All the things we could have been - Chapter #3 Raelyn Blackwell & @Amos Taylor - Univers alternatif - 2007, 20 ans
« Non. Ce n’est pas ce qu’elle dit... C’est son métier d’aider les autres et, c’est ça qui la frustre... » Sauf que moi, je n’en veux pas de l’aide de la rousse. Je suis toujours polie - autant que je suis capable de l’être - puisque je vis sous son toit, mais nous sommes trop différentes. Je ne saurais pas dire exactement pourquoi je ne me fie pas à elle : je flaire chez elle quelque chose qui me déplait, un tantinet d’hypocrisie sous couvert de bonnes intentions, et cela me braque. Je n’ai pas envie qu’elle me fasse la morale ou tente de m’enseigner la bible. J’en reste éloignée parce que je suis persuadée d’une chose : elle ne me comprend pas. Si je laisse Amos m’approcher, c’est parce qu’il m’a tiré d’un mauvais pas, qu’il m’a sauvé la vie et que, par la même occasion, il a gagné ma confiance et ma reconnaissance. « Elle aurait voulu t’aider elle-aussi. Elle a du mal à comprendre que tu refuses de saisir la main qu’elle te tend. Rien qui ressemble à ce que tu penses, donc. » - « Sauf que je veux pas qu’elle m’aide. Je suis pas une œuvre de charité. » Et elle, c’est à cause de cette dernière qu’elle le ferait. Pas parce qu’elle ressent la moindre affection pour moi. « Quant à moi, j’ai pas envie que tu partes. » Que veut-elle dire, cette déclaration ? Sans me soucier que ma cigarette se consume entre mes doigts, je le dévisage sans un mot. Je n’ai pas envie de partir : quelque chose qui ressemble à de l’attachement me retient auprès de lui. Je suis une gamine abîmée par la vie et le brun est la seule personne qui se soit intéressée à moi, qui se soit vraiment intéressée à moi et cela le rend précieux à mes yeux, d’une manière que je ne m’explique pas. « Je veux pas te quitter non plus. » Je mets fin à la parenthèse en détournant le regard pour éviter à mes joues de rougir de trop soutenir son regard et de prendre conscience de ce que je viens de déclarer.
« Je ne sais pas si ce n’est qu’une impression. Je l’ai remarqué aussi. » Bien sûr qu’il a remarqué, et je suis presque sûre que la gamine aussi. « Et ça fait déjà un moment. C’était plus facile quand on se voyait moins souvent. On était toujours contents de se voir. Peut-être que je devrais l’emmener en week-end, loin de nos obligations. Je ne sais pas.» - « C’est du gâchis si c’est plus facile de moins vous voir. » Moi, je ne veux pas qu’il reparte en mission et je déteste lorsqu’il me laisse à la maison et part travailler à la ferme. Je grince des dents à l’idée qu’ils partent tous les deux : c’est idiot, ils sont mariés et je n’ai pas la moindre place là dedans. « Je l’aurais peut-être déjà fait si elle était plus juste, d’ailleurs. Je me sens moins susceptible du coup. » J’esquisse un mince sourire. Sarah, je n’ai pas la moindre envie de la défendre : elle se tient entre moi et un homme dont, sans m’en rendre tout à fait compte, je tombe sous le charme et c’est peut-être pour ça que je ne me laisse pas approcher, pour ça que je n’admets pas toutes ses qualités. Elle me dérange parce que je la jalouse et, le pire, c’est qu’elle ne se rend pas compte de sa chance et qu’elle la gâche en se conduisant comme une sorcière. « On est d’accord que ce matin, c’était pas cool qu’elle me reproche l’état de la cuisine alors que j’ai préparé des gaufres et des pancakes. » - « C’était nul. Et elle est toujours comme ça. » Sur les nerfs et moralisatrice. « Tu voudrais aller où, toi, si tu avais la possibilité de partir en week-end ? » Il reparle de l’emmener en week-end et, pire, il me demande conseil à moi. Je me vexe et ma jalousie monte d’un cran. Ce n’est pas juste, qu’il envisage d’améliorer les choses avec elle alors qu’elle pense que tout lui est dû. Ce n’est pas juste de me demander de l’aider à sauver sa relation alors que j’essaie de faire tout le contraire. Je hausse les épaules, un air résolument boudeur sur le visage, et j’écrase ma cigarette sur la haie. « Je sais pas. Je suis jamais allée nulle part. » Parce que je n’avais personne comme Amos : un homme prêt à se plier en quatre pour me traiter comme une reine. Elle, elle ne s’en rend même pas compte et ne le mérite pas. Je me laisse tomber au sol et j'époussette ma salopette. « On devrait rentrer, on a bien bossé, assez pour aujourd’hui. » Le soleil décroît dans le ciel et moi, je ne suis plus d’humeur à parler de son couple.
