24 février 2022. Zoya a été plongé dans le domaine très tôt. Sa mère, peintre, a laissé ses enfants pataugés plus d’une fois dans la peinture et dire que l’unique fille de la fratrie Lewis n’y est pas tombée dedans petite serait mentir « Il faudra que tu me montres ça. ». Cela fait longtemps qu’elle n’a pas été se perdre dans l’atelier de sa mère, endroit où elle a depuis toujours aimé trouver refuge pour s’adonner à cette passion, quand elle sent que la photographie ne sera pas suffisante pour apaiser ses maux. Elle acquiesce alors, ne rechignant pas à l’idée de lui montrer quelques tableaux qu’elle a pu réaliser, tout en continuant de picorer dans l’assiette de Freddy assez naturellement.
« J’ai assez de ma vie pour les yeux du public. Peindre c’est pour moi, pas pour les autres. Mais oui je peins souvent » Elle comprend qu’il veuille avoir son jardin secret, celui que très peu lui connaisse et qu’il partage pourtant avec elle aujourd’hui. Ce qu’elle apprécie d’ailleurs, montrant qu’ils sont prêts tout deux à faire un pas de plus pour se faire confiance mutuellement. « Il faudra que je passe à cette galerie, ta mère a peut-être des œuvres qui pourraient m’intéresser. » « J’en suis persuadée elle marque une pause, un sourire amusé se dessinant sur ses lèvres « Et je ne dis pas ça parce que une bonne partie des œuvres qui sont exposés sont celle de ma mère ». Et puis, fidèle à elle-même, elle redevient sérieuse, pointant son index vers lui « Abstiens-toi de dire que c’est moi qui t’envoie elle marque à nouveau une pause et ajoute abstiens-toi tout court de dire qui tu es en fait » A ce rythme, elle va finir par le dissuader de s’y rendre tout court. Son sourire revient cependant, même si ces conseils sont à prendre au sérieux quand la mère Lewis n’est clairement pas emballée par le père de sa petite-fille. Elle hausse d’ailleurs les épaules, portant ses mains de part et d’autre de sa tête comme pour lui signifier un sorry not sorry presque sincère.
La confession qu’elle vient de lui faire n’est pas des plus évidentes. La plupart de ses proches sont à présent au courant – en même temps, ils ont été surpris de voir une Zoya déterminée à avoir cet enfant quand tout le monde la connait suffisamment pour savoir que ce n’est pas le genre de nana à accepter à avoir des responsabilités – et elle estime que Freddy est en droit aussi de comprendre pourquoi, une personne comme elle, avec qui il a d’énorme points communs caractériellement parlant, a décidé de garder l’enfant. « C’est pas que j’ai jamais voulu d’enfants, j’ai envie d’être père. C’est juste que j’ai jamais pensé pouvoir être un bon père et que je voulais pas imposer ça à un enfant. » Elle le comprend, laissant échapper un soupir alors qu’elle acquiesce mollement. C’est ces mêmes interrogations qu’elle a eues quand elle a dû faire ce choix, celui de garder l’enfant ou non. La volonté d’être mère, mais plus tard mélangé à cette envie de la garder car c’était son unique chance, en sachant très bien qu’elle allait imposer à sa fille aussi son incapacité à gérer… et la preuve, c’est ce qu’elle a fait… « Mais je vais essayer. ». Elle aussi, sa culpabilité suffisamment grande, déterminée à mettre tout en œuvre pour que leur fille grandisse entourée de deux parents aimants et surtout à la hauteur. Ils ont le même objectif et c’est sûrement ce qui aide un peu à égayer les traits de la photographe. « Je comprends pourquoi tu l’as gardée. ». Et c’est un pas de plus vers cette confiance grandissante, nécessaire pour qu’ils puissent réussir dans cette coparentalité qui leur incombe désormais.
Zoya Détends-toi le slip, j’suis pas SI horrible que ça !
Oh, elle les a bien reçus les divers messages de la Cadburry lui sommant de bien se comporter avec son Jordan. Parce qu’aujourd’hui est le grand jour, THE big day, le jour qui a valu à Zoya de dire à la blonde un ah bah il était temps quand elle lui a émis son souhait de lui faire enfin rencontrer son mec. La Lewis ne comprend pas pourquoi elle a mis autant de temps à se décider à le faire, Zoya n’oserait jamais mal se comporter… enfin. Bon, nous devons reconnaitre que la photographe n’a pas reçu la nouvelle avec enthousiasme quand Birdie lui a confié s’être trouvé ce Jordan. Mais pour sa défense, en novembre dernier, quand elle l’a appris, elle n’était pas très bien lunée. Des doutes sur ses capacités à être mère, des disputes avec un bon nombre de ses proches et voilà que le cocktail explosif que peut parfois être la Lewis a fini par exploser avec les reproches de Birdie et cette nouvelle qui ne tombait pas du tout à point nommé. Mais elle s’est rattrapée après ça la Zoya, elle a pris soin même de leur faire un petit cadeau pour eux deux à Noël. Preuve qu’elle est en train de changer d’ailleurs, parce que mine de rien, elle tente de devenir une adulte responsable maintenant, après avoir eu une période de vide intersidérale. Et Birdie en a été témoin et c’est sûrement pour cette raison aussi qu’elle compte sincèrement bien se comporter… enfin, elle va essayer. “Hey, Zolooooo!”. Chloe dans sa poussette, Zoya arrive au lieu de rendez-vous plutôt décontractée. Elle guette toujours du coin de l’œil qu’aucun paparazzi à la con n’est à ses trousses mais il semblerait qu’il n’y ait personne à l’horizon. Elle est toujours amère à ce sujet mais la pression est plutôt retombée là-dessus et les choses se sont tassées avec Freddy. Jusqu’à la prochaine prise de bec... Un grand sourire apparait sur les lèvres de la brune qui accepte avec plaisir l’étreinte de la Birdie « Hey » “C’est dingue, je m’attendais pas à te voir ici.” A ça, Zoya ne peut s’empêcher de laisser échapper un « C’est pourtant bien toi qui m’a envoyé une dizaine de messages pour me faire venir ici et… » et qui m’a dit de bien me comporter tout ça tout ça mais ça, elle s’étouffe avec et le garde pour elle. Ne commençons pas déjà à mettre la little bird dans l’embarras, Zoya esquissant un sourire taquin. “Salut, petite grenouille!” Si Birdie prend le temps de saluer la fille de Zoya, cette dernière a tout le loisir de poser son regard sur l’heureux élu. Heureux élu dont elle connait parfaitement l’identité mais tout de même « Tu ne fais pas les présentations ? » demande alors Zoya à Birdie, sans quitter Jordan du regard, d’un air innocent. “Ahem, donc, Zoya, Jordan. Jordan, Zoya.”. Et comme la mère commence à déteindre sérieusement sur sa fille, cette dernière se fait entendre pour avoir droit à des présentations, elle aussi “Et Chloe. J’avais oublié la plus importante. ” « Enchanté, Jordan » fait alors Zoya en tendant sa main pour que iel s’en saisisse. Dire qu’elle n’a pas remarqué la couleur de cheveux de Jordan serait mentir et elle se retient très fortement pour ne pas faire la même vanne qu’elle a pu faire à Anwar quelques semaines plus tôt en découvrant sa teinture blonde. Well en attendant, il y a comme un blanc du coup, Zoya ajoute « Birdie m’a parlé de toi vous remarquerez l’absence du beaucoup qui est normalement présent dans ce genre de phrases, mais elle ne va pas mentir non plus en le disant, Birdie ne lui a pas parlé plus que ça de son Fisher non plus. « j’ai cru qu’elle n’allait jamais faire les présentations, je commençais à me poser des questions » Ok, elle est possiblement vache pour le coup, un sourire se dessinant sur ses lèvres alors qu’elle donne un léger coup de coude à la blonde « J’aime beaucoup ta couleur de cheveux ». Et c’est sincèrement, même si elle voulait le taquiner un peu plus tôt à ce sujet.
