de l'enfance à l'adolescence,

La famille Bradford compte quatre enfants, l’aîné, Aaron, devenu aujourd’hui journaliste sportif après s’être blessé durant un tournois. Mason, le cadet. Vince, le plus réfractaire de la famille qui a perdu la vie en 2019 dans une course poursuite. Et Riley, la petite dernière, danseuse professionnelle, apprenant aujourd’hui à danser à des enfants. Leur père a toujours baigné dans le sport et à fait en sorte que toute la famille devienne des sportifs. Leur mère, infirmière, partie trop tôt. Alors que Riley avait que quelques années, les deux aînés à l’arrière du véhicule que leur mère conduisait, se chamaillait une énième fois pour une place qui ne leur appartenait même pas, voulant les faire arrêter, elle a quitté la route des yeux quelques secondes, et a percuté une voiture qui venait en face d’eux. Si les enfants sont sortis sans séquelles, leur mère a été transféré à l’hôpital de Sydney, avant de décédée quelques heures plus tard, d’une hémorragie. Quelque chose, que Mason gardera en lui, sans jamais rentrer dans les détails, même si à l’époque ils étaient jeunes pour savoir exactement ce qu’ils avaient fait, ils ont grandis, Aaron et lui, avec ce fardeau sur la tête, des regrets qui ne disparaîtront jamais. C’est donc leur père qui les a élevé, mais il faut le dire, il a quand même bien eu du mal, à lui tout seul, à nourrir autant de bouches, et à être présent au point de devoir remplacer deux parents. Il a fait du mieux qu’il le pouvait. Demandant sans doute pas mal aux deux aînés. Et c’est ainsi que Mason a toujours été proche de son petit frère et de sa petite sœur. Il n’a pour autant, pas vu la route que prenait le petit dernier des mecs de la famille. Dans quoi il sombrait un peu plus chaque soir, préférant lui, jouer à son basket. A ses vingt et un ans, Mason quitta le cocon familial pour venir rejoindre Brisbane et surtout sa nouvelle équipe. Fougueux, il a toujours adoré le challenge, et rien ne lui faisait réellement peur. Il a perdu peu à peu contact avec le reste de sa famille, ne préférant les voir que pour les grandes occasions. Ses amis de Brisbane sont devenus alors sa famille. Populaire, c'est un grand fêtard, et même à l'école, il faisait souvent partie de ceux qui ne foutaient pas grand chose. De ceux qui préfèrent faire rire les autres que de prendre les choses au sérieux. Les confidences, c'est pas vraiment son fort. Il fuit les problèmes. C'est pas pour rien qu'il fuit sa famille comme la peste.