« Tu peux entrer… je t’attendais de toute façon ». Alors qu’elle était à sa table de jeu, un homme de la sécurité est venu aborder Stacey pour lui glisser à l’oreille qu’Amos l’attendait dans son bureau. La jeune femme a alors acquiescé, sans ajouter un mot de plus, prenant le temps de terminer la partie avec ses clients avant de se diriger à l’étage. Une certaine appréhension se manifeste en elle quand elle sent qu’elle est attendu de pied ferme par Amos et qu’il a sûrement quelque chose d’important à lui dire ou à lui demander, pour qu’il l’interrompt dans son travail. Stacey sait qu’elle doit encore faire ses preuves auprès d’Amos et de Raelyn pour gagner leur totale confiance. Elle sait qu’ils ont été déçus par son comportement, quand elle a cherché à protéger Mitchell et ne pas leur dire où il se trouvait alors qu’elle connaissait parfaitement sa planque, et ça, depuis le début. Elle avait prétexté l’ignorer, sans pour autant nier avoir garder contact avec lui après sa cavale. En effet, Mitch’ a contacté la jeune femme après avoir été blessé par balle par Lou Aberline, et Stacey n’a pas hésité une seule seconde à lui venir en aide. Le couple n’a pas manqué de souligner leur incompréhension face à la naïveté dont la jeune femme a pu faire preuve en voyant encore en Mitch’ quelqu’un de bon. Comme à son habitude, Stacey n’a pas protesté, bien qu’elle ait tenté de se justifier, et s’est simplement écrasée face à eux. Sa place désormais au sein de l’organisation est importante et elle sent déjà que sa vie est meilleure depuis qu’elle a accepté leur offre, ou plutôt qu’ils aient accepté de lui donner sa chance d’avoir ce rôle primordial au sein du Club. Et pour cause, elle a finalement fini par leur avouer qu’elle connaissait la planque de Mitchell et c’est sûrement ce qui lui a permis de redorer un tant soit peu son blason. Un tant soi peu car elle sent bien encore la réticence que ses nouveaux patrons peuvent avoir à son égard… Elle pénètre donc dans le bureau, refermant la porte précautionneusement derrière elle avant de s’approcher du bureau d’Amos, prenant place face à lui sur une chaise. « On a beaucoup de choses à se dire, non ? ». Stacey est un peu dans l’incompréhension, se demandant ce qu’Amos sous-entend par là. Parce qu’elle estime avoir tout dit, ne plus avoir de secrets pour eux désormais qu’elle est passée aux aveux et tente de faire table rase de son erreur en prouvant chaque jour qu’ils ont eu raison de la choisir. « Mitchell, par exemple. Tu n’as toujours aucune nouvelle d’où il se trouve alors que tu lui as sauvé la vie ? ». L’amertume se ressent, Stacey comprend alors qu’Amos est suspicieux et pense encore qu’elle puisse être en contact avec l’ancien chef de gang. « Je n’ai plus aucun contact avec Mitchell et ça, depuis des mois. J’ignore où il se trouve… et tu le sais ». Et elle ne cherche pas à le savoir, tentant de rester éloignée de lui, surtout qu’il sait qu’elle est celle qui a vendu sa planque quand il était encore en cavale. « Recoudre les fesses d’un homme, juste pour le plaisir parce qu’il n’a rien à offrir, c’est généreux. A sa place, tu serais l’idiote à laquelle je téléphonerais pour obtenir quelque chose, comme une information par exemple ». Il doit voir ses yeux écarquillés, une sorte de stupeur face à ce qualificatif dénigrant qu’il utilise à son propos, la réduisant à une fille stupide, ce qui ne manque pas de la blesser intérieurement. « Idiote parce que j’ai dû mal à comprendre comment il a réglé tes problèmes ». Stacey ne cherche pas à se justifier à nouveau à ce propos, sachant que, quoi qu’elle dise, on ne l’écoutera pas et cela n’arrangera rien à l’opinion qu’il se fait d’elle désormais. « Alors que moi je le peux, et tu le sais, n’est-ce pas ? ». S’il a trouvé son regard, elle l’a finalement baissé quelques instants avant qu’elle ne relève la tête à sa dernière phrase. « Je ne dirai rien, si c’est ce qui t’inquiète, Amos. Il n’aura aucune information de ma part concernant le Club, et tu le sais. Je l’ai peut-être aidé ce soir-là, mais je n’ai jamais rien dit sur le gang ». Stacey le rassure à nouveau, son regard se plantant dans le sien pour venir en soutien à ses paroles. Elle reprend la parole après un bref instant de silence, timidement « Je sais que tu peux m’aider. Je n’en doute pas » et ce n’est pas pour rien qu’elle s’est ralliée à lui et Raelyn et à tourner le dos à Mitchell. Il y a une hésitation avant qu’elle ne reprenne « Comment ? » pose-t-elle enfin « Qu’entends-tu par réglé mes problèmes ? ». Parce qu’il n’a pas manqué de dire lorsqu’elle est entrée dans ce bureau qu’ils avaient des choses à se dire et elle comprend alors que sa rencontre avec lui n’est pas anodine et ne consiste pas juste à discuter de Mitchell, encore. Il y a bien plus et elle sait aussi qu’il y aura forcément une contrepartie.
All the things we could have been - Chapter #3 Raelyn Blackwell & @Amos Taylor - Univers alternatif - 2007, 20 ans
Le père d’Amos n’est pas causant et, quant à son épouse, j’ai l’impression qu’elle ne sait pas où se situer avec moi. Parfois, j’ai l’impression qu’elle me voit comme un enfant de plus au sein de son foyer, une gamine qu’elle n’a jamais eue puisque la fratrie Taylor est composée de garçons tandis que, à d’autres moments, je me sens comme une étrangère à ses yeux. Je suppose que c’est parce que, jeune fille coincée dans le corps d’une adolescente décharnée, je lui semble encore entre deux âges. Lorsqu’elle me voit comme une enfant, j’ai le droit à son affection, mais elle voit d’un mauvais œil qu’une jeune adulte vive dans le même foyer que son fils marié. « Non ! Ne t’en fais pas pour lui. Vraiment. » J’esquisse un sourire en abandonnant les seaux vide à côté de l’arrivée d’eau, que Zach s’en charge plus tard.
