentait de fuir en débutant une nouvelle vie dans un autre pays.

Halston ne peut pas retourner sur sa terre natale avec la même simplicité que le danseur, Sydney n’est pas non plus la porte à côté mais il n’a pas tout un océan à traverser pour y retourner. C’est sans doute un peu précipité d’évoquer l’idée de prendre l’agente avec eux l’une des prochaines fois que Callie et lui feront le déplacement jusqu’à Sydney, mais il envisage difficilement de s’y rendre sans sa sœur, il vaut mieux le savoir. Cette ville est la leur et ils ont pris l’habitude d’y retourner dès que ça leur est possible, c’est leur petit rituel et il aurait l’impression de trahir Callie si elle ne faisait pas partie du voyage. Tout comme il aurait du mal à accepter qu’elle s’y rende sans lui, mais ils gagneraient peut-être à sortir de cette exclusivité qu’ils s’accordent de temps en temps. Halston considère qu’elle doit avant tout plaire à sa sœur avant d’envisager quoi que ce soit, et sur le moment Eddie n’imagine évidemment pas que ça puisse ne pas être le cas. Comment ne pas t’aimer Halston. Il oublie un peu vite que Callie n’appréciait pas grandement Alexis à l’époque, car elle la voyait comme quelqu’un qui lui volait son frère et c’est en fait à l’image de leur relation très possessive. Eddie veut pourtant croire que son bonheur passera avant tout le reste cette fois, et c’est assez cocasse sachant qu’il intervient lui-même dans les relations de sa petite sœur en voyant le mal partout et en ne laissant de chance à personne de la rendre heureuse. Il ne comprendrait pas la nostalgie de ses parents parce qu’il n’a pas dû quitter son pays comme eux, et effectivement il n'est pas simple pour lui de se mettre à leur place pour ça. « Je sais que ça n’était pas évident pour eux, de se retrouver aussi loin de leur pays d’origine avec une culture très différente de la leur comme de devoir rapidement assimiler une autre langue. Je les admire pour ça car je ne suis pas sûr que j’en aurais été capable. » Apprendre une nouvelle langue aurait certainement été dans ses cordes vu qu’il en maîtrise déjà deux à la perfection, mais Eddie n’imagine pas s’établir en dehors de l’Australie aujourd’hui. Tous ses repères sont ici et il ne pourrait pas les abandonner facilement, alors oui il admire ceux qui quittent tout pour recommencer une vie ailleurs que ce soit pour des raisons professionnelles comme ses parents ou pour tenter de trouver la paix comme Halston. Celle-ci souligne les grandes différences entre le pays du matin calme et l’Australie, et prétend que le dépaysement n’était pas aussi radical pour elle compte tenu des similitudes de climat entre ici et la cité des anges. « Avoue que les saisons inversées c’est tout de même un peu perturbant au départ. Heureusement les hivers sont doux ici, il n’y a pas non plus d’énorme contraste avec l’été dans d’autres pays. » Et dire qu’Halston a longtemps connu l’été à une période où ils connaissant ici l’hiver, c’est franchement dur à imaginer pour l’australien qu’il est. Elle a en tout cas mis le doigt sur la ville américaine qui l’intéresse le plus et du premier coup en plus, comme quoi il doit être assez prévisible. L’agente n’exclut pas de lui faire un jour découvrir New York, et cette idée lui plait s’il met de côté les nombreuses heures d’avion qu’un tel voyage représenterait. « J’aimerais beaucoup, ça fait partie de mon top 3 des villes à découvrir dans le monde. Les deux autres sont Kyoto et Londres. » Il pose ça là sans trop savoir si ça a un quelconque intérêt, mais au moins elle le découvre un peu plus de cette façon. Pas de Paris dans ce top 3 car Eddie n’est pas un cliché ambulant, ses connaissances qui l’ont visitée et qui y ont même vécu lui ont toujours fait savoir que cette ville était bien trop idéalisée, la faute aux films et séries qui mettent trop l’accent sur ses beaux côtés et en fait il n'a jamais été très attiré par tout ce qui est français quand il y pense. C’est d’ailleurs le cliché de la ville romantique par excellence et ça s’enchaîne bien avec le penchant d’Halston pour les bouquins du genre. « Je pourrais me laisser tenter oui. » il laisse entendre dans un sourire alors qu’elle propose de lui faire un jour la lecture d’œuvres à l’eau de rose. Ce n’est pas une chose qu’il aurait considéré être pour lui à l’origine mais pour elle il veut bien essayer, car il est à peu près sûr d’être transporté avec une voix comme la sienne. Eddie lui accorde le fait que le dénouement de cette journée est heureux malgré leur rencontre pour le moins électrique sur le parking de l’hôpital, mais il ne s’attend pas à la référence qu’elle glisse après ça. Il veut bien croire que cette situation n’a rien à voir avec les scandales qui ont entouré son ex-mari mais il n’est pas sûr d’apprécier la comparaison ici. Eddie préfère penser à autre chose qu’aux frasques de l’acteur déchu car ça lui rappelle qu’il ne sait toujours pas comment Halston se positionne exactement vis-à-vis de lui, un coup elle l’enfonce et l’autre coup elle lave son image, il n’y comprend au final pas grand-chose. Les prochains mois devraient le rendre particulièrement disponible pour la voir puisqu’il ne pourra plus s’adonner à la chose qui avalait jusqu’ici tout son temps, et Halston envisage de son côté de déléguer pas mal de travail à son assistant pour libérer elle aussi du temps pour eux. « N’hésite surtout pas si ça peut me permettre de te voir. » Il sait ce que le boulot représente pour elle et il devine qu’elle préfère garder le contrôle sur un maximum de choses comme lui, mais il apprécierait vraiment qu’elle fasse ces petits aménagements à son niveau pour leur offrir toujours plus d’occasions de se voir. Il y croit Eddie, et c’est avec ça qu’il se motive pour accepter la réalité de sa convalescence et le fait que sa vie va considérablement changer. Il ne sera pas seul et ce sera indirectement bénéfique à leur relation, c’est ce qu’il se dit pour que la pilule passe un peu mieux.

Eddie ne se perçoit pas comme quelqu’un qui s’emporte facilement, des forts tempéraments il n’y a pratiquement que ça chez les Yang mais certains sont plus colériques que d’autres et il estime appartenir à la moitié la plus calme. Il a pourtant montré qu’il pouvait se laisser gagner par la colère l’autre fois pendant la parade, et également lors d’une discussion animée avec son ami Diego qui aura presque réussi à le rendre violent. Ces situations restent toutefois exceptionnelles et ce n’est pas non plus un hasard si tout est arrivé récemment, les contrariétés que le danseur accumule depuis plusieurs mois n’y sont pas pour rien et le rendent peut-être un peu plus disposé à perdre son calme qu’en temps normal. Eddie aimerait  retrouver sa tranquillité naturelle mais sa vie est trop partie dans tous les sens cette année pour que ça n’impacte pas un minimum son attitude et ses réactions, il s’est vu changer au fil des mois et ça pourrait ne pas s’arranger après son opération s’il se met à en vouloir au monde entier de ne plus pouvoir danser. Ce n’est pas dans l’intimité avec Halston qu’il risque en tout cas de beaucoup se détendre, celle-ci souligne d’ailleurs son caractère déchaîné pendant leurs rapports. Il est vrai qu’ils ne connaissent pas vraiment de temps morts tous les deux, Eddie a même un peu chaud en y pensant. « Et je crois pouvoir dire que tu aimes ça. » il murmure en s’assurant de rencontrer son regard quitte à la gêner un peu. Il n’a jamais entendu Halston se plaindre quand il lui faisait sauvagement l’amour, bien au contraire. Mais Eddie pourrait en dire autant car l’américaine est une incroyable partenaire qui le comble de plaisir à chaque fois, et c’est un terrain sur lequel ils se sont pour leur coup très bien trouvés. Il intègre après ça l’information selon laquelle il n’existe pas de compatibilité entre les planètes comme entre les signes, et c’est officiel il se couchera réellement moins bête ce soir. Quant à la date de naissance d’Halston il est surpris de n’apprendre que maintenant que son anniversaire approche à grand pas, il s’en est fallu de peu qu’il le découvre le jour J même si comme elle dit il ne lui avait jamais posé la question avant aujourd’hui. Eddie ne cache en tout cas pas son désir d’être à ses côtés pour ce jour symbolique et elle l’informe que sa porte lui sera ouverte le 28, sans toutefois préciser si ce ne sera qu’à lui ou s’il devra composer avec la présence d’autres personnes. « Tu peux être sûre que je serai là. » C’est important pour lui d’être présent même si ce ne sera peut-être pas un moment qu’ils ne partageront qu’à deux, il tient à montrer que ça le concerne. Eddie s’y engage et il ne lui reste donc pas beaucoup de temps pour trouver quoi lui offrir, voilà pourquoi il aurait aimé le savoir un peu plus tôt. Halston lui confirme qu’il est invité à aller observer les étoiles chez elle et face à ça Eddie ne peut évidemment pas formuler le moindre refus. « Alors allons-y. » Il se laisse d’autant plus convaincre qu’ils ont apparemment la garantie d’y être seuls et il ne devrait donc pas croiser de rouquine ce soir, c’est ainsi qu’il interprète ce rien que toi et moi.

