Comme un sentiment de déjà-vu... - Savannah

Comme un sentiment de déjà-vu...

feat. Savannah & Axel

Désormais attablée, j'observe la scène qui se déroule sous mes yeux. Un moment aussi joyeux qu'improbable, dont je ne parviens à me défaire, que je tente d'imprimer dans mon esprit, comme si soudainement, le caractère inédit de cette complicité pouvait nous être ôté. Il faut dire que notre rencontre au détour de ce couloir ne laissait entrevoir un seul instant que nous puissions avoir tant de choses en commun, et voilà qu'il arpentait ma cuisine, comme si cette dernière lui était famillière. Est-ce la bonne humeur permanente de nos enfants réunis qui nous pousse à adopter une attitude si légère à notre tour, les imitant inconsciemment? Je n'en ai pas la moindre idée, pour autant, je me laisse embarquer par la simplicité qu'il parvient à souffler chaque fois qu'il se tient à mes côtés, parce que ça me fait du bien, particulièrement en ce moment« Et bien, pour tout dire, je pense que j’y parviendrai encore mieux si tu acceptais de me donner un coup de pouce, Mathis.» Le regard pétillant de Mathis s'intensifie alors qu'il descend de sa chaise, ne tardant pas à rejoindre Axel par peur qu'il se ravise. Un regard m'est cependant accordé, laissant apparaître ce sentiment de fierté face à la tâche qu'il s'apprête à affronter, et c'est par un air faussement envieux que je l'encourage, ressentant cette chaleur particulière dans ma cage thoracique « C’est excellent mon grand, tu es vraiment très doué !» Je ne perds aucune miette de cette scène, qui un instant m'enivre d'une délicieuse sensation. James était un père exceptionnel pour Mathis, il l'avait toujours été et l'avait montré dès lors qu'il avait décidé de l'élever sans moi, n'ayant pas peur de ce qu'il pourrait affronter. Il continuait encore aujourd'hui à remplir ce rôle avec brio, mais nos rapports compliqués ne me permettaient pas de pouvoir y assister de mes propres yeux. La dernière fois que je l'avais vu s'ouvrir si librement, c'était en compagnie de Cade, qui avait fini par laisser un vide plus conséquent que ce je n'aurais imaginé chez le petit garçon. « Tu veux essayer Emy ?» la voix masculine m'extirpe de ces pensées, alors que machinalement, mes yeux bleus se posent sur la jolie demoiselle, qui semble peu enclin à vouloir relever les manches. « Je préfère les manger. » Une réplique qui provoque sans plus attendre un rire des plus amusés de ma part, que je tente de dissimuler derrière la paume de ma main, ne pouvant m'empêcher de constater qu'elle a visiblement hérité du franc parlé de son père. « Oh je vois… Mathis, si tu veux mon avis, je pense que nous sommes tombés dans un piège… ces dames veulent simplement déguster leurs crêpes pendant que nous les préparons… est-ce que je me trompe Savannah ? » Mon regard croise celui du grand brun, et j'ai ce sourire taquin qui flirte avec mes lèvres. "Vous vous en sortez très bien sans nous! C'est plus agréable de vous regarder" Et je ne disais pas ça uniquement parce que cet homme a l'allure particulièrement chic et agréable se surpassait sous mes yeux. Une fois de plus, cet échange de regard provoque en moi une sensation étrange, sans que je ne parvienne à comprendre ce qu'il signifie. Ce que je réalise cependant, c'est que ma volonté de les fuir semble se volatiliser peu à peu, fragilisant cette carapace pourtant solidement fixée. Ce léger sourire qu'il m'adresse est source de trouble, je m'efforce inlassablement de ramener ça à de la sympathie, mais sa façon de me regarder soulève quelques doutes persistants. Un sentiment de trouble qu'il doit partager puisqu'il détourne finalement son attention. Avalant la dernière bouchée de cette crêpe, sa voix s'élève jusqu' à moi " En tout cas, je tiens à te remercier pour tout ça...je veux dire... pas simplement le fait d'avoir bien voulu t'occuper d'Emily ce soir mais également pour cet excellent moment" . Il me touche, sans même en avoir conscience, et c'est par un sourire délicat que mon regard vient se perdre dans le sien. "Merci à toi...ca fait bien longtemps qu'il n'y a pas eu de rire dans cette maison. " Révélais-je en haussant les épaules. C'était un fait. Ma situation personnelle avait impacté ce quotidien, malgré mes efforts. Le manque de bonne humeur avait été flagrant, j'étais moins présente pour Mathis, et la patience me manquait parfois, tourmentée par le contexte compliqué que je traversais. J'en avais oublié à quel point ça pouvait être à portée de main si on s'efforçait de le vouloir. Mes mains frottent le torchon, que je plie avec un soin particulier, dans une sorte de vieux réflexe. "Je n'en reviens pas de voir à quel point ces deux-là s'apprécient..." Mon regard se relève sur Axel, pour finir par se détourner sur les sujets en question. Mes traits s'adoucissent en les observant, ne pouvant que confirmer ce qui était évident. "On dirait qu'ils se connaissent depuis toujours..." Une pensée qui me ramène rapidement à lui, il faisait naître aussi ce sentiment en moi, à moindre échelle peut-être. "Oh....Tu as encore de la...tu permets ?" Sans même que je parvienne à comprendre son allusion, son pouce vient effleurer ma joue, un geste que je ressens comme une douce et furtive caresse alors que mon regard éprouve le besoin de croiser le sien comme pour s'assurer de la véracité du moment, mais surtout de sa complexité. "Merci" soufflais-je, esquissant un sourire gêné en dégageant une mèche de cheveux blonde. "J'te sers quelque chose à boire ?" proposais-je finalement. "Je suis pour ma part sur un vin blanc, mais j'peux toujours ouvrir autre chose" L'agitation derrière moi me ramène aux enfants, qui semblent vouloir mettre fin à ce moment, probablement pour profiter du temps qu'il leur reste encore. "Hep hep hep moussaillon! On n'oublie pas de se laver les mains." rappelais-je, remarquant que Mathis s'y soumet bien plus facilement lorsqu'il doit le faire en charmante compagnie. Je veille à débarrasser l'ilot, manquant de peu une confrontation frontale avec le jeune homme, seul rescapé de cette cuisine. "Oups" lançais-je par un geste de recul, reprenant bien assez vite ma tâche. Pas de café pour sa chemise cette fois. Les mots se bousculent dans mon esprit, sans que je ne sache par où commencer. Et je me racle la gorge avant de me lancer. "La mère d'Emily ne vit pas avec vous ?" demandais-je finalement, le plus naturellement possible, alors que cette question amène à elle seule une situation probablement bien compliquée. Depuis le début de notre rencontre, il m'avait été difficile d'en savoir ce qu'il en était, peut-être le moment était venu d'en savoir un peu plus, en espérant ne pas éveiller une certaine frustration à devoir l'évoquer avec moi...[/color]