Je n’ai jamais été une fan de l’air de la campagne mais, depuis que je vis entre le ranch et la maison d’Amos qui n’est qu’à quelques minutes à pied, je trouve apaisant de m’occuper en effectuant des tâches manuelles. « Ah oui ? Et qu’est-ce qu’elle pense à ton avis ? » Je plisse les lèvres, fronce le nez et esquisse une grimace. Si elle veille à ce que je ne manque de rien, la rousse met une distance que je ne suis pas certaine de savoir expliquer. « Je suppose qu’elle pense que je m’attarde un peu trop. » Je suis arrivée il y a plusieurs semaines et peut-être pensait-elle que mon séjour serait bien plus court. La vérité est plus compliquée cependant, mais l’exprimer nécessiterait d’admettre que j’en pince pour mon logeur et ma pudeur ainsi que ma fierté m’en empêchent. Pas alors que je ne suis pas certaine que la façon dont je me sens soit un minimum réciproque. « C’est normal que tu sois fatiguée. Mais, tu sais que je suis là. » - « Je sais. » Doucement, je me frotte le nez : réflexe que, pour l’instant, j’ai conservé. « Mais tu sais aussi que si tu me demandes de m’en aller, je m’en irais. » Mon coeur de jeune femme encore un chouilla adolescente se briserait, mais ma fierté m’empêcherait de rester chez lui s’il me souhaitait loin.
« Pas dans ses pattes ? Tu as l’impression que je la dérange ? Qu’elle me préfère ici avec toi plutôt qu’avec elle ? » - « J’ai pas dit ça. » Je plaisantais, mais je mentirais si je prétendais que je n’essayais pas du tout de planter la graine du doute dans son esprit. Plus je sens qu’il me plait, plus je me mets à ressentir de l’amertume à chaque fois qu’il rejoint sa femme pour la nuit. « Allez, balance. Tu en as trop dit ou pas assez. J’opte pour la deuxième solution et je ne te lâcherai pas tant que tu n’auras pas craché le morceau…. et en entier. » Il me donne un doux coup d’épaule à son tour mais je sens qu’il se pose la question pour de vrai. Je n’ai pas envie de le manipuler mais, après tout, est-ce que je fais alors que je l’ai remarqué, que Sarah semble parfois excédée de voir son quotidien dérangé par un mari à gérer alors qu’elle avait l’habitude de vivre seule avec sa fille ? La rousse n’est pas drôle : elle me semble toujours lui chercher des poux et, moi qui commence à avoir des papillons dans le ventre, je me dis qu’il mérite mieux. « C’est qu’une impression. Et puis, tu sais, elle s’était habituée à faire les choses d’une certaine manière… » Je m’aventure sur une pente glissante et je n’ai pas envie de le braquer. « Mais c’est vrai qu’elle est souvent sur les nerfs et pas toujours juste. » Avec lui, cela va se soi.
Mi-mai 2021. « L’argent l’emporte toujours ». Et dans son cas, il avait raison. L’argent avait toute son importance, et il était bien placé pour le savoir. Elle lui avait conté son histoire, lui avait confié pourquoi elle avait accepté l’offre d’Alec quand il lui avait proposé de travailler pour le bar clandestin. Elle n’était pas de ce monde, et il le savait pertinemment aussi. Stacey le faisait uniquement dans le but de s’en sortir, et surtout, pour que sa sœur puisse vivre ses rêves. Voilà ce qui l’a motivé, voilà ce qui l’a poussé à nouveau, en février dernier, à rester dans les rangs du Club, et surtout, à rester sous la coupe de Raelyn Blackwell, l’obligeant donc à tourner le dos à Mitchell. Une décision qui n’a pas été évidente pour elle, allant contre ses valeurs, elle qui n’a jamais tourné le dos à qui que ce soit. Bien trop empathique, bien trop gentille, bien trop idiote comme elle a pu se le faire dire par Raelyn elle-même. Naïve à un point qu’elle se retrouve face à un homme qui a sa réputation, celle d’un homme qui n’est pas tendre avec les gens qui le trahissent, à devoir se justifier sur ses choix. Elle s’en veut, terriblement, mais elle se devait de faire ce choix, c’était l’unique solution. Mitchell ne pouvait plus lui offrir son aide en étant en cavale, elle se raccrochait peut-être aussi à Alec qui, lui, faisait toujours partie du Club, d’où son choix de rester dans le gang.