septembre 2019 ; w/ naomi 

Il sait pourquoi sa place est là, sur ce terrain qui scande son nom, à chaque fois qu’il parvient la prouesse de marquer un panier, alors que les statistiques ne sont pas toujours pour son équipe. Mais Mason a le basket dans le sang, bien plus que quiconque ici, et personne ne comprendra que ce qui l’anime, au-delà de l’argent et de la fierté, c’est aussi de voir tous les regards portés sur lui. Il aime qu’on crie son nom, qu’on le regarde comme un sauveur alors même que quand le rideau se referme, il ne pourra jamais être autant seul qu’à l’instant même. Lui qui déteste la solitude, et ses nombreuses fêtes en témoignent, il a pourtant rompu tout lien avec sa propre famille, préférant s’entourer que d’amis en guise de famille comme si ils pouvaient réellement remplacer ses deux frères et sa sœur. Son père qui a dû les élever, seul. Mason n’a même pas cette reconnaissance, ou ne souhaite pas l’avoir à haute voix, mais dans le fond il le sait mieux que personne : il suffirait d’un appel de leur part pour qu’il vienne les aider. Les secourir dans l’ombre, sans jamais qu’il le sache. Plutôt mourir, le basketteur prétendra à haute voix, alors que son cœur se resserrera à coup sûr ! Et ils ont gagnés. Les Brisbane Bullets sortent la tête de l’eau et ils peuvent enfin savourer leur victoire. Haut la main, ou plutôt vingt-neuf à trente-et-un. Deux petits points d’écart, rien d’époustouflant mais quand on a vu ce match, quand on les a vu crier, courir, avoir peur, créer de nouvelles tactiques, on comprendra à quel point le basket est l’essence même dans la vie du basketteur. Un truc de famille prétendra certains, pas le concerné, même si il ne peut s’empêcher de lever la main vers le ciel comme si il avait à présent une pensée pour sa douce mère, de la haut. Et c’est toujours la même rengaine, ils finissant dans un pub branché de la ville, tout frais payé par les sponsors. Des litres de champagnes qui coulent, des baisers et de la drague de l’autre côté. Parfois même un joint qui sort discrètement des poches des uns et des autres. Mais ça restera sous silence. Souvent même, des têtes inconnues qui débarquent, et ce soir ne déroge pas à la règle. Une femme, grande, classe, peut-être même qu’il pourra la qualifié de belle, si ça tête pouvait lui revenir. Mais ce n’est pas le cas et si il la regarde de loin, faire son manège, il y a des bruits qui court qu’elle s’enferme dans certaines salles du lieu avec d’autres hommes. Bizarrement, il est à des années lumières de savoir ce qu’elle fait exactement, encore moins son métier. Mais elle semble avoir allumé la brèche et désormais, curieux, il souhaite réellement découvrir ce qui s’y trame. C’est pourquoi, à une heure tardive, ils se retrouvent à moins d’un mètre l’un de l’autre et qui suffit pas de grand-chose pour que Mason cherche à en savoir plus. « T’es journaliste ? » C’était la première chose qui lui venait à l’esprit, alors qu’il rapprocha un verre en direction de la brune, et se penchant un peu vers le bar, il se servit d’une bouteille d’alcool, avant de s’en resservir un verre et de remplir celui de la fameuse journaliste, parce qu’il y mettrait sa main à couper, qu’elle était là dans l’unique but de grappiller les dernières infos croustillants. Il avait pourtant assez donné, avec la McKullan. Elle restait muette, presque le toisant du regard. Ca commençait mal, c’était ce qu’il se disait le basketteur. « On ne nous a pas présenté, mais je suppose que c’est inutile pour ma part, Mason Bradford… » Qu’il ajoutait d’un ton nonchalant, comme si la question pouvait rester longtemps sans réponse, de toute évidence, elle le connaissait, au moins que de nom, à moins de venir d’une autre planète. Il en était persuadé, mais elle fît mine de s’en foutre, paraissant égale à elle-même, allant même jusqu’à ignorer sa première question. « Du scotch, rien que ça… » Sa voix se perdit dans la foule, dans le brouhaha, alors qu’elle joue avec le verre plein, avant de reprendre, « Naomi Carlson, mais je ne fais pas dans les jeunots ! » Qu’elle ajoute avant de boire cul sec le verre, se levant de la chaise haute où elle était assise depuis de longues minutes maintenant, et qu’elle s’éloigna, sans même porter de nouveau regard sur celui qu’on pourrait considérer comme étant l’un des sauveurs de son équipe. Une chose dont il n’est pas habitué, et surtout ses derniers mots qui résonnent dans son esprit, et dont il cherche encore les valeurs. Ne voulant certainement pas croire que c’était ça son but : se chercher juste des mecs fortunés et probablement pas si jeunes que ça… Il restait sur sa fin, amusé de cette réplique, et nulle doute que leur route allait se recroiser… Fallait croire qu’elle avait piqué la curiosité du basketteur. Et certainement pas que la curiosité, aussi la fierté, à peu de chose près…