All the things we could have been - Chapter #8 Raelyn Blackwell & @Amos Taylor - Univers alternatif - 2007, 20 ans
« Je ne peux pas te dire comment moi je les envisage. Ou ce que j’aimerais en attendant de voir… d’y voir plus clair. » Ce qu’il aimerait ou ce qu’il convient de faire ? Si avant cette semaine, il me donnait l’impression de ne pas savoir ce qu’il voulait, ces cinq derniers jours les choses m’ont semblé bien plus claires. Était-ce juste une jolie illusion ? Un rêve, une parenthèse vouée à se refermer ou bien avons-nous passé un cap, le point de non retour ? Signera-t-il notre perte ou bien au contraire, un renouveau pour Amos ? « Parce que je sais que tu ne peux pas me promettre de ne pas partir, mais je ne supporterais pas que tu le fasses. » - « Peut-être que je ne supporterai pas de rester. » Pas parce que je ne veux pas être proche de lui, mais parce qu’il y a Sarah, que nous avons fait l’amour dans son lit et que si j’ai réussi à faire l’autruche ces derniers jours, je la vois de nouveau partout. « En fait, je ne sais pas si j’ai le droit de le dire ou si je dois te laisser décider toi. C’est… » Je détourne le regard quelques secondes, troublée, émue et dérangée par toutes ces choses que je voudrais ne pas ressentir. « J’ai pas les cartes en mains. » Parce que je suis libre. Parce que je n’ai de comptes à rendre à personne. J’ai personne et je suis égoïste : Sarah et même Sophia, je me moque des les blesser. Je me moque des conséquences qu’auront nos actes sur elles mais je doute que ce soit le cas de mon complice. Le terme est adéquat puisqu’au regard de toutes ses convictions, nous avons certainement commis un crime.
« Je ne veux pas que tu te laisses influencer parce que je vais dire là, mais moi, je ne veux pas que ça s’arrête. Je me moque de compter les heures jusqu’à ce que je puisse te retrouver et tant pis si je dois devenir complètement fou… Je ne veux pas que son retour soit comme une rupture. » Mes yeux gorgés d’espoir retrouvent le chemin des siens et mon cœur s’accélère. J’ai l’impression qu’il va exploser ou s’échapper de ma poitrine. « Je veux que ça s’arrête parce que c’est trop douloureux pour toi et pour moi, pas parce qu’elle l’aura décidé. Je veux qu’on essaie… le temps de… D’y voir plus clair. Toi comme moi. » Je ne veux pas que les choses s’arrêtent non plus. Alors je me convaincs que l’étiquette de l’amante ma va bien au teint, que je n’ai pas peur de tenir le second rôle et que je n’en souffrirai pas. « Tu veux que je sois ta maîtresse ? » Peut-être que le mot lui fera mal, peut-être qu’il le choquera au point qu’il fasse finalement marche arrière, mais je veux qu’il l’entende. J’ai besoin qu’il l’entende puisque j’ai besoin qu’il réalise que ce sera ça, sa réalité, notre réalité. Je ne veux pas qu’il le réalise plus tard et qu’il fasse marche arrière en piétinant au passage mon cœur, mes sentiments et ma fierté. « Je veux que tu me dises que t’as conscience que c’est ce que je serai, si on essaie. » C’est ce que j’ai été ces cinq derniers jours. « Je veux pas arrêter. » Cette dernière phrase est à peine audible tant elle est prononcée dans un murmure. « Mais je veux pas que tu le fasses plus tard quand la réalité te frappera. » Qu’il réalisera qu’il piétine ses vœux de mariage.