« Je vais avoir besoin de beaucoup plus de précision… Stacey ». Elle l’observe et doit reconnaitre que jamais elle ne s’est sentie de la sorte face à lui. Craintive. Elle redoute sa réaction, elle a peur des mots qui peuvent passer la barrière de ses lèvres à chaque fois qu’il prononce un mot, elle a peur qu’il ne lui pardonne pas et décide de se venger sur elle, ou pire, sur ses proches. « Sur cette trahison ». Elle se tait, ne dit rien à ce propos, parce qu’elle sait qu’il est au courant. Il sait qu’elle a fini par parler, bien trop, avouant l’emplacement exact de cette planque dans laquelle elle l’a aidé, après avoir menti dans un premier temps à Amos et Raelyn en disant qu’elle ignorait totalement où il se trouvait. « Ah parce que tu crois que tu vas t’en sortir définitivement parce que tu gagnes mieux ta vie ? Laisse-moi rire ! ». Elle n’aime pas qu’il s’adresse à elle de la sorte, elle n’aime pas voir que leur rapport se dégradent quand pourtant, elle voyait en lui, un grand frère, quelqu’un qui ne lui ferait jamais aucun mal. Mais elle a aussi sa part de responsabilité dans ce comportement qu’il adopte désormais à son encontre et elle le sait. Ses sourcils se froncent alors qu’elle ne flanche pas pour autant, soutenant son regard « Face à Alec ou moi tu avais des chances de t’en sortir définitivement, mais à l’heure actuelle je pense que tu vas trimer jusqu’à que ça tourne mal. Tu es dedans et t’y resteras et je n’appelle pas ça s’en sortir, tu regretteras tes choix un jour ou l’autre ». Pour la première fois face à lui, et sûrement parce que cela ne lui arrive pas souvent non plus face à n’importe qui, Stacey sent ses muscles se tendre, serrant ses poings, la colère semblant se manifester en elle « Tu n’en sais rien, Mitch’, tu n’en fais plus partie désormais, tu n’en sais strictement rien, tu ne sais pas ce qui s’y passe ! ». C’est sorti tout seul, c’est plus fort qu’elle. Et ce n’est pas anodin ce comportement que l’on peut qualifier d’anormal chez elle. Stacey se prend en pleine face la pure vérité. Parce qu’elle a beau dire, elle sait que Mitch a raison. Avec lui et Alec, elle avait ses chances de s’en sortir, de quitter le Club à tout moment sans qu’on ne vienne à la menacer ou lui rappeler son appartenance passé au gang. Ils n’ont cherché qu’à la protéger, ne pas l’investir trop dans toutes les histoires de l’organisation pour la préserver du danger. Désormais, avec Amos et Raelyn, elle savait très bien que les choses allaient être différente. Elle ne s’en sortirait pas aisément. Voire pas du tout. Elle a un rôle bien trop important, un rôle qu’elle a accepté en âme et conscience et elle ne pouvait pas dire qu’on lui avait mis le couteau sous la gorge. Elle aurait pu le refuser. Elle ne pouvait blâmer personne d’autre qu’elle-même. Son visage crispé se relâche soudainement, laissant place à une certaine tristesse, une certaine lassitude de tout ça, de cette situation bien trop lourde sur ses épaules depuis trop d’années déjà. « Et si on en revenait à cette trahison, tu m’as tourné le dos, t’as rejoint l’ennemi, quoi d’autre Stacey ». Son regard qui a trouvé le sol quelques instants retrouve celui de l’ainé des Strange « Je t’ai vendu et tu le sais » laisse-t-elle échapper dans un soupir. « J’ai d’abord prétendu que j’ignorais où tu te trouvais, sans nier que je te suis venue en aide le soir où Lou Aberline t’a tiré dessus. Je leur ai dit que tu étais venue chez moi… Mais ils ont vite compris que je ne leur disais pas la vérité, et si je voulais cette place, je n’avais d’autre choix que de leur dire où se trouver ta planque… ». Elle ne s’excusera pas parce que ça ne sert plus à rien à ce stade. Elle sait que Mitch lui en voudra, elle se dit que si cette rencontre impromptue vient à arriver aux oreilles d’Amos et de Raelyn, elle aura droit encore à des adjectifs en tout genre sur sa personne, sa stupidité, sa naïveté et elle en passe. « Qu’est-ce que tu comptes faire, Mitch ? ». Parce qu’elle se doute qu’il ne la laissera pas sans tirer comme ça « Me faire payer pour cette trahison ? T’en prendre à mes proches ? ». Elle ose lui demander alors. Elle ne le supplie pas, mais son regard parle sur elle, elle ne veut pas qu’il en arrive à se venger sur ses proches, et pourtant, la menace est omniprésente, la crainte aussi alors qu’elle tremble face à lui, la peur reprenant le dessus, quand pourtant, elle n’a jamais ressenti ça en sa présence.
All the things we could have been - Chapter #3 Raelyn Blackwell & @Amos Taylor - Univers alternatif - 2007, 20 ans
Je n’ai pas fière allure, dans ma salopette d’adolescent et mes bottes caoutchouc achetée elles spécialement pour moi - personne d’autre que moi ne fait un petit 36 dans le petit écosystème qu’est la ferme Taylor. Si j’y allais au début uniquement pour accompagner Amos que j’ai suivi comme son ombre pendant mes premières semaines à Kilcoy, je me surprends parfois à venir quémander du travail au patriarche de la famille lorsque le manque se fait trop entendre et que j’ai besoin de m’occuper les mains et l’esprit. Mais lorsqu’il y a Amos, c’est mieux, beaucoup mieux. Je l’observe s’affairer aux différentes activités fascinée, tentant de reproduire du mieux possible ses gestes pour ne pas le gêner.
Je ne me souviens plus quelle était la première fois que j’ai rêvé de lui, mais je me souviens de la teinte cramoisie que mes joues ont prise, ce matin là. Pendant deux jours, j’ai à peine osé le regarder dans les yeux et, le surlendemain, je me suis demandée s’il lui arrivait de rêver de moi lorsque je l’ai fait. A présent, il m’arrive encore de rougir, lorsque je réalise qu’il m’observe en silence. « Tu plaisantes ? On finit plus vite… A ton avis, pourquoi il nous envoie aux champs dans l’après-midi ? » J’éclate de rire en secouant la tête et, après une caresse sur le nez de la jument, je sors de son box et je le referme derrière moi. « Il n’est juste pas très bavard. Je ne le suis pas non plus normalement. Tu aimerais qu’il t’apprécie ? » - « J’aimerais au moins être sûre qu’il ne me voit pas comme un objet encombrant dans ses pattes. » Il n’a pas demandé à me receuillir, le père d’Amos. « Je penserais que tu serais plus inquiète de savoir ce que Sarah pense de toi plutôt que de connaître l’opinion de mon père. » Une grimace éphémère traverse mon visage et, finalement, je hausse les épaules. « Je sais ce que Sarah pense de moi. » Je sais qu’elle a compris. Je sais qu’elle me voit observer son mari et, plutôt que d’en rougir, je préfère espérer qu’elle est réellement jalouse, jeune et fougueuse, je me dis que cela signifierait que j’ai mes chances.