Le temps d’un instant Eddie oublie son genou et son équilibre branlant, mais il est bien vite ramené à la réalité avec cette douleur qui le saisit de nouveau au milieu de cette rue et devant Halston, surtout. Elle ne l’a jamais vu comme ça et il méprise la vision qu’il lui offre de lui. Eddie n’est même pas en capacité de tenir sur ses deux jambes et il ne lui en faut pas davantage pour se sentir comme la dernière des épaves, lui qu’elle a jusqu’ici toujours connu fringant. Il comprendrait qu’elle le laisse là-dessus et il ne compte pas la retenir, mais Halston lui assure qu’elle ne compte pas partir et qu’elle va même l’embarquer avec elle dans sa voiture. « Ça a l’air d’aller franchement ? » Il n’est pas tendre en le disant, son amertume parle pour lui et il réalise tout de suite qu’Halston n’a pas à subir ça sous prétexte qu’elle est là et qu’elle lui pose une question dont elle est déjà censée connaitre la réponse. « Excuse-moi. » il reprend dans un soupir alors que sa voix s’adoucit tristement. Eddie se sent injuste et il déteste la façon dont son genou le contrôle, à partir du moment où cette douleur se réveille il devient irritable parce qu’il ne la tolère tout simplement pas. Ce n’est pas par plaisir qu’il s’est bourré de cachets pendant des mois, jamais il n’aurait pu tenir sans automédication puisqu’il refusait à côté les choses qui étaient réellement bonnes pour lui. Du repos notamment, c’est évident que son genou ne serait pas dans cet état aujourd’hui s’il n’avait pas été aussi durement sollicité ces derniers mois. Eddie n’oppose pas de résistance quand elle vient le soutenir pour l’aider à accéder à sa voiture, il trouve juste difficilement les mots alors qu’il a l’impression d’être un parfait assisté et il lui est en même temps reconnaissant de faire tout ça pour lui. Halston l’aide à s’installer et lui demande de ne pas s’en faire pour sa moto, à laquelle il ne pensait déjà plus en toute honnêteté. « Je m’en fiche de ma moto si tu savais là. » Ça ne lui ressemble pourtant pas de se désintéresser autant du sort que pourrait connaitre sa cylindrée. Autrefois Eddie aurait été incapable de laisser sa moto derrière lui, il aurait appelé un pote pour passer la chercher histoire qu’elle ne passe pas plus d’une heure loin de sa surveillance vu que c’est le seul moyen dont il dispose pour se déplacer en ville. Présentement il ne ressent et n’entend que sa douleur, de moins en moins supportable, qu’il va encore tenter d’étouffer à grands coups d’antidouleurs. C’est presque comme une drogue à ce stade et il lui arrive même d’en prendre à titre préventif. Une fois arrivés chez l’agente le premier réflexe de celle-ci est d’aller lui chercher de quoi soulager sa douleur et Eddie s’empresse d’avaler ces cachets et ce verre d'eau qu'elle lui remet. « Merci beaucoup tu me sauves. » Il n’aurait pas eu d’autre choix que de rentrer chez lui en vitesse si Halston n’avait pas pu le dépanner mais il se sent quand même assez mal de la solliciter pour ça, sachant qu’il a pendant des mois pris ces médicaments en cachette pour n'éveiller les soupçons de personne. Et Eddie n’avait pas fait attention à l’heure avant qu’elle lui demande s’il désire manger quelque chose. « Il faudrait que j’avale un truc avec ces cachets mais j’ai pas très faim, l’annonce de cet après-midi m’a un peu coupé l’appétit je t’avoue. » Ce n’est pas bon pour son foie mais il ne compte pas se forcer, alors même que son dernier repas remonte à ce matin. « Mais mange toi, ne change surtout pas tes habitudes pour moi. » Il ne veut pas être un boulet dans ses pattes et l’empêcher de vivre comme elle en a l’habitude chez elle, il peut même se faire tout petit s’il le faut. Eddie observe la pièce tout autour de lui tandis qu’il s’évade assez loin en pensées. « Tu- tu as déjà été opérée Halston ? » Sa voix s’élève subitement pour poser cette question sortant de nulle part alors qu’il n'a toujours pas bougé de ce canapé. « Je crois que l’anesthésie me fait aussi peur que le fait de ne plus pouvoir danser ensuite.. Imagine que je ne me réveille pas. » Le grand retour du Eddie pessimiste voyant tout en noir, il n’avait pas dû manquer à l’agente celui-là. C’est qu’il n’a même jamais été hospitalisé en vingt-cinq ans existence, le chirurgien a beau lui avoir un peu expliqué comment ça allait se passer Eddie a la sensation d’avancer vers l’inconnu le plus total. « Tu seras avec moi juste avant mais après je serai seul. » Il ne sait pas encore s’il pourra faire venir Callie avec son travail qu’elle ne peut pas trop se permettre de manquer, il faut déjà qu’il lui annonce la nouvelle et il y a peu de chance que ça passe comme une lettre à la poste. Le danseur en chope mal au ventre, cette opération l’angoisse encore plus qu’il l’aurait pensé mais il tente de relativiser en se disant qu’il lui reste un peu de temps pour se préparer psychologiquement. Mais pas tant que ça non plus car ça va arriver vite, il le sait, il n’a que son feu vert à donner au chirurgien pour obtenir une date. « Désolé pour cette mauvaise ambiance, je devrais essayer d’arrêter d’y penser au moins pour ce soir. Je suis partant pour regarder les étoiles si ça tient toujours. » Ou pour tout ce qui lui permettra de sortir un peu la tête de l’hôpital, de sa blessure et de l’opération, ce trio infernal de pensées qui n’en finissent pas de tourner en boucle dans la tête du danseur. Cette soirée ils ont l’occasion de la passer rien que tous les deux, ils y tenaient l’un comme l’autre alors ce n’est pas pour laisser sa peur assombrir tout ça. Il quitte le canapé en boitant pour rejoindre Halston devant laquelle il se place avec un fin sourire au coin des lèvres, avant de l’embrasser tendrement. « Sauf si tu préfères me montrer la fameuse pièce que je ne devais pas voir la première fois que je suis venu ici. » Eddie doute d’avoir plus de chance d’y accéder ce soir mais c’est vrai que ça l’intrigue depuis qu’elle lui en a très vaguement parlé. Il ne sait toujours pas pourquoi cette pièce lui était interdite lors de sa première visite des lieux contrairement à toutes les autres, et pourquoi Halston avait quelque peu rougi en l’évoquant.

Il doit se rendre à l’évidence, Halston ne peut pas non plus avoir côtoyé toutes les stars de ce monde et être informée des engagements de tous les gens du milieu. Elle ne peut pas lui affirmer que Tom Hanks fait partie de ces célébrités qui ont investi de leur temps auprès d’enfants hospitalisés mais elle ne l’exclut pas non plus, alors le Eddie est tenté de croire que l’acteur est bien fidèle à l’image que l’on s’en fait. Toute sa vie n’en dépend pas non plus mais il l’aime bien Tom, il lui a toujours semblé très sympathique et c’est en fait à l’origine un acteur dont son père est fan ce qui lui a valu de voir beaucoup de ses films quand il était plus jeune. Ils pourraient continuer de parler de ces enfants dont ils ont l’un et l’autre égayé le quotidien à l’hôpital mais Eddie n’aime pas se rappeler qu’il s’y rendra bientôt en tant que patient à son tour, ce qu’il aurait pourtant pu s’éviter puisque la menace de l’opération planait sur lui depuis longtemps et qu’il a continué sa vie durant des mois malgré ça sans ralentir la cadence ni s’octroyer le moindre repos. Et tout ça sous le nez de ses proches qui n’y ont vu que du feu, après tout Eddie prétendait aller bien et il ne laissait rien transparaître alors comment se douter qu’il dissimulait une blessure aussi sérieuse et que l’issue serait celle-là sept mois plus tard. Halston a toutes les raisons de lui tomber dessus aujourd’hui car il a eu mille occasions de lui en parler, à elle plus qu’à d’autres. L’honnêteté sera désormais de mise entre elle et lui Eddie y tient, ces promesses ne sont pas faites dans le vent surtout qu’il réalise qu’elle pourrait être son plus fervent soutien dans les mois à venir. Il n’est pas certain de mériter ça mais cette discussion lui permet de voir qu’elle s’en fait vraiment pour lui, et que derrière la déception d’avoir été victime de ses mensonges Halston est réellement soucieuse de son état de santé. Il a sa réponse maintenant Eddie, lui qui se demandait si elle allait réagir en tant qu’agente ou en tant que femme dont il s’est rapproché il semblerait qu’il ne soit pas uniquement question de conscience professionnelle ici. Le danseur ouvre peu à peu les yeux sur leur relation et ce qu’il en attend, et si on lui avait dit que cet échange qui avait si mal commencé s’avèrerait au final libérateur il ne l’aurait pas cru. Il leur aura fallu passer par là pour parvenir à mettre des mots sur ce qu’ils veulent, et si Eddie est bien sûr de vouloir quelque chose c’est davantage de moments avec elle. Il ne veut plus penser à la désapprobation de ses parents, ni aux autres obstacles qui se dresseront sans doute sur leur route, ce dont il a besoin après le coup de massue de l’hôpital c’est de regarder vers l’avenir avec elle pour se convaincre que ce qui l’attend n’est pas que noir. Avec Halston à ses côtés il ne sera pas seul, et quitte à avoir beaucoup de temps devant lui dans les prochains mois autant que ça leur serve à se retrouver. C’est très symbolique pour Eddie de proposer de lui faire découvrir cette ville, si quelqu’un doit être son guide il tient vraiment à ce que ce soit lui et s’il se donne pour but de lui faire aimer Brisbane c’est aussi pour s’assurer qu’elle ne voudra plus en partir ensuite. Il cherche à sécuriser ce qu’ils vivent tous les deux en quelque sorte, plus Halston aura d’attaches ici et moins elle envisagera de partir car elle ne lui a jamais affirmé qu’elle était installée de façon définitive à Brisbane après tout. Eddie n’est pas assez confiant pour penser qu’il suffira à lui seul à la faire rester ici. « J’ai hâte de redécouvrir cette ville avec toi. » D’y créer de nouveaux souvenirs, d’y trouver de nouveaux repères et repaires, et de conjuguer officiellement sa vie ici avec elle. Il veut qu’Halston fasse partie de son paysage et pas juste occasionnellement, il a beau être jeune il est prêt à lui offrir son exclusivité et à lui montrer que cette histoire n’a jamais été une erreur pour lui. Ni le premier soir chez elle, ni à aucun autre moment après ça.