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Demander pardon, ce serait sous-entendre que je regrette et je suis à des kilomères de cette émotion-là. Celle qui me traverse est la cause même de mon inquiétude vis-à-vis de Raelyn. Ne le serais-je pas que je n’accepterais pas que mon coeur s’ébranle pour elle et je serais dès lors un “putain” d’ingrat, un sale type qui gagnerait sa place sans campagne à l’élection du roi des connards. D’un point de vue extérieur, je le suis, évidemment. Je suis un affreux personnage compte tenu que je trempe l’orteil dans le même bain que les gars adultères. Or, j’aurais préféré que tout soit différent. Je ne prononce aucune promesse non plus. Je suis, au même titre que ma protégée, victime de mes sentiments. «Tu ne peux pas me demander ça, de ne pas m’inquiéter pour toi.»ai-je avoué en serrant à mon tour beaucoup trop fort la menotte enfermée dans ma main. La tête tournée dans sa direction, je rêve déjà de l’embrasser. Je voudrais que nous rentrions pour nous aimer une dernière fois avec au corps l’illusion que ce n’est pas interdit, que c’est normal, que c’est le début d’une grande histoire. Je n’ose ni le proposer ni émettre mes envies à voix haute. A défaut, je tente de définir les contours flous de notre relation, cette relation qui n’a pas le droit d’exister, mais que je ne peux nommer différemment sans que mon coeur ne se déchire. Alors que j’invite Raelyn à me regarder avant de me déshabiller de mes sentiments, j’ai déjà la sensation qu’il est morcelé. Pourtant, je tiens bon. Je vide mon sac avec ma sincérité en bandoulière. Je suis authentique quand j’évoque Sofia et je le suis également quand je parle de nous, ce “nous” pour lequel j’implorerais volontiers l’autre partie afin qu’il persiste dans le temps, malgré mon mariage, malgré l’alliance à mon doigt, malgré que ça soit dangereux pour ma fille, pour Raelyn et pour moi. C’est proscrit cependant. ça l’est pour respect pour la jeune femme qui vit chez moi, dans la chambre à côté de la mienne, qui a dormi dans mon lit pendant près d’une semaine et qui retrouvera sa solitude d’ici quelques heures alors que, comme elle, je crèverai de ne pas pouvoir la rejoindre. Aussi, dois-je dénier sa question d’un : «Je ne peux pas te dire comment moi je les envisage.» Ce serait le travers d’un égoïste. Entre elle et moi, elle est la moins bien nantie. « Ou ce que j’aimerais en attendant de voir… d’y voir plus clair.» Quoique mon bébé sera toujours ma priorité. « Parce que je sais que tu ne peux pas me promettre de ne pas partir, mais je ne supporterais pas que tu le fasses. » ai-je tenté avant de soupirer d’anxiété. «En fait, je ne sais pas si j’ai le droit de le dire ou si je dois te laisser décider toi. C’est…» Compliqué au point que je décide sciemment de mettre mon cerveau sur pause et ainsi ajouter : « Je ne veux pas que tu te laisses influencer parce que je vais dire là, mais moi, je ne veux pas que ça s’arrête. Je me moque de compter les heures jusqu’à ce que je puisse te retrouver et tant pis si je dois devenir complètement fou… je ne veux pas que son retour soit comme une rupture.» J’ai mis un pas de côté. C’est trop tard pour avoir des remords vis-à-vis d’elle. Le plus triste pour Sarah, c’est que je n’en ai pas. Je n’ai que des craintes et celle-là en fait partie : « Je veux que ça s’arrête parce que c’est trop douloureux pour toi et pour moi, pas parce qu’elle l’aura décidé. Je veux qu’on essaie… le temps de… » Le regard dans le vide, j’ai réfléchi à ce que j’aurais pu ajouter avant qu’une idée émise plus tôt ne s’impose à moi : «D’y voir plus clair. Toi comme moi.» Et, à nouveau, j’ai plongé mes yeux bleus dans le vert des siens en quête d’une lueur qui laisserait sous-entendre qu’un morceau d’elle abonde dans mon sens.
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« Je te dis pas tout ça pour te demander pardon. » Cela ne serait pas bien grave, de toute façon. Cela ne me pousserait pas à lâcher sa main que je serre certainement un peu trop fort dans la mienne. Sarah pourrait arriver plus tôt, n’importe quel voisin, désireux de rendre visite au couple, pourrait s’engager dans l’allée qui mène à la maison et nous apercevoir, mais s’il s’en moque, alors je m’en moque. Nous devrions être à l’intérieur, en train de profiter de nos derniers instants tous les deux. Nous devions être sous la douche ou en train de nous embrasser sur le canapé jusqu’à en perdre le souffle. Sauf que la peine qui me serre le ventre est violente, trop pour que j’arrive à en profiter : mon cœur pleure déjà celui qui n’a jamais vraiment été à mois et qu’il va perdre dans moins de deux heures. « Je trouve juste que tout ça est un peu violent pour moi et tout porte à croire que ça l’est pour toi aussi. » - « Faut pas que tu t’inquiètes pour moi. » Je caresse du pouce le dos de sa main, sans oser tourner mon visage dans sa direction pour plonger mon regard dans le sien. Je suis forte. Je l’ai toujours été. Mais je crois qu’à vingt ans seulement, je suis déjà fatiguée d’avoir à l’être. Il t’as m’a choisie le temps de cinq jours. C’est déjà ça.
« J’ai peur de ne pas réussir à rester loin de toi…. J’ai plus peur de ça que d’être surpris avec toi en réalité. » Je ramène mes genoux contre moi et je pose ma joue dessus, les yeux à présent tournés dans sa direction. Qu’est-ce que ça veut dire ça, exactement ? Qu’il ne compte pas mettre un point final à ce que nous avons partagé ? Est-ce pour ça qu’il parle d’être surpris ? « Mais, ça blesserait Sofia. Elle serait bousculée et… » - « Je sais. J’ai compris. » Sa petite fille est une priorité avec laquelle je n’essaye même pas de rivaliser. Elle est sa merveille, j’en suis témoin tous les jours et je ne ressens pas de jalousie à l’idée que sa priorité soit de la protéger. Ce qui me fait mal au cœur c’est que, pour ce faire, son couple avec Sarah doit perdurer. « Et, en même temps, je n’ai pas le droit de te demander d’être là… Mais, j’ai pas envie de faire semblant que nous n’avons jamais existé… que nous n’existons pas tout court. Je ne sais pas si tu comprends. » Il est doux, il me dit à demi-mots que tout ce qu’il s’est passé pendant cinq jours compte mais je ne sais pour autant pas ce qu’il attend de moi et comment il compte agir. « Je ne sais même pas si j’avais le droit de te dire tout ça. Mais j’aurais regretté si je l’avais tu. » La tête toujours posée au creux de mes genoux, je l’observe en silence quelques secondes avant de le briser. « Qu’est ce qu’il va se passer maintenant ? » J’ai besoin de concret, j’ai besoin de savoir à quoi m’attendre pour me préparer. « Comment t’envisages les choses ? » Sauver les apparences, pour sa fille, est sa priorité et je l’ai compris. Mais espère-t-il que nous continuerons à nous fréquenter en secret ? A ne pouvoir nous embrasser qu’à la dérobée et faire l’amour lorsque les planètes seront alignées et que toutes les conditions seront favorables ? Le voyage d’affaires de Sarah était une exception. Elle est toujours là, en temps normal. « J’ai besoin de savoir. » J’ai besoin de savoir s’il envisage de me rejoindre dans ma chambre au petit matin à chaque fois qu’elle quittera la maison ou si tout est terminé, parce qu’il ne veut prendre aucun risque. Une partie de moi sait qu’il n’a pas la réponse à ces questions, parce qu’il est sincère, perdu et à fleur de peau autant que je le suis. « Je peux pas te promettre de pas partir. » De la même façon qu’il ne peut pas me demander de rester. J’ai déjà le cœur en miette à l’idée de voir la voiture de Sarah apparaître au bout de l’allée. « Je voudrais. Mais je peux pas. » Ma voix est tremblante, lourde, mais je le sais au fond : un jour et pour me protéger, je serai forcée de prendre la décision de m'éloigner.
