(james #5) the whole place was dressed to the nines

(c) velvetstreets & raquelsgifs

the whole place was dressed to the nines

Elle s'était clairement laissé emporter par une vague de créativité de dernière minute. C'était toujours ainsi avec Shiloh. Elle respectait ses deadlines à la minute près, mais son petit côté perfectionniste la poussait à toujours voir plus, à toujours vouloir tenter la dernière folie qui pouvait tout changer. Et c’est comme cela, à une heure de son rendez-vous avec James, qu’elle se trouvait assise à même le sol dans son bureau, terminant une broderie qui allait probablement donner une tout autre dimension à la tenue qu’elle avait préparée. Elle avait parfaitement respecté le cahier des charges imposé par James, mais après des nuits entières à lire sur le thème du Met Gala de cette année, elle avait fini par être inspirée plus que de raison. Elle ne voulait pas se contenter de la robe basique, de la pièce iconique qui survivait au travers des âges et resterait à jamais une pièce maîtresse au sein de n’importe quelle maison de couture. Shiloh vivait pour l’histoire de la mode et pour toutes ces robes déclarées trop fragiles pour être portées à nouveau. Elle avait fouiné de partout, remontant à des années en arrière, épuisant les moindres recoins des archives de la maison, pour trouver le petit twist parfait. Il était question d’hommage, à la mode avant tout, mais également aux hommes et aux femmes qui ont inventé tous les codes connus de nos jours. Et Shiloh avait eu l’idée parfaite, celle d’un hommage d’un genre particulier, qui rentrerait dans le thème, embrassant pleinement l’idée d’un jardin du temps avec le clin d'œil idéal à celui qui était parti un peu trop brutalement en fin d’année. Si quelques mois auparavant, elle aurait encore eu besoin de trouver l’approbation de James avant de se lancer dans quoi que ce soit, aujourd'hui, Shiloh avait pris confiance en elle. Elle en était sûre, ce sera la pièce parfaite, qu’importe si elle devait s'écorcher les doigts pour finir à temps.

Sur le mannequin de tissus se trouvait la robe de sa confection. Une robe noire, intemporelle. Un bustier parfaitement cintré aux broderies complexes et minutieuses créant avec harmonie un ensemble de fleurs sauvages, laissant place à un jupon évasé fait de tulle et de dentelle. Le résultat de nombreux croquis et du travail toujours aussi impeccable des petites mains de l’atelier. Donnant un dernier ajustement au bustier et un dernier mouvement au jupon, Shiloh jeta un œil sur le cintre qu’elle avait dissimulé derrière une housse blanche. Alors qu’elle s’apprêtait à s’asseoir, la porte s’ouvrit pour laisser entrer James. Il paraissait un peu fatigué, plus vraiment lui-même depuis le décès de son père, mais Shiloh n'était pas là pour l’apitoyer, ce n’est pas ce qu’il cherchait. « Bonjour James. » Elle aimait toujours autant travailler à ses côtés, même s’il se faisait ô combien discret depuis des mois. Mais c’est lui qui lui avait confié ce projet, pour l'étoile montante du cinéma américain ou quelque chose comme cela. Elle se fichait bien de savoir qui allait porter cette robe, ce qu’elle voulait, c’était surtout d'être certaine que son patron allait apprécier le projet. « Comme tu peux le voir, je suis réellement restée sur cette idée des sleeping beauties, en reprenant les codes qui ont fait de la robe noire une icône incontournable de la mode. » Quelle femme digne de ce nom ne possédait pas au moins une petite robe noire dans sa garde-robe ? « En amenant cette touche florale sur le bustier pour entrer encore plus dans le dress code proposé pour la soirée. » The Garden of Time. Mon dieu, Shiloh aurait vendu un rein pour pouvoir se rendre à cette soirée. Apercevoir Anna Wintour, voir le défilé des plus belles créations du moment sur les marches de ce musée si célèbre. Peut-être qu'elle rêvait un peu trop. « J’ai un autre petit truc en plus. » Elle jouait un peu sur le suspense. « Mais je voulais déjà avoir ton avis sur la robe. » Il manquait la pièce maîtresse, elle en avait conscience, mais elle ne voulait pas faire perdre son temps à James. S’il détestait, elle tenterait malgré tout son coup, mais en attendant, elle ne voulait pas l’attaquer avec trop d’informations d’un coup.

(c) velvetstreets & raquelsgifs

the whole place was dressed to the nines.