Eddie contourne soigneusement le sujet de sa sœur parce qu’il en a trop dit avant ça, et parce qu’il a saisi qu’un trop-plein d’honnêteté pouvait tout autant le mettre dans la panade qu’une série de mensonges. Il y a des choses à dire et d’autres à garder pour plus tard, en l’occurrence Halston a tout le temps d’apprendre à connaitre Callie à travers ce qu’il lui confiera et si une rencontre doit avoir lieu entre elles deux ça se fera aussi dans un second temps, le danseur ne veut vraiment rien précipiter. Pour le moment sa petite sœur ignore tout un tas de choses le concernant, il doit la mettre à jour sur son état de santé, ses problèmes d’argent et leur relation dont elle ne soupçonne pas une seconde l’existence. Il va devoir être prudent dans son approche Eddie car ça fait beaucoup de choses qu’il cache à Callie, sa récente intrusion dans la vie amoureuse de celle-ci risquant d’ailleurs de rendre le terrain particulièrement glissant quand il s’y aventurera. La discussion continue toutefois de tourner autour des Yang, Halston se demandant ce qui a bien pu les convaincre de quitter la Corée du Sud pour l’Australie. « Mon père est ingénieur et il a trouvé une opportunité en or à Sydney, peu de temps après leur mariage. Ce n’était pas du tout prévu qu’ils fondent leur famille ici, comme dit ma mère “c’est du provisoire qui a fini par durer”. Ils avaient tous les deux des notions d’anglais mais ce n’était évidemment pas suffisant, ils ont bossé dur pour ça et c’était aussi important pour eux que leurs enfants maîtrisent les deux langues. » Il pourrait préciser que ses parents ne sont en réalité pas partis seuls puisque son oncle et sa femme les ont rejoint pour les mêmes raisons, toute une partie du clan Yang ayant saisi l’opportunité de faire carrière au sud du Pacifique. Il faut dire qu’avec l’excellence prônée au pays du matin calme ils avaient de précieux diplômes qui ne pouvaient que plaire ici, à côté de ça la barrière de la langue n’était vraiment pas infranchissable et ils l’ont bien prouvé. L’agente reconnait que les saisons inversées sont un des côtés atypiques de l’Australie pour quelqu’un qui viendrait y vivre mais elle s’en amuse, et prétend même en plaisanter avec ses proches restés en Amérique. « Et est-ce que tu avais certains clichés sur l’Australie en tête avant de venir ici ? Pas mal de gens s’imaginent qu’il y a des kangourous et des serpents partout par exemple. » Il pourrait citer les mygales et les requins aussi, pour beaucoup l’Australie est un pays hostile et Eddie croit savoir que les américains ont une vision du monde bien à eux, il s’interroge donc sur les préjugés qu’Halston pouvait avoir avant de mettre les pieds ici. Après tout lui-même en a pas mal sur les États-Unis, qui est il faut bien le dire un pays également assimilable à bon nombre de clichés. Eddie se confie sur les villes qu’il souhaiterait un jour découvrir et Halston lui accorde que Londres vaut vraiment le détour, elle ne connait en revanche la deuxième ville citée que de nom. « Kyoto est la capitale de la paix et de la tranquillité, je l’ai toujours vue comme l’endroit idéal pour se ressourcer. Et c’est connu pour être très romantique aussi, beaucoup de couples s’y rendent pour leur lune de miel. » Il se dit qu’il captera son attention en glissant cette petite anecdote puisqu’elle parle après ça de lui faire la lecture d’œuvres sentimentales, dont elle raffole. Elle l’avait d’ailleurs évoqué comme un plaisir coupable et à l’occasion Eddie lui parlera du sien, qui risque de pas mal la surprendre car venant de lui c’est tout sauf prévisible. Eddie laisse couler l’allusion à son ex-mari dont il sature un peu d’entendre parler à la longue, ce n’est déjà pas simple pour lui de cesser de se comparer à l’acteur alors il n’a pas besoin qu’il revienne fréquemment dans leurs discussions pour lui rappeler ce qu’elle a connu avant lui. Son silence en dit sûrement long à ce moment-là, il est toujours très parlant chez le danseur qui n’a de toute façon jamais su faire semblant. Il préfère se focaliser sur la perspective enfin réelle de passer plus de moments tous les deux avec le temps qui ne leur manquera bientôt pas, et le travail qu’Halston va déléguer à son assistant pour permettre ça. Elle le voit comme une bonne occasion de le tester et effectivement ce sera un bon moyen de voir ce dont il est capable, en plus d’être gratifiant pour le concerné qui va se retrouver avec plus de responsabilités dans l’histoire. « Il sera sûrement content de voir que tu lui fais confiance. » conclut Eddie d’un air convaincu. Il lui souhaite de ne pas décevoir l’agente là-dessus car il a pu voir à quel point elle pouvait été intraitable dans le cadre du boulot, mais forcément il y voit avant tout ce que ça pourra lui apporter car une Halston moins prise par son travail sera une Halston plus disponible pour lui.

Ils sont d’une nature plutôt calme tous les deux, mais dans un certain contexte l’agente et le danseur ont plus d’une fois prouvé qu’ils pouvaient être beaucoup plus impétueux. Quand ils se retrouvent dans le même lit ce calme les quitte bien vite, Eddie se permet d’ailleurs de souligner qu’elle semble toujours grandement se satisfaire de cette ardeur qui le caractérise dans leurs moments intimes. Et elle le lui confirme, en précisant même apprécier un peu trop ça avec une intonation qui ne le laisse pas insensible. Il se mord la lèvre, les images qui lui viennent à l’esprit sont tout sauf chastes et lui rappellent comment tout a débuté entre elle et lui. Quelques verres de trop et ce fameux dérapage dans son salon qui s’est poursuivi jusque dans sa chambre, où toutes les folies imaginables auront été commises. Eddie choisit de s’arrêter là dans sa petite rétrospective parce qu’il ne tient pas à se remémorer ce qui a découlé de leur première nuit ensemble, cette frayeur qu’ils ont eue dans son bureau même si elle aura contribué à les rapprocher et aura prouvé à Halston qu’il est bien plus sérieux que ce qu’elle était tentée de penser. Et puis ce planétarium n’est pas le lieu pour se mettre de telles images en tête, il risquerait juste de s’enflammer à force d’y penser et ce ne serait pas simple pour lui ensuite de redescendre. Après s’être vu inviter à l’anniversaire d’Halston le danseur se retrouve convié à observer les étoiles dans son jardin, qu’il n’avait pas visité lors de sa première venue chez elle. Il ne se figure donc pas du tout ce qui le compose mais il le saura bien assez vite, vu qu'ils décident de rentrer aussitôt leur exploration astronomique terminée. Tout indique que la suite de cette soirée sera belle puisqu’ils la passeront ensemble et qu’il ne devrait cette fois pas être chassé comme un malpropre de chez elle, mais c’est sans compter sa blessure qui se réveille au plus mauvais moment. Eddie réagit avec toute la fierté mal placée qu’on lui connait, il n’a pas envie qu’Halston le voit comme ça alors il est prêt à se laisser abandonner ici. Car il n’y a rien de pire pour lui que d’apparaitre aussi faible devant elle, ce n’était déjà pas simple d’admettre la réalité de sa blessure et en plus maintenant elle peut le voir dans son plus triste état, il se sent juste plus misérable que jamais sur ce bout de trottoir où il vient de lamentablement s’échouer. Même la plus simple question sur le moment est mal perçue par le danseur, qui dévoile un côté peu glorieux de sa personne quand il est en souffrance. Il comprend où Halston veut en venir, il ne supporte juste pas ce regard qu’elle pose sur lui et qu’il ne peut pas s’empêcher d’assimiler à un mélange de pitié et de jugement. Mais il se montre injuste, ce n’est pas parce qu’il se voit comme la dernière des loques dans ses yeux qu’Halston le perçoit forcément comme ça elle aussi. « Je sais.. et pour te répondre la douleur est si intense que j’ai l’impression de ne plus rien pouvoir ressentir d’autre. Ça me ferait le même effet si on me coupait la jambe je crois. » Une douleur pulsative qui le prend dans toute la jambe, son genou n’étant que l’épicentre de celle-ci. Eddie a déjà expérimenté cette souffrance mais rarement à une telle intensité, il prend souvent des médicaments pour la prévenir mais aujourd’hui il n’a pas pu car l’hôpital lui avait demandé de ne rien prendre qui puisse la camoufler afin de ne pas fausser les examens et son rendez-vous avec le chirurgien. Le danseur n’est pas un douillet de nature, il faut le croire quand il dit qu’il a mal car son seuil de tolérance est plutôt élevé en temps normal. « Le chirurgien a parlé de fissure du ménisque, et moi je frôlerais la déchirure. Ça doit expliquer la douleur et son ton alarmiste.. » Il hausse les épaules et fuit le regard d’Halston qui doit se dire qu’il a vraiment fait n’importe quoi avec sa santé pour qu’une fissure tourne presque à la déchirure, et le chirurgien a clairement pensé la même chose en jetant un œil à ses radios. Il a rarement croisé des jeunes hommes aussi inconscients de son propre aveu, ce qui n’est pas trop à sa gloire.