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Comme un sentiment de déjà-vu...

feat. Savannah & Axel

La façon dont elle le regardait ne faisait qu’accentuer son trouble. D’habitude, Axel ne se laissait pas déstabiliser aussi facilement, mais force était de reconnaitre qu’il n’avait pas souvent rencontré de femme comme Savannah Williams. Il n’aurait su expliquer clairement ce qui le gênait autant. Après tout, ils n’avaient eu l’un envers l’autre aucune parole ou geste déplacé. Mais leur tête à tête sans les enfants faisait naitre entre eux une étrange intimité. « Volontiers. » approuva-t-il lorsque la jolie blonde lui proposa un verre de vin avant de passer à côté d’une nouvelle collision entre eux. Cette pensée le fit légèrement sourire… dire que tout était parti d’un café renversé. C’était tellement cliché ! Et tellement drôle à la fois. « Je t’en prie, laisse moi t’aider… » Comme si l’endroit lui était familier, Axel n’hésita pas à lui donner un coup de main pour ranger ce qui trainait encore sur le plan de travail. "La mère d'Emily ne vit pas avec vous ?" Aouch… pas un instant il n’avait envisagé qu’elle puisse lui poser cette question à cet instant précis. Un léger rictus nerveux se dessina sur ses lèvres tandis qu’il cherchait les bons mots pour s’exprimer sur sa situation. En proie à des émotions conflictuelles, Axel observa la jeune femme un court instant sans trop savoir par où commencer. «Non… à vrai dire, nous ne vivons que tout les deux.» L’espièglerie que Savannah avait probablement pu déceler quelques instants auparavant sur ses traits, avait désormais complètement disparu, laissant place à un détachement teinté de gravité. De toute évidence, elle venait de pointer du doigt un sujet très sensible et qu’il n’évoquait que rarement. Axel s’efforça de dominer sa nervosité. Il lança un coup d’œil par-dessus l’épaule de la jeune femme afin de regarder dehors… c’était peut-être plus facile de s’exprimer sur le sujet sans avoir à affronter le regard de quiconque. C’était une part très intime de son histoire et de sa vie… « Elle n’est plus là… » A la manière dont il avait prononcé ces quelques mots, il n’était pas bien difficile de comprendre ce que sa phrase sous entendait. Songeant immédiatement que cette révélation allait probablement mettre Savannah mal à l’aise, il reposa son regard sur elle avec une réelle bienveillance. « Ma … ma femme est partie quelques mois après la naissance d’Emily. » continua-t-il d’une voix légèrement voilée. Il prit une grande inspiration et continua : « Une saloperie de cancer qu’on avait pas vu venir… tout est allé tellement vite … Emily ne connait sa mère qu’au travers des photos et des anecdotes que je peux lui raconter la concernant. » L’espace d’un instant, la phrase plana entre eux, incroyable et terrible. Puis il poursuivit doucement : « Je suis désolé, j’ai toujours du mal à le dire, mais je pense qu’il n’y a aucune manière de rendre les choses moins brutales.» Certes, il lui était toujours pénible de parler de sa situation mais il ne voulait pas que les gens se morfondent sur son sort. Axel préférait de loin que ses faiblesses demeurent parfaitement cachées derrière cette carapace d’assurance qu’il s’était forgée au fil du temps. Oui, c’était mieux ainsi. « Ce n’est pas toujours évident d’être un parent seul… mais je fais mon possible pour qu’Emily puisse mener une vie douce et agréable… c’est aussi la raison pour laquelle j’ai quitté New York… c’était une manière de repartir sur des bases saines, dans un endroit neutre…et je me rends compte que c’est la meilleure décision que j’ai pu prendre depuis bien longtemps. » Oui, cette décision de rompre avec son passé avait eu quelque chose de bénéfique sur sa santé mentale et par ricochet, sur le bien être de sa fille. « J’imagine que la plupart des problèmes ne paraissent insurmontables que parce-que les gens préfèrent ne pas en parler. Parce qu’ils souffrent trop ou sont trop fiers pour dire ce qu’ils ont sur le cœur. J’ai donc décidé de m’écouter un peu plus et je sais que rester vivre à New York n’était pas la meilleure chose à faire. Trop de mauvais souvenirs. J’avais besoin de tout recommencer à zéro, tu vois ? » Leurs yeux se croisèrent. Ils avaient tout deux fait l’expérience de la solitude, même si leurs cas étaient différents, ils étaient hantés par de tristes souvenirs. Axel ignorait tout des démons qui hantaient Savannah mais viscéralement, il savait qu’ils étaient de la même trempe. « Je vais bien, ne t’en fais pas. » annonça-t-il sans même que la jeune femme n’ai eu le temps de dire quoi que ce soit. Il esquissa un léger sourire à son attention, retrouvant son charisme et son assurance légendaires. Lever le masque oui, mais ne jamais le faire trop longtemps. Sans compter qu’il avait pleinement conscience que ses révélations risquaient de jeter un froid sur l’ambiance particulièrement douce qui régnait jusqu’à lors. Tapant d’un coup ses mains l’une contre l’autre, il adopta un nouveau sourire et reprit avec un semblant de bonne humeur pour ne pas définitivement plomber l'ambiance. « Ce n’est pas toi qui m’as proposé un verre de vin ?»

