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@SWANN CRAINE & RORY

Ce stage de survie leur avait réservé quelques émotions fortes lors d'un premier atelier placé sous le signe des rebondissements, mais le couple n'en partageait pas moins des moments précieux loin de la civilisation et de l'agitation de leur quotidien. Leur fille leur manquait terriblement et il leur tardait de la serrer à nouveau tout contre eux, mais ils s'étaient promis de toujours trouver du temps pour eux et pour leur couple même une fois devenus parents, et c'était aussi leur manière d'honorer cette promesse que de profiter de cette aventure ensemble. « Quand je nous imaginais acquérir un bateau pour voguer vers l'horizon, c'était pas tout à fait ce que j'imaginais mais... celui-ci aura l'avantage de prendre moins de place. » Les lèvres de l'acteur s'étirèrent de part et d'autre de son visage, dévoilant un sourire amusé tandis que son regard se reposait sur la rivière qu'il leur faudrait trouver le moyen de traverser pour gagner l'autre rive. Et pour ça, c'est à la construction d'un radeau qu'il leur faudrait s’atteler, non sans que l'exercice en appelle justement à l'enthousiasme de Rory pour tout ce qui avait trait à la navigation et à l'univers marin.

« Et en rentrant, on pourra dire à Robin que ses papas ont construit un radeau comme des grands. Je suis sûr qu'elle sera très fière. » Du haut de ses presque six mois, bien sûr, elle ne comprendrait pas grand chose au récit enthousiaste que ses pères lui réserveraient sans le moindre doute à leur retour, mais voir ses petits yeux s'illuminer de curiosité et ses petites mains s'agiter dans tous les sens vaudrait tout l'or du monde à leurs yeux. Tâchant de chasser la mélancolie inévitable que lui provoquait le manque de leur fille, il s'approcha de Swann pour embrasser tendrement ses lèvres, espérant ainsi que ce même sentiment s'évaporerait et que son cœur serait à son tour un peu plus léger. « Il va nous falloir plusieurs morceaux de bois de la même longueur ou à peu près. Par là, on peut sûrement trouver quelque chose ? » La construction de radeaux était loin d'être sa spécialité, contrairement aux bateaux sur lesquels il avait souvent pu lorgner depuis qu'ils avaient emménagé à deux pas de la mer et dans une maison pourvue de son propre ponton, mais il comptait y mettre tout son cœur pour réussir l'exercice. Sans doute parce qu'une partie de lui s'était sentie impuissante et grandement inefficace pendant l'atelier de premiers secours, là où Swann avait gardé un sang-froid exemplaire et montré ses excellents réflexes. C'était sa manière de se rattraper et de se rendre utile à son tour, espérant ne pas faire regretter à son mari de s'être lancé dans ce stage à ses cotés.

WIN: Trouver des morceaux de bois serait un jeu d'enfant : le couple commença à en rassembler face à la rivière. « Encore quelques uns et ce sera parfait, qu'est-ce que t'en dis ? » Leurs trouvailles étaient prometteuses et à ce rythme-là, ils auraient bientôt assez de stock.

SO CLOSE: Trouver des morceaux de bois serait un jeu d'enfant : le couple commença à en rassembler face à la rivière. C'était sans compter sur l'habilité approximative de Rory, qui trébucha contre une pierre. « Désolé mon cœur, je regardais pas où j'allais... à cause de moi on va devoir en trouver un autre. » Le morceau s'était en effet abîmé au contact du sol, provoquant un air penaud sur le visage de l'australien.

FAIL: L'endroit ne manquait pas de bois mais la plupart des morceaux étaient d'une taille insuffisante. Heureusement que leur carte leur indiquait d'autres endroits où trouver leur bonheur. « C'est pas grave, on a qu'à partir de ce coté, le bois y sera peut être de meilleure qualité. » Ils n'étaient pas chronométrés et préféraient faire les choses bien pour éviter les mauvaises surprises.