L’appétit n’est pas au rendez-vous, ni pour elle ni pour lui, mais Eddie espère qu’elle ne lui dit pas ça juste parce qu’elle culpabiliserait de manger pendant que lui attendra sur son canapé que les antalgiques fassent effet. Le naturel du danseur revient au galop après ça, il retrouve son côté pessimiste et commence à angoisser à l’idée d’être anesthésié totalement sachant qu’il ne l’a jamais été. Halston lui confie avoir été opérée des dents de sagesse et même ça lui n’a pas connu, les siennes ne sont jamais sorties même s’il parait qu’il peut encore y avoir droit à son âge. Elle tente de le rassurer en lui disant qu’elle a survécu à son anesthésie et que ça ne devrait pas être différent pour lui, ce qui lui vaut de grimacer légèrement. « Tu ne vas pas me faire croire que ça n’arrive jamais. » Le risque zéro n’existe pas, même pour une toute petite opération comme celle qui l’attend car le chirurgien a aussi nettement insisté dessus, il ne restera pas longtemps entre ses mains car les interventions au niveau du genou sont souvent très rapides compte tenu de l’accessibilité de la zone. Halston se demande justement combien de temps il restera au bloc, en soins ambulatoires plus exactement. « Une trentaine de minutes il me semble. Ce ne sera pas long et je pourrai rentrer chez moi le soir-même, alors si tu peux m’attendre ça me fera vraiment plaisir. » Et maintenant qu’Eddie sait qu’il va subir une méniscectomie partielle on peut compter sur lui pour faire tout un tas de recherches sur le sujet, en espérant que ses trouvailles lui permettront de se tranquilliser au lieu d’alimenter inutilement ses angoisses. Le soutien d’Halston lui fait en tout cas chaud au cœur, se dire qu’elle pourrait l’attendre en plus de l’accompagner est une preuve de plus de l’estime qu’elle lui porte. Il ne préfère pas imaginer comment il aurait accueilli cette nouvelle sans ce soutien, car il ne mentait pas en disant qu’il n’aurait pas su vers qui se tourner si elle n’avait pas été là. Eddie est trop pudique vis-à-vis de sa famille et trop fier vis-à-vis du peu d’amis qu’il lui reste quand il est question de sa santé, alors il aurait sûrement affronté ça tout seul avec la garantie d’y laisser des plumes. Il réalise combien il a besoin d’être entouré dans une telle épreuve, sachant que le plus dur est encore devant lui et que des heures assez sombres l’attendent certainement, loin de la danse. « Je pense déjà beaucoup à toi tu sais. » il souffle en levant les yeux vers elle quand elle lui demande d’oublier tout le reste et de ne penser qu’à elle. Halston ne doit pas soupçonner la place qu’elle occupe dans ses pensées, il est vrai que cette opération le travaille beaucoup mais quand il veut se rassurer c’est à elle qu’il pense. Au temps qu’ils passeront ensemble pendant sa convalescence, ou encore à la chance qu’il a qu’elle soit restée à ses côtés malgré les déceptions qu’il lui a causé. Eddie finit par quitter le canapé pour la rejoindre même si la douleur est encore présente et Halston prolonge le baiser qu’il initie, sa main sur sa nuque lui provoquant un frisson. Il avait beau être pompette le soir de sa première venue ici Eddie semble malgré tout se rappeler qu’il n’avait pas terminé son tour du propriétaire, mais l’agente préfère l’amener jusqu’à son jardin comme c’était prévu plutôt que de lever le voile sur la fameuse pièce interdite. Il s’y laisse entrainer sans opposer de résistance et s’installe sur la pelouse à côté d’elle, sous un somptueux ciel étoilé. Cette observation céleste inspire une question à Halston et la réponse du danseur ne se fait pas attendre. « Quand j’étais beaucoup plus jeune oui. J’aimais l’idée de pouvoir observer la terre depuis l’espace, et le gosse sceptique que j’étais voulait vérifier si elle était bien ronde et si les cartes qu’on nous faisait apprendre à l’école étaient représentatives de la réalité. Mais en même temps l’idée de vide me faisait peur dès que je m’imaginais là-haut. » Le vide spatial lui donnerait presque encore le tournis à son âge au simple fait d’y penser, mais Halston peut en tout cas constater qu’il était un enfant comme beaucoup d’autres et qu’il ne mentait pas tout à l’heure quand il prétendait que l’astronomie le fascine même s’il n’y connait rien. Elle effleure de son côté l’idée de s’essayer à une simulation d’apesanteur sur l’un des tournages où elle a le loisir de pouvoir se rendre grâce à son métier. « Profites-en puisque tu as la chance de pouvoir tester ce genre d’expériences, tu me raconteras. » il formule dans un sourire en laissant vaguer son regard vers elle, avant de l’admirer. Sous cet angle Halston est plus belle que tout mais elle est aussi bien curieuse ce soir, l’idée étant maintenant de se renseigner sur son rapport aux sensations fortes. « J’ai un peu de mal avec la hauteur mais je suis très friand de vitesse par contre. Enfin venant d’un gars qui fait de la moto ça ne doit pas être bien étonnant. » Au passage il la laisse se saisir de sa main, ce simple contact rendant le moment encore plus agréable déjà qu’il apprécie beaucoup de se retrouver dans ce jardin avec elle. La simplicité a vraiment du bon parfois, il n’a pas besoin de plus car la présence d’Halston fait tout ici. « Et toi tu as le cœur bien accroché ? » Il lui retourne la question avant de se laisser doucement tomber en arrière sur la pelouse fraîchement tondue. Eddie s’y allonge afin d’étendre sa jambe et plie l’un de ses bras sous sa tête pour la soutenir, tandis qu’il ouvre le second vers l’agente. « Viens contre moi. » Il l’accueille auprès de lui puis referme son bras autour d’elle pour maintenir cette proximité qu’il lui tardait de retrouver. « Tu m’as manqué pendant ces cinq jours Halston. » qu’il ose lui avouer alors qu’il ne l’avait pas ouvertement fait jusqu’ici. C’est une vérité de plus qu’il lui doit, pour la convaincre qu’il ne s’est vraiment pas éloigné de gaité de cœur. Eddie fixe le ciel au-dessus d’eux avec Halston toujours contre lui, et il passe une main dans sa chevelure brune qu’il vient caresser. « Je sais que je n’ai pas tout perdu aujourd’hui. Même si le futur me fait peur c’est quand même rassurant de se dire que tu en feras partie. » Les petites confessions à la belle étoile se poursuivent et le danseur va après ça chercher la main d’Halston qu’il dépose sur son torse à l’emplacement de son palpitant, qui porte bien son nom là tout de suite. « Tu sens ? Il est comme ça dès que tu m’approches et me touches. » Sa tête tournée vers elle et ses yeux plongés dans les siens Eddie semble avoir encore un peu de mal à se détendre, car même s’il a déjà souligné l’effet apaisant qu’Halston a sur lui elle arrive aussi très bien à mettre son cœur en vrac en plus de sa tête.. comme elle peut parfaitement s’en rendre compte.

Maîtriser deux langues est une chance, Eddie en est conscient et il peut remercier ses parents de leur avoir offert à sa sœur et à lui l’opportunité d’assimiler aussi bien le coréen que l’anglais dès leur plus jeune âge. C’est un solide bagage que leurs parents ne possédaient pas au même âge, une valeur ajoutée qui a par exemple permis à Callie de débuter de brillantes études ici et de les achever à Séoul sans rencontrer la moindre barrière linguistique. Sa chance a aussi été de naitre en terre anglophone, loin, très loin des traditions et des exigences du pays du matin calme. Il a échappé au service militaire obligatoire avant ses vingt-huit ans, et grandi loin de la pression scolaire mise aux jeunes coréens avec une recherche de l’excellence frôlant l’obsession - qui faisait pourtant bien partie des plans de sa mère le concernant avant qu’il n’en fasse qu’à sa tête et n’anéantisse toutes ses attentes. La pression de l’excellence ses parents l’ont connue, et ils s’y sont conformés. Son père ingénieur, sa mère enseignante, deux métiers particulièrement estimés là-bas et pour lesquels les opportunités ne manquaient pas ailleurs. Pourquoi l’Australie et pas un autre pays il ne le sait pas vraiment mais il suppose que l’offre y était alléchante, son père travaillant en plus pour le plus grand fabricant de smartphones dans le monde, il n'a dû avoir aucun mal à exporter son expertise. Halston approuve en tout cas l’idée d’inculquer un double bagage linguistique à des enfants et déplore le fait de ne pas parler plusieurs langues de son côté. « Tu pourrais t’essayer au coréen, je me souviens que ta prononciation n’était pas mauvaise. » Son professeur serait tout trouvé en plus. Il étire un sourire en se remémorant le dîner au restaurant avec l’équipe du film, dîner durant lequel Halston avait cherché à savoir comment se disait le mot pintade dans la langue maternelle du danseur. Ça l’a marqué, car ce soir-là il a aimé sa curiosité et son intérêt pour d’autres cultures. Ce n’est pas la seule chose qu’il a aimé à vrai dire mais à l’époque il n’était pas question de manifester la moindre attirance envers son agente. Il n’osait pas la regarder comme il ose le faire aujourd’hui, il se souvient d’ailleurs que cette soirée avait été particulièrement frustrante pour lui parce qu’il aurait préféré que les autres ne soient pas là. Ce cadre essentiellement professionnel ne lui manque pas, ils ont parcouru un sacré chemin tous les deux depuis et pour rien au monde Eddie ne reviendrait en arrière. « Mais oui, ils ont bien fait et je crois que j’appliquerai la même chose si je dois avoir des enfants un jour. » il conclut en se voyant bien procéder comme ses parents s’il devait leur donner des petits-enfants. Ce n’est pas dit qu’il sera père dans le futur même s’il a bien failli le devenir cette année, il étudie simplement la question au cas où elle devrait se poser et il sait qu’il accorderait lui aussi de l’importance au partage de cette double culture. Halston reconnait qu’elle associait l’Australie à une faune particulièrement hostile avant d’y venir et ça ne l’étonne pas, elle trouve d’ailleurs regrettable que les animaux les plus inoffensifs y soient en voie d’extinction. Les vastes feux de forêt de l’année passée n’ont pas aidé, les koalas ayant été parmi les plus touchés et ce n'est pas la seule catastrophe qui a ravagé une partie du pays. « Tu sais que je n’étais pas mécontent de ne plus vivre à Sydney quand j’ai vu que la région risquait d’être envahie de milliers de mygales après les dernières inondations. » Charmant, n’est-ce pas. Eddie n’a pas la phobie des araignées comme beaucoup de personnes qu’il connait mais ces bestioles velues et parfois venimeuses sont tout de suite beaucoup moins sa tasse de thé. Il ne partagera pas son opinion sur les kangourous car il ne sait pas si Halston les range dans la catégorie des animaux hostiles ou bien mignons, mais l’image bien souvent adorable qu’on leur associe n’est pas représentative de la réalité selon lui. Un australien sait ça, et ne peut que s’en méfier. Eddie n’est pas capable d’effectuer la moindre comparaison entre le pays qui l’a vu naitre et celui qu’il rêve de visiter puisqu’il n’a encore jamais mis les pieds au Japon, mais il est aussi d’avis que Kyoto ou une autre ville feraient une jolie destination de vacances. Lui n’est jamais parti ailleurs qu’à Jeju pour se ressourcer car c’était la tradition chez les Yang, mais il sait que s’il trouvait le courage d’effectuer de longues heures de vol c’est au Japon qu’il se rendrait rien que pour découvrir une facette de l’Asie dont il ignore encore tout. Et pourquoi pas avec elle, c’est vrai qu’il effleure mentalement l’idée puisqu’ils en parlent même si rien ne dit qu’Halston se projette suffisamment loin avec lui pour avoir des envies de voyages à ses côtés. Elle l’a quand même évoquée comme une ville à leur portée tout à l’heure alors qui sait, c’est peut-être ensemble qu’ils en feront un jour la découverte. Il n’aura jamais autant de temps pour bouger que dans les prochains mois mais avec son genou ce ne sera pas forcément idéal, et ça risquerait d’être aussi un peu précipité entre elle et lui. Sans parler de sa peur de l’avion qui ne disparaîtra pas comme ça mais il se dit qu’elle pourrait le motiver à dépasser celle-ci, après tout il a déjà envoyé valser pas mal de ses limites pour elle.