« Comment tu te sens ? Tu n’es pas trop fatiguée ? » - « Un peu. » Plusieurs semaines ont passé et, même si l’hématome autour de mon cou a fini par disparaître, je me surprends encore parfois à frotter ma peau comme le premier soir, comme je le fais maintenant. « On peut faire une pause si tu veux. Je ne dirais pas non à une cigarette à fumer juste là. » - « Seulement si je peux en avoir une. » Assise sur une barrière de ferme à voler des clopes à un type plus âgé que moi, j’ai l’impression de reproduire ce quotidien que j’ai tant cherché à fuir. Sauf qu’aujourd’hui, je n’ai plus du tout envie de fuir, j’ai une nouvelle obsession. Il allume une première cigarette, me la tend et je me hisse sur la barrière en bois alors qu’il allume la sienne. « Sarah devrait pas se plaindre. Quand je suis dans tes pattes, t’es pas dans les siennes. » Je le taquine et, pour appuyer mes propos, je lui donne un coup d’épaule avec, sur les lèvres, un sourire provocateur.
All the things we could have been - Chapter #3 Raelyn Blackwell & @Amos Taylor - Univers alternatif - 2007, 20 ans
Les jours ont passé, les semaines aussi et, si le manque se fait toujours parfois ressentir, si certains jours il fait même un retour en force pour prendre toute la place, je vais mieux. Je sais que je ne suis pas tirée d'affaires, que la moindre tentation, si je ne l’anticipe pas ou si elle me cueille dans un moment où je suis plus vulnérable qu’un autre, peut entraîner une violente chute. La drogue m’appelle toujours, elle m’ouvre toujours les bras en grand dès que je me sens fatiguée, triste ou en colère, mais j’arrive à la réduire à l’état de bruit de fond la majorité du temps. Quand ce n’est pas le cas, j’ai Amos. Amos qui se trouve miraculeusement là lorsque j’ai besoin de lui, Amos qui n’hésite pas à se tirer hors du lit conjugal pour venir me tenir la main dans la chambre d’amis quand je l’appelle, quand je me sens au bord du précipice. Amos qui, lorsqu’il ne s’occupe pas de sa famille, passe ses journées à tenter de me faire sourire, de m’occuper l’esprit, de me réapprendre à vivre, tout simplement.
Je pensais que j’aurais détesté tout ce qui a trait à la ferme, à cause de là où j’ai grandi et parce que j’ai toujours cherché à fuir cette vie trop simple et morne à mes yeux. Mais ce n’est pas le cas et, tant qu’il est avec moi, je n’ai pas envie de fuir. Jeune, impressionnable et fragile, j’ai développé pour cet homme qui m’a sauvé d’une mort certaine et qui m’a ouvert les portes de sa maison un attachement profond. Je ne ressemble qu’à une enfant à ses yeux, mais je me suis surprise à me demander si, parfois et malgré son statut d’homme marié, il se demande ce que cela ferait de m’embrasser, de glisser ses doigts le long de mon bras, de mon épaule et de ma nuque ou de caresser mes cheveux. Il sont redevenus bruns : il m’a conduite chez le coiffeur pour que je puisse passer un moment calme et rien qu’à moi, et moi je me suis dit que cela lui plairait plus que ma tignasse fatiguée d’être décolorée par des produits bon marché. Il a souri en m’apercevant, et je lui ai rendu un sourire encore plus grand. « Bill est d’accord pour que tu me laisses m’occuper des chevaux ? » Bien sûr, il reste avec moi alors que je panse la jeune jument qui mettra bas d’ici quelques semaines. Je ne l’avouerai pas à voix haute, mais je trouve un effet thérapeutique dans ce genre de choses simples. Alors que je termine de m’occuper de la jument, je quitte son box et je referme la porte avant d’épousseter ma salopette bien trop grande - elle était à lui quand il était adolescent. « C’est dur de savoir ce qu’il pense de moi. Il ne parle pas beaucoup quand je suis là. » Il ne parle peut-être pas beaucoup tout court, mais je ne connais pas assez les parents du militaire pour l’affirmer. « Tu veux bien porter le sac de granulés ? Il est trop lourd pour moi. » Je me remplume, j’ai repris des couleurs et mes muscles se définissent encore timidement : j’ai bien meilleure allure mais trimballer le sac de nourriture pour les équidés de trente kilos à travers toute l’écurie me fatigue très vite.