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15 heures, déjà. Chaque minute nous rapprochant l’heure fatidique accentue mes angoisses. Je pense pluriel, parce qu'elles sont nombreuses. Vais-je être démasqué ? Une part de moi, celle qui n’est plus amoureuse de sa femme, mais d’une autre, ne l’espère-t-elle pas quant l’autre morceau, celui qui redoute de perdre sa fille, tremble à l’idée d’être incapable de faire semblant ? De jouer aux maris fidèles et toujours épris ? Quel sera l’impact pour Rae , Le supportera-t-elle ? L’envisagera-t-elle de partie pour son bien ? Ce n’est pas impossible puisque ce soir, pour se protéger, elle préfère fuir. Je la comprends. Je fuguerais bien avec elle. Je l’aurais fait si je n’étais pas père de famille et si Sofia ne comptait pas autant pour moi, pour mon équilibre. Toutefois, à défaut d’avouer que Rae, comme mon enfant, me sont toutes les deux essentielles, je choisi de serrer la main de ma jeune maîtresse. Je la presse fort tandis que je tente de la rassurer comme je peux. J’essaie de prendre soin d’elle tant que je le peux encore en lui proposant de manger avec moi : je suis en colère et je serai boule de chagrin à l’heure de passer à table. D’aucuns ne soupçonneraient pour autant que j’ai mis un pied de côté. Que dis-je ? Que j’ai plongé à pieds joints dans la mare de la passion, conséquence de sentiments bien plus nobles, bien plus que l’abandon dont je serai coupable dans moins de deux heures. Je me justifie, d’ailleurs. Je lui affirme, avec authenticité, que si c’était à refaire, je ne changerais rien. Je la rejoindrais sous la douche, je l’embrasserais à pleine bouche à chaque occasion, je la coincerais encore dans un couloir de la maison juste pour lover mon visage de son cou et respirer son parfum à pleins poumons. Je le lui jurerais si elle en avait besoin. Or, tout comme elle, elle a trouvé ces quelques jours parfaits et, ensemble, nous souffrons de cette rupture, nous en souffrons au point de nous plonger dans le bain du mutisme durant quelques courtes minutes puisque déjà, je reprends la parole. Je renchéris après un long soupir de déception et après avoir digéré la vérité : je n’ai rien promis, je n’ai rien fait miroiter à ma protégée. Sauf que ça ne réduit en rien la force de ce que je ressens et l’intensité de mes envies. «Je te dis pas tout ça pour te demander pardon.» D’après moi, ce serait insultant. Ce serait suggérer que nous avons fait une erreur et je maintiens que ça n’en était pas une. Hier ou demain, nous aurions fini dans les bras l’un de l’autre à la première occasion. «Je trouve juste que tout ça est un peu violent pour moi et tout porte à croire que ça l’est aussi.» Elle en a l’appétit coupé : je sais ce que cela signifie. «J’ai peur de ne pas réussir à rester loin de toi…. j’ai plus peur de ça que d’être surpris avec toi en réalité.» Ce qui en dit long sur mes priorités. « Mais, ça blesserait Sofia. Elle serait bousculée et…» Et, pourtant, j’aime Raelyn. Ce qui m’agite n’est plus comparable à l’émoi qui m’a surpris quand elle est sortie de chez le médecin. «Et, en même temps, je n’ai pas le droit de te demander d’être là…» Autrement dit, de se tenir à ma disposition, d’endosser le rôle de maîtresse sciemment. «Mais, j’ai pas envie de faire semblant que nous n’avons jamais existé… que nous n’existons pas tout court. Je ne sais pas si tu comprends.» lui ai-je demandé, tournant mon visage tiré vers elle. «Je ne sais même pas si j’avais le droit de te dire tout ça.» De sous-entendre tout ce qu’elle est essentiel et importante pour moi. «Mais j’aurais regretté si je l’avais tu.»
24 février 2022. « Oui… » il y a de la retenue dans ses mots, quand il avoue que cette peinture est la sienne, un talent qu’évidemment Zoya ne lui connait pas. Comment le pourrait-t-elle, ils n’ont jamais pris le temps de se connaitre, la seule discussion possible qu’ils ont pu avoir ayant été troublé par les effluves de trop nombreux verres d’alcool enchaînés un soir de mai en Italie. Si elle a prêté attention à sa réponse, pour autant, son regard n’a pas quitté la toile peinte qu’elle observe d’un peu plus près. L’art n’a pas vraiment de secrets pour elle, ayant baigné dedans depuis son plus jeune âge avec une mère artiste. Elle complimente la réalisation de l’artiste amateur qu’est Freddy et vient à approcher de ce dernier, qui tient Chloe dans ses bras, pour montrer la toile à cette dernière. Bien sûr, la petite n’a pas de réelles réactions, bien trop jeunes pour comprendre mais semble plus encline à réagir au second cadeau qu’elle ouvre avec son père « C’est quoi ça ? ». Un livre musical qui attire l’attention du bambin, ce tableau là tout aussi apaisant à observer que le précédent. Il n’en faut donc peu pour Zoya d’avoir ce sourire pendu au bout des lèvres alors qu’elle regarde sa fille d’un air attendri, sur les genoux de Freddy.