Le regard que lui lance Halston lui rappelle combien leurs moments intimes lui manquent, le dernier ne remontant pourtant qu’à six jours. Pour lui c’est déjà trop et il croit comprendre que pour elle aussi, depuis qu’il a renoué avec les plaisirs de la chair suite à sa longue abstinence Eddie connait bien vite le manque et il n’avait jamais débordé de désir de cette façon pour quelqu’un avant de la rencontrer. Il aime aussi le fait de pouvoir glisser des allusions un peu osées sans gêne entre eux, et qu’elle se laisse volontiers titiller sur le sujet en le lui rendant bien en retour. Il la dévore des yeux plusieurs secondes avant de calmer leurs ardeurs par un tendre baiser, parce qu’ils ne peuvent définitivement pas se chauffer ici avec tout ce monde autour. Eddie est le premier à vouloir être libre et à ne pas se soucier du regard des autres dans cette relation mais il y a des limites. Il se fera un plaisir de frôler l’indécence quand ils ne seront que tous les deux mais pas ici, et même s’il entreprend après ça un rapprochement en pleine rue le lieu ne semble pas mieux choisi pour laisser parler leurs pulsions, sa blessure au genou étant de toute façon là pour le stopper dans son élan. Cette douleur qui se réveille le ramène brutalement à la réalité, il ne voulait déjà plus penser à son opération et voilà qu’elle le rattrape. Halston souligne qu’il ne pourra pas éviter cette intervention et elle compte apparemment se rendre tout aussi inévitable histoire de le soutenir et de s’assurer qu’il se montrera enfin raisonnable, ce qui est loin de déplaire au danseur. « Je n’ai plus aucune envie de me séparer de toi tu sais, ça m’embête juste beaucoup de t’infliger tout ça. » Et qu’elle le voit comme ça, aussi. À peine leur relation officialisée entre elle et lui Halston se retrouve avec un boulet boiteux sur les bras, elle aurait le droit de se sentir un peu piégée dans l’histoire mais ce n’est pas l’impression qu’elle lui donne, tout ce qu’il ressent c’est son envie de l’accompagner dans cette épreuve car elle le dit bien, ce n’est pas parce qu’il rencontre des problèmes de santé que ça va changer quoi que ce soit entre eux. Eddie sourit faiblement, il sait qu’il n’est pas seul et il commence vraiment à croire qu’il a trouvé la perle rare avec elle. « Mais merci, pour tout. D’être là pour moi même quand je ne le mérite pas. » Lui considère ne pas mériter tout ça de sa part après ses mensonges et sa prise de distance, il sait bien que rien de tout cela n’est effacé mais Halston lui prouve quand même qu’elle ne le réduit pas à son manque d’honnêteté et qu’il peut malgré tout compter sur elle. Il ne peut pas s’empêcher de penser qu’elle doit tenir à lui autant qu’il tient à elle pour lui assurer sa présence de cette façon et se soucier autant de sa santé, et il ne peut juste pas rêver meilleur soutien durant les prochains mois. Elle espère qu’il prend enfin sa situation au sérieux après le diagnostic sans appel posé par le chirurgien et Eddie hoche alors lentement la tête. « Je n’ai plus le choix, c’est peut-être la dernière chance qu’on m’offre de sauver mon genou. » Il aimerait exagérer mais on lui a bien parlé de déchirure probable pour une raison, le terme est grave et nécessiterait une intervention encore plus sérieuse alors s’il peut s’éviter au moins ça il ne doit pas se poser de question. Cette opération il a l’obligation de la faire même si elle tombera au pire moment pour lui, et même si la danse doit être mise de côté pendant des mois. Car que préfère-t-il, subir cette pause déchirante mais nécessaire ou bien continuer de n’écouter que lui jusqu’à la chute qui sera fatale à son genou ? Le choix est vite vu, et maintenant qu’Halston est au courant elle ne le laissera pas faire n’importe quoi il le sait bien. Mais il est grand Eddie, il n’a en principe pas besoin qu’on le surveille car il connait l’enjeu, il est censé savoir ce qui est bon pour lui à présent et cesser d’enchaîner les risques comme s’il était invincible. L’anesthésie le rassure toujours aussi peu par contre, mais d’après Halston il serait vraiment malchanceux si des complications devaient advenir avec lui alors qu’elles sont en temps normal si rares. Il n’arrive pas à sourire quand elle demande pour plaisanter s’il y a tant de monde que ça qui le déteste, car c’est juste bon à lui rappeler le chaos dans lequel se trouvent la plupart de ses relations. Celles qu’il a perdues et celles qu’il pourrait encore perdre, sa vie privée ne cessant pas d’être un joyeux bordel. « Oh si tu savais.. j’ai un karma vraiment merdique. » À ce stade Eddie ne serait pas surpris d’apprendre que quelqu’un s’acharne sur une poupée vaudou à son effigie car il cumule quand même entre ses problèmes d’argent et de santé, en plus d’avoir connu un certain nombre de déconvenues professionnelles dans le cadre de ses cours alors que le travail était pendant longtemps le seul terrain où tout lui réussissait. La chance n’a jamais vraiment été de son côté quand il y pense et heureusement il n’a pas compté dessus pour réussir dans son domaine, le talent et le travail payant bien plus dans son cas. Il obtient confirmation qu’Halston l’attendra pour qu’il ne se retrouve pas seul à sa sortie d’opération s’il survit à l’anesthésie et ça le rassure beaucoup, son réveil n’en sera que plus serein s’il la retrouve rapidement après ça.

Et serein ce soir Eddie aimerait bien le redevenir, cette opération et les conséquences de celle-ci tournent en boucle dans sa tête alors qu’il pourrait simplement profiter de cette soirée avec Halston, et remettre toutes ses préoccupations à plus tard. Ce n’est pas non plus demain qu’il va être opéré, l’information est tombée aujourd’hui et il doit encore la digérer mais là tout de suite c’est surtout de se vider la tête qu’Eddie a grand besoin. Prendre l’air dans le jardin de l’agente aux côtés de celle-ci ne peut pas lui faire de mal, au contraire ils s’étaient dit qu’ils admireraient les étoiles ensemble et ils ont ici un spot idéal pour ça. Sa jambe le lance encore mais ça devient presque supportable, les antalgiques faisant toujours effet sur lui malgré les abus de ces derniers mois qui auraient pu lui causer une vraie dépendance médicamenteuse. Eddie ne veut plus y penser à son genou, il ne veut plus penser qu’à Halston et à ce moment qu’ils partagent ensemble sous ce ciel étoilé. L’occasion pour eux de se découvrir encore davantage, ils avaient entrepris les choses dans le désordre en se rapprochant sans vraiment se connaitre et petit à petit tout ça est comblé, Eddie se confiant à présent sur l’enfant qu’il était ce qui ne manque pas de la faire sourire et réagir. Tout remettre en question était effectivement sa spécialité, il était un gosse sceptique qui doutait de tout et encore aujourd’hui il n’est pas simple de le convaincre de quelque chose. « Déjà bien casse-pieds à l’époque, hein. » il souligne dans un sourire à son tour. Il n’était pas un gamin facile mais il n’était pas le pire non plus, et les seules choses dont ses parents aient vraiment eu à se plaindre avec lui étaient ses notes à l’école. Halston semble inspirée par leur visite au planétarium avec ses questions sur l’espace puis la discussion dévie sur les sensations fortes auxquelles le danseur adhère en partie, seulement. La vitesse ne lui pose aucun problème mais il n’est pas serein dans une situation comprenant de la hauteur et/ou du vide, ses proches savent d’ailleurs bien que la dernière surprise à lui faire un jour est un saut à l’élastique. Et se rendre sur des pistes de courses il ne l’a pour le coup jamais fait. « Automobiles tu veux dire ? Les courses de façon générale ce n’est pas mon truc. » Déjà en tant que spectateur ça ne le tente pas, et il ne pourrait pas non plus y participer s’il le voulait car il ne possède que le permis moto. Il imagine plutôt son cousin tremper là-dedans car les sensations fortes ça le connait aussi, et même bien plus qu’Eddie. Lui est un motard solitaire, il n’a même personne avec qui sillonner les rues de Brisbane même s’il a soumis l’idée à sa voisine, motarde elle aussi. De son côté Halston prétend avoir les pieds sur terre et il l’avait bien remarqué, c’est aussi pour ça qu’il a conduit prudemment la dernière fois qu’elle est montée sur sa moto avec lui parce qu’il se doute qu’elle n’apprécie pas la vitesse comme c’est son cas. « J’en prends note pour nos prochaines sorties. » Celle d’aujourd’hui devait d’autant plus être une réussite même si on peut techniquement dire qu’elle a gardé les pieds sur terre mais eu la tête dans les étoiles, comme c’est encore le cas ce soir dans ce jardin. Eddie ne tarde pas à opérer un rapprochement car il a envie, et besoin de la sentir contre lui. Il a aussi visiblement des choses à sortir, qu’il ne se voit pas garder pour lui plus longtemps même si ça l’amène à beaucoup se dévoiler d’un coup. Halston semble surprise par les mots du danseur et par sa main qu’il dépose sur son cœur en ne cachant pas que c’est pour elle qu’il s’emballe, elle se demande d’ailleurs si elle doit blâmer la pleine lune pour ça. « Non c’est simplement toi. » Laisse la lune en dehors de ça et accepte d’être celle qui me fait vibrer. Il accueille ses lèvres sur les siennes en fermant les yeux et prolonge quelques instants ce baiser, qui n’aide pas franchement son cœur à se calmer. Il ne sait pas s’il est adorable mais sincère, ça oui, c’est certain. Eddie ne pourrait pas être plus transparent qu’à cet instant, elle lui a reproché son manque d’honnêteté un peu plus tôt alors il est important pour lui de s’ouvrir à elle et de lui prouver que leur début d’histoire signifie vraiment quelque chose pour lui. En tentant de mettre des mots sur ce qu’il ressent, en partageant aussi avec elle ces sensations qu’elle lui procure rien qu'à travers le fait d'être près de lui. Eddie n’a pas peur de fendre un peu plus son armure car il lui fait confiance, il veut croire qu’en s’apprêtant à lui confier son cœur comme il le fait Halston en prendra soin. Les mots de l’agente lui font du bien quand elle prétend occuper une place de choix dans son futur, mais elle lance quelque chose de potentiellement dangereux entre eux quand elle repart à la conquête de ses lèvres et se montre de plus en plus tactile. Ses doigts qui s’aventurent sous son haut lui provoquent un violent frisson auquel il n’était pas préparé, Eddie peut déjà sentir que ce qu’elle entreprend le travaille et éveille en lui une excitation contre laquelle il ne pourra pas luter. Il quitte les lèvres d’Halston à regret et la requête formulée par celle-ci le secoue un peu plus en interne, car lui faire l’amour il n’attend lui-même plus que ça après ce petit teasing. « J’en ai très envie aussi. » il souffle en retour contre ses lèvres alors que son regard trahit déjà le feu qui brûle en lui pour elle. Eddie se redresse et la fait assoir sur lui en ménageant son genou autant qu’il le peut, puis il part à l'assaut de son cou avec de brûlants baisers. « Tu m’as vraiment manqué.. » il se répète et insiste tout en appréciant la douceur de sa peau sous ses doigts, une peau encore peu découverte mais qui le sera bientôt beaucoup plus. Ses mains passent dans le dos d’Halston pour la presser contre lui et il connecte de nouveau leurs lèvres dans un baiser électrique avant de se laisser aller à une danse langoureuse. Son envie d’elle le consume déjà et point positif il en oublie très vite sa douleur, qu’il étouffe dans ces baisers et caresses et dans ce qu’il s’imagine déjà entreprendre avec elle dans ce jardin. Elle est son meilleur antidouleur mais aussi son meilleur stimulant, ce soir Eddie veut lui faire oublier la vision déplorable qu’elle a eu de lui et redevenir cet amant passionné fou de désir pour elle que rien ne pouvait arrêter.