Il n'était plus là et elle avait raison, mais Alec lui était présent et n'avait jamais quitté le navire., mais bon, cet argument tombait à l'eau lorsqu'il se rappela que son frère lui-même avait changé son fusil d'épaule. Pour l'Américain ce n'était pas la meilleure excuse à fournir. «L'argent l'emporte toujours.» Qu'il disait avec beaucoup de dégout. C'était l’hôpital qui se foutait de la charité puisque l'argent avait été le moteur de sa vie tout entière. Tout ce qu'il avait fait était lié à l'argent et au désir de gagner toujours plus. Il avait ouvert la porte de ce monde pour s'en sortir, pour gagner sa vie plus facilement et il avait poursuivit ainsi, d'année en année ne trouvant pas le frein pour s'arrêter. Il avait été tout le long sur une pente interminable et sa chute l'avait stoppé nette . Il ne pouvait pas en vouloir à Stacey d'avoir choisis l'argent avant tout, c'était légitime, il aurait sûrement fait ce même choix dans sa situation, mais ce qui le dérangeait vraiment c'était les conditions auxquelles elle s'était plié pour avancer dans la nouvelle ère du Club. Amos et Raelyn ne lui avait certainement pas offert ce job sur un plateau sans lui demander quelque chose en retour. Il n'allait pas passer par quatre chemins et passait outre les dires de Stacey. Elle pouvait être désolé autant qu'elle voulait, ce qui est fait est fait. Il fronçait les sourcils sans la quitter du regard. Finalement il n'avait pas eu besoin de lui tirer les vers du nez, elle le disait elle-même, elle l'avait trahis. C'était un grand mot la trahison et Mitchell ne le prenait pas à la légère. Il avait beau avoir été le monstre se cachant sous le lit la nuit, il avait toujours avancé en essayant de garder des valeurs qui lui étaient cher. La trahison n'existait pas dans son jargon et la seule fois ou il avait dérapé le regret lui a collé à la peau. « Je vais avoir besoin de beaucoup plus de précision … Stacey.» Qu'il disait en touchant sa barbe et en plissant les yeux. «Sur cette trahison.» Il marquait à nouveau une pause. «Ah parce que tu crois que tu vas t'en sortir définitivement parce que tu gagnes mieux ta vie ? Laisse moi rire !» Il se retenait de rire ironiquement. «Face à Alec ou moi tu avais des chances de t'en sortir définitivement, mais à l'heure actuelle je pense que tu vas trimer jusqu'à que ça tourne mal. Tu es dedans et t'y resteras et je n'appel pas ça s'en sortir, tu regretteras tes choix un jour ou l'autre.» Il souffla quelques secondes pour éliminer la tension qui s'était accumulé depuis le début de leur échange. «Et si on en revenait à cette trahison, tu m'as tourné le dos, t'as rejoins l'ennemie, quoi d'autre Stacey ? » Il avait une idée de ce qu'elle avait fait bien sûr, mais il voulait l'entendre de sa bouche pour avoir une réelle raison de la détester, car jusque-là, malgré sa peine, il n'y parvenait pas.
Concrètement, du point de vue strictement professionnelle, je n’ai rien à reprocher à Stacey. Elle est ponctuelle, attentive, curieuse d’apprendre, et elle ne compte pas ses heures.. Elle s’applique à donner le meilleur d’elle-même et, secrètement, je soupçonne qu’elle est autant motivée par l’argent que par les raisons qui soulevés en moi de la méfiance. Elle se tient à carreaux faute à ce qu’elle nous a confirmé avoir secouru Mitchell que j’aurais préféré mort… et ce qu’importe de quelles main. Depuis qu’elle a quitté le bureau après ces aveux, je suis toujours un peu amer malgré l’audace dont elle a fait preuve sur le moment. Elle me l’a cachée, cette “liaison” à mon pire ennemi et, quelque fois, je me suis demandé qu’elle en était la nature exacte. en observant la gamine évolue au casino, j’ai biffé l’hypothèse où elle couchait avec Mitch. Quitte à s’envoyer un Strange, je la vois davantage pencher vers Alec. Cette nouvelle-là, elle ne m’aurait pas vraiment surpris. Mes bras seraient en revanche tombés de mes épaules si cette rumeur courait sans être démentie. J’ai dès lors conclu que le lien entre Stacey et Mitchell entretiennent une fausse amitié basée sur le profit et la domination. Mitch se sert d’elle pour accomplir des basses besognes et lui rend rend la pareille vis-à-vis de son père sans jamais proposé de solutions pour qu’ils ne soient plus un problème. Moi, j’ai les moyens et - surtout - l’envie de venir en aide à cette gamine. Evidemment, ce ne sera pas sans contrepartie, mais n’est-ce pas là le jeu de l’équité ? Pour envisager de ce qu’il est bon d’avancer, de proposer et de réclamer ensuite, j’ai convoqué la jeune blonde dans mon bureau. La porte était ouverte. Elle était donc invitée à entrer sans prendre d’autres précautions polies que de frapper quelques coups sur la lourde porte. « Tu peux entrer… Je t’attendais de toute façon.» J’ai fermé un dossier que j’ai reposé dans une pile. Je l’ai ensuite remplacé par un autre, un qui interressa peut-être plus, si tant est qu’elle y ait accès, la jeune croupière. « On a beaucoup de choses à se dire, non ? » Et, a priori, l’absence de Raelyn rendra notre échange moins tendu. Stacey semble intimidée par compagne et je le comprends. Nombreux sont ceux se méfiant de moi qui, en analysant la situation de plus près, réalise que nous ne formons au boulot qu’une seule et même entité. « Mitchell, par exemple. Tu n’as toujours aucune idée d’où il se trouve alors que tu lui as sauvé la vie ?» Il est ici, à Brisbane, j’ignore simplement où il se cache puisque la majorité de ses bâtiments ont été saisis dans le cadre de ses affaires. « Recoudre les fesses d’un homme, juste pour le plaisir parce qu’il n’a rien à offrir, c’est généreux. A sa place, tu serais l’idiote à laquelle je téléphonerais pour obtenir quelque chose, comme une information par exemple.» Et, Stacey, elle en détient un paquet. « Idiote parce que j’ai dû mal à comprendre comment il a réglé tes problèmes.» J’ai marqué un silence à propos sans la quitter des yeux. « Alors que moi je le peux, et tu le sais, n’est ce pas ?» Nouveau silence destiné, cette fois, à suspendre le temps, qu’elle tire des conclusions, s’alerte ou que sais-je encore. Je m’assure de susciter en elle des questions qui lui brûleront les lèvres et qu’elle posera, forcément.