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feat. Savannah & Axel

La cuisine subit sans plus attendre un silence assommant, justifié par le départ précipité d'Emily et de Mathis, qui inconsciemment, nous offre là l'occasion de partir sur des sujets plus sérieux. Je jette un coup d’œil à Axel, qui semble incapable de rester inactif dans ce chaos, et que je manque de percuter à nouveau face à mon inattention du moment. A croire que cela devient une sorte d'habitude. Un léger rictus, alors que je me pince les lèvres pour dissimuler ce sourire gêné, poursuivant finalement la marche pour atteindre le plan de travail, encore témoin de cette préparation improvisée. « Je t’en prie, laisse moi t’aider… » Je souris, voyant qu'il n'est pas prêt à baisser les bras pour autant. "T'es pas obligé..." rappelais-je, remarquant qu'il associe cette réponse à une affirmation de ma part. Un moment d'hésitation avant d'évoquer une question qui me laisse perplexe, et à laquelle je n'ai obtenu aucune réponse à ce jour. Sa femme. Si cette dernière avait été évoquée de façon brève lors nos différents échanges, j'étais à l'heure actuelle incapable de comprendre quelle place elle pouvait occuper. Nul doute que cela devait être plus ou moins compliqué, d'autant plus que celle-ci ne semble pas faire parti du quotidien de Axel et Emily, puisqu'il m'avait justement demandé un contact au cas où il ne parviendrait pas à se libérer plus tôt de son travail. Ce sourire qu'il esquisse dissimule sans plus attendre une certaine gêne, dont je m'accable sans plus attendre.«Non… à vrai dire, nous ne vivons que tout les deux.» Je hoche une seule fois de la tête, comme si cette simple réponse pourrait suffire à me satisfaire. Je baisse un instant les yeux sur les l'une des assiettes, que je viens attraper, n'ayant pas envie de me montrer insistante s'il n'avait pas envie de se livrer. J'étais bien consciente que certain sujet était difficile à évoquer, j'étais moi-même ce genre de personne incapable de les aborder sans éprouver une vulnérabilité soudaine. « Elle n’est plus là… » Cette information semble déterminante, et expliquerait beaucoup de chose si ces mots évoquaient une disparition involontaire de cette femme dans leur quotidien. « Ma … ma femme est partie quelques mois après la naissance d’Emily. Une saloperie de cancer qu’on avait pas vu venir… tout est allé tellement vite … Emily ne connait sa mère qu’au travers des photos et des anecdotes que je peux lui raconter la concernant. » Je me déteste, cette culpabilité s'empare d'ailleurs des traits de mon visage face à mon indiscrétion du moment. « Je suis désolé, j’ai toujours du mal à le dire, mais je pense qu’il n’y a aucune manière de rendre les choses moins brutales.» Je hoche négativement de la tête, fuyant un instant son regard. "Non c'est moi qui suis désolée Axel..." soufflais-je, incapable de ne pas éprouver une certaine tristesse pour cette famille qui n'avait pas été épargnée par les épreuves de la vie. Il y avait une différence entre perdre quelqu'un de vue, et le voir quitter définitivement ce monde. Axel avait probablement la vie qu'il avait toujours rêvé, et on la lui avait arraché, sans qu'il n'ait rien pu faire. "...Je voulais clairement pas te mettre mal à l'aise". Oui, parce qu'au delà de la compassion que j'éprouvais face à ce qu'il avait vécu, ma maladresse avait été de mise en cherchant à répondre à quelques doutes. « Ce n’est pas toujours évident d’être un parent seul… mais je fais mon possible pour qu’Emily puisse mener une vie douce et agréable… c’est aussi la raison pour laquelle j’ai quitté New York… c’était une manière de repartir sur des bases saines, dans un endroit neutre…et je me rends compte que c’est la meilleure décision que j’ai pu prendre depuis bien longtemps. J’imagine que la plupart des problèmes ne paraissent insurmontables que parce-que les gens préfèrent ne pas en parler. Parce qu’ils souffrent trop ou sont trop fiers pour dire ce qu’ils ont sur le cœur. J’ai donc décidé de m’écouter un peu plus et je sais que rester vivre à New York n’était pas la meilleure chose à faire. Trop de mauvais souvenirs. J’avais besoin de tout recommencer à zéro, tu vois ? » Mon regard s'est perdu dans ses yeux, comme si ces quelques mots sonnaient comme une leçon de vie. J'étais probablement à l'opposé de lui, incapable de savoir ce qui était bon pour moi ou pas, effrayée à l'idée de pouvoir souffrir, comme c'était si souvent arrivé par le passé. Mon égoïsme, mon impulsivité, mes états d'esprit contradictoires... Je faisais partie de ce genre de personne qui était finalement paralysé par le bonheur et capable de le fuir lorsqu'il se présentait, comme dans un vieux réflexe. C'était l'histoire de ma vie. Mais qu'est ce que j'y gagnais au final? "Ouais, je vois parfaitement" repris-je en appuyant ces mots par un sourire qui se veut réconfortant et capable d'effacer cet air mélancolique de mon minois. Si ma vie était un chaos permanent, je pouvais cependant me féliciter de certains choix, notamment celui d'être revenue ici auprès de Mathis, et de recommencer à zéro avec toutes les complications que cela incluait. « Je vais bien, ne t’en fais pas. » Mes sourcils se froncent, cherchant sans plus attendre un moyen de m'exprimer, sans pour autant remuer le couteau dans la plaie. "Axel...Pour ce que ça vaut, je trouve que tu t'en sors très bien." Mon regard croise le sien avec une sincérité absolue. "Je connais peu de personne qui aurait eu la force d'affronter ça seul et avec autant d'optimisme" Mes lèvres se retroussent doucement, malgré l'absence de gaieté, cherchant à appuyer ces propos bienveillant. Je ne les connaissais pas depuis très longtemps, mais j'étais parvenue à me faire une opinion sur chacun d'eux, et ils étaient ce genre de personne dont il était bon de s'entourer. Souhaitant probablement changer le ton de cette discussion, il cherche finalement à changer de sujet.« Ce n’est pas toi qui m’as proposé un verre de vin ?» Je souris, levant finalement les yeux en l'air après m'être rendue compte de mon manque de serviabilité. "J'suis navrée...mais c'est toi qui m'a distraite" lâchais-je en attrapant un verre à pied. Délivrant le vin blanc dans ce dernier, je finis par le lui tendre avec une légère moue gênée en guise d'excuse. J'agrippe le mien, et viens y tremper mes lèvres avant de plisser les yeux. "C'est presque trop calme pour une maison qui recueille deux enfants". Je me dirige vers le salon, pièce vers laquelle s'étaient dirigé Emily et Mathis quelques instants plus tôt, et je ne peux retenir un léger rictus en les voyant complètement avachis sur le canapé, plongé dans un dessin animé diffusé à la télé. Je me tourne vers Axel, ne pouvant dissimuler mon amusement du moment. "On dirait que cette journée les a achevé..."