La journée est longue mais éreintante mais ils nourrissent l’impression de bien faire. Ils osrtent de leurs habitudes et se rendent utiles à leur manière, ou tout du moins ils apprennent à se débrouiller avec leurs mains. De toute évidence, chacun agit dans l’objectif de rendre Robin fière, même si elle est loin de comprendre toute la situation du haut de ses quelques maigres mois. « Quand je nous imaginais acquérir un bateau pour voguer vers l'horizon, c'était pas tout à fait ce que j'imaginais mais... celui-ci aura l'avantage de prendre moins de place. » Rory en rigole et Swann en fait de même, son regard posé sur la large rivière s’imposant face à eux. Il se demande si l’exercice est bien sécurisé, il se demande quelle est la force du courant et il se demande même s’il n’existe pas de maelstroms ici ou là - quoique cette idée semble un peu dramatique pour une simple rivière, il est vrai. « Ca me semble être un bon argument pour se pencher plus sérieusement sur cette idée de bateau quand on rentrera. » En acquérir un n’a rien d’un caprice pour Rory, alors ils mériteraient d’enfin réaliser ce rêve dont ils parlent depuis longtemps déjà. Entre l’acquisition de la maison et l’arrivée de Robin, en même temps qu’ils discutaient mariage, le bateau est pourtant passé au second plan.

« Et en rentrant, on pourra dire à Robin que ses papas ont construit un radeau comme des grands. Je suis sûr qu'elle sera très fière. » Ils n’ont pas pour habitude de passer du temps loin de leur fille, pas même une journée, et Swann comprend sans mal toute la mélancolie qui habite son mari, raison pour laquelle il pose une main réconfortante contre son dos qu’il caresse doucement. « Elle sera très fière. » Il répète et enjolive la situation sans s’en vouloir un seul instant. Elle ne sera pas fière d’eux puisqu’elle est loin de comprendre ce qu’il se trame, mais elle sera toujours heureuse de les retrouver et c’est finalement tout ce qui importe. Ses émotions semblent être chassées par le baiser qu’il offre à l’anglais, lequel ce dernier lui rend avec une éternelle même tendresse et sans y penser à deux fois. Le temps leur est compté, mais pas au point de ne pas embrasser l’homme qu’il aime. « On la revoit vite. » Il souffle doucement lorsque leurs regards se croisent brièvement. Ils n’ont pas à s’en faire, Robin est entre de bonnes mains et elle ne se rend sûrement même pas compte du temps qui passe.

« Il va nous falloir plusieurs morceaux de bois de la même longueur ou à peu près. Par là, on peut sûrement trouver quelque chose ? » Il hoche la tête et se met aussitôt à la tâche avec sérieux. « Encore quelques uns et ce sera parfait, qu'est-ce que t'en dis ? » Leurs bras sont déjà chargés de bois, alors il hoche la tête avant d’en récupérer un dernier. « Tu vas me détester mais… » Il laisse son regard se poser plus longuement sur les branches entre ses mains et celles dans les bras de Rory. « Est-ce que l’instructeur avait pas parlé d’un bois qui ne flotte pas dans le coin ? » Et déjà, il fronce les sourcils, à peu près certain qu’ils ont bien trop de bout de bois dudit arbre entre leurs mains pour que le radeau soit prêt à voguer sur les flots. « Je suis pas sûr, mais tu sais, il a parlé des bois plus foncés que les autres et ça me met le doute, maintenant. » Parce que leurs bras sont chargés d’arbres bien plus foncés que les autres et il n’aime vraiment pas ça. « Essaie de voir si cette branche flotte. Je veux pas voir. » Il fronce le bout du nez et mime une inquiétude immense, le genre qui le pousse à fermer les yeux pour ne pas voir par lui-même le résultat de leur pathétique expérience. Rory a plus de chance que lui: s’il est celui qui met la branche à l’eau, alors elle flottera forcément.