L’apprentissage du coréen n’a rien de simple aux yeux d’Halston et il n’osera pas la contredire là-dessus, car Eddie sait qu’il y aura toujours deux écoles concernant la langue de ses parents. Il continue pourtant de penser que le coréen reste plus accessible que le japonais ou le chinois parmi les langues asiatiques les plus couramment apprises mais est-il vraiment objectif sachant qu’il l’a assimilé dès ses tous premiers mots ? L’anglais n’a pas tardé à suivre comme il le confiait un peu plus tôt mais le coréen est en lui depuis toujours, et reste d’ailleurs la langue parlée chez les Yang quand ils ne sont qu’entre eux car sa mère est persuadée qu’il finirait par perdre tout ce qu’il en connait s’il ne le pratiquait pas avec eux. Halston s’apprête à dire qu’elle n’a plus l’âge pour entamer l’apprentissage d’une nouvelle langue et elle sait qu’il n’en faut pas plus pour qu’elle obtienne la désapprobation du danseur. « Arrête. » il l’interrompt d’une voix ferme tout en réduisant le faible écart entre elle et lui pour passer une main derrière sa nuque. Il plonge son regard dans celui de l’agente et elle peut y lire combien ce genre de remarque l’irrite, car la dernière fois qu’elle s’est considérée trop vieille pour quelque chose c’était pour le fréquenter lui. Mais elle se reprend, l’idée ne lui paraissant finalement pas si folle au point d’y voir même la possibilité de récupérer des acteurs coréens ou de lui dénicher un rôle dans l’un de ces dramas qui pullulent là-bas. Cette remarque décroche un sourire un peu crispé au danseur, son agente n’ayant visiblement pas abandonné l’idée de faire de lui un acteur. « Justement tu n’as pas un rôle d’estropié pour moi là ? Avec une intrigue dans un hôpital tant qu’à faire, ce serait à peine un rôle de composition comme ça. » C’est à croire qu’Eddie ne voit pas plus loin que cette opération aujourd’hui, pour ne plus se percevoir qu’au travers de celle-ci. Il a surtout du mal à se projeter dans le moindre rôle à l’heure actuelle alors que ces prochains mois sans danse pourraient pourtant lui permettre de se focaliser un peu plus sur sa carrière balbutiante dans l’acting, comptant uniquement un petit rôle dans un film et une apparition dans un spot publicitaire. « Mais sérieusement, si tu veux un jour une petite initiation à la langue coréenne je suis ton homme. » Halston est censée le savoir mais il le souligne au cas où, car ça lui ferait en réalité assez plaisir de partager la première chose héritée de la culture de ses parents avec elle. Ce serait plus gratifiant qu’avec des inconnus car si un jour Eddie ne sait vraiment plus comment gagner sa vie il pourra toujours donner des cours de coréen, ça le dépannera un peu et avec l’émergence du cinéma et de la musique tout droit venus du pays du matin calme il n’ignore pas que la demande est assez forte. Cette langue il envisage déjà de la transmettre à ses enfants comme ses parents l’ont fait avec sa sœur et lui, et sans vraiment s’en rendre compte Eddie laisse plus ou moins entendre que l’idée de devenir père un jour ne le rebute pas. Ou pas totalement disons, son aversion pour les enfants étant un peu moins tenace depuis ses missions de bénévolat à l’hôpital même s’il ne se voit toujours pas en avoir dans un futur proche, pas alors qu’il n’est même pas capable de prendre soin de lui-même. C’est alors que la discussion dévie sur les clichés assimilables au pays qui l’a vu naître, pays pour lequel Halston a laissé le sien derrière elle. Eddie ne s’attendait pas à provoquer chez elle une réaction aussi vive en évoquant l’invasion de mygales qui a récemment menacé Sydney, car une simple pluie d’araignées suffirait apparemment à lui faire prendre un aller simple pour les États-Unis et à plier bagage pour de bon. « Eh ben. Aurais-je découvert ta plus grande phobie sans le vouloir ? » il l’interroge dans un sourire amusé alors que sa propre phobie n’est officiellement plus un secret pour l’agente, qui sait quel froussard il est quand il est question d’avions. La peur des araignées est commune à beaucoup de gens et les australiens sont forcément un peu moins concernés par habitude, il n’aime en tout cas pas beaucoup entendre qu’il ne faudrait possiblement que ça pour lui faire reconsidérer toute la vie qu’elle est venue reconstruire ici. « Je ne te laisserais pas repartir, plus maintenant. » La remarque de l’américaine n’était peut-être pas très sérieuse mais sérieux lui l’est en y répondant. Eddie ne peut tout simplement pas envisager de la laisser repartir maintenant qu’ils ont débuté une histoire ensemble, peu importe la raison. C’est très égoïste de sa part et il en a conscience mais c’est au moins censé lui prouver qu’il ne veut pas la perdre, la distance lui faisant peur parce que ses relations n’y ont jamais survécu. Et s’ils ne sont même pas capables de se passer l’un de l’autre pendant cinq petits jours il ne voit pas comment ça pourrait être le cas avec Halston à Los Angeles et lui ici, la seule solution serait de se glisser dans sa valise pour partir avec elle. Mais s’il doit un jour faire la découverte du pays de l’agente il espère bien que ce ne sera pas comme ça, tout comme il espère que l’Australie fait partie des plans de celle-ci pour encore quelques années.