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Comme un sentiment de déjà-vu...

feat. Savannah & Axel

Évoquer la mort de Lise lui était extrêmement douloureux. C’était la première fois qu’il le faisait en quatre ans… d’ordinaire, il occultait le sujet ou restait très vague lorsqu’on lui posait ce genre de question. Mais avec Savannah, tout était différent sans qu’il ne soit pour autant en mesure de se l’expliquer. Comme beaucoup de choses en sa présence d’ailleurs… "Axel...Pour ce que ça vaut, je trouve que tu t'en sors très bien. Je connais peu de personne qui aurait eu la force d'affronter ça seul et avec autant d'optimisme" Il plongea son ténébreux regard dans les yeux captivants de la jeune femme, la remerciant tacitement pour son soutien. Elle n’en avait peut-être pas conscience, mais ce qu’elle était en train de dire lui faisait énormément de bien. A ses yeux, la situation était d’autant plus troublante au regard de sa ressemblance frappante avec celle qu’il avait autrefois tant aimé. C’est probablement pour cette raison qu’il avait réussi à s’épancher aussi facilement. Une sensation étrange s’empara de lui tandis qu’il sondait son regard avec une remarquable intensité. Oui, elle lui ressemblait encore plus en cet instant. « Tu me manques tellement… » voilà les mots qui avaient failli s’échapper de ses lèvres, les mots qu’il mourrait d’envie de prononcer tout en sachant pertinemment que cela aurait été absurde. D’ailleurs, cette simple pensée justifiait à elle-seule la perspective de consulter un psychiatre dans les plus brefs délais ! Sans compter que cette illusion malsaine était totalement indigne de sa personne. Depuis quand perdait-il l’esprit ? « Je suis très touché par tout ce que tu viens de me dire. Je t’en remercie sincèrement. » Son regard passa lentement de ses yeux magnifiques à sa bouche divine. A cet instant même, il fit un pas en arrière et frappa ses mains en changeant de sujet. Il n’avait pas envie de lui faire subir sa mélancolie pour les minutes à venir et préférait donc détourner la conversation vers ce fameux verre de vin qu’elle lui avait proposé un instant plus tôt. Axel ne tarda pas à se saisir du verre qu’elle lui tendait et la remercia en lui proposant de trinquer. « A notre renconte mademoiselle Williams ? »… rencontre qui n’était pas seulement le fruit du hasard, il en était intimement persuadé. Axel porta son verre à ses lèvres et avala une gorgée de vin blanc, dont il savoura la fraicheur dans sa bouche. Il s’y connaissait en matière de vin et celui-ci était parfaitement excellent.

"C'est presque trop calme pour une maison qui recueille deux enfants". Axel acquiesça à ses propos, d’autant qu’il s’était fait exactement la même remarque un bref instant auparavant. Cela n’avait rien d’étonnant : les deux enfants avaient fini par s’installer sagement devant un dessin animé, tout deux passablement éreintés de cette journée mouvementée. D’ailleurs, leurs yeux commencaient à se fermer et il était même prêt à jurer qu’Emily dormait. Axel esquissa un sourire devant cet adorable tableau. « J’imagine que tu dois être tout aussi épuisée qu’eux…» déclara-t-il en faisant naturellement allusion à la charge de travail supplémentaire qu’il lui avait donné en lui confiant la garde d’Emily pour la soirée. Il allait ajouter autre chose mais son regard se posa alors sur le piano qui se trouvait dans la pièce. « Whaou, quelle merveille !» Axel était un grand amateur de musique et plus particulièrement de piano. Il en jouait depuis son plus jeune âge et espérait vivement que sa fille suive son chemin. Il posa délicatement son verre et lança un regard vers Savannah, le regard d’un enfant qui vient de découvrir un nouveau jouer sous le sapin un matin de Noël. En effet, ce piano était un modèle tout à fait exceptionnel, fait de matières nobles et dont le son, il le savait, devait être exquis. « Puis-je ?» Il s’assit au piano et un sourire de gamin devant son nouveau jouer fendit son visage. Il adorait en jouer. Pendant un moment, il resta silencieux, fixant les touches pour mieux se concentrer. Enfin, il se mit à jouer un air improvisé. Ses doigts couraient sur les touches qu’il caressait presque amoureusement avec une agilité et une fluidité parfaites. Une mélodie aux teintes douces et mélancoliques, divine et parfaitement improvisée s’échappait du piano tandis qu’Axel ne jouait non pas avec son esprit, mais avec son âme. C’était comme ça à chaque fois qu’il en jouait d’ailleurs. Lorsque eut retenti la dernière note, aucun bruit ne vint troubler le silence. Axel prit alors conscience qu’il n’avait pas demandé à Savannah quels étaient ses goûts et risqua un timide regard dans sa direction. C’est à elle qu’il avait pensé en jouant… enfin… à ce qu’elle faisait naitre en lui. « Je n’en reviens pas… c’est un instrument vraiment magnifique Savannah… le son de chaque note est d’une pureté incroyable.» Son regard sombre et brûlant à la fois s’intensifie tandis qu’un léger sourire se dessine sur son visage. « Accepterais-tu à ton tour de jouer quelque chose pour moi ? Car je suppose que c’est toi qui en joue ici…» Il se décala légèrement, espérant qu’elle accepte de venir prendre place près de lui et lui faire ainsi l’honneur de jouer un air pour lui.

Comme un sentiment de déjà-vu...

