Elle a essayé. À sa façon. À sa manière. Me ramener à la raison alors que je suis à la dérive. Nieves m’a surpris dans un de ces instants où je ne préfère pas être vu. Ça m’a mis un électrochoc. Total ? Non. Inefficace ? Non plus. J’ai freiner le rythme de merde dans lequel je me suis plongé depuis quelques semaines maintenant. Et ça grâce à l’espagnole. Je n’ai pas arrêter les merdes pour autant. La raison a tout ça ? Je ne suis qu’un con, ni plus, ni moins. Tout autre justification que ça, ne sont que des conneries. Ce matin encore, je vois ma silhouette apparaître sur des vidéos. Instagram, Twitter ou même TikTok. Mes excès commencent à faire du bruit, trop de bruit. Suffisamment pour que la maison de disque me convoque en fin de journée. C’est eux qui m’ont réveillé ce matin, à 14h du matin c’est l’appel de celle qui gère mon image qui m’a tirer de mon profond sommeil.

Il y a ce premier réflexe quand j’émerge. Un passage sur son profil. À elle. Mais toujours pas de message. Que ça sois de sa part, ou de la mienne. Je ne suis pas du genre à jeter la pierre, moi non plus je n’ai pas envoyé de message. C’est pas faute d’en avoir eu envie. À de nombreuses reprise. Puis il y a eu cette photo sur les réseaux, elle avec un homme, a Las Vegas. Je me suis fais des films, je me suis rendu à l’évidence, mon évidence en tout cas. J’avais raison, depuis le début, je ne suis pas à la hauteur et elle mérite nettement mieux. Chose que je pense d’autant plus maintenant que j’ai tendance à retomber dans des addictions. Alors, j’ai laissé ça derrière moi. Non pas sans regret, sans tristesse. Il aurai été trop tôt pour parler de sentiment, mais l’attachement était, est réel. L’alchimie, bien réel elle également. Persuader que nous aurions pu vivre beaucoup de moment sympathique, on en aura malheureusement jamais la réponse, tout du moins, c’est ce que je pense. C’est sur cette fausse note que j’accepte cette sentence silencieuse. Ce premier vrai rendez vous, qui n’a pas été une réussite.

On peut pas dire que je me sois spécialement bien âpreté pour me pointer à mon rendez vous. Simple sweat, jean et ça fais l’affaire. Faut dire que le rendez vous ce passe exactement comme je l’ai imaginé. Eux qui me font une leçon de morale, qui m’explique que cette fois ci, ils ne m’aideront pas. Et moi qui me contente d’acquiescer. Enfin libérer de ce moment fastidieux. Je me retrouve en bas de l’immeuble. Dans le quartier des affaires. Un léger soupir s’échappe de mes lèvres alors que je cale ma capuche sur mon crâne histoire de cacher mon visage. Il est pas aussi alarmant qu’il y a quelques jours, mais j’ai pas une bonne mine pour autant. Je m’apprête à commander mon uber histoire de vite rentrer chez moi quand je crois la reconnaître. J’hésite, longuement. Passe une main sur mon visage. Le silence c’est peut être la meilleur solution non ?

Finalement je cède. Je traverse la rue. Juste de façon à lui faire face. Laissant tomber ma capuche pour dévoiler mon visage. Croisant son regard. Je mentirai en disant que ça ne me fais rien de la voir. Est ce qu’elle m’a manqué ? Oui. Est ce que je lui en veux pour le silence total ? Non. Pourquoi non ? Parce que moi non plus je n’ai pas donné de nouvelle. Ça serai culotté de lui en vouloir pour ça. T’es en vie. Et t’as l’air en forme. je la dévisage quelques secondes avant de secouer mon visage. C’est tout ce que je voulais savoir. je ne compte pas vraiment m’éterniser. Pour moi le message est claire. Nous n’étions qu’une passade. Une passade qui est terminé. J’ai du mal à être d’accord avec ça, mais je l’accepte si ça doit être ainsi. Passe une bonne soirée Savannah. J’espère que tout va bien pour toi.