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« Ça me semble être un bon argument pour se pencher plus sérieusement sur cette idée de bateau quand on rentrera. » L'idée tira un sourire inévitable à Rory, que l'idée de posséder un bateau qu'ils pourraient décider de prendre à n'importe quel moment pour improviser une sortie en famille en pleine mer séduisait toujours autant. « Justement, je savais pas trop comment te le dire, mais Robin m'a glissé à l'oreille qu'elle avait hâte qu'on organise des balades en bateau tous les trois. » Il glissa sur le ton de la confidence, faussement sérieux et tout aussi faussement capable d'utiliser leur fille pour obtenir quoi que ce soit de Swann, bien que l'idée l'amuse suffisamment pour qu'il reste dans son personnage quelques secondes de plus, ses lèvres finissant par étirer un petit sourire carnassier. « Bon, elle l'a peut être exprimé par des gazouillements et des élocutions approximatives, mais... c'est l'intention qui compte, pas vrai ? » Robin était bien loin d'avoir ce genre de préoccupations à l'esprit, en vérité, mais il était convaincu qu'en grandissant elle développerait à son tour un attrait inévitable pour l'océan – quand bien même le couple avait décidé de l'élever tout autant comme une petite australienne que comme une petite anglaise, car pas question de renier la culture de l'un de ses pères. « Elle sera très fière. » De ça aussi, Rory en était persuadé, mais l'entendre de la bouche de son mari valait encore tout l'or du monde à ses yeux. « On la revoit vite. » - « Et ça fait pas de nous de mauvais parents d'avoir hâte et de vouloir quand même profiter de ce stage au maximum. » Justement parce qu'ils la reverraient très vite et n'en seraient que plus heureux de pouvoir à nouveau lui consacrer tout leur temps et toute leur attention.

Leurs bras étaient maintenant chargés de bois, il ne leur manquait plus grand chose pour pouvoir commencer la construction de leur radeau. C'était pourtant sans compter sur un léger contre-temps. « Tu vas me détester mais… Est-ce que l’instructeur avait pas parlé d’un bois qui ne flotte pas dans le coin ? » Son regard alarmé retrouva celui de son mari et Rory entrouvrit la bouche sans qu'aucun son n'en sorte, réalisant tardivement qu'il avait peut être bien occulté cette partie du cours. « Je suis pas sûr, mais tu sais, il a parlé des bois plus foncés que les autres et ça me met le doute, maintenant. » - « J'avais complètement oublié cette partie et je crois que j'aimais beaucoup mieux l'idée selon laquelle tous les bois ici peuvent flotter. » Éternel idéaliste, il s'était dit qu'ils ne rencontreraient pas de difficultés particulières au moment de réunir les matériaux et que le plus dur serait de construire un radeau suffisamment solide pour les mener jusqu'à l'autre rive. Maintenant, il se sentait un peu idiot de ne pas avoir envisagé ce genre de complications. « Mais je pourrais jamais te détester alors que tu es le mari le plus craquant et le coéquipier plus attentif aux leçons de l'instructeur. » Ses lèvres s'étirèrent tendrement, preuve qu'il ne voyait pas en Swann un oiseau de mauvais augure et bien au contraire ; sans ses observations il était probable qu'ils aient foncé tête baissée sans remettre un seul instant en question le fruit de leur quête.

« Essaie de voir si cette branche flotte. Je veux pas voir. » Inquiet quant à l'idée que ça puisse ne pas être le cas, Rory avança avec appréhension jusqu'au bord de l'eau. « Maintenant j'ai peur que ce soit toi qui me détestes si cette branche finit au fond de l'eau. » Il s'amusa avec une certaine nervosité, certain qu'il s'en voudrait inévitablement s'ils avaient arpenté ces bois pendant plus d'une heure pour ne ramener que du bois impossible à utiliser dans la construction d'un radeau. La branche délicatement mise à l'eau, Rory observa celle-ci se maintenir à la surface plusieurs secondes avant de commencer à s’immerger. « Swann ! » Son mari se cachait toujours les yeux, sans doute de peur de constater qu'ils faisaient fausse route depuis le début. « Mon chéri, tu peux regarder maintenant. J'ai besoin de ton avis. » Il n'était pas expert et même si l'anglais non plus, il faisait toujours confiance à son sens de l'observation et à son coté raisonné. « J'ai l'impression qu'elle flotte, mais à peine. Je sais pas si on devrait prendre le risque de construire tout un radeau avec ce bois. Ça pourrait aider de relier touts les branches entre elles ou bien... » Ou bien ça pourrait tout compromettre et le radeau pourrait terminer sa course au fond du lac avant même qu'ils n'aient posé un pied dessus. Incertain quant à la meilleure chose à faire, il se tourna complètement vers Swann et demanda d'une voix hésitante. « Tu serais pour la jouer prudent, toi ? » Et ne pas prendre le risque de s'apercevoir trop tard que leur radeau ne tenait pas la route parce qu'ils l'avaient construit à l'aide d'un bois qui ne flottait pas assez pour supporter leurs deux poids.