feat. Savannah & Axel

Les révélations d'Axel sont aussi déstabilisantes que touchantes. On a parfois tendance à extrapoler nos émotions, à ne retenir que le négatif, comme s'il pouvait primer sur tout le reste, et il y a des événements de la vie qui nous rappelle combien cette dernière peut être précieuse, et qu'il faut savoir profiter de chaque instant qui nous est offert. Je suis ce genre de femme, aveuglée par des émotions que je ne maîtrise pas toujours, et qui me rendent définitivement vulnérable. Les épreuves du passé ne m'ont pas épargnées, mais dans mon cas, je suis à l'origine de chacune d'elles. J'ai provoqué ces douloureux passages de ma vie, oubliant parfois que la vie ne tient qu'à un fil, et qu'il faut savoir se relever. Je méritais ce que je vivais, mais Axel...Une personne si bienveillante et positive n'avait clairement pas le droit qu'on lui retire l'être avec qu'il souhaitait passer le reste de ces jours, pas plus qu'Emily, qui n'aura finalement jamais la chance de grandir auprès de sa mère. Mon silence dénote dans un premier temps un certain respect. J'admire sa force, particulièrement. Ce qui peut semblait normal aux yeux de certains apparaît comme un courage incroyable aux yeux des miens. Je n'ai pas été capable d'être présente pour Mathis, au moment où il avait probablement le plus besoin de moi, et c'est la raison qui me pousse à le lui faire remarquer. "Axel...Pour ce que ça vaut, je trouve que tu t'en sors très bien. Je connais peu de personne qui aurait eu la force d'affronter ça seul et avec autant d'optimisme" Il avait réussi. Il avait probablement traversé des moments de doutes, et il en rencontrerait peut-être encore à l'avenir, mais il faisait de son mieux, et le résultat se lisait à travers la générosité et la joie de vie de sa propre fille. Il méritait qu'on le lui rappelle. L'authenticité de ce moment se lit à travers cet échange de regards. « Je suis très touché par tout ce que tu viens de me dire. Je t’en remercie sincèrement. » Je souris faiblement, n'ayant pas besoin qu'il veuille me remercier pour la sincérité dont je faisais preuve. Par un besoin de changer de sujet, et de quitter cette mélancolie passagère, il vient à me rappeler ce verre de vin, délaissé pour pouvoir prêter plus d'attention à son histoire. « A notre rencontre mademoiselle Williams ? » Un délicieux sourire s'empare de mes traits. "A notre rencontre". Le tintement de nos verres vient à sceller ce toast qui méritait clairement qu'on s'y attarde. Et me voilà partie rejoindre le salon, étonnée du manque d'agitation dans ce dernier. Le tableau qui se dresse sous mes yeux est définitivement touchant, et j'éprouve le besoin de croiser le regard noisette de Axel pour m'assurer qu'il partage lui aussi cette vague d'admiration. Mon sourire se dessine sans plus attendre. « J’imagine que tu dois être tout aussi épuisée qu’eux…» Je plisse les yeux, l'un de mes bras replié contre ma poitrine, alors que la réponse ne semble pas si évidente. "Pas vraiment finalement." Une sorte de rictus m'échappe avant de plonger mes lèvres dans ce délicieux breuvage. "Il en faut plus pour achever une Williams". Ironie...Mathis était parfois capable à lui tout seul de vouloir me faire rendre les armes, mais pour le coup, ils avaient été plutôt facile à vivre. « Whaou, quelle merveille !» Mon air perplexe vient s'ouvrir à nouveau en suivant son regard, qui se perd un instant sur le piano installé quelques mètres plus loin. Si ce dernier était avant tout un moyen de se libérer l'esprit et de laisser parler sa créativité, il se mêlait parfaitement à la décoration, et avait tendance à plus être considéré comme un objet de déco qu'autre chose. Il s'en approche, alors que je le suis, souriant doucement face à l'engouement dont il fait preuve. J'avais fini pour ma part par l'oublier « Puis-je ?» Je hoche de la tête, venant me placer à côté de l'instrument accorde pour pouvoir mieux l'observer. "Je t'en prie" Mes iris bleus viennent se perdre sur ses traits et ce qu'il dégage à ce moment là. Ma passion pour la musique avait été mise de côté durant ces dix dernières années, mais j'éprouvais toujours un réel plaisir à pouvoir observer ce genre de prestation, qui laissait entrevoir à mes yeux une partie de la personnalité qui restait souvent inconnue lors d'une discussion. Le morceau était agréable, particulièrement maitrisé, et la mélodie parvenait à m'emporter, laissant entrevoir l'émerveillement sur mon visage. La dernière note et me voilà à relever les sourcils alors qu'il vient croiser mon regard. Il était définitivement doué "Quel talent!"Je finis par plisser les yeux, en proie à un certain amusement. "Tu maitrises donc parfaitement le piano, la cuisine ne semble plus avoir de secret pour toi non plus...Tu peux peux dire dans quoi tu prêches? "Un léger rire s'extirpe de mes lèvres rosées alors que je viens boire une nouvelle gorgée.« Je n’en reviens pas… c’est un instrument vraiment magnifique Savannah… le son de chaque note est d’une pureté incroyable.» Je hoche de la tête, haussant finalement les épaules. "Ils appartenaient à mes parents....Qui l'avaient eux-même récupéré de mes grands parents" Et c'est sur ce dernier que j'avais passé des heures durant mon enfance, éprouvant un bien-être incroyable lorsque je venais m'y installer pour y jouer quelques notes.« Accepterais-tu à ton tour de jouer quelque chose pour moi ? Car je suppose que c’est toi qui en joue ici…» Mes lèvres se décollent l'une de l'autre, laissant entrevoir une sorte de gêne à cette idée. "J'suis pas sûre que ce soit une bonne idée...J'n'arriverais jamais à ton niveau" lançais-je avant de céder, et de me débarrasser de mon verre. Je viens m'installer sur la banquette du piano, éprouvant un sentiment étrange à le sentir si proche de moi. J'observe les touches, comme si ces dernières pouvaient décider de se jouer de moi. Et les quelques notes laissent entrevoir une mélodie capable de lui soutirer un sourire, puisqu'il s'agit d'une mélodie plutôt enfantine, au clair de la lune . Je ne peux retenir un rire alors que je cherche sans plus attendre son regard pour partager mon manque de sérieux. "C'était pas si mal non? Okay...je vais faire un effort." J'inspire doucement, puisant au plus profond de moi pour me laisser emporter par cet air que j'avais si souvent joué durant une période ma vie. Le visage à présent fermé, mes doigts viennent fragilement percuter les touches, me laissant guider par cette force magique que provoquait la musique au plus profond de moi. Je ne pense à rien dans un premier temps, soucieuse de commettre une erreur, puis finalement, mon esprit vagabonde, me rappelant les différents fragments de cette vie durant lesquelles j'avais pu jouer ce passage, et ce qu'ils avaient provoqués en moi. Le silence s'installe finalement, alors que je me pince les lèvres, dans une certaine gêne "Je l'avais pas joué depuis des années" Et c'était un sentiment étrange, comme si tout me ramenait à une vie antérieure, celle que j'avais décidé d'abandonné en même temps que cette passion pour le chant...Les choses avaient tant changées.