« Chocolat évidemment. » Zoya s’exécute alors, sortant le gâteau du réfrigérateur pour venir en découper une tranche à Freddy, lui tendant quelques secondes après une petite assiette « Il est très bon. » « Merci » répond-t-elle immédiatement en adoptant cet air un peu hautain, non sans un sourire amusé au coin des lèvres. « C’est toi la grande pâtissière ? Tu caches d’autres talents comme ça ? ». Elle se saisit d’une cuillère et vient picorer directement dans la grande assiette de gâteau restant « C’est moi qui l’ai fait, oui amorce-t-elle une recette de mon père » Elle a cet air quelque peu détaché en parlant de cette passion qu’elle a pour la cuisine alors qu’elle s’est accoudée sur l’îlot central, prenant une nouvelle bouchée « Et je ne me contente pas que de la pâtisserie, je fais de très bons petits plats aussi » beaucoup sont d’ailleurs étonnés de retrouver la jeune femme derrière les fourneaux, au vue de son tempérament et sa manière de vivre « Sinon, concernant mes autres "talents" elle mime les guillemets ou je dirai plutôt passion, je pense qu’on partage celle pour la peinture » son sourire est plus bienveillant à l’encontre de Freddy avant qu’elle ne tourne la tête pour poser son regard sur la toile peinte tu peins souvent ? » demande-t-elle alors qu’elle pioche à nouveau dans le gâteau « Ma mère a une galerie d’art en ville, si jamais ça d’intéresse » La remarque est faite spontanément et sans vraiment réfléchir, proposant ainsi à l’acteur d’autant s’y rendre pour y être spectateurs que pour éventuellement exposer lui-même, quand elle trouve qu’il y a un petit quelque chose de touchant à travers sa peinture faite de leur fille.
« Tu as toujours su que tu allais la garder ? » Si la conversation était beaucoup plus légère jusqu’à maintenant, Zoya doit reconnaitre que la question de Freddy ne manque pas de la prendre au dépourvu, au point qu’elle se redresse et abandonne la petite cuillère qu’elle tenait jusque là dans sa main. L’ambiance change soudainement alors que la photographe a retrouvé un air sérieux et fixe l’acteur quelques secondes, laissant planer le doute quand une quelconque réaction violente. Celle où elle lui demanderait de déguerpir de là, sans ménagement, estimant que cela ne le regarde pas. Mais ses épaules finissent par se détendre, un soupir s’échappant d’entre ses « Ce serait mentir que de dire que je n’ai pas hésiter… au début » Elle fait le tour du comptoir et vient à prendre place sur un des tabourets à côté de Freddy, pivoter face au salon de sorte à regarder Chloe dans son parc « Il a été de courte durée parce que… même si je savais que je n’étais pas prête, je ne pouvais pas passer à côté de cette unique chance » Et c’est à cet instant que Zoya décide de jouer cartes sur table, d’être honnête et surtout de s’ouvrir à Freddy, trouvant son regard « A vingt cinq ans, on m’a annoncé que je ne pourrais jamais avoir d’enfants. Tomber enceinte de Chloe relevait du miracle. Je ne pouvais pas me résigner à … avorter » malgré son incapacité à être mère, malgré son mode de vie et encore de nombreuses raisons qui auraient dû l’amener à avoir un choix contraire. « Le choix de la garder m’a paru comme une évidence… Je sais que je ne suis pas parfaite pour ce rôle… mais j’apprends » son regard se reporte alors sur sa fille, Zoya ne pouvant pas s’empêcher de retrouver cette culpabilité, celle de l’avoir abandonné quelques mois plus tôt, culpabilité qui se lit aisément sur ses traits.
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« Vers 17 heures. Elle m’a laissé un message pour me dire qu’elle serait peut-être en retard. Je ne sais pas quelle heure il est, je n’ose pas regarder. » D’ici une paire d’heure seulement alors. Le temps a filé trop vite et à chaque fois que je pense à la fin qui approche, je ne le supporte pas. J’ai l’impression que je vais vomir et que mon visage va exploser d’avoir trop chauffé. Nous connaissions tous les deux l’issue de cette parenthèse que je qualifierais presque d’enchantée. « Il est presque quinze heures, je crois. » Nous savions qu’au terme des ces cinq jours, il nous faudrait tirer un trait sur notre aventure mais force est de constater que je n’avais pas anticipé la douleur qui serait la mienne. « Je n’ai pas envie que tu t’éclipses pour le dîner. » Mais moi, je n’ai pas envie de rester. Je n’ai pas envie d’être témoin de leurs retrouvailles, qu’elles soient gaies, tendues ou tristes.
Mais quelles solutions s’offrent à moi ? Amos et Sarah m’hébergent depuis des mois et je n’ai nulle part où aller ou, en tout cas, c’est ce que je me répète puisque je n’ai pas envie de quitter le brun. Mais serais-je capable de reprendre ma place en silence et de les observer vivre leur vie de famille sans avoir envie de tuer la rousse dans son sommeil ou de monter sur le toit pour me jeter dans le vide ? Est-ce réellement une vie, ce qui s’offre à moi si je reste ici ? Qui arriverait à respirer dans ces conditions ? « Sarah n’a pas jugé bon de me laisser la petite, comme si je n’étais pas capable de m’en occuper tout seul. Alors, dans le fond, au vu de nous deux, ça m’a arrangé. Mais, au départ, je n’avais pas imaginé que ça tournerait comme ça et c’est insultant. Je n’ai pas l’intention de lui ouvrir les bras et de l’accueillir la bouche en cœur. Mais… si toi tu préfères ne pas être là, je le comprends et je le respecte. » La vérité, c’est que j’écoute à peine sa complainte, celle qui concerne sa femme et la confiance qu’elle lui a témoignée. Cracher mon venin sur la blonde dans le but de ternir son image dans l’esprit de son époux était drôle, c’est jouissif, mais à une autre époque. Le faire aujourd’hui, c’est me rappeler que malgré tout ça, elle restera à sa place dans ses bras et moi à la mienne, sur le bas-côté. « Mais, dans ce cas, on devrait rentrer, que tu manges quelque chose. Je vais pas te laisser monter l’estomac vide… » Je relève mes yeux dans sa direction, le regard perdu et triste. « J’ai pas faim. Et j’aurais pas faim d’ici là. » Je n’aurais faim ni dans deux heures, ni ce soir, ni demain matin j’en ai peur. J’ai le ventre trop noué pour avaler quoi que ce soit. « Mais oui… Je préfère ne pas être là. » Pas parce qu’elle m’impressionne ou que je me sens chassée par sa présence, mais bien parce que j’ai trop mal au cœur.