Je vais faire un mix des deux, à la fois émouvants et mémorables.
1. Le Mialec 3 sans hésitation, où Alec vient voir Mia à l'hôpital alors qu'il se refuse d'être avec elle, et pourtant, il a accouru dès l'instant où il a appris qu'elle avait eu un accident ({@=4770}Alec Strange{/@}) où tout commence entre eux, ce weekend parfait pour le ADIA (et non je ne cèderai pas au MIAM, sorry pour le peuple).
Voilà, je me rends compte en répondant à cette question du parcours que j'ai avec ma Mia chou, et je suis juste trop contente (j'ai l'impression d'être à une remise d'awards là )
Aller, on continue sur les 5 rps : ceux qui t'ont déchiré le coeur ou qui t'ont mis la larme à l'oeil.
1. Y'a beaucoup trop de Calex ( @Caleb Anderson ) ça me fait penser que ça doit faire plus d'un an que j'ai commencé mon top 10 des Calex mais impossible de me décider. Mais pour en citer que quelques uns. Celui de la naissance des filles #28), le dernier FB (#33), la perte d'un bébé (#17), l'annonce de la vérité sur Nathan (#5), leur voyage en NZ (#12) et j'en oublie surement d'autres vu l'heure 2. Celui avec @Alfie Maslow * 3. Le premier avec @Kyte Savard que j'ai trouvé très touchant et j'ai adoré découvrir le style d'écriture de Kyte. 4. Le #3 Timlex (@ @Timothy Decastel ) 5. Le #1 Avec @Swann Buchanan
J'aime beaucoup la question alors je reprends. Tes 5 rps les plus émouvants ou les 5 plus mémorables ?
J'essaye de mettre son tee-shirt, celui que j'ai pris chez lui en rangeant toutes mes affaires avant de quitter son appartement, avant de le fuir. Avant qu'il puisse découvrir la vérité. J'essaye de l'enfiler pour sentir sa présence, pour l'avoir près de moi mais je suis trop grosse pour le tee-shirt maintenant. Je suis énorme, mes seins sont énormes, mon ventre est énorme et le tee-shirt ne me vas pas, ne me vas plus désormais. Je le retire, je le tiens fermement, ma tête plonge dedans, je ne sens plus son odeur, plus rien. Je ne le sens plus, je n'arrive même plus à me souvenir de la sensation que je ressentais quand il me prenait dans ses bras. Je ne le sens plus, et pour cause, il n'est plus avec moi et il me manque, il me manque tellement. J'écoute ses messages encore, j'écoute sa voix, j'entends sa détresse, sa peine, et sa colère, je regarde nos photos et je pleure encore et encore parce que je donnerai tout pour retrouver ma vie avec lui. Ma vie d'avant. Sans grossesse, sans enfant, sans problème. Je ne le sens plus, mais je sens mon ventre qui bouge, je sens ce bébé qui s'agite et ça me rappelle pourquoi je suis là toute seule, pourquoi je l'ai éloigné de moi et de nous. Je me rappelle pourquoi je suis seule pour gérer tout ça, parce que s'il vient à l'apprendre, tout deviendra réel et je veux pouvoir oublier moi. Juste oublier la vérité, cette grossesse, cet enfant. Je veux pouvoir oublier que je suis cette fille là, prête à abandonner son propre bébé. Je veux pouvoir oublier qu'il a existé aussi, mais pour le moment, il bouge beaucoup trop pour que je puisse l'oublier et je dois faire face à la réalité qui fait mal ; je n'ai pas voulu tout ça mais j'y suis en plein dedans et je dois faire face. Entre déni et acceptation, entre réalité et rêve, entre ce bébé et mon couple. Je dois renoncer à moi, à mes envies, parce que mon corps et ma vie ne m'appartiennent plus, ils sont à lui parce que c'est la seule chose que je peux faire pour le moment. Et ça m'évite de sombrer totalement. Tout lui donner et m'oublier, oublier mes rêves, oublier que j'avais une vie avant lui, que j'étais heureuse avant lui parce que désormais être heureuse me semble impossible. Les larmes mouillent son tee-shirt, la dernière chose qu'il me reste de lui, son tee-shirt, notre photo sur mon fond d'écran que je n'arrive pas à changer et ce bébé. Le sien, et si je veux tout de Caleb, ça je ne le veux pas. Ça je ne peux pas.