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feat. Savannah & Axel

"Quel talent! Tu maitrises donc parfaitement le piano, la cuisine ne semble plus avoir de secret pour toi non plus...Tu peux peux dire dans quoi tu prêches? " Un léger rire s’échappa de ses lèvres tandis qu’il reprenait son verre pour boire une nouvelle gorgée. Axel avait de nombreux défauts mais il n’était pas nécessaire de les dévoiler à Savannah pour le moment. Aussi, il fronça légèrement le nez avec ironie, ne pensant naturellement pas le moindre mot de ce qu’il s’apprêtait à dire : « Tu as raison, quels défauts peut-on raisonnablement trouver à un homme qui cuisine hum ? » Il lui adressa un petit clin d’œil complice avant de se recentrer sur le piano. Attentivement, il écouta Savannah parler de ce sublime instrument comme d’un héritage familiale et présuma que sa valeur sentimentale devait être énorme pour elle. Il comprenait maintenant ses mains fines et délicates. C’était une artiste. Une belle femme qui joue du piano, il trouvait cela vraiment très sexy. « Tu dois y être particulièrement attachée. Il y avait d’autres musiciens dans ta famille ? Pour ma part quand j’ai commencé à étudier le piano, je devais avoir plus ou moins le même âge qu’Emily. J’ai toujours adoré ça et fut un temps où je voulais en faire mon métier. Mais mon père souhaitait que je fasse de « vraies » études, selon lui. Le piano n’était à ses yeux qu’un passe-temps. J’aurais aimé partager cette passion avec quelqu’un d’autre étant enfant. Tout ce que je peux dire, c’est que mon engouement ne m’a jamais quitté… le piano est une sorte de constante dans ma vie, j’en joue systématiquement quand j’ai besoin de décharger mes émotions. C’est comme ça. » Axel possédait également un piano sur lequel il passait beaucoup de temps à jouer et à composer. Tant bien que mal, il essayait d’intéresser Emily aux bases de la musique, espérant secrètement qu’elle lui demande d’ici une année ou deux, d’apprendre à en jouer à son tour. En attendant, il était curieux d’entendre Savannah jouer quelque chose et n’hésita donc pas à formuler sa demande. « J'suis pas sûre que ce soit une bonne idée...J'n'arriverais jamais à ton niveau. » Ses réticences le firent sourire. Il connaissait ce sentiment de gêne lorsqu’une tierce personne vous demande de jouer pour elle. La peur de mal faire, de se tromper, de ne pas plaire. Aussi, il ne pu s’empêcher de l’encourager. « Allons, ne dis pas de bêtises. Je suis certain que tu joues merveilleusement bien.» Son sourire s’accentua lorsqu’il comprit que la jeune femme cédait finalement à son caprice et venait s’installer à ses côtés. Au fur et à mesure que la distance entre eux diminua, ses sens se mirent en alerte. Axel eut soudain une conscience extrême de la proximité entre eux et en eut le souffle coupé l’espace d’une seconde. Jamais encore ils n’avaient été aussi proches l’un de l’autre… elle se tenait si près, qu’il pouvait même respirer son parfum délicat et deviner la douceur de sa peau, ce qui bien entendu, ne fit qu’accroitre sa tension. Axel dut déployer des trésors de volonté pour essayer de faire abstraction de ce qu’elle faisait naitre en lui. Mais en toute honnêteté, quel homme aurait pu résister à la vision de Savannah, en train de jouer du piano ? Elle était tellement délicate et sensuelle… Il l’observa en silence, incapable de déchiffrer son regard. Comment parvenait-elle à lui faire cet effet, lui qui d’ordinaire était si impassible ? La troublante demoiselle ne tarda pas à observer les touches et Axel retint son souffle dans l’attente de découvrir quelle merveille musicale allait naitre sous ses doigts. Au clair de la lune ? Axel n’en revenait pas et un rire franc s’échappa de ses lèvres. "C'était pas si mal non? » demanda-t-elle. « Excellent, je dirais ! » Savannah avait beaucoup d’humour et cet humour le ravissait. C’est une qualité qu’il appréciait beaucoup chez les autres. Il observa un court instant son doux visage, semblable à celui d’une poupée de porcelaine, redevenir sérieux. Elle était adorable. Axel porta son regard sur les doigts de la jeune femme avant de fermer les yeux. Savannah commença alors à jouer sans retenue. Les notes étaient sensuelles, lentes. De nouveau, la beauté envoutante de la musique ne tarda pas à l’envahir. Son talent était remarquable, il ne pouvait le nier. La musique flottait jusqu'à eux, les enveloppant, leur donnant l'impression d'être seuls au monde. C’était tout simplement majestueux. Lorsqu’elle s’arrêta, le temps semblait suspendu à ses doigts… la dernière note s’envola peu à peu et c’est à ce moment précis qu’Axel rouvrit les yeux, enchanté par ce qu’il venait d’entendre. Il laissa son regard parcourir les mains, les bras puis le visage de la jeune femme et son pouls s’accéléra brusquement. Quel moment incroyable. "Je l'avais pas joué depuis des années." Axel réprima ses pensées vagabondes. « Tu joues merveilleusement bien Savannah… vraiment ! Et tu dis que tu n’as pas joué depuis des années ? C’est incroyable. Je suis épaté. Sache que j’ai beaucoup aimé t’entendre.» Sans s’en rendre compte, il posa machinalement sa main sur le poignet de la jeune femme pour appuyer ses propos. Il n’en prit conscience qu’au moment du contact entre eux, électrique et intense. Un peu comme si rien d’autre ne comptait que la sensation de sa peau contre la sienne. C’était comme s’ils étaient prisonniers d’une bulle hors du temps. Quand il réalisa cela, il ôta sa main et se força à sourire légèrement mal à l’aise d’avoir eu ce geste. « Pourquoi as-tu mis la musique à distance ? Quand on a autant de talent, il y a forcément une bonne raison…» Axel savait qu’il posait peut-être une question qui ne le concernait en rien mais il trouvait cela vraiment dommage qu’elle occulte un tel talent. Car vraiment, elle était très douée. « Je suis désolé, je suis parfois un peu trop curieux…» Un sourire espiègle naquit sur son visage. Il s'intéressait vraiment à elle.

Comme un sentiment de déjà-vu...