Mes yeux se perdent bien trop vite sur mon reflet à travers la vitrine alors que j'observe innocemment une tenue qui y est exposée. Une image qu'il m'est plus difficile d'affronter dernièrement alors que ma vie semble sans dessus-dessous. Je ne semble pas avoir changé physiquement, pour autant, je me sens tellement différente. Je pensais maîtriser ma vie, maîtriser mes émotions, être en phase avec chacun de mes sentiments. Et je me suis faite rattraper par la réalité. Une réalité qui me pousse désormais à assumer de force chacun de mes actes avant même que je n'ai pu les accepter moi-même. Un grand plongeon qui semble inévitable, et qui exprime à lui seul toutes les erreurs que je suis en mesure de commettre. Qu'importe cette volonté de vouloir avancer de façon raisonnée, j'ai échoué sur plusieurs plans. Seulement cette fois, je ne suis pas celle qu'il faut plaindre. Je ne suis pas en droit de m'apitoyer sur mon sort, pas plus que de sortir des excuses pour justifier une sortie de route. Je me suis perdue, et c'est désormais à moi de retrouver le chemin. "T’es en vie. Et t’as l’air en forme." La voix masculine qui s'élève derrière moi pourrait s'apparenter à une sorte de rêve, et je me retourne nerveusement pour constater que mon imaginaire ne me joue pas des tours, il se tient bien là, près de moi, prêt à me balancer en plein visage et involontairement cette culpabilité que j'éprouve à son égard. Il est probablement celui qui mérite le plus mes excuses, mais la fierté dont je fais preuve n'est pas en mesure de les lui présenter face au regard peu sympathique auquel j'ai le droit sur le moment. Je dévie un moment le visage pour oser répliquer en croisant finalement ses yeux sombres "C'qui semble aussi être ton cas" La froideur de cet échange est bien loin de ceux que nous avions pu partager. Notre dernière conversation doit remonter à quelques semaines, et j'ai pourtant l'impression qu'un fossé immense nous sépare, comme si cela s'apparentait à plusieurs années. Si je suis prête à assumer ma part de responsabilité dans cette relation partie à la dérive, je ne peux cependant ignorer qu'il y a joué un rôle lui aussi, qu'il le veuille ou non.

Il n'a pas donné de nouvelle, pas plus que moi, et les différents posts que j'avais eu l'occasion d'observer sur les réseaux sociaux m'avaient permis de déduire qu'il avait trouvé une nouvelle source d'occupation durant son silence. Une jolie blonde qui visiblement parvenait à se faire une place dans son quotidien. Une jeune femme, à qui la vie tendait certainement les bras, et qui avait probablement bien plus à lui offrir. Plus jeune, plus pétillante, bien loin des problèmes que je traîne par une carrière qui prend beaucoup trop de place et un statut de mère qui inévitablement est un frein à une quelconque histoire. Une femme qu'il méritera probablement, qui n'aura pas peur de se jeter dans les méandres de l'amour, alors que chacun de mes pas envers lui s'apparentent à de minuscules avancées dans ce domaine. C'est à ça qu'il a le droit. Une évidence que je n'ai pu que reconnaître, et qui m'a poussé sans aucun doute à me détourner de lui, à m'effacer, afin qu'il puisse réaliser à son tour que je ne suis pas celle qu'il attend. "C’est tout ce que je voulais savoir." La méthode avait-elle été la bonne? Je parviens à en douter, alors que la rancune semble maître mot de cette rencontre improvisée. "Passe une bonne soirée Savannah. J’espère que tout va bien pour toi." Un soupir lourd s'échappe, lèvres scellées, démontrant à lui seul le manque d'indifférence que je suis incapable de lui balancer. Peut-être que c'est plus simple de le laisser partir ainsi, de poursuivre sur cette voie, de le conforter sur la piètre image qu'il doit avoir de moi, et que je pourrais nourrir davantage si tel était vraiment le but. Mais en l'observant l'éloigner, j'ai cette pulsion prête à tout ravager sur son passage pour en découdre. "Et c'est tout?" Je fronce les sourcils, le regard lourd de reproche face à sa tentative de fuite, alors que je m'étais évertuée à jouer à ce jeu bien avant lui. "Le passage 'Soyons honnête' que tu m'as balancé dans le studio n'était qu'un mensonge, ou alors j'étais la seule à devoir m'y soumettre?" demandais-je en m'approchant de lui pour réduire la distance qu'il a provoqué. Je sens que je me jette dans la gueule du loup, et que cette franchise me poussera moi aussi à subir le poids de mes erreurs, mais nous méritons mieux que ça.