Honteuse de cet aveu de faiblesse, je détourne les yeux mais c’est bien inutile : Amos semble percevoir ma peine dans son entièreté. « Tu sais, je ne regrette rien. Sauf peut-être la chute. Mais, cette semaine, elle était parfaite… » - « Elle l’était. » Je pensais répondre à une pulsion, à une simple attraction physique, un désir purement sexuel. Si j’en crois ma tristesse, j’avais tort : ces cinq jours m’ont fait plus de bien que je ne l’aurais cru et, surtout, le sixième beaucoup plus de mal. « T’as pas à t’excuser tu sais. » Mon visage à moitié enfoui dans mon épaule, je relève les yeux dans sa direction. « J’ai l’impression que c’est ce que t’es en train de faire. » Ou qu’il se justifie, à minima. « Tu m’as fait aucune promesse. Je le sais. » Je le sais même parfaitement. « Tu m’as pas bercé d’illusions. » Mais peut-être que moi, je l’ai fait et je ne me suis pas rendu service.
All the things we could have been - Chapter #8 @Raelyn Blackwell & Amos Taylor - Univers alternatif - 2007, 20 ans
En ouvrant les yeux, je n’ai pas réalisé que, le jour même, Sarah briserait la bulle de complicité et de sérénité entre Rae et moi. Il m’a fallu près d’une minute pour que cette vérité me frappe de plein fouet et, pour cause, la chaleur de ma maîtresse – n’ayons pas peur des mots quoiqu’il soit détestable et qu’il ne reflète pas le fond de ma pensée – me réchauffait le corps et le cœur. Or, cette nuit, ce sera terminé et, malheureusement, son parfum capiteux s’accordera sur le statut du souvenir. Je ne peux pas laisser les draps : il empeste l’adultère à plein nez. Je n’échapperai pas non plus à la nécessité d’aérer la pièce : elle embaume également de tous nos méfaits. Mais, que me restera-t-il quand ma famille passera le seuil de la porte ? Ne suis-je destiné qu’au chagrin et à la frustration d’être si proche de l’être convoité sans avoir le droit de le toucher, d’y goûter, de le savourer puisque, Rae, elle n’est pas à moi. Elle ne l’aura été que de façon éphémère, tout comme je lui ai appartenu au cours de ses cinq jours. Sauf qu’à présent, tout ne sera bientôt plus qu’un mirage, un joli rêve qu’on espèrera poursuivre un jour, peut-être, mais quand ? Après de longs mois d’attente au cours desquelles je jouerai au mari heureux dans ce couple aliénant qui ne le satisfait plus ? Assis devant la maison, la complice de mes crimes à mes côtés, je suis pensif. Sa main, que je garde dans la mienne sans me soucier que nous soyons aperçus – sur l’heure, c’est le cadet de mes soucis – je la caresse du bout de mes doigts distraitement. Mon regard croque l’horizon et j’évite savamment de jeter une quelconque œillade sur ma montre. Vision insoutenable que de voir le temps défilé, incoercible même : il nous rapproche de la fin et je n’arrive pas à l’envisager sans que mon cœur ne grossisse. J’ai une boule dans la gorge qui se répand jusqu’à mon estomac. J’ai peur de répondre à la question de Rae d’ailleurs. Je crains d’être giflé par l’avenir proche qui nous attend. Pourtant, je m’y colle. Ignorer serait une mauvaise idée : le déni n’a jamais aidé personne. « Vers 17 heures. Elle m’a laissé un message pour me dire qu’elle serait peut-être en retard. Je ne sais pas quelle heure il est, je n’ose pas regarder. » ai-je avoué sans craindre d’être ridicule. Je ne le serais que si mes appréhensions n’étaient pas réciproques. Or, la jeune femme que je n’ai toujours pas lâché souffre de la pareille. C’est palpable. Tangible. Elle s’est projetée et, moi, j’ai déjà envie de m’excuser. « Je n’ai pas envie que tu t’éclipses pour le dîner. » Je le confesse en tout égoïsme : je devine que la proposition était surtout destinée à se protéger et non à m’offrir l’intimité utile à toutes retrouvailles. « Sarah n’a pas jugé bon de me laisser la petite, comme si je n’étais pas capable de m’en occuper tout seul. Alors, dans le fond, au vu de nous deux, ça m’a arrangé. Mais, au départ, je n’avais pas imaginé que ça tournerait comme ça et c’est insultant. Je n’ai pas l’intention de lui ouvrir les bras et de l’accueillir la bouche en cœur. Mais… si toi tu préfères ne pas être là, je le comprends et je le respecte. » Elle fera ce qui lui semblera bon pour son cœur et sa tête. « Mais, dans ce cas, on devrait rentrer, que tu manges quelque chose. Je vais pas te laisser monter l’estomac vide… » Quand tout sera fini…. « Tu sais, je ne regrette rien. Sauf peut-être la chute. Mais, cette semaine, elle était parfaite… » Inédite. De mémoire d’homme, je ne me rappelle pas avoir déjà été aussi en phase et donc épanoui avec qui que ce soit. C’est bon qu’elle le sache, Rae. Ce sera un peu d’onguent pour ses plaies si tant est qu’elles suintent.
All the things we could have been - Chapter #8 Raelyn Blackwell & @Amos Taylor - Univers alternatif - 2007, 20 ans
Malgré nos belles paroles et nos promesses de profiter de ces cinq jours comme si demain n’existait pas, je suis persuadée qu’il y a pensé autant que moi. Je suis persuadée que, chaque matin ou il s’est réveillé en me tenant dans ses bras, il a compté ceux qui restaient, qu’à chaque fois qu’il m’embrassait, il se demandait si ce baiser serait le dernier ou si nous profiterions encore de quelques heures de répit. Moi, je me les suis posées toutes ces questions. J’ai eu mal au ventre lorsqu’il a changé les draps du lit le matin du retour de Sarah - elle aurait senti mon parfum dans le lit conjugal - et la réalité m’a frappée de plein fouet : ce soir, il ne me sera plus possible de le tenir contre moi et de profiter de la chaleur de ses bras. Quand Sarah sera rentrée, elle reprendra sa place et moi la mienne : dans la chambre d’amis, spectatrice du couple bancal qu’elle forme avec celui qui, cette semaine, a été mon amant.