feat. Savannah & Axel

Axel parvenait encore à me surprendre. Chaque détail qui le concernait alimentait peu à peu l'image que je me faisais de lui, et cette image, parfaitement irréprochable, avait de quoi envier n'importe quelle personne censée. Comment un homme, avec un tel vécu, pouvait se montrer si fort et impassible? L'écho de son rire accentue ce sourire sur mes lèvres. A défaut de lui en trouver, je compte sur lui pour m'en livrer, et espérer relativiser sur ma personne, particulièrement instable et blâmable. « Tu as raison, quels défauts peut-on raisonnablement trouver à un homme qui cuisine hum ? » Je hausse les sourcils, un air espiègle sur le visage et finit par lâcher un rire. "Je n'sais pas.... Mais j'te fais la promesse que rien ne sortira d'ici si tu souhaites te confier" Je penche légèrement mon visage vers mon épaule, tentant de l'amadouer par un regard attendrissant, seule arme capable de le faire faiblir présentement. « Tu dois y être particulièrement attachée. Il y avait d’autres musiciens dans ta famille ? Pour ma part quand j’ai commencé à étudier le piano, je devais avoir plus ou moins le même âge qu’Emily. J’ai toujours adoré ça et fut un temps où je voulais en faire mon métier. Mais mon père souhaitait que je fasse de « vraies » études, selon lui. Le piano n’était à ses yeux qu’un passe-temps. J’aurais aimé partager cette passion avec quelqu’un d’autre étant enfant. Tout ce que je peux dire, c’est que mon engouement ne m’a jamais quitté… le piano est une sorte de constante dans ma vie, j’en joue systématiquement quand j’ai besoin de décharger mes émotions. C’est comme ça. » A l'inverse d'Axel, si la musique avait été ma raison de vivre durant de nombreuses années, l'accident que j'avais provoqué avait changé cette donne, et ce rêve que j'étais entrain de réaliser s'était soudainement volatilisé, comme s'il n'avait finalement jamais existé, ou alors, qu'il m'appartenait dans une autre vie. Est ce que je continuais de jouer du piano? Finalement trop peu, face à l’instrument majestueux qui encombrait la pièce, et qui méritait probablement bien plus d'attention. Cependant, je n'éprouvais plus ce sentiment de nervosité lorsque mes doigts venaient palper les touches, et ce, depuis mon retour à Brisbane, survenu quelques années plus tôt. "Je pense que mes frères ont probablement dû faire quelques tentatives, lorsque je voulais bien lâcher le siège..." m'amusais-je face à ce souvenir. La différence d'âge, particulièrement élevée, avec Saül notamment, ne me permettait cependant pas de m'en souvenir. "J'ai surtout appris avec mon père..." repris-je, retroussant doucement mes lèvres face à cette confession qui suscitait d'autant plus d'émotions, maintenant que ce dernier n'était plus de ce monde " J'pense qu'il a fini par être lassé de m'entendre jouer n'importe comment, et il s'est décidé à m'apprendre jusqu'à ce que je sois assez à l'aise pour m'approprier l'instrument." L’intérêt de la musique n'avait fait qu'accroître depuis ce moment là, et je m'étais finalement laissée entraîner par de nouvelles choses, comme la guitare ou le chant, ayant ce besoin constant d'aller toujours plus loin. L'invitation d'Axel à me livrer à ce genre d'exercice me laisse pantoise. J'ai un moment d'hésitation, alimentée par une gêne saisissante dont il m'est impossible de me défaire. « J'suis pas sûre que ce soit une bonne idée...J'n'arriverais jamais à ton niveau. » C'était un fait. Les seuls morceaux que je venais encore à jouer se limitaient à quelques mélodies enfantines pour amuser Mathis. « Allons, ne dis pas de bêtises. Je suis certain que tu joues merveilleusement bien.» C'était le cas dix auparavant, je n'étais cependant pas certaine que mes facultés soient restées intactes après tout ce temps. "Bien, tu l'auras voulu" lançais-je en venant me glisser à ses côtés. Sa présence apporte à mes côtés une chaleur rassurante, qui me permet rapidement d'oublier mes craintes précédentes. Un sentiment bienfaiteur dont je m'imprègne pour songer au morceau que je m'apprête à jouer. Une pression certainement trop grande, je ne peux m'empêcher de la libérer par un air qui lui sera familier, et qui sans plus attendre, provoque un rire chez chacun de nous. C'est ma façon de riposter, l'humour. Une arme capable de faire des miracles face à des émotions trop fortes à gérer. "C'était pas si mal non? demandais-je en venant croiser son regard, comme si j'attendais une réponse sincère de sa part. « Excellent, je dirais ! » Je me pince les lèvres, tâchant de me recentrer sur sa demande initiale, bien plus sérieusement cette fois-ci. Mes premières notes, lentes, timides, semblent libérer cette passion qui auparavant m'animait. J'ai l’impression que rien à changer, que ce morceau si familier fait naître en moi les mêmes émotions qu'auparavant, et je me laisse envahir par ce sentiment, délicieux, envoûtant et troublant à la fois. Un léger souffle, faiblard, m'échappe, témoignant de l'intensité du moment, alors que le silence règne à nouveau. "Je l'avais pas joué depuis des années." avouais-je, avec une fragilité perceptible. « Tu joues merveilleusement bien Savannah… vraiment ! Et tu dis que tu n’as pas joué depuis des années ? C’est incroyable. Je suis épaté. Sache que j’ai beaucoup aimé t’entendre.» Sa main, rassurante et délicate se pose sur ma peau. Un contact chaud et agréable que j'observe furtivement et machinalement avant que mon regard ne retrouve le sien. "C'est gentil" Un bref acquiescement de tête pour l'en remercier, avec une sincérité poignante. Ses doigts libèrent mon poignet, alors que je m'efforce de reprendre une attitude naturelle. « Pourquoi as-tu mis la musique à distance ? Quand on a autant de talent, il y a forcément une bonne raison…» Une grimace s'empare sans plus attendre de mes traits, cette réponse ne pouvait qu'évoquer cette partie de ma vie particulièrement honteuse et affligeante. Une partie de ma vie que je n'évoquais pas, ou alors de force. « Je suis désolé, je suis parfois un peu trop curieux…» Je me gratte le haut de la tête, cherchant inlassablement un moyen de fournir ces réponses, sans plonger dans le récit plombant de cet homicide que j'avais commis. "Pour être tout à fait honnête avec toi.... J'ai été repérée par un agent lorsque j'avais 23 ans. J'ai fais pas mal de représentations. Je montais sur scène, et j'y interprétais mes compositions, avec une guitare ou par le biais d'un piano. Et puis...." Mon regard se perd instant face à moi, cherchant ce souffle, capable de me donner le courage de surpasser cette douleur intérieure. "Il y a eu cet accident de voiture un soir...Quelqu'un y a perdu la vie. Depuis.... j'ai jamais eu le coeur à reprendre tout ça, tu vois?" Ca pouvait sembler étrange d'assimiler ce décès à la musique, mais pourtant, c'est bien ainsi que je le voyais. Si je ne m'étais pas laissée entraîner par le milieu du spectacle, si je n'avais pas fait preuve de tant de négligence face à l'adrénaline que suscitait le traque de l'avant scène, je n'aurais peut-être pas vécu ces moments difficiles de ma vie. Ces "Si" m'avaient cependant amener la plus belle chose que je pouvais espérer, Mathis. Sans cette tragédie, je n'aurais pas été suivie par James, bénévole dans une association qui vient en aide aux victimes, et sans lui, notre histoire d'amour n'aurait jamais permit à Mathis de pouvoir découvrir ce monde. Il y avait donc quelques points positifs à en tirer.

Feel like shit.