« Justement, je savais pas trop comment te le dire, mais Robin m'a glissé à l'oreille qu'elle avait hâte qu'on organise des balades en bateau tous les trois. » La confession tire un rire franc à Swann qui, bien que habitué à entendre des paroles rapportées de leur fille depuis quelques semaines déjà, ne s’attendait pas à ce que le bateau se compte aussi sur la liste. Rory n’a honte de rien et il a bien raison tant l’idée se contente de faire sourire son mari plutôt que de le faire penser au moindre reproche à son égard. « Bon, elle l'a peut être exprimé par des gazouillements et des élocutions approximatives, mais... c'est l'intention qui compte, pas vrai ? » - « Je doute pas un seul instant de ta connaissance linguistique du bébé Robin. » Et sur ce point, il est un peu plus sérieux: Rory arrive toujours à comprendre ce que Robin essaie de leur dire, quand elle est heureuse ou quand quelque chose ne va pas, et pour cette raison autant que bien d’autres encore, il est un père formidable. « T’es libre demain matin, je me trompe ? On pourrait se poser et regarder ça. » Il ne sait pas si une recherche de bateau se passe au port ou sur internet, pour être honnête, mais l’un comme l’autre pourra se faire dès le lendemain. Rory parle d’avoir un bateau depuis tellement longtemps, il mérite sans doute qu’on l’aide un peu à prendre cette décision qui n’a rien d’un caprice.

En attendant, les deux hommes continuent de penser à la construction de leur radeau de fortune et ramassent déjà pour cela le bois nécessaire à la construction. « Maintenant j'ai peur que ce soit toi qui me détestes si cette branche finit au fond de l'eau. » - « C’est pas grave si c’est le cas. On va juste divorcer, déménager, devoir décider qui garde Brownie, imposer une garde alternée à Robin et être tristes pour le restant de nos jours. » Et s’il était resté sérieux durant les premières secondes, accroupi près de la rivière et occupé à en observer le flot, c’est finalement un sourire qu’il affiche sur son visage lorsqu’il le remonte en la direction de Rory. Il ne pense pas un traître mot de ce qu’il dit, à commencer par le simple fait qu’il pourrait lui en vouloir si le bois ne flottait pas autant que souhaité. Il était néanmoins sérieux lorsqu’il avait annoncé préféré fermer les yeux plutôt que d’observer le résultat de l’expérimentation et c’est pour cette raison qu’il retire sa main de ses yeux uniquement lorsque son mari le lui demande. « Mon chéri, tu peux regarder maintenant. J'ai besoin de ton avis. » Il se demande comment son avis pourrait être demandé sur un sujet aussi binaire que “flotte ou flotte pas ?” et rouvre donc les yeux avec une certaine curiosité. Finalement, son avis rejoint rapidement celui que Rory lui explique quant au dilemne face à eux et le manque possible de flottabilité du bois qu’ils ont entre les mains. « Je sais pas si on aura le temps de construire un second radeau si celui-ci coule. » Il se mord l’intérieur de la joue et réfléchit à voix haute, n’y connaissant évidemment rien de plus que Rory en termes de bois, flottaison et tout ce qui s’ensuit. « On peut se donner une demie heure pour trouver le plus de nouveau bois qu’on peut. Et on avisera avec ce qu’on a ? » Ils pourront mélanger les deux sortes de bois différents au besoin ; peut-être qu’ils arriveront à s’en sortir dans les temps de cette façon.

Encore accroupi près de la rivière, il tend une main au brun pour qu’il l’aide à se relever et, une fois fait, garde cette même main lovée dans la sienne. « C’est le même bois tout autour de la rivière, je crois qu’on va devoir s’enfoncer un peu plus dans la forêt. » Et ce qu’il dit par là, c’est qu’il prie tous les Dieux pour qu’ils ne se perdent pas et ne rencontrent pas non plus Dieu sait quelle créature endémique à ce pays de malheur.