début décembre 2021 , w/ autumn 

Elle est devant chez lui depuis une dizaine de minutes, criant en tapant sur sa porte d’entrée qui ne lui a rien fait, mais c’est bien fort qu’elle et ce Basketteur l’énerve au plus haut point. A parler de divorce alors que leur mariage est bidon, est complètement faux. Que c’était une erreur, ils avaient trop bu et leur fierté de ne pas céder devant l’autre, a pris un tournant dont elle ne s’attendait sûrement pas. Lui, ne pense qu’à son image, qu’à lui. Il ne pense qu’à faire parler de lui, et elle dans tout ça, refuse catégoriquement qu’on se serve d’elle à ses projets. Elle refuse tout simplement un divorce avec lui, mais leurs quelques conversations n’auront rimés à rien pour le moment. Elle avait finalement récupérer les papiers qu’il fallait, et il n’avait qu’à signer, c’était pas compliqué à comprendre, si ? Elle ne repartirait pas tant qu’il n’aurait rien signé ! C’était décidé, et c’est ainsi qu’elle se voyait derrière cette porte, à toquer comme une folle furieuse. Devant le silence, elle perdait patience, il y avait bien quelque chose qui bougeait derrière la porte, elle entendait parfois du bruit, et voyait une ombre passer par ci, et là. « Mason !! » Qu’elle hurlait une énième fois, elle allait sans doute regretter ce soir, de crier de la sorte, mais c’était pour la bonne cause, non ?! « Mason, je sais que t’es là… » Il n’avait pas de temps à perdre, son vol allait décoller sans lui, si ça continuait, c’était donc clairement pas le moment pour Autumn de venir chipoter sur des détails… « Il y a ta voiture, et je te vois… !!! » Qu’est-ce qu’elle pouvait être chiante Autumn parfois. Si bien qu’il ouvre d’un bond la porte, et en grand, se plaçant devant, en la dévisageant du regard. « Tu me déranges là, j’ai autre chose à faire ! » Pas de bonjour, pas de trêve, aujourd’hui. Il allait direct, et elle ne pouvait clairement pas rester ici. Elle finit par ne pas calculer ses mots et pénètre dans le hall. Elle était habituée à le voir ronchon de toute façon. Mais en regardant tous ses sacs, et ce tas d’habits posés vulgairement par terre, elle pivote sur elle-même, « tu t’en vas ? » Non sérieusement ?! En tout cas il ne va pas faire une partie de ping-pong. « Bon tu as ta réponse à ta question, maintenant, j’ai du boulot… Tu repasses plus tard ? » Quand je serai partie, accessoirement. Mais bon, Mason est rouquine, pas blonde. Fallait pas tenter de l’avoir ainsi… Autumn qui croise les bras, prête à camper sur ses positions. « Si tu veux partir, faut me signer ce papier. J’te demanderai plus rien après… » Et ça le fait presque ricaner, « plus rien ? C’est alléchant cette offre… » Elle lui tire la langue, avec cette moue mi boudeuse. Qu’est-ce qu’il pouvait être agaçant comme mec, qu’est-ce qui s’était passé par la tête pour vouloir se marier (même faussement) avec lui ?! L’alcool, ah oui… « Je plaisante pas, Mason et je bougerai pas de là ! » Voilà qu’il perd beaucoup trop de minutes à cause d’elle, et tentant de remettre ses habits dans un sac apparemment trop petit, il lâche sans même porter son regard sur la rouquine, « t’as qu’à imiter ma signature, je sais pas moi… » Elle fait genre la femme outrée avant de plaquer contre son torse le dossier et un stylo. Il soupire Mason, la voilà maintenant qu’elle lui barre l’accès vers le couloir, c’est bien sa veine, une chieuse pareille ! Il fait un gribouillage sur sa feuille, qui ressemble de loin à sa signature et voilà que sur le visage de Autumn, un sourire apparait. Elle disparait aussitôt du champs, avant qu’elle se retourne vers lui, « j’sais pas où tu pars, mais bon voyage ! » Il grimace en sa direction, elle pouffe de rire avant de définitivement disparaître, il n’a plus qu’à se bouger pour tenter de regagner tout ce temps perdu… A cause de sa fausse femme.