"C'qui semble aussi être ton cas" ses mots me déclenche un soupir. Parce qu’elle n’a pas tort. Pas que si elle a jouer au silence, j’ai été un partenaire assidu et plutôt talentueux dans ce domaine. Je ne peux le nier, ça serai mentir. J’ai eu des semaines chargés. ce qui est vrai. Pas pour les bonnes raisons. Surtout parce que mes nuits ont été tellement agités et remplis de substances illicites que les journées qui suivent sont généralement faites de sommeil profond afin d’essayer de me maintenir à flot. Tant bien que mal, plus ou moins correctement. Puis on peut pas dire que te courir après fut une réussite monumentale. J’me suis dit que t’as ptet besoin d’un peu d’espace. ça aussi c’est vrai. Si ma fierté a été mise à rude épreuve c’est pas la seul raison qui m’a poussé à ne pas prendre de nouvelle de la jolie blonde. Plusieurs fois j’ai hésité, plusieurs fois je me suis retrouvé devant mon téléphone, prêt à lui écrire, prêt à juste lui demander comment elle va, juste lui faire comprendre que je pense à elle, ou encore avouer qu’elle me manque. Car c’est une réalité à laquelle je ne peux pas échapper, elle me manque. Les semaines n’ont pas changé ça, le silence non plus, elle m’a manqué. Et la revoir aujourd’hui, même si je m’enferme derrière cette attitude glacial, ça me fais plaisir, d’une certaine façon.

Loin, à des années même, de me douter que les quelques photos qui ont pu paraître de ma sortie au côté de Nieves a pu être vue par Savannah. Encore moins capable de penser qu’elle ai pu croire que l’espagnole et moi avons partagé plus que des conversations. Si nous avons eu un sorte d’aventure par le passé, aujourd’hui tout ça n’est plus d’actualité. J’apprécie le fait que la natif de Madrid est venu me tirer des griffes d’une soirée où j’aurai encore déconner. Mais il n’y a rien entre elle et moi. Et j’ai cette tendance à être tellement droit dans mes baskets, que je ne peux pas imaginer les conséquences de ce genre de photo. Des conséquences pourtant évidente et facile à comprendre. Des fausses idées qui peuvent facilement germer, mais que j’aurai pu tout aussi facilement balayer d’un revers de la main avec la clé de tout, la communication. Prêt à partir, prêt à la laisser. A contre cœur. Mais peut être pour le meilleur, peut être qu’il est plus sage, plus réaliste de ne pas continuer de s’enfoncer dans tout ça. Peut être que depuis le début j’ai raison et que la jolie blonde mérite nettement mieux qu’une starlette sujet à des addictions histoire de couronner le tout. "Et c'est tout?" mon regard croise le sien. Mes mains restent dans mes poches alors que je me fige. "Le passage 'Soyons honnête' que tu m'as balancé dans le studio n'était qu'un mensonge, ou alors j'étais la seule à devoir m'y soumettre?" un rire nerveux s’échappe de mes lèvres. J’ai l’impression d’halluciner quelques secondes alors qu’elle en a profiter pour réduire la distance et me faire face. Pardon ?!

D’un geste, je fais tomber ma capuche, dévoilant mon visage, cessant de me cacher dans l’ombre de cette dernière. J’dois être sacrément con. Parce que je vois pas bien où tu veux en venir là ? et y a du vrai dans cette interrogation. Curieux de savoir ce ou elle veut en venir. J’sais pas ce que t’as pu lire. Ou ce que tu peux penser. Mais c’est faux. Je décroche de tout ça quand je le veux. c’est vers ça que se tourne mes premières pensées. Les dérives, les mêmes que par le passé. Pourtant j’ai été prudent, persuader que personne ne saurai vraiment que j’ai partiellement replongé. Ou peut être que tu veux que je sois une énième fois ce petit fleur bleu à la con ? Que je t’avoue que ça me fais chier qu’on arrive pas à se calibrer. Qu’on se sois pas donner de nouvelle comme des lycéens ? toujours immobile, comme si mes pieds sont fixer au sol. Mon regard ne dévie pas en revanche, il ne se détourne pas de la jolie blonde.