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« Je doute pas un seul instant de ta connaissance linguistique du bébé Robin. » Des mots qui suffirent à étirer le plus doux des sourires sur les lèvres de l'acteur, qui inévitablement ne savait faire autrement que de penser constamment à leur fille depuis qu'ils étaient arrivés. Rien d'étonnant quand on connaissait le couple, complètement gaga de la petite Robin et de son adorable frimousse depuis que celle-ci les avait rejoint. « N'oublie pas que j'ai eu un peu d’entraînement avec mes petites sœurs. On aura simplement de la chance si Robin développe pas un caractère aussi prononcé. » De l’entraînement, Swann en avait eu lui aussi toutes les fois où le couple avait joué les baby-sitters pour leur entourage, mais le fait d'avoir vu grandir Nina et Wendy lui avait forcément donné quelques clés. « T’es libre demain matin, je me trompe ? On pourrait se poser et regarder ça. » Rory mentirait s'il disait qu'il n'avait pas souvent repensé à l'idée d'acquérir un bateau rien qu'à eux, quand bien même il n'en avait pas constamment reparlé au cours des derniers mois. Avec le mariage et l'arrivée de Robin, le couple avait eu d'autres projets en tête et pour les occuper. « Bien sûr, oui. Ça coûte rien de se renseigner et de commencer à comparer les modèles, pour commencer. » Ils n'étaient pas obligés de prendre une décision définitive dès maintenant, mais ils pouvaient s'y intéresser plus concrètement. « T'as pas accepté qu'on achète un bateau juste pour me faire plaisir, hein ? » Il demanda finalement, espérant ne pas lui avoir mis la pression sans le vouloir.

La construction de leur radeau s'annonçait plus périlleuse que prévue. En cause : un bois qui contre toute attente avait des chances de ne pas flotter. Ce qui pourrait s'avérer embêtant dans le présent cas de figure. « C’est pas grave si c’est le cas. On va juste divorcer, déménager, devoir décider qui garde Brownie, imposer une garde alternée à Robin et être tristes pour le restant de nos jours. » - « Espèce d'idiot. » Son sourire nettement amusé répondit à celui de son mari, qui savait pertinemment qu'il n'aurait pas pu tomber dans le panneau et encore moins pour une histoire de bois. Rory devait néanmoins reconnaître que la plaisanterie avait allégé l'atmosphère et c'était une autre raison pour laquelle il était heureux de pouvoir partager cette aventure avec lui. « Je te connaissais pas ce petit coté dramatique. Je me demande si c'est ton sang anglais qui veut ça. » Il le taquina, s'approcha l'instant d'après pour déposer ses lèvres au coin des siennes et finalement se re-concentrer sur leur problème. Ils n'étaient toujours pas certains de pouvoir faire flotter tout un radeau avec un bois qui manifestement ne flottait qu'à moitié. « Je sais pas si on aura le temps de construire un second radeau si celui-ci coule. » Sans compter le gâchis de matériel que ça représenterait : ils ne comptaient pas condamner tout ce bois à finir au fond de l'eau. « C'est vrai, et la nuit risque de tomber avant qu'on ait rejoint l'autre rive. » Ce qui pourrait s'avérer embêtant s'ils devaient finalement rentrer bredouille et rejoindre le point de rassemblement à la nuit tombée, avec bien moins de visibilité. « On peut se donner une demie heure pour trouver le plus de nouveau bois qu’on peut. Et on avisera avec ce qu’on a ? » - « Bonne idée, oui. Faisons ça. » Toute solution était à considérer plutôt que de se précipiter et d'espérer ensuite un miracle.