fin décembre 2021; w/ birdie 

Si Autumn a eu la chance de croiser le basketteur avant qu’il ne décide de partir, à la va-vite, presque sur un coup de tête, avant d’en parler aux autres, Birdie n’a pas eu cette chance. D’être avertie. Et c’est d’ailleurs les multiples appels manqués de la jeune femme qui rythme aujourd’hui, le quotidien du basketteur, qui ne daigne même pas de répondre par sms. Ca fait pourtant pas depuis très longtemps qu'il a quitté sa ville de coeur. Mais avec toute les préparations suite au décès de son père, Mason est assez occupé, et pire encore, puisque ça le remue plus qu'il ne voudra l'admettre. Mais Birdie lui a probablement envoyé des centaines de sms, des dizaines d’appels sans réponse. Et c’est d’ailleurs dans son lit, poussant un soupire, que Birdie s’aperçoit pour la énième fois de la journée, qu’elle n’a ni message, ni appel manqué de son ami. Mason ne prend même pas la peine de la rassurer. Elle commence réellement à s’inquiéter, elle déteste ce genre de sentiment qui s’empare d’elle, devrait-elle prévenir les secours ? Devrait-elle parcourir toute l’Australie à la recherche du Bradford ? Elle est déjà allée sonner mainte et mainte fois jusqu’à son domicile, une villa qu’elle connaît aujourd’hui, sous tous les angles, pour y avoir vécu pendant de longs mois, en compagnie du basketteur. Des moments qu'il se souviendra toute sa vie, puisque de simple connaissance, elle est passée à amie et confidente à ses heures perdues. Bon, on peut pas dire que le basketteur soit celui qui parle le plus, ou qu'il ne confie énormément. Mais il aimait bien l'entendre se plaindre quand lui, ne voulait qu'une chose : qu'on lui foute la paix, le cul vissé sur son canapé ! Et pourtant, depuis qu'il ne donne plus signe, elle n’a jamais pu y accéder à cette maison, comme si il avait disparu de la circulation, comme si il lui était arrivé quelque chose. Oui, elle s’imaginait déjà le pire, Mason n’était jamais resté aussi longtemps sans la prévenir. Plus encore devant l’insistance de son amie. Il cédait toujours devant sa bouille. Devant leur complicité. Et par on ne sait quel miracle, elle finit par entendre un grognement, de l’autre côté du téléphone alors qu’elle venait tout juste de réessayer. De l'appeler. Sur un malentendu, ça pouvait fonctionner, et fallait croire que ça avait fonctionné ! Elle soupira de soulagement avant de lui hurler dessus, probablement pas la meilleure chose à faire mais on s’refait pas hein ?! « Mason ?! » Qu’elle demandait, peinant à y croire. Sincèrement… C'était bien lui ?! « Sérieux ?! Mais tu décroches que maintenant ? » Elle ne lui laissait même pas placé un mot, tant son inquiétude avait pris une part trop importante dans sa vie, ses dernières semaines. Et faut dire, que le basketteur avait un peu la tête ailleurs, à peine l'avait-on prévenu de la mort de son père, qu'il avait fait ses valises rapidement, sans demander son reste et qu'il avait parcouru quelques centaines de kilomètres, avant de pouvoir fouler le sol de sa ville natale. « T’as pas eu mes messages ? » Qu'elle poursuit, Birdie devant le silence du Bradford. « Si si, Birdie, j’voulais t’appeler… » Qu’il ajoutait, avec une banalité qui n'plaisait pas à son amie. C’était donc tout l’effet que ça lui faisait ? « J’suis rentré à Sydney, mais t’inquiète pas je vais bien… » Birdie ronchonne, proteste, grogne de l’autre côté du combiné. Alors que Mason est fidèle à lui-même et qu'il ne lui dira pas tout de suite pourquoi il est parti si précipitamment Brisbane. Ca avait pourtant traversé son esprit, un esprit un peu embrumé, et peut-être même que si il n'avait pas ce genre de caractère aussi renfermé, il lui aurait fait part. Si cette histoire ne le touchait pas tant. « Mason Garett Bradford… » Ou qu’il n’aime pas entendre ça, et il lève les yeux au ciel, en soupirant, « t’aurais pu juste prévenir, les sms ça existe hein ?! » Elle demandait pas la mer à boire, juste un petit message pour dire que tout allait bien, mais Mason écourta l’appel. Il se savait en tort, mais s'expliquera plus tard. Un autre jour, à un autre moment. « Je dois te laisser Birdie, je te rappelle plus tard, mais t’en fais pas, je rentre rapidement sur Brisbane. » C’était ce qu’il croyait au début… Et les jours sont devenus des mois.

septembre 2022; de nos jours 

Et aujourd’hui alors ? Mason Bradford n’est plus que l’ombre de lui-même. Des mois qu’il a perdu tout repère dans Brisbane, qu’il se contente de sa ville natale, qu’il a aimé fuir il y a presque dix ans. Il a suffi de la mort de l’un d’entre eux, un de plus, un de trop, pour qu’il y revienne. Il n’a plus vraiment sa place dans son équipe de Basket, et si il pense que la tâche lui sera facile, car il n’a jamais eu besoin de ramer de trop pour obtenir ce qu’il a toujours voulu, aujourd’hui les cartes sont redistribués. Il n’est plus le leader de Brisbane Bullets. Il n’est même plus un joueur à part entière. Et il sera vite mit au courant : le banc des remplaçants l’attend, au moins le temps de savoir si il est réellement prêt à tout donner, à rejouer comme avant. A arrêter de sacrifier les entraînements, et ses co-équipiers. Il retrouve ainsi, sa villa, celle dont les volets sont restés clos pendant neuf mois. Heureusement, il peut toujours compter sur la caserne de pompier, qui l’accueillera, elle toujours les bras ouverts.