Rachel me force à sortir, elle m'oblige à prendre l'air et c'est à la tombée de la nuit que j'accepte de sortir de la chambre que j'occupe depuis quelques semaines. Elle fait tout pour m'aider, pour que tout ceci soit le moins compliqué à vivre pour moi, elle est au petit soin, elle garde mon secret, elle ment pour moi et ce soir elle conduit et je ne dis rien. Je n'ai jamais été aussi peu bavarde, aussi silencieuse. Je ne pose pas de questions, je suis assisse dans sa voiture, la main par la fenêtre qui fait des vagues contre le vent. Je frisonne légèrement mais je ne referme pas la fenêtre malgré la température fraîche de cette nuit. Le regard perdu dans le vide, la musique qui couvre le silence entre nous. Je ne dis rien, je regarde le paysage et c'est quand je comprends ou elle est en train de nous emmener que je parle pour la première fois. Je refuse d'y aller et je lui dis et lui répète plusieurs fois mais pourtant elle ne m'écoute pas. Et elle ne s'arrête qu'une fois la mer visible devant nous, qu'une fois le bruit des vagues assez proche pour couvrir à son tour le silence qu'il y a entre nous. C'est l'un de mes endroits préférés en Australie, sur terre même, et elle le sait. Ils sont deux à le savoir. Rachel et Caleb. Rachel parce que je lui dis tout et Caleb parce que je vis tout avec lui. Vivais tout avec lui. Elle n'a pas le droit de me faire ça, elle n'a pas le droit de m'emmener sur cette plage, celle ou j'ai embrassé pour la première fois cet homme si parfait. Cette plage, c'est ici aussi que je lui ai dis je t'aime pour la première fois. Elle n'a pas le droit de m'emmener ici parce que je ne veux pas être là sans lui et elle le sait. Je ne veux pas regarder les vagues et nous revoir l'un contre l'autre au premier soir. Je ne veux pas m’asseoir sur le sable, sur cette plage et me souvenir de ces moments passés ici avec lui. Je ne veux pas m'allonger sur ce sable, regarder le ciel et ne pas avoir sa main qui vient attraper la mienne. Je ne peux pas être ici sans lui. « Je sais que c'est ici que tout a commencé pour vous, alors je veux être sûre que tu réalises que tu t'apprêtes à renoncer à lui et à votre histoire Alex. Je t'adore et je ferais tout ce que tu me demandes, tu le sais, mais tu fais une erreur et j'ai peur que tu la regrettes toute ta vie, alors tu vas venir avec moi sur cette plage et me dire que tu es prête à renoncer à l'homme de ta vie. » A cet instant, je la déteste Rachel et quand elle me force à sortir de sa voiture, je la déteste encore plus et pourtant je suis sur cette plage, les yeux perdus dans l'immensité de l'étendue d'eau devant moi, et je pleure, encore. Je pleure parce que c'est ici que je suis tombée amoureuse, et je sais que je l'aime et que je l'aimerais toujours, ici sur cette plage j'en ai conscience et pendant quelques minutes, j'oublie que je suis enceinte. J'oublie ma vie actuelle pour ne penser qu'aux souvenirs que j'ai avec lui. Ce premier baiser en sous-vêtements, hésitant, si léger d'abord puis plus passionnel, je ressens les émotions de ce premier baiser, je frisonne et je pleure encore un peu plus. Je repense à son anniversaire que l'on a fêté ici même sur cette plage tout les deux. A nos premières fois, à ce premier je t'aime que je lui ai dis, trois mots si banal pour certain mais qui étaient si fort pour moi, pour nous. Je l'aime. Je tombe à genoux sur le sable, c'est horrible d'être là pour moi. Rachel arrive à mes côtés et pendant de longues minutes je pleure parce que je réalise ici même que tout est fini et c'est douloureux.
Mais je l'aime tellement que je suis prête à renoncer à lui parce qu'il mérite mieux. Parce qu'il est parfait Caleb. Je suis tombée amoureuse de lui et si ça n'a rien d'étonnant parce qu'il est l'homme parfait, j'ai eu la chance qu'il tombe amoureux de moi. Pour une raison que j'ignore, il a cru que j'étais quelqu'un de bien, sauf que je n'ai jamais été cette fille et je crois que je ne veux pas qu'il l'apprenne, qu'il le découvre. Comme je ne veux pas qu'il apprenne pour ce bébé, parce qu'il va me détester s'il vient à l'apprendre, parce que je vais le décevoir, parce que je ne peux pas être la mère de ses enfants, parce que je ne mérite pas son amour, parce que je ne pourrais jamais lui donner ce dont il a besoin, parce que je suis moi et qu'il est lui et que si les contraires s'attirent, ils finissent pas se repousser à un moment donné. Parce que je suis en train de sombrer et que je ne veux pas l’entraîner avec moi dans ma chute. Parce que je suis cassée et que je ne veux pas le briser. Et parce qu'il y a ce garçon entre nous qui nous sépare définitivement. Et c'est déchirant pour moi de réaliser que j'ai toutes les raisons du monde de renoncer à lui, le seul homme que j'aime, le seul sur terre à qui j'ai dis un jour ces trois mots. « Je suis ici sur cette plage comme tu le voulais et puisque tu as dis que tu ferais tout ce que je te demande, et bien je te demande de me ramener et surtout de ne jamais parler de ça à Caleb. C'est mon choix que tu sois d'accord ou pas c'est comme ça. » Le regard noir que je lance à Rachel est clair, mon choix est fait et même ici, sur cette plage ou tout me fait penser à Caleb, je ne change pas d'avis, je ne craque pas parce que je me suis persuadée que c'était la solution à tout, la meilleure solution, la seule aussi. Il n'y a plus d'espoir, ni pour moi, ni pour nous et cette plage restera dans ma mémoire à jamais, comme les souvenirs de notre histoire, parce qu'il ne me reste plus que ça. L'amour que je ressens pour lui et nos souvenirs. Et bientôt, un bébé qui partage notre ADN mais qui n'aura jamais notre nom.