« C’est le même bois tout autour de la rivière, je crois qu’on va devoir s’enfoncer un peu plus dans la forêt. » Ils avaient fait le tour de leurs possibilités dans cette zone et ne pouvaient perdre plus de temps à chercher en vain. Ainsi, Rory acquiesça aux paroles de l'anglais sans plus déloger sa main de la sienne. « L'important c'est de rester ensemble, d'accord ? On va procéder par zone et si jamais un coin nous semble pas assez sûr, on s'y aventurera pas. » L'idée n'était pas de se mettre inutilement en danger, même pour réussir cet atelier. Ainsi le couple s'aventura prudemment dans ces bois avec l'espoir que cette nouvelle zone de recherches serait plus fructueuse. « Tout se ressemble, mais on pourrait commencer par partir... à droite ? La vue semble plutôt dégagée. » A défaut de savoir avec précision quelle direction prendre pour trouver du bois de qualité, c'était aussi un détail à ne pas négliger. « Surtout fais attention où tu mets les pieds. » D'accord, c'était techniquement lui le spécialiste des chutes en pleine nature, mais contrairement à son mari il n'avait pas d'aussi solides connaissances médicales pour lui venir en aide en cas de souci.

Avec le temps, il connaît bien assez l’homme avec qui il s’est marié pour savoir que Rory a besoin d’une petite impulsion pour enfin oser réaliser son rêve d’acquérir un bateau. Et puisqu’ils en parlent depuis longtemps, l’heure est sûrement venue de sauter le pas. « Bien sûr, oui. Ça coûte rien de se renseigner et de commencer à comparer les modèles, pour commencer. » L’anglais a un rire vif et amusé. « Oh ça va sûrement coûter un bateau, mais trois fois rien. » Il le souligne avec humour, déjà assuré qu’ils ne feront pas que regarder les différents bateaux à l’achat mais qu’ils sauteront bel et bien le pas. Et ce n’est pas un reproche, loin de là: Swann serait le premier heureux que ce rêve se concrétise enfin, surtout alors qu’ils en ont les moyens et que cela ne risque pas de mettre leur famille au bord du gouffre. « T'as pas accepté qu'on achète un bateau juste pour me faire plaisir, hein ? » Plus tendrement cette fois, il laisse ses lèvres étirées dans le même sourire et ajoute à cette douceur un geste contre sa joue qui l’est tout autant. « Si, évidemment. » Il aurait pu lui répondre par la négative et passer à autre chose mais Swann préfère se montrer franc et lui expliquer la façon dont il voit la situation. « Mais ça me fait plaisir à moi aussi, tu m’en parles depuis tellement longtemps. » Ce n’est pas un sacrifice qu’il fait pour Rory et ce n’est même pas une décision qu’il prend à contre-coeur. Bien au contraire.

« Je te connaissais pas ce petit coté dramatique. Je me demande si c'est ton sang anglais qui veut ça. »
« Shakespeare est passé par là. »

Ils se concentrent finalement à nouveau sur le radeau et sur le besoin qu’ils ont de récolter de nouveaux bouts de bois pour s’assurer de la flottabilité de leur bateau de fortune. Ils se donnent une demie-heure pour rattraper ce qui peut l’être et, une fois le temps imparti, se promettent de se poser pour faire au mieux avec ce qu’ils auront recueilli d’ici là. « L'important c'est de rester ensemble, d'accord ? On va procéder par zone et si jamais un coin nous semble pas assez sûr, on s'y aventurera pas. » Rory annonce après quelques minutes à peine et Swann hoche la tête, se rendant compte à son tour de l’évidence et acceptant malgré lui de s’enfoncer à nouveau dans la forêt. Tant qu’ils restent ensemble, cela reste une bonne idée, surtout alors qu’il suit les ordres et indications de de son mari pour s’orienter dans les bois et trouver le meilleur endroit où prendre du bois. « Tend les bras, je vais ramasser le bois. » Il remplira ses propres bras une fois que ceux de Rory seront chargés et se dit que de cette manière au moins, ils organisent quelque peu leurs recherches. Un peu, au moins, et il jure que le plan n’était pas mauvais et qu’ils arrivaient plutôt bien à trouver le bon genre de bois pendant les premières minutes. Ils forment une bonne équipe, ça a toujours été le cas. « Tu me dis si ça devient trop lourd, ok ? Et… wow, wow. » Le bout de son nez se fronce par dégoût alors qu’une immense araignée se balade sans le moindre souci sur une des branches tenues par Rory. « Sale bête. » Il prend sur lui pour renvoyer au loin l’araignée en le poussant rapidement du bout de ses doigts, ne tardant pas avant de se frotter ces derniers entre eux pour se débarrasser de cette terrible sensation de toucher. « Argh bon sang, notre radeau a intérêt de flotter. » Il a hâte de retrouver la douceur de leur maison. « Je t’en prends la moitié et on peut déjà déposer ça au camp. On échange les rôles ensuite, ok ? » Même si une part de lui a envie de lui demander de bien vérifier qu’aucune araignée ne s’immisce jusque là.