Puisque c’est ce que nous avons été toute la semaine durant. Au fil des heures, nos barrières respectives sont tombées. Les miennes, mes cicatrices liées à mon traumatisme et la pudeur caractéristique des jeunes filles de mon âge, se sont envolées grâce à ses baisers, ses caresses, et lorsque j’ai fini par lui demander de m’accompagner sous le jet d’eau chaude de la douche. Les siennes dès le premier matin : lorsqu’il a retiré son t-shirt pour m’attirer contre lui avant de, au fil des jours, ne presque plus prêter attention au fait d’être torse nu en ma présence. Bien sûr, j’ai usé de délicatesse. Jamais je n’ai fixé les marques sur sa peau ou fait le moindre commentaires. Comme je le lui ai dit, elles font partie de lui et je me moque bien de sa peau abîmée. « Elle a dit qu’elle rentrait à quelle heure ? » Je le lui demande après le repas de midi, assise à ses côtés sur le petit banc installé sous le porche de la maison. A présent, impossible de prétendre que je n’ai pas peur de la fin de notre parenthèse et qu’elle ne m’obsède pas. Il n’est plus question de jours, mais d’heures. « Elle va être contente de vous retrouver, toi et Sofia. » Autrement dit : bientôt, tout le monde sera réuni et ils pourront jouer à la petite famille parfaite. « Si elle rentre avant le dîner, je peux m’éclipser. Je prétexterai que je n’ai pas faim, ou que j’ai une migraine. » Et je m’enfermerai dans ma chambre, plus pour m’épargner la vision de lui qui la prend dans ses bras, ou de leurs lèvres qui se retrouvent que pour leur laisser de l’intimité. Je ne peux pas prétendre être une quelconque victime dans toute cette histoire : j’étais parfaitement consciente que notre bulle finirait par éclater, tout comme je savais qu’au bout du compte, j’aurais mal au cœur. Sauf que je n’étais pas préparé à la force de mon chagrin. J’ai l’estomac retourné, la gorge et les joues qui me brûlent, et l’impression d’avoir la nausée. C’est triste et dommage : nous pourrions être en train de profiter des dernières heures plutôt que de pleurer la fin de notre aventure.
La réputation c'était un élément important pour lancer un commerce et pourtant, souvent, les lieux avec mauvaise réputation attirait plus facilement la clientèle, puis Mitchell Strange n'était pas du genre à se soucier de l'opinion du peuple, donc bon, ce n'était pas un frein pour sa reconquête, non, le seul frein se trouvait peut-être face à lui et pour s'assurer de se faire comprendre la violence s'impose face à Aberline. Il l'avertissait et même si ses mots ne lui faisait pas peur, elle devait savoir que même s'il avançait vers une rédemption certaine, le monstre n'était pas loin. «Ne fait pas la maline !» Qu'il lui disait en pointant son doigt vers elle. Elle n'avait peut-être plus peur de lui ou souhaitait profiter de cette hauteur qu'elle s'était donné en lui offrant ce bail, mais elle ne devait pas oublier de quoi il était capable et même s'il n'était jamais allé au bout de ses désirs de meurtres avec elle, il suffisait d'une fois pour qu'il prononce définitivement bye bye. Il changeait cependant très vite de visage, arborant un grand sourire tout en desserrant la pression sur les épaules de la brune. Il voulait y croire en cette bonne affaire, bien qu'il ne croyait pas une seule seconde en la bonté de son interlocutrice, il lui laissait le bénéfice du doute, après tout il avait beaucoup à gagner en acceptant ce deal et cela pouvait lui permettre de brûler définitivement l’image de monstre qui lui collait à la peau. Il obtient ce qu'il voulait, récupérer les locaux qu'il avait tant chérit et elle obtenait un peu de pouvoir sur l'Américain via ce même papier. Ce n'était pas cher payer pour un peu de rédemption. Puis c'était elle qui était revenue vers lui et non l'inverse après leur rencontre surprise suite à la visite de l'Américain venu quémander de l'aide pour être blanchi. Elle avait honoré sa part du contrat et lui également, les pendules avaient été mise à zéro et aujourd'hui elle lui offrait un bail, improbable quand on connaît leur passé et pourtant ! Elle lui tendait à travers ce bout de papier un nouveau départ et ça aurait été bête de sa part de refuser la perche tendue. «Oh arrête ! On sait tous les deux que quand ça vaut le coup je tiens mes promesses, à croire que te tuer n'en valait pas la peine jusqu'à très bientôt qui sait.» Il haussait les sourcils de façon aguicheur avant de rebondir très vite -trop vite- sur la signature du contrat. Son choix était fait et comme à son habitude la transition entre la colère et la joie s'était faite très rapidement. Il avait signer les documents, signant ainsi une future réussite ou son arrêt de mort il ne savait pas trop, mais sur le moment ça raisonnait comme une victoire. Il offrait un sourire forcé à son interlocutrice hochant simplement la tête avant de froncer les sourcils pour réflechir. Elle lui demandait comment allait s'appeler son petit bijou. Une réponse qu'il n'avait pas besoin de chercher longtemps, à vrai dire cette histoire de bar il y avait déjà pensé quelques mois plus tôt. « The Moonshiner… » Un nom sagement choisi en honneur aux années 20, aux bars clandestin. « désolé princesse j’aurais pu l’appeler l’Aberline, mais ça fait moins vendeur. Tu ne m'en veux pas hein ?» Qu’il ajoutait en plaisantant malicieusement. « J’imagine un lieu où on peut passer le début de soirée à table et terminer à quatre pattes après plusieurs verres dans les sous-sols. Un bar caché par une porte dissimulée, un lieu qui fonctionne au bouche à oreille.» il regardait les lieux et imaginait de plus en plus le résultat final de cette idée qui lui était venue il y a bien longtemps et qui n'était pas si différente de celle qu'il avait déjà eu auparavant. «ça ne sera finalement pas si différent du Club d'autrefois, sauf que ça ne sera pas un nid à vermine.» Il insistait bien sur le mot vermine avec un grand sourire. «Bien sûr tu auras ta petite table soigneusement réservé, disons que tu seras l'exception.» Sourire allant jusqu'au oreilles. Il comptait bien faire de ce lieu un établissement propre et non un refuge pour les criminels du coin. Cette époque était révolue. «Je compte sur ta discrétion, je ne veux pas que ça se sache, je n'aimerai pas voir mes projets saccagés.» Il pensait principalement à ses ennemis, mais aussi au Club, qui pouvait avoir une bonne raison de lui ruiner ses chances de démarrer à zéro. Il avait toujours à travers la gorge le piège qu'on lui avait tendu et gardait au fond de lui un désir de vengeance, mais pour une fois il souhaitait penser à lui seul, aller de l'avant, devenir un autre homme. Il y croyait dur comme fer qu'il pouvait devenir celui qu'il aurait pu devenir s'il n'avait pas trempé dans des histoires louches et comme il n'est jamais trop tard, le moment était venu de laisser de la place à Alex. «T'en penses quoi ?» Il lui demandait son avis comme s'il s'en souciait, alors qu'en réalité son avis importait peu, du moins, c'est ce qu'il tentait de se faire croire, car comme chaque personne se lançant dans un nouveau projet avoir l''avis d'autrui était important. Aujourd'hui c'était Lou qui se trouvait face à lui et en plus c'était elle qui lui avait offert les clé du royaume, raison de plus.