@SHILOH ATKINS & JAMES

Personne ne s'étonnerait de voir James à cran à l'approche d'une date aussi importante et symbolique que celle du Met Gala, pourtant les derniers mois et les épreuves qu'ils avaient apporté valaient au couturier d'être plus nerveux et survolté encore qu'à son habitude, alors qu'à Weatherton tout le monde s'habituait encore au vide que Norman avait laissé derrière lui ainsi qu'à la nouvelle organisation qui avait été trouvée en interne. Une organisation qui forçait James à dédier une partie de son temps à discutailler avec le conseil d'administration dans une salle froide et aseptisée où son génie créatif se retrouvait bridé et mis de coté, ce qui avait tout pour le tendre encore un peu plus. Alors, c'est vrai, la moindre contrariété avait le don de jouer avec ses nerfs, et constater que certains trouvaient le temps de rêvasser dans la cour alors qu'ils avaient autant de boulot sur les bras avait justement tout pour le faire sortir de ses gonds. « On avait quatre personnes à habiller pour le Met Gala l'an dernier, cette année on en a le double. Alors vous prendrez vos pauses clopes le mois prochain, c'est compris ? » Ou qu'ils fassent au moins en sorte d'être revenus à leur poste suffisamment tôt pour ne prendre aucun retard, l'atelier vibrant à une cadence effrénée et nécessitant que chacun donne le meilleur de lui-même. Autant de personnalités publiques à habiller, ça représentait tout autant d'équipes avec lesquelles interagir et d'exigences auxquelles s'adapter, et tout ça en devant systématiquement prévoir que le décalage horaire ne leur simplifierait pas la tâche non plus. Une pause, peut être bien qu'au final il était celui qui en avait le plus besoin après avoir perdu son calme à plus d'une reprise depuis ce matin, ce qui tombait bien puisque c'était justement l'heure de son rendez-vous avec Shiloh. « Bonjour James. » Affairée dans son bureau depuis plusieurs heures, la jeune femme s'était faite si discrète que personne n'avait été capable de dire si elle en était seulement sortie pour prendre un café ou aller aux toilettes. James, lui, appréciait cette rigueur alors qu'il lui avait confié une commande de la plus haute importance : la création d'une pièce unique que porterait une jeune actrice sur le tapis rouge du Met Gala et dont il savait que chaque apparition était toujours très attendue. « Ça a l'air de bien avancer, ici. » Et contrairement à lui qui pouvait facilement semer le chaos autour de lui quand il était emporté par l'un de ses élans créatifs, Shiloh parvenait toujours à garder cet endroit relativement ordonné.

S'avançant à travers la pièce, son regard fut évidemment attiré par cette création magnifiquement réalisée trônant en son centre et dont l'élégance captait l’œil sans difficulté. « Comme tu peux le voir, je suis réellement restée sur cette idée des sleeping beauties, en reprenant les codes qui ont fait de la robe noire une icône incontournable de la mode. » Elle avait eu sa propre façon d'interpréter le thème de cette année, Shiloh, et c'est aussi parce qu'il voulait que cette création lui ressemble vraiment qu'il s'était contenté de lui communiquer un cahier des charges et lui avait fait confiance sur la plupart des décisions purement artistiques. Ainsi, c'est la sensibilité de la blonde qui transparaissait dans cette création. « J'aime ce contraste entre le tulle sombre et ces motifs floraux, le rendu est très sophistiqué. Et on fait pas plus intemporel que le noir, c'est astucieux d'avoir choisi cette couleur pour rappeler que le temps est aussi au centre du thème, cette année. » Ça l'était d'autant plus que beaucoup associaient l'idée d'un « jardin du temps » avec des couleurs beaucoup plus vives et saturées, là où le noir n'avait pourtant pas son pareil pour illustrer l'idée d'un concept traversant les époques. Sa création avait étrangement un coté Old Hollywood, pour ça il savait que la cliente en raffolerait. « En amenant cette touche florale sur le bustier pour entrer encore plus dans le dress code proposé pour la soirée. » - « Tu avais une référence à l'esprit, quand tu as choisi ce type de fleurs ? Je trouve ça judicieux de pas les avoir dessiné trop grosses pour que la création dans son ensemble attire l’œil quand on la voit. » Elle avait fait le choix de les répartir harmonieusement plutôt que de focaliser l'attention sur une pièce plus imposante que les autres, et ça lui paraissait être un choix intéressant.

« J’ai un autre petit truc en plus. » Et à en juger par ce petit air énigmatique qu'il n'avait pas l'habitude de voir flotter sur son visage, ça n'était pas tout à fait un détail anodin qu'elle gardait en réserve. « Vraiment ? Tu me réserves une petite surprise, si je comprends bien ? » Une idée qui l'aurait peut être inquiété s'il n'avait pas été question de sa recrue la plus sérieuse et la plus consciencieuse, le moindre changement de programme risquant de leur faire prendre du retard et de tout compromettre. Shiloh savait exactement ce qu'elle faisait et personne mieux qu'elle ne savait ce que tout ça représentait. « Mais je voulais déjà avoir ton avis sur la robe. » Le regard du couturier s'affairait justement à l'observer sous toutes les coutures, à prendre note du moindre détail pouvant être amélioré mais aussi de chaque petite prouesse technique que les doigts agiles de la jeune femme étaient parvenus à accomplir. « C'est pas mal du tout. » Ce qui, Shiloh le savait sans doute mieux que quiconque, voulait réellement dire qu'il appréciait le résultat. « Bien sûr, tu n'auras pas trop des quelques jours qu'il nous reste pour tout peaufiner et parfaire le rendu, mais en l'état ça se rapproche beaucoup de ce que j'avais à l'esprit quand je t'ai chargé de cette robe. Ça me plait. » Il avait toute confiance en elle lorsqu'il l'avait missionnée de mener ce projet à bien et elle lui prouvait une fois de plus qu'il avait eu raison. « La cliente risque d'adorer. Il faudra d'ailleurs que je lui envoie quelques photos, même si tout n'est pas techniquement terminé. » A moins que ce qu'elle avait à lui dire ait justement un lien avec sa création ? Il gardait cette question pour lui, l'invitant silencieusement à poursuivre, sa curiosité définitivement piquée.