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Swann n'avait pas tort, ils savaient l'un comme l'autre que prévoir ces recherches signifiait qu'ils craqueraient probablement bientôt sur un bateau à vendre et ne pourraient s'empêcher d'investir. Parce que c'est ce qui était arrivé avec la visite de leur maison, aussitôt devenue un coup de cœur pour le couple. Mais un coup de cœur qu'ils ne risquaient pas de regretter. « Si, évidemment. Mais ça me fait plaisir à moi aussi, tu m’en parles depuis tellement longtemps. » Finalement, c'était là tout ce qui comptait aux yeux de l'australien, qui voulait simplement s'assurer que Swann ne l'encourageait pas à contre-coeur. « Je suis sûr que tu as terriblement hâte d'admirer les couchers de soleil depuis notre futur bateau. » Il souffla, sans pouvoir lui-même éviter à son sourire de s'étirer un peu plus à cette simple idée. Parce qu'il avait hâte, lui aussi, bien sûr.


Reprenant la construction de leur radeau, le couple se donna une demi-heure pour ramasser le plus de bois flottant et ainsi avoir une chance de voir flotter leur embarcation une fois celle-ci construite. « Tend les bras, je vais ramasser le bois. » Rory secoua la tête pour approuver l'idée, prenant bien appui sur ses deux jambes pour supporter le poids que Swann ajouterait au niveau de ses bras. Sa carrure athlétique lui faciliterait les choses, c'était l'un des avantages à avoir fait du sport à un haut niveau étant plus jeune et à n'avoir jamais cessé de s'entretenir même quand une blessure l'avait contrait à arrêter le football. « Tu me dis si ça devient trop lourd, ok ? Et… wow, wow. » - « Qu'est-ce que... oh. » Rory eut à peine le temps de lui assurer que tout allait bien que la confusion sur le visage de Swann le déstabilisa à son tour. Jusqu'à ce qu'il voit finalement apparaître une araignée sur l'un des bouts de bois. « Sale bête. » Là, l'acteur ne put retenir un petit sourire amusé et attendri. « Je m'attendais à ce qu'elle soit au moins de la taille d'un pamplemousse. Je suis presque déçu. » Il le taquina doucement, son mari sachant bien qu'il se contentait de détendre l'atmosphère et de dédramatiser le tout. Après tout, il était compréhensible que Swann continue d'avoir peur au contact de ces bestioles mais ils ne risquaient déjà plus rien. Pour preuve, son mari se montra courageux au moment d'écarter l'insecte à l'aide de ses doigts. « Argh bon sang, notre radeau a intérêt de flotter. » - « Il va flotter, mon amour. Je veux croire que ce bois-là va nous porter chance. » Ils ne pouvaient pas avoir dépensé toute cette énergie à chercher un autre type de bois pour finalement réaliser que leurs efforts étaient vains, Rory s'y refusait. Leur radeau devrait flotter d'une manière ou d'une autre. « Je t’en prends la moitié et on peut déjà déposer ça au camp. On échange les rôles ensuite, ok ? » Retrouvant un sourire plus malicieux, il souffla. « J'adore quand tu prends les choses en main. » Swann était un peu le chef des opérations, le plus raisonnable d'eux deux et celui qui tenait compte de tous les critères importants avant de prendre une décision. Rory, lui, avait toujours été plus instinctif et sans doute un peu trop enthousiaste pour son bien. Le couple rejoint ainsi le camp, leur bois à bouts de bras. « Ici, voilà, ce sera très bien. » Et déjà, il était temps de revenir sur leurs bras pour continuer leur récolte.