Certains jours Eddie ne comprend vraiment pas son corps, cette machine qui peut s’emballer et s’enflammer en à peine quelques secondes en présence d’Halston, et qui peut complètement dérailler quelques minutes plus tard. Sa blessure qui se réveille subitement alors qu’il s’imagine déjà renouer intimement avec l’américaine est le plus douloureux rappel qui pouvait lui être fait sur la nécessité de son opération, et c’est aussi la toute première fois qu’elle le voit comme ça. Plus vulnérable et piteux que jamais, Eddie ne peut à présent plus lui dissimuler quoi que ce soit et cette mise à nuit brutale lui donne juste envie de disparaître. Il a honte de se montrer sous cet angle si peu flatteur, honte d’en être réduit à s’assoir sur ce bout de trottoir parce que sa jambe ne le porte même plus. C’est peut-être bien la pire chose qui pouvait lui tomber dessus aujourd’hui après le verdict très redouté du chirurgien car Halston doit passer d’un extrême à un autre dans sa façon de le voir, et peut-être même se demander où est passée la fraîcheur de ses jeunes années. Jeune et déjà bien abîmé, elle n’a pas franchement tiré le gros lot avec lui mais elle lui rappelle qu’ils se sont symboliquement unis pour le meilleur et pour le pire. « Hm. Pour le moment c’est surtout pour le pire j’ai l’impression. » il souffle en fuyant son regard mais la faute à qui, en même temps ? S’il n’avait pas pris cette blessure à la légère ils n’en seraient pas là aujourd’hui à parler d’opération, et s’il n’avait pas disparu pendant cinq jours ils n’auraient pas non plus eu ces explications houleuses tout à l’heure. Eddie réalise qu’il a déjà apporté un lot de contrariétés plutôt conséquent à Halston alors que leur relation est encore naissante, et elle serait en droit de penser qu’elle n’est pas au bout de ses peines avec lui. Il comprendrait que tout ça lui fasse assez peur car il est imprévisible, que ce soit dans une relation de couple ou dans son travail Eddie n’est pas simple à suivre et si quelqu’un a bien pu s’en rendre compte dans ces deux domaines c’est justement Halston. Mais elle ne doit plus trop se voiler la face sur ses nombreux défauts puisqu’elle lui suggère simplement l’idée de travailler à devenir une meilleure personne quand il souligne son très mauvais karma, comme si elle se doutait que ses agissements passés avaient pu influencer ça et se retourner contre lui. Eddie ne pense pas non plus être la pire personne sur cette terre mais il détient la capacité déconcertante de décevoir facilement les gens autour de lui. Halston en sait là aussi quelque chose car elle se tâte encore à lui accorder sa confiance, sachant qu’il ne s’est pas montré très digne de leurs récentes promesses et qu’il s’est jusqu’ici illustré dans un manque d’honnêteté qui a de quoi la rendre particulièrement prudente. Plus que jamais Eddie veut que leur relation fonctionne mais la dernière fois qu’une femme a fait partie de sa vie les choses ont mal tourné par sa faute, il s’agirait de ne pas l’oublier. Sans parler de ses amitiés fragilisées dans lesquelles il tient presque toujours le mauvais rôle, c’est à se demander s’il est ne serait-ce que capable de garder qui que ce soit à ses côtés. Avec Halston il veut y croire mais il semble évident que son attitude va devoir changer car elle ne lui pardonnera pas un nouvel écart, elle s’est même montrée très claire là-dessus. Tout comme elle se montre claire sur le fait qu’il ne verra pas la pièce dont l’accès lui avait été interdit lors de sa première venue, ce qui n’est finalement pas un mal car là tout de suite il a surtout besoin de s’aérer l’esprit et le jardin d’Halston s’avère être l’endroit parfait pour ça. Eddie en profite d’autant plus que le seul jardin qu’il ait à disposition est celui de ses parents, son petit appartement sur Redcliffe ne lui offrant pas plus qu’un petit balcon. Aménagé avec quelques plantes, certes, histoire de faire illusion mais qui ne vaut définitivement pas un espace vert comme celui-ci, et c’est peut-être bien ce qui lui manque le plus dans la maison qu’il a quitté pour prendre son indépendance trois ans plus tôt. La vie en appartement réussit étrangement mieux à ses chats car en ayant été adoptés bébés l’extérieur n’est pas une chose qui peut leur manquer, contrairement à Eddie qui y étouffe parfois un peu. Ce nouveau cadre fait aussi souffler un vent frais sur leur discussion où il est à présent question de l’enfant qu’il était, auquel Halston parvient à trouver un charme sans même l’avoir connu même si elle suppose qu’il n’était pas trop la tasse de thé de ses professeurs. Il n’est pas peu fier de pouvoir avancer le contraire pour une fois car enfant il avait au moins le mérite de mettre tout le monde d’accord, pas comme aujourd’hui. « Détrompe-toi j’ai toujours été parmi les chouchous des profs. Ma tête leur revenait bien, j’avais une dégaine d’intello avec mes lunettes et mes fringues mais mes notes c’était autre chose. » Il était plutôt mignon avec ses binocles et sa grosse frange, sa timidité à l’époque devait aussi le rendre pas mal attachant mais quel dommage qu’à côté les résultats ne suivaient pas parce qu’il n’a jamais décidé de prendre les études au sérieux. Et avec l’arrivée de la danse dans sa vie ça ne s’est vraiment pas arrangé, Eddie aurait même complètement décroché si la condition pour pouvoir suivre ses cours de danse n’avait pas été d’aller au bout de sa scolarité. Halston s’étonne de voir qu’il ne semble pas avoir le moindre esprit de compétition en dehors de sa passion, mais ce n’est en réalité pas très surprenant. « Non pas vraiment. Mais tu sais il n’y a pas grand-chose qui m’anime à côté de la danse alors.. » Ce qu’il ne doit en principe pas lui apprendre, car il n’a jamais caché l’importance qu'elle tenait dans sa vie. Il ne serait pas au trente-sixième dessous avec son opération à venir si la danse n’était pas son moteur, à ses yeux le choix est donc vite fait entre celle-ci et la moto s’il fallait un jour en sacrifier une pour garder l’autre. Il peut vivre sans sa cylindrée, alors qu’il considère toujours exister pour danser.

Et un sacrifice Eddie a justement le sentiment d’en avoir fait un ces cinq derniers jours en se privant de la présence d’Halston, le manque ayant été réel pour lui même si cet éloignement lui a confirmé qu’il était déjà très dépendant de leurs moments à deux et que personne ne le faisait se sentir aussi vivant qu’elle. Eddie se livre comme il ne l’a pas beaucoup fait jusqu’à présent mais il tâche quand même de ne pas laisser échapper des mots qui pourraient donner l’impression qu’il s’emballe un peu trop, sa dernière envie étant de faire fuir Halston et son rythme cardiaque est de toute façon le plus parlant à ce moment-là. C’est fou cet effet qu’elle a sur lui, un effet contre lequel Eddie ne tente plus de lutter parce qu’il n’a plus aucune raison de se priver d’elle et de résister à cette attirance toujours plus forte qui le prend au bide comme au cœur au moindre regard quelle pose sur lui. Alors que dire quand elle le touche, il n’y a juste plus de retour en arrière possible surtout une fois qu’Halston a formulé ses intentions et son envie d’unir leurs corps dans ce jardin. Leur observation des étoiles n’aura pas duré longtemps mais ce n’est pas pour lui déplaire, rien ne lui faisant plus envie que le fait de succomber à son désir pour l’américaine présentement. Il a besoin d’entendre qu’il lui a aussi manqué, ce qu’Halston lui confirme tout en se laissant porter par les initiatives de plus en plus fougueuses du danseur. « Je suis là maintenant, et tout à toi. » Puisque tout lui a manqué chez lui, autant lui rappeler que ce tout n’appartient qu’à elle. Il devine au regard d’Halston qu’elle attend que ses paroles soient rapidement suivies d’actes alors c’est ce qu’il s’emploie à faire très vite après ça, leurs vêtements appartenant presque déjà au passé.

Son entrevue avec le chirurgien est encore toute fraîche et le choc de l’annonce de son opération ne l’a toujours pas quitté, alors même lorsque la conversation tourne autour d’un tout autre sujet Eddie finit par y revenir, ça semble être plus fort que lui. Il comprend à la réaction d’Halston que c’est épuisant de l’entendre se réduire à ça comme s’il n’était plus qu’un éclopé, comme si sa vie s’arrêtait aujourd’hui à ça et à vrai dire Eddie est lui-même fatigué par ces pensées qui parasitent son esprit et l’empêchent de s’en évader ne serait-ce qu’un instant. Cette opération il ne veut plus y penser pour le moment mais il ne peut pas faire taire sa peur, c’est elle qui entretient tout ça en lui. Alors oui, là tout de suite quand on lui demande de s’imaginer dans un rôle c’est celui d’un infirme auquel il pense, c’est extrêmement réducteur mais c’est à ça qu’il s’identifie alors qu’il n’est pourtant pas plus diminué que ce matin avant sa venue à l'hôpital, c’est dans sa tête qu’il prend de l’avance et anticipe ce qu’il sera bientôt. L’agente a peut-être un rôle tout trouvé pour lui, au summum du cliché pour le coup mais puisqu’il veut à tout prix se voir comme un écorché il ne devrait pas s’en plaindre. Ce n’est pas comme si elle lui proposait ça sérieusement, de toute façon. « Je suis trop lisse pour incarner Quasimodo, objectivement. » Il n’a pas le physique pour ça il le sait bien, tout comme il sait qu’Halston ne fait qu’aller ironiquement dans son sens. Elle doit saturer du peu d’options qu’il s’offre mais il faut aussi le comprendre, il n’a pas encore digéré la chose et ne sera pas capable de surpasser ça de façon positive en un jour. Pour le moment il voit tout en noir Eddie et ça risque de durer un petit temps comme ça, sachant que le plus dur l’attendra après son intervention. Halston n’exclut en tout cas pas de prendre des cours de langue avec lui mais elle songe déjà aux petits dérapages qui pourraient naitre durant ces leçons. Eddie tente de se contenir et de ravaler la moindre émotion comme s’il était déjà dans son rôle, alors que cette allusion est loin de le laisser insensible. « Attention Halston, tu ne me connais pas comme professeur mais mes élèves pourraient te dire à quel point je suis intransigeant. Il faudra être sérieuse avec moi.. » Oui, oui.. bien sûr Eddie. Sérieux lui ne le reste pas bien longtemps car son regard coule bientôt vers elle pour s’attarder sur ses lèvres, l’américaine ayant vraiment un fort pouvoir d’attraction sur lui qui risquerait bel et bien de le perturber dans ses cours. Car lui-même n’y croit pas en le disant, ses yeux n’en finissent pas de le trahir et il prolonge le baiser qu’Halston finit par lui offrir. Elle sait trouver les mots pour le troubler, Eddie l’imagine déjà en élève plus concentrée sur lui que sur ses leçons et il pense à comment il s’y prendrait pour tenter d’obtenir sa concentration à certains moments, et pour la torturer dans d’autres. C’est un jeu qui pourrait lui plaire à condition qu’elle apprenne quand même des choses avec lui, peu importe la façon dont ça doit rentrer. Il redescend néanmoins sur terre lorsqu’elle laisse entendre qu’une pluie d’araignées n’est pas la chose susceptible de la traumatiser le plus, car elle aurait déjà assisté au pire. Eddie fronce légèrement ses sourcils et l’observe durant plusieurs secondes, tout en se demandant s’il ne ferait pas mieux de ne pas rebondir. Il n'est pas dans la confidence et suppose que le sujet est sensible, alors il garde ses interrogations pour lui. Loin de lui l'envie de remuer quoi que ce soit, ils en parleront une autre fois s’il faut mais il estime avoir déjà bien assez plombé l’ambiance en restant en boucle sur son genou. Il n’a en tout cas pas envie d’imaginer qu’Halston puisse aspirer à poursuivre sa vie ailleurs, pas maintenant qu’elle est entrée dans sa vie. Elle lui manque déjà bien trop quand ils ne sont séparés que quelques jours alors il ne veut pas entendre parler de distance, leur histoire il y tient et il ne peut plus nier son envie d’être avec elle. Mais elle aurait une très bonne raison de rester ici et il comprend que cette raison c’est lui, son cœur ratant un battement face à une telle déclaration qui ne peut que le faire fondre. Elle souligne l’importance qu’il tient aujourd’hui dans sa vie au point d’influencer ses choix et Eddie ne pensait pas un jour donner envie à quelqu’un de rester dans cette ville ou une autre. Pas pour ses beaux yeux, pas par attachement pour lui même s'il se doute qu'il n'en serait pas l'unique raison non plus. « Tu fais vraiment tout pour me rendre encore plus accro. » il souffle dans un sourire et c’est vrai qu’elle s’y prend bien pour ça. Il ne peut que se sentir bête d’avoir pensé qu’Halston pourrait s’éloigner à la suite de son opération alors qu’elle n’arrête pas de lui prouver qu’elle tient vraiment à lui, et qu’elle ne le voit pas comme l’estropié qu’il croit être. Tout ça ne fait que renforcer en lui l’idée qu’il ne la mérite peut-être pas, lui qui a été à plusieurs reprises si décevant jusqu’ici. La vie n’est effectivement pas toute rose et Eddie ne sait pas s’il doit adorer ou détester la sienne là tout de suite. Ce n’est pas un bon jour pour lui et les prochains risquent de ne pas être très drôles non plus mais avec elle il peut respirer, Halston est sa bouffée d’oxygène dans cette vie chaotique où rien ne tient debout. Il est chanceux de l’avoir, chanceux d’être celui qu’elle a choisi même si en réalité elle n’a pas dû choisir grand-chose, comme lui qui ne contrôle pas l’effet qu’elle lui fait ni l’emballement de son cœur en sa présence.