Pouvait-il vraiment se la jouer gourmand cette fois-ci ? Pouvait-il imposer ses conditions pour ne pas avoir l'impression de se faire entuber ? Il ne cessait de froncer les sourcils lorsque Lou Aberline prenait la parole et ne pouvait s'empêcher de penser qu'il ne devait pas signer ce bail, qu'il ne devait pas accepter son aide, bien que ça l'arrangeait bien de récupérer les locaux qui avaient été le berceau de sa vie durant ces nombreuses années. Nostalgie quand tu nous tiens ! Il observait chaque recoin, se remémorant ce qu'il avait fait ici, ce qu'il n'avait pas fait aussi. Il n'avait pas été à la hauteur ces dernières années et il avait causé sa propre perte, pouvait-il vraiment espérer démarrer une nouvelle vie dans le même lieu qui l'avait fait sombrer ? Il y pensait fortement, mais n'était pas du genre à se laisser envahir par de misérables superstitions, avant la chute, il avait vécu la gloire ici et il comptait revivre la même chose et peu importe le contrat qui l'unissait à Lou Aberline, il était persuadé qu'il fera ce qu'il voudra, peu importe les plans qu'elle pouvait avoir en tête en l'invitant ici. Elle profitait forcément de ce moment de faiblesse pour atteindre l'Américain et il ne la croyait pas lorsqu’elle insinuait vouloir faire rase du passé. Sa vengeance ne tarderait sûrement pas après qu'il ait signé. Puis lui vint un fait qui ne lui avait pas traversé l'esprit en premier lieu. «Tu veux dire que je suis le propriétaire, peut-être pas sur le papier, mais l'argent qui a permis d'acheter tout ça, c'est le mien non ?» Il lui avait payé une certaine somme pour obtenir son aide et d'un seul coup tout paraissait plus clair dans son esprit. Il se contentait de sourire pour lui montrer qu'il n'était pas du tout déstabilisé face à la situation. « C'est une opportunité en or comme tu dis, mais tu devrais savoir que je peux me permettre n'importe quel local dans cette ville, alors pourquoi devrais-je signer pour cet endroit qui a une réputation, une mauvaise réputation. » Il lui faisait part de ce qu'il pensait sans hésiter. «Il faudrait être fou pour monter un commerce ici !» Le sang avait coulé dans ces lieux, c'était le principe même de l'immobilier, qui achèterait une maison ou un meurtre a eu lieu ? Sauf si cela permettait de faire de gros économies ou si le lieu en question avait un rapport sentimental. Il laissait un silence planer lorsqu'elle reprit les documents en main, lui faisant savoir que ça plairait à quelqu'un d'autre s'il n'en voulait pas. Il avait envie de rire et pourtant il la retenue en posant sa main sur son bras. «Attends.» Qu'il disait en posant le regard sur les documents. «La paix est souvent temporaire, mais admettons que je te crois et que je signe aujourd'hui. » Il avait les nerfs qui montaient en lui, il ne voulait pas lui faire confiance sur ce terrain et pourtant plus il regardait les lieux, plus il avait envie d'y faire quelque chose, de transformer cet endroit en un monde loin du crime ce qui voulait dire qu'il devait signer ce foutu bail et faire confiance à Lou. «Tu ne vas pas profiter de ton rang pour me mettre des bâtons dans les roues ? Tu ne vas pas m'imposer certaines pratiques sous peine de perdre ce que je vais construire ?» Il laissait sa paranoïa prendre le dessus et c'était tout à fait légitime. "Incroyable ! Hallucinant ! Est-ce que tu es malade ?" En signant, il était que locataire, et même s'il y avait des lois, il ne doutait pas sur le fait qu'Aberline les enfreindra pour l'écraser. Il planta son regard dans le sien un petit moment avant de s'éloigner, ne faisant quelque pas dans le local dépravé. «Un bar, un bar clandestin. Il pourrait y avoir n'importe quoi ici même, mais la porte du fond mènera là où la fête aura lieu » Du déjà vu ? «La seule différence c'est que ça sera complètement légal, je gère comme je veux, dans trois ans, je te paye le loyer comme un citoyen exemplaire, point final.» Il reposa son regard sur elle. «Tu ne débarques pas en te prenant pour la cheffe, tu ne me dis pas quoi faire sous peine de me mettre dehors, tu ne fais rien, mise à part venir boire un verre de temps à autre pour que j'observe ton beau sourire.» Des conditions qui raisonnaient comme un avertissement. «Je vais devenir cet homme-là, clean, mais j'aimerai que tu me donnes la possibilité de racheter le local quand ça sera possible, avec de l'argent propre, car ça pu l'argent sale ici !» Qu'il s'exclamait en sortant un stylo prêt à signer. Il posa son regard sur les documents, tentant de lire le plus gros avant de finalement s'avancer vers Lou rapidement pour la prendre en surprise. Il la plaqua contre le mur le plus proche et planta son regard dans le sien sans attendre. «Si tu me l'as fait à l'envers, je te tue et cette fois-ci, je n'hésiterai pas, je te le promets.» Il s'éloigna aussitôt pour en revenir aux documents. «Bon, je signe où ?» Ajoutait-il avec un gros sourire comme si de rien était.
objectif visé 50 000 mots (objectif atteint le 03/12)
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