« Ça fait son poids, alors surtout si tu te sens pas de tout porter tu me le dis. » Il annonça à son tour, commençant à ramasser de premiers bouts de bras et à les transmettre à Swann, tout en s'assurant de ne pas surcharger son mari. Il guettait ses réactions, prêt à s'interrompre à tout moment. « Encore un ou deux et ensuite... oh, non. » Finissant de ramasser le bois pour remplir les bras de Swann et reprendre la même organisation que tout à l'heure, Rory se figea subitement. « J'ai perdu ma montre. Tu sais, le cadeau de Garrett. Elle était là quand j'ai commencé à ramasser le bois et maintenant je la retrouve plus. » Elle n'avait pas du tomber bien loin, mais dans cette forêt une montre de couleur foncée ne se remarquait pas au premier coup d’œil. Et eux, pour l'heure, devaient aussi se soucier de ce bois.

Le nouveau bois a été récupéré et un incident diplomatique évité au moment d’envoyer au loin l’araignée dérangeante. Du reste, ils ont encore un radeau tout entier à construire et Swann mentirait s’il disait être rassuré quant à l’avenir de ce dernier, surtout alors qu’ils ne sont même pas sûr de la flottabilité du bois qu’ils ont choisi malgré eux. « Ça fait son poids, alors surtout si tu te sens pas de tout porter tu me le dis. » Et il sait que Rory ne pense pas un seul instant à mal en disant ça, mais sans doute qu’il aimerait ne pas être infantilisé de la sorte, parfois. Rien qui ne le pousse à lui en faire la remarque, pourtant. « Tout va bien. » Il souffle d’un ton égal et d’un sourire rassurant. Il est capable de porter des bouts de bois, et le pire qu’il puisse craindre serait d’abîmer son tatouage, lequel est déjà pourtant vieux de quelques mois. « Encore un ou deux et ensuite... oh, non. » Par réflexe, il reporte son regard et son attention sur la silhouette de Rory, dont il ignore tout de la raison de ce oh non on ne peut plus inquiétant. Sa voix n’est pas celle qu’il utilise quand il fait une blague. « Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qu’il se passe ? »

« J'ai perdu ma montre. Tu sais, le cadeau de Garrett. Elle était là quand j'ai commencé à ramasser le bois et maintenant je la retrouve plus. » Et aussitôt, les yeux de l’anglais s’exorbitent quelque peu sous le coup de la surprise. Une très mauvaise surprise, à n’en pas douter. Aussitôt, il repose les rondins dans un coin et focalise son attention sur la recherche de la montre de Rory, laquelle a une importance particulière à son cœur et à ses yeux. « On est pas allés loin, on va la retrouver. T’en fais pas mon coeur. » Ils peuvent aisément revenir sur leurs pas. « Reprends le chemin de la rive et je vais suivre celui qu’on a pris pour aller dans les bois. » Il prend les rênes pour ne pas laisser son mari céder à la panique et c’est pour suivre ce même objectif qu’il caresse brièvement son bras avant d’embrasser sa tempe. Ils vont retrouver la montre, ce n’est même pas une question.

Après s’être levé, Swann garde son visage tourné en direction du sol pour tenter d’apercevoir la montre ou quoi que ce soit qui pourrait y ressembler, mais ce n’est qu’après avoir entendu un crac sous ses chaussures de randonnée qu’il est pris d’une terrible vague de sueurs froides. « Oh non. » Il murmure déjà, paniqué à l’idée d’avoir cassé une montre à laquelle il tient tant. Sans plus tarder, il recule son pied pour attraper ce qui se trouvait il y a peu sous sa semelle et l’observer sous tous les angles: le sable semble avoir limité tous les dégâts, fort heureusement. « RORY ! Je l’ai ! » Qu’il se met déjà à hurler, soucieux d’interpeller son mari le plus rapidement possible pour qu’il reprenne des couleurs et cesse de stresser. « Bon… elle a gagné un passage chez le réparateur mais… elle est là. » Il faut quelqu’un pour enlever tout le sable et les saletés mais du reste, tout va bien. Tout va assez bien pour qu’il prenne le temps d’embrasser tendrement son mari, une main posée contre son torse et l’autre contre sa nuque. Peu à peu, leur radeau devient le cadet de ses soucis.