Il n’aime pas particulièrement se remémorer l’enfant qu’il était, ni se retourner plus généralement sur le passé. Une quinzaine d’années plus tôt Eddie avait tout d’un petit garçon ordinaire, avant qu’il ne se prenne de passion pour la danse il lui arrivait comme à d’autres d’imaginer la vue qu’il pourrait avoir depuis les étoiles, ou encore ce que lui procurerait le fait de flotter s’il n’était plus soumis à l’attraction terrestre. Il ne s’est pourtant jamais rêvé en spationaute, et cette curiosité l’a depuis quitté car Eddie se prend aujourd’hui trop au sérieux pour laisser ressortir l’enfant qu’il était. Ses rêves concernent à présent uniquement ce qu’il peut accomplir ici bas, et ses proches lui ont d’ailleurs déjà fait remarquer qu’il manquait de fantaisie. Il a les pieds sur terre Eddie et peut-être un peu trop parfois, là où Halston semble facilement s’évader à travers ses rêveries. C’est une férue de cinéma après tout, elle ne peut pas être autant ancrée dans le réel que lui. Elle s’étonne qu’il ait pu être le chouchou des professeurs tout en ayant été un cancre et ce terme le fait sourire. Il était surtout un gamin peu intéressé qui économisait son énergie pour la seule chose vraiment digne de son intérêt, déjà à l’époque. Sa tête de premier de la classe n’était qu’une illusion, à côté ses notes laissaient à désirer et il n’est pourtant pas stupide, son poil dans la main était juste gigantesque pour tout ce qui ne concernait pas la danse et ça n’a pas changé avec les années. « J’étais un garçon curieux et en même temps très timide, j’imagine que c’est difficile à croire aujourd’hui mais ça semblait en tout cas jouer en ma faveur à l’époque. » Oui. Lui, timide. Ce n’est plus du tout ce qu’il est à présent et la danse l’a énormément aidé pour ça, Eddie considère même qu’elle l’a soigné et qu’il n’aurait pas pu acquérir une telle confiance en lui sans celle-ci. Il dit souvent qu’il doit tout à la danse et ce n’est pas forcément faux, même s’il a aussi perdu pas mal de choses dans sa pratique obsessionnelle, son premier amour en tête de liste. Halston aimerait voir des photos de lui enfant et il n’aurait aucun mal à en trouver avec tout ce que sa mère doit garder, il sait du coup ce qu’il lui demandera la prochaine fois qu’il sera de passage à la maison. « Je te montrerai ça oui, mais je voudrais bien en voir de toi aussi. Sauf si tu as tout laissé à Los Angeles. » Ça ne presse pas, de toute façon. En attendant il tente d’imaginer comment elle pouvait être petite, sûrement déjà très craquante avec ses grands yeux clairs et ses petites dents de devant qui ressortent. Halston se remet en tête de le pousser vers l’acting mais ce n’est pas aujourd’hui qu’elle risque d’obtenir grand-chose de lui à ce sujet, car Eddie ne veut pas enterrer la danse trop vite. Il n’y a encore que sa passion pour l’animer, il n’est pas près de passer à autre chose mais il ne sait pas si elle peut l’entendre. Elle redevient son agente ici, et parle déjà de le faire jouer devant un public si c’est ce qui lui plait durant ses représentations de danse. C’est effectivement ce qui contribue à le faire se sentir vivant sur scène mais rien de ce qu’elle pourra lui proposer ne pourra remplacer ce qu’il connait, Eddie n’a pas envie de mélanger les deux car le théâtre restera à jamais le lieu d’expression de son art. C’est là qu’il a fait ses débuts officiels, là que sa carrière a décollé et là, aussi, qu’il lui a tapé dans l’œil il y a plus d’un an maintenant. « La rencontre avec le public c’est l’une des choses qui va vraiment me manquer dans les prochains mois. Mais je réserve ça à la danse, je n’imagine pas fouler les planches d’un théâtre d’une autre façon. » Il a conscience de ne pas lui faciliter la tâche mais il se doit d’être honnête, s’il doit redonner une chance à l’acting ce sera comme il l’a déjà fait, à travers des petits rôles au cinéma ou dans des pubs mais pas au théâtre, surtout pas au théâtre. « J’espère que tes protégés ne sont pas tous aussi difficiles. » il reprend en étirant un sourire qui n’est pas des plus fiers, en espérant qu’elle puisse quand même comprendre pourquoi il a tant de mal à passer d’un monde à l’autre. Si elle arrive à le faire jouer un peu pendant sa convalescence ce sera déjà une belle avancée car en l’état Eddie ne se projette pas tellement là-dedans, c’est encore un pas difficile à franchir pour lui parce qu’il a toujours été clair sur le fait que l’acting ne remplacerait jamais la danse. Conjuguer les deux lui a même longtemps semblé impossible puisqu’il ne voulait pas se disperser, et ça Halston ne peut que s’en souvenir car c’est la raison pour laquelle elle avait eu tant de mal à le faire rejoindre son agence au départ. Il lui a fait perdre pas mal de temps dans les prémisses de leur collaboration, et par la suite en se volatilisant, à tel point qu’Eddie a le sentiment qu’ils reviennent de très loin tous les deux aujourd’hui. Il était un artiste avec lequel elle désirait travailler, et à présent il est un amant avec lequel elle ne se refuse aucun plaisir. Il n’y a plus de barrière professionnelle qui tienne et quand il la regarde c’est Halston la femme qu’il voit, pas Halston l’agente. Une femme qu’il aime et qu’il désire, même si avouer son attirance est bien plus simple qu’avouer ses sentiments pour elle. Il a ce désir ardent, presque dévorant en lui qui ne s’éteint jamais vraiment parce que leur histoire n’échappe pas à des débuts passionnés et il n’y a qu’à l’observer pour comprendre l’effet qu’elle lui fait. Il s’apprête d’ailleurs à faire parler ce désir et tous les voyants sont au vert pour qu’Eddie se souvienne longtemps de son passage par ce jardin. Vite, car sa chaleur lui manque.

Il l’aide à rassembler ses affaires éparpillées un peu partout sur l’herbe autour d’eux et réunit ensuite les siennes, avant de lentement se revêtir. Une fois que ses couches de vêtements ont renoué avec sa peau Eddie se faufile dans le dos d’Halston pour l’encercler de ses bras, déposant au passage un baiser sur son épaule. « Comment arrêter le temps Halston ? » il souffle à son oreille en resserrant son étreinte. Lui ne demande que ça, que ce moment ne connaisse jamais de fin parce qu’il ne pense enfin plus à son opération, tout comme il en oublierait presque son genou défectueux. Cette explosion de sensations qui a envahi son corps et son cœur pendant qu’ils fusionnaient tous les deux l’a momentanément guéri de ses tourments, Eddie se sent épuisé mais apaisé, aussi, surtout. Il quitte le dos d’Halston pour se placer face à elle et la gratifie d’un tendre sourire, ses mains remontant pour venir encadrer son doux visage. « Je ne m’éloignerai plus maintenant, tu sais. » Plus de mensonges, plus de distance. C’est en quelque sorte une promesse qu’il lui fait et qu’il tiendra, car Eddie y voit beaucoup plus clair dans tout ce qui causait une grande confusion en lui jusque là. Leur relation revêt enfin un caractère officiel et il s’est partiellement ouvert à elle ce soir, ce qui pourrait l’amener à assumer de plus en plus ce qu’il ressent. Il n’aime pas dévoiler ce qui se joue au niveau de son cœur Eddie mais il doit bien admettre que l’agente face à lui l’a complètement retourné. Un cœur qui repart en chamade quand il reconnecte leurs lèvres dans un baiser passionné, interrompu par les gargouillements de son ventre trahissant sa faim naissante. Avec tout ça ils n’ont pas dîné et toute cette énergie dépensée aura fini par creuser l’appétit du danseur. Il a été nourri pourtant, ses lèvres sont encore délicieusement imprégnées du goût d’Halston mais ce n’est pas ça qui remplira son estomac.