The world was on fire, no one could save me but you. It's strange what desire, will make foolish people do. I never dreamed that I'd meet somebody like you. I never dreamed that I'd lose somebody like you

Invité Invité

Comme un sentiment de déjà-vu...

feat. Savannah & Axel

Axel avait du mal à concevoir qu’un pareil talent demeure caché… Le monde entier méritait d’entendre ce qu’il avait eu le privilège d’écouter ce soir et de toute évidence, Savannah était capable de bien plus encore. Elle avait de l’or au bout des doigts. Une sorte de magie qui l’avait subjugué dès la première note. Elle était incroyable. "Pour être tout à fait honnête avec toi.... J'ai été repérée par un agent lorsque j'avais 23 ans. J'ai fais pas mal de représentations. Je montais sur scène, et j'y interprétais mes compositions, avec une guitare ou par le biais d'un piano. Et puis...." Axel fronça légèrement les sourcils, vraiment curieux d’entendre la suite. Il sentait bien qu’il était difficile pour Savannah de s’exprimer sur le sujet et s’en voulait d’avoir conduit la jeune femme sur ce terrain glissant. Il n’avait pas l’intention de réveiller chez elle de mauvais souvenirs, ni de la mettre mal à l’aise d’une quelconque façon. Silencieusement, il attendit qu’elle continue, comprenant qu’elle avait besoin de trouver les bons mots pour s’exprimer sur un sujet sensiblement délicat. "Il y a eu cet accident de voiture un soir...Quelqu'un y a perdu la vie. Depuis.... j'ai jamais eu le coeur à reprendre tout ça, tu vois?" Axel se pencha légèrement en arrière et croisa ses bras devant lui. Elle venait de lui faire des révélations vraiment intimes concernant sa vie, des révélations dont il ne réussissait pas encore à envisager toute la portée. Dans le fond, il y avait encore tellement de choses qu’il ne connaissait pas à son sujet. Qui était-elle en réalité ? Quelles expériences l’avaient forgée à devenir la femme qu’elle était aujourd’hui ? Axel espérait avoir la chance de la cerner un peu mieux un jour. Mais en attendant, il comprenait parfaitement ce qu’elle venait de lui expliquer. Nous avons tous des réactions différentes face à une situation traumatique et il n’y avait rien d’absurde dans ce qu’elle venait de dire. « Je comprends … il y a certains évènements dans la vie qui nous poussent à faire des choix différents… voire à assimiler des activités que l’on aimait beaucoup à de mauvaises choses. Ca a dû être diffiicle. » Axel s’exprimait avec douceur et sincérité car il ressentait bien le trouble de Savannah à l’évocation de son passé. Un accident de voiture, quel qu’en soit la nature, est toujours un évènement marquant en soi, encore plus quand quelqu’un y laisse sa vie. Peut-être s’agissait-il d’un ami ou d’un parent proche ? Cependant, il n’avait pas l’intention de poser la moindre question à ce sujet, si Savannah souhaitait lui en dire davantage, il serait à l’écoute mais en aucun cas il ne lui forcerait la main. Il l’observa un instant et ajouta :« Je suis navré de ce qui t’es arrivé car je sens que cela te touche beaucoup… » Il n’y avait qu’à l’observer pour le comprendre. De son côté, Axel tâcha de ne rien laisser paraitre de la tempête de sentiments qui faisaient rage en lui. Il aurait voulu la consoler, trouver les bons mots… mais une telle blessure ne guérit jamais totalement, il était bien placé pour le savoir. Délicatement, il glissa un doigt sous le menton de la jeune femme pour qu’elle le regarde à nouveau. Il était important qu’elle entende ce qu’il avait à lui dire. « Savannah… je n’ai pas besoin de te connaitre depuis bien longtemps pour deviner quelle femme merveilleuse tu es… il n’y a qu’à te regarder pour le comprendre. J’ignore tout de tes démons mais ce dont je suis certain, c’est que tu as un talent incroyable… un don. Et je te remercie du fond du cœur d’avoir bien voulu m’ouvrir ton jardin secret et me faire vivre cet instant. » Il lui adressa un sourire tendre, lui faisant comprendre qu’il comprenait que c’était difficile pour elle mais aussi, qu’il se sentait extrêmement privilégié qu’elle lui ai fait confiance au point de s’ouvrir de la sorte.

Dehors, le bruit du tonnerre se fit de nouveau entendre. C’était très rare par ici et surtout en cette saison. Le mauvais temps s’était installé dans l’après midi et l’orage avait éclaté une première fois tandis qu’Axel était au bureau. Eclairs et coups de tonnerre s’étaient succédés à une vitesse incroyable. « On dirait bien que ça va recommencer… » Ce n’était plus qu’une question de secondes avant que l’orage n’éclate véritablement. Perplexe, il lança un coup d’œil en direction des fenêtres pour inspecter les alentours. La pluie commençait déjà à ruisseler contre le verre épais, l’empêchant d’avoir une bonne visibilité, néanmoins, il parvint à distinguer la forme de sa voiture, garée juste devant chez Savannah. « Peut-être le signal qu’il est grand temps pour nous de rentrer… » A contre cœur, cela va sans dire… Axel n’avait pas la moindre envie de quitter Savannah… il aurait pu passer la soirée et la nuit entière à discuter avec elle. « C’était une très belle soirée Savannah… merci encore pour tout ça. » Il lui adressa un nouveau sourire sincère puis se leva. Emily et Mathis dormaient désormais côte à côté sur le canapé, ce qui le fit rire légèrement. Puis, avec toute la délicatesse dont il savait faire preuve, il alla vers Emily, se baissa près d’elle et lui caressa doucement les cheveux. « … Hey ma puce… il faut te réveiller ma princesse….Emy, tu m’entends ? » Elle entrouvrit à peine les yeux et fit signe que oui. Axel ne manqua pas de la soulever tendrement dans ses bras et la petite fille se rendormit presque aussitôt, la tête dans le cou de son père. « J’aimerais tellement m’endormir aussi facilement !! » lança-t-il à l’attention de Savannah, non sans espièglerie. Bon… il était tant pour lui de s’en aller. En compagnie de la jeune femme, il avança jusqu’à la porte et une idée lui traversa alors l’esprit. Ok, c’était audacieux et affreusement déplacé de lui demander ça de but en blanc mais… il se lança : « Vendredi soir, l’ambassade organise une réception en présence des différents membres du gouvernement… c’est le genre de soirée pompeuse que je déteste mais à laquelle je suis dans l’obligation de me rendre… le côté positif c’est qu’il y a toujours un excellent buffet, du champagne et de la musique sympa… Est-ce que … ça te dirait de m’accompagner ? » Il plongea son ténébreux regard dans les magnifiques prunelles de la jeune femme, espérant que sa demande ne paraisse pas trop cavalière. Il comprendrait parfaitement son refus mais espérait du fond du cœur qu’elle accepte.

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